Thierry Marx, président de l'UMIH : "On est très solidaire des agriculteurs parce qu'on vit à peu près la même chose"

  • il y a 8 mois

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00:00 L'invité éco, Camille Reveil.
00:03 Bonsoir à toutes et à tous, j'accueille notre invité ce soir.
00:06 Bonsoir Thierry Marx.
00:07 Bonsoir.
00:08 On ne vous présente plus, on va le faire quand même.
00:09 Chef étoilé, président de l'UMI, l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie,
00:13 c'est la première organisation professionnelle des cafés, hôtels, restaurants et discothèques.
00:19 Vous venez d'écrire au ministre de l'économie avec la présidente du groupement des hôtelleries
00:23 et restaurations de France, vous en appelez à Bruno Le Maire pour renégocier les contrats
00:28 d'électricité.
00:29 Vous parlez de prix hors sol.
00:31 Oui, c'est des prix hors sol qu'on n'arrive plus à absorber pour beaucoup d'entreprises.
00:35 80% des entreprises nous disent que la facture d'électricité est venue télescoper leur
00:41 trésorerie.
00:42 Aujourd'hui, beaucoup sont à la peine pour faire face à leurs obligations.
00:47 Le coût de production que nous impose ce coût de l'énergie n'est pas gérable.
00:51 Expliquez-nous concrètement, les restaurateurs, les cafetiers, les hôteliers, ils ont des
00:55 factures, des contrats dont le montant grimpe à combien ?
00:59 Il y a beaucoup des factures qui ont été régulées bien sûr, mais c'est fois deux,
01:03 fois trois et on a connu beaucoup plus.
01:06 Donc c'est énorme dans l'impact que ça peut avoir sur l'entreprise.
01:09 Et quand ces sociétés, ces entreprises, veulent renégocier les contrats, les pénalités
01:17 de sortie sont extravagantes.
01:19 Donc un, on appelle à Bruno Le Maire sur le coût de l'énergie pour sauver certaines
01:24 entreprises, pour les sauver.
01:25 Et puis aussi de nous permettre de mieux négocier avec ces fournisseurs d'énergie qui sont
01:31 incontrôlables par moment.
01:32 Je lis que selon une enquête que vous avez menée, les deux organisations professionnelles
01:36 disent que 15% des professionnels seraient même liés par des contrats avec des tarifs
01:41 dépassant les 350 euros le mégawatt-heure.
01:44 Exactement.
01:45 Alors effectivement, on a eu un tarif qui était un peu plus régulé avec l'aide de
01:49 l'État et de Bruno Le Maire et de ses services.
01:51 Mais aujourd'hui, c'est plus acceptable et on ne peut pas laisser les entreprises
01:55 avoir un coût de production aussi élevé, surtout que les prix de la production, on
01:59 ne peut pas les répercuter sur les prix de vente.
02:02 Donc aujourd'hui, beaucoup d'entreprises sont à la peine et sont à la limite de la
02:06 rupture de paiement.
02:07 N'oublions pas que nous remboursons aussi les prêts garantis par l'État liés à
02:10 la crise Covid.
02:11 Il a donné suite à votre demande, je crois, Bruno Le Maire, vous avez rendez-vous avec
02:15 lui ?
02:16 Oui, très honnêtement, il y a eu un suivi, ses services ont répondu.
02:19 Et à chaque fois qu'on a eu affaire à Bruno Le Maire ou à Olivia Grégoire, on a eu des
02:23 réponses.
02:24 Alors elles n'ont pas toujours été dans le sens qu'on le souhaitait, mais en tout
02:27 cas, ils sont à l'écoute.
02:28 Et vous avez pu essayer de discuter avec les fournisseurs d'électricité eux-mêmes ?
02:32 Si on n'a pas l'aval de l'État, c'est très difficile de négocier avec les fournisseurs.
02:37 Vous ne négociez pas avec Total Énergie, avec ENGIE ou EDF aussi facilement que cela.
02:42 Peut-être que la facilité était plutôt du côté de l'EDF, reconnaissons-le, ils
02:46 nous ont reçus immédiatement.
02:47 Mais pour les autres fournisseurs d'énergie, c'est beaucoup plus compliqué.
02:51 Et quand on a effectivement l'aval de Bercy, les portes s'ouvrent un peu plus vite.
02:55 En attendant, comment faites-vous ? Vous répercutez vos coûts sur vos prêts ?
02:58 Non, on ne peut pas les répercuter.
03:00 Aujourd'hui, ça vient télescoper la trésorerie de l'entreprise pour ceux qui avaient encore
03:04 une trésorerie.
03:05 Mais certains sont vraiment à la peine.
03:07 N'oublions pas qu'en 2023, plus de 7000 entreprises ont fermé.
03:10 Justement, comment va-t-il ? J'ai conscience que la question est vaste et qu'elle pourrait
03:15 prendre 4 heures, mais comment va-t-il votre métier ? Comment va votre secteur en ce moment ?
03:19 Il est en pleine zone de turbulence pour des changements divers et variés.
03:23 Le président de la République a parlé d'un monde qui change.
03:25 On est en plein changement de ce monde.
03:28 On voit une ubérisation extrêmement forte de notre société qui est constatée aujourd'hui
03:34 et qui impacte beaucoup nos entreprises.
03:36 Donc, énormément d'entreprises ont aujourd'hui des modèles économiques qui ne répondent
03:39 plus à cette force qui est en train de les bousculer et on est dans de grandes difficultés.
03:47 Donc, c'est une zone de turbulence qui est assez forte.
03:48 On a été très solidaires des agriculteurs pendant leurs manifestations parce que nous
03:53 vivons à peu près les mêmes choses avec une succession de normes excessives et en
03:58 même temps des coûts de production qui ne nous pourront pas répercuter.
04:01 Vous allez aller au salon de l'agriculture ?
04:02 Bien sûr, on se sent toujours très solidaires du monde agricole.
04:06 L'alimentation est la zone sensible de notre métier.
04:09 Vous, qui êtes un chef à hauteur de restaurateur, que peut-on faire pour aider le monde agricole ?
04:14 Pour aider le monde agricole, il faut essayer de regarder ce qu'on peut faire pour faire
04:18 de bons produits, pour que ces produits aient un impact social, environnemental et nutritionnel
04:22 bien évidemment.
04:23 Un impact social pour qu'on rémunère l'agriculteur à sa juste valeur.
04:26 Et puis, d'arrêter de faire en sorte que le prix de l'alimentation soit la variable
04:33 d'ajustement du pouvoir d'achat.
04:34 Le problème, c'est que c'est très ancien.
04:36 C'est cette théorie du low cost.
04:37 Le low cost, vous renoncez à la qualité, on fait des petits prix.
04:40 Donc ça a étranglé les marges de tout le monde, et notamment celles des agriculteurs.
04:44 Et aujourd'hui, on ne sort pas de cela.
04:46 On s'était dit qu'après le Covid, on ferait un monde meilleur.
04:49 Et finalement, on est reparti dans la guerre des prix.
04:51 Donc écraser les marges, et notamment celles des agriculteurs.
04:54 C'est plus acceptable aujourd'hui.
04:56 Il faut trouver des solutions pour permettre à des gens d'avoir du pouvoir d'achat sans
05:01 mettre une pression excessive sur le coût des matières premières.
05:05 Vous, vous privilégiez les produits français ?
05:06 Produits français, circuit court, bien évidemment.
05:10 Mais encore faut-il pouvoir les mettre en œuvre et puis défendre l'idée du bon produit.
05:14 Moi, j'ai la chance d'être dans une association, dans un label qui s'appelle Bleu Blanqueur.
05:18 Et j'ai fait rentrer Bleu Blanqueur dans ce monde de la restauration.
05:22 Bleu Blanqueur, c'est 7000 agriculteurs aujourd'hui qui ont changé de mécanisme de production
05:27 et qui finalement s'en sortent plutôt bien.
05:29 Ils sont solidaires d'ailleurs de leurs confrères agriculteurs.
05:33 Mais on ne les a pas entendu beaucoup sur ces manifestations parce que leur modèle
05:39 est plutôt vertueux.
05:41 Comment vous vous projetez sur 2024 ? Quels vont être les grands enjeux pour ces professions
05:47 que vous représentez ?
05:48 Les grands enjeux, ça va d'abord être de voir les signaux forts qui sont les Jeux
05:52 Olympiques, l'arrivée des Jeux Olympiques.
05:54 Est-ce que ça va être la fête au village ou simplement ce qu'on vit à chaque fois
06:00 qu'on va au Jeux Olympiques, que ce soit à Londres, à Rio ou à Tokyo ?
06:03 En gros, c'est 70-75% de taux d'occupation assuré quasiment pour les hôtels.
06:09 Ça, c'est plutôt bien parce que c'est une période de juillet-août qui n'est
06:12 pas forcément une période forte dans les grandes villes.
06:15 Mais en même temps, de s'apercevoir que nous avons une pénurie de personnel, 200
06:20 000 postes encore à pourvoir dans nos métiers.
06:22 Donc, il va falloir s'adapter et tenter de passer ces moments difficiles.
06:27 Donc, quand je dis zone de turbulence de 2024, c'est une zone de turbulence qui est toujours
06:31 une zone périlleuse.
06:32 Zone de turbulence, zone périlleuse.
06:34 Merci beaucoup Thierry Marx.
06:35 Merci à vous.
06:36 Chef étoilé, président de l'UMI, vous êtes ce soir l'invité.
06:38 Côte France Info.

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