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00:00Bonsoir à toutes et à tous, et bonsoir à vous, Laurence Marandola.
00:07Vous êtes paysanne, vous tenez à ce terme paysanne en Ariège, porte-parole nationale
00:12de la Confédération Paysanne.
00:14La FNSEA et les jeunes agriculteurs appellent à se mobiliser, à se rassembler contre l'accord
00:20de libre-échange entre l'Union Européenne et le Mercosur.
00:23Ce sera à partir de lundi, date du début du G20 au Brésil.
00:27Est-ce que vous aussi, à la Confédération Paysanne, vous appelez les agriculteurs à
00:31sortir des champs et des fermes pour manifester votre colère ?
00:34Alors nous, on est en mobilisation contre le Mercosur, j'allais dire historiquement.
00:39Il va falloir se rappeler que la Confédération Paysanne, le démontage du McDo à Millau
00:43en 1999, c'était déjà pour pointer du doigt les effets absolument toxiques, extrêmement
00:52douloureux pour l'agriculture, des accords de libre-échange.
00:55Donc ce que vous dites, c'est que la Confédération Paysanne, elle a toujours été contre le Mercosur,
00:59ce qui n'était pas le cas des autres syndicats agricoles.
01:01C'est un peu ça.
01:02Et on est mobilisés toute cette semaine, depuis mardi jusqu'à demain, très fortement
01:07en amont du G20.
01:08On était hier à Paris, j'étais devant le ministère de l'Economie et des Finances
01:12à Bercy.
01:13Nous étions à Bruxelles avec des collègues syndicalistes de l'ensemble des pays européens
01:17pour montrer que c'est également les paysans européens qui sont contre cet accord globalement.
01:22Et on est sur le terrain pour pointer avec des actions très symboliques.
01:25Limousine contre vache-limousine, bagnole contre bétail.
01:29Parce qu'en fait, c'est absurde.
01:32C'est pour montrer l'absurdité de cet accord de libre-échange.
01:35En fait, l'Europe veut vendre des voitures, des rafales, des services et imposer l'importation
01:42de produits agricoles, de viande bovine, de volaille, de sucre, d'éthanol, à des
01:47prix défiant toute concurrence parce que les conditions de production ne sont pas les
01:50mêmes.
01:51On est sur nos marchés directement en concurrence avec nos produits et nos prix ne sont pas
01:54ceux-là.
01:55Ça va assez directement détruire un grand nombre de fermes, de paysannes, de paysans
02:01sur nos territoires.
02:02Vous avez remarqué que l'ensemble des politiques français sont aujourd'hui contre cet accord
02:06du Mercosur.
02:07Le président de la République, Emmanuel Macron, s'est exprimé sur le sujet.
02:10600 parlementaires ont écrit à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der
02:15Leyen, pour marquer leur opposition au traité.
02:18Pourquoi une telle contestation aujourd'hui des politiques français ? Est-ce que c'est
02:21parce que les agriculteurs, justement, sont contre ?
02:23Probablement.
02:24Mais c'est une position assez ambiguë du président Macron ou de Michel Barnier.
02:31La France, le gouvernement dit qu'on est contre cet accord en l'État.
02:36Ce n'est pas contre cet accord, point.
02:39Ça veut dire que la nuance est extrêmement importante, c'est-à-dire qu'avec des aménagements,
02:43ça pourrait passer.
02:44Mais il n'y a pas d'aménagement possible sur cet accord de libre-échange.
02:47Il est globalement basé sur des questions agricoles.
02:50Et donc, il est mauvais pour l'ensemble de l'agriculture française.
02:55C'est ça qui n'est pas toujours très simple à comprendre.
02:57Il est mauvais pour certaines filières, clairement, parce que cet accord va permettre d'exporter
03:03à des tarifs préférentiels, en particulier des spiritueux, des produits laitiers, de
03:07l'huile d'olive.
03:08Donc, pour ces filières, on pourrait penser que c'est bon.
03:10Je voudrais redire que les accords de libre-échange, ça existe depuis longtemps.
03:13Sur le lait, on a le CETA avec le Canada, qui n'est pas ratifié, mais qui est opérationnel.
03:19L'Europe, la France, exportent des produits laitiers.
03:23Il y a des entreprises, des multinationales, l'actalis pour la cité, qui font des affaires.
03:27Mais ces affaires, il n'y a pas un seul centime qui a ruissellé sur un meilleur prix payé
03:32aux éleveurs laitiers.
03:33Alors, Laurence Marandola, expliquez-nous, parce que justement, il y a des filières
03:36qui auraient plutôt intérêt à ce que cet accord de libre-échange, il soit effectif.
03:40Vous avez parlé des vins et spiritueux.
03:41On sait dans le même temps que Donald Trump a prévu de taxer lourdement les vins en provenance
03:47de l'extérieur, et notamment les vins français.
03:50C'est un très gros marché pour le vin français.
03:51Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui aux viticulteurs français qui sont en grande difficulté ?
03:55Ce qu'on dit aujourd'hui, c'est que des grands pays, comme les États-Unis, comme
04:01la Chine, comme le Brésil, appliquent des mesures de protection.
04:03Pourquoi l'Europe, la France, ne se doteraient pas d'outils de régulation, de protection
04:08du coup pour les importations ?
04:09Ce qui va nous arriver, c'est ce que j'expliquais à la viande bovine, et ça du coup, on laisse
04:13rentrer ça à droite de douane zéro.
04:15On peut aussi, on doit aujourd'hui, pour protéger l'agriculture, on parle d'agriculture,
04:20on parle de notre alimentation.
04:21C'est absolument indispensable d'échanger, de faire du commerce, mais avec des règles
04:26justes qui protègent les agriculteurs et nos productions.
04:29Une fois qu'on aura détruit ces filières d'élevage, dans un an, dans dix ans ou plus
04:34tard...
04:35Et donc tant pis pour les viticulteurs français qui en pourraient exporter ?
04:36J'ai dit ça.
04:37J'ai dit aujourd'hui, il faut qu'on protège en priorité ceux qui allons souffrir de ces
04:41accords de libre-échange.
04:42Alors, sauf que...
04:43On est d'accord pour du commerce, mais avec des règles dans les deux sens.
04:46Alors, la Commission européenne, elle dit que pour la viande bovine justement, cet accord
04:50il octroie 99 000 tonnes de viande bovine, c'est 1,6% de la production européenne.
04:56Ce sont les chiffres que délivre la Commission pour montrer que c'est pas grand-chose.
05:00C'est que ça ne change pas grand-chose.
05:0199 000 tonnes à droit de douane zéro, ça s'ajoute à 200 000 tonnes avec des droits
05:07de douane très rabaissés.
05:08Donc, c'est pas juste 99 000 tonnes.
05:10En plus.
05:11En plus.
05:12Et donc, qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:13Alors, cet accord, il ne faut pas...
05:14Sur la viande bovine aujourd'hui, avec l'ensemble des accords de libre-échange actuels et ceux
05:18qui viennent, on va arriver à de la viande importée avec des conditions extrêmement
05:22préférentielles de à peu près 7%.
05:257%, ça suffit largement pour déstabiliser un marché européen, pour déstabiliser le
05:30cours de la viande bovine.
05:31Et donc, finalement, qu'est-ce que vous dites ?
05:33Vous dites, comme le gouvernement Barnier, il ne faut pas signer cet accord de libre-échange
05:39en l'état ?
05:40Non.
05:41On a exigé, c'est ce qu'on a dit hier, c'est ce qu'on a dit à Michel Barnier, on exige
05:44de la France un refus net et ferme de l'accord.
05:49Point.
05:50Des aménagements, il n'y en a pas de possible.
05:52Les aménagements, c'est ce qu'on appelle des clauses miroirs.
05:53Pour essayer de réguler un peu les choses.
05:55On en a déjà construit et pas appliqué.
05:58La question de la déforestation importée.
06:00Parce que la viande bovine, dans les pays d'Amérique du Sud, elle se fait sur des anciennes
06:03forêts qui ont été exploitées, rasées, brûlées, sur lesquelles on va mettre du
06:07soja et on va mettre des animaux.
06:09L'Europe s'est dotée d'un mécanisme de dire qu'on ne veut pas de déforestation importée.
06:13Mais on vient d'accepter de reculer encore ce règlement d'un an.
06:17Donc ça ne marche pas.
06:18Les autres clauses miroirs, parce que l'élevage en Amérique du Sud est traité avec des hormones
06:22et des antibiotiques interdits en Europe.
06:23On vient d'avoir un rapport qui montre qu'on importe massivement de la volaille avec des
06:27antibiotiques et des bœufs traités aux hormones.
06:29Aujourd'hui, déjà, du mercosur.
06:31On est incapable de tracer et de contrôler ces mécanismes-là.
06:35Dernière question pour être juste sûre d'avoir bien compris.
06:38Laurence Marandola, vous, vous ne voulez pas d'accord du tout et ça vous différencie
06:42des jeunes agriculteurs et de la FNSE1, de la coordination rurale également, qui disent
06:49elles que ce n'est pas en l'état et c'est ce que vous demandez aujourd'hui au gouvernement
06:53Barnier.
06:54Nous, ce n'est pas d'accord de libre-échange du tout.
06:55On demande au gouvernement Barnier une expression très claire là-dessus et de mettre en place
06:59tous les mécanismes possibles pour empêcher la signature de cet accord.
07:03Quand je dis ça, je dis aussi qu'on est favorable à des échanges commerciaux mais
07:06sur d'autres règles plus justes qui protègent les agriculteurs ici, à l'autre bout du
07:10monde et toutes les filières.
07:11Merci beaucoup Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne.
07:17Invité Echo de France Info ce soir.