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00:00 L'invité est connu, Camille Revelle.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, c'est la saison des résultats.
00:07 Notre invité vient présenter ceux de son entreprise.
00:10 Bonsoir Philippe Guimaud.
00:11 Bonsoir Camille.
00:12 Vous êtes PDG de Valourec, groupe de la métallurgie, plus précisément l'un des leaders mondiaux des tubes sans soudure,
00:18 principalement pour l'industrie pétrolière et gazière.
00:21 Valourec revient de très loin à frôler la faillite, mais là vous venez donc de publier vos résultats.
00:27 Visiblement tout ça c'est loin derrière vous.
00:29 Effectivement, tout est allé très très vite.
00:32 Merci déjà de m'accueillir pour l'occasion de ces résultats.
00:35 L'année 2023 aura été effectivement une année pivot.
00:38 Après de nombreuses années de grandes difficultés, qui a failli voir la disparition du groupe en 2021,
00:43 nous avons effectivement, en 2023, tourné la page du redressement
00:48 et affiché les meilleurs résultats du groupe depuis 15 ans.
00:51 Ce qui veut dire que vous avez un bénéfice net qui frôle les 400 millions, c'est ça ?
00:55 Exactement, même presque 500.
00:58 Après une perte qui était significative l'année dernière du fait des charges de restructuration.
01:03 Puisque à mon arrivée, j'ai annoncé un plan quelques semaines après mon arrivée,
01:08 qui effectivement était assez drastique.
01:10 Qu'est-ce que vous avez fait ? Quelle est votre stratégie ?
01:12 Qu'elle a été et qu'elle l'est votre stratégie pour Valourec ?
01:15 Deux choses. La première, c'est que j'ai refocalisé le groupe sur les produits à plus forte valeur ajoutée.
01:21 Nous sommes effectivement à la pointe en matière de métallurgie et de connexion étanche au gaz.
01:27 Et donc nous avons arrêté de vendre des produits de commodité.
01:29 Nous sommes focalisés sur les produits qui avaient une forte valeur ajoutée aux heures du client.
01:33 Ce qui bien sûr a permis d'améliorer le prix moyen auquel nous avons vendu nos produits.
01:38 Et l'autre chose que j'ai fait, c'est que j'ai effectivement profondément revu l'empreinte industrielle.
01:42 J'ai fermé une grande partie de nos usines en Europe, à commencer par les usines allemandes.
01:47 Tout simplement parce qu'il y a quasiment plus de marchés pétrole et gaz en Europe.
01:52 Et qu'aujourd'hui, il faut produire près de ces marchés.
01:54 Dans notre cas, aux Etats-Unis, au Brésil pour l'Amérique du Sud, au Moyen-Orient bien évidemment.
01:59 Des fermetures de sites, ça veut dire des destructions d'emplois.
02:02 Est-ce qu'aujourd'hui ça s'est terminé ? Est-ce que vous embauchez, vous allez embaucher à nouveau et notamment en France ?
02:07 Nous embauchons à nouveau en France, en particulier aux centres de recherche.
02:10 Alors ce qui reste en France aujourd'hui, c'est un centre de recherche et développement qui est au cœur de la stratégie du groupe.
02:15 Et deux sites industriels.
02:16 Et aujourd'hui, nous embauchons.
02:18 Nous embauchons parce que nous avons des projets d'avenir.
02:20 Par exemple, notre solution de stockage d'hydrogène vertical, qui est une première mondiale, bien évidemment, nécessite des talents, des expertises.
02:29 Et nous avons recruté 15 doctorants l'année dernière dans ce centre de recherche et développement.
02:35 Vous parlez de décarbonation, il y a effectivement ça, le stockage d'hydrogène.
02:38 Vous travaillez principalement aujourd'hui pour l'industrie pétrolière et gazière.
02:42 Est-ce que vous arrivez justement quand même à recruter, à séduire des jeunes qui entrent sur le marché
02:47 et qui sont parfois plus sensibles à cet enjeu qu'est celui de la transition écologique ?
02:50 Écoutez, nous n'avons aucun problème pour recruter.
02:53 Parce que nous avons de très très beaux projets.
02:55 Aujourd'hui, notre objectif, c'est d'avoir entre 10 et 15% de notre résultat qui sera fait avec des applications non fossiles.
03:01 J'ai parlé de l'hydrogène, mais il y a également la géothermie.
03:04 Et on est sur tous les projets européens les plus complexes de la géothermie.
03:07 Nous sommes dessus.
03:08 Et également la séquestration du carbone, puisque comme vous le savez, une manière de décarboner l'économie, c'est de capturer et de séquestrer le carbone.
03:16 Votre marché traditionnel, on le disait, au-delà de ces projets d'avenir, c'est donc pétrole et gaz.
03:21 Vous le voyez évoluer. Comment ce marché ?
03:23 Écoutez, je pense qu'on a encore du revenu pour de très très longues années.
03:28 Tout simplement parce que l'année dernière, on était à 102 millions de barils de jour consommés dans le monde.
03:34 Ça va encore augmenter cette année.
03:36 Et même si l'énergie complémentaire nécessaire pour faire face à la croissance de l'économie mondiale venait d'énergies non fossiles,
03:46 on ne peut pas se permettre de réduire de manière violente la consommation d'énergie fossile.
03:51 Ceci étant dit, on voit ce mix évoluer.
03:54 Moins de charbon, du pétrole, et puis progressivement, de plus en plus vers le gaz.
03:58 Oui, parce qu'avec l'enjeu du réchauffement climatique, je vous pose quand même la question, est-ce que ça a encore du sens de forer aujourd'hui ?
04:04 Écoutez, un puits de pétrole produit de moins en moins avec le temps.
04:09 Donc, juste pour maintenir les 102 millions de barils de jour que j'évoquais tout à l'heure, il faut continuer à investir.
04:15 C'est ce qu'on appelle la dépression, puisque un puits de pétrole produit 5, 6, 7, 8% de moins tous les ans inexorablement.
04:23 Et donc, il faut de nouveaux puits pour ne serait-ce que maintenir le niveau de production.
04:27 Vous, vous le voyez comment l'avenir à plus long terme de Valourec ?
04:30 Alors, l'avenir à plus long terme de Valourec, d'abord c'est bien amant, d'abord continuer à générer du cash sur son cœur de métier,
04:36 les tubes pour les applications, effectivement, pétrole et gaz, et réinvestir ce cash, cette trésorerie générée sur ce cœur de métier,
04:45 sur des applications non fossiles, celles que j'évoquais tout à l'heure.
04:48 Stockage d'hydrogène, potentiellement, c'est une brique qui manquait à l'effet de l'hydrogène,
04:53 puisque, en fait, quand vous produisez de l'hydrogène vert avec une électricité qui est soit solaire, soit éolienne,
04:59 par nature, elle est intermittente.
05:01 Donc, si vous n'avez pas de solution de stockage, le projet n'est pas économiquement viable.
05:05 Donc, avec cette solution, on rend ces projets économiquement viables.
05:09 Je vais faire un petit peu marche arrière avant l'investissement. Est-ce que vous arrivez à vous désendetter ?
05:13 Alors, désendettement, c'est évidemment la clé.
05:16 Je pense que quand une entreprise est passée au bord de la faillite, et en général, toute entreprise qui est au bord de la faillite,
05:22 c'est qu'à un moment donné, elle a un problème de liquidité.
05:24 Et donc, effectivement, le mot d'ordre intègre, c'est jamais plus ce qui s'est passé en 2021.
05:28 Donc, l'objectif que j'ai fait, c'est d'être net zéro au plus tard fin 2025.
05:34 570 millions d'euros de dette nette, on a réduit de moitié l'endettement cette année.
05:39 On va vers, effectivement, zéro fin 2025.
05:42 Ce qui, évidemment, est un objectif clé, parce que ça fait partie de la résilience.
05:45 Ma préoccupation, c'est de faire en sorte que le groupe soit le plus résilient possible.
05:51 Et si, par hasard, il devait y avoir une crise du type Covid,
05:55 eh bien, que ce ne soit pas ce qui précipiterait la fin du groupe.
05:58 Est-ce que vos salariés bénéficient de ces bons résultats pour cette année ?
06:02 Alors, oui. Nous avons un mécanisme d'intéressement qui a été très rémunéré l'année dernière, et qui le sera encore plus cette année.
06:09 On a eu un plan d'action à la salarié l'année dernière.
06:12 Plus de 50% des collaborateurs y ont souscrit.
06:15 Ils ont souscrit à un prix bien inférieur au cours de bourse aujourd'hui.
06:18 Donc, effectivement, nous associons nos collaborateurs au succès de l'entreprise.
06:22 Vous êtes confiant pour l'avenir ?
06:24 Très confiant.
06:25 C'est quoi la recette qui fait que ça a marché, si vous deviez la résumer ?
06:29 D'abord, la qualité des équipes.
06:31 Et je rends hommage à l'engagement sans faille dont prêvent les équipes pendant deux ans.
06:36 C'est vrai que l'horloge temps du groupe a changé.
06:38 Ce qu'on faisait en année, on le fait en mois, en mois, en semaine.
06:40 Donc, tout est allé très vite.
06:42 Ça a demandé beaucoup, beaucoup de travail, de longues heures de travail dans bien des cas.
06:46 Mais je crois que c'est ça, ce sont les équipes et leur rattachement à leur entreprise.
06:50 Et je crois qu'ils étaient désespérés de voir ce qu'a été ce fleuron de l'industrie française
06:55 aller de Carib en Sylla, devenir Moribond et effectivement quasiment disparaître en 2021.
07:03 Et je crois qu'aujourd'hui, il y a un retour dans l'entreprise de la fierté,
07:06 d'appartenance à ce groupe qui est une très, très belle entreprise.
07:09 Merci beaucoup Philippe Guillemot, vous êtes le PDG de Valourec et vous êtes ce soir l'invité Éco de France Info.