Pour cette nouvelle édition, "Cette année-là" remonte à l’année 1983 et au dossier qu’Eléments a alors consacré à l’État : "L’État, pour quoi faire ?". À la baguette, Alain de Benoist et Guillaume Faye, qui défendent le rôle régulateur de l’État souverain dans l’économie, sans céder aux facilités maternantes de l’État nounou.
Avec Patrick Lusinchi, directeur artistique d’Éléments, Daoud Boughezala, Olivier François, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart.
Au menu également : l’éternel retour de la bourgeoisie louis-philipparde, de Jacques Delors à Emmanuel Macron.
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.
Pour commander Eléments : https://www.revue-elements.com/
Avec Patrick Lusinchi, directeur artistique d’Éléments, Daoud Boughezala, Olivier François, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart.
Au menu également : l’éternel retour de la bourgeoisie louis-philipparde, de Jacques Delors à Emmanuel Macron.
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00:00 [Générique]
00:15 Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau numéro de "Cette année-là".
00:20 Cette année-là, on va partir en 1983, cette fois-ci, pour parler de...
00:25 Je vous montre la couverture de ce magnifique numéro d'éléments.
00:29 "L'État, pourquoi faire ?"
00:31 Pour en discuter, j'ai autour de moi une équipe de choc.
00:35 J'ai bien sûr notre ami Olivier François. Bonjour Olivier.
00:38 Bonjour, très très bien.
00:40 Notre ami Christophe Maxime aussi, qui va nous faire...
00:43 On en parle tout à l'heure. Christophe va nous faire quelque chose.
00:46 Bonjour.
00:47 J'ai le plaisir d'avoir Daoud Borghezala.
00:49 Bonjour Patrick.
00:50 Bien jour Daoud.
00:51 Et notre ami Rodolphe Carte, qui ont tous étudié ce numéro.
00:56 Beaucoup n'étaient pas nés à cette époque-ci. Qui n'était pas né ?
01:00 Tout le monde était né en 1983 ?
01:02 Nous deux.
01:03 Alors nous, on avait 5 ans.
01:04 On avait 5 ans, exactement. On ne lisait pas encore "Éléments".
01:06 Moi, je ne dis pas, mais bon.
01:08 Alors en 1983, mon cher Christophe, il s'est passé plein de choses.
01:13 Vous allez nous faire un petit résumé de cette année pour nos jeunes téléspectateurs.
01:17 Il s'est passé beaucoup de choses, évidemment.
01:20 Moi, je vous fais un petit panorama de 1983.
01:22 Juste pour revenir sur le concept de l'émission.
01:24 Cette année-là, nous nous attachons à un numéro.
01:28 Un ancien numéro d'Éléments d'une année précédente.
01:30 Donc là, nous sommes pour ce numéro d'Éléments, qui est le numéro 44, je crois.
01:33 44.
01:34 44. Excellent.
01:35 C'est janvier-février 1983.
01:37 D'ailleurs, j'encourage tout le monde à aller voir sur le site.
01:39 On peut se le procurer.
01:40 Oui, on peut se le procurer en PDF.
01:42 La couverture est superbe.
01:43 Mais déjà, à l'époque, la couverture, même si ce n'est pas vous qui vous occupiez, n'était pas vous.
01:47 Contrairement à maintenant, le numéro est très beau et la couverture est tout à fait impressionnante.
01:52 Alors, nous sommes, donc, ce numéro, début 1983.
01:55 Alors, en 1983, qu'est-ce qui se passe ?
01:57 Une petite fenêtre, un petit panorama.
01:59 Alors, en politique générale, on est en plein Reagan.
02:02 C'est au moment où Reagan dénonce l'URSS comme l'empire du mal.
02:07 C'est à l'époque où Margaret Thatcher revient en Argentine,
02:11 paradée après les Malouines de la guerre de 1982.
02:14 Au Moyen-Orient, c'est le foutoir.
02:16 Une fois n'est pas coutume, il y a la guerre Iran-Irak.
02:18 Donc, il y a l'épisode militaire Iran-Irak.
02:22 – Plusieurs millions de morts.
02:23 – Oui, bien sûr, avec des armements de… peu importe.
02:26 Le Liban, ce n'est pas beaucoup mieux,
02:28 puisque au Liban, c'est la période hébéro de 1983 des attentats contre les Français.
02:31 Mais c'est aussi à l'époque où Israël se retire de la zone sud, je ne sais plus,
02:36 et qui occasionne une autre guerre interne entre les Druzes et les milices chrétiennes.
02:43 Donc, voilà, c'est un contexte un peu difficile.
02:46 1983, Mitterrand devient quasiment presque atlantiste,
02:48 puisqu'il est très pro-américain,
02:50 et il déclare que les missiles sont à l'Est, les pacifistes à l'Ouest,
02:54 donc ce pauvre Mitterrand.
02:56 Alors, pour l'Amérique du Sud, c'est la fin de la dictature.
02:59 Ça vous intéresse Raoul ?
03:00 Vous connaissez bien l'Argentine, bien sûr.
03:02 – Je connais très bien l'Argentine.
03:03 – Quasiment, on est en Argentine, mais ce n'est pas une plaisanterie.
03:04 – Je ne suis pas né en Argentine.
03:05 – Voilà, et donc c'est Raoul Alfonsine, le radical Raoul Alfonsine,
03:08 qui remplace en fait la dictature de Videla.
03:10 – Je l'ai rencontré d'ailleurs.
03:11 – Vous avez rencontré Raoul Alfonsine.
03:12 – Je l'ai rencontré, je l'ai serré la main quand j'avais 7 ans.
03:14 – Et c'est bien possible.
03:15 – Voilà, au Salon de la culture de Benoist.
03:18 – Je crois que ça n'est pas une plaisanterie.
03:20 – Pas du tout, on est pas là.
03:21 – Non, c'est vrai, je veux dire, c'est vrai.
03:23 Qui nous quitte en 1983 ?
03:24 Alors, un peu de deuil, de funès, nous, en 1983,
03:27 mais Louis Buniel, et également Hergé,
03:29 et quelqu'un qu'on aime bien ici, qui est René Fallet.
03:31 Voilà, c'était juste pour dire ça.
03:32 En matière de cinéma, on est dans le gros cinéma international,
03:34 on a Star Wars, moi je n'aime pas ça du tout,
03:36 Scarface de Brian De Palma,
03:38 La Valse des Pantins de Scorsese,
03:41 Féline nous fait la naveva,
03:42 les Monty Python dont on parlait dans notre émission
03:45 de Numéro d'Eléments, c'est l'essence de la vie.
03:47 En France, nous avons le charmant petit été meurtrier de Jean Becker,
03:51 il y a aussi une grosse actualité David Bowie,
03:54 puisque David Bowie tourne dans Shima Furio.
03:57 – C'est le film en bingue.
03:59 – Oui, effectivement, c'est David Bowie.
04:01 Il y a un film que j'aime beaucoup de 1983 qui a eu l'Oscar,
04:03 c'est un film de James Brooke,
04:04 qui s'appelle Tendre Patience avec Jack Nicholson,
04:06 qui a eu l'Oscar du meilleur film de 1983.
04:08 Voilà, des choses comme ça en France.
04:10 On a Papy fait la Résistance qui est très drôle,
04:12 dans un registre un petit peu léger,
04:14 un très beau Pialat, Nos Amours.
04:16 Voilà, c'est à peu près tout.
04:18 En matière de musique, on est dans la période Michael Jackson à fond,
04:23 David Bowie également, en plus de Furio,
04:26 qui nous chante plein de choses, Let's Dance et etc.
04:28 – En bingue d'ailleurs aussi.
04:30 – Pas vraiment, Chinese Girl peut-être un peu plus.
04:32 On est beaucoup, énormément dans Rod Stewart.
04:35 Patrick sera enchanté, on est très heureux.
04:37 Il y a Rod Stewart et on est toujours heureux de le voir.
04:39 Bonny Tyler, Johnny Deas.
04:41 Comme c'est un peu la nouvelle année, il y a U2 qui fait New Year's Day.
04:44 Indochine, qui est un groupe, peu importe en France,
04:47 qui pianote un petit peu.
04:49 – On l'entend encore Indochine.
04:51 – Oui, j'en sais, moi je trouve ça pas si mauvais.
04:53 Ils seraient anglais et de Brighton, on trouverait ça génial.
04:55 – C'était une boom avec Granfion, des loves de Stanislas,
04:57 on écoutait Indochine.
04:58 – Des proches en parlaient très bien.
05:00 – Et juste pour finir sur une petite touche un peu plus surévitéraire,
05:03 c'est l'entrée de Léopold Solarsengor à la Canine française,
05:06 premier Africain caninicien français.
05:08 Et puis il y a deux livres de 1983 que j'ai redécouvert.
05:11 Il y a "Femme" de Solers, Philippe Solers qui nous a quitté cette année.
05:14 C'est un très beau livre, "Femme" de Philippe Solers.
05:17 Il y a aussi Jean-Baptiste Pouilly qui nous parle de Spinoza et Hegel,
05:19 mais je ne peux pas révéler le titre, il est trop grossi à l'antenne.
05:22 Et juste pour terminer, le prix Goncourt est réduit à quelqu'un
05:25 qui s'appelle Frédéric Tristan, que je connaissais mal,
05:28 qui est un auteur très intéressant qui est mort il n'y a pas longtemps.
05:31 Et c'est un homme qui nous parle beaucoup de l'entre-deux-guerres.
05:34 Donc Frédéric, c'est un auteur à redécouvrir.
05:36 – Voilà, j'en ai fini.
05:37 – Très bien, merci Christophe pour cette année 1983.
05:40 Nous on va s'intéresser effectivement, c'est une question que s'est posée Elements,
05:46 l'État pour quoi faire ?
05:48 Et alors c'est très marrant parce que, sachant que l'analyse sur l'État,
05:52 la critique sur l'État, chacun a la même analyse à l'époque
05:57 que ce soit les socialistes, le marxisme ou les libéraux.
06:00 C'est, comme dirait, "le capitalisme souffre non pas trop de marché,
06:06 mais de trop d'État", formule d'Henri Lepage, le célèbre essayiste libéral français.
06:12 Alors que Lénine expliquait "nous nous assignons comme but final la suppression de l'État".
06:17 Et en 1983, nous sommes en pleine révolution libérale, Regano-Tachérienne,
06:22 et c'est bien la revue Elements qui défend le rôle de l'État.
06:25 Elements va mettre le doigt sur une formule qui va prendre ensuite l'ampleur
06:29 chez nos amis souverainistes, qui en 1983 n'existent pas encore, le souverainisme n'existe pas.
06:34 L'État depuis deux siècles n'a cessé d'évoluer dans le sens de l'individualisme et de l'économisation.
06:40 Comme on l'explique très bien Alain de Benoît dans son édito,
06:44 on en arrive ainsi à la situation présente où l'État fait ce qu'il n'a pas à faire,
06:48 sans faire ce pour quoi il est fait.
06:50 Au lieu de diriger, en fixant l'objectif à atteindre, sans intervenir à tout moment,
06:54 il ne cesse de multiplier les interventions et ne dirige pas.
06:58 C'est un peu vous qui êtes un peu souverainiste Rodolphe, c'est exactement ça.
07:02 Le rôle de l'État, il faudrait peut-être le redéfinir avant de redevenir souverainiste.
07:07 Justement j'ai été très agréablement surpris en lisant le dossier,
07:11 parce que c'est vrai, comme vous l'avez très bien rappelé, à l'époque on a une critique
07:14 qui peut venir au temps des marxistes sur la notion de dépérissement,
07:17 comme de la critique de la part des libéraux.
07:19 Vous avez très bien rappelé avec Christophe que c'est les années Reagan,
07:22 Titcher, Thatcher, ce genre de choses.
07:25 Et c'est vrai qu'au final, au fur et à mesure des articles,
07:29 on se rend compte que la lecture qu'en faisait à l'époque des auteurs
07:33 comme Alain de Benoît, Guillaume Faoui ou même Pierre Vial,
07:35 qui fait un très bel article sur l'organisme,
07:38 et qui rentre en écho avec le macronisme justement,
07:42 même si là ça serait plutôt, comme disait Marx,
07:44 sous l'angle de la comédie par rapport à la tragédie.
07:49 Justement, il y a une vision à mon avis très pertinente.
07:52 Aussi, il y a un article déjà sur la critique de l'État-providence.
07:55 Là aussi, pareil, dernièrement je lisais un article de Stephen Smith,
08:00 l'homme qui a écrit "La ruée vers l'Europe",
08:02 donc le déplacement démographique de l'Afrique vers le Nord,
08:06 et qui montrait très bien qu'aujourd'hui le dilemme des sociétés en Europe de l'Ouest,
08:10 c'est un trilème en fait, c'est cette, comment dire, alliance d'une immigration de masse,
08:15 d'une culture individualiste, mais aussi de cet État-providence
08:18 qui aujourd'hui va abreuver toute une flopée justement de primo-arrivants
08:23 pour qu'ils passent dans une économie de consommation.
08:25 Donc là, on voit bien que même sur ce point-là,
08:27 Ellemant était en avance, et comme vous l'avez très bien dit,
08:30 bon après il y a des critiques, et il y a entre guillemets une lecture qu'on connaît bien,
08:34 qui est celle justement du Mézilien avec l'État,
08:39 enfin je veux dire avec la tripartition souveraine, productive, et religieuse, et guerrière.
08:44 Donc là, on retombe sur les bases de la Nouvelle-Droite,
08:47 mais par contre oui, j'ai été assez interloqué,
08:50 ou en tout cas surpris par la pression sur beaucoup de sujets.
08:53 Par exemple, là aussi on peut être un peu surpris,
08:57 Guillaume Fay et Alain de Bonnoir vont se faire les défenseurs d'un État souverain et protecteur.
09:03 Aujourd'hui, ce qui est très intéressant, c'est qu'on sent qu'il y a vraiment une attente.
09:07 Le peuple justement, ou les peuples nationaux, ne veulent plus forcément d'un État-providence,
09:11 mais ils veulent d'un État protecteur, qui les défende sur le point de vue de la sécurité,
09:16 avec notamment l'invasion migratoire,
09:18 mais aussi d'un point de vue, j'ai envie de dire financier, par rapport aux délocalisations, ce genre de choses.
09:22 Donc oui, c'est un dossier à mon avis très pertinent et qu'il faut relire.
09:26 Oui, moi je pourrais rebondir sur ce que dit notre ami Rodolphe,
09:30 c'est qu'en lisant le dossier, j'ai été étonné à quel point il y avait une pression,
09:33 c'est notamment des thèmes qui vont être traités par des sociologues dans les années 90,
09:38 ou de critiques sociaux.
09:39 Je pense par exemple à un essai qui était paru, je crois, fin des années 90,
09:43 qui s'appelait "Big Mother", ou je crois que c'est Schneider,
09:46 Michel Schneider qui avait écrit ce livre, qui m'avait marqué,
09:50 parce qu'il montrait que justement, cet État, devenant de moins en moins souverain,
09:54 mais devenait de plus en plus protecteur, mais au pire sens du terme,
09:58 en s'immisçant et maternel, avec tout ce que ce terme peut avoir d'un peu étouffant.
10:03 On l'a vu pendant le Covid, on le voit dans la manière dont aujourd'hui,
10:07 l'État se sent obligé, notamment à l'école, d'éduquer les citoyens
10:12 pour qu'ils deviennent de bons wokies, de bonnes humanistes,
10:15 qu'ils ne soient pas homophobes, qu'ils ne soient pas racistes, etc.
10:17 – En fait, il intervient de plus en plus dans la vie quotidienne des Français.
10:19 – Dans la vie quotidienne, dans la vie privée, dans leur conception du monde,
10:22 en imposant, mais ça c'est une vieille tradition républicaine,
10:24 toujours avec cette idée qu'il faudrait émanciper les gens pour créer un nouveau,
10:29 et ça c'est quand même, malgré tout, une certaine tradition française.
10:33 Et dans le dossier d'Ellément, on voit il y a cette pression aussi,
10:38 on l'a traité aussi par la suite, sur la question de la gouvernance.
10:41 On n'a plus un État souverain, mais on a un État pris dans les raies de la gouvernance.
10:46 J'ai trouvé ça tout à fait passionnant, et encore une fois,
10:51 l'enson des fleurs à notre revue, Ellément a été pression.
10:55 – Daoud, on a presque l'impression qu'à l'époque, Alain de Benoît disait
11:00 qu'on fonde la contestation de l'étante, que ce soit les libéraux ou les socialistes,
11:08 on débouche sur de l'étatisme, du totalitarisme,
11:12 on est presque au niveau d'un gouvernement à la Macron aujourd'hui.
11:15 – C'est-à-dire que oui, en lisant ce dossier, je me suis dit,
11:18 tiens, en 1983, on était un peu à croiser des chemins,
11:22 la fin d'un monde qui s'annonçait, on voyait bien que la guerre froide allait terminer,
11:26 il y a tout un article de Guillaume Feist qui est une critique économique du réganisme,
11:32 dont il annonçait à défaites, et oui finalement, Mitterrand et bientôt Fabius
11:37 allaient mettre en place une sorte de socialiste patronale au pouvoir,
11:41 et pour reprendre vos réflexions sur l'État, il y a quelques temps,
11:45 en regardant sans le son peut-être, de temps en temps, par intermittence,
11:49 en mettant le son, la conférence de presse de notre président,
11:52 finalement je me suis dit qu'on est arrivé à un modèle tribal africain,
11:55 c'est-à-dire que chez Pierre Clastres, dans ses études anthropologiques,
11:59 qui montrent que dans les sociétés dites primitives,
12:02 la chefferie et le pouvoir sont des lieux complètement dissociés,
12:06 c'est-à-dire qu'on va désigner un chef qui n'a aucun pouvoir,
12:09 et qui va passer sa journée à déblatérer, sans avoir aucune influence sur le réel,
12:14 en fait, il parle, il parle, il a une espèce de logorée incessante,
12:17 et finalement, le chef a une sorte de lieu vide,
12:22 qui sert à désacraliser le lieu du pouvoir,
12:26 et bien là aussi, à la faveur de pouvoirs supranationaux, l'impuissance du politique,
12:31 on a un président qui nous explique qu'il faut faire une demi-heure de sport par jour,
12:35 et un pouvoir politique qui a un foutu de pacifier,
12:39 ne serait-ce que les centres de nos villes, sans parler des banlieues.
12:43 – On parle dans l'article de Benoît Guillaume Fay,
12:47 de l'ère des managers, qui est posée comme alternative à celle des Césars,
12:51 et censée faire de l'État le planificateur du bonheur public.
12:55 – Je trouve que c'est remarquable, et alors, je veux bien parler aussi,
12:59 il faudra qu'on parle de l'article de Pierre Vial,
13:01 qui est un excellent, sur l'orléanisme, parce que 83, c'est aussi le moment
13:05 où à travers, justement, des gens qui viennent de la deuxième gauche,
13:09 on se met à retrouver l'œuvre de Tocqueville,
13:12 parce qu'on oublie aujourd'hui, Tocqueville est considéré comme un classique,
13:14 mais dans les années 70, au fond, en dehors de Raymond Aron,
13:17 et de Julien Freund, personne ne parlait de Tocqueville,
13:19 et Tocqueville, moi, il se trouve que j'ai lu, il y a quelques années,
13:23 ses souvenirs, et qui sont tout à fait passionnants,
13:25 alors qu'ils concernent vraiment 1848, mais où il parle de la malheursie de juillet,
13:30 et il décrit l'arrivée du pouvoir de Louis-Philippe,
13:33 en disant, voilà, ce roi bourgeois, ce roi citoyen,
13:35 était entouré d'hommes d'affaires, de gens qui voulaient transformer le pays
13:39 en entreprises privées, en quelque sorte, en banques,
13:43 et c'est étonnant de voir, d'ailleurs, que Tocqueville, dans ce livre,
13:47 dans ses souvenirs, que je recommande, c'est en folio,
13:49 quand il décrit Louis-Philippe, il décrit Emmanuel Macron,
13:53 il décrit une certaine manière de faire de la politique,
13:56 où au fond, les intérêts privés, l'addition de ces intérêts privés
14:00 remplacent le bien commun, et ça, j'ai trouvé tout ça tout à fait passionnant,
14:06 et sur les managers, c'est très vrai, ça commence d'ailleurs un petit peu
14:10 sous l'hiscardestin, puisqu'on parle toujours…
14:12 Oui, puisque Pierre Vial reprend cette phrase de Giscard,
14:18 qui disait être un bon gestionnaire de la France,
14:22 qu'il entendait être un bon gestionnaire de la France.
14:24 Ou même la nouvelle société, Chabandelle-Masse et Jacques Delors.
14:27 Oui, dans le même principe, on avait déjà ça à ce moment-là.
14:31 Ça me fait penser, excusez-moi de faire une citation,
14:33 puisque c'est un de nos films préférés, je crois,
14:35 où nous sommes quelques-uns et beaucoup aimés, dans "La Maman et la Putain",
14:38 à un moment donné, à propos de nouvelle société, Jean-Pierre Léo,
14:40 enfin Alexandre, que joue Jean-Pierre Léo, dit au fond,
14:43 autrefois, les femmes se retournaient au passage des militaires,
14:48 aujourd'hui, elles se retournent au passage des cadres,
14:50 avec leur attache écaisse, c'est la nouvelle société.
14:53 Donc il pointait déjà Chabandelle-Masse,
14:56 et les cadres avec leur attache écaisse sont aujourd'hui au pouvoir, hélas.
15:00 Rodolphe, dans l'article, Guillaume Fay et Alain Debenoît expliquaient
15:04 que ce qui serait important, c'est de s'attacher à redéfinir
15:08 une idéologie de la souveraineté.
15:11 Car si, aujourd'hui, les souverainistes sont pour un Frexit,
15:15 ou le Brexit anglais, cela ne change restrictement rien
15:19 si l'administration européenne est échangée par l'administration française
15:22 ou l'administration anglaise.
15:24 En fait, c'est le retour de l'État.
15:26 Redéfinir ce qu'est un État, c'est peut-être la chose la plus importante, en premier.
15:30 Oui, mais justement, quand Olivier évoque cette monarchie de Juillet,
15:34 il y a un livre qui est assez intéressant, que j'ai lu dernièrement,
15:37 qui est le livre du fils d'Emmanuel Todd, David Todd,
15:40 sur l'identité économique de la France.
15:42 Et au moment de la monarchie de Juillet, on a véritablement
15:45 l'identité économique de la France qui se dessine et qui est celle
15:48 du protectionnisme contre le libre-échangisme venu d'Angleterre.
15:52 Et aujourd'hui, la phrase que j'ai citée au début de l'émission sur Karl Marx,
15:57 où on est véritablement dedans, c'est qu'à l'époque,
16:00 il a pu avoir une bourgeoisie nationale qui avait des intérêts nationaux.
16:03 Et c'est vrai que la bourgeoisie était plutôt, pas vindicative,
16:07 mais disons qu'elle allait de l'avant, c'était la bourgeoisie des chemins de fer,
16:10 des grandes industries, ou en tout cas qui essayait véritablement
16:13 de doter la France d'une puissance industrielle.
16:15 Même de l'autre côté du Rhin, on avait des penseurs comme Friedrich List,
16:18 des penseurs du protectionnisme, qui vont considérer,
16:21 et on a l'unification italienne avec le Risorgimento,
16:24 on a la fameuse création d'un blog historique entre la bourgeoisie lombarde
16:28 et les grands propriétaires du Sud.
16:30 À l'époque, on avait véritablement des bourgeoisies qui étaient attachées,
16:33 ou en tout cas, c'était des intérêts matériels bien évidemment,
16:35 mais qui étaient attachées à leur nation.
16:37 Aujourd'hui, j'ai envie de dire le pire dans le macronisme,
16:40 c'est qu'en plus, cette bourgeoisie, elle est apatride,
16:43 ses intérêts ne sont plus attachés à leur pays.
16:47 Il y a une expression marxiste, pour le coup, qui est assez pertinente,
16:51 qui est la notion de bourgeoisie comprador,
16:53 qui a été beaucoup utilisée notamment en Amérique du Sud,
16:56 ou même en Chine par exemple.
16:58 Aujourd'hui, on est véritablement dedans,
17:00 c'est qu'on peut même, on est dans un moment, à mon avis,
17:03 avec des parallèles au moment de la monarchie de Juillet
17:06 qui sont assez intéressants,
17:08 mais par contre, j'ai envie de dire que c'est encore pire.
17:10 Par contre, comme l'a dit Olivier,
17:12 la monarchie de Juillet débouche sur le réveil des peuples.
17:15 – Il ne faut pas trop idéaliser cette bourgeoisie nationale,
17:17 elle voulait déjà se servir de l'État comme d'un instrument d'enrichissement.
17:22 – Mais disons que bon, elle était quand même largement plus estimable que la nôtre,
17:25 par contre, comme vous l'avez très bien dit Olivier,
17:27 en 1848, il y a la révolution des nations.
17:31 Donc espérons qu'après le macronisme, le réveil des peuples européens,
17:35 et aujourd'hui comme on l'a vu par exemple,
17:37 avec les manifestations agricoles qu'on voit en Allemagne,
17:40 alors bon, c'est comme d'hab', sur quoi ça détournera,
17:43 mais bon, on voit quand même que même d'un point de vue électoral,
17:45 on a quand même un réveil des peuples.
17:47 Alors espérons que ça finisse justement dans un réveil des peuples européens.
17:50 – C'est ce que dit Pierre Vial, et c'est assez révélateur,
17:53 il dit, je le cite, "la révolution de 1830 a mis au pouvoir une bourgeoisie
17:57 qui considère qu'elle doit continuer l'évolution engagée de 1789,
18:01 c'est-à-dire établir une échelle de valeurs politiques, sociales, culturelles,
18:05 en tête desquelles figure la réussite économique qui justifie toutes les autres.
18:09 Le personnel orléaniste se recrute dans la haute bourgeoisie,
18:13 mais cette haute bourgeoisie prend soin d'asseoir son pouvoir
18:15 sur une base sociologique, la moyenne et la petite bourgeoisie."
18:18 – On a l'impression d'être chez Macron là.
18:21 – La ministre Amélie Oudea Castera.
18:24 – Oudea Castera, qu'est-ce qu'on peut penser de cette femme,
18:28 en dehors de la polémique sur Stanislas, une ancienne joueuse de tennis,
18:32 je ne sais pas si elle était de grand rang d'ailleurs.
18:35 Mais en fait, je pense que chez Macron, la base sociale,
18:38 ce serait intéressant d'ailleurs de voir si la base sociale macronienne
18:41 est la même que la base sociale de Louis Philippe.
18:43 Je vois ce que j'appelle les normopathes, en effet,
18:46 c'est une certaine petite bourgeoisie, en votant Macron,
18:49 en fait c'est une manière de se distinguer du reste de la population,
18:52 alors même qu'elle aurait plutôt des intérêts communs avec les classes populaires.
18:56 Mais elle tient absolument à voter Macron pour prendre le train en marche
18:59 en ayant l'impression que ça va l'élever socialement.
19:01 – Oui, on est aussi…
19:02 – Alors qu'en fait elle est appauvrie par la population.
19:04 – On est aussi à un moment aujourd'hui particulier de l'histoire
19:07 par rapport à la pyramide des sages, c'est-à-dire que les baby-boomers
19:10 sont devenus des papy-boomers, qui est la base de l'électorat de Macron,
19:13 je ne me souviens plus des chiffres exacts, mais on est à plus de 40%,
19:17 la base électorale du macronisme est très vieillissante,
19:21 à plus d'un titre on peut le caractériser par le parti de la peur,
19:25 pendant le Covid, pour des raisons épidémiologiques évidentes,
19:29 pendant le… face à Marine Le Pen à chaque fois,
19:34 la peur de perdre vos acquis sociaux, économiques,
19:38 le grand danger fasciste ou le grand danger socialisant,
19:43 donc là aussi, je ne sais pas si dans l'histoire de France
19:45 il y a eu un moment où la bascule démographique était aussi accentuée,
19:49 il me semble que non, et aussi déséquilibrée,
19:53 à une époque où les gens ne font plus d'enfants et notre population vieillit.
19:57 – Et puis, comment on pourrait le dire, une baisse aussi,
20:00 moi je suis très marqué, on le retrouve d'ailleurs dans la littérature
20:03 du 19ème siècle, la bêtise est un grand sujet flaubertien,
20:06 et quand il décrit cette bourgeoisie, pseudo-voltairienne d'ailleurs,
20:10 parce qu'elle n'a retenu de Voltaire que quelques clichés, quelques slogans,
20:14 et aujourd'hui on a, moi je trouve, une baisse du niveau de nos élites,
20:18 qui parfois d'ailleurs sont des gens peut-être très compétents en statistique
20:22 et qui ont réussi des diplômes, mais qui culturellement…
20:24 – Mais il nous reste la syntaxe de ces gens qu'on est quand même.
20:27 – Oui, alors paraît-il qu'il est handicapé, il a eu des problèmes de dyslexie jeune,
20:32 mais enfin bon, on ne nomme pas un dyslexique à mon avis…
20:34 – Il est encore très jeune.
20:36 – À l'étranger, c'est comme si on nommait, je ne sais pas,
20:39 un cul-de-jatte au directeur de l'athlétisme en France,
20:43 enfin c'est aberrant, mais il y a une baisse du niveau.
20:46 Moi j'ai été marqué quand on voit l'intrigante et en même temps fascinante
20:50 Racine Haddati, mais que d'aucuns auraient appelé une aventurière
20:53 il y a quelques années, quand elle fait son discours,
20:56 elle arrive au ministère de la Culture, elle ne cite aucun auteur, aucun peintre,
21:00 elle dit "j'aime la culture", mais enfin voilà, il n'y a pas grand-chose.
21:04 – Pour rehausser le niveau et parler de l'élite, je voudrais juste revenir
21:07 sur ce fameux numéro 44 de 1983, pour changer de sujet, je ne parle plus de l'État,
21:12 il y a d'autres articles en plus de Guillaume Fay et Pierre Vial,
21:15 il y a "Les 10 ans de la mort de Monterland" dont parle grand ami
21:20 Michel Marmin et Alain de Benoît, une grande entrevue de Philippe de Saint-Robert
21:23 qui répond au livre du moment qui est "Monterland sans masque"
21:26 qui est un peu polémique, donc il y a un très bel entretien
21:30 de Philippe de Saint-Robert dans ce numéro,
21:32 et il y a aussi un article délicieux du merveilleux Michel Marmin sur…
21:37 rappelez-moi… – Je ne l'ai pas en tête alors, attendez…
21:44 – "Contre Hegel", le titre c'est "Contre Hegel", sur Laurent.
21:50 – Ah, un antidote contre Hegel.
21:52 – Il y a un antidote contre Hegel, je pensais à ça.
21:55 – Est-ce que c'est vrai qu'il y avait déjà des pages cultures
21:57 passionnantes dans les mots à l'époque ?
21:59 – Ronald, on s'aperçoit en fait que, comme beaucoup de souverainistes de maintenant,
22:06 la fonction de productivité prenant le pas sur la fonction souveraine,
22:10 c'est pour ça que les souverainistes sont apparus,
22:13 parce qu'en fait le souverainisme qui est allé de soi dans un État, n'est plus.
22:18 En fait on est aujourd'hui, comme disait un de Benoît,
22:22 éliminant la notion même de souveraineté pour lui substituer celle de décision gestionnaire.
22:27 On fait de la gestion aujourd'hui à l'État.
22:28 – Oui, justement, c'est d'autant plus sensible la question de l'État en France
22:31 qu'on sait pertinemment que la France, quelque part, c'est aussi une création artificielle.
22:35 C'est des peuples, le peuple basque, les flamands, les bretons, les peuples alpins,
22:41 qui ont peu de choses à voir, à part peut-être une origine civilisationnelle européenne,
22:46 bien évidemment, mais on voit bien justement que la formation de la France,
22:51 ça a toujours été la formation de l'État capétien,
22:53 de l'État capétien contre Rome, de l'État capétien,
22:56 mais aussi contre le Saint-Empire romain germanique.
22:58 Donc aujourd'hui, comment dire, le délabrement de l'État qu'on connaît
23:03 par notamment les doctrines néolibérales justement, rend la chose d'autant plus sensible.
23:08 Et justement, là, c'est peut-être, comme on l'a très bien dit au début de l'émission,
23:13 l'intérêt de ce dossier, c'est qu'aujourd'hui, quand on a une critique de l'État,
23:16 notamment de l'État-providence, et qui est absolument nécessaire et légitime,
23:20 on a tendance, comment dire, à jeter le bébé avec l'eau du bain.
23:23 Alors que là, on voit très bien, alors que bon, chez un personnage comme par exemple Alain de Benoist,
23:27 on pouvait peut-être attendre une critique beaucoup plus acerbe contre l'État.
23:32 Alain de Benoist, c'est quand même un partisan d'Altusius contre Baudin,
23:36 et non, on le retrouve justement toujours à nous surprendre,
23:39 à faire une réévaluation de l'État souverain, de l'État protecteur.
23:43 Et c'est pour ça que, même moi en tant que souverainiste,
23:46 j'ai trouvé ce dossier tout à fait pertinent.
23:48 Mais ce qui est drôle, c'est que par exemple, c'était un peu la même chose
23:50 avec le numéro d'éléments sur la France.
23:52 Là aussi, on s'attendait à une descente en règle de la France, de la francité,
23:56 et ce n'était absolument pas le cas.
23:58 Et justement, il y avait déjà à l'époque un article de Pierre Vial,
24:01 je me souviens, qui était très intéressant sur le sujet.
24:03 – Pour ajouter à ce que tu dis, je pense sur le souverainisme aussi.
24:05 Les souverainistes que je vais un peu fréquenter ont eu tendance,
24:08 dans les années 90, face au traité européen,
24:11 à travailler sur le juridique et sur le terrain juridique,
24:14 et à ne pas donner de substance, on va dire, culturelle et philosophique
24:18 à la question de la souveraineté.
24:20 Quand on rencontre Asselineau, au bout d'à peine deux minutes,
24:23 on a envie de passer à autre chose, parce que ce n'est pas suffisant.
24:27 – Le paradoxe, c'est que cet État européen, enfin, ce système européen,
24:32 il n'a pas repris le pouvoir de l'État tel qu'il existe avant.
24:36 Il n'est pas protecteur, il n'a pas d'armée, il n'a pas de police, il n'a rien.
24:40 – Et puis on est dans la même aporie dans les deux cas,
24:42 c'est-à-dire qu'on envisage l'État ou la fonction supranationale
24:46 comme un contenant sans contenu.
24:48 C'est une espèce de patriotisme constitutionnel d'Abermas
24:51 à l'échelle européenne qu'on retrouve aussi chez les républicains
24:54 les plus abstraits, déracinés, désincarnés,
24:58 qui voient dans la France un plébiscite de tous les jours.
25:02 Là aussi, il faut faire attention, le juridisme ne fait pas tout.
25:06 – Rodolphe, on a terminé.
25:08 – Justement, c'est marrant qu'on évoque Monterland,
25:10 parce que Monterland, on sait très bien qu'il est baigné
25:12 dans l'univers de l'Horreur romantique.
25:14 On sait très bien que Rome, bien évidemment, c'est l'État,
25:16 mais c'est aussi les hommes d'État qu'incarnaient.
25:18 Il y a des figures de la République romaine comme Régulus ou Sincinnatus
25:21 qui montrent vraiment que, comme vous venez de le dire,
25:24 d'Aoude, il y a un État, mais il faut aussi des Français.
25:27 C'est très bien d'avoir un État français, mais il faut aussi des Français.
25:29 Et les Français, aujourd'hui, le type humain français,
25:31 c'est peut-être la chose qui est le plus difficile à produire, si je puis dire.
25:35 – Bon, ben voilà, on a quasiment fait le tour.
25:38 Donc vous pouvez retrouver ce numéro, voyez, c'est une très belle couverture.
25:43 Je peux dire qu'elle est très belle, parce que ce n'est pas moi qui l'ai faite.
25:45 – Retrouver… – L'État, pour quoi faire ?
25:47 – En PDF. – En PDF, on peut le retrouver en PDF.
25:49 Et vous avez, alors pour toutes les gens qui sont entre la guerre,
25:53 entre Guillaume Fay et Alain de Benoît,
25:55 et bien là, vous avez deux grands articles qui sont signés
25:57 par Alain de Benoît et Guillaume Fay.
25:59 C'est rare et c'est précieux, et c'est dans les archives d'Eléments.
26:03 Voilà, nous, on se retrouve le mois prochain Olivier.
26:06 – Oui, exactement, pour un nouvel numéro du Plus d'Éléments.
26:09 – Pour le Plus d'Éléments, voilà.
26:11 Bonsoir. – Bonsoir.
26:12 – Au revoir, bonjour. – Bonjour chez vous.
26:14 – Il est vite, ce sera vite. – Bonjour chez vous.
26:17 Merci.
26:18 [Générique]