Le 14 février dernier, le journaliste indépendant Frédéric Aigouy assiste comme souvent à la conférence de presse qui suit le Conseil des ministres. Après des déclarations hasardeuses de Stéphane Séjourné sur l’OTAN et la sécurité de l’UE, prétendument en danger face à la menace russe, il pose une question au porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, au sujet des responsables du sabotage de Nord Stream, un véritable acte de guerre contre l’Europe. Silence radio… Il s’interroge encore ? N’y a-t-il pas autre chose qui est en train de se jouer ?
Frédéric Aigouy attend toujours une réponse du ministre sur les menaces venues de l’étranger… Une réponse qu’il n’est pas prêt d’obtenir. En effet, depuis cet épisode, Frédéric Aigouy s’est vu refuser son accréditation à l’Elysée, sans motif. Il nous raconte les coulisses de ces épisodes.
Frédéric Aigouy attend toujours une réponse du ministre sur les menaces venues de l’étranger… Une réponse qu’il n’est pas prêt d’obtenir. En effet, depuis cet épisode, Frédéric Aigouy s’est vu refuser son accréditation à l’Elysée, sans motif. Il nous raconte les coulisses de ces épisodes.
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00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous, pour le Zoom aujourd'hui, je reçois Frédéric Aigui.
00:10 Bonjour monsieur.
00:10 Bonjour Elise.
00:11 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:12 Vous êtes journaliste indépendant, ancien de RT France,
00:16 dont on parlera un petit peu plus tard.
00:18 Alors Frédéric Aigui, le 14 février a commencé,
00:21 c'est le jour de la Saint-Valentin,
00:22 une forme de nouvelle idylle avec Prisca Thévenot,
00:25 le porte-parole du gouvernement.
00:27 Vous étiez à sa conférence de presse pour poser une question sur Nord Stream.
00:31 Je vous propose qu'on regarde ça tout de suite,
00:34 et puis après vous nous raconterez comment cette idylle a fait long feu.
00:37 Je voudrais revenir sur l'interview accordée par Stéphane Séjourné à Ouest France,
00:41 dans laquelle il déclare, dans le cadre de la stratégie sécuritaire de l'UE,
00:45 je cite, "ce sera l'OTAN et l'Europe,
00:47 les Européens ont besoin d'une deuxième assurance-vie".
00:50 On comprend que sa réflexion est dirigée par l'hypothèse
00:53 d'une attaque de la Russie contre la Pologne,
00:55 hypothèse que visiblement la France juste crédible,
00:57 mais qui en l'état n'est que ça, une hypothèse.
01:00 Ce qui est surprenant, c'est qu'il définit les enjeux sécuritaires de l'UE
01:04 uniquement par ce prisme,
01:05 et n'évoque à aucun moment le sabotage de Nord Stream.
01:08 Or, vous le savez aussi bien que moi,
01:10 le sabotage de Nord Stream, on n'est plus dans le domaine de l'hypothèse,
01:12 c'est un acte de guerre avéré,
01:14 qui a visé les intérêts stratégiques vitaux de l'Union européenne.
01:19 Il n'y a qu'à voir l'état aujourd'hui de l'industrie allemande.
01:22 Ma question est donc la suivante,
01:23 la Russie est-elle à vos yeux la seule menace pour l'Union européenne ?
01:28 Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a autre chose
01:30 qui est en train de se jouer sur le continent aujourd'hui,
01:33 dont le sabotage de Nord Stream et l'expression ?
01:36 Est-ce que nos démocraties aujourd'hui sont fragilisées ?
01:41 Oui, je pense que oui.
01:42 Ce serait complètement vivre dans une grotte que de dire le contraire.
01:46 Mais je rappellerai juste aussi qu'il y a récemment,
01:49 et d'ailleurs ça a été rappelé hier,
01:51 des atteintes d'ingérence numérique,
01:53 qui ne sont pas à nier à regarder rapidement.
01:56 Typiquement, il y a...
01:57 J'entends bien le point sur la Russie,
01:59 j'entends bien que vous considérez la Russie de masse,
02:01 mais qu'en est-il de Nord Stream en fait ?
02:03 Qu'en est-il de Nord Stream ?
02:04 Je pense que les sujets avaient été abordés à ce moment-là.
02:06 Mais en fait, quelle est votre question ?
02:07 C'est qu'il ne sait pas que la Russie ?
02:08 Vous ne savez pas du tout qui a pu réaliser le sabotage de Nord Stream.
02:10 Vous avez pas de suspects en tête.
02:12 Je n'ai pas une liste de suspects à vous soumettre aujourd'hui.
02:15 On a l'impression qu'on ne définit les enjeux sécuritaires de l'UE
02:18 que vis-à-vis de la Russie.
02:19 Alors qu'on a subi une attaque.
02:21 Aujourd'hui, l'industrie allemande, elle est en train de s'effondrer,
02:23 notamment à cause du sabotage de Nord Stream.
02:25 Vous savez, quand on parle...
02:27 Stéphane Séjourné, qui a justement porté énormément de sujets
02:29 avec le président de la République,
02:31 est missionné sur ce sujet par le président de la République lui-même,
02:34 de l'Europe de la Défense.
02:36 C'est bien pour se garder, se protéger d'un certain nombre de...
02:40 - De qui ?
02:41 - D'un certain nombre de sujets.
02:42 Je ne vais pas vous faire une liste aujourd'hui.
02:44 Avant de revenir sur le fond, Frédéric Égouy,
02:46 nous sommes une semaine plus tard.
02:48 Vous avez tenté, votre chance à nouveau,
02:51 pour poser une question à Prisca Tevneau.
02:53 Vous avez toujours une carte de presse, me semble-t-il.
02:55 - Oui, tout à fait.
02:56 - Et vous n'avez pas pu rentrer.
02:58 - Non.
02:59 Donc, mon accréditation a été refusée,
03:01 pour une raison inconnue.
03:02 J'ai demandé pourquoi, mais je n'ai pas eu de réponse.
03:05 Donc, un refus sans motif.
03:08 Or, je sais qu'il y avait de la place dans la salle de la conférence de presse.
03:13 Donc, je ne sais pas, je demande.
03:15 Je suis encore en train de demander.
03:17 J'ai demandé à l'Élysée, je demanderai à deux, trois personnes
03:19 pour qu'on puisse simplement expliquer pourquoi.
03:21 Parce que je n'ai rien fait de mal, j'ai juste posé une question.
03:23 Donc, je ne vois pas en quoi je ne pourrais pas y retourner.
03:26 - Alors, cette question, revenons justement dessus.
03:28 Cette question, elle portait sur le sabotage de Nord Stream.
03:31 Donc, on comprend, au fil de cette séquence,
03:34 que la question que vous souhaitiez poser,
03:35 c'est qu'aujourd'hui, l'accent a été mis sur la dangerosité potentielle
03:40 de la Russie de Vladimir Poutine, du régime de Vladimir Poutine, j'allais dire.
03:44 Mais que l'Union européenne, à l'instar de la France,
03:48 font finalement totalement fi des autres potentielles menaces,
03:51 notamment occidentales, c'est-à-dire intra-occidentales,
03:55 et peut-être des États-Unis.
03:57 - Des menaces avérées.
03:58 C'est-à-dire que, quand on parle du sabotage de Nord Stream,
04:00 c'est un acte de guerre.
04:02 C'est considéré, c'est une infrastructure stratégique
04:05 qui, aujourd'hui, met à mal l'industrie allemande,
04:09 qui, comme je disais, qui est en train de s'effondrer.
04:12 Donc, pourquoi on ne s'intéresse pas à ce sujet ?
04:14 Et personne ne s'intéresse à ce sujet en France,
04:16 personne ne s'intéresse à ce sujet en Allemagne.
04:18 Et là, il y a une incohérence dont il faut parler.
04:21 On ne peut pas éternellement repousser cette question
04:24 et ne jamais l'évoquer, en fait.
04:26 C'est un non-sens.
04:27 - Alors, ce qui est assez surprenant, c'est qu'on a le sentiment,
04:30 évidemment, que Priska Téveneau est gênée,
04:33 qu'elle n'a pas de réponse à vous fournir,
04:35 mais ça, on ne sait pas vraiment si c'est de la mauvaise foi
04:37 ou si c'est de la méconnaissance.
04:38 On peut dire qu'elle vient d'arriver, peut-être, à son poste.
04:41 Mais pourtant, votre question ne reprend finalement
04:43 que les propos de François Fillon
04:45 lors de la commission d'enquête sur l'ingérence étrangère,
04:47 où il rappelle quand même que le seul État
04:50 qui a surveillé, écouté des dirigeants politiques français
04:55 en fonction pendant le Conseil des ministres,
04:57 lorsqu'il était Premier ministre, c'est les États-Unis.
04:59 - Oui, tout à fait.
05:00 Et c'est aussi quelque chose sur lequel on est rapidement passé,
05:03 les écoutes d'Hollande, les écoutes de Merkel.
05:06 C'est-à-dire qu'on a l'impression, enfin, on n'a pas l'impression,
05:08 on voit bien qu'on définit la menace que par rapport à la Russie,
05:12 alors que quand on subit des attaques qui sont de nos alliés,
05:16 on ne fait jamais rien et on ferme les yeux sciemment à chaque fois.
05:20 Et ça, à un moment donné, il va falloir expliquer pourquoi.
05:23 Il faut essayer de comprendre pourquoi.
05:25 - Alors, on va peut-être aussi aller sur la forme,
05:27 parce que, bien entendu, cet épisode,
05:29 et à plus forte raison le deuxième épisode,
05:31 à savoir le refus de vous laisser entrer pour poser des questions,
05:34 pose évidemment la question de la liberté de la presse,
05:37 puisque vous êtes journaliste indépendant,
05:39 et vous connaissez bien la question,
05:40 puisque vous étiez auparavant chez RT.
05:42 RT qui a fermé.
05:43 - Oui, je commence à être habitué, du coup.
05:46 Ce n'est plus la première fois.
05:48 Mais là, ça pose, et c'est un peu le sens de ma venue
05:53 et d'aller essayer de discuter avec le gouvernement.
05:56 On vit aujourd'hui dans une démocratie occidentale
05:59 dont les valeurs cardinales sont la liberté de la presse,
06:02 qu'on nous rabâche constamment.
06:04 Et donc, j'en suis ravi,
06:05 parce que c'est des valeurs que je défends aussi.
06:08 Mais il y a une incohérence entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font.
06:12 Et aujourd'hui, il faut que tout le monde voie et constate
06:18 qu'on vit un moment où l'espace démocratique,
06:22 l'espace de liberté se réduit de plus en plus.
06:24 Parce qu'en dehors de mon petit cas personnel,
06:26 il y a des choses encore bien plus importantes qui se passent,
06:28 comme le DSA européen.
06:30 - Le Digital Service Act.
06:33 - Voilà, qui est un outil de censure pur et dur.
06:36 Vous avez Van der Leyen qui est en train de déclarer
06:39 à la George Bush en 2003,
06:41 "Aujourd'hui, vous êtes contre nous, vous êtes avec nous".
06:43 Donc, on voit bien que l'espace de critique,
06:46 et évidemment l'espace de critique des instances occidentales,
06:49 que ce soit de l'OTAN, de l'UE, se réduit de plus en plus.
06:53 Et c'est très dangereux à l'heure où nos dirigeants
06:56 sont en train de nous dire qu'on va faire la guerre à la Russie, etc.
06:59 Si on veut la paix, il faut pouvoir discuter,
07:02 il faut pouvoir discuter de tout librement,
07:05 et des questions qui fâchent.
07:07 Et il ne faut pas qu'on se limite,
07:09 et qu'on limite le débat aujourd'hui, comme on le fait,
07:12 à cette réalité que définissent les Occidentaux,
07:16 qui est de plus en plus restreinte,
07:19 et qui n'est partagée que par les Occidentaux.
07:21 C'est-à-dire que si vous allez dans tout le reste du monde,
07:24 la position occidentale sur de nombreuses questions,
07:27 notamment la Russie, mais pas que,
07:29 il n'y a que les Occidentaux qui l'ont en fait.
07:31 Si vous demandez aux Chinois,
07:33 les Chinois vont vous dire, sur le conflit russo-ukrainien,
07:37 la Russie n'est pas 100% coupable,
07:39 bien sûr qu'il s'est passé des choses avant,
07:41 et il faut qu'on puisse discuter de tout ça en fait.
07:44 Et aujourd'hui, on s'interdit vraiment de discuter de tout ça,
07:46 et il n'y a pas du tout ce débat-là dans les médias,
07:49 et alors qu'on est sur le pied de guerre,
07:51 il faut mettre ce débat sur la place publique.
07:53 Et juste rapidement, j'ai vu récemment Hubert Védrine
07:57 et Jean-Pierre Chevènement,
07:59 qui viennent de faire une tribune en ce sens,
08:02 et qui disent, et bon, on ne peut pas les traiter d'être pro-russes,
08:05 quand même, à un moment donné, il faut arrêter,
08:07 et qui veulent ouvrir ce débat, qui disent,
08:09 "Attendez, voilà, là on arrive à un moment de l'histoire qui est dangereux,
08:13 arrêtons les choses et discutons avec tout le monde,
08:16 et ouvrons la discussion."
08:18 – Alors, ce que votre attitude a permis de révéler, peut-être,
08:21 c'est qu'on voit nos dirigeants européens,
08:24 Emmanuel Macron, sans doute parmi les premiers de cordée,
08:28 j'allais dire, vanter les mérites de nos démocraties,
08:32 de nos libertés, etc.
08:34 Et comme vous avez l'air un peu taquin,
08:37 on voit sur votre compte Twitter que vous dites,
08:39 "Bon, finalement, un journaliste de l'ACI,
08:41 qui n'est pas réputé pour être particulièrement pro-russe,
08:44 parvient à poser une question à Vladimir Poutine
08:47 lors d'une conférence de presse,
08:48 mais moi, journaliste indépendant, en revanche, je suis privé d'Élysée."
08:51 – Ben, voilà, on arrive en fait à ce double standard
08:57 que les pays du sud global, on va dire, nous reprochent,
09:01 qui aujourd'hui est en train d'exploser au sud de tout le monde.
09:05 Et notre position n'est plus défendable.
09:08 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si on veut défendre l'Ukraine,
09:11 c'est au nom de la démocratie, des valeurs démocratiques,
09:15 de la liberté de la presse, etc.
09:17 Mais à ce moment-là, il faut qu'on le respecte nous-mêmes.
09:19 Si on ne respecte pas ce qu'on essaie de défendre,
09:23 ça n'a plus aucun sens.
09:24 Et je pense qu'il y a de plus en plus de gens qui le voient,
09:26 mais c'est important de mettre le doigt là-dessus
09:31 et de montrer cette hypocrisie-là, en fait.
09:33 – Et alors, ce qui est très intéressant aussi,
09:35 c'est tous ces commentaires autour de la lutte contre la désinformation.
09:39 Vous avez cité à raison tout à l'heure le DSA,
09:41 qui a été fabriqué en gros par Thierry Breton à la Commission.
09:44 Mais il y a évidemment aussi ces deux discours,
09:48 aussi bien d'Ursula von der Leyen que d'Emmanuel Macron,
09:50 au Forum de Davos, qui disent que l'ennemi numéro un,
09:53 c'est la désinformation.
09:55 – Bien sûr, et c'est une question que j'aurais voulu poser,
09:58 peut-être si Dieu veut, j'aurai l'occasion.
10:01 Mais qu'est-ce qu'on considère de la désinformation aujourd'hui ?
10:05 On nous dit, il y a eu le rapport Viginum,
10:08 qui a notamment censuré certains canaux Télégram,
10:11 certains canaux que moi je connaissais et lisais,
10:14 que je trouvais effectivement, c'est sûr,
10:16 qu'on n'est pas dans la propagande trop autant,
10:18 ça apporte un autre point de vue.
10:20 Mais qu'est-ce qu'on reproche en fait à ces gens-là ?
10:23 Et qu'est-ce qu'on considère la désinformation aujourd'hui ?
10:25 C'est-à-dire qu'est-ce que, à partir du moment,
10:27 il y a deux-trois phrases tendancieuses dans ce rapport de la Viginum,
10:31 où on est en train de dire que,
10:34 ne serait-ce que la critique de l'OTAN et de l'UE,
10:36 aujourd'hui, met à mal nos démocraties,
10:39 et jouerait pour le Kremlin.
10:40 Mais attendez, là on est en train de délirer complètement.
10:43 C'est-à-dire qu'on a vraiment en train de supprimer
10:48 tout espace de discussion, tout espace de débat,
10:52 et c'est extrêmement dangereux.
10:54 C'est vraiment… il faut tirer la sonnette d'alarme.
10:58 – C'est un peu comme si on avait une forme de droit au blasphème,
11:00 sauf pour l'OTAN.
11:01 – Oui voilà, c'est ça, exactement.
11:03 On ne sait pas pourquoi, il y a un bâton d'immunité,
11:05 et on n'a pas le droit de toucher à l'OTAN en fait.
11:07 On n'a pas le droit de toucher à l'OTAN,
11:08 et alors on peut se poser la question, est-ce que c'est rétroactif ?
11:10 Est-ce qu'on ne peut même pas critiquer l'OTAN qui a bombardé Belgrade ?
11:13 On ne peut plus rien dire en fait, c'est un non-sens,
11:18 et c'est vraiment quelque chose…
11:20 et c'est le problème de nos médias aujourd'hui,
11:22 qui sont alignés sur cette réflexion qui est, j'allais dire pro-occidentale,
11:29 mais pro-américaine en fait, où simplement on n'a que cette vision-là,
11:33 on ne peut pas sortir de ce que veut faire l'OTAN,
11:36 et on ne peut pas…
11:37 L'OTAN a raison dans tout ce qu'il est en train de faire,
11:39 mais notre pays, la France en l'occurrence,
11:42 n'a pas été toute son histoire alignée sur les États-Unis.
11:45 On a eu à un moment donné, de notre histoire,
11:47 et même de notre histoire récente avec la guerre en Irak,
11:50 où on a su s'opposer, on a su porter notre voix,
11:53 parce qu'on voyait bien que la situation n'était pas aussi blanc ou noir
11:56 qu'on essayait de nous la vendre,
11:58 et aujourd'hui c'est pareil, la situation n'est pas blanc ou noir
12:00 qu'on veut bien nous la vendre.
12:02 Il n'y a pas les Ukrainiens qui ont 100% raison,
12:05 et les Russes qui ont 100% tort.
12:07 – Mais la différence entre les deux, c'est que la France n'a plus de voix propre.
12:09 – Eh bien, bien sûr, et ça c'est un problème,
12:13 mais comment régler ce problème, ça, je n'ai pas la réponse.
12:19 Mais, je ne sais pas, il faut espérer qu'on ait…
12:22 Moi, en tout cas, mon objectif, c'est d'essayer,
12:25 comme le vôtre et comme tout le monde,
12:28 comme les médias alternatifs, qui le font très bien.
12:31 – Pour le moment, tant qu'ils peuvent encore le faire.
12:34 – Tout à fait, mais ce qui manque à mon sens,
12:36 et ce que me permettait cette petite voix,
12:40 c'est de confronter le gouvernement à ces questions-là.
12:43 Parce que personne ne leur pose jamais ces questions-là,
12:45 et donc, c'est facile, c'est la politique de l'autruche,
12:48 on n'a pas besoin d'y répondre, et donc, ce débat n'existe pas.
12:54 Il faut que ce débat existe.
12:56 – Alors, ce qui est intéressant quand même de voir,
12:58 c'est que là, bien entendu, on a montré que la séquence où vous posez la question,
13:00 mais il y a bien entendu d'autres journalistes qui s'expriment avant vous
13:03 pour interroger le porte-parole du gouvernement, Prisca Téveneau.
13:07 Et on a quand même le sentiment que, j'allais dire,
13:09 vous êtes le vilain petit canard,
13:11 parce que les autres questions sont quand même un peu moins corrosives.
13:14 – Alors, moi, je ne me permettrais pas de juger du travail des autres journalistes,
13:18 ce n'est pas mon débat, ce n'est pas ma question.
13:21 Chacun fait son travail comme il l'entend.
13:23 J'espère, je voudrais juste qu'on me laisse faire mon travail comme je l'entends.
13:27 Je suis journaliste professionnel, ça fait 6 ans, 7 ans que je fais ce métier.
13:33 Je n'ai jamais été pris en défaut sur mon métier, si vous voulez.
13:36 Enfin voilà, on peut me critiquer mes opinions, si vous voulez,
13:39 mais dans mon travail, je fais mon travail sérieusement.
13:43 Donc, j'entends pouvoir continuer à faire mon travail sérieusement.
13:47 – Mais alors, si je vous suis, il y a une forme de chape de plomb
13:51 sur la presse française aujourd'hui.
13:53 Alors, si ce n'est pas vos collègues, vos confrères journalistes,
13:56 alors qu'est-ce que c'est ? C'est les groupes de presse, le problème ?
13:59 – Qui détient les groupes de presse ?
14:02 Je ne sais pas, je n'ai pas la réponse à cette question.
14:04 Mais moi, si demain, je ne sais pas, je peux écrire ce que je veux écrire
14:08 dans Le Monde ou dans Le Figaro, je ne me gênerai pas, si vous voulez.
14:10 Je n'ai aucun problème dans l'absolu.
14:12 Après, je vois bien que c'est peu probable, on est bien d'accord,
14:15 mais je ne veux pas amener mon combat, mon combat, il n'est pas contre la presse.
14:23 Je voudrais juste que la presse défende la liberté de la presse
14:27 et permette à tout le monde de faire son travail.
14:29 C'est simplement, je m'arrête là.
14:31 – Et pour le moment, ce n'est pas fait ?
14:33 – Pour le moment, ce n'est pas fait.
14:35 Je ne sais pas, on verra, peut-être que le SNJ va voler à mon secours
14:39 ou reporter sans frontières, comme on a discuté tout à l'heure.
14:43 Mais on verra.
14:45 Il est évident, ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre,
14:49 qu'il y a une forme de pensée unique aujourd'hui dans les médias.
14:53 C'est un constat qu'on fait tous.
14:57 Essayons de changer les choses.
15:01 Vous le faites à votre niveau, j'essaie de le faire à mon niveau.
15:04 On verra si ça marche.
15:05 – Vous avez eu des démonstrations de soutien, de sympathie après cette affaire ?
15:10 Des gens, même parfois, qui sont parfaitement intégrés dans les mainstream
15:13 et qui font bien leur travail, mais qui vous disent,
15:16 "Franchement, Frédéric Chapeau…"
15:19 – J'ai eu beaucoup de réactions dans les médias alternatifs,
15:22 beaucoup de soutien, ça m'a beaucoup marqué.
15:25 Mais non, dans les médias traditionnels, je n'ai pas eu de contact, de réponse.
15:32 – C'est vrai que je ne me fais pas le porte-voix des médias mainstream,
15:35 mais quand on a vu votre vidéo, du moins quand je l'ai vue,
15:37 je me suis dit, enfin, quelqu'un qui pose des questions
15:39 qu'on aimerait bien pouvoir poser, si on était invité.
15:41 Alors nous, le problème est réglé, on n'a pas de carte de presse.
15:43 Donc comme ça, au moins, on est privé d'Élysée depuis longtemps,
15:46 le problème ne se pose pas.
15:47 Comment voyez-vous la suite, Frédéric Égouy ?
15:50 Parce qu'on peut imaginer que, maintenant que la porte est fermée,
15:53 la porte sera fermée ?
15:54 – Moi, je suis un optimiste de nature et je suis persévérant.
15:57 On verra, j'attends de voir ce que me répond l'Élysée,
16:00 qui me donne un motif, qui m'explique pourquoi
16:03 je n'ai pas pu assister à cette conférence de presse.
16:06 – L'Élysée est tenue de le faire ?
16:08 – C'est une bonne question, je ne suis pas juriste,
16:10 il faudrait que je me renseigne, mais je verrai.
16:14 Suivant ce qu'ils me répondent, j'aviserai,
16:16 mais je n'ai pas l'intention de m'arrêter là.
16:19 La petite question que j'ai posée à une telle portée,
16:24 c'est bien que ça dit quelque chose, qu'il y a une attente des gens,
16:28 du public, et ça dit quelque chose aussi de l'état de notre presse aujourd'hui.
16:32 Donc, il faut persévérer et on verra.
16:36 Vous savez, moi je n'habite pas à Paris, c'est sûr que si je viens dix fois
16:39 et que dix fois la porte est fermée, ça va être compliqué.
16:43 Mais j'attends de voir, je ne suis pas du tout dans le conflit.
16:47 Mon simple objectif est de discuter et de confronter le gouvernement
16:52 à une vision aujourd'hui à laquelle il n'est jamais confronté.
16:56 Il n'y a rien de conflictuel là-dedans, c'est la base de la démocratie.
17:01 Si on ne discute qu'entre gens qui sont d'accord, c'est facile.
17:05 La base de notre démocratie, on a le droit d'avoir des opinions différentes,
17:08 on a le droit d'avoir des analyses différentes.
17:10 Et aujourd'hui, dans un monde qui est en train de changer, de basculer,
17:14 je pense qu'il est important d'apporter un regard différent
17:17 sur ce qui est en train de se passer et de confronter le gouvernement
17:20 à ce qui est en train de se passer.
17:22 Parce que, comme on disait tout à l'heure, si vous voulez,
17:24 le reste du monde ne suit pas, n'est pas forcément d'accord
17:29 avec la vision que profèrent les Occidentaux.
17:32 – Quand vous voyez finalement que pour que l'Occident puisse poser des questions
17:35 jusqu'à Vladimir Poutine, il faut que ce soit encore une fois
17:38 un journaliste qui a été poussé à l'extérieur des médias mainstream,
17:43 qui s'appelle Tucker Carlson, bien sûr, qui a été poussé en dehors de Fox News,
17:47 ça donne quand même une idée de la suite chez nous, non ?
17:51 – Oui, tout à fait, ça c'est sûr.
17:53 Mais c'est pour ça, si vous voulez, sur l'analyse et le constat,
17:57 je pense qu'on est tous d'accord, on voit bien où vont les choses.
18:00 On voit bien que c'est de plus en plus difficile,
18:02 et je ne veux pas vous faire de peine, mais j'imagine que ça va être
18:04 de plus en plus difficile pour vous.
18:06 – Ça, on l'a bien appelé.
18:07 – Ça va être de plus en plus difficile pour tout le monde
18:09 qui essaie justement d'apporter ce regard différent-là.
18:12 Mais ce que permet de constater aussi ce que fait Tucker Carlson,
18:16 c'est que ça peut marcher et qu'il y a une vraie attente du public.
18:19 C'est que, voilà, aujourd'hui, vous regardez son interview
18:21 avec Vladimir Poutine, ça fait je ne sais pas combien
18:23 de centaines de millions de vues.
18:25 Bon, il y a donc quelque chose à faire, il y a donc une attente,
18:28 et donc essayons de trouver les moyens de le faire.
18:31 – En tout cas, c'est bien de garder l'espoir, Frédéric, et oui,
18:33 je vous remercie beaucoup d'être venu jusque nous.
18:35 Merci à tous, n'oubliez pas, si ce n'est pas déjà fait,
18:37 de commenter cette émission et puis bien sûr de la partager.
18:40 À bientôt.
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