• il y a 10 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui il revient sur le coût massif de la pièce de collection pour les JO 2024, offerte à chaque élève en France, soit environ 16 millions d'euros amputé au budget de l’Éducation Nationale.

Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

Category

🗞
News
Transcription
00:00 11h-13h, Pascal Praud sur Europe 1.
00:03 Jean-Rémi Girard, comment ça va d'abord ? Vous êtes président du syndicat national d'enseignement des lycées collèges et écoles.
00:10 Est-ce que vous êtes content des débuts de madame Belloubet ?
00:13 - On va quand même attendre un petit peu de voir ce qui se passe puisque là elle nous a reçus d'ailleurs la semaine dernière.
00:21 On a pu évoquer pas mal de dossiers après.
00:24 Voilà, on va surtout voir les actions qu'elle va mener. Nous on se préoccupe pas trop de la personne de la ministre, c'est quand même la politique
00:31 menée qui nous rapporte au SNALC.
00:33 - On a l'impression quand même que ces groupes de niveau qui avaient été lancés, ces classes de niveau qui avaient été lancées par
00:40 Gabriel Attal, l'idée que moi je trouve intéressante pour tout vous dire parce que ayant été
00:46 confronté parfois à cela avec mes enfants, j'ai l'impression que quand un enfant
00:51 est en difficulté
00:54 il vaut mieux qu'il soit avec des enfants qui soient comme lui
00:57 parce qu'il va plus progresser. Si vous le mettez avec des enfants qui sont très performants, il peut être en
01:05 difficulté, il peut être tétanisé, il peut oser ne plus parler, il peut être
01:09 complexé et que je trouve que c'est pas mal de mettre les bons avec les bons et je dis pas les mauvais moi mais les
01:16 moins bons avec les moins bons. Je trouve que c'est pas mal. Alors on me dit que des études
01:21 scientifiques disent exactement le contraire de ce que je dis là. Quelle est votre position ?
01:24 - Alors sur la question des études scientifiques, toujours un peu compliqué.
01:29 - Bah oui, pour le moins on en fait dire ce qu'on en veut dire.
01:31 - Il y a rien d'enfant-puce pour les scientes de l'éducation là-dessus.
01:33 Non, globalement les classes de niveau ça pose des soucis, les groupes de niveau ça peut être efficace.
01:40 - Ah c'est pareil. On dit la même chose.
01:42 - C'est pas tout à fait pareil parce que oui enfin c'est pas non plus incroyablement loin mais c'est à dire que
01:48 c'est pas mal que les élèves une partie du temps soit
01:50 aussi peut-être plus mélangés les uns aux autres mais que nous c'était l'idée en français et en mathématiques qui sont quand même les deux
01:57 disciplines sur lesquelles on construit un petit peu tout le reste.
01:59 Là on travaille plus par groupe. Ça marche aussi à certaines conditions c'est à dire que si vous mettez les élèves en difficulté
02:05 par paquet, 30, ça va pas fonctionner.
02:08 L'une des choses importantes c'est que les élèves le plus en difficulté soient dans des effectifs réduits quand ils sont
02:14 dans ces groupes là. Le problème c'est pas l'idée. Nous aussi on trouve que ça peut être intéressant les groupes de niveau au SNALC
02:20 mais c'est qu'on n'a absolument pas travaillé au ministère les conditions de la réalisation de la mesure.
02:26 C'est à dire qu'on n'a pas mis les heures, les collèges sont là en train de savoir ce qu'ils vont supprimer pour pouvoir mettre en place
02:32 des groupes de niveau donc supprimer des groupes de sciences, supprimer le latin dans pas mal d'établissements à ce retour là.
02:38 Donc voilà ça n'a pas été travaillé.
02:40 - Il y a toujours du latin, le latin est optionnel ?
02:43 - Le latin est optionnel tout à fait.
02:45 - A partir de quelle classe ?
02:46 - 5e.
02:47 - A partir de la 5e pour le latin et à partir de la 3e pour le grec mais c'est des disciplines qui sont
02:52 en crise parce que c'est souvent les variables d'ajustement de telle ou telle réforme. C'était le cas de la réforme du collège de 2016.
03:00 Ça risque encore d'être le cas vu qu'il n'y a pas les moyens horaires pour mettre en place des groupes de niveau correctement à rentrée prochaine.
03:08 - Combien aujourd'hui en 3e par exemple ou en 4e y a-t-il d'heures de français par semaine ?
03:13 - Alors en 3e ça doit être 4 heures de mémoire.
03:18 - Et vous savez combien j'en avais ?
03:20 - Vous savez combien j'en avais en 5e ?
03:22 - J'en avais sans aucun doute plus parce que ça m'a pas cessé de baisser.
03:24 - J'en avais 8.
03:26 J'ai regardé le nombre d'heures, je suis tombé sur un emploi du temps que j'avais qui date de
03:31 79-80 donc j'étais en 3e, j'avais 8 heures de français. Vous vous rendez compte, 8 heures de français.
03:37 Donc on s'étonne que les petits français écrivent ou parlent mal le français.
03:42 Mais nous on avait 4 heures, on est frappé je le dis sans arrêt parce qu'on travaille avec des jeunes,
03:46 moi je travaille qu'avec des jeunes gens aujourd'hui de 25 ans, 25 ans et je les vois arriver.
03:51 En plus ils sont formés, c'est-à-dire que c'est des gens qui veulent être ou qui sont déjà journalistes.
03:55 Ils sont à Bac +4, Bac +5, Bac +6.
03:57 Mais c'est effrayant la grammaire, le vocabulaire et l'orthographe. C'est effrayant, je peux pas vous dire autre chose.
04:04 - Non mais on le constate. - Et ça me sidère, ça me sidère.
04:09 - Oui, mais les écudes même du ministère de l'éducation nationale montrent que le niveau grammatical et orthographique
04:15 est en chute libre. Alors eux ils ont mesuré à partir de 1987 je crois.
04:20 Et effectivement ils font passer une dictée à un panel d'élèves de CM2
04:24 à intervalles plus ou moins réguliers et c'est une catastrophe quel que soit le niveau social d'ailleurs
04:30 des enfants. Et c'est plusieurs raisons, c'est effectivement la question des horaires.
04:34 Moins on adhère à un moment, moins on peut faire deux choses.
04:37 C'est la question des tailles de classe. Quand on est dans un des pays d'Europe avec les classes les plus chargées, ce qui n'aide pas.
04:43 Le climat scolaire en France est extrêmement compliqué. L'enquête PISA montre bien qu'on a du mal à obtenir le silence, par exemple dans les classes
04:50 françaises.
04:52 Et il y a eu des questions de... la grammaire a été relativement mal vue, j'allais dire, dans les années 90 notamment,
04:58 par nos dirigeants ou certains penseurs. Ce qui fait que enseigner la grammaire de manière raisonnée et progressive
05:06 n'était pas quelque chose qui était encouragé ou compliqué par nos inspecteurs.
05:09 On en est revenu ça pour le coup. - Nous sommes d'accord. Il est 11h41, vous êtes sur en rentre-main avec Jean. Rémi Girard, il est président du
05:16 syndicat national d'enseignants des lycées collèges-écoles.
05:19 Dernière chose, on parle d'économie. Tous les élèves de CP au CM2
05:25 vont recevoir d'ici le mois de juin une pièce de collection de 2 euros frappée par la monnaie de Paris dans le cadre des Jeux Olympiques.
05:31 4 millions d'élèves sont donc concernés.
05:33 Opération du ministère de l'éducation nationale, mais le coût peut faire réagir puisque c'est près de 16 millions d'euros.
05:41 Non, si c'est 4 millions d'élèves qui sont concernés, 4 fois 2 ça fait 8, ça serait 8...
05:45 - Alors il y a des livrets, il y a les frais d'envoi...
05:47 - Quel est l'intérêt de donner une pièce de 2 euros ? Je vous assure,
05:54 parfois les bras m'en tombent.
05:56 Quel est l'intérêt de donner une pièce de 2 euros aux enfants alors qu'il y a peut-être
06:01 des économies à faire dans l'éducation nationale ?
06:03 - Oui, alors au SNALC il va y avoir des économies à faire, puisqu'avec la révision des chiffres de la croissance,
06:10 on va perdre, je sais plus, 700 millions de budget, quelque chose comme ça, cette année. Donc on va avoir probablement,
06:17 c'est même sûr, on a vu ça, moins...
06:20 on ne pourra pas recruter autant d'accompagnants d'élèves en situation de handicap ou de contractuel pour remplacer,
06:25 donc on risque d'avoir plus de classes sans professeur ou plus d'élèves en situation de handicap
06:29 mal accompagnés.
06:32 Effectivement le timing c'est quand même assez catastrophique, puisqu'au moment où on dit qu'il faut se serrer la ceinture, on envoie des pièces
06:38 à nos écoliers. Alors nous on l'a découvert hier, le ministère nous a prévenu de ça hier, alors que c'était déjà envoyé.
06:46 C'est vrai que c'est très symbolique, ils font référence au bicentenaire de la Révolution française où s'était passé quelque chose du même ordre.
06:52 Je ne sais pas si les Jeux Olympiques ça méritait autant
06:54 d'avoir ce type d'envoi symbolique. C'est vrai qu'aujourd'hui on se dit
06:59 le budget de l'éducation nationale, si à un moment on plongeait un petit peu le nez dedans, il y aurait peut-être des moyens
07:05 de trouver des marges pour
07:07 recruter des personnels ou pour mieux les payer afin de pallier la crise des recrutements. La pièce de 2 euros,
07:13 voilà, c'est très anecdotique, mais c'est certain qu'on pouvait faire autre chose de mieux avec cet argent, avec l'argent d'État.
07:22 - Je crois que Fabienne est avec nous, elle voulait réagir sur cette
07:27 possibilité pour les enfants de recevoir une pièce de 2 euros. Bonjour Fabienne !
07:31 - Bonjour monsieur Trott. - Et merci d'être avec nous. Vous nous appelez d'où Fabienne ?
07:36 - Châtellerault.
07:38 - Vous avez des enfants vous-même ?
07:40 - Moi j'ai une fille à 28 ans.
07:42 - Ah oui ? - Et un petit chét qui a 6 ans, qui va avoir la fameuse pièce.
07:46 - Ah bah oui, il est en CP à 6 ans ? - Il est en CP, oui, oui, CP.
07:51 - En CP, pourquoi ? Bien sûr, CP, en cours préparatoire.
07:54 - Voilà. - C'est une année importante de CP. - Plus déterminante.
07:56 - Ah oui, c'est important. - C'est là qu'on apprend à lire, pour ceux qui ne savent pas lire, généralement, on sait lire un petit peu avant.
08:03 - C'est la base avant, oui. - Oui, on a commencé un peu avant.
08:05 - Bien sûr, bien sûr, bien sûr. Bon, qu'est-ce que vous pensez de cette initiative ?
08:09 - Comme d'habitude, comme ça ne sort pas de leur poche, on en fait n'importe quoi.
08:15 Vous savez bien ce que j'en pense. Voilà, c'est ça.
08:17 Moi c'est ça. Je ne comprends pas qu'on va donner une pièce de 2 euros et un petit livret à mon petit-fils qui a 6 ans,
08:23 qui déjà quand je lui donne une pièce de 2 euros, la perd, parce qu'il ne sait pas ce qu'il en avait.
08:28 Alors c'est aberrant de gaspiller de l'argent comme ça. Aberrant.
08:32 - C'est vrai que... - Je ne comprends pas.
08:35 - C'est vrai que c'est étrange.
08:37 - C'est vrai que c'est étrange en même temps.
08:39 - Là on a dit "cessez votre ceinture, on va arrêter la prime Reynolds de temps,
08:43 on va faire payer 10% pour les formations, si vous voulez faire une formation, on va vous faire payer 10%,
08:50 et on va dilapider, je ne sais pas combien, qui va servir à rien".
08:54 Voilà. Voilà ce que j'en pense.
08:56 Comme le monsieur d'avant, je pense qu'il y a autre chose à faire avec cet argent que ça.
09:00 Franchement.
09:02 - C'est sûr que ça interroge alors...
09:04 - La raison c'est quoi en fait ? C'est pour qu'ils aient un petit souvenir des JO ?
09:07 Pour que ça prenne la poussière dans leur champ ?
09:09 - Je ne sais pas ça. D'ailleurs Jean-Rémi Gérard, comment on justifie ça ?
09:16 Qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
09:17 D'abord c'est toujours étonnant que vous appreniez ça, j'ai envie de dire, par la presse peut-être ?
09:20 Je ne sais pas comment vous l'avez appris.
09:22 - Pour le coup le cabinet nous a contactés, mais nous a contactés juste avant,
09:26 au moment même où les directeurs et directrices d'école recevaient les colis.
09:29 Donc c'était quand même une opération qui avait été nettement anticipée,
09:35 et on a été prévenus au tout dernier moment.
09:38 Alors ils justifient ça en disant que c'est sympathique pour les enfants,
09:40 et ils justifient ça en disant que c'est ce qu'on avait fait pour le bicentenaire de la Révolution française.
09:46 Maintenant, effectivement, ils nous auraient demandé notre avis avant,
09:49 on leur aurait dit qu'il y avait sans aucun doute mieux à faire,
09:52 de 16 millions d'euros dans l'éducation nationale.
09:54 Ça représente 800 postes d'accompagnants d'élèves en situation de handicap.
09:58 - 800 postes par an ?
10:00 - Oui, c'est très très mal payé.
10:02 - 16 millions d'euros ?
10:04 Cette pièce de collection frappée par la monnaie de Paris est intégrée dans un livret pédagogique
10:08 intitulé "Au cœur des jeux", conçu pour donner toutes les clés
10:11 sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris aux enfants.
10:15 Il est 11h46, on marque une pause.
10:17 - Et vous pouvez réagir avec Pascal Pro, 01.80.20.39.21.
10:20 11h13, c'est Pascal Pro et vous sur Europe 1.
10:22 Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 21.

Recommandations