Dans la série évènement « Furies », avec Marina Foïs et Mathieu Kassovitz, elle explose tout sens au littéral comme au figuré… Lina El Arabi est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell à 9H50 ! Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-lundi-26-fevrier-2024-7454490
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00:00 Il est 9h50, les nouvelles têtes Mathilde Serrel, ce matin, une actrice déjà mythique !
00:06 Lina El Arabi est dans notre studio, portrait sonore.
00:10 * Extrait de "La vie de la femme" de Mathilde Serrel *
00:16 Elle a été cette petite fille appliquée à l'éducation classique, violon et danse, au conservatoire,
00:21 auquel s'ajoute le théâtre à 10 ans et les premiers castings.
00:25 C'est sa mère, pharmacienne d'origine marocaine, qui lui fait sa culture cinématographique, tous les soirs, en monument du 7e art.
00:32 * Extrait de "La vie de la femme" de Mathilde Serrel *
00:43 D'aussi longtemps qu'elle se souvienne, elle a toujours voulu faire ce métier,
00:47 et particulièrement en voyant jouer Isabelle Adjani.
00:51 A 18 ans, elle passe les auditions, intègre le conservatoire de Bobigny, puis celui du 20e à Paris.
00:56 Très vite, elle remarque que personne ne lui ressemble, et s'interroge sur cet adjectif étrange qui revient dans les annonces.
01:02 * Extrait de "La vie de la femme" de Mathilde Serrel *
01:08 "Caucasienne", elle a dû demander à ses parents ce que ça signifiait.
01:12 Elle entame alors une double formation à l'écran, avec ses premières pages chez Xavier Duranger notamment,
01:16 et une école de journalisme en parallèle, avec un stage dans une boîte de prod qui n'a peur de rien.
01:20 * Extrait de "La vie de la femme" de Mathilde Serrel *
01:26 C'est son rôle de Zahira dans "Nos", où elle campe une jeune belgo-pakistanaise dressée
01:31 contre la tradition des mariages arrangés, qui fait pencher la balance vers la fiction.
01:35 * Extrait de "La vie de la femme" de Mathilde Serrel *
01:49 * Extrait de "La vie de la femme" de Mathilde Serrel *
01:52 Primée au festival d'Angoulême, elle poursuit au cinéma comme dans les séries "Family Business" avec Jonathan Cohen,
01:58 et aujourd'hui, l'événement "Fury" sur Netflix, où elle n'a même pas peur de Marina Foys.
02:04 Lina El Arabi, bonjour !
02:06 Bonjour !
02:07 Vous faites partie des gens qui n'aiment pas parler le matin, alors merci d'être là !
02:10 * Rires *
02:12 On sait tout quand on fait partie de "Le Questionnaire de Nouvelle Tête".
02:16 Vous avez 28 ans aujourd'hui, vous continuez votre formation, puisque vous êtes au conservatoire national, non ?
02:21 Je viens de terminer le conservatoire.
02:22 Ça y est, c'est bon, vous êtes diplômée ? Félicitations !
02:25 Mais le journalisme alors, dans tout ça ? Parce que c'est présent dans ce portrait, et ça a toujours été en vous.
02:30 Vous étiez sur les deux pieds. En 2017, vous disiez que vous n'excluiez pas d'y revenir.
02:34 Oui, mais je pense que c'est un métier, c'est une vocation qu'on a. Le journalisme, c'est pas un plan B.
02:41 Je me suis toujours dit que c'était en moi, et que je ne lâcherai jamais.
02:48 Et qui sait, peut-être qu'un jour, j'y reviendrai d'une manière ou d'une autre.
02:52 Mais je ne suis pas soit journaliste, soit comédienne, je suis les deux, je pense.
02:57 Dans vos rôles, vous avez une pratique de l'investigation.
03:01 En tout cas, vous dites que le journalisme, c'était votre manière de vous battre contre ce que vous voyez autour de vous.
03:05 C'est ce que vous mettez aussi dans vos rôles au cinéma ?
03:07 C'est vrai que le journalisme, pour moi, c'est le plus beau métier du monde.
03:12 Je le dis même à des non-journalistes.
03:16 Et on en a besoin aujourd'hui ?
03:18 On en a toujours eu besoin, et on dit que c'est le quatrième pouvoir.
03:22 Pour moi, c'est le premier. On l'a prouvé dans plein de circonstances.
03:26 Je trouve que la fiction, ce qu'elle permet, c'est d'aller plus loin que la vérité.
03:33 Là où le journalisme s'arrête à la vérité.
03:36 La fiction, elle permet de toucher aux émotions, parfois en trafiquant un peu la réalité.
03:43 C'est en ça que j'aime bien le jeu, j'aime bien la fiction.
03:49 Vous dites il y a quelques temps, j'aurais dit que les acteurs ne sont pas des portes-drapeaux,
03:52 et que le cinéma ne peut pas changer leur mentalité.
03:54 Mais en fait, si. C'est ce que vous constatez maintenant.
03:57 Non, qu'on n'ait pas des portes-drapeaux.
04:00 C'est juste que je trouve qu'on n'a pas une parole plus que d'autres.
04:03 Ce n'est pas parce qu'on a un micro que ce qu'on va dire ou penser...
04:07 Je trouve que parfois on se force à avoir un avis sur des trucs.
04:09 Moi, parfois, j'ai pas d'avis parce que j'ai pas les connaissances.
04:12 Et je trouve que, parfois, parce qu'on a un micro et une tribune, on se force à dire des choses.
04:17 Du coup, on dit des bêtises.
04:19 Non, parfois, on n'a pas les compétences pour parler d'un sujet.
04:21 Et moi, j'aime savoir qu'il y a des gens dont c'est les compétences, des journalistes,
04:25 qui nous informent, qui ont fait des études.
04:28 Non, parce que c'est vrai qu'aujourd'hui...
04:30 Alors, vous avez regardé "Les Césars" vendredi soir.
04:33 Absolument.
04:34 Comment l'actrice, qui a tourné très tôt, et la journaliste, qui est en vous,
04:39 ont reçu le discours de Judith Godrej ou d'autres prises de parole ?
04:42 Heureusement qu'on a des héroïnes comme elle, comme plein d'autres, qui ont parlé.
04:50 "Je parle, je parle, mais je ne vous entends pas ou à peine."
04:53 Oui, c'est ce qu'elle a dit.
04:55 C'est difficile parce que c'est un milieu...
04:58 D'ailleurs, elle l'a dit quand elle parle du fait qu'elle a peur d'être blacklistée.
05:02 La plupart des gens sont d'accord avec ce qu'elle dit.
05:04 C'est juste que c'est des métiers où c'est difficile de parler.
05:08 C'est pour ça que c'est une héroïne.
05:09 Parce que tout le monde a peur de perdre son travail, tout simplement,
05:11 ou de ne plus jamais travailler.
05:13 Et moi, en tant que jeune, plus très jeune actrice...
05:18 Oh ! Ne commencez pas avec ce truc d'algisme !
05:21 Non, ce n'est pas de l'algisme.
05:23 Je la remercie parce que j'avais 14 ans, j'en ai 28.
05:30 Et c'est vrai que j'ai vu la différence depuis que des femmes prennent la parole.
05:36 Je vois que sur les tournages, que maintenant déjà, nous on n'ose plus se dire "Ah, ça non !"
05:44 Ou je vois aussi des hommes qui, par peur de faire certaines choses, s'excusent d'avance.
05:50 Alors, ce n'est pas grave, on va passer un long moment comme ça, où ils vont avoir peur de tout.
05:54 Mais ce n'est pas grave, ça permet de rééquilibrer un peu les choses.
05:57 Mais tout, c'est un moment.
05:59 Oui, oui, oui.
06:01 Mais c'est surtout une chose qui nous sauve, je pense.
06:04 Et en fait, par ces paroles-là, ces femmes-là, je pense qu'elles ont sauvé des générations et des générations
06:09 de jeunes filles et de moins jeunes filles et de garçons aussi.
06:12 Alors, parlons de génération.
06:13 Fury de mère en fille.
06:16 Le pitch de la série que vous jouez avec Marina Foy, qui est sur Netflix,
06:19 vendredi, donc, le 1er mars, c'est le rôle d'une shérif au sein de la mafia,
06:24 qui est une famille, plusieurs familles de mafias, ça s'appelle l'Olympe.
06:28 Il y a une sorte de grand projet mythologique à travers cette série sur la mafia.
06:31 Et vous, vous allez devenir à votre tour, Fury, c'est pour ça qu'il y a un pluriel,
06:35 puisque vous travaillez pour Marina Foy.
06:37 Est-ce que finalement, vous êtes dans la lignée de tous les rôles mythologiques
06:40 que vous avez abordés ? Parce que finalement, ce sont toujours un peu, pour vous,
06:44 des antigones, des héroïnes très fortes que vous choisissez.
06:47 En fait, c'est les rôles les plus intéressants, parce que c'est le rôle les plus complexe.
06:50 C'est vrai qu'à chaque fois, je me suis rendu compte que chaque rôle que j'avais choisi,
06:53 c'était des rôles qui étaient un peu mythologiques.
06:55 Mais parce qu'en fait, ce qu'on aime dans les rôles mythologiques,
06:58 c'est qu'il y a une espèce de déterminisme comme ça, de par les oracles,
07:02 où en fait, à chaque fois, les personnages vont vouloir aller à l'encontre de leur destinée.
07:07 Mais en fait, ça va toujours les rattraper.
07:09 Et il y a de ça aussi dans le personnage de Lina.
07:12 C'est qu'elle a ce déterminisme, elle va vouloir lutter contre,
07:15 elle ne veut pas faire partie du milieu, elle ne veut surtout pas rentrer là-dedans.
07:18 Puis au final, chaque pas qu'elle va faire, l'amène vers ce milieu-là
07:22 et vers tout ce qu'elle détestait au départ.
07:24 Oui, c'est la dimension tragique d'un film comme Carlito's Way, l'impasse de Brian de Palma.
07:29 De Niro va se retrouver, enfin pardon, c'est Brian de Palma qui se retrouve contraint finalement,
07:34 réentraîné dans ce milieu.
07:36 Donc c'est le tragique de ce rôle qui en même temps,
07:38 et que vous le compensez en jouant sur scène, un petit peu l'opposé du personnage de Lina.
07:44 Non, puisque là vous êtes plutôt sur quelqu'un qui ne va pas s'engager dans la mafia au théâtre.
07:53 Alors au théâtre, vous me parlez de ?
07:56 Je vous parle de l'autre pièce que vous jouez qui n'est que sur Toi, cela monte le tigre.
08:00 Ah oui, rien à voir là pour le coup. L'histoire n'a rien à voir du tout.
08:04 Mais pareil, c'est aussi un aspect mythologique.
08:08 On a encore quelques dates d'ailleurs en région parisienne.
08:13 C'est pour ça que j'en parle.
08:14 En tout cas, il y a deux versions de Lina et l'Arabie à découvrir en ce moment au cinéma et au théâtre.
08:20 Enfin sur Netflix pour Fury qui sera à partir du 1er mars avec Mathieu Kassovitz et Marina Feuil.
08:25 C'est que sur Toi, cela monte le tigre.
08:27 C'est en tournée avec des dates notamment le 8 mars à nos gens sur Marne.
08:31 Bonne route à vous Lina.
08:32 Merci beaucoup, merci.