Et ça commence par un recrutement. Cécile Olivier a rejoint Elle. Elle était à BFM TV avant. C'est une spécialiste police-justice.
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 C'est l'éditomédia Cyril Lacarrière, ce matin, Cyril, vous nous parlez d'un virage
00:05 éditorial au magazine Elle.
00:07 Et ça commence par un recrutement.
00:09 Cécile Olivier a rejoint Elle, elle était à BFM TV avant, c'est une spécialiste police-justice.
00:14 Et si ça fait quelques mois qu'elle a rejoint le magazine, l'hebdomadaire vient seulement
00:17 de mettre des mots sur ses intentions éditoriales.
00:20 L'objectif, être un magazine en pointe sur tous les sujets liés aux violences sexistes
00:25 et sexuelles contre les femmes.
00:26 On en a eu deux exemples ce mois-ci, le 1er février, dans le Mag, les témoignages des
00:30 premières femmes qui accusent Gérard Miller d'agressions sexuelles et de viols.
00:34 Une semaine plus tard, sur le site, la suite de l'enquête, cette fois ce sont 41 femmes
00:38 qui témoignent contre le psychanalyste.
00:40 Je précise que le Parquet de Paris a ouvert une enquête sur ces accusations, que Gérard
00:44 Miller est présumé innocent.
00:46 J'en reviens à Elle.
00:47 Si la rédactrice en chef, Ava Jamshidi, est allée chercher une spécialiste des dossiers
00:51 police et justice, c'est parce que, je la cite, elle ne voit pas comment on peut aujourd'hui
00:55 être un magazine féminin sans être à l'avant-garde sur ces sujets.
00:59 Et ils ne le sont pas ?
01:00 Et bien, il y a clairement des trous dans la raquette.
01:02 Si je vous demande quels sont les médias qui ont sorti les grandes enquêtes concernant
01:06 ces affaires, vous allez me citer Le Monde, Libé, Mediapart, pas seulement, mais beaucoup
01:10 eux, et bien, ça, ça énerve la red chef de Elle.
01:12 Hier, elle me disait que son Mag avait été en pointe sur les affaires sorties par Camille
01:18 Kouchner, Vanessa Springora ou Pépé Déa.
01:20 Mais ça, personne ne le savait.
01:22 Et alors pourquoi ? Personne ne le sait ?
01:23 Et bien, selon Abba Jamshidi, il y a deux raisons à cela.
01:26 La première, c'est le « faire savoir », et la journaliste en est consciente, ça
01:30 manque au sein de son hebdomadaire.
01:32 L'autre raison, et c'est comme ça qu'elle me l'a dit, il y a de la condescendance
01:35 vis-à-vis des magazines féminins.
01:37 Au prétexte qu'il y a de belles femmes en couverture, on regarde moins ce qu'il
01:41 y a à l'intérieur, comme si par nature, les sujets traités seraient moins sérieux.
01:45 C'est tout l'intérêt de communiquer sur ce virage éditorial.
01:48 Revendiquer ce nouvel axe de travail, c'est alerter vos lecteurs qu'il se passe quelque
01:53 chose dans un magazine qu'ils connaissent depuis toujours et peut-être qu'ils regardent
01:56 un peu moins attentivement qu'avant.
01:58 Et c'est aussi alerter les autres médias qui servent à relayer vos révélations.
02:02 Faut-il donc s'attendre à un « L » plus engagé ?
02:05 Oui et non.
02:07 Dans la « D N » de « L », il y a aussi d'être un magazine qui porte la parole
02:10 des femmes, qui parle de leur place dans la société, qui suit et soutient l'émancipation
02:15 des femmes en France et partout dans le monde.
02:17 C'est donc logique qu'ils suivent les sujets sur les violences faites aux femmes.
02:21 Mais miser sur l'investigation, c'est inédit dans la presse féminine.
02:25 On verra si c'est une stratégie payante et si elle sera suivie par la concurrence.
02:28 Les magazines féminins n'échappent pas à la crise qui frappe la presse.
02:32 Pour rester pertinent, eux aussi doivent se faire entendre.
02:35 Pour ça, rien de mieux que sortir ses propres infos.
02:40 Je trouve ça bien qu'elles s'y mettent, à condition quand même qu'elles restent
02:43 « L » et qu'ils ne se transforment pas en petits détectives aux féminins.
02:47 Merci Cyril !