Agriculteurs : les prix plancher sont-ils une illusion ?

  • il y a 8 mois
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Jean-Baptiste Moreau et Olivier Dartigolles et Michel Biero, président de Lidl France


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Transcription
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le coût de projecteur des vraies voix.
00:05 L'objectif c'est que dans la réforme que nous sommes en train de bâtir, nous puissions avoir justement filière par filière ces prix planchers.
00:12 S'ils veulent essayer leurs prix planchers, pourquoi pas.
00:14 On a besoin de prix qui soit équitable au niveau européen.
00:18 Faire un prix plancher, mais si on n'a pas touché tous les autres points de cette filière, ce ne sera pas grand chose.
00:25 Un égalisme européen c'est impossible.
00:27 Impossible, parce qu'on n'a pas tous les mêmes coûts de production.
00:29 Aujourd'hui, on entend parler de prix, on entend parler de prix planchers, ça va dans le bon sens, mais il faut que ces prix soient équitables et qu'ils soient européens.
00:37 Et le président de la République pensait rassurer les agriculteurs quant à leurs revenus en promettant des prix planchers samedi,
00:44 loin de faire l'unanimité dans les allées du salon de l'agriculture.
00:48 L'idée suscite question et remise en question si la Confédération Paysanne se réjouit de cette annonce.
00:53 La FNSEA se montre un peu plus sceptique Philippe.
00:56 Oui, en utilisant le terme, je ne pense pas que le souhait du président soit de soviétiser l'économie.
01:01 L'URSS est très en mode ces derniers temps.
01:03 Alors parlons vrai, est-ce que les prix planchers peuvent fonctionner dans une économie ouverte ?
01:07 Est-ce que les prix planchers sont soviétiques ?
01:10 Comme l'a dit une ministre ce matin et le patron de la FNSEA.
01:13 Quelles seraient les autres solutions ?
01:14 Puisque le but c'est de trouver des solutions qu'aux prix planchers.
01:17 Agriculteurs, les prix planchers sont-ils une illusion ?
01:21 Et pour le moment vous dites oui à 91% sur Twitter.
01:24 Au revoir par l'allée avec Michel Biraud qui est avec nous, un président de Little France.
01:28 En attendant, petit tour de table avec nos vrais voix.
01:30 Ce prix plancher, Philippe Bilger, est-ce que c'est une notion un peu vague ?
01:35 Alors une nouvelle fois, et pardon de ne pas vous surprendre,
01:39 je suis de nouveau écartelé entre le sentiment que les prix planchers,
01:45 même pour quelqu'un qui n'est pas un spécialiste de la chose,
01:49 apparaît comme une mesure de bon sens qui pourrait garantir aux agriculteurs
01:54 la certitude de vivre correctement de leur métier.
01:58 Et en même temps, depuis quelques jours, j'entends des objections,
02:03 des contradictions dont j'ai envie de vérifier la validité.
02:09 Si quelqu'un peut m'éclairer sur ce plan, j'en serai heureux.
02:14 Est-ce que c'est bien ou est-ce que c'est pas bien ?
02:16 En tout cas, il est très positif que nous puissions en parler,
02:20 puisqu'il s'agit du revenu paysan, du salaire des travailleurs de la terre.
02:26 Démonstration a été faite que sur certaines filières, c'est possible.
02:30 D'ailleurs, Lidl, M. Biron va nous en parler, puisque vous avez expérimenté
02:36 le fait qu'on pouvait aller vers le partage de la valeur ajoutée
02:41 et que l'ensemble des acteurs puissent s'y retrouver.
02:44 J'espère qu'on va pouvoir en discuter.
02:47 Certains me disent que le prix plancher va vite devenir un prix plafond,
02:51 il va falloir un prix plancher sur le plan européen.
02:53 Toutes les questions sont ouvertes, mais d'ores et déjà,
02:56 dans certaines filières, nous progressons.
02:58 Du sol au plafond, M. B. ?
03:01 J'ai été rapporteur de la loi Egalim, qui visait justement à garantir
03:04 à l'agriculteur la couverture de ses coûts de production.
03:07 C'est-à-dire qu'il arrive à vendre ses produits au prix que ça lui coûte
03:11 et en arrivant à se tirer un salaire.
03:13 C'était toute la logique de la construction du prix en marche avant
03:16 de la loi Egalim, sur laquelle on a travaillé, y compris avec M. B.
03:19 en 2017 et 2018.
03:22 M. B. avait soumis il y a peu la notion de prix minimum garanti.
03:27 Globalement, ce qu'on voit, c'est que Egalim a été voté en 2018
03:30 et globalement, ça ne fonctionne pas, les agriculteurs n'arrivent toujours pas
03:34 à vendre au niveau de leurs coûts de production.
03:36 Donc il faut sans doute aller plus loin.
03:38 Je pense que l'ambition du président de la République,
03:41 c'est de mettre un grand coup de pied dans la fourmelière
03:43 et de voir un peu ce que ça donne.
03:44 Il a donné rendez-vous dans trois semaines, où l'ensemble des interprofessions
03:48 agricoles doivent lui faire des propositions pour ses prix planchers.
03:52 Alors moi, je n'aime pas le nom "prix plancher", j'aurais préféré
03:55 "prix minimum garanti".
03:56 Je pense que dans Egalim, on a défini, et aujourd'hui, les interprofessions
04:00 définissent des indicateurs de coûts de production.
04:02 Ces indicateurs de coûts de production doivent être pris en compte
04:05 dans la contractualisation avec le premier acheteur de l'agriculteur.
04:09 Aujourd'hui, on voit que c'est imparfaitement fait.
04:12 Dans la filière viande bovine, par exemple, on n'a que 25% de contractualisation.
04:15 Donc du coup, de fait, ces indicateurs ne sont pas suffisamment utilisés
04:18 et ne sont pas suffisamment significativement utilisés
04:21 pour vendre au juste prix.
04:23 Donc il faut mettre en place un mécanisme qui est sans doute plus dur,
04:26 plus rigide, dans la limite du droit à la concurrence français et européen,
04:30 évidemment, et il ne faut pas non plus déconnecter la production
04:34 de la consommation, parce que ça a existé, ça par le passé,
04:37 ça s'est appelé le prix d'intervention au niveau européen.
04:39 Ça a constitué des stocks où on a fini par jeter des tonalisiers de lait
04:43 dans les caniveaux parce qu'on ne savait plus quoi en faire.
04:46 Il ne faut pas que ces prix planchers servent à inventer...
04:51 Ce n'est ni la soviète, ni la loi de la jungle,
04:54 c'est ce que Gabriel Attal a dit dimanche soir.
04:56 Il y a du boulot, à mon avis, pour trouver une formule
05:00 qui va vraiment résoudre les problématiques,
05:03 mais il faut les résoudre, ces problèmes de revenus en agriculture.
05:05 - Michel Biraud, président de Lidl France,
05:07 est-ce que finalement ce prix plancher,
05:09 je ne sais pas comment on peut l'appeler,
05:11 est-ce que ce n'est pas du cas par cas ?
05:13 - Non, parce que du cas par cas, ça va être difficile,
05:18 parce qu'effectivement, il y a presque autant de coûts de production
05:20 qu'il y a d'exploitation en France.
05:22 Moi, j'ai parlé d'un prix minimum garanti il y a 6 ans déjà,
05:25 quand on a poussé 3 amendements par des parlementaires,
05:29 lors de la Égalimain.
05:31 Peut-être arrêtons de l'appeler prix plancher.
05:34 Ça a peut-être été une erreur de langage.
05:36 Moi, j'ai juste dit, un industriel n'a pas le droit de revendre à perte.
05:40 Un distributeur n'a pas le droit de revendre à perte.
05:42 Pourquoi un éleveur a le droit de revendre à perte dans ce pays ?
05:45 Et donc, si on l'appelle interdiction de revente à perte,
05:48 ou prix minimum garanti, ou peut-être prix de référence,
05:51 il y a des interprofessions qui travaillent tous les jours
05:53 pour définir un prix de production,
05:55 un coût de production moyen par filière.
05:57 Peut-être pas toutes les filières,
05:59 mais commençons déjà à titre expérimental,
06:01 sur le porc, le lait, le bœuf,
06:03 ce sont les filières les plus en danger.
06:05 Mais il faut faire quelque chose.
06:07 Tous ceux qui critiquent ce que j'ai poussé,
06:09 et bien qu'ils me proposent des idées.
06:11 Mais si on ne fait rien, il n'y a rien qui va changer.
06:13 - Mais est-ce que tout le monde peut se mettre autour de la table ?
06:15 - Mais il faut que tout le monde se mette autour de la table.
06:17 Michel a raison, il faut que tout le monde se mette autour de la table.
06:19 Il faut trouver une solution.
06:20 De toute façon, on ne peut pas dire, il n'y a qu'un faucon,
06:22 et rien proposer en face. Il a raison.
06:24 Oui, je suis d'accord avec le prix plancher,
06:27 parce que c'est la lubie de la France Insoumise,
06:30 qui fixe les prix dans des conférences de prix annuelles.
06:33 Enfin, ça c'est totalement débile,
06:35 et ça ne fonctionnera absolument jamais,
06:38 et ça ne sauvera aucun agriculteur,
06:39 ça permettra juste de la spéculation avec de l'argent public.
06:42 C'est tout ce que ça servira.
06:44 - Michel Biraud veut régler ?
06:46 - Non, il y a Philippe qui a déjà soumis à un truc.
06:48 - Michel, que je comprenne bien,
06:51 comment on peut concilier précisément
06:55 ce qui me paraît presque humaniste
06:58 dans la manière de discuter avec l'agriculteur,
07:01 et votre propre intérêt tout de même ?
07:04 - Je ne suis pas philanthrope.
07:06 Je suis salarié d'une entreprise qui doit sortir en résultat,
07:09 comme n'importe quelle entreprise, et comme d'ailleurs des agriculteurs.
07:12 Ce que je dis juste, c'est qu'on veut tous manger français.
07:15 Alors surtout dans ces périodes de crise,
07:17 tous les français sont très patriotes.
07:19 Ils vont l'être un peu moins dans trois semaines,
07:21 mais quand même, il y a une volonté de se manger français.
07:25 Donc si on veut préserver le monde agricole français,
07:27 qui est en train de disparaître, il faut le dire,
07:29 faisons tous un effort.
07:31 Et on ne demande pas des efforts surhumains.
07:33 Tout le monde est bien d'accord de payer 3 euros un litre de soda très connu,
07:36 mais ça emmène tout le monde de payer 1 euro le litre de lait.
07:39 Il y a un problème dans ce pays.
07:41 Donc moi, ce que je dis, pourquoi on ne mettrait pas en plus
07:43 un prix minimum de vente pour les distributeurs ?
07:45 On n'a plus le droit de vendre un litre de lait en dessous d'un euro.
07:47 Et je vous garantis qu'on n'en vendra pas un litre de moins.
07:50 Et je le démonte depuis 8 ans,
07:52 à travers des contrats tripartites que nous sommes en train de signer,
07:55 où l'éleveur donne son coût de production,
07:57 on le met sur la table, l'industriel et le distributeur,
07:59 on signe, on lui paye, il sort de la discussion,
08:01 et je continue l'annego avec l'industriel.
08:04 Ça fonctionne, je le démonte, et je ne me suis pas coupé les bras.
08:07 Sinon, on m'aurait viré depuis longtemps.
08:09 - Ça impose une honnêteté de toutes les parties.
08:13 - Ça impose de la transparence de toutes les parties,
08:15 ce qui n'existe pas dans ce pays aujourd'hui.
08:17 - Les contrats tripartites, je les avais inscrits d'ailleurs
08:20 par le bien-en-amendement dans la loi EGalim 1,
08:23 parce que justement, oui, c'est de la transparence
08:25 de tous les maillons de la filière.
08:27 Les agriculteurs n'ont pas de problème à être transparents
08:29 sur leur coût de production.
08:31 La grande distribution, c'est variable.
08:34 On va dire que Michel, lui, il fait partie de ceux
08:36 qui ne se posent pas de problème.
08:38 Dans les industries agroalimentaires,
08:40 c'est aussi assez variable, et il y a beaucoup
08:42 qui renâclent aussi à être transparents.
08:44 Mais c'est le seul moyen, c'est une meilleure répartition
08:46 des marges pour que l'agriculture se retrouve.
08:48 Et comme le dit Michel, c'est pas...
08:50 Quand on voit le prix du produit agricole brut
08:52 quand le produit finit bien souvent,
08:54 franchement, ça se joue à quelques centimes.
08:56 Ça se joue pas pour le consommateur.
08:58 Ça va pas être 10 ou 15 euros en plus.
09:00 - En général, la main-d'oeuvre sur un produit manufacturé,
09:02 c'est à peu près 5% du prix, 5 à 7%.
09:04 - Oui, mais la matière première agricole, c'est très faible.
09:06 - Donc c'est très faible.
09:08 - À part dans une brique de lait, mais la brique de lait,
09:10 encore une fois, Michel l'a dit, un euro,
09:12 alors qu'on met 5 ou 6 fois plus dans un litre de soda,
09:15 qui est bien plus mauvais pour la santé,
09:17 il y a un moment où il faut aussi que l'éducation,
09:19 c'est ce dont on parlait tout à l'heure,
09:21 et la consommation, la consommation à l'alimentation,
09:23 joue son rôle aussi.
09:25 - Mais certains disent que c'est une loi qui pourrait avoir,
09:27 si on l'imposait, des effets pervers.
09:29 Quels sont ces effets pervers ?
09:31 - C'est effectivement que le prix plancher
09:33 devienne un prix plafond,
09:35 qu'on déconnecte la production de ce qui est consommé,
09:37 c'est-à-dire qu'on se retrouve avec des stocks.
09:39 Je le disais tout à l'heure, ça a existé,
09:41 ça a été le prix à l'intervention,
09:43 qui était un prix fixé par l'Union européenne,
09:45 qui a permis de constituer les monstres de l'agroalimentaire
09:47 que sont Bigard et Lactalis aujourd'hui.
09:49 Et puis, ils avaient leurs usines à plein,
09:51 ils se foutaient de faire du volume qui ne se vendait pas,
09:53 puisque de toute façon, c'était l'État qui payait au prix.
09:55 Donc eux, on fait tourner, on fait des bénéfices,
09:57 sur le dos de l'Union européenne et de l'argent de l'Union européenne,
09:59 on constituait des oligopoles qui existent aujourd'hui,
10:01 avec un Bigard qui représente quasiment 70%
10:03 de l'abattage français,
10:05 avec un Lactalis qui est un monstre aussi de l'agroalimentaire,
10:07 et tout ça, ça s'est constitué sur ces mécanismes-là,
10:09 et puis on finissait par jeter les tonalisés
10:11 dans les caniveaux,
10:13 parce qu'on ne savait plus quoi faire du lait,
10:15 parce qu'il y en avait trop,
10:17 et parce que les congèles étaient pleins de carcasses de poulet,
10:19 on finissait par les donner aux pays africains,
10:21 ce qui a détruit un paquet de pays africains.
10:23 Ça, c'est les mécanismes que demande la France insoumise
10:25 du prix plancher fixé par l'État ou par l'Union européenne.
10:27 Ça ne marche pas, ça n'a jamais marché
10:29 nulle part, et ça n'a jamais sauvé un agriculteur.
10:31 - Comment expliquer que la Confédération paysanne
10:33 applaudisse dès demain ce prix plancher ?
10:35 - Parce qu'ils sont sur ce dogme-là
10:37 de l'économie soviétique,
10:39 la Confédération paysanne,
10:41 c'est devenu une succursale de la France insoumise,
10:43 de toute façon.
10:45 Aujourd'hui, clairement...
10:47 - C'est vous qui le dites !
10:49 - C'est moi qui le dis, je l'assume.
10:51 Mais aujourd'hui,
10:53 cette économie-là,
10:55 ça ne fonctionne pas. Mais par contre,
10:57 qu'il faille préserver aujourd'hui
10:59 le prix de vente
11:01 des agriculteurs,
11:03 et le revenu des agriculteurs, et l'augmenter
11:05 si on veut donner envie aux jeunes générations de s'y lancer,
11:07 c'est un impératif absolu.
11:09 Donc il faut que tout le monde s'y mette, et tout le monde se crache dans les mains,
11:11 et remonte les manches,
11:13 et aille vraiment, pour une fois.
11:15 - Olivier Dardigolle. - Il y a la proposition
11:17 insoumise, mais il y avait aussi les PPL déposées
11:19 par le député André Chassaigne
11:21 au cours des dernières années,
11:23 qui a oeuvré aussi pour les retraites agricoles.
11:25 En tout cas,
11:27 quand on parle de prix minimum garanti,
11:29 ou de prix plancher,
11:31 arrive de manière tonitruante
11:33 aujourd'hui, par le biais de la crise agricole,
11:35 la question de la rémunération
11:37 des paysans.
11:39 Et je crois vraiment que si on prend
11:41 l'ensemble des acteurs et de la filière,
11:43 on peut, sur le partage de la valeur
11:45 ajoutée, trouver un équilibre
11:47 où chacun peut quand même vivre.
11:49 Mais aujourd'hui, ceux qui sont en train
11:51 de crever, c'est prioritairement
11:53 les paysans, et pas les autres acteurs
11:55 de la chaîne. - Michel Biraud,
11:57 ou Jean-Baptiste Bauraud, pour répondre à Olivier Dardigolle,
11:59 sur les paysans.
12:01 - Oui, non mais, effectivement,
12:03 et c'était tout le but des Galimes,
12:05 c'est d'arrêter qu'on donne aux paysans
12:07 ce qui restait de valeur
12:09 quand les autres s'étaient servis, et ce qui ne correspondait
12:11 bien souvent absolument pas
12:13 à ce dont l'agriculteur avait besoin,
12:15 ne serait-ce que pour vivre. On ne parle même pas
12:17 de gagner de l'argent. - C'est la variabilité. - C'est la variabilité, justement, en fait,
12:19 le monde agricole. Et si on veut construire
12:21 un prix en marche avant, il faut déjà
12:23 figer le prix du premier maillon
12:25 qui est le plus important. Mais pour ça, il faut aussi
12:27 avoir le courage politique
12:29 de parler de la loi de modernisation de l'économie,
12:31 qui dirige et qui gère les négociations
12:33 de 70% de l'agroalimentaire
12:35 en France, dont personne ne veut parler,
12:37 et qui est un vrai problème.
12:39 C'est une loi toute puissante, et donc
12:41 tous les Galimes qu'on va faire, ce sont que des pansements
12:43 sur cette loi. - J'avais essayé d'en détricoter
12:45 en 2018, et je vais attirer les
12:47 foudres de Bercy à l'époque, parce que
12:49 j'avais réussi à faire voter un amendement en commission
12:51 des affaires économiques qui sortait les produits agricoles
12:53 des négociations commerciales annuelles, et je
12:55 peux vous dire que j'ai pris une volée de bois
12:57 vert de la part de Bercy
12:59 et du ministère des Finances, parce que
13:01 c'était "on ne touche pas à l'ALME", mais effectivement,
13:03 Michel a raison, la loi de modernisation de l'économie
13:05 qui avait été votée en 2009, elle est contradictoire
13:07 avec ce qu'on veut faire dans les Galimes, donc à un moment, on ne peut pas
13:09 avoir deux lois contradictoires qui s'appliquent en même temps.
13:11 - Là, dans un instant, vous allez signer des contrats
13:13 trépartites avec des agriculteurs,
13:15 vous êtes l'un des précurseurs
13:17 forcément sur ce sujet-là,
13:19 est-ce que ça vous a créé des problèmes ? Est-ce que ça a été
13:21 compliqué de mettre ça en place, ou finalement
13:23 il fallait un peu de courage à la base ?
13:25 - Alors, oui, c'est compliqué
13:27 dans un sens, c'est très simple avec le monde agricole,
13:29 ils sont tous demandeurs,
13:31 ils sont tous OK. Le problème, c'est bien évidemment
13:33 le maillon intermédiaire
13:35 qui a plus de mal au début, il faut savoir
13:37 qu'aucun industriel français ne voulait le faire,
13:39 et je le faisais avec des Belges qui venaient chercher
13:41 des cochons vivants dans les
13:43 fermes françaises, qui les emmenaient en Belgique
13:45 pour les tuer, les transformer, et les ramener dans les magasins français.
13:47 On marche sur la même coupe.
13:49 Donc là aussi, pourquoi
13:51 n'inscrivions-nous pas dans la loi
13:53 l'obligation pour peut-être
13:55 50% des volumes, au minimum,
13:57 de tripartite dans les relations
13:59 entre tous les acteurs ?
14:01 - Mais une question justement, parlons de tous les acteurs,
14:03 il y a des gens dont on n'a pas parlé, c'est les transformateurs,
14:05 qui sont souvent de très grosses
14:07 multinationales de l'agroalimentaire, on a parlé de l'Actalis,
14:09 mais il y a Nestlé, il y a Danone, il y a Craft,
14:11 etc. Est-ce qu'eux aussi,
14:13 ils ne devraient pas mettre des pactes tripartites
14:15 avec les agriculteurs ?
14:17 Parce que c'est aussi également de très gros clients
14:19 de l'agriculture, qu'ils achètent du blé français
14:21 plutôt que du blé ukrainien pour faire leur tartelette
14:23 à la fraise. - Bah ces multinationales-là,
14:25 il faudrait déjà qu'elles deviennent transparentes.
14:27 Et pour ça, encore une fois, il faut enlever
14:29 la loi de modernisation de l'économie
14:31 qui est tout l'inverse, c'est l'opacité la plus totale.
14:33 On part d'un tarif général qui sort du chapeau
14:35 de Perlin-Pinpin, et on négocie,
14:37 non mais c'est la vérité, et on négocie
14:39 des services pour arriver à un prix d'achat
14:41 qui n'a à aucun moment pris en compte
14:43 un coût de production ou un coût
14:45 de transformation. - Philippe Billiard.
14:47 - Michel, je suis surpris,
14:49 moi je ne suis
14:51 un profane dans ce domaine,
14:53 je vous écoute, ça me paraît
14:55 relever du bon sens, vous avez
14:57 une capacité de conviction très forte,
14:59 est-ce qu'il est utopique
15:01 de penser que vous vous
15:03 réunissiez avec l'ensemble des gens
15:05 et que vous les convainquiez ?
15:07 Ça me paraît une évidence !
15:09 - Il faut savoir que la loi LME,
15:11 l'étoile de modernisation de l'économie,
15:13 dans le monde politique,
15:15 ça a été aussi inversé, ça a été appelé
15:17 la loi MEL, Michel-Édouard Leclerc.
15:19 - Leclerc, oui ! - Donc je peux vous dire que
15:21 c'est un farouche et un opposant
15:23 au dédicottage de la loi de modernisation
15:25 de l'économie. - Oui.
15:27 - Sans commentaire.
15:29 - Les Italiens, silencio stampa,
15:31 silence presse. - Choker.
15:33 - Ça va, Jean-Baptiste Meureau,
15:35 aujourd'hui, cette proposition
15:37 se plaît planchée, c'est quand ? Ça va venir
15:39 quand ? - Il a
15:41 donné rendez-vous à l'ensemble des
15:43 filières dans trois semaines, si je me
15:45 souviens bien, pour travailler sur
15:47 cette notion de prix
15:49 planché, entre guillemets, ou prix minimum garantie,
15:51 et pour faire des propositions d'ici là
15:53 sur comment concrètement on la met en place.
15:55 - Parce que là, il y a urgence, quand même. - Oui, et après,
15:57 il faudra une proposition de loi, parce que ça peut passer
15:59 que par une proposition de loi, soit ça passe dans
16:01 le projet de loi d'orientation agricole, soit
16:03 il y aura un égalim 4, il y a deux
16:05 co-rapporteurs qui ont déjà été nommés
16:07 de la majorité présidentielle, pour travailler
16:09 sur l'élaboration de ce
16:11 mécanisme, dans le vu d'une loi égalim 4
16:13 qui serait votée avant l'été. - Oui, mais est-ce
16:15 qu'elle sera respectée, cette loi ?
16:17 - C'est le problème, c'est qu'il faut qu'elle soit
16:19 aussi respectée, parce qu'il faut qu'elle soit
16:21 appliquée, c'est notre débat de tout à l'heure.
16:23 Il s'agit pas de voter des lois, maintenant, il faut
16:25 les faire appliquer sur le terrain, et surtout qu'elles soient
16:27 appliquées rapidement, parce que c'est vrai que c'est un peu le problème
16:29 d'égalim 1, et moi, c'est ce que j'ai
16:31 découvert dans mes 5 ans de mandat, c'est qu'une
16:33 loi, avant qu'elle... le temps
16:35 que vous la discutiez, qu'elle soit votée et définitivement
16:37 promulguée, il se passe 2 ou 3 ans,
16:39 et il y a encore des décrets de cette loi qui ont été
16:41 publiés la semaine dernière,
16:43 si vous voulez, donc on est 6 ans après le début
16:45 de la vote de la loi.
16:47 problème quand même, c'est un problème. Merci beaucoup messieurs d'avoir été avec nous.

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