DB - 29-02-2024
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00:19 - Silvio Scott, antiquaire bien connu, spécialiste
00:23 de l'art chinois de l'époque rome.
00:26 - Nicole Mersky, son associé, ou le jeune stagiaire Robert?
00:32 Hein?
00:33 Lequel des trois a volé le Bouddha de Jade?
00:37 - On avait retrouvé les empreintes de Robert
00:41 un peu partout sur le coffret.
00:43 Celles de Nicole Mersky n'apparaissaient que
00:45 sur les côtés du couvercle.
00:47 Quant aux empreintes de Silvio Scott,
00:49 elles étaient totalement absentes.
00:51 Autrement dit, quelqu'un avait très soigneusement
00:54 essuyé le coffret.
00:56 Quelqu'un qui savait que Robert le manipulerait
00:58 en faisant le ménage.
00:59 Quelqu'un qui voulait faire accuser le stagiaire.
01:02 Ce qui, ipso facto, éliminait le jeune homme
01:05 de la liste des suspects.
01:07 Restaient sa tante et Silvio Scott lui-même.
01:11 Mais si Nicole Mersky avait volé le Bouddha,
01:14 elle n'aurait pas attendu que son associé parte en voyage.
01:19 Alors?
01:21 - Alors...
01:23 Eh bien, oui.
01:25 C'était Silvio Scott.
01:26 Émile Joubesse avait vu juste.
01:29 Scott savait que Nicole Mersky
01:31 profiterait de son voyage à Milan pour vendre la statuette.
01:35 Et ça, il ne le voulait à aucun prix.
01:37 Il aurait pu, me direz-vous, la racheter pour son propre compte,
01:40 mais une telle folie était au-dessus de ses moyens.
01:45 Inculpé d'escroquerie à l'assurance,
01:47 Scott fut condamné à trois ans de prison avec sursis.
01:51 C'est ce qui lui en coûta d'avoir,
01:53 durant 30 ans de sa vie,
01:55 poursuivi une chimère.
01:57 (musique)
02:02 Ah!
02:08 "La Libye de Pénélope".
02:11 C'est une affaire qui intéresse tous les automobilistes.
02:15 Lorsqu'on étudie l'histoire du crime,
02:19 comme je le fais depuis plus de 20 ans,
02:22 il est curieux de constater que ce sont toujours
02:25 les crimes les plus minutieusement prémédités
02:28 qui ont le moins de chances d'échapper à la justice.
02:32 Ainsi, par exemple, certains malfaiteurs déploient
02:36 une ingéniosité vraiment étonnante
02:38 pour se forger un alibi derrière lequel ils se croient en sûreté.
02:42 Eh bien, dans 9 cas sur 10,
02:44 c'est précisément à cause de ce fameux alibi
02:48 qu'ils se font prendre.
02:50 À l'appui de ce que je viens de dire,
02:52 je cite souvent le dossier Lampin,
02:55 dont je vais vous parler ce soir.
02:58 L'affaire remonte à 1956.
03:03 Dans le nord de la France, presque la frontière belge,
03:07 le village de Ferck coule des jours sans histoire.
03:11 Il est un peu plus de 5 h 30, le 14 juin 1956,
03:15 quand M. Mauduit arrive au garage Mertens
03:19 pour prendre possession de sa voiture.
03:22 - Salut! - Bonjour, M. Mauduit.
03:24 - Elle est prête? - Oui, oui, vous pouvez la prendre.
03:27 Je comprends pas, j'ai tout vérifié,
03:28 j'ai rien trouvé d'anormal.
03:29 Je vois vraiment pas ce que vous pouvez lui reprocher.
03:31 - Bah, elle tirait mal.
03:33 - J'ai vérifié la compression, impeccable.
03:35 Je vous ai mis des bougies neuves,
03:36 j'ai changé les vis platinées, on verra bien.
03:38 - Très bien, vous avez fait la note?
03:39 - Non, mais ça ne fait rien, vous me paierez demain.
03:41 - Non, non, il est 5 h 30, j'ai le temps,
03:43 demain matin, je serai pressé, alors vous me faites la note,
03:45 je la paie, on n'en parle plus.
03:46 - Bon, comme vous voulez, je vous la prépare tout de suite.
03:49 Encore vous, M. Mauduit? Elle tire toujours pas?
04:07 - Si, si, ça va, mais j'ai oublié de vous demander de la laver.
04:09 - Maintenant? C'est pas possible.
04:12 C'est pas de la mauvaise volonté,
04:13 c'est presque 6 h.
04:14 - Mais là, ça en vaut.
04:15 D'ailleurs, elle n'en a pas tellement besoin.
04:17 Si vous voyez la mienne...
04:19 - Bon, écoutez, je vous la laisse et vous me la faites laver
04:20 demain matin à la première heure, hein?
04:22 - Entendu, ce sera fait.
04:23 - D'accord.
04:24 - Le lendemain 15 juin, un peu après 7 h du matin,
04:29 un ouvrier agricole découvrit en pleine campagne,
04:33 à près de 4 km du village, le cadavre d'un homme
04:36 étendu au bord d'un champ, le crâne défoncé.
04:39 Avant le milieu de la matinée,
04:41 la police judiciaire prenait l'affaire en main.
04:43 Vous l'avez identifié?
04:46 - Ah ben, immédiatement. C'était un gars du pays.
04:48 - Ah bon?
04:50 - D'ailleurs, si vous voulez voir ses papiers,
04:51 on a retrouvé son portefeuille sur lui.
04:52 - Vous pouvez le montrer?
04:53 - Tenez.
04:57 - Merci.
04:58 En tout cas, on l'a pas tué pour le voler, hein?
05:11 - Jean-Pin, Albert Marcel Antoine, né le 3 juillet 1919
05:16 à Saint-Chamas-Bouche-du-Rhône.
05:18 Mais vous m'aviez dit qu'il était du pays.
05:21 - Non, mais il n'était pas d'ici,
05:23 mais il habitait Ferc depuis l'année dernière.
05:25 - Ah bon? Il avait de la famille?
05:28 - Ah, on le sait pas. En tout cas, il vivait seul.
05:31 - Qu'est-ce qu'il faisait dans la vie?
05:34 - Il était employé chez M. Mauduit,
05:36 un gros marchand forain qui vend des bonbons sur les marchés.
05:39 - Non, non, je le garde.
05:40 Certainement que le juge d'instruction voudra l'examiner.
05:45 Alors, c'est là.
05:46 - Ouais.
05:49 - D'après vous, qu'est-ce qui a pu se passer?
05:51 - Oh, vous savez, c'est difficile à dire, hein?
05:53 - Ben oui.
05:54 - Hé, dis-donc, c'est du seigle.
05:56 Propriété privée.
06:00 - Oui, peut-être un chauffard qui l'aura renversé
06:03 et qui aura pris la fuite après.
06:05 - Oh, ça, ça m'étonnerait.
06:06 D'abord, c'est une route qui ne conduit nulle part.
06:09 Et puis, qu'est-ce qu'il serait venu faire ici tout seul et à pied?
06:12 Hum?
06:13 - Oui, bien sûr.
06:15 - Ah!
06:17 - Dites-moi, il avait des ennemis?
06:19 - Ben, la preuve.
06:21 - Oui, évidemment, mais... et des amis?
06:24 - Pour ça, il faudrait demander à M. Mauduit.
06:26 C'est lui qui le connaissait le mieux dans la région.
06:29 - Ça, c'est des betteraves.
06:31 - Oui, c'est des betteraves.
06:34 - Quel genre, ce Mauduit?
06:38 - C'est un homme très estimé dans le pays.
06:40 Il est conseiller communal depuis les dernières élections
06:43 et adjoint au maire. Enfin, c'est... c'est quelqu'un, quoi.
06:46 - J'aimerais bien bavarder avec lui. Où habite-t-il?
06:49 - C'est la première maison à l'entrée du pays, là.
06:52 - Bon. Alors, allons-y.
06:54 - Bon, ben, on va faire demi-tour.
06:56 - Il y a longtemps que vous connaissiez Albert Lampin?
07:03 - Oh, ben, depuis 42, M. le commissaire, oui.
07:07 On s'est connus en Allemagne. C'était un camarade de Stalag.
07:09 Alors, on s'est perdus de vue depuis la guerre.
07:11 Et puis, l'été dernier, par hasard, on s'est retrouvés.
07:13 - C'est à ce moment-là que vous l'avez engagé?
07:15 - Oui.
07:16 - Vous aviez besoin d'un employé?
07:18 - Non. Il trouvait pas de boulot, alors.
07:20 Qu'est-ce que vous auriez fait à ma place?
07:23 - Euh... combien lui donniez-vous par mois?
07:26 - Bon, ça dépendait.
07:29 - Comment ça dépendait?
07:31 - Oui, ben, quand les affaires marchaient bien...
07:36 - Je pourrais voir votre comptabilité?
07:38 - Ah, ça, garantie. Si ça vous amuse.
07:41 Tenez.
07:45 - Merci.
07:47 C'est ça?
07:50 - Oui, c'est ça.
07:52 - Alors, voyons. Euh...
07:55 1er janvier, salaire Lampin, 700 francs.
08:02 1er février, Lampin, 800 francs.
08:06 Vous l'aviez augmenté.
08:08 - Oui.
08:10 - Voyons. 1er mars, salaire Lampin, 1000 francs.
08:17 En somme, vous lui donniez régulièrement de l'augmentation.
08:21 - Les affaires marchaient, puis il travaillait bien.
08:24 - Oui.
08:25 - Je le déclarais à la Sécurité sociale. Tout est en règle.
08:28 - Oui, oui.
08:30 - Vous savez ce qu'on raconte dans le pays?
08:33 On dit qu'il se vantait d'être payé à ne rien faire.
08:36 - Oh, c'est vrai. Ce qu'on raconte, hein.
08:39 - Oui. Et savez-vous que votre ami Lampin
08:43 était un repris de justice?
08:45 - C'est pas vrai.
08:47 - Oui. Il a été libéré le 17 juillet dernier
08:50 de la maison centrale d'Arras,
08:52 où il purgeait une peine de 18 mois pour vol qualifié.
08:55 - C'est pas possible. Vous êtes sûr?
08:57 - Oui, oui.
08:59 - Bon. Alors, voyons.
09:01 Nous disons qu'il a été tué entre 17 h et 20 h.
09:05 Que faisiez-vous entre 17 et 20 h?
09:08 - Comment? Vous me soupçonnez?
09:10 - Non. Question de routine. Alors?
09:13 - Ben, je pense, je...
09:15 Si j'ai emmené ma voiture au garage.
09:17 - Au garage. À quelle heure?
09:19 - 5 h 30.
09:21 - 5 h 30. Et avant?
09:23 - Avant... avant...
09:25 Je l'ai fait la queue à la poste.
09:27 - Et après?
09:28 - Après, je suis rentré chez moi.
09:30 Je me suis aperçu que j'avais oublié de la faire laver.
09:33 - Quelle heure?
09:34 - 6 h. Je me souviens, les ouvriers partaient.
09:37 - Bien. 6 h.
09:39 Et après?
09:41 - Après, je suis retourné au café de la mairie.
09:44 Je suis resté jusqu'à l'heure du souper, 8 h 30.
09:47 - 8 h 30. On vérifiera tout ça.
09:49 - Vous n'allez pas me soupçonner!
09:51 Pourquoi et comment j'aurais tué un vieux copain?
09:54 - Pourquoi? Oh, je ne sais pas.
09:56 Mais on peut essayer de l'imaginer.
09:58 Lampin était un homme sans scrupules,
10:01 alors il aurait pu... il aurait pu vous faire chanter.
10:04 - Moi? Non, mais ça va pas.
10:06 Pourquoi est-ce qu'il m'aurait fait chanter, moi?
10:09 - Quelque erreur que vous auriez commise autrefois.
10:12 Tenez, au Stalag, par exemple.
10:14 Il s'est passé tant de choses pendant la guerre.
10:17 Alors, je ne dis pas que c'était un grand crime.
10:20 Non, mais c'est peut-être quelque chose qui était
10:23 de toute façon assez gênant
10:25 que vous fassiez le fauteuil du maire
10:27 et qu'on vise le Conseil général.
10:29 Alors, au début, vous avez accepté de payer,
10:31 et puis après, vous vous êtes lassé
10:33 parce que 700 francs, 800 francs, 1000 francs,
10:35 il n'y avait pas de raison pour que ça s'arrête.
10:37 - Bien imaginé, mais c'est du roman.
10:39 Parce que j'ai pas tué Lampin.
10:41 D'abord, on l'a retrouvé à 4 km du bourg.
10:43 Alors, comment j'aurais fait pour l'emmener là-bas?
10:45 Ma voiture était au garage. Hein?
10:47 - Ah oui. Oui, seulement, attention,
10:49 vous avez tout de même disposé de votre voiture
10:51 entre 17 h 30 et 18 h.
10:53 Alors, rentrez chez vous...
10:55 euh... tué Lampin,
10:58 chargez le corps dans votre voiture,
11:00 le déposez dans un fossé, retournez au garage,
11:02 tout ça en une demi-heure. Ma foi, c'était très possible.
11:05 - D'accord. Seulement, moi, je pouvais pas.
11:08 Et je peux le prouver.
11:10 Regardez ça.
11:13 Ça, c'est la facture du garage.
11:15 Datée d'hier.
11:17 Quand j'ai pris ma voiture au garage,
11:19 le compteur accusait ça de kilomètre.
11:21 Ce chiffre-là. Hein?
11:23 C'est pas moi qui l'ai écrit.
11:25 Ma voiture, je l'ai remise au garage.
11:27 Et je l'ai pas touchée depuis.
11:29 Alors, le compteur doit accuser environ 1 km supplémentaire.
11:31 Alors, dites-moi comment j'aurais fait pour emmener Lampin là-bas.
11:33 Hein? Aller-retour, ça fait au moins 8 km.
11:35 - Bon.
11:37 Non, bon, bon.
11:39 - Le commissaire se rendit au garage et examinait la voiture.
11:42 Plus particulièrement, le compteur kilométrique
11:45 dont il vérifia les plombages.
11:47 Le compteur n'avait pas été truqué.
11:49 La libie kilométrique était irréfutable.
11:52 En apparence, du moins.
11:54 Et pourtant, il ne prouvait rien.
11:57 Hein? Pourquoi?
11:59 Comment?
12:01 Réfléchissez bien.
12:03 Demain, je vous donnerai l'explication
12:05 avant de vous présenter une nouvelle énigme.
12:07 Ah!
12:09 Un détail.
12:11 Bien entendu,
12:13 Mauduit ne possédait pas d'autre voiture
12:15 que la grosse américaine que vous avez vue.
12:17 Celle qui a passé la nuit au garage.
12:20 À demain. Bonne soirée.
12:22 Sous-titrage Société Radio-Canada
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