DB - 29-02-2024
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TVTranscription
00:00 [Musique]
00:19 Bonsoir.
00:20 Retournons tout de suite à Saint-Serpent,
00:23 cette petite bourgade où nous étions hier
00:26 et dont le chef de gare a été assassiné.
00:29 Le lieutenant de gendarmerie a interrogé les témoins.
00:32 Trois employés de la gare, dont l'un est probablement le coupable,
00:36 Roland Seguin, Benoît Roussel et Maurice Portier.
00:39 Et presque tout de suite, il a désigné celui-ci comme le suspect numéro un.
00:43 Pourquoi ?
00:44 L'état du bureau laisse deviner que la victime ne s'est pas laissée tuer sans se défendre.
00:50 Pourtant, personne n'a rien entendu.
00:52 Comment cela se fait-il ?
00:53 Eh bien, c'est une question d'horaire.
00:56 Adrien Denizot a été tué entre 13h02,
00:59 heure à laquelle il a lui-même donné le signal du départ à un train,
01:03 et 15h57, quand Roland Seguin a découvert le cadavre.
01:07 Bien sûr, le crime a été commis pendant le passage d'un train,
01:12 ce qui explique que personne n'ait rien entendu.
01:15 Il n'en est passé que deux, celui de 14h18 et celui de 15h33.
01:20 À 15h33, Portier, Seguin et Roussel étaient ensemble sur le quai.
01:25 Se procurant ainsi des alibis réciproques.
01:28 C'est donc, si le meurtrier est l'un d'eux,
01:31 pendant le passage du train de 14h18 que Denizot a été tué.
01:36 L'assassin seul le savait.
01:38 Et c'est parce qu'il le savait que Portier s'est trahi.
01:42 Mais c'est pas vrai ! C'est pas vrai, vous vous trompez, mon lieutenant !
01:46 Vous allez où ?
01:47 Vous allez nous suivre très gentiment.
01:49 Quand le lieutenant lui a demandé ce qu'il a fait au cours de l'après-midi,
01:54 il a répondu "Oh, moi je n'ai pris mon service qu'à 15h,
01:58 alors je ne peux pas vous dire grand-chose."
02:00 Sous-entendant ainsi qu'il n'était pas dans la gare au moment du crime.
02:05 Mais comment, à moins d'être lui-même le coupable,
02:08 pouvait-il savoir qu'il avait été commis avant 15h ?
02:12 Le lieutenant avait vu juste.
02:19 Après cinq heures d'interrogatoire, Portier s'effondra.
02:23 Amant de Mme Denizot, eh oui,
02:27 il avait assassiné son mari, le malheureux chef de gare.
02:30 La cour d'assises d'Angers le condamna à la peine capitale.
02:34 Mais il devait le 3 janvier 1959 bénéficier d'une grâce présidentielle
02:40 et voir sa peine commuée en réclusion criminelle à perpétuité.
02:44 Pour un garçon qui rêvait d'une vie plus large,
02:48 on peut dire qu'il a été comblé.
02:51 (musique)
02:54 Euh... Ouais.
03:01 Ha!
03:03 L'inconnu du vendredi.
03:06 Ce dossier que je vais ouvrir pour vous ce soir est mince.
03:12 Il est vrai que ce n'est pas là un de ces crimes sensationnels
03:17 qui tiennent le public en haleine et qui font la une des journaux.
03:21 Non, non, c'est une affaire presque banale
03:24 qui ne retient pas longtemps l'attention.
03:27 Pourtant, c'est un de mes dossiers préférés,
03:32 à cause même de sa banalité,
03:34 parce que les personnages dont il y est question
03:38 sont des gens de tous les jours,
03:40 des gens normaux, sans histoire,
03:43 qui, brusquement, pour sauver ce qu'ils croient être
03:47 l'essentiel de leur existence,
03:49 et parce que les circonstances s'y prêtent,
03:52 deviennent des criminels.
03:55 Au centre de cette histoire, une jeune fille.
03:59 Elle s'appelle Gisèle Roset.
04:03 Elle a 23 ans.
04:06 Elle est jolie.
04:08 Elle est secrétaire dans une maison de travaux publics,
04:12 l'entreprise Charles Sisko.
04:14 Une douzaine de chantiers,
04:16 parpillés dans la région, quelques dizaines d'ouvriers.
04:19 Pour gérer le tout, 4 personnes suffisent.
04:22 Outre Charles Sisko et sa secrétaire Gisèle,
04:25 il y a un comptable, Raoul Lindry,
04:27 et un jeune employé aux écritures, Jacques Normier.
04:31 M. Sisko demande si tu as fini les calculs des superficies et des profils.
04:35 Dépêche-toi, il attend.
04:37 Il attendra.
04:38 Et qui te prend?
04:39 Gisèle, il faut que je te parle.
04:41 Ça ne peut pas continuer comme ça.
04:43 Qu'est-ce qui ne peut pas continuer?
04:45 Tu sais bien.
04:46 Ah non, je t'ai déjà dit que ça ne te regardait pas.
04:48 Si ça me regarde.
04:50 Tu l'aimes?
04:51 Tu es bête.
04:52 Alors pourquoi tu continues avec lui?
04:54 Allons-nous-en, Gisèle. Partons d'ici.
04:56 Comme ça, sans raison, sur un coup de tête.
04:58 Ce n'est pas un coup de tête.
05:00 Il y a longtemps que j'y pense.
05:02 Je t'aime.
05:04 Je veux t'épouser.
05:06 Tu veux m'épouser?
05:08 Pourquoi ne l'as-tu pas dit plus tôt?
05:09 Je ne sais pas.
05:10 Ah, vous êtes là.
05:12 Monsieur Sisko vous cherche.
05:14 Oui.
05:16 Bon, je vais à la banque chercher la paie.
05:19 Oh, tant que ça.
05:21 Hé, hé.
05:23 Eh bien, ça ne va pas être commode.
05:25 Tu t'en vas?
05:42 Il est 6 heures.
05:48 Tu as réfléchi à ce que je t'ai dit ce matin?
05:50 Je ne sais pas. Je ne sais pas encore.
05:52 Ce soir, je te le promets.
05:57 Je peux venir te voir ce soir, après le souper?
05:59 Non, non. Il vaut mieux que je sois seule, tu sais.
06:03 Salut.
06:04 Qu'est-ce?
06:05 Le stade commandant?
06:06 Monsieur l'envoyé est parti?
06:07 Oui, monsieur Sisko.
06:08 Bon.
06:15 Allez, Gisèle, je vous emmène.
06:19 Dites donc, c'est toujours aussi haut chez toi.
06:32 Oh.
06:34 Hein?
06:36 Hein?
06:45 Vous ne rentrez pas chez vous?
06:47 Votre femme vous attend, non?
06:49 Allez, viens ici, viens.
06:51 Non, j'ai des repassages à faire.
06:53 Mais qu'est-ce que tu as ce soir?
06:55 Moi, rien.
06:57 Oh, si, si. Je te connais, toi, tu sais.
07:00 Tu as pu assez t'erbuter, non?
07:04 Allez, viens.
07:05 Alors, viens.
07:06 Raconte-moi tes malheurs.
07:08 Jacques veut m'épouser.
07:09 Jacques? Quel Jacques?
07:10 Un petit Jaco.
07:14 Jacques Normier?
07:15 Non, mais ce n'est pas vrai, non?
07:17 Oh, ben, c'est pas vrai.
07:19 Non, mais c'est la meilleure, le petit Jaco.
07:23 Pourquoi pas? Il est aussi bon qu'un autre.
07:25 Oh, tu parles avec ceux qui gagnent, non?
07:29 Je travaille, moi aussi.
07:30 Un ou deux en auraient assez.
07:31 Il y a des gens qui vivent avec moins que ça.
07:33 Des gens, oui, mais pas toi.
07:39 Tu sais combien il a coûté?
07:42 C'est pas le petit Jaco qui aurait pu te l'offrir.
07:47 Ni ton manteau à col de fourrure.
07:51 Qu'est-ce que tu deviendrais, toi, si tu ne m'avais plus?
07:54 Allez, arrête de déconner, viens m'embrasser.
07:56 Il est tard, votre femme va s'inquiéter.
07:59 Mais, Gisèle, qu'est-ce que tu as ce soir?
08:03 Mais dis-donc, tu ne penses pas sérieusement à cette histoire de mariage, non?
08:07 Non, mais ce serait vraiment trop idiot, non?
08:13 Tu ne m'aimes plus?
08:14 Mais si.
08:17 Je besoin de toi, tu sais.
08:20 Et moi?
08:21 Vous ne vous êtes jamais demandé de qui j'avais besoin, moi, hein?
08:24 Je veux un mari.
08:26 Un mari avec lequel je puisse me montrer.
08:28 J'en ai assez de me cacher.
08:30 Je veux avoir un appartement, une maison.
08:33 J'en ai assez de cette baraque.
08:36 Non, non, non, mon pauvre petit, mais...
08:39 Mais je suis un vieil idiot, moi.
08:43 J'aurais dû comprendre.
08:46 Écoute, viens ici.
08:49 Et si on partait, nous deux, hein?
08:51 Tu sais bien qu'on ne le fera pas.
08:53 Pourquoi pas?
08:54 C'est chaque fois pareil.
08:55 Tu dis qu'on s'en va et le lendemain, tu changes d'avis.
08:57 Oh, mais non, non, non, non, non, non.
08:59 Ce coup-ci, c'est sérieux.
09:00 On prend la voiture et on s'en va, on disparaît.
09:03 Demain matin, tu veux?
09:04 Tu quitterais tout?
09:06 Oui.
09:07 Tu sais, du moment que je serai avec toi, hein?
09:10 Et pour l'argent, comment tu feras?
09:13 Je me débrouillerai.
09:15 C'est vrai?
09:17 Paroles, tu vois.
09:21 Demain matin, on fout le camp.
09:23 Loin.
09:24 Tu entends? Loin.
09:26 Tiens.
09:28 En Italie, par exemple.
09:31 Gisèle croyait vivre un roman.
09:33 Deux hommes se la disputaient.
09:35 L'un voulait l'épouser, l'autre se préparait à l'enlever.
09:39 Situation cornelienne.
09:42 Mais un coup de téléphone allait tout remettre en question.
09:45 À 20h23, l'entreprise Charles Cisco venait d'être cambriolée.
09:51 Un quart d'heure plus tard, la gendarmerie était sur les lieux.
09:55 Le lendemain matin, l'enquête commençait.
09:57 Ça arrive des coups pareils, hein?
09:59 4 millions, hein?
10:01 49 875 francs.
10:04 L'argent de la paie.
10:06 Je suis allé chercher à la banque hier, comme tous les banquandiers.
10:09 Qui a découvert le vol?
10:11 Moi.
10:12 Oui, en quittant le bureau hier soir, j'avais oublié mon imperméable.
10:15 Alors vers 8h, je suis venu le chercher.
10:17 J'ai laissé mon vélo devant la porte, je suis entré,
10:20 la lumière ne marchait pas.
10:22 J'ai pensé qu'il y avait une panne.
10:24 Ce n'était pas une panne.
10:26 On avait coupé le courant à la sortie du transformateur,
10:28 derrière le bâtiment.
10:30 Je suis allé prendre mon imperméable.
10:32 Dans le noir?
10:33 Ça, pour faire noir, il faisait noir.
10:35 Ça ne m'a pas tellement gêné.
10:36 Depuis le temps que je travaille ici, vous pensez, je connais le couloir.
10:39 Je suis allé à la comptabilité, là-bas.
10:42 Et c'est à ce moment-là que j'ai entendu du bruit, ici,
10:45 dans le bureau de M. Cisco.
10:47 J'ai appelé, pas de réponse.
10:49 Et puis, j'ai entendu quelqu'un marcher,
10:51 et la porte d'entrée a claqué.
10:53 Alors là, j'ai eu peur.
10:54 Je me suis dit qu'il se passait quelque chose.
10:56 J'ai voulu prévenir M. Cisco.
10:58 J'ai pris mon téléphone, je l'ai appelé.
11:00 C'est Mme Cisco qui m'a répondu.
11:02 Elle m'a dit qu'il n'était pas encore rentré.
11:04 J'ai voulu prévenir M. Ladry, mais ça ne répondait pas.
11:07 Alors, j'ai prévenu la gendarmerie.
11:09 C'est très bien, ça.
11:11 Dites-moi, vous gardiez quatre millions dans ce vieux coffre?
11:17 Une nuit seulement. On fait la paie le samedi.
11:20 Qui en possède la clé?
11:21 Il n'y en a qu'une.
11:23 Tenez, elle est toujours là.
11:25 Et naturellement, tout le monde le savait.
11:28 Je vois qu'il y a un dispositif d'alerte qui n'a pas fonctionné.
11:32 Je ne sais pas ce qui s'est passé,
11:34 parce que normalement, si quelqu'un essaie d'ouvrir le coffre la nuit,
11:37 ça déclenche une sirène qu'on entend à un kilomètre.
11:40 La nuit seulement?
11:41 Il y a une pendule là.
11:43 Elle met le mécanisme en route à 7 heures du soir,
11:45 puis elle l'arrête le matin.
11:46 Puis c'est moi qui l'ai installé.
11:47 L'alimentation n'est pas autonome.
11:49 L'installation est branchée sur le secteur.
11:52 Le voleur le savait.
11:53 C'est pour ça qu'il a coupé le courant.
11:56 Il ne manquait rien?
11:57 Enfin, à part les 4 millions?
11:59 Si.
12:00 Quoi donc?
12:01 Les livres comptables.
12:02 Tiens, c'est la première fois que...
12:05 Qui les tenait?
12:07 Moi, monsieur l'inspecteur.
12:09 Vous n'étiez pas chez vous hier soir, quand il a essayé de vous téléphoner?
12:12 Ah non, je faisais des courses.
12:14 Le voleur avait certainement intérêt à ce que les livres disparaissent.
12:18 Supposons qu'un examen attentif ait permis d'y découvrir certaines irrégularités.
12:24 S'il y a eu des irrégularités, ce n'est pas de moi qu'elles venaient.
12:28 Ah non?
12:29 Non.
12:30 OK.
12:31 Permettez que je vous dites un mot, monsieur l'inspecteur.
12:34 Non, mais qu'est-ce que c'est que ces salades?
12:36 Si vous avez quelque chose à dire, dites-le!
12:38 La société est dans une situation difficile.
12:41 Bon, bonjour, des ennuis de trésorerie, comme tout le monde.
12:44 Non, non, pas comme tout le monde.
12:46 Monsieur Sisko, malheureusement, prenait de grosses sommes dans la caisse, pour son usage personnel.
12:51 Non, mais dites-en!
12:52 Pour tout dire, nous sommes au bord de la faillite.
12:55 Alors, bien sûr, la comptabilité qui disparaît, ça pouvait bien arranger monsieur Sisko, sans parler des 4 millions.
13:02 Oui, écoutez-moi ça, espèce de faucheton!
13:06 C'est vous!
13:07 Oui, c'est vous qui avez volé les livres!
13:09 Et les millions avec, tout ça pour me faire accuser!
13:12 Mais vous oubliez de dire que vous êtes toujours à court d'argent!
13:15 Et que vous êtes toujours en train de pleurer, pour avoir des avances!
13:17 Allez-y, allez-y, accusez-moi!
13:19 Monsieur Sisko, vous non plus, n'étiez pas chez vous hier soir, quand on vous a téléphoné.
13:24 Je me suis baladé, c'est permis, non?
13:26 Ah oui, c'est permis, seulement vous n'avez pas d'alibi.
13:29 Non, mais, vous rigolez! Vous allez pas m'accuser, non?
13:34 Mais, pourquoi, que vous avez à me regarder comme ça?
13:38 Vous êtes jaloux, oui!
13:40 Oui, vous êtes jaloux, parce que j'ai réussi dans la vie!
13:43 Moi, un petit maçon italien de rien du tout, j'ai devenu chef d'entreprise!
13:46 Oui, après avoir épousé la fille de votre patron!
13:50 L'inspecteur en savait assez pour arrêter le voleur.
13:57 Celui-ci avait commis une faute, une grosse faute.
14:01 Sa culpabilité était évidente.
14:04 Vous aussi, naturellement, vous avez compris.
14:07 Oh non, c'est si facile!
14:10 Demain, je vous donnerai la solution avant de vous présenter une nouvelle énigme.
14:15 À demain, bonne soirée!
14:18 Au fait, cette solution n'a aucun rapport avec le sablier.
14:25 Sous-titrage: difuze
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14:47 [SILENCE]