• il y a 8 mois
Grand entretien consacré à l'inscription de l'IVG dans la Constitution, avec Mélanie Vogel, sénatrice écologiste des français de l’étranger, Mathilde Panot, députée LFI du Val de Marne, Agnès Canayer, sénatrice LR de la Seine-Maritime, et Véronique Riotton, députée Renaissance. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-04-mars-2024-7923830

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00:00 Table ronde donc en ce jour où le Congrès se réunit à Versailles pour la 17ème fois
00:05 sous la Vème République pour voter l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
00:10 Vos questions, amis auditeurs au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:17 Et nous sommes ici avec 4 femmes de 4 partis différents qui incarnent les débats de ces
00:22 dernières semaines à l'Assemblée nationale et au Sénat sur cette question de l'IVG.
00:28 Véronique Riotton, députée Renaissance de Haute-Savoie, président de la délégation
00:33 aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.
00:36 Bonjour et bienvenue à ce micro.
00:38 Mathilde Panot, bonjour.
00:40 Députée LFI Nupes du Val-de-Marne, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale.
00:47 Mélanie Vogel, bonjour.
00:49 Sénatrice écologiste des Français de l'étranger.
00:52 Et pour boucler ce tour de table, Agnès Canailler, bonjour.
00:57 Et bienvenue à vous aussi, sénatrice LR de la Seine-Maritime.
01:01 Bonjour à toutes les 4 et on a fait un petit mini-congrès.
01:05 Un mini-congrès ce matin avant celui de cet après-midi à Versailles.
01:10 Même question pour commencer, à toutes les 4.
01:13 Est-ce pour vous une journée historique qui va se dérouler tout à l'heure au congrès
01:18 à Versailles ? Historique pour les femmes, historique pour la France.
01:22 Mélanie Vogel.
01:24 Absolument, je sais que le terme est un peu galvaudé mais néanmoins c'est le cas.
01:28 Ce que nous allons faire cet après-midi, c'est d'affirmer solennellement que la République
01:34 française n'est plus la République sans le droit à l'avortement.
01:37 C'est dire définitivement à toutes celles qui se sont battues pendant des siècles pour
01:42 avoir le droit de choisir leur vie qu'elles ont définitivement gagné.
01:46 C'est dire aussi à tous ceux qui se battent contre ce droit encore aujourd'hui qu'ils
01:50 ont définitivement perdu et c'est aussi je crois un message formidable que nous envoyons
01:55 au monde entier.
01:56 Dans un moment où tant de recul se passe, il y a un chemin positif de progrès, d'espoir
02:03 et j'espère que d'autres pays suivront ce chemin.
02:06 Véronique Rieton, qu'est-ce que vous ressentez aujourd'hui ? C'est effectivement la France
02:10 sera le premier pays à inscrire l'IVG dans la Constitution.
02:12 Ce que je ressens c'est évidemment une grande émotion.
02:16 C'est le moment historique, le terme n'est pas galvaudé, ni symbolique.
02:20 C'est vraiment un temps pour lequel la France va être en avant, y compris dans sa diplomatie
02:28 féministe et puis incarner une forme de progressisme important.
02:32 Vous nous expliquerez ce que c'est que la diplomatie féministe dans un instant.
02:35 Mathilde Panot, qu'est-ce que vous ressentez ce matin ?
02:37 Évidemment beaucoup d'émotion et beaucoup de fierté aussi.
02:40 Vous savez c'est rare ces moments dans l'histoire politique où vous savez que vous êtes à
02:44 la fois en train d'écrire l'histoire de France mais aussi du monde avec la France
02:49 qui va devenir aujourd'hui ce 4 mars 2024 le premier pays au monde à inscrire le droit
02:54 à l'avortement dans la Constitution.
02:56 Évidemment c'est la consécration aussi d'un an et demi voire plus même de luttes
03:01 et de combats parlementaires puisque c'est une victoire parlementaire.
03:04 Mais c'est surtout la victoire des militantes féministes, des associations et des collectifs
03:09 qui depuis des années voire des décennies se battent pour le droit des femmes à disposer
03:13 de leur corps.
03:14 Je vous ai invité ce matin justement pour revenir sur ce chemin parlementaire qui a
03:17 été très intéressant même politiquement au-delà de la question de l'IVG qui est
03:20 évidemment centrale sur comment les uns les autres vous avez défendu les choses.
03:25 Comment ça a commencé par une proposition de loi que vous avez portée Mélanie Vaugelle
03:28 au Sénat, que vous avez portée ensuite Mathilde Panot à l'Assemblée Nationale puis Emmanuel
03:32 Macron s'en est emparé et a proposé un projet de loi qui a été celui que vous avez
03:36 voté.
03:37 Et puis, et c'est là où j'en viens à vous Agnès Canailler parce que je trouve
03:40 sans doute que c'est peut-être le plus intéressant.
03:42 Comment la droite, LR, a pour certains évolué sur ce sujet ? Comment il y a eu des dissensions
03:49 qui peuvent être entendables, être audibles sur cette question qui est au fond une question
03:54 sociétale donc une question qui relève aussi de l'intime de chacun.
03:57 Vous Agnès Canailler, vous avez changé d'avis ?
03:59 Oui tout à fait.
04:01 Alors on est plusieurs à avoir changé d'avis ce qui a fait basculer évidemment le vote
04:05 mercredi dernier au Sénat de manière assez franche.
04:09 D'abord parce que nous sommes face à un projet de loi d'origine gouvernementale
04:14 donc on était sûr qu'il n'y aurait pas de référendum derrière et ça c'était
04:17 un enjeu, peut-être que nous reviendrons dessus.
04:18 Mais aussi parce que la formulation qui a été reprise et votée c'est celle qui
04:22 a été proposée par le Sénat, par Philippe Bas il y a un an et qu'on a considéré
04:28 que c'était une formulation qui ne créait pas de droit opposable, qui ne faisait que
04:33 redire quel était le rôle du Parlement en matière d'interruption volontaire de
04:37 grossesse, certes il inscrivait dans la Constitution ce terme d'IVG, c'est une avancée et
04:41 je pense que cette révision constitutionnelle sera historique mais c'est avant tout ça.
04:45 Mais certains ont parlé de pression, de leurs enfants, de leurs filles, un sénateur a expliqué
04:50 que sa fille ne lui parlerait plus s'il votait contre.
04:53 C'est quelque chose que vous avez vu, senti, perçu autour de vous dans la majorité sénatoriale
05:00 de droite ?
05:01 Oui bien sûr.
05:02 Racontez-nous !
05:03 On vous a invité ce matin pour que vous nous racontiez et ensuite je donnerai la parole
05:08 aux autres.
05:09 Comment vous avez évolué ? Il y a eu des évolutions ?
05:12 Oui il y a eu des évolutions.
05:14 D'abord parce que le texte a évolué, c'est ce que je vous ai expliqué.
05:16 Les propositions ne sont pas les mêmes que celles qui étaient faites au début, ça
05:20 c'est une première chose.
05:21 Mais aussi parce que les sénateurs ce sont des gens qui sont aussi au contact, qui rencontrent,
05:25 qui écoutent, qui discutent.
05:27 Et c'est vrai qu'il faut vraiment avoir les oreilles très fermées pour ne pas entendre
05:31 qu'autour de nous il y a un élan fort pour cette introduction à la Constitution.
05:35 Vous avez eu des pressions vous, directement, de proches, de jeunes autour de vous ?
05:38 Non je n'ai pas eu de pression, j'ai eu des échanges avec mes enfants.
05:40 Et comme je le dis à chaque fois, tout l'amour que j'ai pour eux, ce n'est pas eux qui
05:45 me font voter dans un sens ou dans l'autre.
05:48 Mais néanmoins on entend quand même ce qui se dit autour de nous.
05:52 Et puis on entend aussi à un moment donné que les propositions qui sont faites, le texte
05:57 sur lequel nous allons voter, à partir du moment où il ne crée pas de droit opposable,
06:00 eh bien autant voter et l'adopter.
06:02 C'est ce que nous avons fait.
06:03 Mathilde Panot ?
06:04 Je trouve, parce que moi aussi j'avais lu cette histoire du sénateur qui disait "mes
06:08 deux filles ne viendront plus à Noël si je ne vote pas la constitutionnalisation de
06:12 l'IVG".
06:13 Je trouve que ça montre aussi à quel point, si nous pouvons aujourd'hui constitutionnaliser
06:17 le droit à l'avortement, c'est-à-dire le reconnaître comme un droit fondamental
06:20 humain, c'est parce que nous avons gagné dans la société.
06:23 Quand 8 à 9 Français sur 10 sont favorables à l'inscription de l'avortement dans la
06:29 constitution, c'est ce qui s'exprime ensuite dans les échanges sur les votes, parce que
06:34 nous avons gagné et que je crois que c'est à la fois une victoire idéologique pour les
06:39 associations féministes, mais aussi une défaite pour les anti-choix.
06:42 Et je crois que cette défaite elle est très importante, à la fois pour nos enfants, petits
06:47 enfants arrière, petits enfants qui n'auront pas à revivre les supplices qu'ont vécues
06:51 celles avant nous, mais aussi évidemment pour le monde entier, notamment toutes les
06:54 femmes qui se battent dans le monde face à des régressions sur les droits des femmes.
06:58 Mélanie Vogel, vous qui êtes à l'origine de cette proposition de loi il y a 2 ans,
07:02 3 ans maintenant au Sénat, vous avez vu les doutes, les hésitations, les évolutions
07:07 à la Chambre haute ?
07:08 Absolument, la première proposition qu'on a mise aux voix d'ailleurs n'avait pas été
07:13 votée, enfin avait été rejetée, même si c'était avec une majorité étonnamment
07:17 courte.
07:18 Mais ce dont je me souviens très bien, c'est que quand j'ai proposé à mes collègues
07:26 de mettre aux voix une loi transpartisane pour introduire l'IVG dans la Constitution,
07:31 au Sénat en tout cas, puisque tout le monde voit la majorité au Sénat, évidemment qu'il
07:35 fallait qu'une partie de la droite change d'avis.
07:37 Tout le monde m'a dit "tu sais c'est impossible, c'est impossible, jamais le Sénat ne va voter
07:43 pour introduire le droit à l'IVG dans la Constitution, ça n'existe pas".
07:45 De tant que Gérard Larcher qui est président du Sénat, qui est un peu la figure tutélaire
07:49 de la droite, était contre, clairement contre.
07:52 Oui, Gérard Larcher était contre et je suis heureuse que nous ayons fait la démonstration
07:55 que Gérard Larcher tout seul ne décide pas de ce qu'il y a écrit dans la Constitution.
08:00 Mais ce qui a permis la victoire, c'est au fond à la fois le travail des parlementaires
08:06 qui ont poussé pour ce sujet de manière, je crois, intelligente, collective, sorore,
08:12 ce qui n'arrive pas tous les jours.
08:14 Mais ça a été une des conditions, la confiance qui s'est créée entre nous de la victoire.
08:18 Et ça a été la pression de la société, c'est-à-dire que jamais nous aurions eu
08:23 cette victoire s'il n'y avait pas eu dans la société une campagne qui a pris ce sujet
08:28 qui a pénétré les maisons, les foyers des sénateurs et des sénatrices de la droite
08:33 et du centre.
08:34 Et au fond, aujourd'hui, c'est la société française qui gagne.
08:36 Véronique Rieton, Gérard Larcher, formulez une série de doutes, une opposition, qu'on
08:44 peut regarder peut-être d'une manière philosophique quand il dit que la Constitution n'est pas
08:50 un catalogue de droits sociaux et sociétaux, qu'il faut toucher à ce texte-là d'une
08:56 main tremblante.
08:57 Comment avez-vous reçu ces mots ?
08:59 Moi, je crois qu'il y a un basculement.
09:02 C'est quand même le lendemain de l'annulation par la Cour suprême de l'arrêt et que deux
09:07 éléments aux États-Unis qui montrent que l'IVG est en danger de par le monde, mais
09:15 également au sein de l'Assemblée.
09:17 Lorsqu'on voit les débats, y compris à l'Assemblée nationale, en séance publique,
09:22 sur la façon dont les amendements ont été posés, sur le fait de vouloir dérembourser
09:28 l'IVG.
09:29 Au sein même de notre Assemblée, les débats ont démontré que l'IVG était menacée.
09:35 C'est l'ensemble de ces deux éléments qui font qu'il y a eu plusieurs initiatives
09:40 parlementaires.
09:41 Moi, je voudrais saluer aussi celle d'Aurore Berger et de Marie-Pierre Rixain, qui était
09:44 ma prédécesseure à l'Assemblée.
09:47 L'ensemble de ces initiatives ont permis à notre délégation, également à l'Assemblée
09:53 et au Sénat, de se saisir pour mettre un avis et travailler sur le principe même de
10:00 la constitutionnalisation.
10:01 Et de permettre, dans un moment où nous avons une majorité républicaine qui nous permet
10:09 de protéger ce droit au regard des femmes, c'est ce pas décisif, collectivement, que
10:15 nous avons fait, plutôt que de savoir si tel ou tel texte était en premier ou pas.
10:19 On va passer au Standard Inter, où nous attend Auriane.
10:23 Auriane, bonjour.
10:24 Oui, bonjour France Inter.
10:25 Bonjour mesdames.
10:26 Vous allez voter la constitutionnalisation de l'IVG.
10:27 Est-ce que cela va faciliter l'accès aux services dans les hôpitaux ?
10:34 Alors, ça, c'est la grande question.
10:37 Merci Auriane de la poser.
10:38 Qui veut répondre ? Mathilde Panot.
10:40 Bonjour.
10:41 Non, je crois qu'il y a encore beaucoup de combats à mener.
10:43 D'ailleurs, moi je suis intéressée de voir que, par exemple, Gérard Larcher, lorsqu'il
10:46 a dit qu'il ne voulait pas inscrire le droit à l'avortement dans la constitution, il
10:50 a dit en fait que le vrai combat à mener, c'est la question de l'accès et de l'effectivité
10:56 de l'interruption volontaire de grossesse, notamment en parlant des 130 centres IVG
11:01 qui ont été fermés en 15 ans.
11:02 Et aujourd'hui, c'est une fin…
11:03 Oui, c'était son argument.
11:04 Vous avez raison, c'était l'argument de Gérard Larcher.
11:05 C'est l'argument de Gérard Larcher qui doit changer de département pour avoir accès
11:09 à l'avortement.
11:10 Eh bien, nous nous en rappellerons.
11:11 Et lorsqu'il y aura le prochain projet de loi de finances, nous lui demanderons de mettre
11:16 des moyens pour que des centres IVG puissent réouvrir.
11:19 Donc ça, ça fait partie des combats qu'il faut continuer à mener contre la double clause
11:23 de conscience pour avoir un accès réel et effectif.
11:25 Et ça fait partie aussi de la lutte contre les antichoix qui ne cessent, et je veux leur
11:30 exprimer à ce micro ma solidarité, d'attaquer les centres de planning familiaux.
11:34 Agnès Canailler, sur notre auditrice, sur la question de notre auditrice.
11:38 Oui, juste pour dire qu'on est d'accord.
11:41 Le vrai enjeu, ce n'est pas tellement la constitutionnalisation, mais bien l'effectivité
11:45 de l'accès au droit à l'IVG.
11:47 Et ça, ce sont des moyens, on l'a dit, Mme Pannot, on l'a défendu au Sénat.
11:51 Il y a une mission au Sénat qui va réfléchir sur les solutions.
11:56 Et donc, je pense que collectivement… parce que le sujet, c'est avant tout comment défendre
12:01 ce droit fondamental.
12:02 Et là, je crois que nous sommes tous d'accord autour de cette table.
12:04 Ce droit fondamental de l'accès à l'IVG auquel nous sommes tous très attachés.
12:09 Alors, effectivement, il faut donner les chiffres.
12:11 130 centres pratiquant l'IVG ont fermé ces dernières années.
12:14 Et Mathilde Pannot, le chiffre est juste.
12:16 C'est-à-dire qu'il y a 17% de femmes aujourd'hui qui doivent, en France, changer
12:20 de département parce qu'il n'y a pas de centre où elles se font avorter.
12:23 Et qui donc doivent aller beaucoup plus loin, notamment dans les zones rurales, pour aller
12:29 trouver un centre d'IVG qui peut pratiquer l'avortement.
12:31 Donc oui, ça reste un chemin de croix aujourd'hui.
12:33 Constitutionnalisation ou pas ?
12:35 Absolument.
12:36 Je voudrais revenir en une phrase tout de même sur ce que nous faisons cet après-midi.
12:41 Quel va être l'impact ? Très concrètement, hier, il était possible en France d'interdire
12:48 ou de restreindre le droit à l'IVG.
12:50 À partir de ce soir, ce n'est plus possible.
12:53 Donc ce n'est pas seulement symbolique, c'est aussi quelque chose de très concret
12:57 qui va protéger définitivement le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes.
13:00 Sur la question de l'accès.
13:02 Ça a été effectivement, soudainement, la droite s'est intéressée à l'accès
13:07 à l'IVG quand ça pouvait leur servir de contre-argument contre l'introduction
13:12 dans la Constitution.
13:13 Alors moi, je me souviens des débats dans le dernier budget où j'avais déposé avec
13:18 mon groupe beaucoup d'amendements pour justement refinancer les centres qui fermaient.
13:22 Et que toute la droite, à l'unisson, a voté contre.
13:26 Donc je peux vous assurer, et Agnès Canailler j'espère que tu t'en souviendras quand
13:31 nous voterons le budget, que nous allons redéposer ces mêmes amendements pour refinancer
13:36 les centres et améliorer l'accès.
13:37 Et j'espère que cette fois-ci, la droite s'étant tellement passionnée pour ce débat,
13:41 elle va la voter massivement.
13:43 Agnès Canailler, votre réponse ?
13:45 Oui, je pense que le sujet c'est la désertification médicale.
13:51 Donc ce n'est pas simplement l'accès à l'IVG.
13:52 C'est parce que c'est compliqué aujourd'hui d'avoir un médecin et d'accéder à un médecin
13:56 sur le territoire français.
13:57 Donc le problème il est bien plus large aujourd'hui.
13:59 Et c'est là-dessus que nous devons travailler.
14:01 On retourne au Standard.
14:03 Brigitte, bonjour.
14:04 Bonjour.
14:05 On vous écoute.
14:06 Moi, je me pose la question du droit opposable et de la cause de conscience.
14:14 Première question, cette cause de conscience existe-t-elle encore en France ? C'est-à-dire
14:19 que le médecin dit « écoutez-moi, ma conscience m'interdit de pratiquer un avortement, donc
14:22 je ne le fais pas et donc je ne peux pas le faire, je ne le fais pas ». Et la deuxième
14:26 question c'est est-ce que le fait de l'inscrire dans la Constitution mettra fin à cette cause
14:30 de conscience ? Est-ce que c'est la même chose que le droit opposable ?
14:33 Merci pour cette question Brigitte.
14:35 Je donne la parole dans la foulée à Brice qui nous appelle des Piret les Oriental sur
14:41 le même thème, je crois.
14:42 Brice, bonjour.
14:43 Oui, bonjour.
14:44 Merci de poser ma question.
14:45 Je voulais juste d'abord dire que je considérais vraiment que ce qu'a fait Sophia Aram lundi
14:51 dernier était inacceptable et devait vraiment être mis en question.
14:54 Elle a manipulé des extraits audios de la cérémonie des Césars pour leur faire dire
14:58 ce qu'ils ne disaient pas.
14:59 Elle a manipulé vraiment tout ça pour s'indigner, pour l'indignation sélective alors qu'elle
15:05 est maintenant la maquière.
15:06 Ce n'était pas le sujet là.
15:07 Ce n'était pas le sujet, votre question.
15:08 Oui, ce n'était pas le sujet, mais j'en profite.
15:09 D'accord.
15:10 S'il vous plaît, votre question.
15:11 Ce qui n'est pas le sujet non plus, c'est une question que j'ai posée il y a longtemps
15:16 et qui s'adresse à vous, journaliste, c'est comment ça se fait que vous ne posez pas
15:19 la question à chaque fois à vos intervenants s'ils s'indignent et s'ils trouvent vraiment
15:24 inacceptables sans ambiguïté les atrocités du Hamas.
15:27 D'accord.
15:28 En fait, vous n'avez rien à dire sur l'IVG, monsieur.
15:30 L'IVG ne vous intéresse pas, Brice, on l'a bien compris.
15:33 Merci en tout cas d'avoir appelé France Inter ce matin.
15:38 Alors, sur la clause de conscience, qui veut répondre, Mélanie Vogel ?
15:43 Alors, le texte que nous votons cet après-midi ne remet pas en cause la clause de conscience.
15:48 Je sais que ça a été aussi utilisé comme un argument pour ne pas voter le texte.
15:52 Or, cela, effectivement, n'aura pas d'effet.
15:54 Je rappelle que dans le droit à l'IVG, il y a le respect de la dignité humaine, la
16:00 liberté de conscience et la liberté de la personne de recourir à l'IVG.
16:03 C'était cette dernière liberté qui n'avait aucune protection constitutionnelle.
16:06 Les deux autres ont une protection, c'est toujours la même.
16:09 Aujourd'hui, nous n'avons pas seulement une clause de conscience pour l'IVG, nous
16:12 avons une double clause de conscience.
16:14 La clause de conscience générale qui s'applique à tous les médecins de toute manière, qui
16:18 même si on n'avait pas mis la clause de conscience pour l'IVG dans la loi Veil,
16:21 s'appliquerait tout de même.
16:22 Et nous avons une double clause de conscience spécifique à l'IVG.
16:25 C'est le seul acte médical qui bénéficie de ce traitement et ce n'est pas normal.
16:30 Pourquoi ce n'est pas normal ?
16:31 Parce que sinon, vous arrivez à la situation que vous voyez en Italie, par exemple.
16:35 L'extrême droite, généralement, s'est attaqué directement aux lois sur l'avortement.
16:38 Ils commencent souvent d'ailleurs par la contraception, mais ils s'attaquent aux
16:41 lois.
16:42 Vous avez des manières plus pernicieuses de vous attaquer à l'avortement.
16:45 C'est ce qu'on voit avec l'extrême droite en Italie, où justement, par la question
16:49 de la double clause de conscience, par les clauses de conscience, vous vous retrouvez
16:53 en Italie avec 75% des professionnels qui ne pratiquent plus d'IVG.
16:58 Donc en fait, le droit à l'avortement existe toujours, mais il n'est plus garanti dans
17:02 son effectivité.
17:03 C'est pourquoi nous nous demandons l'abrogation de cette double clause de conscience.
17:07 Et je veux juste vous dire que j'espère que la victoire historique que nous allons
17:12 arracher aujourd'hui, on renverra à d'autres victoires.
17:15 Et notamment, je suis très heureuse que la semaine dernière, les Polonaises aient regagné
17:19 le droit à la contraception d'urgence qu'elles avaient perdue en premier, juste avant.
17:23 Oui, parce que la majorité politique a changé en Pologne.
17:26 Exactement, et notamment avec un fort taux de participation, grâce aux féministes.
17:29 Agnès Canailler, vous souhaitiez intervenir ?
17:32 Oui, juste pour rappeler quand même que la loi Veil, c'est un équilibre.
17:35 C'est un équilibre entre les droits d'accès à l'interruption volontaire de grossesse
17:38 et la clause de conscience des médecins.
17:41 Vous la comprenez, cette double clause de conscience des médecins pour l'acte de l'IVG ?
17:45 Tout à fait, et nous la défendons.
17:47 On a même souhaité qu'elle soit inscrite directement dans la Constitution pour être
17:50 au même niveau de protection que l'IVG.
17:53 Le gouvernement s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas de remise en question de cette
17:57 clause de conscience et nous y veillerons.
17:58 Véronique Rieton sur la clause de conscience.
18:00 Alors, moi je voudrais plutôt saluer le fait du cheminement de la loi et de la façon
18:06 dont on a répondu finalement aux objections et fait cheminer l'ensemble des parlementaires
18:15 et finalement l'avis du Conseil d'État aussi a permis d'appuyer cette dimension-là.
18:21 Oui, mais pardon, sur la clause de conscience, vous voyez bien qu'il y a une scission idéologique
18:27 sur la question entre la gauche et la droite.
18:29 Vous, vous êtes où ? Vous vous situez où sur la clause de conscience des médecins ?
18:32 Nous, on s'appuie sur l'avis du Conseil constitutionnel qui dit qu'elle n'est pas remise en cause
18:38 et que en ça, ça permet à cette loi de passer.
18:41 Moi, je voudrais rappeler, quand Martine Panot parle d'arracher finalement une victoire,
18:46 moi j'ai plutôt envie de saluer le collectif qui a permis d'avancer et non seulement aux
18:52 initiatives parlementaires mais aussi à la proposition du Président de la République
18:57 d'en faire un projet de loi et d'amener grâce aussi à la majorité, chacun des parlementaires
19:03 à changer d'avis.
19:04 Pour vous, c'est une victoire du Président de la République ?
19:06 Pour moi, c'est une victoire collective des parlementaires, des associations, d'un combat
19:11 féministe de longue date et de l'appui du gouvernement et du Président de la République.
19:16 Mathilde Panot ?
19:17 Oui, très rapidement pour répondre à votre question, Madame Salamé, puisque c'était
19:19 la question qui était posée dans la loi sur l'allongement des délais qui était porté
19:22 par Albane Gayot et donc où nous avons essayé de supprimer cette double clause de conscience
19:27 et à cette époque, les macronistes y étaient opposés.
19:30 Donc voilà la position de manière un peu plus claire peut-être.
19:35 C'est une victoire aussi du Président de la République, Mathilde Panot ?
19:38 La deuxième chose, c'est ce que j'allais dire, c'est que nous avons amorcé tout un
19:41 processus parlementaire qui fait suite à des décennies de lutte des féministes sur
19:46 cette question.
19:47 Mais je dois dire, pourquoi je dis « arracher » ? C'est que le 8 mars, le 24 novembre,
19:52 c'est le premier vote que j'ai eu l'honneur de porter à l'Assemblée.
19:54 Le 1er février 2023, le Sénat vote pour la première fois la constitutionnalisation
19:59 de l'avortement.
20:00 Le 8 mars 2023, c'est le moment où Emmanuel Macron fait un hommage à Gisèle Halimi et
20:06 promet la constitutionnalisation de l'IVG.
20:07 Et après, pendant des mois, nous avons pétitionné, manifesté, interpellé dans l'hémicycle
20:12 et plus rien.
20:13 Au point que dans la niche parlementaire du 30 novembre 2023, nous avions déposé avec
20:19 mon groupe, en accord avec les associations et les sénatrices qui portaient ce projet,
20:25 d'aller jusqu'au bout du processus parlementaire, y compris jusqu'au référendum, parce que
20:29 rien ne bougeait.
20:30 Et je crois que c'est notamment grâce à ça que nous avons réussi à arracher le
20:34 projet de loi gouvernementale.
20:35 Oui, sur la question « est-ce que c'est une victoire d'Emmanuel Macron ? »
20:39 Bon, d'abord, je pense que, moi en tout cas depuis le début, ça ne m'intéresse
20:44 pas de savoir qui va réclamer cette victoire, parce que ce qui m'intéresse c'est que
20:47 l'IVG soit dans la constitution.
20:48 Mais je pense sincèrement que depuis le départ, Emmanuel Macron n'avait pas vraiment envie
20:54 de mener ce combat et je crois qu'il était persuadé qu'au Sénat nous étions incapables…
20:58 En l'occurrence, pardon, il l'a mené.
21:01 Envie ou pas envie ? Il l'a pas mené.
21:04 Là, aujourd'hui, il aurait pu s'y poser.
21:07 Alors, la chronologie que vient de décrire Mathilde Panot est absolument exacte.
21:12 C'est-à-dire qu'au départ, le gouvernement, je pense, est convaincu que nous sommes incapables
21:17 de sécuriser une majorité au Sénat.
21:18 Donc se dit « je vais leur dire oui, mais de toute façon, elles n'y arriveront jamais.
21:22 Le Sénat ne votera jamais cela.
21:24 Et puis quand nous arrivons à voter au Sénat et que nous leur disons « écoutez les amis,
21:28 nous avons une majorité à l'Assemblée, nous avons une majorité au Sénat, faites
21:31 votre travail, proposez-nous un projet de loi », il se passe presque un an et on est
21:35 obligé de menacer le gouvernement d'aller au référendum pour qu'enfin un projet de
21:40 loi arrive.
21:41 Je pense que si nous y sommes arrivés, c'est parce qu'il y a eu des femmes parlementaires
21:45 qui ont été capables de se mettre de côté à un moment donné pour essayer de chercher
21:48 la meilleure stratégie pour que ça fonctionne.
21:50 Et moi, à la fin, vous savez, si Emmanuel Macron revendique la victoire, ce qui était
21:54 aussi une stratégie, leur dire « écoutez, faites-le, on va vous applaudir, allez-y,
21:58 faites-le », moi, ce n'est pas grave.
22:00 Vous applaudirez.
22:01 Véronique Rioton, qu'est-ce que vous répondez à ça ?
22:04 Moi, ce que je veux répondre, c'est qu'au final, on a réussi à créer une large coalition
22:09 et je crois que dans ce jour qui s'impose à nous, c'est ce qu'il faut défendre
22:13 et que le temps qui a permis une écriture qui rassemble tout le monde, ce temps de l'écriture,
22:19 c'est aussi un temps qui a permis de convaincre en interne.
22:23 Et moi, je voudrais saluer aussi le travail des deux délégations, à l'Assemblée
22:27 et au Sénat, avec un travail militant pour aller chercher chacune des personnes et que
22:32 cette écriture, elle répond au temps long et qu'il ne s'agissait pas de dépasser
22:38 des contraintes qui ne permettraient pas ça.
22:41 Moi, je salue plutôt finalement cette large coalition.
22:44 C'est la trice à l'heure.
22:45 C'est la trice qui a évolué, qui a changé d'avis.
22:48 Oui, mais si nous avons évolué, c'est aussi parce que, je l'ai dit, c'était
22:52 d'origine gouvernementale.
22:53 Donc, je ne sais pas si c'est grâce au Président de la République.
22:56 Je sais que le 8 mars, on aura le droit à une grande fête symbolique pour la journée
23:01 de la femme de récupération.
23:02 Mais ce que je veux dire, c'est que d'un point de vue, si ça en était resté simplement
23:06 à des initiatives parlementaires, on ne serait jamais arrivé aujourd'hui à la
23:10 constitutionnalisation.
23:11 C'est bien parce qu'on est face à un projet.
23:13 C'est bien parce que le gouvernement a repris ce sujet à son compte.
23:16 Merci à toutes les cadres.
23:17 Merci à vous les 4 femmes.
23:18 Allez-y, allez-y.
23:19 Juste un mot, je pense qu'on peut tout de même se féliciter d'avoir dépassé
23:26 les clivages pour se fédérer autour d'un objectif commun et contre l'extrême droite.
23:31 Ça me paraît important qu'on le redise ce matin.
23:33 Et je voulais relayer une initiative de la Fondation des femmes qui met un écran géant
23:38 cet après-midi sur la place du Trocadéro à 15h30 pour que l'ensemble des citoyens
23:43 puissent regarder cet événement.
23:44 Ça c'est bien de le dire, effectivement.
23:46 On ira le voir en écran géant.
23:49 Mais pardon, il faut reconnaître, soyons justes, le Rassemblement national, en l'occurrence,
23:56 ne s'est pas opposé.
23:57 Par pur opportunisme politique.
23:59 Non, non, pas entièrement, Madame Salamé.
24:01 Juste, quand même, il faut le dire, vous avez encore des députés RN qui considèrent
24:04 que l'avortement est un meurtre de masse et comme la Shoah, comme le génocide.
24:09 Ils vont voter quoi cet après-midi ?
24:11 Et bien, ils ne vont pas voter de manière unique.
24:13 Justement, regardez.
24:14 On va regarder.
24:15 Merci à toutes les quatre.
24:16 Certains ne votent pas pour, je vous assure.
24:17 Mélanie Vogel, Mathilde Panot, Véronique Riotton, Agnès Canailler.
24:21 Merci d'avoir été à notre micro.
24:23 8h47.

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