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00:00 Mathieu Baudin, merci beaucoup d'être avec nous.
00:06 Vous êtes le directeur de l'Institut des Futurs Souhaitables.
00:09 Avant de vous faire réagir sur tous les échanges que vous avez suivis avec attention,
00:13 je vous ai vu prendre des notes, est-ce que vous pouvez en quelques mots nous expliquer
00:16 déjà ce qu'est l'Institut des Futurs Souhaitables, quel est son ADN, quelles sont ses missions ?
00:20 Oui, avec plaisir.
00:22 Déjà, c'est marqué dessus ce qu'on fait, l'Institut des Futurs Souhaitables.
00:25 Donc, on fait de la prospective.
00:26 C'est tard d'imaginer les futurs qui ont été créés, pensés par Gaston Berger dans
00:31 les années 50, dans un temps de résilience après la Seconde Guerre mondiale.
00:34 Et puis, on fait de la prospective, on adresse l'horizon, la question que vous vous êtes
00:38 posée ce matin.
00:39 Et les vertus de l'horizon, pour nous, la seule manière de prendre du recul, c'est
00:44 justement d'éloigner l'horizon.
00:45 Et donc, le futur, c'est un immense prétexte à faire un détour pour mieux revenir dans
00:49 l'ici et le maintenant et dans l'action, pour changer les choses, pour aller dans un
00:53 futur qui est autre que celui dont on a peur ou celui qui nous est décrit en boucle sur
00:57 les chaînes, notamment d'Info en continu.
00:59 On voit de quoi vous parlez.
01:02 Et donc, vous intervenez.
01:03 C'est parce que je suis à l'opinion.
01:04 Donc, pour le coup, on n'a pas parlé des médias, mais il y a quand même une responsabilité
01:08 des médias dans cette aventure.
01:09 Si vous rejoignez l'aventure pour nous dire que c'est plutôt une nouvelle renaissance
01:14 qu'une érosion manifeste, il y a quelque chose qui va se passer aussi.
01:17 Les entreprises, là, moi, je me suis régalé ce matin.
01:20 J'ai pris des notes, à plus avoir qu'en faire.
01:22 J'ai merci d'être là déjà aussi nombreuses.
01:26 C'est déjà un signe que le sujet ce matin intéresse, que vous êtes partie prenante
01:31 de quelque chose qui est bien plus grand que vous.
01:32 Vous êtes énormément.
01:33 J'ai pris une photo, il n'y a plus une place.
01:35 J'étais là-bas, les gens venaient en retard.
01:37 Ils s'excusaient de ne pas avoir vécu dès le départ.
01:40 Il y a quelque chose de… Vous voulez être là.
01:42 Donc, moi, je vous sens les chevilles œuvrières de quelque chose de bien plus grand que la
01:47 somme des parties.
01:48 On est rentré dans autre chose dans la RSE.
01:51 Ce n'est plus seulement la gestion des risques, c'est la participation à une métamorphose
01:55 de monde.
01:56 Et là, on rentre dans le dur.
01:58 Et moi, ce que j'ai ressenti ce matin, c'est qu'on était rentré dans le dur.
02:01 Donc, juste à l'Institut, je n'en ai pas parlé, c'est mon style.
02:04 On fait de la formation.
02:05 Vous avez bien noté que ce format est important.
02:08 Et en fait, on fait tous les six mois un voyage vers le futur qui est un prétexte.
02:13 J'ai 150 intervenants de plein de domaines différents avec des gens comme vous qui
02:17 ont bien compris que s'il ne change pas, on va droit dans le mur, mais qui sont perdus
02:21 sur l'immensité des choses à faire.
02:23 Eh bien, on sera serein.
02:24 On n'est pas les seuls à penser ça.
02:25 Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y a plein de choses qui se font, plein de gens
02:29 qui font.
02:30 Il y a plein d'expériences cumulées depuis 25 ans.
02:32 Parce qu'on n'est pas des hérétiques d'il y a 25 ans.
02:34 On est des gens chevaleresses et chevaliers de quelque chose encore une fois de bien plus
02:37 grand.
02:38 Alors, vous l'avez dit, vous l'avez senti cet enthousiasme, cette volonté d'agir.
02:42 L'enthousiasme, je ne l'ai pas senti.
02:45 La volonté ?
02:46 J'ai senti la peur.
02:47 J'ai senti le risque.
02:48 Uniquement ?
02:49 Ah non, non, pas uniquement.
02:50 En filigrane, on est ému par autre chose.
02:52 On ne serait pas là que par la peur.
02:53 Mais j'ai vu ce matin, parce que moi, je fais de la prospective depuis le 20e siècle.
02:57 J'avais fait un DEA, si vous voulez dire, c'est un peu le niveau.
03:00 Développement durable, Effets de mode ou projet d'avenir en 98 au CNAM.
03:04 Et donc, en partie, j'avais vu un certain nombre des groupes et je vois bien qu'il
03:08 y a quelque chose qui a changé.
03:09 Ça, c'est cool.
03:10 Mais j'ai travaillé pour l'armée aussi.
03:12 Ce matin, le début, c'était la scindinique.
03:14 La scindinique, c'est la science du danger.
03:16 C'est un truc qui est des militaires pratiques.
03:17 Il y avait beaucoup de risques, risques, risques, risques.
03:20 Et vous avez raison.
03:21 Mais le risque, comme la peur, ça n'évite pas le danger.
03:24 Donc la scindinique, elle n'est pas si forte que ça pour passer au-delà du danger.
03:28 Par contre, l'horizon, lui, il est très utile pour passer les dangers.
03:32 Et c'est Alexia Barrière qui me l'a dit.
03:35 Alexia Barrière, elle est skippeuse.
03:36 Elle a fait le Vendée Globe.
03:37 C'est la 9e femme à avoir réussi le Vendée Globe.
03:40 Et à la fin, elle s'est cassée une vertèbre dans les 10 derniers jours.
03:43 Elle n'avait qu'une manœuvre à faire pour rejoindre.
03:44 Ça veut dire que si elle a peur, elle a dû la traverser.
03:47 Déjà, 110 jours tout seule, moi, ça me fait peur.
03:49 Quel que soit le truc, sur un bateau, encore plus.
03:51 Et au milieu de l'océan, c'est peu dire.
03:53 Et elle dit, la solution quand la peur arrive, en fait, pour elle, c'est une information.
03:57 C'est que quelque chose doit être adressé.
03:59 Donc elle fait un screen.
04:01 Elle voit bien et elle chance qu'elle va changer.
04:03 Mais ce qui meut pour dépasser la peur, elle nous le dit, c'est justement l'horizon.
04:07 Quand l'horizon est clair, et vous voyez bien qu'il n'est pas si clair que ça, c'est
04:11 une étoile, c'est quelque chose d'au-delà.
04:14 Quand c'est clair qu'elle veut aller là-bas, la tempête est quelque chose à traverser.
04:19 Et même si elle est en forme, elle peut traverser la tempête pour gagner de la vitesse.
04:22 En gros, si l'horizon est clair, il y a des cas stratégiques qui peuvent changer.
04:25 Et donc, en partie de ce matin, mon retour, c'est qu'on n'a pas parlé d'horizon.
04:31 On a parlé d'enjeu, de challenge, de priorité, de sujet qui arrive.
04:36 Mais l'horizon, c'est le truc qui est au-delà de tout ça.
04:39 On a parlé de tempête.
04:41 Et donc, pour moi, si je peux utiliser d'un jeu de mots, les horizons, les nouveaux horizons
04:46 de la RSE, c'est justement la question de l'horizon.
04:49 On va où et on va où ensemble ? Et à quoi on répond en faisant quoi ? Et ça, c'est
04:54 la grande valeur, à mon avis, de la prospective, c'est qu'on se raconte des histoires.
04:59 Et se raconter des histoires, on le fait depuis la nuit des temps, nous les humains, on est
05:03 une espèce fabulatrice.
05:04 On se raconte des histoires avec une telle force qu'on arrive à changer la destinée
05:08 des civilisations.
05:09 La dernière grande histoire qu'on s'est racontée ensemble, c'est qu'on s'est dit en 1700,
05:13 à la fin du XVIIIe siècle, que les hommes, les humains, naissaient libre égo en droit.
05:16 Avant, ce n'était pas le cas.
05:17 Et après, ça a structuré.
05:20 250 ans, on est encore les produits de ça.
05:21 Donc, en filigrane de cette matinée de notre époque, c'est quelle histoire on se raconte
05:25 ensemble pour aller où ? Et donc, adresser la question des histoires, de l'horizon,
05:29 de la transcendance, et pour moi, ce qu'on pratique à l'Institut des Futurs Souhaitables.
05:34 C'est très clair.
05:36 Alors, à l'Institut des Futurs Souhaitables, vous intervenez auprès d'entreprises, notamment
05:40 comme des entreprises qu'on a pu voir ce matin témoigner.
05:44 Qu'est-ce qui ressort le plus de leurs réflexions ? Qu'est-ce qu'ils vous disent ? Il faut
05:50 qu'on y aille de toute façon, on n'a pas le choix, on ne sait pas comment faire.
05:53 C'est la peur qu'on a sentie ce matin.
05:55 Vous ressentez aussi quand vous y allez ?
05:56 Alors, ça a évolué.
05:58 En fait, la peur, elle est adressée par l'époque.
06:01 Il y a quelque chose qui nous tétanise dans l'époque.
06:03 On avait même oublié la guerre froide et la perspective d'un missile Satan 2 qui
06:07 prend 200 secondes pour aller de Moscou à Paris, ça nous réveille ça.
06:10 Donc, c'est normal qu'on soit dans la peur.
06:11 En plus, avec une difficulté entre l'équation fin du monde et fin du mois, il n'y a personne
06:16 qui a trouvé encore la bonne formule mathématique.
06:18 Il y a des tensions, il y a des dissonances.
06:20 Donc, c'est normal qu'on ait peur.
06:21 On citait Gramsci, je pense que c'était plutôt Alain qui avait dit la phrase, mais
06:27 Gramsci, lui, il disait « Un monde se meurt et un autre tard à apparaître et dans ce
06:29 clair-obscur apparaissent des monstres ». C'est vrai que tous les jours, dans vos
06:33 journaux, en tout cas, on voit beaucoup les monstres.
06:36 C'est normal parce que dans les zones Notre-Deux, ils sont toujours là.
06:39 Donc, toutes les boîtes, toutes les structures, mais toutes les organisations politiques doivent
06:43 traverser cette peur-là.
06:44 Et moi, j'ai pas mal d'intervenants.
06:47 Il y en a un notamment, il est alchimiste, vieille tradition d'avenir, qui nous dit
06:52 que le chaos, on n'a pas le choix, on doit le traverser.
06:55 Par contre, on a le choix de l'énergie pour traverser le chaos.
06:58 Donc, en gros, toutes les difficultés qui vont arriver, on va devoir les traverser.
07:02 Il y a assez peu de gens qui peuvent se dire « Moi, la métamorphose du monde, je la laisse
07:05 passer, je la récupère après ». Par contre, on a l'énergie pour traverser ça.
07:09 Donc, il y a l'énergie de vie et l'énergie de mort.
07:11 Et s'il y avait une partition, et moi, je l'ai bien senti en filigrane ce matin, c'est
07:16 à quoi on contribue en faisant tout ce que vous faites ? Et encore une fois, bravo pour
07:19 faire tout ce que vous avez à faire.
07:20 Et le chantier est immense et la réglementation va encore augmenter vos chantiers.
07:25 Donc, bravo, restez là, on a besoin de vous.
07:28 Par contre, à quoi on contribue en faisant ça ? Ça, c'est la question.
07:32 Et je pense que la partition, c'est Patrick Vivray qui disait ça il y a très longtemps,
07:35 s'il y avait une partition dans le monde, c'est entre ceux qui participent de la logique
07:39 de mort et ceux qui participent de la logique de vie.
07:41 Je vois que Jacques Attali parle d'une économie de la vie et d'une économie de la mort.
07:44 On voit bien que l'économie régénérative portant, elle, le mot de remettre de la vie
07:49 là où il y avait de la mort, en gros, c'est ça qu'on est en train de faire.
07:51 On est en train de faire une bifurcation.
07:54 Si on ne change pas, on sent bien que ça va aller dans une impasse.
07:57 On commence à sentir qu'il y a plus de risques à ne pas bouger qu'à bouger.
08:00 Mais par contre, on a une autre difficulté, et ça, je l'ai bien senti aussi, c'est
08:04 que ce n'est pas parce qu'on sait qu'on fait.
08:05 Ça, c'est la grande tristesse de la prospective.
08:07 Sinon, vous arrêterez tous de fumer.
08:09 Et dans la salle, j'imagine qu'il y en a qui savent que ce n'est pas bien de fumer.
08:11 Et pourtant, ils continuent.
08:13 Donc, il ne suffit pas de savoir pour faire.
08:14 Donc, comment on fait pour donner envie de faire ? C'était ça la problématique de
08:18 ce matin.
08:19 Et c'est en fonction de la grandeur du chiffre d'affaires, du niveau d'acceptation.
08:25 J'ai adoré quand les consommateurs sont attentifs.
08:27 C'est déjà mieux que rétif.
08:30 On avance.
08:31 Il y a 25 ans, c'était un peu rétif.
08:33 On était des hérétiques.
08:34 Il y a quelque chose qui n'est en train de bouger pas assez vite par rapport à l'irréversibilité.
08:37 Mais il n'empêche, on est proche d'un moment, d'un momentum où soit on va dans la grande
08:43 métamorphose, soit on va dans le chaos.
08:45 Raconter le chaos, ce n'est même pas drôle tellement que c'est toujours comme ça qu'on
08:48 a fait.
08:49 Ce que moi, j'aimerais vous partager, c'est que chaos ou pas, après, on fera ce dont
08:54 on a parlé ce matin.
08:55 Pourquoi ? Parce que ce n'est pas du militantisme, ce n'est pas une formation politique de la
08:59 RSE, c'est de la survie.
09:00 C'est de la survie intelligente, humaine, pour vivre en équilibre avec une biosphère.
09:04 Donc, c'est hors propagande.
09:07 Il y a quelque chose de l'ordre de l'intelligence.
09:09 Et donc, moi, ce que je pense, c'est qu'on est, je suis historien à la base, on vit une
09:14 nouvelle Renaissance.
09:16 Et à la Renaissance, en fait, les renaissantes et les renaissants ne se sentaient pas en Renaissance.
09:19 Le temps de la Renaissance, ils se sentaient dans une multicrise.
09:22 C'était une crise culturelle, il y avait des guerres de religion, une crise topographique.
09:26 La Méditerranée n'était plus le centre de tout, il y avait un nouveau monde qui apparaissait.
09:28 Tout était en train d'être mis à bas et il y a des nouvelles choses arrivées.
09:32 Et c'est les modernes, une fois installées dans leur époque, qui ont dit que cette zone
09:36 noire s'est appelée la métamorphose.
09:38 Moi, je pense qu'on vit une métamorphose mais qu'on en a conscience.
09:41 Et c'est bien la première fois que l'humanité a conscience de cette métamorphose, de cette
09:44 nouvelle Renaissance.
09:45 Et donc, on peut y participer.
09:47 Donc, tout ce que vous avez dit ce matin, en fait, vous répondez à vos petits-enfants
09:51 qui vous raconteront un jour, papy, mamie, t'as fait quoi dans la grande métamorphose ?
09:54 Et vous êtes en train, ce matin, de vous dire ensemble ce que vous allez leur répondre.
09:58 Alors, quelles idées reçues vous entendez quand même de la part des entreprises et
10:04 personnes auprès desquelles vous intervenez, que vous œuvrez à déconstruire pour justement
10:08 aller pas vers le chaos ?
10:10 C'est plus des idées reçues, mais ça reste des difficultés.
10:13 Réhabiliter le temps long, tout le monde est d'accord.
10:16 Mais, ma bonne dame, il y a des actionnaires, il y a…
10:21 D'autres objectifs.
10:22 Il y a CNews.
10:23 On va se le dire, on va commencer à nommer aussi les problèmes.
10:27 On n'engage que vous.
10:29 Ah, mais ça n'engage pas que moi.
10:31 Là, je peux le dire.
10:32 Je peux le dire.
10:33 Déjà, on est déjà quelques-uns à penser qu'il faut vraiment faire autre chose de
10:37 notre vie que de regarder ça.
10:39 Donc, il y a aussi cette idée-là.
10:41 Réhabiliter le temps long dans les décisions présentes, même l'État le sait.
10:45 Pour autant, on n'a plus de commissariat au plan, on n'a plus de conseil d'analyse
10:49 stratégique, on a France Travail.
10:50 On a la PSUS, on a France Stratégie, on a aussi France Travail.
10:53 C'est autre chose.
10:54 Un autre sujet.
10:55 Notez que sur France Travail, si on dit en boucle, puisqu'on parle vrai, que France
10:59 Travail c'est un ramassis de feignasses ou que France Travail c'est le plus grand
11:01 incubateur de startups d'Europe, le regard qu'on porte sur les choses est important
11:05 pour la suite de la discussion.
11:06 Et moi, je pense que c'est le plus grand incubateur de startups d'Europe, puisque
11:11 ça nous a permis de faire l'Institut des Futurs Souhaitables.
11:12 Merci à eux.
11:13 Merci.
11:14 Voilà.
11:15 Donc, je ne sais plus quelle était la question.
11:17 On parlait pas des idées reçues.
11:19 Oui.
11:20 Non, sur les idées reçues, il y en a de moins en moins.
11:24 On sent bien qu'il faut changer.
11:25 Les blocages.
11:26 Mais plutôt, oui, ils sont déboussolés, ils sont désorientés.
11:29 C'est pour ça que les horizons, c'est important.
11:31 En fait, la question, c'est la question de la boussole, pas tant des caps stratégiques.
11:35 D'ailleurs, vous avez vu que la destination est redevenue d'actualité.
11:38 Ça ne vous a pas échappé que le nombre des partis politiques ont changé.
11:41 Certains s'appellent justement nouveaux horizons, enfin, horizon, en l'occurrence,
11:45 Renaissance, l'avenir en commun.
11:46 Avant, c'était les républicains, les socialistes, c'était les communistes.
11:50 Ça a amendé un chemin qui n'était pas questionné.
11:52 Là, on re-questionne le chemin.
11:54 Ce n'est plus la fin de l'histoire.
11:55 En fait, il y a une histoire après la fin de l'histoire.
11:57 Il ne suffit pas de proroger un système triomphant à l'entièreté d'une planète.
12:01 Pourquoi ? Parce que dans cette équation qui est héritière du XXe siècle, de la
12:04 deuxième partie, on a oublié la biosphère.
12:06 On pensait qu'elle était infinie, abondante et en plus à notre disposition puisqu'on
12:10 s'était mis au centre du game à la Renaissance.
12:12 Là, ce qu'on doit faire dans cette nouvelle Renaissance, c'est peut-être finir la
12:15 Renaissance copernicienne.
12:16 À la Renaissance, on a eu l'humilité de mettre la Terre une parmi le cosmos.
12:21 C'était déjà pas mal, on était au centre du jeu.
12:23 Mais par contre, on n'a pas eu l'humilité de nous mettre, nous, humains, au milieu
12:27 de… On s'est mis au milieu de la biosphère, on ne s'est pas mis un en symbiose avec
12:31 le vivant.
12:32 C'est ça qu'on est en train d'accomplir.
12:33 On se repositionne autrement pour aller ailleurs, dans un seau qualitatif de civilisation qui
12:38 est peut-être aussi ce qui nous attend.
12:39 Ce n'est pas une érosion.
12:40 On va devoir perdre des choses, peut-être que ce sont des choses dont on n'a pas besoin
12:43 qu'on va perdre.
12:44 Faire moins pour aller vers du mieux, il y a quand même deux injonctions.
12:48 On se concentre beaucoup sur le moins, il est peut-être temps de se concentrer sur
12:51 le mieux.
12:52 C'est de ça dont est porteur aussi la Madame et le Monsieur RSE qui changera de nom encore
12:56 mille fois, mais on sent bien que la tessiture sera toujours la même.
12:59 On va remettre de la vie là où on a causé la mort par défaut de connaissances.
13:03 C'est une façon de repenser la stratégie, de changer un peu son logiciel, de ne plus
13:10 être dans quelque chose d'anxiogène.
13:12 Est-ce que vous avez quelques outils concrets à nous donner ?
13:17 Absolument.
13:18 J'ai un entrepôt d'armes de construction massive à disposition.
13:21 N'hésitez pas.
13:22 C'est aussi ça qu'on produit à l'Institut des Futurs Souhaitables.
13:25 Plein de choses à faire ici et maintenant dans chacun de vos périmètres.
13:28 On voit bien qu'on est fractal.
13:29 On est dans notre périmètre de vie, de commune.
13:33 Dans notre périmètre Kering, c'est un autre périmètre bien plus grand, mais l'Europe
13:36 est encore plus grande que Kering.
13:37 Jusqu'à maintenant, en tout cas.
13:40 Je ne sais pas si je souhaite que l'un soit au-dessus de l'autre.
13:43 En tout cas, il y a de la puissance à faire.
13:45 On a une programmation libre et ouverte.
13:49 Là, je fais de la publicité gratuite, qui s'appelle Épopée.
13:52 On a six fois par mois des choses qu'on donne à toutes celles et ceux qui veulent participer
13:57 à cette métamorphose.
13:58 On a ces armes de construction massive.
14:00 Je vous en donne une, qui est pour moi à la fois poétique, c'est une poétique de
14:04 l'action.
14:05 Je suppose que dans vos grandes structures, comme dans vos vies, vous n'avez jamais le
14:08 temps de faire les choses.
14:09 On est d'accord ou pas ? En tout cas, jamais le temps de faire les choses essentielles
14:13 a posteriori.
14:14 On voit que c'est celles-là qui méritaient peut-être plus de temps que d'autres.
14:17 Faites-vous des cadeaux de temps.
14:19 Cadeau de temps, c'est que vous prenez quelqu'un que vous aimez bien et vous lui dites « Dans
14:22 trois mois, on se voit ». Puisqu'il vous aime bien, il le note dans son agenda.
14:25 Vendredi, 15h30, 17h30.
14:27 Et le 10 vendredi, dans trois mois, au matin, vous l'appelez en disant « On ne va pas
14:31 se voir cet après-midi, je te fais un cadeau de temps.
14:33 Tu as deux heures pour faire quelque chose que tu n'as jamais le temps de faire.
14:36 » Et là, il a deux exercices philo à faire.
14:38 Un, il fait tous les trucs dont il n'a pas le temps de faire et déjà en prendre conscience,
14:42 c'est déjà quelque chose, même si on sait qu'il ne suffit pas de savoir pour
14:45 faire, dont acte.
14:46 Et il a trois heures pour choisir celui qu'il va achever, accomplir.
14:50 S'il a fait ça, il le fait à quelqu'un d'autre et la chaîne de bonne volonté continue.
14:54 Faites-le à votre PDG.
14:56 Il appréciera.
14:57 Moi, je l'ai fait à un secrétaire d'État.
15:01 Il m'a remercié.
15:03 Ce que je veux dire, c'est que même ça, cette idée qu'on n'a jamais le temps
15:07 pour aller à l'essentiel, on peut se réapproprier le temps justement en faisant de la mise
15:13 en action qui est bien votre question au quotidien, la mise en action.
15:16 Et on voit bien que le faire, ça a une vertu.
15:17 Le faire, les psys nous le disent, la seule manière pour sortir de la dépression, c'est
15:21 de faire.
15:22 Aussi petit soit le périmètre.
15:23 Le faire, ça a une vertu, c'est que ça nous donne envie de faire encore, de faire
15:27 avec et de faire encore plus.
15:29 Et donc, commencez.
15:30 Alors, peut-être pas par les bouchons, même si c'est important et merci.
15:33 Peut-être que comme vous êtes puissants, on peut commencer à faire ou continuer à
15:36 faire un peu plus puissamment.
15:37 Mais en tout cas, la vertu du faire est importante.
15:40 C'est la seule qui nous permet de dire on n'est pas dans une érosion, on est dans
15:43 une aventure, ce qui est moi mon propos.
15:45 Et je pense qu'on est dans vraiment une nouvelle renaissance et on pourrait être
15:48 les chevaleresses et les chevaliers de cette métamorphose.
15:51 Je vous dis chevaleresse parce que c'est un mot que j'ai cherché toute ma vie.
15:54 Et en fait, pour le coup, je suis historien.
15:56 J'avais cavalier, ça marchait pas.
15:58 Chevalier, ça faisait vraiment trop bague.
15:59 Alors qu'il y a un mot qui existe, chevaleresse.
16:02 Il n'y en a qu'une qui est restée dans la mémoire de notre histoire de France, c'est
16:06 Jeanne d'Arc.
16:07 Parce que vous la voyez justement en épée et en combat.
16:10 Les autres, elles ont été rayées.
16:12 Elles ont été cancelled.
16:13 Mais il y en a d'autres.
16:14 Il y a Jeanne de Toscane notamment, que je cite.
16:16 Je balance.
16:17 Jeanne de Toscane.
16:18 On est recherchée.
16:19 Terrible.
16:20 Très bien.
16:21 Est-ce qu'on se garde quelques minutes quand même pour d'éventuelles questions de la
16:27 salle ?
16:28 Des partages.
16:29 S'il y en a, oui.
16:30 Des partages de témoignages, effectivement.
16:31 Peut-être des réflexions.
16:32 Peut-être que certains d'entre vous ont déjà pris rendez-vous avec des amis.
16:36 Puis finalement, ils ont appelé pour dire je ne viendrai pas.
16:39 Est-ce que certains d'entre vous veulent échanger ?
16:41 Il y en a de faux pour les tables rondes.
16:42 Ça s'appelle le no show.
16:43 Il en reste.
16:44 Moi, je trouve ça dingue.
16:45 Vous n'en avez pas beaucoup de no show.
16:46 Non.
16:47 Est-ce qu'il y a des questions si je me déplace ?
16:52 Ou des réactions.
16:53 Ou des réactions ou des partages.
16:55 Vous dites bonjour ou c'est une question ?
16:58 Cécile, tout au bout à gauche, la dame.
17:07 Bonjour.
17:08 Merci à tous pour vos présentations et pour votre transparence.
17:13 Je dirige le label « Dots en confiance » qui est un label qui reconnaît les associations
17:22 et les fondations qui adhèrent à notre charte de déontologie pour que le donateur puisse
17:28 donner en confiance.
17:29 Aujourd'hui, au « Dots en confiance », on travaille justement sur l'aspect RSE et
17:33 on se questionne de savoir comment on peut challenger les associations et les fondations
17:37 là-dessus.
17:38 Ma question, c'est en tant qu'on a beaucoup parlé des consommateurs, mais vous êtes
17:42 aussi certainement donateur.
17:43 J'aimerais savoir en tant que donateur ce qui vous interpelle quand vous donnez et est-ce
17:48 que vous prêtez attention à la démarche RSE des associations et fondations ? Merci.
17:52 Là, elle parle à Kering.
17:55 Là, pour le coup, je donne, mais ce n'est vraiment pas assez suffisant pour que ce soit
18:02 même conséquent.
18:03 Moi, la RSE, de toute façon, m'intéresse en toutes choses et en tous lieux parce que
18:07 c'est un signe d'intelligence qu'on a saisi l'époque de faire de la RSE.
18:14 Parce que pour moi, depuis le départ, c'est ça mon mémoire, si vous voulez.
18:19 L'idée du mémoire, c'est qu'en 99, c'est que la RSE, le développement durable à l'époque,
18:24 ce n'était pas un objectif, c'était le substrat sur lequel il faut tout réinventer
18:28 si on ne veut pas aller vers des scénarios dystopiques.
18:30 En gros, c'était un truc post-partisan.
18:32 Ce n'était pas un truc de droite, de gauche, de privé, de public.
18:35 C'est de celles et ceux qui voulaient être d'un monde vivable, ensemble et pas seulement
18:39 qu'entre humains.
18:40 Donc, finalement, il y a quelque chose d'être très enthousiaste.
18:43 La seule difficulté de ce truc-là, c'est qu'il faut du temps pour comprendre ça.
18:47 Et donc, ça fait 25 ans déjà, ça fait une génération humaine et les irréversibilités,
18:52 elles, elles vont bien plus vite que la prise de conscience.
18:54 Donc, elles se branchent où, la prise de conscience ? Elles se branchent ici et maintenant
18:57 parce qu'on n'a vraiment plus le temps, pour le coup.
18:59 Donc, il faut rentrer dans le dur.
19:01 C'est pour ça que ce matin, j'ai vraiment ressenti qu'on est rentré dans le dur et
19:04 c'est bon signe.
19:05 Et j'en finis.
19:06 Chopin a dit qu'il y a trois moments pour une révolution.
19:09 La première, on est ridicule.
19:10 C'était depuis 40 ans.
19:12 Ensuite, c'est dangereux.
19:13 C'est ça.
19:14 On est à ce moment-là dans le dur.
19:15 C'est dangereux.
19:16 Et après, c'est évident.
19:17 Écoutez, dans 20 ans, on se donne rendez-vous ici.
19:19 On verra si c'est évident ce qu'on se raconte.
19:21 Pour l'instant, c'est dangereux et c'est bon signe.
19:22 Ça veut dire qu'on est dans une aventure.
19:24 Mathieu l'a dit, on n'a plus le temps.
19:26 On va prendre une question.
19:27 Oui, bonjour.
19:28 Merci à vous et à vous tous.
19:30 Moi, je m'occupe d'un club de femmes qui investissent dans l'innovation et j'ai trouvé
19:34 que ce matin, il y avait un grand absent dans tous les mots prononcés.
19:37 C'est le digital.
19:39 Tout le monde ne parle plus que digital.
19:42 Or, c'est un impact majeur sur l'avenir de notre planète.
19:45 Donc, j'aimerais avoir votre regard là-dessus.
19:48 Mathieu, vous avez quatre heures.
19:51 Vous avez une minute.
19:53 Déjà, le mot digital, moi, je trouve ça génial.
19:55 Il n'y a rien de tangible dans le digital et pourtant, nous, on a voulu rappeler qu'il
19:59 y avait quelque chose de digital.
20:01 Mauvaise traduction numérique, je crois.
20:02 En tout cas, moi, ça fait longtemps que l'IA générative, je l'attends.
20:06 Pourquoi ? Pour sublimer ce que l'humanité a de meilleur.
20:08 Parce qu'elle n'est pas forcée non plus de répliquer toutes nos bêtises.
20:11 Elle peut aussi prendre ce qu'on a de meilleur pour essayer de le transcender, pour le passer.
20:16 Il y a une révolution technologique que j'attends encore plus que l'IA générative.
20:19 C'est la capacité, avec une petite oreillette, de pouvoir apprécier la blague d'un Maori
20:24 dans le texte.
20:25 Ou d'un Japonais.
20:27 S'ils font des blagues.
20:28 Pour le coup, parce que je pense qu'une partie des solutions, en fait, elles sont
20:33 déjà là.
20:34 C'est juste qu'on n'y a pas accès.
20:35 Regardez comment les Kogi, donc ces peuples de la Sierra Nevada qui ont 8000 ans de pratique
20:40 du chamanisme, ils ont été reçus à Lyon, à Genève et aux CERN.
20:45 Aux CERN, quand même, qui est le NEC plus ultra de l'avancée scientifique du monde
20:48 occidental.
20:49 Les scientifiques ont pris une heure de leur temps pour dialoguer d'où venait le savoir
20:53 avec des chamanes de la Sierra Nevada.
20:55 Incroyable.
20:56 C'est pas parce qu'ils n'avaient rien d'autre à faire.
20:58 C'est juste parce qu'on a besoin d'avoir des regards différents, des pas de côté
21:01 différents pour se dire ensemble où on va.
21:04 Et pas nécessairement avec la voie qu'on s'était tracée, qu'on pensait triomphante
21:07 et qui malheureusement nous va conduire dans une impasse.
21:10 Donc, on est gourmand de pas de côté.
21:12 Et donc, j'attends de l'IA générative, non seulement qu'elle sublime le meilleur
21:14 de notre humanité, mais aussi qu'elle me donne accès à des connaissances que j'avais
21:18 pas apprises par fainéantise de pas apprendre le maori, peut-être, assez à côté de
21:24 ma vie.
21:25 Et qu'elle veille à ce qu'on ne soit pas trop pollué.
21:28 Oui, bien sûr.
21:29 Mais ça, ça avance pas mal.
21:30 Ça, c'est technique.
21:31 Pour le coup, j'aime bien.
21:32 Les solutions sont là, pour le coup.
21:33 Ça va nous économiser un certain nombre de choses, notamment les allers-retours avec
21:36 les traducteurs.
21:37 Je peux vous dire que le maori, il va pas se placer souvent.
21:39 Merci.
21:40 Merci beaucoup.
21:41 Merci beaucoup, monsieur Baudin.
21:42 Merci à tous les deux.
21:43 La mauvaise nouvelle, c'est qu'en effet, je dois interrompre les échanges.
21:51 La bonne nouvelle, c'est que les échanges reprennent ou se poursuivent.
21:55 Si vous pouvez rester un petit peu pour un café ou pour ce qu'on appelle un petit networking
22:00 organisé.
22:01 Si vous avez un petit peu de temps, un petit quart d'heure de plus, une hôtesse va vous
22:04 proposer de prendre un numéro.
22:05 Grâce à ce numéro, vous serez affecté à un manche de boue et vous pourrez papoter
22:09 avec six autres personnes et échanger vos cartes de visite.
22:12 Vous allez comprendre pourquoi vous êtes là et ce que ça vous a apporté ce matin.
22:15 Merci beaucoup à tous.
22:16 Juste un tout dernier point puisque c'était peut-être une découverte de l'opinion pour
22:20 vous.
22:21 On vous a concocté une offre spéciale d'abonnement qui doit traîner sur des flyers là et on
22:24 espère que vous avez apprécié cette conférence de l'opinion.
22:26 Merci beaucoup.
22:27 [Applaudissements]
22:29 [Musique]