Ici et ailleurs, il faut nommer l'antisémitisme quand il survient - Anne Rosencher

  • il y a 7 mois
Anne Rosencher revient sur une double actualité liée à l'antisémitisme.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 En toute subjectivité avec la directrice déléguée de la rédaction de L'Express, Anne Rosancher, bonjour.
00:05 Bonjour Nicolas Demorand, bonjour à tous.
00:07 Vous revenez Anne sur une double actualité du week-end liée à l'antisémitisme.
00:12 Oui, samedi dernier, Marco, un français juif de 62 ans, a été roué de coups à la sortie d'une synagogue
00:19 par un homme qui avait d'abord commencé par le fixer longuement.
00:22 Je fais ici une incise, il faut pour visualiser la scène regarder le témoignage de Marco,
00:27 son visage émacié et ses airs de monsieur déjà âgé.
00:30 L'homme a donc fixé ce sexagénaire inoffensif sur un trottoir de Paris, dans une rue de France,
00:36 et il lui a dit "c'est toi qui tue les gens à Gaza" avant de fondre sur lui et de le rouer de coups.
00:42 Dans les réactions qui ont suivi, il y a eu, comme à chaque fois, des voix pour regretter
00:46 que l'on importe ainsi le conflit du Proche-Orient.
00:50 Arrêtons-nous deux secondes sur cette formule consacrée.
00:53 Quoi qu'on pense du conflit israélo-palestinien en général et quoi qu'on pense des bombardements
00:58 et de l'actuelle horreur à Gaza en particulier, viser les français juifs en France,
01:03 ça n'est pas importer un conflit.
01:05 C'est laisser s'exprimer sa haine antisémite.
01:08 Que certains esprits soient échauffés ici par la situation là-bas, c'est une chose,
01:11 notamment des esprits dérangés.
01:13 Que certains se servent du conflit pour galvaniser des clientèles militantes ou électorales,
01:18 c'est un fait aussi.
01:19 Mais frapper un français juif en France est une agression raciste.
01:23 Et que cet antisémitisme puisse venir de l'islamisme radical, qui fut antisémite
01:27 avant le conflit israélo-palestinien et qui le demeurera après,
01:32 ne doit pas engendrer de nouvelles pudeurs sémantiques.
01:36 J'en étais là de mes réflexions quand un jour seulement après l'agression de Paris,
01:40 un autre événement est venu renforcer cette impression de déni.
01:43 Et quel événement, Anne ?
01:45 Dans une rencontre organisée à Pantin en Seine-Saint-Denis,
01:49 Judith Butler, célèbre philosophe, icône des études de genre, a affirmé que ce qui
01:54 s'était passé le 7 octobre était, je cite, "un acte de résistance armée".
01:58 Ajoutant que ce n'était "ni une attaque terroriste, ni une attaque antisémite".
02:03 Je ne sais pas si Judith Butler a regardé les images du 7 octobre,
02:07 ni lu leur recension dans la presse.
02:09 Je ne sais pas si elle a entendu par exemple cet appel d'un terroriste à son père,
02:14 depuis le kiboutz de Miflassim, qui lui dit "papa, j'ai tué 10 Juifs,
02:19 de mes mains, sois fier de moi".
02:20 Je ne sais pas si elle a écouté ce cadre du Hamas, Fatih Hamad, déclaré 6 jours après
02:25 le 7 octobre "tuer les Juifs partout dans le monde, massacrer-les".
02:29 Je ne sais pas enfin si Judith Butler a lu le récent rapport de l'ONU faisant état,
02:35 je cite, "de viol et de torture sexuelle, de traitement cruel, inhumain et dégradant
02:40 sur les otages aux mains du Hamas".
02:41 Ça, de la résistance armée.
02:44 Le 7 octobre fut un pogrom antisémite de masse.
02:48 Cela ne constitue en aucun cas un blanc-seing pour Israël.
02:51 Mais la moindre des choses est de qualifier l'antisémitisme quand il survient, au moment
02:56 où il survient.
02:57 Les terroristes du monde entier croient pouvoir compter sur une capacité sans limite de notre
03:02 déni.
03:03 Espérons qu'ils ont tort.
03:04 (Anne-Rose Enchère, merci et à jeudi prochain)

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