Avec Anne Rosencher, journaliste, écrivain et directrice déléguée de la rédaction de l’Express.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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00:00 de subjectivité ce matin avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express,
00:05 Anne Rosancher, bonjour ! Bonjour Nicolas, bonjour à tous ! Ce matin, Anne, vous voulez
00:09 nous parler du FC… ah je vais y arriver ! Du FC Sochaux ! C'est dur à prononcer
00:14 Nicolas ! Connaissez-vous le point commun entre Basile Boli et moi ? Allez-y ! Eh bien,
00:20 nous sommes tous les deux des soutiens officiels de l'opération « Socio Sochaux » pour
00:25 aider le célèbre club de football et je m'en vais vous dire pourquoi ! Le FC Sochaux
00:29 a été créé en 1928, c'est le plus vieux des clubs de football professionnels.
00:34 Auprès d'un siècle d'existence, il a connu son lot de mythes, de pleurs et de joies
00:38 au Stade Bonal, au lieu du foot populaire.
00:41 Son histoire est intimement liée à Peugeot, dont l'usine de Sochaux, qui fut longtemps
00:46 la plus grande de France, a compté jusqu'à 40 000 salariés.
00:51 Peugeot a créé le FC Sochaux puis en a été le propriétaire pendant 87 ans.
00:56 Mais voilà, avec la désindustrialisation, une autre histoire a commencé de s'écrire.
01:01 En 2015, l'usine de Sochaux ne comptait déjà plus que 8 000 salariés environ, quand la
01:05 firme a vendu le club à un fonds chinois sans espoir de retour en arrière.
01:10 Interrogée sur les difficultés financières du club en 2021, la directrice marketing de
01:15 Peugeot, devenue par la suite Stellantis, avait répondu que l'entreprise tentait
01:19 désormais de « monter en gamme », ce qui était incompatible avec les valeurs populaires
01:24 du football.
01:25 C'était il y a deux ans.
01:27 Depuis, les soucis se sont encore aggravés.
01:29 Et cette année, à la veille des grandes vacances, le club était à ça de disparaître
01:34 quand une souscription populaire formidable a mobilisé in extremis plus de 8 000 supporters
01:41 actionnaires, c'est ce qu'on appelle des « sociaux », et récolté plus de 600
01:46 000 euros.
01:47 C'est ainsi que cet été, le FC Sochaux fut sauvé.
01:50 Et de quoi cette histoire est-elle, Anne ? Le symptôme, selon vous ?
01:55 Eh bien, du haut de ce club, 30 ans de déclassement vous contemplent.
01:58 On emploie souvent le terme « désindustrialisation » de façon abstraite.
02:02 On imagine des courbes, des taux d'emploi.
02:05 On oublie parfois que cette désindustrialisation a changé des modes de vie et asséché des
02:10 écosystèmes.
02:11 Elle les a asséchés en termes économiques bien sûr, mais aussi culturels, géographiques
02:15 ou sportifs.
02:16 Du haut de ce club aussi, ce sont 30 ans de « foot business » qui vous contemplent.
02:20 Le mercato vertigineux du football d'aujourd'hui, la surenchère des fonds souverains pour acheter
02:26 à coups de centaines de millions les meilleurs joueurs du monde, prédestine désormais
02:31 souvent le résultat des compétitions et le succès des clubs.
02:34 Je ne dis pas que ce foot-là ne peut être beau ou fédérateur, juste qu'il écrase
02:39 de sa supériorité financière le football populaire.
02:43 Mais ce dernier ne veut pas mourir.
02:45 L'histoire récente du FC Sochaux en dit long quant à la rage de survivre d'une
02:50 France qui ne veut pas se laisser sortir de la photo, qui veut continuer de vibrer à
02:55 l'unisson dans ces creusets de société que sont parfois les stades.
02:59 « Sochaux vivra », c'est le slogan de l'opération, c'est aussi un cri.
03:04 Allez Sochaux !