Elisabeth Lévy : "Nous n’avons pas de politique démographique à cause l'intimidation de la gauche"

  • il y a 7 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-01-18##
Transcript
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.
00:04 - Il est 8h12, Lévis sans interdit avec Elisabeth Lévy.
00:07 Bonjour Elisabeth, vous voulez revenir sur le réarmement démographique.
00:12 Alors déjà l'expression, on y reviendra peut-être tout à l'heure quand même,
00:15 mais en tout cas sur la baisse de la natalité,
00:19 Emmanuel Macron a prôné ce réarmement démographique
00:23 qui ne plaît pas d'ailleurs à tout le monde.
00:25 - Ah non, parce que la gauche et les féministes nous jouent les grandes orbes,
00:29 les grandes orgues pardon, du nauséabondisme.
00:32 C'est un terme violent, épuant, écrit une journaliste.
00:36 On convoque la Servante Ecarlate, ce monument de féminisme à Gros-Sabo
00:40 où les femmes sont réduites au rôle de mère pondeuse.
00:43 "Laissez nos utérus en paix", tweet Anne-Cécile Maïlfert de la Fondation des Femmes.
00:47 "Le corps d'une femme n'est pas une arme", renchérait Alexis Corbière,
00:50 comme s'il était question d'obliger les femmes à faire des enfants,
00:54 comme dans la Servante Ecarlate.
00:55 Alors bien entendu, il ne s'agit pas d'obliger,
00:58 il ne s'agit même pas d'inciter en réalité.
01:00 L'État n'a pas à se mêler de nos désirs.
01:02 Et d'ailleurs, peut-être qu'Emmanuel Macron a eu tort de se focaliser sur l'infertilité.
01:07 D'accord, c'est certainement un problème de santé publique, j'ai entendu votre invité,
01:12 mais c'est aussi une question intime,
01:13 on n'a pas forcément envie d'en entendre parler aux 20 heures
01:16 et c'est certainement pas la première cause de l'hiver démographique.
01:20 Cela dit, comme je le disais hier, qu'il s'agit de GPA ou de PMA,
01:24 les militants n'ont pas ces pudeurs,
01:26 leurs désirs sont des droits, leurs désirs sont des lois.
01:29 Bon, je reviens au rôle de l'État dans ce domaine,
01:31 c'est de donner aux parents qui le veulent les moyens d'élever des enfants,
01:35 c'est prosaïque, des allocations, des structures de garde, ce genre de choses,
01:40 parce que beaucoup renoncent dans le fond à faire un deuxième ou un troisième
01:44 ou peut-être un quatrième enfant pour des raisons de logement ou de revenu.
01:48 Quand vous avez beaucoup d'enfants, se loger dans les grandes villes, c'est difficile.
01:51 Et sans naissance, Patrick, il n'y aura plus personne dans 30 ou 40 ans
01:55 pour produire et financer notre merveilleux système social.
01:58 Il y aura moins de chercheurs, moins d'ingénieurs, moins de créateurs,
02:01 moins de rayonnement, moins de naissance et moins de puissance.
02:05 Et pourtant, c'est un domaine de l'action publique qui semble frapper de malédictions.
02:09 Nous n'avons pas en réalité de politique démographique.
02:12 - Alors pourquoi ?
02:14 - D'abord, il y a le court-termisme structurel de l'action publique.
02:17 La démographie, c'est du long terme.
02:19 Et puis surtout, il y a l'intimidation de la gauche.
02:21 La natalité, c'est réactionnaire.
02:23 Dès qu'il entend le mot, l'homme de gauche sort son pétain.
02:26 À ce compte-là, d'ailleurs, il devrait renoncer aux mots "révolution", "peuple"
02:30 et même aux mots "gauche" qui ont été passablement souillés
02:32 par certains de leurs utilisateurs.
02:34 Mais bon, dans l'imaginaire progressiste, la bonne famille,
02:37 c'est à la limite au mot "parental" ou au moins "recomposé".
02:40 Mais la famille nombreuse, l'hécatode Versailles, ça, c'est vraiment dégoûtant.
02:44 D'ailleurs, François Hollande a supprimé le quotient familial,
02:47 la dégressivité de l'impôt avec le nombre d'enfants,
02:50 car il aidait ces familles nombreuses qui n'étaient pas assez pauvres à son goût.
02:54 Et dans le fond, si vous voulez, cette détestation de la démographie
02:58 est très révélatrice de la mutation profonde de la gauche
03:01 et d'ailleurs au-delà d'une partie de la société française.
03:04 C'est-à-dire, on parle tout le temps du collectif,
03:07 on parle de solidarité, de partage, de générosité.
03:11 Mais dans le fond, beaucoup de gens, comme pensent beaucoup de gens
03:13 et notamment les chefs de file de la gauche,
03:15 pensent comme des individualistes petits bourgeois
03:18 qui comptent en permanence ce que le pays leur doit.
03:21 Et en prime, ils aiment tellement les générations futures
03:24 qu'ils sont prêts à les laisser disparaître.
03:26 Dans le fond, il y a un slogan qui s'impose aujourd'hui,
03:29 c'est, après nous, le déluge.
03:31 [Musique]
03:34 - Alexis Poulin, sur cette expression, tout d'abord,
03:38 avant de commenter peut-être la politique démographique
03:41 ou l'absence de politique véritablement,
03:43 le réarmement démographique.
03:45 Je pose la question d'ailleurs sur les réseaux sociaux,
03:48 est-ce que vous êtes choqué par cette expression
03:51 tenue par Emmanuel Macron qui utilise à tout bout de champ le réarmement ?
03:54 Il y a Jackie, les auteurs qui votent disent oui,
03:59 ils sont choqués par l'expression, à 75%, ils s'en expliquent.
04:03 Il y a Jackie qui dit "c'est curieux, chez Macron, ce besoin de faire des phrases"
04:08 pour parodier une petite réplique célèbre.
04:11 Alexis Poulin, donc.
04:13 - Oui, c'est les mots vides de sang,
04:16 c'est-à-dire on est dans la communication politique permanente,
04:19 on est habitué, maintenant ça fait 7 ans,
04:21 et clairement, l'élément de langage clé de ce début d'année,
04:24 c'est le réarmement.
04:26 Donc, il est à toutes les sauces, ça pourrait être le réarmement culinaire,
04:29 le réarmement du divertissement,
04:31 enfin bref, le réarmement culturel,
04:33 et donc réarmement démographique,
04:35 ça ne veut rien dire, il y a un vrai grave problème,
04:38 la natalité, si elle n'est pas bonne,
04:40 c'est pas bon pour les pays et pour l'avenir des pays.
04:43 On a des pays vieillissants en Europe,
04:45 et ils sont nombreux, et l'Allemagne est d'ailleurs l'exemple à ne pas suivre.
04:49 On a vu Angela Merkel empêtrée
04:52 dans cette démographie qui a obligé l'Allemagne
04:57 à faire appel à une main-d'oeuvre étrangère nombreuse,
04:59 avec les problèmes que cela peut engendrer,
05:01 la France va entrer dans à peu près le même problème.
05:05 Aujourd'hui, le problème, c'est pas seulement que les gens ne font pas d'enfants,
05:09 c'est aussi comment élever ses enfants dignement,
05:12 à la fois avoir un métier qui paye,
05:14 pouvoir se loger dignement avec une famille de plus d'un enfant ou deux,
05:18 aller à Paris avec trois enfants, trouver un logement dans Paris, c'est impossible.
05:22 - Je voudrais quand même répondre sur réarmement,
05:26 je voudrais quand même contester ce que vous avez dit sur réarmement, pardonnez-moi.
05:30 Non, si vous voulez, nonobstant l'aspect communicationnel,
05:34 mais ça on peut le dire pour le temps,
05:36 si vous voulez, d'accord, disons-le une fois pour toutes,
05:40 une fois chaque lundi pour toute la semaine,
05:42 parce que on peut le dire absolument de tous les mots.
05:46 Mais nonobstant cela, je crois qu'en réalité le projet,
05:50 s'il était réellement suivi des faits, serait un bon projet.
05:54 Pourquoi ? Parce que tout simplement, si vous voulez,
05:56 la démographie c'est un des éléments de la puissance.
06:00 Et c'est même un des premiers en réalité.
06:02 Donc, si vous voulez, une politique démographique,
06:08 voilà, une politique démographique, si vous voulez, ça a beaucoup de sens.
06:12 Après, on peut discuter de... ça a beaucoup de sens, mais c'est frappé.
06:16 Si vous voulez, en France, l'INED, l'Institut National d'Études Démographiques,
06:21 si vous voulez, nous explique, et en tous les cas c'était le cas avec Hervé Lebrun, etc.,
06:26 que parler de natalité c'était fasciste.
06:28 C'est-à-dire que l'Institut National d'Études Démographiques
06:31 qui devrait éclairer les choix du gouvernement dans ce domaine,
06:35 déteste cette idée de natalité, si vous voulez.
06:39 Et par ailleurs, j'ajoute que 80% des Français dans un sondage récent
06:44 ne veulent pas pallier ce manque de petits... de naissances,
06:49 de bébés naissants chez nous, par l'immigration.
06:52 Ils sont hostiles à cela.
06:54 Donc oui, il faut absolument...
06:56 Par exemple, vous l'avez vu hier ce graphique, Alexis ?
07:01 Il y avait un graphique qui circulait sur tout.
07:03 Oui, oui, pardon.
07:05 Ce que je voulais dire, c'est que ce n'est pas seulement une politique du faire de l'enfance,
07:10 c'est une politique globale, c'est-à-dire le salaire qui paye, le logement,
07:13 l'éducation évidemment.
07:15 Si on veut que la France retrouve un taux de natalité élevé,
07:19 que les gens puissent faire des enfants, il faut leur donner les capacités de faire des enfants.
07:23 Oui, mais si on recommence à dire ça, on ne fait rien, si vous voulez.
07:26 Or, il y a quand même un domaine spécifique de la famille, par exemple les...
07:30 Mais non, mais d'accord, très bien.
07:32 Donc à partir de ça, on ne fait plus rien, parce que ce que vous m'expliquez,
07:35 c'est qu'il faut l'école, le logement, etc.
07:37 Très bien. Commençons par une chose simple.
07:39 Je peux finir, merci.
07:41 Commençons par une chose simple.
07:43 Si vous voulez, les gens qui ont des enfants,
07:45 avant, payés en fonction du nombre d'enfants,
07:48 parce qu'on considère que c'est aussi bien pour la collectivité,
07:51 leurs enfants paieront nos retraites, etc.
07:53 Les gens qui ont des enfants avaient ce qu'on appelle le quotient familial.
07:56 Plus vous avez d'enfants, moins vous payez d'impôts.
07:58 C'est simple, si vous voulez, ça ne résout pas tous les problèmes.
08:01 Mais cette façon de me dire "tant qu'on ne résout pas tous les problèmes,
08:04 ce n'est pas la peine de s'intéresser à un seul"
08:06 me paraît pas être de bonne politique.
08:08 Je ne dis pas ça.
08:09 Si on s'intéresse à un problème aussi complexe que celui de la natalité,
08:12 il faut voir pourquoi, d'abord, quelles sont les causes de cette chute
08:15 et comment y remédier, et sur le court terme.
08:18 Parce qu'attention, on parle là pour des années...
08:21 Mais vous n'allez pas remédier sur le court terme à la question du logement,
08:25 ni de l'école, vous n'allez pas remédier à ça sur le court terme.
08:27 Le court terme, c'est qu'il faut rétablir le quotient familial.
08:31 Déjà, ça, vous pouvez le faire demain.
08:33 Déjà, ça, ce serait une bonne chose, je suis d'accord.
08:35 Bon, voilà, mais il y a beaucoup de raisons, effectivement.
08:37 Et puis, vous avez évoqué ce problème du logement,
08:39 mais le problème aussi du mode de garde.
08:41 Ça, c'est capital, quoi.
08:43 Et beaucoup, effectivement, de couples hésitent
08:45 parce qu'ils se disent "comment on va faire derrière pour...?"
08:47 Notamment, on a vu, pour le premier, c'était compliqué,
08:49 pour le deuxième, il faut s'organiser.
08:51 Ça, c'est extrêmement compliqué, ça coûte très très cher, bien sûr.
08:54 Et il n'y a pas des modes de garde partout.
08:56 Auparavant, il y avait les parents, les grands-parents,
08:58 qui n'étaient pas très loin.
09:00 Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, quoi.
09:02 Et aller courir pour avoir une place en crèche, dans beaucoup d'endroits.
09:04 Voilà, nous en parlons, il y a...
09:07 Et nous allons continuer dans un instant
09:09 avec un problème un peu particulier
09:12 qui concerne la fille de deux députés LFI
09:16 en garde à vue pour apologie du terrorisme.
09:18 On va en parler, mais avec précaution, quand même, de cette histoire.
09:22 Et tiens, à propos du réarmement démographique,
09:24 je termine par cette conclusion d'un auditeur, là, sur le vote,
09:26 qui dit "bah oui, Emmanuel Macron, il aurait peut-être pu montrer l'exemple, lui aussi".
09:29 Oui, bien sûr. Il est 8h22.

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