Le député La France Insoumise du Nord était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 Bienvenue et bonjour Adrien Quatennens.
00:04 Bonjour Sonia Mabrouk.
00:05 Et merci de votre présence et votre grande interview ce matin sur CNews et Europe 1.
00:09 Vous êtes député de la France Insoumise du Nord.
00:11 Ce matin justement dans le journal Les Echos, c'est le patron des Républicains, Éric Ciotti,
00:15 qui tire la sonnette d'alarme au sujet de la dette.
00:18 "Nous empruntons, dit-il, le même chemin que celui de la Grèce."
00:22 Et il ajoute, Adrien Quatennens, que cette situation dramatique des finances publiques
00:25 constitue la première menace sur l'avenir de notre pays.
00:29 Il a raison.
00:30 Non, je crois que cela est fait pour faire peur.
00:33 D'ailleurs on entend, vous auriez pu citer également Bruno Le Maire,
00:36 qui nous fait son numéro de père à la rigueur.
00:38 Je crois que tout cela n'est pas sérieux.
00:39 D'abord, première chose, avant de parler de la dette en tant que telle,
00:41 qui la creusait le plus ? C'est ça qui est important.
00:44 Bruno Le Maire, qui nous parle sans cesse de la dette et qui a l'air d'en avoir peur,
00:48 est le ministre de l'économie et des finances qui, sur ces 15 dernières années,
00:52 l'a creusé le plus, la dette, de plus de 810 milliards.
00:55 Alors il pourrait nous dire "oui, mais il y a eu la période du Covid".
00:58 C'est à peu près 200 milliards.
01:00 Si on les retire de ce qu'il a creusé, c'est de toute façon quand même lui qui détient le record.
01:04 Donc voir ces personnages qui ont en quelque sorte favorisé des politiques
01:09 de réduction des dépenses publiques d'un côté,
01:11 venir nous dire qu'aujourd'hui il y a un problème de dette,
01:13 alors qu'en réalité ils ont beaucoup creusé ce déficit et cette dette,
01:16 voilà c'est assez...
01:17 "Pompier pyromane" diriez-vous de Bruno Le Maire ?
01:20 Oui, mais ce qui est surtout insupportable, c'est que voyez-vous,
01:22 quand Bruno Le Maire, par exemple, ou d'autres responsables de droite,
01:25 nous parlent de la dette et du déficit,
01:28 ils disent "voilà, la France est accro à la dépense publique"
01:30 et en quelque sorte, ce qu'ils nous disent, c'est qu'il faudrait donc la réduire.
01:33 Et bien évidemment, quand ils parlent de réduire la dépense,
01:35 ils parlent de réduire la protection sociale,
01:37 alors on ne sait pas dans quoi ils vont s'en tromper.
01:38 Eric Ciotti dit "plafonnement de la somme des allocations perçues".
01:40 Plus largement, cette musique selon laquelle, Adriaen Quintenze,
01:42 on ne peut pas vivre de la solidarité nationale de façon permanente.
01:46 Stop à la gratuité aussi.
01:48 Je suis bien d'accord avec certains points.
01:49 Alors d'abord, la gratuité, pardon, mais il faudrait peut-être rappeler à Bruno Le Maire
01:52 qu'il n'y a rien de gratuit dans ce pays.
01:54 Les prestations sociales, elles sont le fruit de cotisations,
01:57 c'est-à-dire que vous payez pour une sorte d'assurance
01:59 et la redistribution se fait par l'impôt.
02:01 En revanche, il y a une dépense publique qui coûte un pognon de dingue,
02:04 qui n'est jamais évoquée.
02:05 Laquelle ?
02:06 Et bien, plutôt que de dire "la France est accro à la dépense publique",
02:09 ce que Bruno Le Maire devrait dire, c'est "les riches sont accro aux cadeaux fiscaux
02:14 qui ont été faits de manière massive depuis le début du quinquennat,
02:17 des deux quinquennats d'Emmanuel Macron".
02:19 Il y a 100 milliards de fraudes et d'évasion fiscale,
02:21 on ne voit pas que Bruno Le Maire ait l'intention de mettre le paquet pour l'en empêcher.
02:24 Et puis aussi, en France, on a un système qui est tout à fait particulier,
02:27 c'est que les grands groupes, les grandes entreprises,
02:29 vous avez vu dernièrement les chiffres records,
02:31 une nouvelle fois du CAC 40, 153 milliards de bénéfices, 67 milliards de dividendes,
02:37 ces entreprises sont biberonnées, accro, c'est le cas de le dire, aux aides publiques.
02:42 Donc en réalité, plutôt que de parler sans cesse de la protection sociale...
02:45 Ce sont vos pistes d'économie, parce qu'hier le ministre de l'économie
02:47 vous a interpellé à l'Assemblée nationale, il vous a dit
02:49 "Allez-y, bancaux, donnez-moi une première piste d'économie".
02:53 Eh bien, je lui en donne plusieurs.
02:54 D'abord, M. Bruno Le Maire rétablissait l'impôt de solidarité sur la fortune.
02:58 Ça faisait longtemps, M. Quatennens.
03:00 Sauf que ce n'est pas ma brogue.
03:01 Regardons l'efficacité de la mesure, parce que, a priori,
03:04 ça n'a pas été fait pour faire plaisir aux riches,
03:06 en tout cas, ce n'est pas ce qui nous a été dit.
03:08 Ça a été fait pour favoriser l'investissement et le retour à l'emploi.
03:11 Est-ce que ça a été fait ? Non.
03:12 Vous avez même des établissements et des organismes gouvernementaux,
03:15 pas insoumis, qui ont étudié l'efficacité de la politique fiscale d'Emmanuel Macron,
03:19 qui a consisté à redistribuer le plus à ceux qui avaient déjà beaucoup,
03:22 pour dire "ça va ruisseler, vous vous en souvenez".
03:24 Eh bien, en fait, ce qu'ils nous disent, c'est que ça n'a eu aucune efficacité
03:26 du point de vue économique.
03:28 La seule chose que ça a provoqué, c'est qu'il y a une part
03:30 toujours plus importante de richesse qui se concentre entre quelques mains.
03:33 Sonia Mabrouk, aujourd'hui, en France, vous avez 5 milliardaires
03:37 qui, compte tenu des cadeaux fiscaux qui ont été faits par Emmanuel Macron
03:40 et M. Bruno Le Maire, perd la rigueur, qui nous dit qu'il y a trop de dépenses publiques,
03:43 5 milliardaires, aujourd'hui, se partagent autant, accrochez votre ceinture,
03:47 que 27 millions de Français.
03:49 Je m'accroche, et je vous rappelle aussi, comme ça vous vous accrochez à la vôtre, M. Katnaz,
03:52 que pour certains d'entre eux, ils ont, comment dire,
03:55 suscité et généré des milliers et des milliers d'emplois.
03:58 Ça, vous le passez sous silence ?
03:59 Non, mais c'est une évidence.
04:00 Vous savez, quand Bruno Le Maire nous parle de la gratuité,
04:03 et dit "il faut arrêter la gratuité pour tout",
04:05 le capitalisme tout entier repose sur l'idée de gratuité.
04:08 Vous savez laquelle ? La gratuité du travail.
04:10 On ne vous paye pas, comme salarié, à hauteur de ce que vous produisez.
04:13 C'est d'ailleurs la différence entre ce que vous produisez et ce qu'on vous paye,
04:16 qui s'appelle le profit.
04:17 Donc tout le système dont Bruno Le Maire est le premier ambassadeur
04:20 repose précisément sur l'idée de gratuité.
04:23 Je pense que ces gens-là sont de piètres économistes,
04:26 et qu'eux qui ont creusé le déficit et la dette pour faire des cadeaux,
04:29 toujours eux-mêmes, n'ont pas à donner des leçons aux Français,
04:32 dont vous savez très bien qu'aujourd'hui, ils souffrent beaucoup.
04:34 La principale préoccupation des Français, on le voit, c'est la question du coût de la vie,
04:37 c'est la question du prix de l'énergie, c'est la question des loyers.
04:40 Il y a une situation de carmonde qui s'étend en France,
04:43 pendant que de plus en plus, vous avez une concentration de richesse entre quelques mains,
04:46 du fait de leurs politiques qui sont inefficaces.
04:48 Vous avez cité le pouvoir d'achat, la pauvreté, la précarité.
04:51 On peut ajouter aussi l'insécurité, les trafics.
04:54 À ce sujet, à Marseille, lors d'une visite surprise hier,
04:56 le président de la République a promis à Edrien Quatennens
04:58 une "lite implacable" face au narcotrafic,
05:01 refusant, dit-il, tout discours défaitiste,
05:03 et affirmant que l'objectif était de rendre, je cite sa phrase,
05:06 "la vie des dealers impossible".
05:08 Alors c'est un vœu pieux ou alors vous y voyez une vraie volonté politique ?
05:11 Hier à Marseille, j'ai l'impression qu'on a plus assisté, nous tous,
05:15 à un tournage d'un grand film de cinéma
05:18 qu'à une véritable opération de justice et de police.
05:21 On avait l'impression de voir un mauvais numéro d'une émission
05:24 chez une chaîne concurrente, "Enquête d'action".
05:27 Je pense, Emma Brouk, que les Français en ont assez
05:32 des opérations de communication d'Emmanuel Macron.
05:34 Ils aimeraient peut-être le voir moins, mais que leur vie change plus.
05:37 Aujourd'hui, ce que l'on voit, et notamment ce qu'on a vu hier à Marseille,
05:40 enfin pardon, mais une grande opération "Place net XXL",
05:43 et à la fin on arrive sur quoi ? Je crois que c'est 8 kilos de cannabis
05:46 qui ont été saisis et 300 grammes de cocaïne.
05:48 Plus de 80 interpellations.
05:49 C'est absolument ridicule.
05:51 Et des trafiquants qui font la publicité sur leur retour déjà sur les points de deal.
05:55 Est-ce qu'il faut, par exemple, je vais vous laisser terminer,
05:58 il y a un point qui a été évoqué hier par Emmanuel Macron,
06:00 c'est la sanction, ou en tous les cas pointer,
06:02 la responsabilité des parents de délinquants mineurs ?
06:04 Bon, d'abord, première chose, ces gens sont au pouvoir
06:06 depuis quelque chose comme 7 ans maintenant.
06:08 Monsieur Darmanin, c'est 5 ans de guerre à la drogue.
06:11 Pour quels résultats ? La consommation continue d'exploser.
06:13 Nous sommes un des pays, la France, qui a le modèle le plus répressif
06:17 et qui a le plus de consommateurs.
06:18 Et on le voit, ça ne cesse d'augmenter.
06:20 Je crois que, en réalité, la politique du chiffre
06:23 qui est menée dans la police,
06:24 les opérations de court terme comme celles qu'on a vues hier
06:27 sont à rebours de ce qu'il conviendrait de faire.
06:29 Comme le dit régulièrement mon collègue Bernalicis,
06:31 qui à l'Assemblée s'occupe de ces questions,
06:33 il faudrait au contraire mettre le paquet dans le long terme,
06:35 dans la police judiciaire, dont vous savez d'ailleurs
06:38 que la réforme de M. Darmanin l'a mise en grande difficulté,
06:40 dans le fait d'avoir du renseignement sur place
06:43 et des enquêtes de long terme.
06:44 Je crois, Sonja Mabrouk, que les opérations de démantèlement
06:46 de trafic et de police les plus efficaces
06:48 sont celles que l'on voit et que l'on entend le moins.
06:51 C'est-à-dire pas celles comme hier.
06:52 On peut être d'accord avec vous, Adrien Quatennens,
06:53 mais quand vous dites le système le plus répressif,
06:55 ce n'est pas ce que disent les policiers quand ils voient,
06:57 le lendemain j'exagère, mais quelques jours après,
07:00 les mêmes trafiquants, les mêmes dealers,
07:01 revenir sur les points de deal.
07:02 Vous avez raison.
07:03 Alors, fixons-nous deux objectifs,
07:05 comme responsables politiques, vis-à-vis de la drogue.
07:08 D'abord, il y a une question sanitaire, il faut le rappeler.
07:11 J'attire votre attention sur le fait que dans de nombreux pays d'Europe,
07:14 la question de la drogue est sous la compétence
07:17 du ministère de la Santé et pas de l'intérieur.
07:19 C'est-à-dire que les consommatrices, les consommateurs de drogue,
07:22 là je ne parle pas des trafiquants, je parle de ceux qui consomment,
07:24 doivent, à mon avis, être plutôt appréhendés sur la question sanitaire,
07:30 comme des personnes malades qu'il faut aider à accompagner,
07:32 plutôt que comme des criminels.
07:33 On peut faire les deux ?
07:34 Alors, bien évidemment, on peut faire les deux,
07:36 et sur un certain nombre de trafics, on doit le faire.
07:38 En revanche, je crois, et nous le disons depuis un certain temps,
07:41 que sur la question du cannabis, qui surcharge la police,
07:45 qui surcharge nos tribunaux...
07:46 Je connais, on connaît votre position.
07:48 Oui, mais il faut la dire, parce que vous savez,
07:50 il y a beaucoup de TI maintenant qui viennent...
07:51 Vous êtes favorable à une dépénalisation ?
07:52 Ah non, alors, pour toutes les drogues,
07:55 on pense que les usagers doivent être, en effet, dépénalisés.
07:58 Il ne faut pas pénaliser l'usage, pas criminaliser l'usage,
08:01 il faut l'entreprendre sous la question de santé.
08:02 Pour le cannabis, en revanche, comme beaucoup de pays,
08:05 regardez le Portugal,
08:07 est-ce que ça a donné en termes de baisse de la consommation ?
08:09 Il y a les Allemands.
08:10 Mais on parle de la CSOCM.
08:11 Le 1er avril, les Allemands vont légaliser.
08:13 Combien de morts ?
08:14 Bien sûr.
08:15 Je vous ai posé une question sur la responsabilité des parents,
08:16 vous n'avez pas répondu.
08:17 Alors, il faut tarir le trafic, vous en êtes d'accord ?
08:19 C'est ça le but dans ces quartiers.
08:20 Parce qu'il faut sanctionner les parents d'élinquants mineurs.
08:23 D'abord, vous vous posez la question de savoir
08:25 s'il faut sanctionner les parents,
08:26 pour savoir si c'est efficace pour tarir le trafic.
08:28 On est d'accord, le but, c'est de tarir le trafic.
08:30 Je crois que pour tarir le trafic,
08:31 si en effet, par exemple, le cannabis est légalisé,
08:34 est contrôlé,
08:35 eh bien, je pense que c'est une des solutions pour tarir le trafic.
08:37 Et puis, après, il faut se poser aussi la question.
08:40 Place nette XXL pour la drogue,
08:42 moi, ce que je vois surtout dans ces quartiers,
08:44 c'est que ça a été,
08:45 sous l'effet des politiques menées par Emmanuel Macron,
08:47 place nette aux services publics qui n'existent plus,
08:50 aux bureaux de poste qui ont fermé,
08:52 aux écoles qui ferment,
08:53 aux hôpitaux, aux commissariats parfois.
08:55 Vous savez que, par exemple,
08:56 on a été ceux qui ont proposé
08:57 qu'on remette en état les commissariats de France,
08:59 qui sont en état d'élabrer.
09:00 Il y a beaucoup de choses à dire.
09:01 Encore faut-il que l'on ne soit pas attaqué,
09:02 puisque sur place, Emmanuel Macron a rappelé à Adrien Quatennens
09:05 que l'ordre républicain doit régner
09:06 après l'attaque du commissariat de la Courneuve
09:08 à tir de mortier d'artifice,
09:09 quatre jours, on le rappelle,
09:11 après la mort d'un jeune escouteur
09:13 dans le cadre d'un refus d'obtempérer.
09:15 Est-ce que vous condamnez l'attaque de ce commissariat ?
09:18 Vous savez, l'ordre républicain,
09:20 ce n'est pas simplement la police et la matraque.
09:24 L'ordre républicain, c'est, je le disais à l'instant,
09:26 le fait que les services publics...
09:27 Vous parlez de qui, la matraque ?
09:29 Souvent, vous êtes d'accord avec moi,
09:31 souvent, dans la bouche des responsables politiques,
09:33 on parle d'ordre républicain, à quoi on pense ?
09:35 Vous savez très bien qu'en général...
09:36 À maintenir l'ordre ?
09:37 À ne pas avoir des commissariats attaqués par des tirs de mortier ?
09:40 Pour moi, par exemple, les services publics qui ferment,
09:42 la population qu'on laisse dans une situation de dénuement,
09:44 c'est du désordre républicain, ce n'est pas de l'ordre républicain.
09:46 Nous sommes d'accord, mais ma question, c'est
09:47 est-ce que vous condamnez l'attaque d'un commissariat ?
09:49 Ce que je condamne d'abord et avant tout,
09:51 parce que l'attaque du commissariat a l'air de plus vous...
09:54 susciter votre émotion que la mort du jeune Ouanis.
09:57 Je condamne et on peut avoir de l'émotion pour la mort,
10:00 mais ma question, est-ce que vous condamnez l'attaque d'un commissariat ?
10:03 D'abord, ce que je veux dire, c'est ma solidarité avec la famille
10:06 de ce jeune homme qui est décédé, un de plus,
10:09 après un refus d'obtempérer.
10:11 Juste vous dire que ça fait des années que nous disons à la France Insoumise
10:14 qu'il y a un problème avec l'organisation de la police.
10:16 Notre discours n'est pas un discours anti-police dans ce genre de situation.
10:19 C'est un discours anti-meurtre.
10:21 Monsieur Thomas Porte a dénoncé le racisme systémique dans la police.
10:24 Ce n'est pas un discours anti-police.
10:26 On ne peut pas nier, y compris, vous avez des policiers qui disent
10:29 qu'il y a un problème systémique dans la police.
10:31 Ce n'est pas ce que dit M.Porte. Là, j'entends une nuance de votre parole.
10:33 Non, non, non, il n'y a pas de nuance.
10:35 On a une difficulté.
10:37 Mais attendez, je vais être précis.
10:39 Je connais la langue systémique.
10:41 Ce qui vous intéresse, ce n'est pas la polémique,
10:43 ce qui vous intéresse, c'est quelles solutions politiques.
10:45 J'aimerais bien savoir si vous reprenez les mêmes propos que votre collègue.
10:47 Vous ne voulez pas que je réponde à votre question précédente, d'abord ?
10:49 Sur ce qu'on fait pour le rapport entre la police et la population ?
10:51 J'ai des questions simples.
10:53 Est-ce que vous condamnez l'attaque ?
10:55 Est-ce que vous êtes d'accord pour dire qu'il y a du racisme ?
10:57 Nous ne pouvons jamais être d'accord pour que l'on s'attaque à des biens ou des personnes.
10:59 En revanche, permettez-moi de dire que le fait que quelques pétards
11:03 sur un commissariat si grave que ce soit...
11:05 Pétards, monsieur Quatennens ?
11:07 Mais attendez, Sonama Brouk, un jeune homme est mort.
11:09 Indignez-vous ! Indignez-vous !
11:11 Mais indignez-vous aussi que des policiers soient mis en danger ?
11:13 Bien sûr, je ne suis pas d'accord avec ça.
11:15 Je ne suis pas d'accord avec le fait que quiconque,
11:17 et y compris spécialement des policiers...
11:19 Il y a une enquête sur la mort du jeune homme.
11:21 Oui, il y a une enquête. Par contre, il y a neuf mois, c'était...
11:23 Je sais que vous respectez la présomption d'innocence.
11:25 Oui, bien sûr, mais il y a neuf mois, c'était Nahel, Sonama Brouk.
11:27 Et puis surtout, regardez encore une fois les politiques publiques menées
11:29 en termes de relations entre la police et les citoyennes, les citoyens.
11:33 Sonama Brouk, en Allemagne, ce n'est pas tous les jours que je prends l'exemple allemand,
11:37 comme je l'ai fait plusieurs fois ce matin sur votre plateau.
11:39 En Allemagne, il y a eu un mort pour refus d'obtempérer en dix ans.
11:43 En France, on a quasiment un mort par mois depuis un an et demi.
11:47 Donc quand nous disons, y compris que du point de vue législatif,
11:49 il y a des choses à améliorer, par exemple, cette loi CASE 9,
11:52 qu'il faut abroger sur le refus d'obtempérer, ce que ça permet,
11:54 c'est aussi pour améliorer la relation entre la police et la population.
11:57 De même qu'hier, avec la visite de M. Macron à Marseille,
12:00 on a revu venir sur le débat public la question de la police de proximité.
12:04 Nous y sommes hyper favorables.
12:06 Une police qui, justement, connaîtrait les habitants, peut tisser un lien avec.
12:09 J'entends, mais j'entends que vous dites ce matin pas la même chose que M. Thomas Porte.
12:14 C'est-à-dire ?
12:15 Vous dites, certains policiers, et d'ailleurs dans toute institution,
12:18 il peut y avoir du racisme, il faut le dénoncer, mais lui, il dit qu'il y a un racisme systémique.
12:21 Pardon, mais...
12:22 C'est-à-dire que c'est généralisé, c'est institutionnalisé.
12:24 Non, systémique, ça ne veut pas dire que tous les policiers sont racistes.
12:25 Ça veut dire qu'il y a un système qui produit et reproduit.
12:29 Donc, une institutionalisation du racisme.
12:30 Écoutez, il y a beaucoup d'écrits, il y a des gens qui ont compris, qui ont fait des études,
12:33 qui ont participé à la police et qui ont été dans les effectifs,
12:37 et qui écrivent, et c'est assez documenté.
12:39 Encore une fois, il ne s'agit pas de mettre tous les policiers dans le même panier.
12:43 C'est de dire qu'on a, oui, un problème, à mon avis, systémique dans la police,
12:46 qu'il faut régler par une autre organisation.
12:48 Adrien Quatennens, toujours à Marseille, hier,
12:51 Emmanuel Macron évoquait beaucoup de sujets, y compris internationaux,
12:54 notamment sur l'Ukraine.
12:56 Et quand vous, vous parlez de la paix, de négociation sur ce sujet,
13:00 la majorité vous répond, comme hier, d'ailleurs, à ce micro,
13:03 Valérie Ayé, tête de liste Renaissance, elle vous répond,
13:05 esprit minouquoi, renoncement, soumission, rédition, que répondez-vous à cela ?
13:10 D'abord, il faudrait que ces gens apprennent quelques cours d'histoire
13:13 sur les différences, y compris entre les conditions dans lesquelles
13:16 la guerre de 14-08, celle de 39-45 se sont menées,
13:19 mais au-delà de ça, qu'ils aillent jusqu'au bout de leur démarche
13:22 et qu'ils disent quelle est leur proposition.
13:24 C'est quoi ? C'est d'aller faire la guerre, d'aller jusqu'à Moscou
13:27 et d'engager la France dans une guerre nucléaire
13:29 avec une autre puissance nucléaire ?
13:31 Tout cela n'est pas raisonnable.
13:33 Tout le monde sait que la solution à ce conflit
13:36 sera une solution diplomatique tôt ou tard
13:38 et que la France doit pouvoir intervenir en ce sens.
13:41 Il existe des organismes internationaux
13:43 qui permettent ce genre de discussion.
13:46 Et bien, par exemple, l'OSCE.
13:48 Et bien, voilà ce qu'il faudrait faire,
13:49 c'est véritablement prendre l'initiative diplomatique.
13:52 On ne voit pas aujourd'hui que l'escalade guerrière
13:54 va pouvoir nous mener où que ce soit.
13:56 Il a été question également de Gaza.
13:59 Et d'ailleurs, à ce sujet, il y a eu une habitante
14:01 qui a interpellé le président et qui lui a reproché
14:03 un deux poids, deux mesures.
14:04 Autrement dit, d'être très ferme vis-à-vis de Poutine
14:07 et puis d'être, j'allais dire, plus, en tout cas, estime-t-elle,
14:10 plus laxiste vis-à-vis de Netanyahou.
14:12 Est-ce que vous reprenez à votre compte cette comparaison ?
14:14 C'est le moins qu'on puisse dire.
14:15 Les mêmes qui revendiquent le droit international
14:20 pour les Ukrainiens à juste raison
14:22 et des sanctions pour Vladimir Poutine à juste raison
14:25 sont très timorés quand il s'agit de défendre les Palestiniens
14:29 et de réclamer des sanctions contre le gouvernement
14:31 de monsieur Netanyahou, évidemment.
14:32 Et depuis que la Cour de justice internationale...
14:36 Alors, j'entends, il y a le langage des petits polémistes
14:40 de plateau télé, mais il y a aussi le langage
14:41 du droit international.
14:43 Depuis que la Cour de justice internationale
14:45 a statué sur le fait qu'il y avait à Gaza
14:47 un risque génocidaire, cette décision n'est pas
14:50 juste un effet d'annonce.
14:51 Elle oblige les signataires de la Convention
14:53 contre le génocide.
14:54 Donc, la France doit agir.
14:56 Emmanuel Macron était relativement absent du débat hier
15:01 lorsqu'il a été interpellé, très justement,
15:02 par cette femme qu'on a vue très triste.
15:04 Qu'attend Emmanuel Macron pour poser un acte fort ?
15:07 La reconnaissance de l'État de Palestine.
15:09 Qu'attend Emmanuel Macron pour imposer des sanctions à Israël ?
15:11 Par exemple, vous savez, Sénat Mabrouk,
15:13 que la plupart des armes qui se retournent
15:15 contre les civils à Gaza, y compris des armes françaises,
15:18 il faut un embargo sur les armes.
15:20 Ce qui est en train de se produire à Gaza...
15:22 Un embargo sur les armes ?
15:23 Oui, il ne faut plus livrer d'armes,
15:25 il ne faut plus que la France livre d'armes à Israël
15:28 parce que ces armes se retournent contre les civils.
15:31 En quatre mois, 31 700 civils tués.
15:34 Plus de 13 000 enfants, Sénat Mabrouk, 13 000 enfants.
15:37 C'est plus en quatre mois qu'en quatre ans
15:40 il y a eu un conflit à travers le monde entier.
15:42 Voilà la réalité aujourd'hui.
15:43 Il serait bon qu'on vienne s'en rappeler
15:45 parce que pour le moment, ce qu'on a surtout vu
15:47 parmi les politiques et les responsables publics en France,
15:49 c'est un soutien inconditionnel à une puissance
15:51 qui aujourd'hui, clairement, est en train de pratiquer
15:54 une forme de génocide.
15:55 Beaucoup condamnent ce qui se passe et la situation à Gaza,
15:57 tout en réaffirmant aussi et en rappelant
15:59 ce qui s'est passé le 7 octobre
16:01 et en dénonçant clairement les attaques terroristes du Hamas.
16:03 Mais c'est une évidence que ce qui s'est produit le 7 octobre,
16:06 et nous avons d'ailleurs été les premiers
16:08 à condamner les actions du Hamas.
16:10 Mais pas les plus claires, en reconnaissant-le.
16:11 Je ne crois pas.
16:12 Non mais attendez, si vous avez quelque chose à redire de précis...
16:15 Non, non, c'était simplement...
16:16 Jean-Luc Mélenchon a été le premier responsable politique...
16:18 Le Hamas n'est pas considéré comme une organisation terroriste,
16:20 mais vous connaissez le débat qui dure depuis...
16:22 Alors, son mode opératoire est terroriste, c'est indéniable.
16:24 Et nous l'avons toujours dit, nous l'avons dénoncé.
16:26 En revanche, en effet, du point de vue du droit international,
16:29 pas de la langue qui fait plaisir sur les plateaux de télé,
16:31 le Hamas en tant que tel n'est pas reconnu
16:33 comme une organisation terroriste.
16:35 Vos collègues de l'AFP, par exemple,
16:37 que vous n'allez pas suspecter de je ne sais quoi,
16:39 ne qualifient pas le Hamas d'organisation terroriste.
16:41 Non mais c'est un débat, non, non.
16:42 On peut non pas suspecter, mais interroger
16:44 quand un média ou un politique ne qualifie pas
16:46 une organisation terroriste de terroriste.
16:48 Alors, attendez, on va faire un peu de droit,
16:50 juste un instant, du coup, si vous le voulez bien.
16:52 Regardez.
16:53 Vous ne connaissez peut-être pas ces résolutions de l'ONU.
16:56 Résolution des Nations Unies, numéro 2708.
16:58 Elle reconnaît la légitimité de la lutte
17:01 qui mène les peuples coloniaux et les peuples
17:03 sous domination étrangère pour l'exercice
17:05 de leur droit à l'autodétermination et à l'indépendance
17:07 par tous les moyens nécessaires dont ils disposent.
17:10 C'est l'ONU, c'est Mabrouk.
17:11 Et elle dit également, "réaffirme la légitimité
17:14 de la lutte des peuples pour se libérer
17:16 de la domination coloniale et étrangère".
17:18 Y compris par...
17:19 - Entièrement attaquée par une organisation terroriste.
17:21 - Attendez, attendez, c'est Mabrouk.
17:22 Moi, je parle la langue du droit international.
17:25 Est-ce que je suis en train de vous dire,
17:26 ça pèse peut-être moins pour vous que ces news et radio J,
17:29 mais ça s'appelle les Nations Unies, d'accord ?
17:31 Et les Nations Unies reconnaissent cette légitimité.
17:34 Pour autant, évidemment, Mme Mabrouk,
17:36 évidemment, le mode opératoire du Hamas le 7 octobre,
17:39 lui, tombe sous le coup de la loi.
17:41 Et ce sont des actes qui ne sont pas acceptables,
17:43 qui sont des crimes de guerre,
17:44 qui sont des actes terroristes.
17:45 Et ça, nous n'avons pas de difficulté à le dire.
17:46 - Merci, Adrien Quatennens.
17:47 On est arrivé au bout...
17:48 - On n'a pas du tout eu le temps de parler des élections européennes.
17:50 - Mais Manon Brice sera notre invitée au courant.
17:52 - Permettez-moi juste de dire un seul mot,
17:54 alors pour conclure.
17:55 Si vous avez voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2022
17:57 ou pour la NUPES en juin 2022,
17:59 refaites-le le 9 juin prochain
18:01 en votant pour la liste conduite par Manon Brice.
18:03 - Merci d'avoir été notre invitée.
18:04 Je vous dis à bientôt, Adrien Quatennens.
18:05 - À bientôt, merci.
18:06 (Générique)