La grande interview : Bruno Le Maire

  • il y a 7 mois
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Transcript
00:00 Bienvenue et bonjour Bruno Le Maire.
00:02 Bonjour Sonia Mabrouk.
00:03 Merci de votre présence.
00:04 Vous êtes le ministre de l'Economie, des Finances, de la Souveraineté Industrielle
00:07 et Numérique.
00:08 Vous êtes le numéro 2 du gouvernement.
00:10 Au lendemain du discours de la politique générale du Premier ministre, la colère et la détresse
00:14 des agriculteurs ne retombent pas et leur mobilisation, Bruno Le Maire, ne faiblit pas.
00:18 On va en parler en détail car au moment où nous nous parlons, des convois de tracteurs
00:22 se rapprochent, notamment de Rungis, chez des aéroports Orly et Roissy.
00:25 Mais tout d'abord, Gabriel Attal a promis hier, Monsieur le ministre, de déverrouiller
00:30 le pays, de désmicardiser la France, de débureaucratiser, de simplifier, bref, libérer et délivrer.
00:35 En quoi ce n'est pas un enchaînement de slogans ?
00:37 D'abord, c'est un beau discours de politique générale.
00:41 C'est une feuille de route qui est claire, à laquelle je souscris à 100%.
00:46 Je pense que tout ce que vous venez de dire, simplifier la vie des Français, alléger
00:50 les charges, faire en sorte qu'il y ait des perspectives salariales pour tous, c'est exactement
00:54 ce qu'il faut à la France.
00:56 Et derrière, Gabriel Attal a présenté un certain nombre de mesures qui sont très
01:00 concrètes, que ce soit sur le SMIC, sur le logement, permettant aux maires, par exemple,
01:04 d'attribuer eux-mêmes les logements sociaux, en disant que dans les constructions, il faut
01:08 plus de logements intermédiaires pour les classes moyennes.
01:10 Il est allé dans un degré de détail qui, je pense, est salutaire parce que ça crédibilise
01:15 la parole politique.
01:16 Quand il parle des AESH, les personnes qui accompagnent les enfants en situation de handicap
01:20 à l'école, on sait que partout dans des communes, il y a une difficulté pour savoir
01:25 qui paye la période du déjeuner.
01:27 Là, il dit que c'est l'État qui va prendre à sa charge parce qu'il faut sortir de cet
01:31 imbroglio sur les AESH.
01:32 C'est très concret, c'est la vie quotidienne des Français.
01:35 C'est une réponse qui me paraît salutaire.
01:37 Nous sommes d'accord, mais que ne l'avez-vous fait avant ? Ça apparaît comme un discours
01:41 de rupture.
01:42 Un discours de rupture avec vous-même, avec ce que vous avez fait depuis 2017, c'est assez
01:45 étonnant.
01:46 En matière économique, je ne crois pas du tout.
01:47 Je pense qu'au contraire, c'est dans le droit fil de ce que nous avons fait.
01:51 La preuve, on a fait une loi industrie verte qui permet de construire des usines en France
01:57 qui vont produire des éoliennes, des pales d'éoliennes, des batteries électriques.
02:01 Il annonce une loi industrie verte 2 pour accélérer encore plus la réindustrialisation
02:06 du pays qui me tient profondément à cœur et sur laquelle, avec le président de la
02:10 République, nous nous battons chaque jour depuis 7 ans.
02:12 C'est dans le droit fil de ce que nous avons fait.
02:14 Quand ils disent simplification de la vie des PME et des TPE, c'est mon grand chantier
02:18 de 2024.
02:19 Je l'avais proposé au président de la République il y a deux ans en lui disant qu'il faut
02:22 qu'on accélère sur la simplification.
02:25 C'est le prolongement direct de la loi Pacte de 2019 qui simplifiait la vie des PME et
02:30 des TPE, qui allégeait certains seuils, voire qui a supprimé certains seuils quand une
02:34 entreprise grossit.
02:35 On va aller plus loin avec les propositions de simplification qui ont été faites par
02:40 Gabriel Attal.
02:41 On va aller plus loin et dans la continuité, mais avec une vraie accélération qui est
02:45 indispensable quand on s'approche de la fin du quinquennat.
02:47 Les oppositions de Bruno Le Maire ont dénoncé de leur côté un catalogue sans souffle pour
02:50 Éric Ciotti et Marine Le Pen.
02:51 C'était Gabriel Thatcher pour Jean-Luc Mélenchon, le jeune Giscard aux yeux de Ruffin.
02:56 Et vous, comment vous décririez le nouveau Premier ministre ?
02:59 C'est Gabriel Attal.
03:00 Tout simplement.
03:01 Je suis frappé.
03:02 Il a du caractère totalement convenu des réactions des oppositions.
03:06 C'est désolant, j'aurais dû lui faire preuve d'un peu plus d'imagination.
03:08 L'esprit français, c'est l'imagination, la créativité.
03:11 Il y en avait hier de la créativité et de l'imagination ?
03:14 De la part des oppositions, non.
03:15 Mais je trouve que c'était le discours de Gabriel Attal, Premier ministre, avec son
03:21 style, avec son ton, avec ses formules.
03:23 Je le sais puisque je l'ai lu au Sénat.
03:25 Donc je peux vous dire qu'on s'y retrouvait, on retrouvait le personnage politique de Gabriel
03:31 Attal.
03:32 C'est un discours qui lui appartient en propre.
03:33 Sur la colère agricole qui ne faiblit pas à Bruno Le Maire, ce matin, des convois
03:37 de tracteurs se rapprochent de points névralgiques.
03:39 Rungis, mais aussi les aéroports de Roissy et d'Orly, des blindés ont été placés.
03:44 Certains dénoncent, malgré ce dispositif des forces de l'ordre, un deux poids deux
03:48 mesures, une indulgence, une mensuée due de votre part à l'égard des agriculteurs.
03:52 Est-ce que vous l'assumez ce matin ?
03:53 L'ordre, il s'impose à tous.
03:55 Je pense que le ministre de l'Intérieur a été très clair sur ce sujet.
03:59 L'ordre s'impose à tous et il ne s'agit pas de voir nos aéroports bloqués ou Rungis
04:05 bloqués.
04:06 Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a eu raison de rappeler que la France ne
04:09 pouvait pas, ne devait pas être bloquée.
04:11 Ça ne m'empêche pas, très personnellement, de dire à quel point je comprends la colère
04:17 et la souffrance des agriculteurs.
04:19 J'ai été trois ans ministre de l'Agriculture.
04:21 C'est un monde que j'aime profondément.
04:23 Et on voit bien aujourd'hui que ce que demandent les agriculteurs, c'est une chose très simple,
04:28 de la justice.
04:29 Ni plus, ni moins.
04:32 Quand on impose des normes ou des règles, il faut que les normes qui s'appliquent en
04:35 France ne soient pas plus dures que celles qui s'appliquent en Europe.
04:38 On impose des normes.
04:39 Parce qu'hier, Gabriel Attal a dit "Ces normes qui viennent d'Anszézou".
04:41 Non, ces normes qui viennent...
04:42 Mais est-ce que vous n'avez pas nourri vous-même l'hystérie normative ?
04:45 Parfois, la France a surtransposé un certain nombre de règles et la majorité, d'ailleurs,
04:49 a corrigé un certain nombre de surtranspositions au cours des mois et des années passées.
04:53 C'est des débats qui sont toujours longs, qui sont toujours difficiles.
04:56 La justice, c'est faire en sorte que si on interdit à nos éleveurs d'utiliser des hormones
05:01 pour faire grandir leur bête, on n'importe pas.
05:04 D'ailleurs, on y veille rigoureusement des bêtes qui sont nourries aux hormones.
05:07 C'est cette justice qu'ils demandent.
05:08 La justice, c'est de faire en sorte, et j'y veille personnellement, que les dispositions
05:13 de la loi EGalim, qui préserve le revenu des agriculteurs, soient strictement et rigoureusement
05:18 respectées.
05:19 On va commencer par la justice.
05:20 De la justice, mais il dénonce une injustice.
05:22 Et dans les faits, comment ça se passe ? Vous avez dénoncé, en tout cas, l'exécutif
05:25 a dénoncé le contournement et le non-respect de la loi EGalim.
05:28 Il y a quelques jours, Gabriel Attal a promis de lourdes sanctions.
05:31 Il a été annoncé des contrôles par la répression des fraudes sur trois groupes industriels
05:35 agroalimentaires.
05:36 Et finalement, il ne s'agirait, semble-t-il, que de préinjonctions, de simples avertissements.
05:41 À ce jour, aucune sanction.
05:42 Pourquoi avez-vous reculé ?
05:43 Ce n'est pas du tout un recul, c'est le respect de la règle de droit.
05:47 Et comme je viens de le dire, je suis attaché au respect de la règle de droit pour tous.
05:50 Il y a une procédure, des injonctions, ensuite des contrôles, puis des sanctions.
05:55 Donc j'ai lancé hier quatre préinjonctions, c'est le terme réglementaire, à quatre
06:00 groupes industriels qui ne respecteraient pas les dispositions de la loi EGalim.
06:05 Vous mettez cela aux conditionnels, qui ne respecteraient pas ?
06:07 Oui, parce qu'on est dans un état de droit.
06:09 Donc il y aura un contradictoire, elles vont se défendre.
06:12 Et s'il apparaît que c'est nous qui avons raison, les contrôleurs de la DGCCRF, dans
06:16 ce cas-là, ils seront lourdement sanctionnés jusqu'à 2% du chiffre d'affaires.
06:20 C'est ça les lourdes sanctions promises par le Premier ministre ?
06:22 2% du chiffre d'affaires, c'est très très lourd pour une entreprise.
06:29 Ensuite, il y a les distributeurs.
06:31 Donc sur les distributeurs, je vais lancer 500 contrôles sur les cinq grands distributeurs.
06:37 500 contrôles, c'est beaucoup, parce que quand on contrôle les dispositions de la
06:40 loi EGalim, ce sont des contrats qui peuvent faire 100, 150, 200 pages.
06:45 Nous allons éplucher chacune des dispositions et vérifier avec ces 500 contrôles que tous
06:50 les distributeurs, sans exception, respectent rigoureusement les dispositions de la loi
06:54 EGalim, notamment l'obligation de contractualisation et de préservation du revenu des investisseurs.
06:59 Ce sont les agriculteurs de la matière première agricole.
07:01 500 contrôles, c'est le double de ce que nous faisons d'habitants.
07:04 J'arrive à la grande discussion.
07:05 Je voudrais comprendre pour ces quatre groupes agroalimentaires, ces quatre entreprises,
07:10 des noms sont sortis dans la presse, la lettrie Malo, il y a deux filiales de Bigard.
07:15 Est-ce que vous dites aujourd'hui que c'est confirmé ? Est-ce que ça a fuité ?
07:18 Non, je ne donnerai pas de nom, c'est à ma bouche.
07:20 Pas de name and shame ?
07:21 Je regrette d'ailleurs que ces noms soient sur la place publique.
07:24 Je suis attaché au respect de l'état de droit.
07:25 Je suis là pour contrôler, prononcer des sanctions si les contrôles montrent qu'effectivement,
07:34 il y a eu une infraction.
07:35 Mais il y a un contradictoire, il y a une défense.
07:38 Derrière, il y a des industriels, il y a des emplois.
07:40 Donc respectons les règles de l'état de droit.
07:43 L'autorité, ce n'est pas faire ou dire n'importe quoi.
07:46 L'autorité, c'est être intraitable sur le respect de la règle.
07:49 Je serai intraitable sur le respect de la règle.
07:51 Et sur les distributeurs, je veux ajouter un point qui est très important.
07:53 Il y a beaucoup de distributeurs aujourd'hui qui achètent par des centrales d'achat européennes.
07:57 Cela a été dénoncé hier par le président de la République.
07:58 Oui, je veux dire avec beaucoup de force.
08:01 Mais rassurez-nous, tout le monde était au courant, Monsieur le Ministre.
08:03 Mais bien sûr, tout le monde sait qu'il y a des centrales d'achat européennes.
08:05 Alors pourquoi on se réveille pas ce matin ?
08:06 Mais je ne me réveille pas ce matin.
08:07 Ces contrôles, j'en fais depuis des années.
08:09 Et j'ai prononcé des sanctions.
08:10 Alors pour le coup, je peux le dire, c'est contre Leclerc, de plus de 6 millions d'euros
08:14 parce qu'il y avait un contournement par centrales d'achat de Monsieur Leclerc.
08:17 Donc je n'hésite pas à contrôler et sanctionner fermement.
08:21 Et pour les centrales d'achat européennes, je veux lever toute ambiguïté.
08:25 Les règles de droit, c'est-à-dire la loi EGalim, s'appliquent à tous les distributeurs
08:30 et s'appliquent aux centrales d'achat européennes.
08:32 Donc je vais lancer des contrôles spécifiques sur les centrales d'achat européennes pour
08:36 m'assurer qu'il n'y a pas de contournement par ces centrales d'achat européennes des
08:40 règles de la loi EGalim, c'est-à-dire la protection du revenu des agriculteurs.
08:44 Je ne veux pas que le revenu des agriculteurs soit la variable d'ajustement des négociations
08:48 commerciales.
08:49 Mais qu'est-ce que ça va changer ? Ces distributeurs auront toujours ces centrales d'achat hors
08:52 de France en Europe et permettront toujours de contourner la loi EGalim.
08:55 D'ailleurs, ce n'est pas illégal ?
08:56 Est-ce que ce contournement...
08:57 Il est tout à fait illégal s'ils ne respectent pas la loi EGalim.
09:01 Qu'est-ce qu'on fait ? On ferme les centrales d'achat hors de France ?
09:04 Si ils vont acheter, alors ça ne concerne que les très grands industriels, ce n'est
09:06 pas le petit producteur qui va passer par une centrale d'achat.
09:09 Mais si un distributeur utilise sa centrale d'achat et prend un très gros industriel
09:13 de l'agroalimentaire, par exemple dans les yaourts, prenons un exemple où il y a beaucoup
09:18 de masse et beaucoup de produits, et que ça ne respecte pas la protection du revenu du
09:23 producteur de lait qui fournit le lait pour ses yaourts, il y aura sanction.
09:27 La sanction s'applique à tous, partout sur le territoire, pour tous les distributeurs,
09:33 que ce soit négocié au niveau national ou par des centrales d'achat européennes.
09:37 Et comme j'ai le sentiment qu'il peut y avoir, pas une volonté, mais la tentation de contourner
09:42 par les centrales d'achat européennes, je vais renforcer les contrôles sur ces centrales
09:46 d'achat européennes.
09:47 Pourquoi il a fallu attendre que les électeurs soient dans la rue ? Pourquoi il a fallu attendre
09:50 que les tracteurs soient en route vers les grandes villes ? Pourquoi il a fallu attendre
09:55 ces blocages pour qu'on utilise la…
09:56 Mais je vous rassure, je n'ai pas attendu, une fois encore je peux donner la liste des
09:59 sanctions que j'ai prononcées avec la Direction générale de la consommation et de la répartition
10:02 des fraudes, mais là encore je reviens à l'autorité.
10:06 L'autorité, ce n'est pas sauter sur son tonneau en disant "mais regardez comme je
10:10 suis autoritaire", c'est avoir l'assurance que le ministre de l'économie et des finances
10:16 n'aura jamais le bras qui tremble pour protéger les plus petits.
10:19 Je n'ai jamais eu le bras qui tremble pour faire respecter la règle et pour protéger
10:25 les plus petits, en particulier les producteurs, mais je ne le clame pas matin, midi et soir,
10:29 il suffit que ça se sache.
10:30 Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi des boucs émissaires un peu commodes, on vise et beaucoup
10:34 visent la grande distribution, est-ce que c'est vraiment le grand méchant loup qui
10:37 s'en met par, donnez-moi l'expression, trivial, plein l'épaule ?
10:40 Moi je n'ai jamais aimé les boucs émissaires, donc je considère qu'il faut faire respecter
10:43 la loi, ne pas pointer du doigt les uns et les autres, et surtout qu'il faut regarder
10:47 quel est en réalité le vrai problème de nos agriculteurs.
10:51 C'est un problème de revenus, c'est un problème de compétitivité, c'est un problème de marge
10:56 qu'ils arrivent à dégager sur l'exploitation.
10:58 Donc faire respecter la règle, oui.
11:00 Dire si on tape les distributeurs et les industriels, ça va aller beaucoup mieux pour les agriculteurs,
11:04 ce n'est pas vrai.
11:05 On le fait depuis 20 ans.
11:06 Quand j'étais ministre de l'agriculture, j'ai toujours refusé de tomber dans ce panneau.
11:10 Là je vous dis exactement la même chose.
11:11 On fera respecter la règle, c'est très important, sur les distributeurs et sur les industriels,
11:16 mais regardons la réalité du problème agricole français, qui touche dans le fond un problème
11:21 très national.
11:22 Notre pays, depuis quelques décennies, a avantagé la consommation sur la production.
11:28 On l'a vu sur l'industrie, il y a eu 40 années de désindustrialisation.
11:32 Avec le président de la République, nous avons inversé la tendance, on a dit stop,
11:36 il faut à nouveau des usines, des ouvriers, de la production industrielle en France.
11:39 Sur l'agriculture, on en est exactement au même point.
11:41 Le président est arrivé, tout s'est inversé.
11:43 En matière industrielle, je suis obligé de constater qu'on fermait des usines, on en
11:47 ouvre, on détruisait des emplois ouvriers, on en recréait.
11:50 Sur l'agriculture, c'est exactement la même chose.
11:53 On a laissé depuis des décennies notre agriculture dépérir, mais avoir moins d'exploitation,
12:01 moins de fermiers, moins de production, plus d'importation.
12:04 Il faut inverser la tendance.
12:05 J'ai l'impression d'entendre le discours d'un opposant à sa propre politique, notamment
12:08 sur l'agriculture européenne.
12:09 Pas du tout, parce que je vous dis que sur l'industrie, on a réussi à inverser la tendance.
12:12 Pour moi, je le dis très sincèrement, c'est une vraie fierté de me dire, voilà, depuis
12:17 sept ans que je suis ministre de l'Économie et des Finances, avec le président de la
12:20 République, nous avons posé le bon diagnostic, pris les décisions courageuses que personne
12:24 ne voulait prendre sur l'impôt de production et ouvert à nouveau des usines.
12:28 Et là, sur l'agriculture, regardons quelle est la réalité des problèmes agricoles
12:32 français, répondons-y sur les normes, les sociopositions, sur les accords commerciaux
12:38 et inversons la tendance.
12:39 Justement, le président de la République qui sera demain à Bruxelles dit non à l'accord
12:42 UE-Mercosur.
12:43 Il a mille fois raison.
12:44 Attendez, il y a la suite.
12:45 La Commission européenne compte bien poursuivre les négociations.
12:48 Elle l'a fait savoir hier en n'affirmant pas du tout.
12:50 Les négociations se poursuivent, les contacts avec les partenaires de Mercosur également.
12:55 Est-ce que la France n'est pas désavouée par ce qui a été dit hier par la Commission ?
12:58 Il y aura un bras de fer et la France fera tout le nécessaire pour que le Mercosur
13:02 tel qu'il est aujourd'hui ne soit pas signé.
13:04 C'est un accord à la majorité qualifiée.
13:06 Quel choix a-t-on à part se soumettre ?
13:09 Croyez-moi, quand la France veut quelque chose en Europe, elle a suffisamment de poids
13:13 pour l'imposer.
13:14 C'est ce que fait le président de la République.
13:15 C'est grâce au président de la République et uniquement grâce à lui que cet accord
13:19 n'est pas signé aujourd'hui.
13:20 Cet accord Mercosur tel qu'il est, il n'est pas bon pour nos éleveurs.
13:23 Il ne peut pas, il ne doit pas être signé en l'État.
13:26 Il ne sera pas signé en l'État.
13:28 Je vous pose la question directement.
13:29 Comment vous croire sur le Mercosur alors qu'en même temps vous avez voté les importations
13:32 massives d'Ukraine sans droit de douane sur les volailles, les céréales, les betteraves
13:36 que les accords de libre-échange sont signés ou en train de l'être sans close miroir
13:39 avec la Nouvelle-Zélande, le Chili ?
13:41 Est-ce que vous êtes, pour le dire clairement, compatissant avec nos agriculteurs à Paris
13:45 et très complaisant à Bruxelles ?
13:46 Pas du tout.
13:47 Je pense qu'il ne faut pas caricaturer comme ça parce qu'il y a des accords commerciaux
13:50 qui sont très bons pour nos agriculteurs.
13:51 Je vous dis, j'aime le monde paysan profondément.
13:55 Ensemble, il n'y a que des déclarations d'amour.
13:58 Permettez-moi de dire que vous avez des preuves en monnaie sonante et très bûchante.
14:02 Je vous rappelle que j'ai été trois ans ministre agriculteur et je pense avoir apporté
14:03 des preuves en monnaie sonante et très bûchante.
14:05 Quand nous allons avec le président de la République en Chine et que nous négocions
14:08 directement avec le ministre du Commerce chinois et pour le président de la République, avec
14:11 le président Xi, pour permettre l'exportation de porcs français vers la Chine, ça fait
14:18 exploser le prix du porc en France.
14:20 Ça soutient nos agriculteurs.
14:21 On se bat, mais très concrètement, c'est des négociations qui sont difficiles.
14:24 Quand nous négocions l'accord avec le Canada, ça permet d'augmenter de 46% les exportations
14:33 de vins et de spiritueux vers le Canada.
14:35 Ça permet d'augmenter les exportations de fromage vers le Canada.
14:38 Même chose pour le Japon, ça permet d'exporter plus de vins et plus de spiritueux.
14:42 Moi, je les entends, tous ces ignares de la vie économique qui vous font des leçons dans
14:48 le livre « Échange, c'est terrible », qu'ils aillent le dire dans une ferme, qu'ils aillent
14:51 chez un producteur de porc de Bretagne pour lui dire « on arrête de commercer avec la
14:56 Chine, on verra la réaction ». Arrêtons à la faveur d'une crise de dire tout et
15:00 n'importe quoi.
15:01 Il faut regarder chaque accord commercial, vérifier qu'il est dans l'intérêt de
15:06 nos producteurs et ne les signer qu'ils sont réellement dans l'intérêt de nos producteurs.
15:10 Avec le Canada, avec le Japon, ça valait le coup.
15:13 Avec les pays d'Amérique du Sud et de Mercosur, les conditions ne sont pas garanties, on ne
15:17 signe pas et la France ne signera pas en l'état.
15:20 Quelle garantie que ce ne soit pas ratifié à la fin ?
15:22 Le président de la République s'est opposé.
15:24 La voix de la France, c'est ça ?
15:26 Croyez-moi, faites confiance au poids de la France.
15:29 C'est aux agriculteurs qu'il faut le dire, M. le ministre.
15:31 L'INSEE va dévoiler tout à l'heure, dans un petit quart d'heure maintenant, son estimation
15:34 de l'inflation pour le mois de janvier.
15:36 Je suppose que vous connaissez évidemment déjà la tendance.
15:38 Pouvez-vous nous l'annoncer ce matin ?
15:40 Je ne vais pas donner le chiffre puisqu'il est encore sous embargo.
15:42 Ce que je peux dire, c'est que je me suis engagé à ce que l'inflation décroisse rapidement
15:47 au début de l'année 2024.
15:48 Ce sera le cas.
15:49 Les engagements que je prends, je les tiens.
15:50 Une petite note d'humour pour finir cet entretien.
15:53 B. le maire, c'est vous, vous êtes le numéro 2 du gouvernement, qui avez prononcé le discours
15:56 hier de Gabriel Attal au Sénat.
15:59 Cela fait sourire à un moment beaucoup le président du Sénat et toute l'Assemblée
16:04 puisque vous avez dû dire cette phrase que vous êtes né en 1989.
16:08 Vous avez un secret ?
16:09 J'ai dit si seulement.
16:11 Si seulement, c'est vrai.
16:12 Jean-Bienri avait raison.
16:14 C'est une drôle de chose de se dire je suis né en 1989.
16:18 C'est formidable d'avoir un jeune Premier ministre.
16:20 C'est la deuxième fois que vous prononcez ce discours de politique générale ?
16:23 C'est la deuxième fois.
16:24 Un petit exercice de schizophrénie.
16:26 En tant que numéro 2 du gouvernement.
16:27 Merci B. le maire.
16:28 Merci.
16:29 C'est votre grande interview ce matin.
16:30 A bientôt.
16:31 [Musique]
16:35 [SILENCE]

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