Anne Brassié reçoit Yves Chiron pour sa remarquable biographie de Jean Madiran. Ce dernier a marqué son temps en réclamant après le concile : "Rendez-nous le catéchisme, l'écriture et la messe !". Sa foi et ses dons de conviction ont ostracisé le fondateur d'Itinéraires et de Présent. Qu'importe, il est maintenant à la droite du Père !
Puis, Anne Brassié reçoit Alexandre Bellas pour un film étonnant qui relate un dialogue entre Nietzsche et Victor Hugo.
Puis, Anne Brassié reçoit Alexandre Bellas pour un film étonnant qui relate un dialogue entre Nietzsche et Victor Hugo.
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00:00:26 Chers amis de TV Liberté, bonjour ! Je vous retrouve avec bonheur pour vous présenter un livre magnifique,
00:00:34 celui d'Yves Chiron. Bonjour Yves Chiron.
00:00:38 Vous avez collaboré au beau journal, au beau quotidien présent,
00:00:44 et vous avez, après bien d'autres biographies très importantes,
00:00:49 vous avez consacré une biographie à Don Gérard, à Padré Pio,
00:00:54 au frère Roger Schutz.
00:00:57 Vous avez écrit une biographie de Maurice Barres,
00:01:00 une étude consacrée à Edmund Börk, et une biographie de Charles Maurras.
00:01:05 Vous êtes historien, journaliste, essayiste, je crois que vous avez été aussi professeur.
00:01:11 Oui.
00:01:13 Et nous vous remercions beaucoup pour cette biographie extraordinaire,
00:01:19 Jean Madiran, 1920-2013. Donc ça fait presque 11 ans que Jean Madiran est mort.
00:01:30 J'ai un petit peu connu Jean Madiran puisque j'ai été invitée à travailler au journal présent
00:01:39 dans les dix dernières années de la vie de Jean Madiran,
00:01:43 parce que deux fois j'ai pénétré dans son jardin secret des lettres,
00:01:50 parce qu'en fait il était très littéraire, en publiant d'abord "Une vie de Brasiliac"
00:01:55 et ensuite en écrivant "La vie de Lavarande".
00:01:59 Or, il se trouve que ce sont les deux écrivains préférés de Madiran.
00:02:04 Alors, dans un premier temps, il m'a regardée en fonçant les sourcils,
00:02:07 "Vous n'avez pas parlé de mon livre, comme font tous les biographes".
00:02:11 C'est un réflexe. Et je lui ai dit "Mais si, bien sûr, cher monsieur, j'avais bien mis son livre".
00:02:18 Et puis, donc il a été très heureux de m'inviter à travailler dans le journal.
00:02:25 Et ça a été un grand, grand moment pour moi de le suivre et de le lire.
00:02:32 J'ai été extrêmement impressionnée. D'autant plus impressionnée qu'avec
00:02:38 l'effroyable forfaiture du lundi 4 mars, l'inscription de l'avortement dans le marbre de la Constitution,
00:02:47 toutes ces prévisions, toutes ces réflexions philosophiques, sociales et politiques
00:02:56 se trouvent confirmées par cet acte que, Dieu merci, il n'a pas vu ou qu'il voit de loin et de haut, je l'espère,
00:03:04 avec le calme de ceux qui sont au paradis. Et cette vie de combat, parce qu'en fait, vous auriez pu écrire,
00:03:15 vous n'avez pas mis de sous-titres, on dit "Jean Madiran", vous auriez pu écrire "Jean Madiran, le combattant".
00:03:22 - Oui, mais bon, j'ai voulu rester dans la sobriété et la rigueur de l'histoire.
00:03:27 Mais oui, on aurait pu mettre ce qualificatif-là ou d'autres.
00:03:31 - Alors cette vie de combat, elle est étonnante, parce que très jeune, il est d'une famille très catholique.
00:03:39 - Oui. - D'où vient-il ?
00:03:42 - D'une famille d'origine libournaise, et puis bordelaise. C'est effectivement une famille catholique.
00:03:50 Son père appartient à différentes mouvements catholiques ou organisations catholiques.
00:03:57 Sa mère est aussi très croyante. - Et dame catéchiste.
00:04:00 - Voilà, dame catéchiste, c'est vrai. Son père fait partie de la Conférence de Saint-Vincent de Paul,
00:04:05 fera partie plus tard des Brancardiers de Lourdes. Et donc dans cette famille où il est l'aîné,
00:04:13 il reçoit une éducation catholique, même s'il n'a fréquenté que les écoles publiques.
00:04:21 Ceci dit, c'est par lui-même qu'il va découvrir les auteurs phares de sa pensée, Maurras et Saint-Thomas.
00:04:31 Très brièvement, Maurras, il le découvre à 15 ans. - Oui, 15 ans !
00:04:37 - Il est en classe de première, et il lit un bouquin de Léon Daudet qu'il a trouvé dans une bibliothèque.
00:04:45 Et par Daudet, il découvre qu'il y a quelqu'un, un grand auteur, un grand journaliste, qui s'appelle Maurras.
00:04:50 Et donc il va commencer à lire Maurras à 15 ans, en commençant par "L'avenir d'intelligence", qui n'est pas le livre le plus simple.
00:04:59 Et pour Saint-Thomas d'Aquin, il découvre ça à 17 ans. Là, il est en classe préparatoire, donc après le bac.
00:05:05 - Il est où ? À Bordeaux ? - Voilà, à Bordeaux.
00:05:09 Et il a un exposé à faire sur Bergson. Et puis il se dit "Bon, je vais lire les bons auteurs sur Bergson."
00:05:19 Et il découvre le bouquin de Maritain sur Bergson. Et forcément, Maritain, parlant de Bergson, fait référence à Saint-Thomas, cite Saint-Thomas.
00:05:28 Et donc le jeune madiran, Arfel, va lire Saint-Thomas, et c'est une lecture qui ne le quittera plus.
00:05:35 Donc ces deux auteurs, il ne les a pas découverts par l'école, ni par ses parents. Il les a découverts par lui-même.
00:05:42 Et il en sera un lecteur familier jusqu'à sa mort.
00:05:46 - Et il en sera illuminé. Ce qui est détonnant, c'est que très vite, quand l'Action française va être...
00:05:52 L'Action française a été excommuniée avant qu'il ne lise Morras, et sa grand-mère va le traiter de "petite excommuniée".
00:06:00 - Effectivement, dans cette famille, comme dans beaucoup de familles catholiques, si le pape a condamné, il faut suivre le pape.
00:06:07 - Donc il est hors de question de continuer à lire l'Action française. Bon, lui a quand même continué en allant chercher le journal dans les kiosques.
00:06:16 - Et il faisait un ou deux kilomètres à pied pour aller chercher le journal. C'est quand même une personnalité...
00:06:24 - Depuis la maison de campagne, oui.
00:06:26 - C'est quand même une personnalité inouïe, de volonté, de clairvoyance. Mais il n'était pas un peu... Il avait calculé son QI, non ?
00:06:36 - Non, pas à ma connaissance.
00:06:38 - À mon avis, il avait quand même un très bon score de neurones. Ce n'est pas possible autrement.
00:06:44 Alors, ce qu'il y a d'amusant, c'est ce que vous relevez, c'est son totem scout. C'est Koch Goguenahr.
00:06:57 - Voilà. C'est sa sœur qui est religieuse, qui vit toujours, qui m'a appris ce nom "totem" chez les scouts.
00:07:05 Et ça correspond un peu... Enfin, chez les scouts, on a expliqué ça. Le totem est donné en fonction du caractère de celui à qui on l'attribue,
00:07:16 à la fois comme caractéristique et éventuellement, soit pour qu'il persévère dans cette voie, soit qu'il corrige un peu ce trait de caractère.
00:07:24 Et donc Koch Goguenahr, c'est... Oui, déjà à cet âge-là d'adolescent, un peu la prestance, sans doute...
00:07:31 - Ah oui, il ne doute de rien et il peut contester, protester, jusqu'aux échelons très supérieurs,
00:07:39 puisqu'il écrit au pape en lui disant "ça ne va pas". Donc c'est bien un comportement, c'est vrai, de Koch.
00:07:47 Et Goguenahr, parce qu'il a toujours ce sourire dans les yeux qui me faisait rire.
00:07:54 - Un peu d'ironie. - Il a de l'ironie, l'ironie. Beaucoup d'ironie.
00:07:58 - Mais aussi avec, au final, la volonté de convaincre ou de discuter, de disputer, d'opposer argument à argument.
00:08:09 - Oui, absolument. En fait, il n'a pas été très bien compris par cette hiérarchie.
00:08:14 Il ne faut pas dire que la hiérarchie catholique soit habituée au dialogue à cette époque-là.
00:08:21 La vérité tombe du Vatican et il n'est pas question de dialoguer. C'est comme ça, ce n'est pas autrement.
00:08:30 Alors là, maintenant, on est tombé dans un excès de dialogue, en tout cas avec certains,
00:08:35 parce qu'il y a des gens avec lesquels on ne dialogue toujours pas.
00:08:38 Et pauvre Ahmad Hiran était dans cette catégorie avec laquelle on ne discute pas.
00:08:44 - Est-ce que cette condamnation de Maurras ne lui a pas déjà fait comprendre que s'opposer et dire certaines vérités étaient très dangereuses ?
00:08:57 - Oui, enfin, ceci dit, il a collaboré au journal monarchiste, d'abord local, La Nouvelle-Guyenne,
00:09:06 et puis ensuite à l'Action française elle-même, en considérant que, de toute façon, la levée de la condamnation avait eu lieu en 1939.
00:09:16 Donc quand il commence à collaborer au journal monarchiste, la condamnation a déjà été levée.
00:09:21 Mais forcément, dans sa famille, il a bien vu que les catholiques étaient divisés et que ceux qui refusaient ou s'opposaient à la condamnation pontificale avaient des sanctions très sévères.
00:09:40 - Oui. Alors, il arrive une autre condamnation, puisque la guerre arrive, la libération,
00:09:47 qui correspond tout de même à l'incarcération d'un certain nombre de gens, dont Maurras.
00:09:53 Est-ce que cette condamnation de Maurras à la prison n'a pas eu une grande résonance en lui ?
00:10:02 - Oui, parce qu'il avait rencontré Maurras en 1943, pendant la guerre.
00:10:09 Il l'avait revu à Lyon à plusieurs reprises, il était en correspondance avec lui.
00:10:13 Maurras a même préfacé son premier livre, et cette préface, justement, est écrite quelques jours avant que Maurras soit arrêté.
00:10:23 - Et son premier livre, c'est "Le temps de l'imposture".
00:10:25 - Non, non, "La philosophie politique de Saint-Thomas".
00:10:27 - Ah, carrément, "La philosophie"...
00:10:28 - C'est-à-dire que le livre est écrit en 1944, mais ne sera publié qu'en 1947.
00:10:34 Et entre-temps, il y a effectivement "Le temps de l'imposture", qui est un livre, on va dire, anticommuniste.
00:10:40 - Mais il a quel âge quand il écrit "La philosophie"...
00:10:42 - Il a 23 ans, 23-24 ans, et donc Maurras fait une très très longue préface à ce livre, qui lui semblait important.
00:10:49 Et quelques jours après, Maurras est arrêté, effectivement, et incarcéré, passera en procès.
00:10:55 Et il est évident que pour Madiran, enfin le futur Madiran, la condamnation de Maurras est une injustice absolue, évidemment.
00:11:05 La poursuite des collaborateurs et des miliciens, bah, lui semble aussi une injustice, dans la mesure où,
00:11:14 si ces gens se sont engagés sans trahir la France, sans verser de sang, leur poursuite judiciaire est injuste, évidemment.
00:11:25 - Et puis, il faut toujours rappeler que les miliciens, ils se sont constitués,
00:11:29 les miliciens, c'était des notables, des gens qui n'avaient pas l'habitude de porter des fusils,
00:11:34 qui se sont constitués, encore constitués, parce qu'il y avait des exactions de militants communistes...
00:11:42 - Ou de la résistance...
00:11:44 - C'est un peu quelquefois la même chose...
00:11:47 - Oui, bien sûr, oui...
00:11:49 - Et qui faisaient des exactions monstrueuses dans les provinces de France.
00:11:54 Mais il faut toujours rappeler ce petit phénomène, qui est complètement oublié,
00:11:58 puisque la propagande depuis 70 ans tombe avec une régularité d'horloge,
00:12:03 donc il ne manque jamais une occasion de le rappeler.
00:12:06 Il travaille dans tous les bons journaux, il est dans des journaux militants,
00:12:14 et il va travailler avec Albertini, Georges Albertini.
00:12:19 Est-ce que ce n'est pas là qu'il va...
00:12:22 Alors, Georges Albertini était un spécialiste des affaires internationales.
00:12:27 Est-ce que ce n'est pas là qu'il a appris énormément de choses sur le fonctionnement du monde
00:12:33 et les pouvoirs, notamment du Parti Communiste ?
00:12:36 - Oui, Albertini avait fondé un centre d'études de recherche et de diffusion de l'information,
00:12:43 spécifiquement sur le mouvement communiste et les pays communistes.
00:12:47 Et Madiran, après avoir été professeur à Maslach, à l'école des Roches,
00:12:53 quand il s'installe à Paris, va travailler dans le centre d'Albertini,
00:12:58 va collaborer aux publications nombreuses d'Albertini.
00:13:01 Et là, effectivement, par le travail qu'on lui fait faire,
00:13:04 et par les anciens communistes qu'il rencontre dans ce centre d'Albertini,
00:13:09 il va avoir une connaissance du communisme très étendue.
00:13:14 Donc après la connaissance qu'il peut avoir des livres, des livres des grands auteurs communistes,
00:13:21 là il va découvrir, on va dire, le monde communiste à travers l'expérience de différents pays
00:13:27 et la pratique qu'ont les gouvernements communistes ou les mouvements communistes dans le monde.
00:13:33 - Oui, ce qui va lui donner cette clairvoyance qui lui a été beaucoup reprochée,
00:13:38 puisque, évidemment, voir les problèmes de l'ennemi c'est toujours mal vu,
00:13:42 et d'autant plus qu'il l'est dit, puisqu'il va à plusieurs reprises
00:13:48 montrer que les hiérarchies politiques françaises et la hiérarchie catholique
00:13:56 est soumise au parti communiste.
00:13:59 - Bon, la hiérarchie en son ensemble, pour les catholiques, c'est peut-être exagéré de dire cela,
00:14:04 mais qu'effectivement il y a, et donc c'est l'objet de ces deux livres,
00:14:08 ces deux premiers livres signés Imadiran,
00:14:11 il y a une soumission ou une inféodation de certains responsables catholiques,
00:14:18 de certains mouvements catholiques, aux mouvements communistes.
00:14:22 Une collaboration des catholiques avec des communistes,
00:14:26 qui bien sûr est inacceptable et dangereuse,
00:14:31 et lui, il va en faire l'objet de deux livres,
00:14:34 ils ne savent pas ce qu'ils disent et ils ne savent pas ce qu'ils font,
00:14:37 qui vont être, on va dire, qui vont faire connaître Imadiran
00:14:41 à un public plus large et aussi le faire connaître dans l'Église de France.
00:14:46 - Oui, d'autant plus que ce premier petit, une espèce de petit pamphlet
00:14:51 va être multiplié, va être édité à 20 000 exemplaires,
00:14:57 va être distribué, envoyé aux évêques, il avait un mécène,
00:15:01 et les évêques ont reçu ce petit livre sur les pieds, et ça leur a fait mal.
00:15:06 - Oui, effectivement. Alors certains évêques ont dit leur accord
00:15:12 de manière privée à Imadiran, et on le voit par la correspondance,
00:15:17 d'autres au contraire ont protesté en essayant de défendre,
00:15:21 on va dire, les mouvements catholiques en général,
00:15:24 mais c'est un livre qui a fait du bruit, et encore une fois,
00:15:27 qui va permettre à Imadiran aussi de lancer la revue itinéraire.
00:15:31 - Alors avant d'aborder le beau sujet d'itinéraire,
00:15:35 il faut parler du rôle de la presse catholique,
00:15:38 qui a quand même un sacré rôle, et pas un rôle très élégant,
00:15:42 c'est le rôle de la Croix, qui a été absolument furax de la publication
00:15:47 de ce livre, et qui a décidé que Imadiran serait l'ennemi numéro un.
00:15:52 - Oui, enfin, il y a eu une réaction d'une certaine presse catholique,
00:15:56 la Croix, Témoignages chrétiens, La Vie catholique de Georges Jourdain,
00:16:00 qui était un édonnaire de très grande diffusion,
00:16:03 qui vont lui être hostiles à cause de ce livre.
00:16:06 Et l'ostracisme sera maintenu à son encontre, effectivement,
00:16:11 on peut dire de la part de cette presse-là, jusqu'à sa mort.
00:16:15 - Oui, jusqu'à sa mort.
00:16:17 - Parce que, à ma connaissance, la Croix n'a pas rendu compte
00:16:22 de l'ivre d'Imadiran, enfin, n'a jamais rendu compte
00:16:26 de l'ivre d'Imadiran, hormis celui-là, le premier.
00:16:29 - Oui, c'est un grand honneur pour eux d'avoir méprisé
00:16:32 un grand, grand écrivain catholique, c'est quand même
00:16:35 un coup de force, il fallait le dire.
00:16:37 Moi, je les ai vus, je les ai pris en flagrant délit,
00:16:41 je le dis parce que ça me soulage, je les ai pris en flagrant délit
00:16:44 d'avoir annoncé une condamnation de Don Gérard, le père abbé du Barou,
00:16:48 personnage très important dans la vie d'Imadiran,
00:16:51 alors que le procès n'avait pas eu lieu,
00:16:54 c'était quand même un coup de force magique.
00:16:57 Pardonnez-moi cet excès, mais quand même,
00:17:00 il y a des choses qui se payent.
00:17:02 Alors, vous avez parlé de, avant d'arriver à Itinéraire,
00:17:06 vous avez parlé de Maslach, des Roches,
00:17:11 pouvez-vous nous présenter, enfin, peut-être d'abord,
00:17:14 vous parlez d'une retraite qui va avoir un effet considérable
00:17:21 sur Jean Imadiran, pouvez-vous nous en parler ?
00:17:24 – Ça, c'est en lien, effectivement, tout à fait directement avec Maslach.
00:17:28 Donc, à Maslach, l'école des Roches qui était en Normandie
00:17:33 avant la guerre… – Qui était à Prêt-Verneuil.
00:17:35 – Voilà, s'est repliée, donc, à Maslach pendant la guerre,
00:17:39 Imadiran y entre comme professeur de philosophie en 1944,
00:17:43 et il va y rester, on va dire, jusqu'en 1950,
00:17:46 donc c'est une période très fondatrice, formatrice pour lui,
00:17:50 grâce au directeur de cette école, André Charlier,
00:17:54 qui était un pédagogue hors pair, le frère d'Henri Charlier,
00:17:59 le grand sculpteur, et donc dans ce milieu,
00:18:02 qui n'est pas simplement une école, mais on va dire un centre
00:18:05 de formation intellectuelle, même de formation spirituelle,
00:18:09 Imadiran va découvrir beaucoup de choses,
00:18:12 il dira que c'est là qu'il a découvert le grégorien, notamment,
00:18:15 parce qu'à la messe du dimanche, Charlier dirigeait
00:18:19 le chœur des fidèles pour le grégorien, et puis justement,
00:18:23 effectivement, il va faire une retraite dans un monastère
00:18:26 qui était situé à quelques dizaines de kilomètres de là,
00:18:29 à Imadiran, dans le village de Imadiran.
00:18:32 – D'où son surnom. – Et cette retraite qui a été
00:18:35 très importante pour lui, parce qu'elle lui a fait découvrir,
00:18:38 on va dire, pour faire bref, l'évangile dans sa lettre,
00:18:43 par la suite, il prendra, comme pseudonyme, Imadiran,
00:18:48 en référence à cette expérience spirituelle fondatrice
00:18:51 qu'il a eue lors d'une retraite qu'il a faite,
00:18:54 seul, dans ce monastère de Imadiran.
00:18:57 – On peut ajouter que ses deux frères, Charlier,
00:19:03 avaient une culture extraordinaire, une culture chrétienne,
00:19:07 Henri Charlier, le sculpteur, a pu écrire
00:19:10 "Le beau est une valeur morale indispensable à la société".
00:19:15 Voilà, tout est dit, et Imadiran a vraiment reçu
00:19:23 beaucoup de ces deux êtres-là, et c'est là aussi
00:19:26 qu'il a rencontré Don Gérard. – Effectivement, oui.
00:19:29 – Don Gérard, c'est son petit portrait de Don Gérard,
00:19:33 dont vous avez écrit la biographie, je le rappelle.
00:19:36 – Oui, je trouve que les frères Calvé, Gérard, Calvé…
00:19:42 – Et Henri. – Et Henri.
00:19:44 – Henri, Gérard, Henri, et je vais vous dire ça,
00:19:48 puisque figurez-vous que l'un des neveux de Gérard,
00:19:53 de Don Gérard, a publié, à titre personnel pour l'instant,
00:19:58 mais j'espère qu'un jour ça sera pour le grand public,
00:20:03 un très beau livre de correspondance de 1944 à 2008,
00:20:08 les correspondances de Brigitte Calvé, André Charlier,
00:20:12 Jean Calvé, Don Gérard et Hubert Calvé.
00:20:15 Donc les trois frères, c'est Jean, Gérard et Hubert.
00:20:18 – Et donc ces trois frères étaient à l'école des Roches,
00:20:22 et donc le futur Don Gérard a eu effectivement Imadiran,
00:20:28 enfin le futur Imadiran comme professeur de philosophie,
00:20:31 et ont commencé à cette époque des liens qui…
00:20:36 – Ne se déferont jamais.
00:20:38 – Ne se déferont jamais, même s'il y a eu une période
00:20:40 où ils ne se sont plus vus, mais jusqu'à la fin de la vie de Don Gérard,
00:20:45 Imadiran a été, on peut dire, à la fois son fils spirituel
00:20:51 et son maître intellectuel, si on peut dire.
00:20:55 – Oui, c'est ça qui est étonnant, c'est que l'élève est devenu
00:20:59 le père spirituel du professeur, c'est très beau comme histoire.
00:21:03 – Voilà, donc une relation assez unique entre ce père abbé bénédictin
00:21:09 et ce vieux philosophe théologien écrivain.
00:21:13 – Il n'a jamais été vieux, il n'a jamais été vieux,
00:21:17 il était… d'abord il n'a jamais été…
00:21:22 je l'ai vu vraiment avant l'été où il est mort,
00:21:26 il est déjeuné chez moi, il avait froid, on lui a apporté une veste,
00:21:32 mais il n'a jamais été handicapé, marchant à petits pas, enfin il était très…
00:21:37 – Non, non, mais il a gardé l'esprit vif jusqu'à la fin.
00:21:40 – Et puis toujours cet humour dans les yeux.
00:21:42 – Oui, bien sûr.
00:21:43 – Et cette ironie à l'égard des choses de ce monde.
00:21:46 Et donc, grande importance des charliers, grande importance de Don Gérard,
00:21:54 et revenons donc à Itinéraire.
00:22:01 Itinéraire, c'est quand même un festival de grands écrivains
00:22:05 de grands noms qui ont participé à cette œuvre.
00:22:08 – J'allais dire, l'idée d'une revue chrétienne
00:22:13 où pourraient se rencontrer des voix différentes,
00:22:17 donc une revue qui ne soit pas simplement une revue,
00:22:21 on va dire, de doctrine chrétienne, mais aussi une revue de culture chrétienne,
00:22:26 une revue d'actualité, mais pas au sens de l'actualité immédiate,
00:22:30 mais d'analyse de l'actualité politique, religieuse.
00:22:34 Et donc cette revue, il a pu finalement la lancer,
00:22:38 on va dire grâce au succès de ses deux livres,
00:22:40 "Ils ne savent pas ce qu'ils disent, ils ne savent pas ce qu'ils font",
00:22:43 et aussi parce qu'il a eu, dès le départ, le soutien de quelques écrivains,
00:22:50 bien installés, de plumes déjà connues,
00:22:53 notamment Henri Charlier ou Marcel Clément,
00:22:58 qui ont promis une collaboration régulière,
00:23:02 et donc grâce à cette collaboration régulière qu'on lui promettait,
00:23:05 en 1956, on peut lancer cette revue, qui sera une revue mensuelle,
00:23:10 qui va durer, on va dire, quasiment 40 ans,
00:23:16 qui a été, et reste aujourd'hui encore, une revue qu'on peut lire,
00:23:23 si on trouve un numéro d'itinéraire ou une collection complète d'itinéraire,
00:23:27 ce qui est très difficile.
00:23:30 - Je gèle la collection complète. - Oui, moi aussi.
00:23:34 - Vous aussi, j'imagine.
00:23:36 - Voilà, les articles qu'on y lit sont souvent,
00:23:40 toujours de grand intérêt, même pour aujourd'hui.
00:23:43 - Et puis, il y a aussi le grand écrivain Gustavo Corsao.
00:23:46 - Oui, bien sûr, le Brésilien.
00:23:48 - Le Brésilien.
00:23:50 - Que Madiran est allé rencontrer au Brésil.
00:23:53 - Oui, au Brésil, oui.
00:23:54 - Qui l'a fait traduire d'abord par Kérali,
00:23:57 et qui fait partie de ces grands esprits,
00:24:01 qui se sont trouvés en accord avec Madiran.
00:24:04 Corsao a lu Madiran au Brésil, avant de collaborer à l'itinéraire.
00:24:10 - Oui, oui. C'est ça la force des revues,
00:24:13 c'est qu'elles vont au bout du monde.
00:24:16 Elles vont au bout du monde.
00:24:18 Et Corsao avait connu un régime totalitaire communiste.
00:24:26 C'était quand même très important aussi.
00:24:29 - Oui, et puis il a, on va dire, expliqué à Madiran
00:24:34 comment les catholiques, avec l'appui de certains évêques,
00:24:40 avaient réussi à mettre en effet ce régime.
00:24:44 - Avec les militaires.
00:24:46 - Avec les militaires, bien sûr.
00:24:48 Mais donc un mouvement populaire et chrétien
00:24:52 qui avait soutenu l'armée dans son opposition à ce régime.
00:24:56 - Oui.
00:24:58 - Voilà.
00:25:00 Cette revue...
00:25:02 Il y a un autre personnage aussi que j'aime beaucoup
00:25:05 qui a rejoint Madiran de là où il était.
00:25:09 C'était André Fossard.
00:25:12 André Fossard qui, rappelons-le, a écrit ce joli livre
00:25:16 "Dieu existe, je les rencontrerai".
00:25:20 Et que j'ai connu et que j'ai interrogé lui-même.
00:25:24 Que j'ai interrogé.
00:25:26 Qui était un personnage tout à fait passionnant.
00:25:30 Et Madiran a été très ému par cette rencontre.
00:25:38 Puisqu'il avait fait un article d'Henri Varol sur un livre d'André Fossard.
00:25:42 Et André Fossard lui avait écrit
00:25:44 "Mon cher Cronfrère, votre salut par-dessus la barricade m'a beaucoup touché".
00:25:49 Et Madiran écrira "C'était une fameuse voie dans le désert parisien.
00:25:55 Y découvrir quelqu'un avec qui l'on a en commun,
00:25:58 le grégorien Saint-Thomas Chesterton, ce n'est pas rien, ça accroche dur.
00:26:03 Quelle écriture incisive et aussi quelle conversation.
00:26:07 On l'écoutait pendant des heures, ce n'était pas un fleuve,
00:26:10 c'était une succession de rafales.
00:26:13 - C'est vrai, ils se rencontraient comme des esprits...
00:26:18 - Des frères d'armes.
00:26:20 - Voilà, exactement, des frères d'armes,
00:26:22 deux journalistes, deux écrivains qui avaient beaucoup d'admiration en commun
00:26:27 pour certaines choses, certaines réalités.
00:26:29 - Et d'antipathie commune.
00:26:31 - Oui, mais ensuite, les chemins se sont séparés pour différentes raisons,
00:26:38 mais du côté de Madiran, avec le regret d'avoir pas pu compter sur Fossard
00:26:47 pour la revue qu'il lançait justement.
00:26:50 - Oui, François avait un poste au Figaro,
00:26:54 il aurait fallu que... les oucas du Figaro sont énormes,
00:26:59 et il aurait fallu qu'il lâche ça, et il n'avait pas beaucoup de moyens de vivre.
00:27:05 Donc, évidemment, mais c'est touchant cette sympathie de combattant, de militant.
00:27:15 Parce qu'il faut se rappeler, chers téléspectateurs,
00:27:18 que les plus vieux d'entre vous lisaient peut-être quelques fois
00:27:22 "Les cavaliers seuls" de Fossard dans le Figaro,
00:27:25 c'était quand même... à eux seuls, il valait l'achat du Figaro.
00:27:29 - Vous avez fait ça dans "Présent" pendant quelques années.
00:27:33 - J'ai fait ça dans "Présent", oui, Jean Madiran m'a offert ce bonheur-là,
00:27:37 et c'est une force, parce que défendre une idée en dix lignes,
00:27:44 c'était assez extraordinaire.
00:27:47 Sauf que lui, Fossard, disait quelques fois le contraire
00:27:52 de ce qui était dit à l'intérieur du journal,
00:27:54 puisque il y avait plusieurs forces dans le Figaro.
00:27:57 Alors que dans "Présent", j'étais en parfaite harmonie
00:28:02 avec, évidemment, le patron et les autres, et ça change tout, en fait.
00:28:08 Mais... alors, revenons à un autre livre.
00:28:14 Arrive les années 60, et là, une grande...
00:28:20 je vais essayer de mesurer mes mots, mais enfin,
00:28:24 il faut quand même le dire, une assez grande catastrophe
00:28:28 arrive dans l'Église, c'est ce fameux "concile".
00:28:32 Que va-t-il se passer, Yves Chiron ?
00:28:35 - Vous le qualifiez de catastrophe, je le qualifierais plus...
00:28:39 - Yves !
00:28:40 - Moins polémiquement d'événements historiques...
00:28:44 - Compte tenu des souffrances qu'il a occasionnées, je trouve que
00:28:48 humainement, ça a quand même été un sacré champ de destruction.
00:28:51 Mais dites-moi le contraire.
00:28:53 - Non, non, je ne vais pas vous dire le contraire, mais bon,
00:28:55 vous savez, c'est la fameuse analyse de Benoît XVI,
00:29:01 sur l'ère ménutique, soit des ruptures, soit de continuité.
00:29:05 Et donc, les textes de Vatican II, tels qu'ils existent,
00:29:09 et tels qu'ils ont été composés, c'est-à-dire de façon très composite,
00:29:14 justement, ont permis et permettent encore des interprétations
00:29:19 malheureusement tout à fait divergentes.
00:29:21 - Non, non, mais heureusement que Benoît XVI est arrivé.
00:29:23 - Oui, et puis des applications qui ont outrepassé la lettre.
00:29:27 Et donc, Madiran, vous voyez, Madiran, à la fin du "concile",
00:29:31 dit que ces textes, les catholiques doivent les accepter,
00:29:35 mais en même temps, il voit bien que déjà, l'application de ces textes
00:29:40 a donné lieu à des bouleversements, y compris venus de la part de Rome,
00:29:46 qui sont très différents, voire à l'opposé de la lettre du "concile".
00:29:52 Il suffit de regarder la constitution sur la liturgie,
00:29:55 si on s'était contenté d'appliquer la constitution sur la liturgie,
00:30:00 on n'aurait pas eu les ravages qui ont eu lieu
00:30:03 avant même qu'elle se promulguait, d'ailleurs.
00:30:05 - Oui, vous avez tout à fait raison.
00:30:07 Le leitmotiv de Jean Madiran, toute sa vie, ça a été
00:30:11 "Rendez-nous l'écriture, le catéchisme et la messe".
00:30:15 C'est donc, il y avait tout de même, il y avait un gros problème,
00:30:19 pas forcément de la part du Vatican, on est bien d'accord,
00:30:22 mais dans la grande bataille, l'écriture, le catéchisme et la messe
00:30:26 ont quand même beaucoup souffert.
00:30:31 - Pourquoi est-ce que Madiran a tout de suite réagi ?
00:30:34 - Je dirais qu'il a réagi en fidèle, et non pas en théoricien,
00:30:41 comme on pourrait le croire, ou comme certains le disent.
00:30:44 En fidèle, il a bien vu, et d'ailleurs, si on regarde la chronologie,
00:30:48 on voit bien qu'il reste dans sa paroisse de Saint-Cloud
00:30:52 pendant quelques années, il le dira à son curé,
00:30:55 "Bah, j'ai essayé de m'adapter, d'être un bon fidèle, obéissant".
00:31:00 Mais il voit bien les ravages que, notamment sur le plan liturgique,
00:31:04 l'application du concile produit.
00:31:08 Et donc, c'est justement en défense des fidèles qu'il réclame,
00:31:12 très concrètement, donc il ne va pas contester
00:31:16 par des ouvrages de polémiques doctrinales, tel ou tel texte,
00:31:21 il va dire, sur le plan de la liturgie, il faut que les fidèles
00:31:25 puissent continuer à assister à une messe catholique intégrale,
00:31:29 il faut que le catéchisme qui enseigne les vérités de la foi soit rétabli, etc.
00:31:35 Donc, il fait une réclamation, c'est le terme qu'il emploie,
00:31:38 très concrète, à partir de 112, et on peut dire qu'il l'a faite
00:31:42 jusqu'à la fin de sa vie, même si, sur tel ou tel plan,
00:31:47 on peut dire qu'il y a eu, notamment avec Benoît XVI,
00:31:50 des tentatives de rendre la messe et le catéchisme en fidèle.
00:31:54 Oui, c'est pour ça que j'ai choisi l'image de ce livre
00:31:58 des chroniques de Jean-Baptiste Madiran sous Benoît XVI,
00:32:01 puisque s'il y a cette photo magnifique de Benoît XVI
00:32:06 qui salue Jean-Baptiste Madiran avec toute la gentillesse
00:32:10 dont Benoît XVI était capable, et on a l'impression que c'est
00:32:16 un point d'orgue dans la vie de Jean-Baptiste Madiran,
00:32:19 qui a tout de même été très maltraité par Rome,
00:32:22 ce qui était, encore une fois, un comble.
00:32:26 Mais d'autant plus que moi, je suis allée à Rome
00:32:30 pour un pèlerinage de remerciement pour le motus proprio,
00:32:36 et nous avions été invitées dans une des congrégations du rite,
00:32:44 je crois, et je peux vous dire que les vieux prêtres
00:32:48 qui étaient là avaient une vénération pour Jean-Madiran
00:32:52 qui était extrêmement signifiante, c'était très impressionnant.
00:32:57 On était dans le Saint-Dessin, Vatican c'est le Saint-Dessin,
00:33:01 et je me suis rendue compte que Madiran avait été
00:33:06 très vénéré par les prêtres même du Saint-Dessin.
00:33:12 Il a aussi eu une grande importance, la revue itinéraire,
00:33:16 on ne l'imagine pas, mais la revue itinéraire a converti les athées,
00:33:22 j'en ai eu beaucoup de témoignages,
00:33:25 et la revue itinéraire a provoqué des vocations.
00:33:30 Beaucoup de séminaristes qui ont suivi Mgr Lefebvre
00:33:35 avaient été formés par Jean-Madiran.
00:33:37 - Diamantine Lefebvre, un jour, dans une réception qu'il donnait à Madiran
00:33:41 au séminaire d'Econe, l'a appelé le co-fondateur d'Econe.
00:33:45 - Oui, oui, c'était très joli.
00:33:47 - Ce qui est un hommage venant de...
00:33:49 - C'était très joli.
00:33:50 - Il voulait dire par là que, effectivement, la revue itinéraire notamment
00:33:54 a nourri des générations de jeunes gens et de prêtres de la Fraternité,
00:33:59 et puis pendant plusieurs années Mgr Lefebvre savait qu'il pouvait trouver
00:34:05 dans itinéraire un endroit où publier ses analyses et ses textes de combat.
00:34:12 - Il faut qu'on arrive à la partie politique, parce que la partie politique,
00:34:20 eh bien, découle de son combat religieux, parce qu'il estime...
00:34:33 Pourquoi est-il combattu politiquement, Yves Girand ?
00:34:37 - C'est-à-dire que, forcément, son engagement politique date de l'époque
00:34:43 de la Seconde Guerre mondiale, bien sûr, où il pense que dans la situation
00:34:49 où se trouve la France, il y a une situation de défaite militaire.
00:34:52 Le maraschal Pétain est vraiment venu sauver la France,
00:34:58 l'engager sur une voie de renouveau, et toute sa vie, Madiran restera fidèle
00:35:05 à cet engagement du maraschal Pétain pour une France nouvelle,
00:35:10 pour une révolution nationale. Et donc, ces combats qui suivent
00:35:15 contre le communisme, et si on avance plus loin, dans les années 80,
00:35:21 contre le régime socialiste, contre les grandes campagnes sur l'avortement, etc.,
00:35:28 participent d'une même logique, d'un même combat, qui est celui de la défense de la France,
00:35:35 de la défense... - Du bien commun.
00:35:38 - Du bien commun, effectivement. Et il a écrit là-dessus des textes
00:35:43 qui restent toujours d'une grande actualité.
00:35:47 - Alors, je vais lire ce petit passage qui est tiré du bien commun, justement.
00:35:52 Parce que, finalement, il définit toute sa vie.
00:35:56 "Le souverain bien commun est assurément Dieu lui-même,
00:36:00 qui finalise toute la hiérarchie des biens communs, dont chacun, à son niveau
00:36:05 et dans sa sphère, détermine sa loi et ses droits.
00:36:08 Le bien commun du genre humain, le bien commun national,
00:36:12 le bien commun d'une famille, d'une cité, d'une province, d'un métier.
00:36:18 Chacun est divin à sa place et dans son ordre, selon une participation
00:36:23 plus ou moins grande, plus ou moins directe au souverain bien."
00:36:28 - Oui, c'est une définition tout à fait admirable et éternelle,
00:36:32 qui vaut pour toutes les époques.
00:36:35 Effectivement, une hiérarchie, et c'est en ce sens-là qu'on comprend bien
00:36:39 le combat que Madiran a pu mener pour la loi naturelle,
00:36:44 contre la laïcité qui exclue... - Dieu.
00:36:48 - Dieu. - Le créateur.
00:36:50 - Voilà. Il y a une grande cohérence dans la pensée de Madiran, évidemment,
00:36:54 même si on a pu avoir l'impression qu'il se répétait parfois de livre en livre,
00:36:59 en fait, c'est parce qu'il y a une vérité centrale, une démonstration centrale
00:37:04 qui est valable pour toutes les époques.
00:37:07 - Il y a un très beau livre que j'ai beaucoup aimé,
00:37:10 qui s'appelle "Une civilisation blessée au cœur",
00:37:13 qui a été écrit à la demande de Don Gérard.
00:37:17 Et Jean Madiran écrit "Notre civilisation a été blessée au cœur,
00:37:22 elle est à l'agonie parce que selon Solzhenitsyn", rappelle Madiran,
00:37:26 "elle s'est enfermée dans la prétention dramatique
00:37:30 de vouloir réaliser le bien de l'homme en se passant de Dieu."
00:37:34 - Voilà, tout est dit. - Voilà.
00:37:36 - Et on peut dire qu'aujourd'hui, effectivement, ça reste d'une actualité brûlante
00:37:42 et d'une démonstration qui devrait être évidente pour tout le monde.
00:37:46 - Oui. Je trouve que ce qui s'est passé le 4 mars à Versailles est très symptomatique.
00:37:51 Ces femmes qui se prennent pour Dieu et qui interrompent une vie,
00:37:56 c'est quand même fabuleux, ça.
00:37:59 C'est... Quel est le dieu grec qui...
00:38:04 C'est Icare, elles se prennent pour Dieu.
00:38:07 Elles se prennent pour Dieu. Et ça se termine mal chez Icare.
00:38:10 - Chers téléspectateurs, j'ai écrit un petit texte sur mon blog annebrassier.fr.
00:38:15 Lisez-le, ça vous fera du bien.
00:38:18 Cette civilisation blessée au cœur et la loi naturelle et...
00:38:25 Et je le répète, l'emprise du Parti communiste partout,
00:38:29 il y a quelque chose d'étonnant que vous révélez
00:38:33 sur Mgr Bounini qui avait oublié sa sacoche dans...
00:38:42 sa sacoche dans une salle,
00:38:44 exactement comme Biden oublie son ordinateur chez un réparateur.
00:38:50 Et ces notes révèlent ces liens avec la franc-maçonnerie,
00:38:57 les protestants et Taizé.
00:38:59 - Là, on est quand même bien...
00:39:03 J'avais jamais entendu ça.
00:39:05 Bon, merci de nous informer parce que c'est un des bons...
00:39:10 un des grands passages du bouquin.
00:39:13 "L'hérésie du XXe siècle", qu'est-ce que c'est pour lui ?
00:39:19 - C'est un livre qu'il a publié en 68
00:39:25 et qu'il a toujours considéré, à partir de cette date,
00:39:28 comme le livre, on va dire, le plus important de sa part,
00:39:32 le livre auquel il tenait le plus.
00:39:34 Donc "L'hérésie du XXe siècle", c'est l'hérésie des évêques.
00:39:37 Donc il ne veut pas dire par là que tous les évêques de France,
00:39:40 en 68 ou plus tard, sont hérétiques,
00:39:43 mais il veut dire par là, et il le démontre,
00:39:46 que notamment à partir d'une déclaration de l'épiscopat de 67,
00:39:54 qu'on peut retrouver assez facilement,
00:39:57 il y a, de la part d'un grand nombre d'évêques de France,
00:40:01 une déviation qui est tout à fait dangereuse pour la foi.
00:40:05 Ils affirment que vu l'évolution des temps, l'évolution du siècle,
00:40:11 il faut que l'Église s'adapte et qu'il faut développer
00:40:15 une nouvelle conception du salut.
00:40:17 Donc l'idée que le siècle doit guider l'Église
00:40:24 et l'inciter à trouver un nouveau langage pour la foi.
00:40:27 Et donc forcément, c'est l'inversion, si on peut dire, de l'évangélisation.
00:40:34 Ce n'est pas l'Église qui apporte l'évangile au siècle,
00:40:37 c'est le siècle qui va dicter en quelque sorte à l'Église son discours
00:40:43 et m'a dit "Voilà une hérésie très dangereuse"
00:40:46 parce qu'elle ne porte pas sur un point particulier,
00:40:48 l'Eucharistie ou la résurrection,
00:40:50 mais elle porte sur l'ensemble du message chrétien.
00:40:53 Donc c'est une subversion, une subversion par l'idéologie du siècle.
00:40:58 - Ça lui a paru absolument étonnant, pour lui qui est philosophe,
00:41:05 qu'une notion puisse changer en fonction du temps dans lequel elle est exprimée.
00:41:09 - Oui, la notion de nature, la notion de personne.
00:41:12 Et ça, les évêques de 6708 l'ont clairement affirmé
00:41:17 en disant "Il faut changer notre conception de la nature et de la personne".
00:41:21 Ce qui était bien sûr une prétention tout à fait inouïe
00:41:27 parce que sur le plan philosophique,
00:41:31 on ne peut pas avoir 50 définitions de la nature ou 50 définitions de la personne.
00:41:35 - Et cette définition ne peut pas changer en fonction du siècle dans lequel on vit.
00:41:39 Mais quel est le problème ?
00:41:42 Est-ce que ces évêques ou ces prêtres n'avaient pas eu de formation grecque et latine ?
00:41:47 Parce que, si vous voulez, quand on a beaucoup lu et quand on arrive à nos âges,
00:41:52 on se dit "Tout a été dit depuis les grecs jusqu'à aujourd'hui".
00:41:56 Donc, si vous voulez, on ne se lève pas le matin en disant "Je vais écrire quelque chose de neuf".
00:42:00 Non, on est très modeste et on...
00:42:03 Alors pourquoi ces gens, tout d'un coup, se disent "Ah, on va inventer des définitions de la nature".
00:42:08 - Si vous voulez, je pense que ces évêques de cette génération,
00:42:11 donc ceux qui sont évêques en 6708, ont reçu effectivement, a priori,
00:42:15 une bonne formation, 20 ou 30 ans auparavant, dans les séminaires qu'ils ont fréquentés.
00:42:20 Ou notamment le séminaire de Rome.
00:42:22 Mais, il y a eu effectivement, entre temps, le concile,
00:42:27 et son mot d'ordre d'adornamento, c'est-à-dire de mise à jour,
00:42:31 d'adaptation, justement, du discours aux réalités du temps.
00:42:36 Et donc, voilà, dans cette pente qui est plus pastorale que doctrinale,
00:42:42 ils en arrivent à proférer ce que Madiran caractérisait comme une hérésie.
00:42:47 Je dirais, on peut retrouver ça aujourd'hui sous d'autres aspects,
00:42:53 sous d'autres voies, avec un excès de soucis pastoraux,
00:42:59 qui fait oublier le doctrinal.
00:43:01 - Oui, oui, oui.
00:43:03 Il va écrire jusqu'à ses derniers jours.
00:43:07 Vous citez son dernier article, qui est extrêmement émouvant,
00:43:17 le 14 mai 2013, "Soumettre à l'État l'Église de Jésus".
00:43:25 La liberté est un beau mot, quand il veut signifier le contraire de l'esclavage.
00:43:32 Mais dans l'esprit de la déclaration des droits de l'homme,
00:43:35 il signifie d'être libéré de toute autorité et de toute loi
00:43:40 supérieure à la conscience individuelle ou supposée collective.
00:43:44 L'égalité est un beau mot, quand il signifie l'égale nature humaine
00:43:50 de chacun devant la justice et la miséricorde du Seigneur Dieu.
00:43:56 Ou même l'égalité devant la loi.
00:43:59 Dans l'esprit de la déclaration, il s'agit de détruire toute hiérarchie.
00:44:04 La fraternité est un beau mot, quand elle se fonde sur une commune paternité.
00:44:11 Selon l'esprit de la déclaration, la fraternité républicaine,
00:44:16 c'est la fraternité maçonnique invoquée des armées sous le nom de pacte républicain.
00:44:24 On y est. Pacte républicain, on nous en parle tous les jours, tout de même.
00:44:28 Les vertubes républicaines.
00:44:30 Et ce que répétait aussi Jean Valirant, c'est les droits de l'homme sans Dieu.
00:44:36 Voilà, c'est tout le drame de cette idéologie qui ne tient plus compte de Dieu,
00:44:43 de la loi naturelle, et qui estime que la loi humaine est supérieure à toute autre loi,
00:44:49 même surnaturelle, même divine.
00:44:51 On le voit jour après jour dans tous les projets de loi et toutes les lois qui sont votées.
00:44:57 – Oui. Alors moi j'ai une tristesse et un reproche à lui faire, j'espère qu'il écoute,
00:45:03 c'est de ne pas avoir suivi, de ne pas avoir trouvé son successeur.
00:45:07 Ça je trouve que c'est triste, parce que présent a disparu
00:45:11 et qu'on est quand même très orphelin.
00:45:15 On peut le retrouver sur internet, il y a un site qui s'appelle "Le nouveau présent".
00:45:20 – Bon qui n'a rien à voir, hormis le nom, avec le présent de jadis.
00:45:25 – Absolument, mais ça c'était une faiblesse, je crois qu'il s'est cru éternel.
00:45:31 Il ne s'est pas vu…
00:45:33 – C'est-à-dire qu'il a pensé à certaines personnes, à certains collaborateurs, et puis…
00:45:40 – Enfin il n'a pas voulu choisir quand même.
00:45:42 – Voilà, pour x raisons, finalement, il n'a pas su imposer son successeur,
00:45:50 ou les successeurs qu'il avait pressentis, finalement n'étaient pas peut-être
00:45:55 à la hauteur de ce qu'il aurait dû être.
00:45:57 – Ce qu'il y avait un grand successeur, c'était Yves Daudal,
00:46:00 qui avait la formation philosophique, qui avait l'esprit de combat de Jean Madiran,
00:46:07 et qui était un fidèle des fidèles de Jean.
00:46:10 – Même si il n'était sans doute pas en accord avec Madiran sur tous les points.
00:46:16 – C'est sûr, oui.
00:46:17 – Mais bon, on ne va pas rentrer dans les…
00:46:20 – Mais Madiran aimait la bagarre, il aimait la bagarre.
00:46:22 Je me souviens toujours, j'arrivais à 7h du matin pour écrire mes articles, le jeudi je crois,
00:46:29 et un jour il se penche sur mon épaule et il me dit "Anne, quand nous serons fâchés…"
00:46:33 [Rires]
00:46:36 – Mais je crois que vous n'avez jamais été fâchée avec lui.
00:46:38 – Jamais, non. Non, parce que j'étais déjà d'un certain âge,
00:46:43 et quand je n'étais pas d'accord avec lui ou lui pas d'accord avec moi,
00:46:48 je lui disais "Jeffranco de Porte" ce que j'avais à dire.
00:46:51 Et c'est ça qu'il aimait, il aimait la discussion, comme un vrai philosophe, que je n'étais pas.
00:46:57 Et donc il n'y avait pas de raison de se fâcher, parce que d'abord il savait que je l'admirais,
00:47:03 et ensuite… mais c'était vraiment le goût du débat philosophique,
00:47:09 que c'est sûr, nous avons beaucoup perdu.
00:47:14 En tout cas, merci infiniment Yves Chiron pour ce très beau livre,
00:47:18 ce très beau livre publié chez Dominique Martin-Morin, qu'on ne remerciera jamais assez.
00:47:26 Ce livre va vous expliquer vraiment beaucoup, beaucoup des souffrances de l'Église
00:47:33 et de la France depuis 1945, et tout deviendra clair, infiniment clair.
00:47:41 J'ai trouvé deux citations Yves Chiron, vous allez être étonné.
00:47:47 Deux citations, l'une de Napoléon, extraordinaire.
00:47:56 "Napoléon, grâce au Code civil, j'ai réduit à néant la puissance des firmes milles,
00:48:02 et je ne donnerai l'antidote qu'à ceux qui me seraient fidèles."
00:48:06 Napoléon, que tout le monde célèbre comme le dieu du siècle.
00:48:11 Plus récemment, Péon, "les enfants appartiennent à l'État et non à leurs parents."
00:48:18 Voilà, vous avez compris ce que c'est que des équipes républicaines,
00:48:23 c'est quand même des gens dangereux.
00:48:26 Merci beaucoup, beaucoup, et ça je ne l'aurais jamais compris si je n'avais pas lu régulièrement.
00:48:35 Il faut rendre aussi hommage à un grand combattant,
00:48:38 que Jean-Madurand a soutenu absolument chaque matin,
00:48:41 qui était le docteur Dor, qui a lutté contre l'avortement tant qu'il a pu,
00:48:48 et dont l'action voulait soutenir les femmes qui ne pouvaient pas seules garder un enfant.
00:48:58 Merci infiniment Yves Chiron. Un dernier mot ?
00:49:02 Bonjour, merci de votre invitation,
00:49:05 et je souhaite qu'un maximum de lecteurs puissent découvrir Madurand,
00:49:11 ou le redécouvrir, et surtout le lire ensuite, parce que ces livres restent, évidemment...
00:49:16 Ceux qui l'ont connu et qui l'ont lu vont avoir un bonheur fou, ça je peux le certifier,
00:49:22 et ceux qui ne l'ont pas connu et qui ne l'ont jamais lu,
00:49:25 vont avoir une certaine clarté qui va leur descendre sur la tête,
00:49:29 parce qu'il était quand même très clair.
00:49:31 Effectivement.
00:49:32 Il était très clair, peut-être parce que c'était un pédagogue.
00:49:35 Il était pédagogue dans l'âme, même s'il n'a pas été professeur très longtemps,
00:49:40 il avait cette passion d'expliquer, de démontrer et d'argumenter.
00:49:46 Mais vous savez pourquoi en fait ? Il a eu d'excellents professeurs,
00:49:50 et il a probablement appliqué les méthodes que ses professeurs de l'école de Roche pratiquaient.
00:49:59 On réplique souvent les méthodes de son professeur.
00:50:05 Merci beaucoup Yves Chiron.
00:50:07 Merci à vous.
00:50:08 Quel est votre prochain sujet, si vous voulez le dire ?
00:50:12 J'ai un livre qui sort en ce moment sur les conclaves.
00:50:16 Ah ! Ouf !
00:50:18 Un sujet qui va être d'actualité tôt ou tard par la démission ou le décès du pape François.
00:50:27 Il y a autre chose qu'on découvre aussi dans votre livre,
00:50:31 parce que l'intérêt d'un livre d'histoire comme le vôtre,
00:50:34 c'est bien sûr de mieux comprendre le présent par rapport au passé,
00:50:38 en lisant le passé.
00:50:41 Paul Sy c'est quand même pas très net.
00:50:43 Il est contre, il est contre par exemple la communion dans la main,
00:50:48 mais il se soumet, il se soumet.
00:50:52 Cette espèce d'ambivalence du en même temps qui devient très à la mode
00:50:58 et au Vatican et à l'Élysée, c'est quand même fabuleux.
00:51:02 Paul Sy c'est un pape que j'ai qualifié dans un autre livre de papes écartelés.
00:51:08 Un pape qui finalement était divisé entre des tendances libérales et des tendances conservatrices.
00:51:16 Les tendances libérales l'unant en partie de sa famille
00:51:20 et l'inclination pour le conservatisme étant de la nature de l'église.
00:51:30 Donc il a été tiraillé pendant tout son pontificat entre ces deux tendances
00:51:35 et donc selon les circonstances, les influences, les textes, on a l'un ou l'autre.
00:51:41 Oui, mais je croyais que le commandement c'était en venir à bout de ces tiraillements.
00:51:46 Je me suis trompée peut-être.
00:51:48 Non, non, mais voilà, c'était une des caractéristiques de ce pontificat.
00:51:53 Et d'autres.
00:51:55 En tout cas, merci infiniment Yves Chiron parce que c'est un très beau livre que je vous offre ce matin.
00:52:01 Chers amis de TV Liberté, à très vite. Au revoir Yves Chiron.
00:52:05 Merci à vous.
00:52:06 [Musique]
00:52:13 Chers amis de TV Liberté, bonjour.
00:52:15 Nous filons au cinéma avec quelqu'un que vous connaissez déjà qui est Alexandre Bellas.
00:52:21 Bonjour Alexandre.
00:52:22 Bonjour Anne Brassier.
00:52:23 Vous nous avez présenté cinq films déjà que l'on peut voir sur Vimeo.
00:52:30 Sur la plateforme Vimeo.
00:52:31 Sur la plateforme Vimeo, à condition d'avoir les bons codes.
00:52:35 Et vous nous proposez là quelque chose de tout à fait étonnant,
00:52:40 sous le titre difficile "Ukro-Nietzsche parabolique"
00:52:46 qui est une rencontre entre Nietzsche et Victor Hugo.
00:52:52 Alors, j'ai immédiatement pensé à un texte de Fontenelle,
00:52:57 "Le dialogue avec les morts" qui est un texte qui date donc de 1638
00:53:04 où ce sont des dialogues entre des hommes de différentes époques.
00:53:11 Vous connaissez ce texte ?
00:53:13 C'est étonnant comme idée parce qu'elle revient, elle date de Lucien de Samosat.
00:53:18 Vous l'avez cherché sur cette internet.
00:53:22 Donc c'est une idée qui revient.
00:53:25 C'est bien, il y a un retour.
00:53:27 Et vous-même, vous vous placez dans les pas de Lucien et de Fontenelle.
00:53:33 Bravo Alexandre.
00:53:34 Fontenelle faisait parler, faisait converser Auguste et Pierre Arétin,
00:53:40 Saffo et Laure, Socrate et Montaigne.
00:53:44 Et je note cette phrase étonnante, ce qui a été souligné par Hélène Carrère d'Ancausse.
00:53:52 À Montaigne qui lui demande s'il y a des siècles mieux dotés en hommes de raison que d'autres,
00:53:59 Socrate répond "l'ordre général de la nature a l'air bien constant".
00:54:05 Sous-entendu, non, il n'y a pas d'époque bien dotée en hommes de raison.
00:54:10 C'est excellent.
00:54:13 Alors, comment avez-vous, pardonnez-moi, je vais bientôt vous chanter, la finale de la Traviata.
00:54:23 Comment avez-vous rapproché Nietzsche de Victor Hugo ? C'est une idée.
00:54:29 Alors effectivement au départ, il s'agit bien d'une chronique qui fait se rapprocher deux personnalités
00:54:35 qui sont du même siècle mais qui ne se sont pas rencontrées.
00:54:38 Donc l'idée m'est venue parce qu'effectivement il y a à la fois beaucoup d'éléments qui les rapprochent
00:54:44 et aussi beaucoup d'éléments qui les distinguent et qui les différencient en fait.
00:54:49 Donc sur des axes essentiels qui nous concernent tous et peut-être même encore plus aujourd'hui,
00:54:54 la religion, la liberté, la vérité, l'art.
00:54:59 Donc j'ai essayé dans ce film de rassembler en parallèle tout un tas d'éléments
00:55:04 à travers des citations ou à travers des extraits de textes, sachant que la majorité du film s'appuie sur un texte essentiel
00:55:11 qui est le livre de Friedrich Nietzsche, ainsi parlé de Zarathoustra.
00:55:15 Zarathoustra descendit seul des montagnes et il ne rencontra personne.
00:55:32 Mais lorsqu'il arriva dans les bois, soudain se dressa devant lui un vieillard
00:55:36 qui avait quitté sa sainte chômière pour chercher des racines dans la forêt.
00:55:41 Et ainsi parla le vieillard et il dit à Zarathoustra.
00:55:45 Ne va pas auprès des hommes.
00:55:48 Reste dans la forêt.
00:55:51 Demeure auprès des bêtes.
00:55:54 Les pensées qui arrivent à pas de loups, ce sont elles qui mènent le monde.
00:56:01 Rien n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue.
00:56:05 L'art est rien que l'art. Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité.
00:56:14 La vérité est comme un sommeil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder.
00:56:20 C'est ici en l'an 2024 sur les hauteurs du mont Forzareal que se rencontrèrent ces deux sommets de la poésie
00:56:27 autant lyrique, allégorique que philosophique.
00:56:31 Victor Hugo et Frédéric Nietzsche
00:56:35 Oh comment ne brûlerais-je pas du désir de l'éternité ?
00:56:41 Du désir de l'anneau des anneaux ?
00:56:44 L'anneau nuptial du retour.
00:56:48 Jamais encore j'en ai rencontré la femme de qui j'eusse voulu des enfants.
00:56:55 Si ce n'est cette femme que j'aime.
00:56:58 Car je t'aime.
00:57:00 Eternité.
00:57:03 Il lui fallait saisir cette occasion unique pour braver les rires et la torpeur des derniers ignorants qu'il avait croissés
00:57:17 en quittant sa montagne et révéler à tous les hommes de bonne volonté
00:57:22 qu'il voudrait sortir à jamais de cette chape de plomb posée sur l'humanité.
00:57:26 Ce que serait le surhomme du 21ème siècle.
00:57:29 Un alerteur, un phare, un guerrier combattant pour le beau, pour le bien et pour le juste.
00:57:37 Un protecteur des peuples, un gardien de l'humanité.
00:57:41 Zaratoustra voulu d'accompagner ce mouvement inéluctable de l'histoire
00:57:46 en rendant hommage à son compagnon Victor Hugo qui reposait au Panthéon.
00:57:51 Ce fut aussi ses premiers pas pour encourager et saluer la libération progressive
00:57:57 de toutes les forces productives de paix, de beauté, de vérité, de justice et de liberté
00:58:05 qui vibraient dans le cœur de tous les peuples.
00:58:16 Donc en fait, il y a une reconstitution historique qui reprend l'itinéraire du film.
00:58:22 C'est-à-dire réellement, la première scène, c'est une scène où Zaratoustra descend des montagnes
00:58:27 après y être resté dix ans par volonté de fuir les hommes
00:58:32 et il rencontre le vieil harcin en bas de la montagne.
00:58:36 - Qui est joué par Jean-Luc Jenner.
00:58:38 - Qui est joué par cette anthologie vivante du théâtre parisien qui est Jean-Luc Jenner.
00:58:42 Donc une grande fierté d'avoir pu l'intégrer dans ce rôle.
00:58:45 Et ensuite, Zaratoustra revient vers les humains, vers la communauté humaine.
00:58:49 Il a une première déception, puisqu'en fait, il est d'abord rejeté.
00:58:53 Il a essayé vainement d'apporter son idée du surhomme.
00:58:56 Là, ça ne passe pas.
00:58:58 Et donc, il revient un peu en arrière dans sa démarche et il dit,
00:59:01 "Moi, il ne faut finalement ni rencontrer ni des moutons, ni des bergers,
00:59:06 ni les chiens qui accompagnent les moutons dans la montagne.
00:59:09 Il me dit ce qu'il me faut trouver, ce sont des compagnons."
00:59:12 Et ça, c'est un mot fort dans le livre "Ainsi parle Zaratoustra".
00:59:15 Et la fiction commence par là, effectivement, je vais le faire rencontrer
00:59:19 comme compagnon, Victor Hugo.
00:59:21 - Très, très bien.
00:59:23 Vous, parce que Victor Hugo, il a un peu tout dit dans sa vie.
00:59:27 Tout et sans contraire.
00:59:29 - Ben, disons que là, si on veut rentrer tout de suite dans cette matière,
00:59:33 oui, disons que lui, à son époque, si on le rapporte à son époque,
00:59:37 c'est un républicain.
00:59:39 Il a une certaine relation à Dieu qui n'est pas une relation au christianisme.
00:59:45 C'est vrai qu'il se démarque assez vite, il n'a pas été baptisé.
00:59:48 Ils ont d'ailleurs des parcours assez distincts,
00:59:51 ce qui est intéressant parce que finalement,
00:59:54 Nietzsche est né dans un environnement beaucoup plus proche de la foi,
00:59:58 avec un père protestant, un grand-père protestant.
01:00:00 - Oui, c'est vrai.
01:00:01 - Et à l'âge de 14 ans, quand même, il a une interrogation sur Dieu.
01:00:04 En fait, il y a quelque chose de fort qui arrive,
01:00:06 même si après, il se distingue, il se démarque à travers beaucoup de livres,
01:00:10 que ce soit "Le Crépuscule des idoles", "La naissance de la tragédie".
01:00:14 - Dieu n'est quand même pas jamais très très loin de sa pensée.
01:00:17 Il y a un livre d'anthologie, de citation de Nietzsche,
01:00:23 qui a été fait par Pierre Mauguet, qui n'est plus aujourd'hui,
01:00:27 et qui a été édité par Pierre-Guillaume de Roux,
01:00:32 et qui est un livre qui démontre l'extrême préoccupation de Dieu qu'avait Nietzsche.
01:00:39 - Voilà, donc c'est intéressant.
01:00:40 - Donc ça tue un peu l'utilisation forcenée de Nietzsche par les athées.
01:00:46 - Oui, alors là, c'est toujours dans son sens un peu provocateur,
01:00:50 effectivement, avec sa formule célèbre "Dieu est mort", qui ne plaît ni...
01:00:54 - Oui, mais quand on dit "Dieu est mort", peut-être le regrette-t-on.
01:00:57 - C'est pas exactement Dieu...
01:00:58 - Peut-être le regrette-t-on.
01:00:59 - Oui, et puis derrière, ce Dieu qui est...
01:01:01 - "Dieu est mort pour les contemporains".
01:01:02 - Oui, et puis derrière, ce Dieu évoqué par Nietzsche,
01:01:04 c'est pas forcément le Dieu qui est représenté dans la plupart des croyances,
01:01:09 ça peut être simplement un ensemble de valeurs fondamentales,
01:01:11 de valeurs essentielles, de valeurs primaires,
01:01:13 et en fait, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a aussi un côté provocation dans cette formule,
01:01:18 puisque ça ne plaît ni aux athées qui disent "finalement, Dieu n'a jamais existé,
01:01:21 donc il ne peut pas mourir",
01:01:22 - Absolument, oui.
01:01:23 - Et ça ne plaît pas non plus aux croyants qui disent "mais Dieu est éternel,
01:01:26 donc il ne peut pas mourir".
01:01:27 Donc c'est vraiment une formule choc, mais qui appuie le socle un peu de sa pensée philosophique.
01:01:33 Mais c'est intéressant que vous mettiez justement, quand même,
01:01:37 ce raccord de Nietzsche avec la divinité.
01:01:40 - Ah oui, oui, c'est très...
01:01:42 Quand on a lu ce livre, on est très pénétrés de cette idée-là.
01:01:48 C'est un livre qu'on trouve encore sur Internet, mais...
01:01:52 qui était important.
01:01:53 - Alors vous dites que vous voulez en faire un hommage à tous les gens,
01:01:58 tous les hommes et toutes les femmes qui cherchent la vérité et qui...
01:02:05 - Tout à fait.
01:02:06 - Qui combattent contre le mensonge.
01:02:09 - Absolument, parce que je pense que c'est ça aussi, un axe.
01:02:12 J'ai voulu faire une sorte de jeu-compte cinématographique
01:02:16 qui s'attaque à plusieurs transversalités.
01:02:18 Donc là, effectivement, c'est aussi un axe,
01:02:20 c'est-à-dire que là, en réalité, ce film a quand même l'ambition
01:02:24 de faire un hommage à ces lanceurs d'alerte,
01:02:26 ou ces esprits critiques qui étaient les plus éveillés
01:02:29 dans une période charnière, la 2020-2024,
01:02:32 et qui se sont pris en face, non seulement,
01:02:36 le contre-courant des gouvernants en place,
01:02:39 mais aussi une grande partie de la population
01:02:41 qui était rétive et réticente à ne pas préparer,
01:02:44 à écouter certaines vérités.
01:02:46 Donc là, on est vraiment dans une époque charnière
01:02:49 avec les lutteurs pour établir et pour mettre en lumière
01:02:53 la vérité ou des vérités, et en face, des esprits
01:02:58 qui sont plus habitués à suivre le mouvement
01:03:01 et à avoir le réflexe de l'autruche
01:03:03 qui préfère mettre les écoutilles et s'enfermer dans un cocon.
01:03:09 - Et là, vous rendez hommage à certaines personnes en particulier ?
01:03:12 Vous citez des hommes et des femmes, ou non ?
01:03:14 - Alors, pas précisément, dans la théorie du film,
01:03:17 non, c'est un des objectifs majeurs,
01:03:19 mais je ne prends pas une liste avec des personnes actives.
01:03:24 Aujourd'hui, chacun a son ensemble ou son sous-ensemble.
01:03:28 - Son panthéon.
01:03:29 - Son panthéon, bien que ce soit encore des personnes vivantes.
01:03:32 - Mais il y a des panthéons pour les vivants.
01:03:37 Ce qui est étonnant, et ce que j'aime beaucoup dans vos livres,
01:03:41 dans vos films, c'est l'utilisation des citations,
01:03:45 parce qu'en fait, nous avons cette passion en commun,
01:03:48 c'est la passion de la citation
01:03:51 qui est une fantastique condensée d'une pensée.
01:03:57 - Absolument.
01:03:58 Moi, j'aime beaucoup aussi "Les Maximes" de La Rochefoucauld,
01:04:00 toutes ces espèces de petites flèches
01:04:03 qui durent une ou deux phrases,
01:04:04 mais qui induisent quelques mots-clés très importants
01:04:07 qui entretiennent la pensée ou la réaction,
01:04:10 parce qu'en fait, c'est aussi une des ambitions du film,
01:04:12 c'est-à-dire qu'il y aura aussi bien des croyants ou des athées
01:04:16 ou des monarchistes ou des communistes
01:04:18 qui vont être pris à partie
01:04:20 et qui vont se mettre certainement sur une ligne de crête
01:04:23 où il faut trancher, mais au moins sortir de ses gonds.
01:04:25 Parce qu'aujourd'hui, je trouve qu'il y a trop de mollassons,
01:04:28 il y a trop de passivité, il y a trop d'absorption inerte.
01:04:32 - Il y a trop d'endormi.
01:04:33 - D'endormi, de non-éveillé, d'inertie.
01:04:36 Donc si ce film pouvait au moins à la fois rendre hommage
01:04:39 aux lanceurs d'alerte qui se sont pris de plein fouet,
01:04:43 deux adversaires finalement tacites,
01:04:46 c'est-à-dire les non-éveillés,
01:04:48 que n'a-t-on entendu dire sur les alerteurs
01:04:51 qui sont en fait des sous-citoyens ou des pestiférés ?
01:04:55 - Ah oui, puis ça continue.
01:04:56 - Et ce n'est pas fini.
01:04:57 - Ça continue, il y a quand même des réactions.
01:05:02 D'abord parce que c'est un réflexe de survie
01:05:04 pour ceux qui ont instauré ce système de domination totalitaire.
01:05:11 Ces hommes politiques se sentent en danger.
01:05:13 Si jamais la vérité est un peu trop claironnée,
01:05:16 évidemment certains vont leur demander de rendre des comptes.
01:05:20 - Tout à fait.
01:05:21 - Notamment ceux qui souffrent dans leur chair et qui...
01:05:26 - Qui seront certainement les plus actifs
01:05:28 quand ils auront un peu pris conscience
01:05:31 de la supercherie à laquelle ils ont été trempés.
01:05:34 - Mais alors comment vous faites-vous ?
01:05:36 Vous inscrivez les citations dans le corps du film, en bas ?
01:05:40 - Non, d'ailleurs même les citations que j'ai mises en synopsis,
01:05:44 alors il y a des citations qui sont au cours des différents parallèles,
01:05:48 oui, qui sont inscrites progressivement,
01:05:50 qui font apparaître Nietzsche,
01:05:52 alternativement il y a Victor Hugo.
01:05:54 Alors il y a aussi un autre axe,
01:05:56 c'est de rendre justice quelque part aussi bien à Nietzsche,
01:06:01 et justement parce qu'il a été trop...
01:06:04 avec ce surhomme, que n'a-t-on pas fait comme spéculation,
01:06:08 surtout à l'approche de la période de la Deuxième Guerre, du nazisme, etc.
01:06:12 Quelle récupération sur Nietzsche,
01:06:14 alors que c'est vraiment le philosophe de la liberté,
01:06:16 on l'appelle le philosophe au marteau.
01:06:18 - C'est fabuleux comme récupération,
01:06:19 mais vous savez c'est une entreprise qui marche bon train, la récupération.
01:06:24 - Ah oui, absolument.
01:06:26 Et puis cet attelage de Victor Hugo et Frédéric Nietzsche
01:06:29 est aussi un appel au sacré, à la religion, au spirituel.
01:06:35 C'est-à-dire que là on a vraiment aussi une période tranchée,
01:06:39 où il va falloir basculer sur beaucoup plus de spiritualité et de religion
01:06:44 que du matérialisme et du consumérisme dont on sort et dont on va finir par se lasser.
01:06:48 - Alors expliquez-nous le mot parabolique, je ne suis pas très mathématicienne.
01:06:53 - Alors effectivement la parabole, on pense à la parabole à la courbure mathématique, mais en fait...
01:06:58 - Non, moi je pense à la parabole de l'évangile.
01:07:00 - Ah ben il y a la parabole de l'évangile.
01:07:01 - Mais vous, c'est la mathématique, d'accord.
01:07:03 - Non, pas exactement.
01:07:04 - Alors, expliquez-nous.
01:07:05 - Justement, là dans cette parabole, c'est justement la parabole autour du surhomme de Nietzsche.
01:07:10 Parce que là on fait la jonction à ce moment de notre échange finalement,
01:07:13 c'est que aujourd'hui, moi je considère qu'au XXIème siècle,
01:07:18 finalement ces fameux surhommes de Nietzsche, on peut les revisiter,
01:07:22 on a parlé beaucoup dans cette période de dépassement de soi,
01:07:25 de développement personnel et d'individualisme.
01:07:28 Et là je pense que c'est le moment de faire la démarcation entre l'individualisme spirituel et intellectuel
01:07:33 auquel invite Nietzsche, et l'individualisme consumériste et matérialiste
01:07:38 qui rend complètement les esprits vils et avachis.
01:07:42 Donc la parabole elle est là, c'est-à-dire de considérer qu'aujourd'hui,
01:07:45 faisons un hommage aux lanceurs d'alerte, aux gens éveillés
01:07:48 qui ont pris pas mal de difficultés sur leur chemin.
01:07:52 Et faisons cette parabole que finalement les surhommes, je les réhabilite
01:07:58 et que Friedrich Nietzsche finalement, ces surhommes,
01:08:00 peut-être qu'il les trouverait aujourd'hui avec ces lanceurs d'alerte.
01:08:03 – Bravo, oui ça c'est un bel hommage.
01:08:05 Je suis contente de vous avoir posé cette question.
01:08:07 Alors ce film sort en salle une première fois.
01:08:11 – Oui.
01:08:12 – Dans quel endroit, quelle date ?
01:08:16 – Voilà, alors il sort le 5 avril en avant-première
01:08:20 et il passera donc au Forum 104, aux 104 rues de Vaugirard,
01:08:24 dans le 6ème arrondissement de Paris,
01:08:26 avec une entrée dans les lieux à partir de 19h15.
01:08:30 – 19h15, l'entrée est là ?
01:08:33 – Une entrée fermée à partir de 19h45, et je précise qu'en ligne,
01:08:38 avec le lien qui sera mis sous la vidéo, une réservation obligatoire,
01:08:42 il n'y aura pas de billetterie ou de guichet le jour J.
01:08:46 – Et il faut payer ?
01:08:48 – Le coût est de 12 euros.
01:08:49 – 12 euros comme une place de cinéma.
01:08:51 – Il y aura certainement, mais aujourd'hui je ne dévoile pas,
01:08:53 des personnalités de la dissidence qui seront présentes.
01:08:56 – Bon, bon.
01:08:57 – On va y aller doucement.
01:08:58 – Bon, bon, bon.
01:09:00 Oui c'est très tentant ça.
01:09:03 Donc 5 avril, 104 rues de Vaugirard, à 19h15.
01:09:09 – Et alors, on va sur votre site pour s'inscrire pour le film ?
01:09:16 – Alors pour s'inscrire pour le film, c'est ce lien de réservation uniquement.
01:09:20 – Oui mais qu'est-ce qu'on tape sur internet ?
01:09:24 – Eh bien, en fait, je fournis le lien par adresse mail aux personnes.
01:09:29 – Oui, mais pour vous trouver ? On tape Alexandre Vélas ?
01:09:31 – Alexandre Vélas Vimeo permettra d'accéder à mes anciens films.
01:09:34 Et je pense qu'on trouvera par là le biais vers le chemin qui permet la promotion de ce film.
01:09:40 – Vous ne voulez pas me donner le code là ?
01:09:42 – En fait, je n'ai pas vraiment de code.
01:09:44 Mais je pense que le technicien va pouvoir glisser sous la pilier le lien.
01:09:48 Parce qu'en fait, c'est un lien de réservation,
01:09:50 ce qu'on appelle un tunnel de vent par le système I.O.
01:09:53 – Absolument, absolument.
01:09:55 Eh bien, merci beaucoup pour cette présentation courte,
01:09:59 mais extrêmement signifiante.
01:10:01 Et c'est une idée que je trouve tout à fait géniale
01:10:04 de faire converser Nietzsche et Victor Hugo.
01:10:07 Et on est toujours plongé dans le mystère le plus total
01:10:13 quand on vous regarde, quand on regarde vos films.
01:10:17 Et puis petit à petit, on est pris et on vous suit.
01:10:22 Et merci pour ces œuvres d'art, Alexandre Vélas.
01:10:27 – Alors merci. Est-ce que si j'ai une petite minute de conclusion peut-être ?
01:10:30 – Oui.
01:10:31 – Alors c'est pour surtout mettre en avant aussi
01:10:34 la formidable intervention de Victor Hugo à l'Assemblée nationale
01:10:38 le 9 juillet 1849, où il fait la critique de la misère en fait.
01:10:43 C'est-à-dire, il veut prendre un bras à le corps,
01:10:45 la question de la misère, par la loi des décrets.
01:10:47 Il dit "la souffrance est une loi divine,
01:10:49 mais nous devons nous attaquer sérieusement
01:10:51 par des décrets et des articles à la misère".
01:10:54 Et ça, c'est quelque chose de très fort.
01:10:56 – Qu'est-ce que ça veut dire "la souffrance est une loi divine" ?
01:10:58 – Alors ça, on n'a pas le temps de le développer ici.
01:11:00 – Non, c'est déjà une…
01:11:02 – Mais oui, alors ce serait un autre…
01:11:04 – Un contresens, c'est pas Dieu qui a créé la souffrance.
01:11:10 – Certainement qu'il voulait l'associer par nature à la nature humaine.
01:11:14 – Oui.
01:11:15 – Et qu'on ne peut pas sortir de ce périmètre.
01:11:16 Par contre la misère…
01:11:17 – C'est une loi humaine, c'est pas une loi divine.
01:11:19 – Oui, alors…
01:11:21 – J'ai découvert des tas de choses sur Victor Hugo.
01:11:23 J'ai adoré Victor Hugo, j'ai récité du Victor Hugo,
01:11:25 mais il ne m'a pas semblé toujours clair sur ce sujet.
01:11:28 Donc si vous voulez, je ne laisserai rien passer.
01:11:31 – Bon, je l'ai bien compris à l'instant.
01:11:33 Alors la misère, il en fait quelque chose
01:11:35 contre laquelle on peut lutter aussi bien que la peste ou le choléra.
01:11:38 – Cela dit…
01:11:39 – C'est un exemple formidable quand on voit aujourd'hui
01:11:41 notre Assemblée nationale qui ressemble de plus en plus
01:11:44 à une chambre d'enregistrement où tout se fait à 49,3.
01:11:46 – Et tous les gens qui sont dans la rue et qui crèvent de froid.
01:11:49 – Absolument.
01:11:50 Donc la misère, elle est vraiment existante
01:11:52 avec les histoires d'inflation, de pénurie, de précarité de la vie.
01:11:55 Après nous avoir promis la paix et la prospérité avec l'Europe…
01:11:59 – Donc vous nous donnez le discours de Victor Hugo ?
01:12:01 – Oui.
01:12:02 – Ah oui ?
01:12:03 – Il sera à l'intérieur du film.
01:12:04 – Et qui le dit ?
01:12:05 – C'est moi.
01:12:06 – C'est vous ou c'est bien…
01:12:07 – Oui, je fais la totalité des fonctions.
01:12:09 – Oui, je sais que vous participez à ces films
01:12:11 et que vous vous débrouillez fort bien et que c'est très prenant aussi.
01:12:15 Donc ça c'est le point fort, l'un des points forts de votre film.
01:12:19 – Merci beaucoup Alexandre Bellas.
01:12:22 – Merci beaucoup.
01:12:23 – Et nous serons présents le 5 avril.
01:12:28 Merci beaucoup.
01:12:29 – Merci à vous.
01:12:30 – Amis de TV Liberté, à très vite.
01:12:32 [Musique]
01:12:39 [Générique]