Les produits "premiers prix" valent-ils vraiment le coup ?

  • il y a 6 mois
Avec l'inflation, les produits "premiers prix" ont la cote auprès des consommateurs, mais valent-ils vraiment le coup ? Les explications de Charlotte Méritan, journaliste RMC Conso
Transcript
00:00 On va continuer à parler prix ce matin avec Charlotte Méritan, c'est votre vie conso comme chaque lundi.
00:04 Charlotte, tu voulais nous parler ce matin des marques premier prix dans les supermarchés.
00:09 Est-ce que c'est un bon rapport qualité-prix ? Parce que c'est vrai que c'est pas cher, mais on se demande souvent si la qualité est au rendez-vous.
00:15 Et c'est vrai qu'on se tourne de plus en plus vers ces produits avec l'inflation.
00:18 Elles sont 50% moins chères en moyenne que les marques nationales et leurs ventes ont augmenté de près de 20% en 2023.
00:24 Donc effectivement de plus en plus plébiscitées par les Français.
00:27 Alors pour les comparer, je vous ai ramené quelques produits. Vous voyez par exemple ces deux courgettes.
00:32 Elles ont l'air parfaitement identiques, je sais pas ce que vous en pensez.
00:35 Elles sont toutes les deux d'origine Espagne. Je les ai achetées au même endroit.
00:40 La seule différence en fait entre ces deux courgettes, c'est qu'elles n'ont pas le même prix.
00:43 Il y en a une que j'ai prise sur l'étal classique et l'autre que j'ai prise sur l'étal Eco+ à Leclerc.
00:49 Et effectivement, il y a une grosse différence quand même puisque la moins chère, elle est à 1,99 le kilo
00:54 contre 2,99 le kilo pour l'autre. Donc il y a une sacrée différence et pourtant, a priori, ce sont les mêmes produits.
01:00 Donc vous voyez que sur ces produits-là, vous pouvez y aller, c'est moins cher pour des produits équivalents.
01:05 Mais c'est vrai pour tous les produits "bruts" ?
01:07 Alors j'en ai parlé avec Claire Traumenschlager qui est diététicienne nutritionniste et qui a travaillé sur le sujet
01:13 et elle me disait que oui, en gros, sur les produits bruts et semi-transformés, c'est-à-dire le lait, les oeufs, le fromage blanc, etc.
01:21 Vous pouvez y aller. En gros, vous aurez des produits qui sont à peu près équivalents.
01:24 Et moi, je me suis intéressée notamment à ces allumettes fumées.
01:29 À ma gauche, j'ai la marque Lidl classique et à ma droite, la marque Premier Prix Lidl qu'ils ont lancée très récemment
01:36 puisqu'ils ont annoncé qu'ils allaient lancer 80 références à peu près de produits Premier Prix.
01:42 Vous vous souvenez peut-être de cette petite guéguerre entre Leclerc et Lidl sur les prix
01:46 puisqu'ils se vantaient tous les deux d'être les moins chers et en fait, Leclerc était moins cher sur les produits Eco+
01:51 et c'est pour ça que Lidl a voulu lancer sa propre gamme moins chère.
01:55 Et bien, ces allumettes-là, elles sont intéressantes parce que finalement, on a sur toutes les deux du porc français.
02:01 On a à peu près les mêmes ingrédients et les mêmes qualités nutritionnelles et pourtant une vraie différence de prix
02:06 puisque j'ai des allumettes fumées à moindre coût à 6,94€ le kilo contre 8,90€ pour la marque classique.
02:16 Donc, c'est vraiment moins cher et d'ailleurs, j'ai regardé un petit peu l'usine de fabrication de celle-ci
02:21 et c'est la même usine que par exemple la marque Madrange.
02:24 Donc en fait, souvent les usines fabriquent des marques nationales et des marques distributeurs.
02:28 Ce qui leur permet d'être moins cher.
02:29 Je suis pas surpris par le côté porc français sur des Premier Prix parce que lorsqu'on regarde les grandes marques dans les supermarchés
02:35 pour le jambon, pour le blanc de poulet, etc., souvent, ce ne sont pas des produits français.
02:41 Donc, c'est vrai que ça me surprend de voir des...
02:42 - Et oui, c'est pour ça que sur des produits Premier Prix comme ça, vous pouvez avoir des ingrédients de qualité
02:46 en tout cas sur ces produits bruts et semi-transformés.
02:48 - Bon, mais il y a quand même 2€ d'écart au kilo.
02:50 - Oui.
02:51 - Comment ils font pour rentrer dans leur coût ?
02:53 - Il y a plusieurs raisons.
02:54 Alors, la première, elle est toute simple.
02:56 Vous voyez le packaging.
02:57 Il est très épuré.
02:58 Il n'y a pas grand-chose.
02:59 On dirait une impression.
03:00 - Vous n'avez pas envie.
03:00 - Oui, c'est vrai que ça donne moins envie.
03:02 - Non, je n'ai pas envie.
03:03 - En termes de coût d'impression, c'est vraiment cher.
03:05 - On ne comprend pas trop si c'est de l'amandon, en fait.
03:06 On croit que c'est un bout de persil, en fait.
03:08 - La photo, c'est vrai qu'elle est bizarrement retouchée, mais bref.
03:11 Il y a une autre raison, c'est qu'il y a moins de références sur ces marques-là.
03:15 En fait, ce qui leur permet de faire des économies, puisque pour Leclerc, par exemple,
03:19 il y a 1 000 références Eco+, contre 6 000 pour leur marque distributeur, marque repère classique.
03:24 Et donc, quand il y a moins de références, vous fabriquez en plus grande quantité un seul produit.
03:28 Donc, économie d'échelle et moins de coût de production.
03:31 - Mais franchement, au niveau qualité, on est sûr, sûr, sûr ?
03:34 - En tout cas, moi, j'ai regardé les ingrédients et les qualités nutritionnelles,
03:37 et c'est à peu près la même chose pour ces deux produits-là.
03:40 - Mais là, tu parles des allumettes, parce que si on parle de la pâte à tartiner,
03:43 on est d'accord que la pâte à tartiner, là, que tu nous as apportée,
03:47 elle est un peu moins bonne que Grutella, on va dire.
03:49 - Oui, en fait, alors...
03:52 - Pour ne pas citer de marques, il y en a d'autres.
03:54 - Sur ces produits-là, sur ces produits ultra transformés, il y a une vraie différence.
03:57 Et d'ailleurs, c'est la troisième raison pour laquelle ils arrivent à baisser leur coût,
03:59 c'est que dans les produits ultra transformés,
04:01 ils utilisent des ingrédients qui sont parfois de moins bonne qualité.
04:04 Et je vous ai pris cet exemple-là des pâtes à tartiner qui est intéressant,
04:07 parce que sur la Simply de chez Carrefour, donc la marque premier prix de Carrefour,
04:11 il n'y a que 2% de noisettes.
04:12 Alors qu'en moyenne, sur du Nutella, sur les autres marques distributeurs,
04:16 sur à peu près toutes les marques, on a un minimum 13% de noisettes,
04:19 à part sur les marques haut de gamme où il y en a plus.
04:21 - Il y a quoi d'autre, du coup ?
04:22 - Et il y a beaucoup d'huile de palme.
04:23 Il y a beaucoup d'huile de palme et il y a beaucoup de sucre.
04:24 66 grammes de sucre au 100 grammes contre 54.
04:29 C'est toujours sucré, les pâtes à tartiner, de toute façon.
04:31 Mais la différence, elle se fait là-dessus.
04:33 Et j'avais regardé aussi des cordons bleus chez Leclerc et c'était pareil.
04:36 Les cordons bleus Eco Plus, il y avait moins de viande.
04:38 Il y avait plus de panures, par exemple.
04:40 Et pour le coup, le prix était quasiment équivalent.
04:43 Donc sur ces produits ultra transformés, ça ne vaut pas le coup.
04:46 Donc en gros, pour résumer, la règle, elle est assez simple.
04:49 Sur les produits bruts et semi transformés, vous pouvez y aller.
04:52 Vous allez avoir en grande partie des produits intéressants.
04:55 Sur les produits ultra transformés, ça va peut-être être plus à éviter.
04:58 Ou en tout cas, ça ne vous prive pas de regarder les étiquettes
05:02 et de lire les qualités nutritionnelles, les ingrédients.
05:05 Mais en gros, la règle fonctionne.
05:06 - Ce qui est marrant, c'est que sur tes deux exemples de lardons,
05:10 le moins cher n'a pas de Nutri-Score.
05:12 - Oui, c'est vrai.
05:13 Le moins cher n'a pas de Nutri-Score.
05:14 Après, c'est vrai que peut-être qu'ils ont fait cette économie-là.
05:18 Mais si vous regardez bien les ingrédients,
05:20 et par exemple, en termes de calories,
05:23 les moins chers, elles sont même moins caloriques.
05:25 Vous voyez, 180 calories contre 207.
05:28 C'est un exemple, mais après, vous pouvez aller dans le détail,
05:30 matière grasse, sucre, etc.
05:32 Et vous verrez que ceux-là, ils sont presque mieux.
05:33 - Bon, il ne faut pas faire les courses avec Charlotte,
05:35 parce que ça prend une demi-journée de lire toutes les étiquettes.
05:36 - À chaque fois, une demi-journée.
05:38 Une demi-journée, c'est lard.
05:39 - L'achat compulsif, tout ça, ça n'existe pas.
05:41 - Charlotte, regarde toutes les étiquettes.
05:43 Je peux vous dire qu'après, vous avez la ligne comme marque.
05:46 - Je peux vous dire, oui.
05:47 - Et pas plus de deux cuillères, parce que c'est 3500 calories, le pot.
05:51 - C'est ça que tu as regardé, toi ?
05:52 - 3500 calories, le pot, oui.
05:54 - Allez, toutes ces cultures, et vous, c'est Lauren.

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