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Lundi 25 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre Kiecolt-Wahl (Partner, Managing Director, Equity Capital Markets, Bryan Garnier & Co)

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:14 Le thème ce soir, c'est celui du retour des introductions en bourse sur les marchés.
00:19 On l'a vu déjà aux Etats-Unis, mais on est en train de le constater également en Europe.
00:23 Et c'est Pierre Kicolleval, partner, managing director, en charge notamment de l'Equity Capital Market
00:29 chez Brian Garnier qui est à mes côtés en plateau.
00:31 Pierre, bonsoir.
00:32 Bonsoir, enchanté.
00:33 Réouverture du marché pour les introductions en bourse.
00:37 On a eu quelques exemples qui ont marqué l'actualité récente en Europe.
00:40 Galderma à Zurich, Douglas à Francfort, pour citer ceux des derniers jours.
00:46 Qu'est-ce qui caractérise pour vous cette fenêtre de tir en Europe qui se réouvre ?
00:50 D'accord. D'abord, c'est vrai qu'on a les pouces vertes, les green shoots on dirait.
00:56 Donc ça c'est déjà, je peux confirmer.
00:59 Alors, on a deux grandes IPOs d'une belle taille.
01:03 D'accord ? Donc Galderma que vous avez déjà évoqué, c'est une belle boîte.
01:07 C'est 4 milliards de chiffres d'affaires, EBITDA à marge de 10 à 12 %, quelque chose qui est stable.
01:14 Qui n'est pas haute haute croissance, 30, 40, 50 % des chiffres d'affaires, mais qui est stable.
01:21 C'est du skin care, soins dermatologiques.
01:23 C'est une boîte qui est issue de L'Oréal et Nestlé pour vous donner un peu la mesure, la stabilité de cette entreprise.
01:29 Exactement. Et c'est là qu'il faut tenter pour le retour des investisseurs, soit institutionnels, soit des investisseurs retail,
01:38 avec un assez un peu comme ça en Europe.
01:41 En Europe, on est un petit peu plus conservateur au début.
01:45 D'accord ? Aux Etats-Unis, c'est vrai que c'est un peu plus rock'n'roll, un peu plus hot avec ARM et Reddit, etc.
01:54 Mais vous dites en Europe, c'est bien que ça commence avec des entreprises qui ont le profil de Galderma.
02:00 C'est quand même une grosse mise en bourse, une grosse introduction en bourse, une grosse opération,
02:05 qui avait valeur de test pour le marché et il fallait qu'on commence avec des caractéristiques qui conviennent,
02:12 qui fitent avec les investisseurs européens.
02:14 Exactement. C'est toujours le sentiment de risque. D'accord ?
02:19 Si on démarre avec les IPOs qui sont un peu trop risqués et les investisseurs perdent l'argent parce que soit c'est mispressé
02:28 ou soit il y a un changement de sentiment, ça va rendre la situation encore plus difficile.
02:34 Donc, je pense que tout le monde dans l'écosystème a compris pour ce cycle, il faut démarrer correctement.
02:42 Et après, ça va juste créer un marché normal.
02:45 Comment ça va se passer ensuite ? Quel va être pour vous le schéma de la séquence à venir en matière d'introduction en bourse en Europe, Pierre ?
02:53 C'est une bonne question et on est en train de terminer le premier trimestre.
02:58 Donc, on a encore neuf mois pour 2024. Il faut garder en tête pour une IPO, ça prend six à neuf mois
03:05 pour faire la documentation, pour avoir le feu vert de la part des AMF ou n'importe quel régulateur, etc.
03:13 Donc, c'est une décision aussi. Il faut mettre en place un board, etc.
03:17 Donc, ça prend un peu de temps pour mettre en place.
03:20 Donc, je dirais que les IPOs qui vont, viennent déjà pour cette année. La décision était prise il y a quelques mois.
03:28 Bien sûr. J'entends.
03:29 D'accord ? Donc, maintenant, je tourne vers 2025. Et c'est là où je trouve que le PIPE est beaucoup plus intéressant, surtout en France.
03:37 Parce que quand on voit Galderma et Douglas et d'autres IPOs qui ont déjà pricé cette année, c'est les IPOs un peu industrielles, un peu haut d'économie, conservateurs, comme on a bien dit.
03:50 Quand on voit le PIPE français, je vois qu'il y a beaucoup de petites sociétés, mais dans les industries de demain, on dirait, logiciels, plateformes, e-commerce, etc.
04:03 Et c'est là, quand on va avoir dans six, neuf mois, peut-être un marché qui est beaucoup plus fertile.
04:09 Les investisseurs, ils ont gagné un petit peu avec les IPOs Galderma et Douglas, etc. Ils vont être prêts à parier un petit peu sur les sociétés qui ont des promesses de haute croissance, mais il y a un peu plus de risques là-dessus.
04:25 On n'a plus le droit à l'erreur de ce point de vue-là, Pierre. Je le dis un peu brutalement, mais c'est vrai que là, on est en pleine affaire Belief sur le marché français, par exemple,
04:35 qui était peut-être la dernière introduction en bourse un peu emblématique de ce qu'on appelle nous la French Tech, ou en tout cas de l'innovation technologique française.
04:44 C'était il y a à peine deux ans. C'est déjà une boîte qui est en train d'être sortie. On n'est pas certain qu'elle soit sortie au même niveau que le prix de son introduction en bourse il y a deux ans.
04:53 Il y a eu une bataille. On ne va pas rentrer là-dedans. Mais ce que je veux dire, c'est que cette fenêtre de tir 2025 pour l'innovation, la mise en bourse de l'innovation,
05:01 quelle va être la recette du succès ? Qu'est-ce qui va permettre d'éviter peut-être les erreurs du passé, Pierre ?
05:07 C'est un point qui n'est pas peut-être apprécié, mais dans l'écosystème, il y a toujours de l'offre et de la demande.
05:16 Il faut que le reste de l'écosystème, les sponsors, les VCs, commencent à regarder un petit peu l'exemple américain, qu'il faut laisser un petit peu sur la table pour la prochaine IPO, pour la prochaine augmentation de capital.
05:34 Et donc, je pense qu'il y aura une discipline qui va se mettre en place parce que, comme vous avez évoqué, c'est nécessaire. Sinon, la bourse ne va jamais reprendre ici et on va avoir des problèmes.
05:47 Et donc, je pense que si on peut démarrer avec un niveau de prix qui est correct, peut-être ce n'est pas 10 fois pour les VCs au début, peut-être juste 3 fois.
05:59 Mais les investisseurs ont l'opportunité de participer un petit peu dans la croissance. On va arriver avec une bourse qui est beaucoup plus active.
06:07 Il y aura beaucoup plus d'émetteurs, beaucoup plus d'investisseurs et il y aura une activité comme à l'ancienne.
06:13 Et vous dites aux États-Unis, ils ont réussi, à la fois ils sont pragmatiques, mais ce n'est pas non plus d'étendre les boîtes de VCs américaines, mais ils ont réussi à créer cet équilibre gagnant-gagnant entre les marchés privés et les marchés de capitaux liquides.
06:30 Voilà, c'est exactement le cas. On voit que même avec les gros VCs qui ont une puissance énorme avec Wall Street, ils disent on ne va pas tourner les bras trop fort parce qu'on a d'autres assets dans le portefeuille.
06:44 Tout le monde sait que soit les VCs ou soit les sponsors, tout le monde a besoin de rendre liquidité aux LP.
06:52 Donc le "name of the game" c'est de mettre en bourse des assets pour avoir la liquidité. S'ils ne réussissent pas, eux aussi ils vont avoir des problèmes.
07:00 Il y a des raisons d'imaginer qu'en Europe, en France, l'écosystème VCs de financement de l'innovation, avec les difficultés rencontrées ces deux dernières années, sera peut-être plus attentive à ce que les marchés de capitaux ont à dire pour ces introductions en bourse.
07:18 C'est aussi un message que les banques, les intermédiaires comme les banques d'affaires de Brian Garnier et bien sûr les grandes maisons de Goldman et Morgan Stanley, tout le monde a besoin d'injecter une dose de réalisme dans la discussion de la fourchette de prix pour qu'on puisse avoir ces démarches à l'américaine.
07:42 - Je voyais dans les nouvelles du moment, l'AMF met fin à une spécificité française. Alors l'idée de l'AMF est de pouvoir faciliter justement les mises en bourse et la bourse comme levier de financement pour les entreprises.
07:58 Pour ça l'AMF ne rend plus obligatoire une part réservée aux investisseurs particuliers lors de ces opérations. Est-ce que c'est le genre de mécanisme que la place attend pour raviver justement les introductions en bourse ?
08:16 - C'est une très bonne observation et en fait il faut qu'on commence à féliciter l'AMF et toutes les autres personnes dans l'écosystème qui sont un petit peu derrière. On ne voit pas vraiment le régulateur mais l'équipe qui mettra en place les règles du jour.
08:36 Alors eux ils ont réalisé qu'en fait les intermédiaires, les banques d'affaires qui gèrent ces opérations, ils ont un peu plus de flexibilité à répandre aux effets de la demande vis-à-vis de l'offre.
08:48 Des fois ce n'est pas juste linéaire, des fois il y a des événements en attaque ou taux d'intérêt qui rendent l'IPO un peu plus instable et il faut ajuster le prix. Aux États-Unis par exemple, juste pour reprendre cet exemple, les régulateurs donnent aux banques d'affaires la capacité à tout de suite changer, bouger le pricing, baisser la fourchette de prix pour avoir une IPO qui clear.
09:16 - De réserver une part aux investisseurs particuliers, ça empêchait cette flexibilité ?
09:20 - Oui exactement, d'avoir les particuliers dans une IPO, on arrive avec un minimum de jours pour une offre.
09:29 - Je comprends.
09:30 - Et donc des fois on n'a pas besoin de cinq jours, on a juste besoin de deux ou trois jours parce qu'on a fait beaucoup de marketing avant. Donc c'est bien qu'il y a le début on dirait de ces tendances et je félicite.
09:43 - L'AMF pour ça ?
09:44 - Exactement, ils ont écouté.
09:46 - Moi je suis un peu déçu pour les investisseurs particuliers mais ça veut dire quoi ? Ils viendront après ? Si l'IPO est mieux faite, ils auront l'occasion de venir après sur le dossier ?
09:55 - C'est vrai mais quand on voit par exemple les IPOs de grande réussite aux États-Unis, de ARM et etc., ils sont toujours des affaires d'investisseurs institutionnels. Le retail dans ce cas, il est très petit.
10:07 - Marginal.
10:08 - Marginal parce qu'il y a trop de demandes. Donc je pense que pour les retails, ils vont avoir l'opportunité d'acheter tout de suite dans le marché après.
10:17 - Merci beaucoup Pierre. Merci d'être venu nous éclairer sur ce revival des introductions en bourse. C'est le retour des introductions en bourse.
10:24 Aux États-Unis, on a vu que c'est à l'américaine. C'est Reddit par exemple, c'est pas rentable, ça se paie 8 fois le chiffre d'affaires, ça prend 50% le premier jour.
10:33 Ça c'est les États-Unis. Nous on est plutôt bien parti avec Galderma dans les soins dermatologiques. C'est notre manière de commencer en Europe jusqu'à effectivement, espérons-le, des succès pour la tech et l'innovation européenne dans cette séquence d'introduction en bourse qui redémarre.
10:48 Pierre Kikolt, val, partenaire, managing directeur en charge des marchés de capitaux chez Brian Garnier, était l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
10:56 [Musique]

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