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Mardi 5 mars 2024, SMART BOSS reçoit Samuel Corgne (PDG, Ergosanté)

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Transcription
00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:12 Et je suis ravie d'accueillir aujourd'hui Samuel Korn. Bonjour !
00:16 Bonjour !
00:17 Bonjour, tu es président d'Ergo Santé, spécialisé dans les solutions ergonomiques sur mesure et les exosquelettes.
00:23 On va évidemment en reparler.
00:25 Alors au sommaire de l'émission, tu vas d'abord rencontrer une startup, c'est la séquence David rencontre Goliath,
00:30 où vous allez pouvoir parler de vos sujets communs.
00:33 Après on sera sur la partie en coulisses, où là on va parler plutôt de ta vie de dirigeant et c'est quoi un peu aussi ton quotidien.
00:41 Et on terminera avec la séquence interview chrono, qui est donc une série de questions réponses très rapides.
00:46 D'accord, ça marche.
00:47 Merci beaucoup encore d'avoir accepté l'invitation et maintenant on passe à la séquence David rencontre Goliath.
00:54 [Musique]
00:58 Et donc la startup qui va te faire face c'est Le Treffle, et donc je suis ravie d'accueillir son PDG Gyssin Morvan.
01:04 Bonjour !
01:05 Bonjour !
01:06 Merci d'avoir accepté l'invitation.
01:07 Alors Le Treffle c'est un jeune projet qui est dans la restauration et il y a la particularité d'être géré par des personnes en situation de handicap.
01:16 Alors est-ce que tu peux nous dire déjà comment est né ce projet ?
01:19 Il me semble que tu connaissais déjà un petit peu le secteur de la restauration.
01:22 Oui, alors oui je dirige une belle entreprise de traiteurs qui s'appelle Traiteurs Grand, 150 collaborateurs.
01:27 Et puis depuis des années on essaie de travailler sur l'inclusion au travers de petites actions, le duod, la commission handicap, le campus de l'inclusion.
01:35 Et puis à Noël en ayant fait quelques actions caritatives, on s'est rendu compte qu'il y avait un besoin de travailler davantage avec ces personnes-là,
01:44 de travailler sur l'inclusion de manière beaucoup plus pérenne et d'offrir des possibilités d'emploi avec plus long terme.
01:50 Donc cette idée nous a permis de créer Treffle.
01:54 L'objectif de Treffle c'est de créer des événements inclusifs mais également surtout des cantines inclusives,
02:00 donc de rentrer dans les entreprises, de leur proposer un service de restauration avec de l'alimentation saine, de qualité,
02:05 un côté humain avec des personnes en situation de handicap sur la production, la logistique ou le service.
02:11 Et alors est-ce que tu connaissais Treffle ?
02:14 Je connais un petit peu Treffle. J'ai été questionné au début du projet.
02:19 J'ai essayé de l'aider comme je pouvais, d'ouvrir les portes que j'avais.
02:24 On se connaît dans le cadre d'un réseau de formation qui s'appelle l'APM, où on forme des dirigeants.
02:31 Et on s'est formés pendant de nombreuses années.
02:34 Donc je suis content qu'ils rejoignent enfin le camp des entreprises qui veulent un petit peu changer les choses.
02:42 Et donc ça a été lancé quand exactement ?
02:45 Tout début d'année.
02:46 Oui, alors tu es fou frais.
02:49 En fait on est en train de demander un agrément pour basculer à une entreprise adaptée.
02:54 Donc on a rencontré les services de l'État.
02:56 C'est un procédu qui est long, il faut prendre des engagements.
02:59 Mais ça ne nous empêche pas de continuer à oeuvrer sur le handicap, de recruter, de travailler.
03:04 Le format de mutation est en cours, mais nous on travaille déjà sur la situation.
03:09 Et là, je ne sais pas si tu as commencé à aller voir des entreprises, mais j'imagine qu'elles doivent toutes être contentes sur le papier.
03:16 Enfin je veux dire, on ne peut pas être contre normalement.
03:19 C'est quoi leurs interrogations aussi, peut-être les questions qu'elles se posent ?
03:23 C'est plutôt des intérêts qu'elles vont porter.
03:26 Le premier intérêt c'est d'amener une alimentation saine dans l'entreprise.
03:30 Les collaborateurs ont besoin de bien manger, donc la qualité du peu de travail.
03:33 Le deuxième sujet c'est de mettre un côté humain, de reconnecter les gens avec la restauration du midi.
03:37 On a vu des campagnes de publicité sur les frigos connectés qui sont finalement déconnectés de l'humain.
03:43 Donc il y a une volonté aussi de remettre de l'humain dans les services.
03:46 Et le troisième sujet c'est de travailler sur l'inclusion.
03:48 Elles sont vraiment favorables à travailler sur le sujet, à trouver des solutions.
03:52 Et là on leur apporte ces trois solutions sur un plateau.
03:57 Sur l'inclusion, comme ça, chez Ergo Santé, tu emploies aussi des personnes en situation de handicap.
04:03 On a une usine qui est reconnue entreprise adaptée.
04:07 C'est-à-dire que la majorité de nos collaborateurs sont en situation de handicap.
04:10 C'est quelque chose qui me tient à cœur depuis presque 20 ans maintenant.
04:13 Et pour moi c'est un optimal ce modèle d'entreprise adaptée.
04:17 Avant ça s'appelait atelier protégé.
04:19 Et je trouve qu'il y a quelque chose de presque philosophique dans cette notion de cerf, une espèce de cerf humaine.
04:26 Une cerf c'est quoi ? C'est un endroit qui permet à des plantes fragiles de pousser dans des conditions optimales
04:32 et à l'abri des agressions extérieures.
04:37 Mais on n'est pas tout seul, il y a des fédérations qui nous aident.
04:40 En l'occurrence il y a par exemple le réseau GESAT, il y a Cap Occitanie.
04:45 Ce sont des fédérations que j'ai présentées à Giselin.
04:49 Et en fait c'est un travail d'équipe.
04:52 Et ce fameux agrément, c'est compliqué ?
04:56 C'est un travail qui est important, qui nécessite du temps, de l'implication et une vraie conviction.
05:04 Il y a du travail.
05:06 Est-ce qu'aujourd'hui la montée de tous les sujets ESG, ça ouvre un peu les entreprises à accueillir, à être un peu plus inclusifs ?
05:17 Je pense que c'est aussi un effet de mode et il faut se méfier de ça.
05:22 J'en parlais avec Giselin tout à l'heure.
05:25 Il y a une question entre est-ce qu'on doit faire le bien ou est-ce qu'on doit résister au mal.
05:29 Et le problème de vouloir faire le bien, tout le monde veut faire le bien, c'est que dans le fond on le fait par intérêt.
05:35 On fait le bien pour un sujet de reconnaissance.
05:39 Et moi j'ai été un peu repris dans ma conscience à savoir pourquoi j'essaye d'aider les gens.
05:43 Est-ce que je le fais pour être reconnu ou pas ?
05:46 Et c'est ça qui m'embête un petit peu avec cette mode de l'ESG, des entreprises à mission etc.
05:53 Pourquoi on le fait ? Est-ce que c'est pour améliorer le business ou est-ce que c'est vraiment pour avoir un impact positif dans la vie des gens ?
06:01 La question est ouverte mais je pense que tout le monde doit se regarder dans la glace et se questionner pourquoi on fait ça.
06:07 Et c'est ce que j'essaye en tout cas d'inculquer à Giselin.
06:12 On doit le faire par rapport à des convictions et pas par rapport à un intérêt caché parce que ça se voit, ça se transpire.
06:19 Ce n'est pas un business, ce sont des gens fragiles et on doit considérer l'entreprise comme un outil et pas comme une fin en soi.
06:25 Comme un outil au service des gens et il s'avère tant mieux que ça le vend en poupe.
06:29 Mais il ne faut pas oublier que derrière ce sont des personnes fragiles et ce n'est pas un business, c'est une conviction.
06:40 Oui parfaitement, on partage ces valeurs-là déjà depuis un certain temps et c'est ce qu'on défend.
06:47 Il y a eu un plan, c'était une conférence, la conférence nationale de l'handicap en 2023, j'imagine que vous avez un peu suivi de près ou de loin.
06:56 Ça a débouché sur des engagements, quelques mesures, un petit peu, je voyais comme la simplification de la reconnaissance comme travailleur handicapé.
07:04 Vous avez été plutôt content de cette conférence, c'était bien ou on peut encore mieux faire ?
07:11 Je pense qu'on peut toujours mieux faire puisque quand vous êtes en situation de handicap, vous avez deux fois plus de chances d'être au chômage que quand vous êtes en situation valide.
07:22 Donc on voit qu'il y a quand même cette discrimination je dirais.
07:25 Mais par contre si on prend beaucoup plus de recul depuis le général de Gaulle jusqu'à maintenant, tous les gouvernements ont fait que renforcer la politique handicap.
07:35 Donc il ne faut pas critiquer bêtement, il faut se dire qu'on s'améliore de jour en jour.
07:42 Mais disons que aussi le malheur évolue en particulier avec par exemple l'augmentation de la durée de travail, la pénibilité, l'augmentation des TMS.
07:57 Et ça veut dire que oui la politique handicap de l'État elle augmente, mais les besoins aussi augmentent.
08:04 Donc il faut qu'il y ait une espèce d'adéquation.
08:06 Et alors c'est quoi rapidement quelques mots les objectifs la TREFL 2024 ?
08:10 TREFL c'est de disrupter le marché des cantines.
08:13 Donc il y a une ambition de démarrer très rapidement sur notre ville socle qui est Montpellier et puis une ambition nationale rapidement.
08:20 Donc l'objectif c'est d'installer des cantines soit dans des PME, donc des petits food corner, soit dans des grandes entreprises qui ont déjà des cantines qui tournent
08:28 et qui veulent évoluer vers une restauration de meilleure qualité surtout et puis inclusive évidemment.
08:34 On suivra ça, merci beaucoup Gilles Martin d'être venu avec nous et on va pouvoir passer maintenant à la séquence en coulisses.
08:46 Alors avant de parler d'Ergo Santé qui est actuellement ton entreprise, tu as monté en 2006 Languedoc Service Propreté.
08:53 C'était une entreprise de nettoyage mais c'était aussi une entreprise d'insertion.
08:58 Pourquoi tu avais déjà fait ce choix à l'époque ?
09:00 Parce que j'ai on va dire cramé la vie par les deux bouts dans le début de ma carrière professionnelle.
09:07 Et très rapidement je suis arrivé à un peu un stop.
09:11 Je me suis posé des questions existentielles sur qu'est ce que je veux faire de ma vie.
09:15 Et au bout d'un certain moment j'ai eu une conviction que je voulais travailler avec des gens fragiles dont je faisais partie.
09:22 Et en fait quand on est en situation de fragilité, un petit peu à l'écart comme ça de la vie professionnelle,
09:28 avoir un boulot c'est le socle d'une vie sociale.
09:31 Et en fait si on n'a pas de boulot, on est oisif et l'oisiveté c'est un peu la mère de tous les vifs je dirais.
09:37 Et donc du coup assez rapidement je me suis dit je veux créer de l'emploi pour des personnes qui intéressent personne.
09:46 J'ai eu cette conviction.
09:50 Et en fait j'avais pas trop de sous, j'avais des idées de l'énergie.
09:55 Et en analysant un petit peu rapidement ce que je pouvais faire,
09:58 je me suis rendu compte que les activités de service étaient assez adaptées
10:03 puisqu'il n'y a pas besoin de beaucoup de fonds parce qu'il y a énormément de travail,
10:07 il n'y a pas besoin de beaucoup de formation.
10:09 Et ça collait bien avec ma doctrine de réinsertion qui était une doctrine assez paternaliste basée sur la motivation.
10:18 Et c'est pour ça que j'ai créé une entreprise de nettoyage, c'est pour ça qu'on faisait des espaceurs.
10:22 Et assez rapidement on est arrivé à une centaine de salariés.
10:25 Et nos clients en fait travaillaient avec nous, pas forcément parce qu'on était les meilleurs,
10:30 mais pour les valeurs que l'on portait.
10:34 Et voilà, c'est un peu pour ça que j'ai eu cette activité, ça a été très formateur pour moi.
10:41 - Et est-ce que tu as rencontré des difficultés ou pas ?
10:44 - Énormément. Les difficultés c'était quotidienne parce que la règle c'est que ça marche pas,
10:50 l'exception c'est que ça fonctionne, mais quand ça fonctionne, ça vaut toutes les fois où ça n'a pas marché.
10:56 Et moi j'ai tissé des relations d'amitié à vie avec des personnes
11:02 parce que je leur ai proposé un petit coup de pouce à un moment où ils en avaient besoin.
11:07 - Et alors après, j'ai vu que tu avais cédé cette boîte à un salarié.
11:13 Pourquoi tu as fait ce choix ? Comment ça s'est passé ?
11:16 - Parce que j'avais ErgoSanté en parallèle.
11:19 J'avais ErgoSanté en 2013 et de 2013 jusqu'en 2019 j'avais deux activités avec des centaines de salariés à droite et à gauche.
11:30 Et c'était ça plus une vie de famille intense avec quatre enfants, etc.
11:35 Et bien c'était beaucoup pour ma petite personne.
11:38 Et ce que j'ai fait, j'ai fait monter en compétence un manager en vue d'une reprise.
11:44 Et je l'ai accompagné sur plusieurs années et j'ai mis en place des conditions favorables
11:50 pour qu'il puisse reprendre sans douleur.
11:54 Et en fait l'entreprise existe toujours et tourne même mieux que quand je l'avais.
11:59 Donc bon, en fait c'est un peu ça être un manager.
12:04 C'est d'essayer de pousser ses collaborateurs pour que ça soit meilleur que soi.
12:08 - Mais comment tu as fait pour gérer en parallèle deux entreprises pendant plusieurs années ?
12:12 - Je pense que c'est un des avantages de l'hyperactivité.
12:15 Mais ça a ses limites puisque ça m'a conduit plusieurs fois à l'hôpital, dont cinq mois en 2023.
12:22 Et voilà, ça nous rappelle qu'on est fini, qu'on a des limites et qu'il ne faut pas trop tirer sur la corde.
12:29 - Et donc tu parlais ErgoSanté, création plutôt fin 2012, spécialisé comme gestateur dans les solutions ergonomiques sur mesure, les exosquelettes.
12:38 Est-ce que quand tu l'as créé en 2012, tu ne t'es pas dit "j'étais un peu trop en avance" quand même ?
12:42 - Non, puisque ça partait d'un constat simple.
12:47 C'était qu'il y avait beaucoup de préconisations de la médecine du travail et il n'y avait pas de pharmacie ou peu de pharmacie de la médecine du travail.
12:56 C'est comme si vous allez chez votre médecin, vous avez une ordonnance et qu'il n'y avait pas de pharmacie.
13:00 Vous êtes un peu embêté.
13:02 C'est le sentiment que j'avais dans le cadre de mon entreprise d'insertion.
13:06 Quand je vois un problème, j'essaye de le résoudre.
13:09 J'ai vu qu'il y avait la place pour créer une petite pharmacie de la médecine du travail dans mes Cven.
13:15 Je me suis dit que ça allait aider quelques personnes.
13:18 J'ai vu que le besoin n'était pas seulement local, il était national ou international.
13:23 C'est pour ça que l'entreprise s'est développée énormément et j'ai dû prendre des décisions.
13:29 Je ne pouvais pas tout gérer parce qu'à vouloir tout faire, c'est vous qui finissez par péter un cale.
13:35 C'est à partir de quand qu'il y a eu ce mouvement d'inflexion ?
13:40 C'est à partir de 2014, assez rapidement.
13:44 J'ai commencé à travailler avec des très grosses entreprises.
13:49 Elles m'ont toutes dit la même chose.
13:52 Si vous voulez exister, il faut offrir un service national.
13:56 Une très grosse boîte, La Poste ou d'autres, ont le même problème à Lille, à Brest, à Metz, à Porto-Vec le même jour.
14:06 Ils ont besoin de solutions pour le maintien dans l'emploi de leurs collaborateurs en situation de handicap centralisée.
14:15 C'est ce que j'ai essayé de faire et c'est ce qui a poussé notre petite réussite.
14:20 J'ai vu que tout était internalisé, bureau d'études, laboratoire.
14:25 C'est pour gagner en agilité ou je ne veux pas qu'on pique des idées ?
14:29 Non, c'est clairement pour l'agilité et une espèce de souveraineté.
14:34 C'est un mot un peu à la mode, mais ça veut quand même dire qu'on est un peu bulletproof.
14:40 C'est-à-dire qu'il pleuve, qu'il vente, on continue à développer.
14:43 Le sujet, c'était de créer un espace où les personnes fragiles ou en situation de fragilité pouvaient s'épanouir professionnellement.
14:54 C'est pour ça que j'ai switché sur le modèle entreprise adaptée.
14:58 Avant, ça s'appelait Atelier Protégé et j'ai beaucoup aimé le concept.
15:01 Si on avait vendu des crayons de papier, j'aurais fait une usine de crayons de papier.
15:06 Il s'avère qu'on vendait énormément de sièges ergonomiques.
15:09 L'histoire est longue, mais pour faire court, j'ai fait une usine de sièges ergonomiques avec des personnes en situation de fragilité, en situation de handicap.
15:17 J'ai vu que ce n'était pas seulement un vœu pieux, c'était même les ingrédients qui rendent une entreprise efficace.
15:25 Ça m'a permis d'attirer énormément de talent.
15:28 Le sens que l'on portait, ça nous a permis d'attirer des ingénieurs, des designers, des personnes talentueuses.
15:35 Ce qui fait qu'on ne fait pas que de la bricole pour essayer de faire quelque chose de bien, on fait des produits géniaux.
15:42 Et d'ailleurs, tout est "made in France".
15:45 Bien sûr.
15:47 C'est une fierté, tu parles en plus de souveraineté, mais est-ce que ce n'est pas quand même une tannée aussi ?
15:56 Je ne crois pas. Je crois que ça, c'est un prêt-à-penser.
15:59 C'est une heuristique de se dire que c'est dur de fabriquer en France.
16:03 Moi, je trouve que c'est de moins en moins dur.
16:06 Il y a eu beaucoup de programmes de l'État qui ont soutenu notre travail.
16:12 Je pense à Territoires d'Industrie, je pense à France Relance.
16:15 Et en fait, ça a créé les conditions.
16:18 Et même, vous savez, à l'époque, on disait qu'il fallait fabriquer en Asie pour ne pas faire cher.
16:24 Moi, je fais moins cher en France que si c'était fabriqué en Asie.
16:29 Tout simplement parce que ça réduit les intermédiaires et on n'intègre pas les coûts de transport qui sont devenus démentiels.
16:37 C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir une pièce moulée en plastique en Asie, on peut utiliser du bois de nos forêts.
16:43 Il faut se réintégrer ça dans le champ des possibles en tant qu'industriel.
16:50 Et alors après, en 2020 quand même, je voulais en parler, Covid, est-ce que ça a bouleversé pas mal de choses dans ton business ?
16:58 Est-ce que c'est peut-être plutôt un accélérateur pour toi ?
17:02 Sur ces sujets d'ergonomie, on a forcément pu se parler, les gens travaillaient chez eux.
17:07 Alors, c'était une période très douloureuse pour moi.
17:10 Parce que j'allais renvoyer chez eux beaucoup de collaborateurs fragiles qui ont besoin de vie sociale.
17:17 Donc, moi, j'ai eu un réflexe assez simple.
17:22 J'ai voulu trouver des masques avant même la crise des masques et j'ai vu qu'il n'y en avait pas.
17:26 Et je crois qu'on a été la première entreprise en France à avoir switché le modèle de fabrication et on s'est mis à fabriquer des masques.
17:33 On a travaillé avec la DGA et j'ai essayé à ma petite échelle de donner des bonnes idées à des industriels.
17:40 Et assez rapidement, des grosses industries s'y sont mis et fabriquaient en un jour ce qu'on pouvait fabriquer en un mois.
17:46 Et donc, du coup, j'ai ramené tout le monde à la maison.
17:50 Mais je pense que ça a véhiculé aussi une image positive dans notre entreprise.
17:56 Parce qu'en fait, au final, on n'a rien gagné là-dessus.
17:59 C'était que du don. En fait, on donnait les masques.
18:03 Mais quand j'avais entendu le président dire "on est en guerre", je me suis dit "il faut une espèce d'effort de guerre".
18:07 Et mon effort de résistance, c'était un petit peu de faire ça.
18:10 Et alors, autre moment important dans la vie de la santé, c'est septembre 2021.
18:16 Vous êtes lancé dans le recyclage. 98% des déchets.
18:21 On voit qu'il y a de plus en plus de normes à respecter.
18:24 On pense à la loi AGEC, qu'on appelle aussi loi anti-gaspi.
18:28 Encore une fois, là, c'est pas trop se remettre une couche de contraintes.
18:33 J'ai l'impression que tu t'en mets quand même beaucoup.
18:36 Mais il faut savoir que moi, mon objectif, c'est de pérenniser l'emploi en France.
18:39 Et pour ça, il ne faut pas juste se reposer sur les lauriers en espérant que tout se passe bien.
18:44 Les faits nous montrent que tout ne se passe pas forcément super bien.
18:48 Et donc, du coup, si on veut pérenniser le fabriqué en France, il faut avoir plusieurs cordes à son arc.
18:53 Et en fait, ça vient d'une réflexion très simple.
18:55 Pendant le Covid, les problèmes logistiques infinis.
18:59 Et du coup, je m'étais posé la question "qu'est-ce qu'on a comme ressources en France ?"
19:03 Et c'est vrai qu'on n'a pas de pétrole, effectivement, mais on a quand même des bonnes idées.
19:07 Et on a aussi des déchets.
19:09 Et vous savez, le mobilier, c'est en centaines de milliers de tonnes chaque année qui sont jetés par les entreprises.
19:17 Principalement parce qu'en cinq ans, un mobilier est amorti.
19:21 Donc on le jette et on en rachète d'autres.
19:24 Mais je me suis dit, entre ces personnes, par exemple, vous faites du télétravail,
19:28 vous n'avez pas les moyens de vous acheter un siège confortable.
19:31 Et tous ces sièges qui sont jetés, il y a forcément quelque chose à connecter.
19:34 Et c'est pour ça que j'ai lancé un projet, pas forcément que de recyclage, mais surtout de reconditionnement de mobilier.
19:40 Et on est, je pense, une grosse industrie actuellement du reconditionnement de mobilier.
19:44 On a une offre très large pour permettre, en particulier aux grandes entreprises et à l'achat public,
19:49 de respecter cette loi AGEC en achetant chez nous du mobilier reconditionné à neuf.
19:55 En entreprise adaptée, en plus.
19:57 Et je remonte là, vraiment, c'était très récemment, il y a plus d'un mois aussi,
20:02 j'ai vu que vous avez obtenu l'agrément d'entreprise solidaire d'utilité sociale, donc ESUS.
20:07 Qu'est-ce que ça change en fait ?
20:11 Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, tout le monde a envie un peu de se revendiquer, je fais de l'impact.
20:15 Mais bon, beaucoup de monde...
20:17 En fait, ça ne change pas grand-chose.
20:19 Je pense qu'on a vécu un gros déficit de faire savoir.
20:24 On avait un énorme savoir-faire.
20:26 On sait faire plein de choses, du reconditionnement, des sièges neufs, de l'intelligence artificielle, des exosquelettes.
20:32 Mais on ne le fait pas savoir.
20:34 C'est français, avec des personnes en situation de handicap, mais on ne le fait pas savoir.
20:38 Et comment on le fait savoir ? Il faut apporter des preuves.
20:41 Et ces preuves, ce sont des agréments.
20:43 On est obligé de passer par là.
20:45 Et comme on est une entreprise adaptée, de fait, on est ESUS,
20:47 donc on a rempli le dossier pour avoir cet agrément.
20:51 Mais c'était, il me semble, une simple formalité.
20:54 - Et ça ressemble à quoi, ton quotidien ?
20:57 J'imagine que tu n'as pas de jour-type.
20:59 Mais c'est quoi la vie ?
21:01 - C'est quand même beaucoup de solitude.
21:04 Je dirais que c'est un quotidien...
21:06 Ma priorité, c'est ma famille.
21:08 J'ai quatre enfants, je ne veux pas louper leur éducation,
21:11 même si je pense qu'on a toujours plein de choses à se reprocher, mais on fait ce qu'on peut.
21:15 Et à côté de ça, j'ai une vie d'entreprise bien remplie.
21:19 On arrive à 300 salariés, on va recruter à peu près 60 personnes par an.
21:23 Donc en fait, je dirais, c'est plusieurs choses.
21:26 C'est beaucoup d'humilité, beaucoup de doutes et une envie farouche de...
21:33 Comment dire ?
21:35 De créer des conditions qui permettent à mes collaborateurs de devenir meilleurs.
21:40 Et ça veut dire, d'une certaine manière, accepter de disparaître.
21:46 Je pense que mon rôle, si je dois le synthétiser, c'est me rendre dispensable.
21:52 Je pense que mon entreprise tourne bien quand elle tourne sans moi.
21:57 Et j'en veux pour preuve, comme je te le disais tout à l'heure.
22:00 En 2023, ça a été très compliqué pour moi.
22:03 J'ai passé cinq mois au lit, à l'hôpital.
22:06 J'ai eu un problème de santé au niveau du dos qui m'a paralysé les jambes.
22:11 Enfin, une grosse galère.
22:13 Mais en fait, l'entreprise a quand même continué à grandir.
22:16 Donc ça veut dire, d'une certaine manière, j'ai l'impression d'avoir fait un petit peu mon travail.
22:20 Pas d'essayer d'être un patron omnipotent, que tout passe sous ma coupe.
22:24 Mais disons de faire deux choses.
22:27 C'est-à-dire faire rêver les gens, faire rêver mes collaborateurs.
22:30 Parce qu'en fait, j'avais lu un truc à Washington, dans le musée de l'aérospace.
22:34 C'est une phrase de Robert Godard qui disait
22:36 "C'est difficile de savoir ce qui est impossible, puisque les rêves de hier sont l'espoir d'aujourd'hui et la réalité de demain."
22:43 Et je pense que ce qui génère l'innovation, c'est le rêve.
22:50 Et je dois créer, enfin en tout cas, essayer d'intégrer du rêve dans des quotidiens qui sont souvent pas très sympas.
23:03 Mais je me dis, on est dans un des coins les plus pauvres de France.
23:06 On crée énormément d'emplois.
23:08 On permet à des personnes en situation de handicap de se projeter complètement socialement.
23:13 C'est un rêve qui est d'une certaine manière devenu une réalité.
23:17 Et c'est quelque chose que j'essaye de transmettre.
23:19 J'essaye de trouver des clients qui s'approprient ce rêve et que ça devienne une réalité.
23:24 - Et ça le rêve aussi, le rêve américain.
23:26 Parce que j'ai vu que vous aviez lancé une...
23:28 Allez, si, quand même, une petite...
23:30 Une usine, c'est ça, en Caroline du Nord.
23:32 Comment est-ce qu'on s'y prend quand on est, tu vois, dans les Cévennes, une petite...
23:38 Une PME, une belle PME, mais pour aller aux Etats-Unis ?
23:42 - Je triche un peu parce que ma maman est américaine.
23:45 Mon papa est breton, ma maman est américaine.
23:47 Donc j'ai un petit peu ces gènes en moi.
23:49 Et en fait, c'est le sujet des exosquelettes, qui est un de nos gros chevals de bataille.
23:56 On est un des leaders mondiaux des exosquelettes passifs.
24:00 En fait, le sujet des exosquelettes, il...
24:03 Si on veut exister à l'échelle mondiale, ça doit passer par les Etats-Unis.
24:07 Selon toutes les études de marché, en gros, 50% du marché exosquelettes,
24:13 d'ici quelques années, sera aux Etats-Unis.
24:15 Donc il faut être là-bas.
24:18 Pourquoi ? Parce que je pense qu'ils sont un petit peu plus pragmatiques que nous.
24:21 Après, on aime, on n'aime pas, mais en gros, si c'est fabriqué là-bas, c'est vendu là-bas.
24:25 Si c'est pas fabriqué, c'est pas vendu.
24:27 Donc du coup, si on veut en faire partie, il faut être là-bas.
24:30 - D'accord. Et là, tout récemment, on a pu lire dans la presse que tu cherches à ouvrir, en tout cas, le capital d'ErgoSanté.
24:38 Pourquoi maintenant, après plus de 10 ans d'autofinancement ?
24:42 - Alors, c'est pas tout à fait exact, puisque j'ai eu des bonnes fées autour de moi.
24:47 Il y a eu d'abord un investisseur qui s'appelle Jean-Baptiste Descroix-Verniers,
24:53 qui est venu très tôt chez nous, qui m'a appris beaucoup de choses. Je suis éternellement reconnaissant.
24:58 Puis, on a eu un fonds à impact qui s'appelle Mutuel Impact,
25:02 et qui a été géré par Ciparex-Xange, qui est arrivé chez nous en 2021.
25:06 Et juste un petit sujet sur les fonds à impact. Je pense que c'est pas assez connu.
25:10 Et pourtant, c'est hyper important. Moi, je suis extrêmement reconnaissant de la présence au capital de Mutuel Impact.
25:16 C'est un fonds qui est géré par la mutualité française,
25:20 qui collecte pas mal de fonds mutualistes,
25:25 et qui sont venus nous aider à passer d'une idée à une industrialisation.
25:30 Et là, on se retrouve devant trois marchés qui sont en grosse expansion.
25:36 Le maintien dans l'emploi, le mobilier reconditionné et les exosquelettes au niveau mondial.
25:42 En fait, j'ai une question qui est un petit peu ouverte.
25:45 C'est-à-dire, est-ce que le marché pense que ce sont des marchés porteurs ?
25:50 Est-ce qu'ils sont d'accord pour dire qu'on a des parts qui sont importantes dans ces marchés actuellement ?
25:57 Et est-ce qu'ils sont d'accord de se dire que si on veut le faire perdurer, il faut des moyens ?
26:02 On travaille avec la banque d'affaires Messier Associé actuellement,
26:07 et on a des très bons retours. J'ai fait, je crois, beaucoup de rendez-vous.
26:12 Je crois que c'est un peu secret. Et ces fonds vont venir nous permettre de passer du stade de grosse PME à ETI.
26:21 Merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions.
26:25 On va pouvoir passer maintenant à la dernière séquence, l'interview chrono.
26:29 Si tu pouvais ajouter une loi, une mesure pour favoriser peut-être l'handicap en entreprise, ça serait quoi ?
26:40 Une loi, une mesure, je pense que ça serait pas une obligation,
26:50 mais des incitations financières pour l'intégration de personnes en situation de handicap.
26:54 Et je dirais aussi une simplification de l'intégration des personnes en situation de handicap.
26:59 Parce que ça reste quand même une machine à gaz qui fait vivre plein de gens, effectivement.
27:03 Mais une machine à gaz, c'est un parcours du combattant.
27:06 L'application que tu utilises le plus ?
27:08 LinkedIn.
27:10 Le produit dont tu es le plus fier chez Ergo Santé ?
27:13 Mes exosquelettes.
27:15 Est-ce que tu peux me citer une entrepreneuse ou une dirigeante française ?
27:19 J'en ai deux. Il y a Delphine Namourit qui est la CEO de Euronext Paris.
27:27 Et Angela Garcia-Poveda que j'avais rencontrée et qui m'avait pas mal inspirée,
27:36 qui est la patronne de Le Grand.
27:39 Un livre que tu as lu récemment ?
27:42 Une Rose Seule.
27:44 Une Rose Seule, ça parle beaucoup de la finitude et du fait qu'on est passager.
27:52 Et ça m'aide à pas trop me prendre au sérieux.
27:54 Le métier que tu souhaitais faire quand tu étais enfant ?
27:57 Pilote d'avion.
27:59 Plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
28:02 Plutôt LinkedIn et Instagram pour regarder ce que mes enfants font.
28:05 Merci beaucoup d'avoir répondu à ces petites questions et d'être venue pour toute l'émission.
28:13 Merci à vous d'avoir suivi une nouvelle fois Smart Boss.
28:17 Je vous donne rendez-vous prochainement pour un nouveau numéro.
28:20 Merci, au revoir.
28:22 [Musique]

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