Mardi 19 décembre 2023, SMART BOURSE reçoit Louis Huetz (Managing Director France, Waterland)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir va nous sortir justement des marchés boursiers, des marchés liquides, des marchés d'actifs cotés
00:19 pour s'intéresser aux non-cotés et aux private equity avec comme horizon les perspectives 2024
00:26 pour cette industrie du capital investissement. C'est Louis Huetz, le président pour la France du fonds d'investissement Waterland
00:32 qui est à mes côtés en plateau pour ce dernier quart d'heure. Louis, bonsoir.
00:35 Bonsoir, Guillaume.
00:36 Merci beaucoup d'être avec nous. Oui, alors les investisseurs regardent toujours devant, mais je voulais quand même
00:40 qu'on prenne le temps de dire un mot de ce qui s'est passé au cours de cette année 2023 et même depuis le choc monétaire
00:46 engagé par les banques centrales. Il semble, on en discutait juste avant, il semble que les marchés nous disent que
00:53 le pic du resserrement monétaire a été atteint au cours de cette année 2023 et qu'on aura même peut-être une détente
01:00 du coup du capital, du coup de la liquidité peut-être pour les prochains mois et les prochains trimestres.
01:06 Qu'est-ce que cette séquence quand même de choc monétaire a impliqué pour l'industrie du private equity ?
01:13 Mais quels enseignements vous retenez quand même de ce qui a été un stress test historique quand même pour cette industrie ?
01:19 Alors en fait, le stress test, il a véritablement commencé, alors non pas avec le Covid qui a été amorti par le quoi qu'il en coûte
01:28 et par les injections de liquidités massives, mais avec le choc inflationniste qui a suivi l'invasion de l'Ukraine.
01:38 Donc ça, c'était en février 2022 et par la suite, effectivement, le choc monétaire pour juguler l'inflation.
01:47 Et ensuite, depuis quelques trimestres maintenant, un ralentissement économique également.
01:55 Donc finalement, ce sont ces trois effets qui quelque part se sont succédés et qui ont impacté l'ensemble de l'économie
02:03 et notamment les sociétés des portefeuilles de private equity.
02:08 Alors ça s'est traduit par quoi ? Essentiellement, les effets ont été des effets éventuellement négatifs sur certaines sociétés du portefeuille,
02:18 notamment celles qui ont souffert de l'inflation parce qu'elles ont eu des difficultés à répercuter les hausses de coûts sur leurs prix.
02:28 On peut parler notamment des sociétés qui opèrent dans des environnements où il y a des tarifs réglementés.
02:35 On peut parler de la santé, par exemple, qui est un bon exemple, ou la prise en charge des personnes âgées, etc.
02:44 On a le deuxième effet qui est lié à la hausse des taux et au resserrement monétaire, qui a aussi donné lieu à un resserrement du crédit.
02:55 Donc qui dit resserrement du crédit, dit baisse des valorisations et ralentissement du nombre de transactions.
03:03 Et le troisième effet, qui est un effet plus un effet confiance quelque part, qui fait que le nombre de levées de fonds et le montant des capitaux levés
03:14 par le private equity a décru en 2023 par rapport à 2022. Alors nous, on n'a pas été impacté chez Waterloo puisque nous avons réalisé notre levée de fonds en 2023
03:23 à hauteur de notre hard cap de 3 000 € et demi. Mais dans l'ensemble du marché, il y a eu quand même un impact assez significatif.
03:30 - Je voulais votre regard sur l'ensemble de l'industrie. On va parler de Waterloo plus précisément.
03:34 Est-ce que vous estimez aujourd'hui qu'on... Alors, comment vous voyez la nouvelle normalité, notamment en termes de coûts de financement, de coûts du capital ?
03:45 Est-ce qu'on imagine revenir à quelque chose qui ressemblerait à l'état antérieur ? Pas du tout. Et qu'est-ce que ça change dans une industrie
03:53 transforme quand même du capital pour créer de la valeur, Louis ? - Alors on espère bien sûr un retour le plus rapide possible à des taux bas,
04:02 parce que qui dit taux bas dit facilité de financement et dit possibilité d'accompagner encore mieux la croissance des entreprises.
04:10 Après, si on est réaliste, il est probable qu'il y aura une détente monétaire l'année qui vient. En tout cas, ce sont les scénarios qui sont aujourd'hui annoncés.
04:22 Mais un retour à des taux du niveau Covid ou des années proches de 0% pour les taux directeurs, c'est probablement pas quelque chose qu'on peut envisager dans les 2-3 prochaines années.
04:34 - Oui. Personne dans l'industrie se cale sur cette idée-là aujourd'hui. - On ne se cale sur cette idée-là. Donc nous nous calons sur un retour à une inflation...
04:40 En tout cas, nous, sur un retour à une inflation faible, un retour à des taux plus faibles, mais quand même de l'ordre de 2 à 3% pour les taux directeurs.
04:49 Et en ce qui concerne l'économie, après une année 2024 qu'on annonce quand même une année plutôt de stabilisation, vraiment pas de récession, mais en tout cas d'économie relativement à taux,
05:02 on a une reprise de la croissance par la suite. C'est ça, avec évidemment toujours une grosse disparité entre les secteurs en termes de croissance économique.
05:14 Nous, nous investissons sur les secteurs qui ont des dynamiques de croissance long terme favorables. On peut parler de la transition énergétique, on peut parler de la digitalisation notamment,
05:26 du loisir et du luxe, et du développement durable, ainsi que du vieillissement de la population. Voilà, ce sont nos secteurs d'investissement.
05:33 Nous pensons que ce sont ceux qui vont repartir le plus rapidement, qui ont d'abord le moins souffert et qui vont également repartir le plus rapidement en sortie de crise.
05:41 Intéressant, là aussi cet enseignement, les quatre grandes tendances sur lesquelles vous êtes positionné en tant qu'investisseur, c'est des tendances qui restent complètement valables
05:51 après ces trois, quatre années de polycrise, pour reprendre le terme adopté aujourd'hui, Louis. Il n'y a pas eu de remise en cause de ces tendances identifiées comme séculaires ?
06:02 Non, il n'y a pas de remise en cause de la stratégie d'une façon générale, qui inclut donc les quatre tendances d'investissement, et qui est également notre stratégie.
06:12 C'est aussi d'accompagner les entreprises sur de la croissance accélérée, notamment par croissance externe, et sur de l'internationalisation au niveau européen, au niveau mondial.
06:21 Cette stratégie, cette focalisation sur les quatre dynamiques qu'on a évoquées, et cette création de valeur par l'accompagnement de la croissance et de la consolidation des marchés, on pense qu'elle reste complètement valable.
06:38 Et je dirais même que la situation 2024, qui est un peu une situation d'attente, ça donne aussi des opportunités. C'est aussi le moment pour des sociétés de se positionner pour consolider des secteurs, pour faire des acquisitions à l'étranger.
06:54 Nous venons d'annoncer par notre plateforme Honoré, qui fait de la pâtisserie sur gelée, qu'il vient de réaliser une acquisition importante au Royaume-Uni, KX Smith, sur une société qui est en croissance,
07:05 qui est portée par les dynamiques de consommation hors foyer et de consommation plaisir aussi, sur des gâteaux plutôt de haute qualité.
07:16 C'est un bon exemple d'une opportunité saisie par Honoré, notre plateforme, pour faire un développement international, alors qu'on pourrait penser que ce n'est pas le moment, que le Royaume-Uni est un paquet de cheveux par la tête.
07:30 C'est un marché d'acheteurs, c'est un marché d'opportunités aujourd'hui.
07:32 C'est un marché d'opportunités, c'est un marché où il faut savoir choisir les sociétés sur lesquelles se positionner, mais il y a beaucoup de très belles choses à faire.
07:40 Honoré, c'est dans le loisir et le lifestyle, c'est ça ?
07:44 Honoré, c'est la pâtisserie et le snacking sur gelée haut de gamme, alors c'est un poids dans le loisir.
07:52 C'est aussi de l'outsourcing puisque c'est de la fabrication pour le compte des marques.
07:56 Ce n'est pas une marque en tant que telle, c'est de la fabrication pour le compte de distributeurs.
08:02 Vous le disiez en introduction, mais je veux bien qu'on y revienne.
08:05 Il y a ceux dans l'industrie, il y a ceux qui cherchent de la liquidité et il y a ceux qui sont apporteurs de liquidité aujourd'hui.
08:11 Vous avez levé combien en début d'année ?
08:14 On a levé en tout 4 milliards au début de l'année, avec 3,6 milliards sur notre flagship fund, qui est le fonds principal qui investit sur des opérations aux côtés des entrepreneurs pour les aider ensuite à faire de la croissance externe.
08:27 Et 500 millions sur un fonds de continuation qui, lui, prend des participations minoritaires quand nous revendons une société aux côtés des sponsors qui les achètent.
08:37 Donc en fait, on a cette double stratégie. Au total, la stratégie principale avec le flagship fund et la stratégie d'accompagnement des participations que nous revendons avec ce fonds secondaire.
08:47 Au total, ça fait une levée d'un peu plus de 4 milliards.
08:50 Et cet argent-là, il est déjà en cours de déploiement ?
08:55 Il est en cours, oui.
08:56 C'est un marché d'acheteurs, un marché d'opportunités ?
08:58 Il y a beaucoup d'opportunités. On n'est pas encore dans le grand moment où les opportunités sont à nos pieds.
09:07 Je pense que les opportunités, elles sont là. Elles étaient là dans la période Covid, sur des valorisations peut-être plus élevées.
09:14 Quand je dis opportunité, ça tient compte effectivement de la valeur et du prix.
09:18 Exactement. Il y a toujours des opportunités. En fait, l'opportunité, pour nous, c'est l'entrepreneur qui va se dire maintenant j'ai besoin d'un partenaire pour accélérer ma croissance,
09:30 pour me développer à l'international, pour faire des acquisitions en Europe du Nord, en Europe du Sud, aux Etats-Unis.
09:34 Et donc, je cherche ce partenaire, je fais une opération avec lui et ensuite je déploie des capitaux sur le marché.
09:40 Donc finalement, nous, c'est vraiment le fait d'avoir cette population d'entrepreneurs qui a confiance en l'avenir et qui est prête à lancer ce type de stratégie qui crée des opportunités pour nous.
09:55 Et finalement, ce n'est pas tellement lié au cycle. Il y en a sur les cycles baissiers, il y en a sur les cycles haussiers.
10:01 Alors, ça ne va pas forcément être sur les mêmes secteurs, mais il va toujours y en avoir. Et là, en ce moment, on en voit pas mal.
10:08 Comment vous regardez également, alors ça a été un des marqueurs depuis peut-être une paire d'années maintenant, l'idée qu'on veut apporter à des clients particuliers, des clients retail,
10:22 l'opportunité d'investir justement dans des stratégies de capital investissement, dans des stratégies de private equity.
10:29 Moi, je regarde ça aussi du point de vue de l'industrie du private equity. Vous disiez les levées de fonds étaient plus compliquées, pas pour Waterloo, mais pour l'ensemble de l'industrie.
10:36 Et donc, certains acteurs sont très séduits par l'idée d'aller chercher la liquidité que les particuliers pourraient apporter.
10:44 Comment vous regardez ce phénomène ? Est-ce que ça vous paraît intéressant, pertinent d'aller chercher de la liquidité au-delà de vos LPIs traditionnels
10:51 avec un nouveau bassin de partenaires potentiels pour vos stratégies ?
10:57 Alors, bien sûr, c'est intéressant. C'est quelque chose, enfin, ça peut être une source de capitaux. Alors le private equity, il faut peut-être dire aussi aux téléspectateurs en quoi c'est intéressant.
11:09 C'est une classe d'actifs qui, depuis toujours, en tout cas depuis une bonne trentaine d'années, délivre des rendements plus élevés.
11:17 Simplement, comme elle est moins liquide...
11:20 Vous venez en amont de la création de valeur, enfin là où la valeur la plus forte arrive à être créée.
11:24 C'est ça, pour un certain nombre de raisons. Il peut y avoir l'effet de levier, il peut y avoir le fait qu'on est sur des entreprises plus petites.
11:30 Donc, j'entends dire, il y a toujours une décote, comme disaient vos invités tout à l'heure, par rapport aux entreprises plus grosses.
11:36 Donc, vous compensez la décote en aidant cette croissance. Et puis, il y a le fait aussi que le private equity est un actionnaire actif, accompagnant,
11:45 qui joue un rôle un petit peu différent de celui que va jouer un actionnaire plus dilué, peut-être moins responsable et moins engagé.
11:55 C'est ça qui fait la différenciation du private equity.
11:58 Donc, c'est une classe d'actifs qui est sûrement moins liquide, peut-être plus risquée et qui a des rendements plus élevés.
12:04 Donc, ça peut présenter un intérêt pour les particuliers, bien sûr, de participer à l'aventure private equity.
12:10 Après, alors nous, chez Waterland, nous, notre base de LPI, donc d'investisseurs, c'est une base très institutionnelle,
12:18 de grands institutionnels européens, nord-américains essentiellement.
12:23 Et cette base, finalement, nous donne indirectement accès au marché des particuliers via des fonds de fonds qui peuvent eux-mêmes être en relation
12:33 avec des gestionnaires d'actifs, des gestionnaires de patrimoine, etc., via des compagnies d'assurance et via des fonds de pension.
12:41 Mais la relation directe entre le private equity et l'épargnant, c'est un autre métier.
12:49 C'est une autre approche.
12:51 C'est une autre approche. Ça implique beaucoup, beaucoup de choses très, très différentes dans la gestion du fonds.
13:00 Et ce n'est pas un pas que nous, aujourd'hui, on va réaliser. Je sais qu'il y a des confrères qui réfléchissent ou qui sont peut-être plus avancés.
13:08 Nous, on a notre base d'investisseurs qui, eux-mêmes, sont en contact avec l'épargnant final.
13:15 Mais on n'est pas engagés aujourd'hui dans une démarche de désintermédiation.
13:19 Très clair. Bon, on verra jusqu'où cette histoire nous porte.
13:22 On est quand même dans le sens de l'histoire. En tout cas, c'est ce qu'on voit de ce côté-là.
13:28 Merci beaucoup, Louis. Merci d'être venu nous éclairer sur cette année pour le private equity et les perspectives 2024,
13:35 avec un marché d'opportunités désormais tel que vous l'identifiez.
13:38 Louis Wetz, le président pour la France du fonds Waterland, qui était l'invité du quart d'heure thématique de SmartBank ce soir.
13:45 Merci.
13:46 Merci.
13:47 (Générique)