Mardi 10 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre Kiecolt-Wahl (Partner, Managing Director, Equity Capital Markets, Bryan Garnier & Co)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir, c'est celui des marchés de capitaux et notamment des introductions
00:17en bourse au terme de cette année 2024.
00:20Nous en parlons avec un spécialiste, partenaire et responsable des marchés de capitaux chez
00:24Brian Garnier.
00:25C'est Pierre Kekolt Val qui est à mes côtés.
00:27Pierre, bonsoir.
00:28Bonsoir.
00:30On s'était vus au cours de cette année 2024 pour évoquer déjà les introductions
00:35en bourse, notamment sur la partie européenne, mais pas uniquement.
00:40On se revoit quelques mois après, en fin d'année 2024.
00:42Pierre, quel est le bilan que vous dressez en termes de nombre d'opérations et puis
00:48la qualité des opérations et la qualité de ce que ces entreprises qui sont venues
00:54ce côté sur les marchés ont pu délivrer pour leurs nouveaux actionnaires à l'issue
00:58de cette année 2024?
00:59Très bonne question.
01:00Alors, je pense que cette année en 2024, on est plutôt sur la qualité que la quantité.
01:08D'abord, ça, c'est une très belle chose parce qu'il y a moins d'offres et en fait,
01:14les banquiers, les intermédiaires et surtout les investisseurs qui votent avec leur intérêt,
01:21ils disaient cette année, les gars, uniquement les meilleurs candidats.
01:26La crème de la crème.
01:28En fait, ça, c'est très, très bien parce qu'on est dans un stade où il faut que les
01:34marchés s'ouvrent, il faut qu'on a cette réouverture et bien sûr, j'espère qu'on
01:40va démarrer avec les meilleurs candidats qui vont délivrer les meilleurs retours et
01:46rendements pour les investisseurs du public.
01:48Et c'est ça qu'on a vu.
01:49En France, c'est très intéressant, par exemple, je pense qu'il y avait très peu
01:53d'IPO.
01:54Il y avait deux d'une certaine taille, Exocenze et Plannisware.
01:58Plannisware, c'est un exemple très intéressant parce qu'en fait, ils ont raté leur premier
02:04essai.
02:05Mais ils ont appris, ils ont discuté avec les investisseurs, ils ont changé un petit
02:12peu leur méthode pour faire l'exécution de l'IPO et c'était un réussi, mais extra.
02:18Grand succès.
02:19Grand succès.
02:20J'ai regardé aujourd'hui, je pensais que mon équipe a fait une erreur avec la Perf.
02:25La Perf est 70%.
02:27Mais parce qu'on n'a pas vu ça depuis des années.
02:29À la Bourse de Paris spécifiquement, une entreprise dont la performance boursière
02:33est positive plusieurs mois après l'introduction en bourse, ça fait des années qu'on n'a
02:38pas vu ça.
02:39Donc, c'est très très bien qu'on a un exemple et après on va construire avec un
02:43deuxième exemple en 25, troisième exemple et c'est ça qu'on va construire et on va
02:50voir les gens revenir vers la Bourse.
02:53Au-delà de Planisswaire qui a été un grand succès important pour la Bourse de Paris
02:58mais qui reste une opération relativement limitée en termes de taille, est-ce qu'on
03:01a vu d'autres grandes opérations sur nos marchés, des marchés européens ou anglo-saxons
03:07américains qui ont été emblématiques aussi de la qualité justement de ces dossiers
03:11d'introduction en bourse ?
03:12C'était plutôt dans la première semestre parce que deuxième semestre on avait les
03:17élections présidentielles américaines.
03:19Oui, ça, ça a compliqué pour les IPOs.
03:22Le marché d'augmentation de capital, le marché de follow-on, ça a continué.
03:27Donc, côté IPO, les grands succès avec des volumes, c'était plutôt le premier
03:34semestre.
03:35Il y avait quelques jolies boîtes aussi, il y avait des boîtes en Espagne qui étaient
03:39des boîtes de qualité.
03:40La Perf n'est pas comme Planisswaire ou Galderma en Suisse mais c'est des jolies
03:45boîtes.
03:46Avec le temps, ils vont rattraper un petit peu ces pertes qui étaient petites pertes.
03:52Qu'est-ce que ça nous dit aussi de l'état d'esprit des investisseurs ? Vous l'avez
03:55dit au démarrage, Pierre, les investisseurs qu'on interrogeait en début d'année sur
04:00leur appétit pour des nouveaux dossiers en bourse, du primaire comme on dit, ils ont
04:04dit les gars, cette année, on veut bien mais ce sera la qualité, la crème de la crème.
04:10Est-ce que ça veut dire qu'on a aussi en face de nous des investisseurs qui ont besoin,
04:15qui ne veulent pas baisser en qualité mais qui ont besoin de nouvelles idées ? Est-ce
04:19qu'il y a une forme d'épuisement aussi des thèmes, des idées dans le marché ? Je
04:24pense à tout le compartiment technologique ou en tout cas à l'innovation en général.
04:28Est-ce que là, il y a un gros besoin de renouvellement ?
04:30Oui, et ça c'est très intéressant parce qu'il y a toujours le marché secondaire
04:36qui signale en fait que quand ça commence à monter trop, qu'il y a un petit peu trop
04:42de demandes, ça veut dire que les investisseurs cherchent des nouvelles opportunités à déployer.
04:48Et maintenant, on voit aux États-Unis qu'encore en 2024 comme en 2023, il y a 6 ou 8 ou 10 titres,
04:5810 actions qui ont fait la performance et les investisseurs commencent à dire mais ça,
05:03c'est un peu dangereux. Donc, on cherche une diversification. On aime la thématique AI,
05:11on aime Google, Meta, etc. mais ça commence à être un peu dangereux. Donc, on cherche des
05:16nouvelles idées, on est prêt à déployer et c'est là que le marché d'IPO commence à réagir parce
05:23que le marché d'IPO, ça peut apporter ces offres que les investisseurs demandent de trouver.
05:30Et en termes de thématique, ça commence à être très intéressant parce qu'avec l'IPO de Klarna
05:37qui va être dans un sens un petit peu comme l'IPO de Arm. Arm qui était vraiment les plus…
05:44Donc Arm, on est dans l'infrastructure logicielle. Klarna, on est dans l'usage
05:49puisque c'est la plus grosse fintech non cotée du monde, c'est ça Pierre ? Fintech suédoise,
05:54Klarna. Fintech suédoise mais avec une plateforme mondiale, surtout aux États-Unis. Et ça,
06:01on va voir cette thématique de fintech avec les nouveaux rails qu'ils ont construits pour
06:08faciliter des paiements instant, etc. Et on va voir ça, il y a aussi tout ce qui est
06:14l'infrastructure de l'e-commerce. Donc, je parle par exemple des sociétés françaises comme Mirakel,
06:21et pas qu'ils vont faire une IPO. Mais dans le métier, il y a pas mal des sociétés françaises,
06:29européennes dans cette nouvelle génération des boîtes tech qui sont en train de faire des
06:34préparations. Et ça, ça porte vraiment des nouvelles histoires et des nouvelles opportunités.
06:40Ça veut dire, je me mettais du côté des investisseurs tout à l'heure qui ont besoin
06:44de nouvelles idées, qui ont besoin de diversifier effectivement leur portefeuille technologique. Si
06:50je me mets à la place des fondateurs de ces sociétés innovantes, de ces nouvelles sociétés,
06:55ils ont toujours envie d'aller en bourse à un certain stage en tout cas. Pierre, j'en rencontre
07:01quelques-uns, des startuppers, et de temps en temps je leur dis, moi la bourse m'intéresse,
07:06est-ce que... Ah voilà, jamais. Ça ne m'intéresse pas. C'est très early stage. Je parle de
07:11startuppers qui sont à des stages encore très précoces. Mais sur des boîtes du type de Klarna,
07:17ça a été longtemps dans le privé Klarna. Et ça a valu quoi ? Peut-être 40, 50, 60 milliards à un
07:23moment dans le privé, c'est ça Pierre ? Oui, exactement. À ce moment-là, quand on pèse 60
07:27milliards dans le privé, on se dit, mais pourquoi est-ce que j'irais m'embêter ? En fait, c'est très
07:32intéressant la question parce que quand on parle au fondateur, même planisswaire, il y a un moment,
07:38après deux ou trois tours, quelques années dans les mains des privés, c'est des mains qui leur
07:45aident beaucoup mais qui sont aussi les mains assez dures. Et ils cherchent dans un sens de
07:52leur liberté. Et c'est un peu bizarre parce que vous dites, allez, il faut aller à la bourse pour
07:58trouver ma liberté. Mais comment c'est ? Un peu paradoxal. Un peu paradoxal. Mais en fait, c'est
08:04ça. Parce qu'avec la bourse, les investisseurs demandent certaines choses mais pas au même
08:09niveau que les investisseurs privés. Et c'est là où ils commencent à respirer, on dirait. Et donc
08:15oui, pour quelques fondateurs qui arrivent à un certain moment, aussi avec le business,
08:21qui est peut-être au moment où ils vont vraiment lancer leur profil mondial, il n'y a pas mieux que
08:29la bourse. Il n'y a pas mieux. Et donc, ils commencent à réaliser. Comment se pose la question du choix de
08:34la place de cotation aujourd'hui pour, en l'occurrence, des entreprises européennes comme
08:40Klarma ? Pierre, eux, Klarma, ils y ont répondu. Ils ont dit ce sera New York. J'ai fait une petite
08:45liste. Alors, ce n'est pas forcément des IPOs mais il y a encore une semaine ou deux, Just Eat Take
08:50Away, qui était coté et à Londres et à Amsterdam, a décidé d'abandonner. Toutes les places financières
08:55sont sous pression concurrentielle aujourd'hui. Londres, Just Eat Take Away nous dit c'est trop
09:00cher, trop pas prasse, trop pas prasse, trop cher. On parle de Londres. Donc, vous imaginez. Donc, ce
09:05sera uniquement Amsterdam. Je ne reviens pas sur Total Energy qui va avoir sans doute une double
09:11cotation à New York. Linde, il y a déjà deux ans de ça, première capitalisation du DAX, quitte
09:17l'indice allemand pour aller se coter sur le marché américain. A chaque fois, il y a plein de bonnes
09:21raisons, des raisons valables, des raisons spécifiques aussi au cas de l'entreprise. TKO, dans le
09:27domaine financier qu'on connaît bien ici, coté à Paris en France, se dit que si je veux apparaître
09:32comme le Blackstone de demain, ce sera peut-être mieux à New York, etc. Ca devient compliqué de
09:40choisir une place de cotation en Europe pour des entreprises. Est-ce que c'est grave?
09:46Moi, je regarde ces questions dans plusieurs dimensions. D'accord, j'ai un
09:53perspective assez macro. Ca veut dire que nous, on participe dans une communauté transatlantique,
10:01financière, économique. Ca veut dire qu'il y a des belles boîtes européennes. Il y a un appétit des
10:09risques et du capital risque qui existe aux États-Unis. Mais il ne faut pas oublier que ce
10:13capital de risque a un tiers qui vient de l'Europe. Et en fait, il y a un cycle où ces investisseurs
10:20de Sequoia ou KKR, etc., ils investissent dans les belles boîtes européennes. Et après, on complète
10:27le cercle des fois avec une IPO, une sortie vis-à-vis la bourse américaine. Mais dans un sens,
10:35tout le monde participe parce qu'il y a le capital qui arrive ici en Europe. Il y a peut-être
10:41l'emploi qui est créé. Il y a des rendements et des retours qui sont créés pour les Américains,
10:47les Européens, etc. Ca, c'est un perspective que j'ai. J'entends. Mais la place de cotation n'est
10:54qu'un facteur dans l'équation. Clermont va rendre de l'argent à du capital risque qui eux-mêmes vont
11:02le rendre à des clients et des LPIs, des partenaires qui sont européens. L'argent de
11:07Clermont, s'il va se coter au New York, reviendra quand même en partie aussi en Europe. Exactement.
11:12Et donc, tout ce capital circule et qui cherche les meilleures sociétés. Alors, c'est vrai que
11:21si l'Europe perd tous ces belles sociétés à Nasdaq ou à New York, il y a une perte, on dirait,
11:29de petites économies autour. Mais à New York, tout est électronique maintenant. Donc,
11:36il y a beaucoup moins d'emplois qui est autour du stock exchange. Mais c'est vrai qu'il y a pas
11:42mal de petites économies qui vont être sur place. Donc, c'est pas une question... C'est
11:50une question difficile. Mais on retourne vers Planissware. Planissware, ils ont fait leur IPO
11:55ici à Paris. Ça vaut plus que 2 milliards maintenant. Donc, ça, c'est un bel exemple
12:00qu'une boîte européenne française, pour rester en Europe, crée la valeur. Tout le monde est
12:07content. Quand il y a des bons dossiers, le marché européen est quand même capable de valoriser des
12:11entreprises de qualité. Totalement. Vous dites communauté transatlantique, c'est ça ? Il faut
12:17voir ça comme ça. Il n'y a pas de frontière. On appartient au même monde. New York Stock
12:23Exchange, Nasdaq et Euronext, c'est le même univers. Parce que le capital lui-même, ça circule.
12:31Et donc, j'essaie d'utiliser un perspective positive on dirait. Merci beaucoup Pierre.
12:37Merci de le faire ainsi. Pierre K. Colteval, qui est le partenaire et responsable des marchés de
12:41capitaux chez Brian Garnier, qui était l'invité avec nous de ce dernier quart d'heure de Smart
12:45Bourses ce soir.