Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo
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00:00:00 Bonsoir à tous, très heureux de démarrer cette nouvelle semaine dans votre compagnie.
00:00:05 C'est Soir Info, comme tous les soirs, de 22h30 à minuit, sans aucune interruption avec autour de la table.
00:00:10 Ce soir, nous habitués d'abord, Karim Abric, évidemment, de la rédaction de CNews.
00:00:13 Bonsoir, cher Karim, heureux de vous retrouver, tout comme Yoann Uzaï.
00:00:16 - Bonsoir, Tholien. - Yoann Uzaï, du service politique de CNews.
00:00:19 Bonsoir, Yo, à notre autour de la table également.
00:00:21 Philippe Guibert, bonsoir, Philippe. Très heureux de vous avoir également, aussi, en directeur du service d'information du gouvernement.
00:00:26 Merci, Philippe. Jean-Sébastien Fergeau, directeur d'Atlantico. Bonsoir, Jean-Sébastien.
00:00:30 Et bonsoir à Jean-Christophe Couville, également secrétaire national de l'unité SGP Police.
00:00:36 On va y arriver, comme vous dites.
00:00:38 Une émission largement consacrée, évidemment, à cette menace terroriste, qu'elle soit en France ou en Russie, au cœur de notre émission.
00:00:46 Avec d'ailleurs, donc, ce plan Vigipirate en France, rehaussé à son niveau le plus élevé.
00:00:51 Uneurgence, attentat à la suite de l'attaque de Moscou, revendiquée par le groupe djihadiste Etat Islamique.
00:00:56 On va très largement y revenir tout au long de cette émission.
00:00:59 Mais d'abord, les suites de cette attaque sanglante de Moscou, sur laquelle on s'attarde, bien sûr, aussi.
00:01:04 Les quatre auteurs présumés de cet attentat, qui a fait au moins 137 morts, ont été placés hier en détention provisoire.
00:01:09 Après leur comparution devant un tribunal de la capitale, on vous montrera des images assez étonnantes, qu'on n'a pas l'habitude de voir ici en France.
00:01:17 On en discutera depuis Moscou, en direct, avec Igor Kourachenko. Dans une seconde, bonsoir Igor, notre correspondant CNews à Moscou.
00:01:23 Mais d'abord, je voudrais qu'on voit ce sujet, les derniers éléments, les dernières informations autour de cet attentat et de ces quatre présumés auteurs.
00:01:31 C'est un nouveau rebondissement, trois jours après l'attaque terroriste à Moscou.
00:01:37 Trois nouveaux suspects ont été placés ce lundi en détention provisoire.
00:01:41 Les assaillants présumés, eux, ont déjà été arrêtés.
00:01:44 Enfermés dans une cage de verre, ils ont comparu hier, tous blessés.
00:01:49 Trois d'entre eux ont plaidé coupable. Ils encourent la prison à perpétuité.
00:01:54 Alors que les recherches dans les décombres se poursuivent, Vladimir Poutine a évoqué la piste ukrainienne démentie par Kiev et les Occidentaux.
00:02:02 L'Etat islamique a pourtant revendiqué l'attaque.
00:02:05 Une revendication que Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin, refuse de commenter.
00:02:11 L'enquête est en cours et l'administration présidentielle aurait tort de faire des commentaires sur son déroulement.
00:02:17 Pendant ce temps, près du Crocus City Hall, des habitants déposent des fleurs, des peluches ou des bougies.
00:02:24 Signe de l'émotion très vive dans le pays.
00:02:27 Igor Kourachenko, bonsoir et merci d'être avec nous, correspondant à Moscou, pour CNews, journée de Day National.
00:02:36 Hier en Russie, on a vu dans ce sujet, on va aller revoir ces images des quatre auteurs présumés à leur arrivée au tribunal.
00:02:43 Quel est l'état d'esprit de la population sur place à Moscou ?
00:02:47 Bonsoir à toutes et à tous.
00:02:50 Vous savez bien qu'hier c'était la journée de deuil en Russie, mais aujourd'hui c'est une journée de travail.
00:02:55 Donc on a l'impression que les Russes se remettent un tout petit peu de cette tragédie.
00:03:00 Il y a toujours ce sentiment de douleur, le sentiment de choc qui demie l'état d'esprit des Russes.
00:03:06 On a vu beaucoup de citoyens russes qui se sont rendus vers le lieu de cette tragédie,
00:03:11 afin de déposer des fleurs en commémorant les victimes de cette tragédie.
00:03:16 Donc sur le lieu de cette tragédie, justement face à cette salle de concert au Crocus Hall,
00:03:22 il y avait plusieurs célébrités qui sont venues sur place.
00:03:24 Il y avait d'ailleurs ce jeune garçon de 15 ans qui travaillait au vestiaire et qui a sauvé.
00:03:29 Donc une centaine de vies et qui lui aussi était sur place en déposant les fleurs.
00:03:35 D'ailleurs avant hier, on était dans l'un des centres de dons de sang
00:03:39 et on a vu des centaines de personnes qui sont venues donner leur sang,
00:03:43 effectivement afin d'aider les blessés dans cette tragédie.
00:03:47 On voit une véritable mobilisation du peuple russe et bien évidemment,
00:03:51 cet attentat reste pour l'instant le sujet numéro un dans les actualités.
00:03:56 On entend les gens parler de ça dans les magasins, dans le transport en commun,
00:04:01 donc un tout petit peu partout, donc dans les espaces publics.
00:04:06 Ce n'est pas d'ailleurs étonnant, sachant que le bilan de cette tragédie s'élève à 139 morts,
00:04:12 selon les toutes dernières informations reçues par le président du comité d'enquête de la Fédération de Russie
00:04:18 dans son rapport au président russe, dont trois enfants.
00:04:23 75 corps ont été reconnus déjà.
00:04:28 Donc on peut affirmer d'or et déjà que cette attaque a déjà dépassé
00:04:33 par le nombre de victimes, par exemple celle en 2002,
00:04:42 on peut dire, dans le théâtre Dubrovka,
00:04:46 et qui cède la place justement à la prise de tâche dans la ville de Beslan en 2004.
00:04:52 Mais je tiens à vous dire que les services d'urgence travaillent toujours sur place,
00:04:56 donc l'opération de secours va se poursuivre jusqu'à demain soir,
00:05:01 selon la déclaration du gouverneur de la région de Moscou,
00:05:05 qui s'est rendu sur place et qui a vu l'ampleur de cette tragédie.
00:05:10 Vous restez un instant avec nous si vous le voulez bien, Igor,
00:05:13 juste le temps qu'on entend quelques Moscovites interroger sur place,
00:05:16 et je vous donnerai une dernière fois la parole.
00:05:19 C'est une tragédie personnelle pour moi. Je n'ai pas pu dormir pendant deux nuits.
00:05:25 Ma mère et mon enfant allaient dans la région de Moscou et je ne pouvais pas dormir.
00:05:29 Je ne me suis endormie que le matin tellement je tremblais.
00:05:32 C'est une tragédie pour la Russie.
00:05:34 C'est triste, horrible et dégoûtant ce qui s'est passé.
00:05:42 J'ai décidé de soutenir les gens et je suis venu ici.
00:05:48 Nous avons l'impression que le malheur s'est abattu sur notre maison, sur notre pays.
00:05:56 C'est le moins que nous puissions faire pour montrer notre soutien,
00:05:59 pour exprimer nos condoléances aux familles des victimes.
00:06:02 Tant d'enfants se retrouvent sans parents, sans père, sans mère.
00:06:11 J'ai tellement de peine pour ces gens.
00:06:13 J'ai tellement de pitié pour ces gens.
00:06:18 - Juste un mot sur Vladimir Poutine.
00:06:21 Le Kremlin refuse toujours de commenter la revendication de l'Etat islamique.
00:06:25 Il reste totalement obsédé par la supposée main de l'Ukraine sur cette attaque.
00:06:31 - On a tout à l'heure entendu l'allocution du président russe
00:06:37 qui a dit que cette attaque terroriste a été perpétrée par les islamistes radicaux.
00:06:42 Mais la question principale reste toujours la même,
00:06:45 qui était derrière toutes ces personnes.
00:06:48 Vladimir Poutine a dit notamment que les Etats-Unis cherchaient activement
00:06:52 à convaincre ses partenaires qu'il n'y a pas de traces ukrainiennes dans cette affaire.
00:06:57 Il a attiré l'attention particulière de ses interlocuteurs
00:07:00 sur le fait que ces deux-tenus, ces tireurs, ont été arrêtés dans la région de Bryansk,
00:07:05 une région frontalière avec l'Ukraine.
00:07:07 Mais comme il a dit, l'enquête va montrer l'effet prochainement.
00:07:11 - Merci beaucoup Igor Kourachenko, correspondant CNews à Moscou, pour ces précisions.
00:07:16 Vladimir Poutine qui s'est exprimé aujourd'hui. Écoutez-le.
00:07:20 - Nous savons que ce crime a été commis par des islamistes radicaux
00:07:27 dont l'idéologie est combattue par le monde islamique lui-même depuis des siècles.
00:07:32 Bien entendu, il est important de répondre à la question de savoir
00:07:35 pourquoi les terroristes, après leur crime, ont essayé de partir en Ukraine.
00:07:39 Qui les attendait là-bas ?
00:07:41 - Jean-Sébastien Ferjour, on entame un tour de table ensemble
00:07:44 avant de recevoir par vidéo Claude Moniquet qui nous apportera également son expertise.
00:07:48 L'Ukraine n'est jamais directement mise en cause
00:07:52 mais les sous-entendus de Vladimir Poutine sont quand même assez clairs.
00:07:55 Il y a une réelle obsession du maître du Kremlin de mettre cette attaque terroriste dramatique
00:08:01 sur le compte du pouvoir ukrainien.
00:08:03 - Oui, même si Vladimir Poutine a pour la première fois reconnu
00:08:07 l'essai d'un acte revendiqué par l'État islamique.
00:08:10 - Tout en continuant de dire qu'il se réfugiait vers l'Ukraine.
00:08:12 - Bien sûr, en pointant du doigt la fuite.
00:08:15 Après, c'est vrai que la mise en scène de leur arrestation indique à minima
00:08:20 que le Kremlin entend instrumentaliser politiquement cet épisode
00:08:27 qui fragilise beaucoup de la rhétorique de Vladimir Poutine jusqu'à présent
00:08:31 qui a expliqué aux Russes qu'ils avaient un seul ennemi
00:08:33 qui étaient soit les Ukrainiens ou les Nazis en Ukraine
00:08:36 soit les Occidentaux et qui par ailleurs promettaient aux Russes,
00:08:41 ça fait partie du contrat social russe, finalement la sécurité au quotidien.
00:08:45 Mais là, on a vu, en tout cas, si l'hypothèse se confirme de cette piste islamiste
00:08:50 qu'ils n'étaient pas capables, quel que soit le degré de policiarisation
00:08:55 en quelque sorte du régime, d'assurer la sécurité des Russes.
00:08:58 Et au-delà de ça, ça montre quelque chose d'autre, me semble-t-il.
00:09:00 Parce que les Tajiks qui ont été arrêtés sont des gens qui vivaient en Russie,
00:09:05 pas des gens qui viennent du Tadjikistan.
00:09:07 Et c'est très important parce que ça montre qu'il y a une radicalisation
00:09:10 qui se fait en Russie aussi.
00:09:12 Et donc le pacte passé entre Vladimir Poutine et les Tchétchènes notamment,
00:09:17 avec le président Tchétchène, ne fonctionne pas,
00:09:21 ne parvient pas à empêcher l'émergence d'un islam radical sur le sol russe
00:09:26 puisque ce sont des immigrés en quelque sorte.
00:09:28 Et le fait qu'ils soient isolés, ils n'ont pas été radicalisés, semble-t-il,
00:09:31 en Asie centrale.
00:09:32 Parce que l'Asie centrale, il faut le rappeler, le Kyrgyzstan ou le Tadjikistan
00:09:35 sont des pays qui sont très durs contre l'islam radical,
00:09:37 même s'ils ont pu être contaminés par le biadapth frontière afghane.
00:09:41 Ce sont des pays, vous savez, jusqu'il n'y a pas si longtemps,
00:09:43 il était interdit, le port même de la barbe était interdit.
00:09:47 Donc ce ne sont pas des pays qui sont, comment dire,
00:09:51 complaisants avec l'islamisme.
00:09:53 Cette thèse ukrainienne n'est alimentée, en tout cas pour le moment bien sûr,
00:09:56 par absolument aucune preuve, Karima.
00:09:59 Et on se demande pourquoi Vladimir Poutine s'en fait à ce point.
00:10:03 En fait, le contexte, c'est la guerre effectivement qui se passe en ce moment en Ukraine.
00:10:09 Donc évidemment, l'instrumentalisation, ça va de soi.
00:10:13 Parce que, bon, pour rebondir sur ce que disait Jean-Sébastien,
00:10:16 la Russie a été la cible des islamistes depuis plusieurs années.
00:10:21 Il y a eu plusieurs attentats en Russie au cours des dernières années.
00:10:25 Il y avait eu, rappelez-vous aussi, en 2002, cette fameuse prise d'otages.
00:10:28 - Oui, Igor vient de nous le rappeler.
00:10:29 - Des radicaux, exactement.
00:10:31 Et il y en a eu d'autres, dans le métro.
00:10:33 - On est très sympa, Pétersbourg, moi.
00:10:34 - Voilà, dans le métro également.
00:10:36 Donc la Russie est la cible des islamistes pour différentes raisons.
00:10:40 On sait que la Russie est allée, bon, avec les guerres en Tchétchénie,
00:10:43 l'implication aussi de la Russie quand elle est allée en Syrie.
00:10:47 Donc il y a cette cible, mais la différence, pour répondre à votre question,
00:10:49 c'est que le contexte est d'une guerre en ce moment.
00:10:53 Et oui, pour Vladimir Poutine, d'ailleurs, d'avoir attendu,
00:10:56 un certain délai, finalement, bon, les Occidentaux ont véritablement
00:11:00 pointé du doigt l'État islamique.
00:11:03 Lui parle d'islamistes radicaux.
00:11:05 Et il va essayer quand même de trouver certains éléments
00:11:08 pour quand même dire, bien, il y a une potentialité,
00:11:11 que ce soit de nos ennemis.
00:11:13 Lui, il parlait dans sa rhétorique de propagande, rappelez-vous,
00:11:16 les néo-nazis qui veulent nous encercler.
00:11:18 Maintenant, il y a les islamistes, mais qui a commandé,
00:11:20 qui a commandé cet attentat?
00:11:22 Est-ce qu'il y aurait peut-être...
00:11:23 Et est-ce que finalement, il y a des alliés?
00:11:24 Est-ce qu'il y en a d'autres qui voudraient réclamer?
00:11:25 - Les faits sont là, les revendications sont là.
00:11:27 - Oui, mais Vladimir Poutine...
00:11:28 - De notre point de vue, il y a une forme de déni total
00:11:30 de la part de Vladimir Poutine.
00:11:31 - Bien, ce n'est pas juste un déni. Je pense qu'à un moment donné,
00:11:33 il veut reprendre le contrôle aussi de l'information.
00:11:35 C'est comme ça que ça se passe.
00:11:36 On est en temps de guerre, même si lui parle de cette offensive.
00:11:39 Et ça va être de rediriger le discours pour ne pas montrer
00:11:42 aussi la défaite ou enfin la question des services
00:11:45 de sécurité. Parce qu'il y a encore plusieurs questions.
00:11:48 Après, il y a toutes sortes de théories, bien sûr,
00:11:50 du complot qu'ils peuvent embarquer.
00:11:52 Mais il y a quand même plusieurs questions de sécurité
00:11:54 qui se posent. Comment se fait-il que ça s'est produit?
00:11:56 La durée, en tout cas, on pourra en parler longuement.
00:11:58 - On va largement revenir là-dessus.
00:12:00 Je voudrais introduire dans notre conversation Claude Moniquet
00:12:02 avant de poursuivre ce tour de table avec les uns et les autres,
00:12:04 spécialiste des questions de terrorisme et de renseignement.
00:12:06 Bonsoir, Claude. Merci d'être avec nous.
00:12:08 On est vraiment sur cette thèse qui est alimentée
00:12:10 ces dernières heures par Vladimir Poutine,
00:12:12 tel, j'ai envie de dire, l'ancien espion du KGB qu'il a été.
00:12:15 Il a cette idée d'utiliser cette affaire à son profil,
00:12:19 à manipuler d'une certaine façon pour alimenter
00:12:21 la guerre avec l'Ukraine. Est-ce que c'est la lecture
00:12:23 que vous en faites?
00:12:25 - Je pense qu'il n'a pas vraiment le choix
00:12:27 parce qu'il a été réélu la semaine dernière.
00:12:29 Il avait fait toute son élection, toute sa campagne,
00:12:32 si on peut dire qu'il y a eu une campagne,
00:12:34 sur le fait qu'il était le protecteur de la Russie,
00:12:36 l'homme qui allait défendre, qui défendait tous les Russes
00:12:39 et qui était le seul à pouvoir le faire.
00:12:41 Et puis, deux jours plus tard, on a 150 morts à Moscou.
00:12:45 Donc, c'est un terrible échec pour lui.
00:12:47 Il faut bien qu'il trouve une porte de sortie.
00:12:49 Et effectivement, on comprend bien que pendant
00:12:52 les trois derniers jours, il hésitait.
00:12:54 Et puis, il a fini.
00:12:56 Alors, je dirais que la moitié du chemin est fait.
00:12:58 Il a reconnu que c'était, que les auteurs de l'attentat
00:13:01 étaient des islamistes radicaux.
00:13:03 Et il continue effectivement, sur son obsession,
00:13:06 à sous-entendre que ce sont les Ukrainiens
00:13:09 qui auraient pu commanditer cet attentat.
00:13:12 Il met tout ça en conditionnel.
00:13:14 Il dit, il faut enquêter, il faut voir,
00:13:16 on attend des précisions, etc.
00:13:18 Donc, j'ai l'impression qu'il pourrait encore même
00:13:21 se ménager une porte de sortie,
00:13:23 parce que quand même, sa thèse ne tient pas debout.
00:13:25 Quand il nous dit, le seul élément qu'il a,
00:13:28 et c'est un élément sur lequel on est obligé
00:13:30 de croire les Russes sur parole,
00:13:32 c'est que ces terroristes ont été arrêtés
00:13:35 à quelques dizaines de kilomètres de la frontière ukrainienne,
00:13:37 et dit le Kremlin, les Ukrainiens avaient préparé
00:13:41 un créneau de passage de la frontière.
00:13:43 D'accord, possible.
00:13:45 Je ne lui crois pas, mais c'est possible.
00:13:47 Mais comment ces terroristes auraient-ils passé
00:13:50 les 5, 6 ou 7 lignes de défense russes
00:13:53 et les 3 de contrôle russe,
00:13:55 avant d'aboutir en zone ukrainienne ?
00:13:57 Claude, vous évoquez cette façon presque inévitable
00:13:59 pour Vladimir Poutine de manipuler cette thèse ukrainienne,
00:14:03 mais il y aurait peut-être quand même une alternative
00:14:05 pour le chef du Kremlin,
00:14:07 ce serait de saisir l'opportunité, justement,
00:14:09 de réintégrer un peu le concert des nations,
00:14:11 être pris comme un partenaire dans la lutte antiterroriste.
00:14:14 Est-ce qu'il est en train de commettre une erreur diplomatique ?
00:14:17 Écoutez, c'est ce que je dis depuis deux jours,
00:14:19 je pense qu'effectivement, vous avez raison.
00:14:22 Il a eu l'occasion, on ne lui pardonnera pas l'Ukraine,
00:14:25 ça restera très tendu,
00:14:27 mais il a eu l'occasion avec cet attentat
00:14:29 de saisir la main tendue à la fois pour Washington et pour Paris,
00:14:32 qui disent tous les deux, nous avons un ennemi commun.
00:14:35 Et ça pourrait lui faire réintégrer effectivement
00:14:38 le concert des nations.
00:14:40 Le problème de Vladimir Poutine, c'est que c'est une personnalité
00:14:43 psychiquement complexe,
00:14:45 paranoïaque certainement,
00:14:48 et puis, un jour, toujours.
00:14:51 Il y a une habitude de la manipulation,
00:14:56 une habitude du mensonge,
00:14:58 dont il a vraiment, même humainement,
00:15:00 lui-même, psychologiquement,
00:15:02 dont il a du mal à se défendre, à se séparer, à se défaire,
00:15:06 au-delà même des calculs politiques.
00:15:08 Claude Moniquet, si vous le voulez bien, vous restez quelques minutes avec nous,
00:15:10 vous intervenez comme nos autres débatteurs,
00:15:12 je sais que vous en avez envie.
00:15:14 Écoutez Emmanuel Macron, depuis la Guyane,
00:15:16 qui a évoqué cet attentat en Russie, à Moscou,
00:15:19 et qui passe ce message, ce "gardé, dit-il, de toute instrumentalisation".
00:15:23 Il évoque bien sûr la thèse ukrainienne,
00:15:25 validée pour le moment par Vladimir Poutine.
00:15:27 Nous avons proposé aux services russes,
00:15:31 comme nos partenaires de la région,
00:15:33 une coopération accrue.
00:15:36 Notre souhait est évidemment qu'on puisse retrouver
00:15:38 le plus rapidement possible les coupables,
00:15:40 et lutter efficacement contre ces groupes
00:15:42 qui se projettent dans plusieurs pays.
00:15:44 On le voit bien, la Russie, il y a quelques mois, en Turquie,
00:15:48 ils ont tenté la France un peu avant.
00:15:51 Et je pense qu'en la matière, il faut se garder
00:15:54 de toute instrumentalisation ou déformation,
00:15:57 mais être exigeant et efficace.
00:15:59 C'est dans cet esprit-là que nous avançons,
00:16:00 et j'espère que la Russie fera de même.
00:16:02 Il faut se garder de toute instrumentalisation.
00:16:04 Je pense que ce serait à la fois cynique et contre-productif
00:16:07 pour la Russie elle-même, et la sécurité de ses ressortissants,
00:16:10 d'utiliser ce contexte pour essayer de retourner contre l'Ukraine.
00:16:14 La Russie, Philippe Guibert, qui fait partie de ces pays,
00:16:17 comme la France, qui sont en conflit ouvert avec l'État islamique,
00:16:21 mais on le disait encore une fois,
00:16:23 Vladimir Poutine conserve ce choix, sa logique impérialiste,
00:16:26 c'est sa matrice, qu'il ne bouge pas d'un fil.
00:16:29 Il est dans une logique de guerre,
00:16:30 et donc il reste dans sa logique de guerre.
00:16:32 Je trouve le spectacle...
00:16:33 Franchement, l'argument de l'Ukraine qui aurait fomenté tout ça,
00:16:35 c'est absurde.
00:16:36 Le spectacle de ce pouvoir poutinien, depuis trois jours,
00:16:40 me fait froid dans le dos, honnêtement.
00:16:42 L'attentat fait évidemment froid dans le dos,
00:16:46 et est horrible, et mérite notre solidarité avec le peuple russe.
00:16:50 Mais ce pouvoir poutinien est terrifiant, je trouve.
00:16:54 Trois jours de déni avec une demi-vérité acceptée ce soir,
00:16:58 mais sans qu'il cite, sauf errant de ma part, l'État islamique,
00:17:02 c'est-à-dire l'organisation qui a revendiqué par les voiles et les prises officielles...
00:17:06 - Il évoque l'islamisme radical, mais pas l'organisation État islamique.
00:17:09 Vous avez raison.
00:17:10 - Voilà, et donc il ne va pas jusqu'au bout de la reconnaissance de l'évidence.
00:17:14 C'est-à-dire qu'on a l'État islamique qui a revendiqué dès vendredi soir,
00:17:19 deux heures, trois heures après cet attentat monstrueux.
00:17:23 Il l'a revendiqué, et donc trois jours pour admettre un commencement de vérité.
00:17:29 Trois jours de déclaration jusqu'au niveau de Poutine,
00:17:33 mais avec d'autres autorités qui avant ont pointé l'Ukraine de façon extrêmement belliciste.
00:17:38 On voit bien dans quel but.
00:17:40 Et puis quand même, moi ce qui m'a profondément choqué,
00:17:44 ce sont les auteurs de l'attentat, qui sont des monstres,
00:17:48 mais qui ont été torturés et qu'on montre à la population.
00:17:52 - Et on voit ces images, on va les remettre parce qu'on a changé d'illustration.
00:17:55 - Je suis profondément choqué par ça.
00:17:57 - C'est des images que d'ailleurs on les a évidemment floutées,
00:17:59 parce que c'est normal de flouter les visages de ces hommes qui sont présumés innocents.
00:18:06 J'ai du mal à le dire, mais c'est comme ça.
00:18:08 - Ils sont présumés coupables.
00:18:10 - Et même s'ils sont coupables, on n'a pas les montré en travé,
00:18:12 mais sur les réseaux sociaux, ces images sont non floutées,
00:18:15 et chacun a pu les voir.
00:18:16 On voit des hommes hébétés, visiblement en effet torturés.
00:18:20 On sait qu'il y en a un qui a eu l'oreille coupée, je crois.
00:18:23 Un autre, la paupière arrachée.
00:18:25 On lui a fait manger son oreille.
00:18:28 La question c'est, est-ce que ces images rassurent, font du bien à la population russe aussi ?
00:18:35 - Je ne suis pas sûr. Attendez, je veux juste terminer.
00:18:38 - Allez-y, pardon.
00:18:39 - Je trouve que depuis quatre jours, on voit ce qu'est une démocratie.
00:18:43 Elle a tous ses défauts, elle a vraiment plein de défauts.
00:18:45 Et puis ce que c'est qu'un régime qui est plus qu'autoritaire.
00:18:48 On joue avec la vérité, c'est-à-dire qu'on ne dit jamais la vérité.
00:18:53 - C'est-à-dire que les infos sur l'enquête, on ne les aura peut-être jamais.
00:18:56 - On est capable de torturer des prisonniers, fût-il coupable ?
00:19:00 Évidemment qu'ils sont coupables.
00:19:02 Et donc moi, j'ai eu cette réaction, mais qui est peut-être personnelle.
00:19:05 Je me suis dit, on a plein de défauts, on a plein de faiblesses dans nos démocraties.
00:19:09 Mais je suis quand même très, très fier de vivre dans une démocratie,
00:19:12 parce que j'ai trouvé ça écœurant, le spectacle du pouvoir potinien,
00:19:16 après la tragédie qu'ont subi les Moscovites vendredi soir.
00:19:20 - Johan, je vous laisse répondre, j'ai juste alimenté notre débat
00:19:23 avec cette citation dans les colonnes du Parisien de Jean-Christophe Brizard,
00:19:27 que l'on connaît, spécialiste des mouvements terroristes,
00:19:30 et qui parle de ces arrestations. Il dit que ces arrestations posent question.
00:19:33 On peut s'interroger sur une potentielle manipulation.
00:19:35 Les suspects présentés ne sont pas ceux initialement mentionnés sur les mandats de recherche,
00:19:41 surtout d'un point de vue opérationnel.
00:19:43 Il s'agit d'un attentat réussi, perpétré par des hommes entraînés.
00:19:46 Je ne les vois pas se laisser interpeller aussi facilement.
00:19:49 Tout cela paraît surprenant. Ce n'est pas monsieur Lambda qui s'exprime,
00:19:53 c'est un grand spécialiste des mouvements terroristes.
00:19:55 - Oui, c'est précisément ce que j'allais dire.
00:19:57 - On aimerait être sûrs que ces quatre hommes sont les assaillants de vendredi.
00:20:00 - Non, on ne l'est pas. - Et on ne l'est pas. Personne ne l'est.
00:20:02 - Et pour le coup, c'est là que j'allais dire, j'ai beaucoup de désaccord
00:20:04 avec ce que vient de dire Philippe Liber en réalité,
00:20:06 parce que vous dites évidemment qu'ils sont coupables.
00:20:08 Non, soyons très prudents. Ils sont plus que jamais présumés innocents,
00:20:12 parce qu'effectivement, la mise en scène même de leur arrestation est troublante.
00:20:18 Le fait qu'ils soient arrêtés si rapidement, alors qu'on sait quand même bien
00:20:21 que des terroristes islamistes généralement vont souvent au bout de ce qu'ils ont commencé
00:20:26 et se font interpeller seulement par "erreur",
00:20:30 l'interpeller quatre... - Ou préfèrent mourir que d'être interpellés.
00:20:33 - Exactement. Interpeller quatre assaillants, c'est-à-dire la quasi-totalité
00:20:36 de ceux qui ont participé à l'attentat, mentir sur l'endroit où ils ont été arrêtés,
00:20:41 parce qu'ils n'ont évidemment pas été arrêtés à quelques dizaines de kilomètres
00:20:44 de la frontière ukrainienne, c'est impossible.
00:20:46 Tous ces éléments-là interrogent évidemment sur le fait de savoir qui sont réellement ces personnes.
00:20:53 - Mais c'est mon point, parce que mon point, c'était un pouvoir qui ment de façon permanente.
00:20:56 - Naturellement, qui ment de façon permanente.
00:20:58 - Non seulement, qui n'est pas capable d'assurer la sécurité,
00:21:00 mais en plus qui est incapable de dire la vérité.
00:21:02 - Oui, c'est simplement parce que vous avez dit évidemment qu'ils sont coupables.
00:21:04 - D'accord, je retire. - Je voulais en tirer dessus.
00:21:06 - Je retire. - Un autre désaccord aussi sur le terme "déni",
00:21:09 qui a été utilisé plusieurs fois. Vladimir Poutine est dans le déni.
00:21:12 - C'est moi qui ai utilisé ce terme de déni, oui.
00:21:14 - Il n'est pas dans le déni, Vladimir Poutine.
00:21:16 - Il est dans la manipulation.
00:21:17 - Être dans le déni, ça veut dire refuser de voir la vérité.
00:21:20 Or, lui connaît parfaitement la vérité.
00:21:22 - C'est vrai. - Il sait parfaitement qui est à l'origine de cet attentat.
00:21:25 Il sait parfaitement que les Ukrainiens n'ont rien à voir là-dedans.
00:21:28 Il sait parfaitement que ces quatre personnes n'ont pas été interpellées
00:21:32 à quelques dizaines de kilomètres de la frontière ukrainienne.
00:21:34 Donc, il se sert de cela, comme le disait Claude Moniquet,
00:21:38 pour essayer de trouver une porte de sortie,
00:21:40 pour cacher ses propres échecs concernant la sécurité promise aux peuples russes.
00:21:45 Et il se sert de cela également, aussi peut-être, on le verra dans les prochains jours
00:21:49 et dans les prochaines semaines, pour renforcer l'offensive en Ukraine.
00:21:53 Ça peut lui permettre de dire, puisque ces attentats ont été organisés
00:21:57 de manière directe ou indirecte par l'Ukraine,
00:21:59 nous allons renforcer nos attaques et nous allons éventuellement,
00:22:02 pourquoi pas, utiliser des armes encore plus puissantes.
00:22:05 Ça peut servir de justification auprès de la communauté internationale.
00:22:08 Donc, c'est pour cela qu'il faut évidemment être extrêmement prudent.
00:22:12 Il faut être prudent, c'est ce qu'a voulu rappeler le chef de l'État.
00:22:15 D'ailleurs, aujourd'hui, Florian Tardouf est avec nous.
00:22:17 Vous suivez, Florian, le déplacement d'Emmanuel Macron,
00:22:20 qu'on va entendre dans une seconde, juste après avoir justement
00:22:23 pris connaissance un petit peu de ce déplacement avec vous.
00:22:26 Emmanuel Macron, qu'on a entendu, qui a averti, d'une certaine manière,
00:22:29 Vladimir Poutine en disant, il faut se garder de toute instrumentalisation.
00:22:33 Il a rappelé, et on va y revenir ensemble sur ce plateau,
00:22:37 sur cette vigilance attentat qui était désormais à son point
00:22:41 le plus haut chez nous en France de nouveau.
00:22:43 Emmanuel Macron qui a pris la parole.
00:22:45 On va peut-être voir juste l'image avant de diffuser le son
00:22:47 avec nos amis en régie.
00:22:49 Je voulais qu'on voit l'image parce qu'il a pris la parole
00:22:51 pour s'exprimer face à la presse, vraiment, dès son entrée,
00:22:53 dès sa descente sur le tarmac tout à l'heure en Guyane.
00:22:56 Un ton qu'on va entendre très grave, très solennel.
00:22:59 Je vais être un petit peu provocateur, Florian,
00:23:02 mais on a presque la sensation qu'Emmanuel Macron
00:23:05 dramatise un petit peu la situation franco-française
00:23:08 après l'attentat à Moscou.
00:23:10 C'est la sensation des journalistes également sur place ?
00:23:13 Non, ce n'est pas vraiment la sensation qu'on a pu avoir sur place.
00:23:20 On savait qu'Emmanuel Macron allait s'exprimer très certainement
00:23:24 à la descente de son avion, tout simplement parce que
00:23:26 la parole présidentielle était attendue
00:23:28 après l'organisation de ce conseil de défense exceptionnel
00:23:31 qui s'est tenu hier soir.
00:23:33 Mais j'ai pu échanger avec certains de mes collègues
00:23:35 qui étaient présents ce matin sur le tarmac de l'aéroport,
00:23:38 d'ailleurs, où je me trouve, puisqu'on revient d'un déplacement
00:23:42 un peu plus tôt dans l'après-midi dans la forêt guyanaise.
00:23:45 Et on n'a pas trouvé le président de la République
00:23:48 ayant un air plus grave que d'habitude.
00:23:51 En revanche, peut-être pour vous répondre plus précisément,
00:23:54 on a trouvé qu'il était très précis ce matin,
00:23:57 presque chirurgical dans sa parole,
00:24:00 tout simplement parce qu'il a dû très certainement
00:24:03 hier soir avoir un compte-rendu très précis
00:24:07 par les renseignements.
00:24:09 C'est en tout cas ce qu'il a laissé entendre ce matin
00:24:11 lorsqu'il s'est exprimé de la situation.
00:24:14 Et ce qu'il a rappelé néanmoins, d'un air peut-être
00:24:18 un tout petit peu plus grave, c'est que la menace était constante.
00:24:21 On l'avait peut-être oublié ces dernières années.
00:24:23 C'est ce que rappelle finalement l'exécutif
00:24:26 via ses différentes prises de parole,
00:24:28 que ce soit le président de la République, le Premier ministre,
00:24:30 ou il y a quelques heures, Gérald Darmanin,
00:24:33 le ministre de l'Intérieur.
00:24:34 C'est de rappeler que même s'il n'y a pas d'attentats
00:24:37 quotidiennement sur le territoire national,
00:24:40 des tentatives d'attentats, il y en a.
00:24:42 Elles sont nombreuses, quasiment tous les deux mois,
00:24:45 a rappelé Gérald Darmanin.
00:24:47 C'est peut-être plus sur ce point-là
00:24:49 qu'Emmanuel Macron a insisté ce matin.
00:24:51 - Florian Tardif, on vous libère,
00:24:53 parce que je crois que le convoi présidentiel
00:24:55 n'a pas été plus que vous pour un petit déplacement
00:24:57 de fin de journée.
00:24:58 Merci cher Florian, et on vous retrouvera
00:25:01 à partir de demain matin pour décrypter
00:25:05 ce déplacement présidentiel en Guyane.
00:25:07 C'est intéressant de faire le parallèle
00:25:09 entre les mots d'Emmanuel Macron,
00:25:10 ce plan Vigipirate, et je le disais,
00:25:12 on va décrypter tout ça en longueur dans un instant,
00:25:14 et la situation en Russie.
00:25:16 Ces images de ces quatre supposés,
00:25:18 assaillants, torturés, visiblement,
00:25:20 particulièrement éprouvés,
00:25:22 et ces informations qu'on a au compte-gouttes.
00:25:24 On se rend compte de la différence
00:25:26 de traitement du terrorisme
00:25:28 et des potentiels terroristes,
00:25:30 que ce soit dans un pays comme la Russie,
00:25:32 totalitaire, et dans une démocratie comme la nôtre ?
00:25:34 - Oui, je reprends les mots de Nietzsche
00:25:36 qui disait "quand on lutte contre les monstres,
00:25:38 il faut prendre garde de ne pas devenir un monstre soi-même".
00:25:40 C'est toute la différence entre la démocratie
00:25:43 et la Russie, qui n'en est pas une,
00:25:45 même s'il a été élu, soi-disant, par le peuple.
00:25:48 Après, Poutine, c'est un joueur d'échecs aussi.
00:25:50 C'est quelqu'un qui, on le voit bien,
00:25:52 il réfléchit, il ne panique pas, il ne parle pas vite.
00:25:54 Tous ses mots sont pesés.
00:25:56 Il est dans une situation un peu compliquée aussi.
00:25:58 Il ne veut pas être coincé dans un coin du ring.
00:26:01 C'est pour ça, nous, ce qui nous a frappés,
00:26:03 policiers, c'est le temps d'intervention
00:26:05 des forces spéciales dans ce moment-là.
00:26:10 - Dans le théâtre, ça ?
00:26:12 - Nous, depuis 2015, effectivement,
00:26:14 on a revu le plan national d'intervention.
00:26:17 On doit intervenir en moins de 30 minutes.
00:26:19 Et là, ça a mis plus d'une heure.
00:26:21 - Alors, peut-être que le fait que le toit soit en feu
00:26:24 et que les périmètres ne soient pas sécurisés
00:26:26 a peut-être changé la donne ?
00:26:28 - Je suis d'accord, mais il y a quand même des choses.
00:26:30 Nous, je sais que les collègues de nos forces spéciales,
00:26:33 le police, trouvent aussi bizarre le temps d'intervention.
00:26:36 - Et quelle interprétation vous en faites ?
00:26:38 Que volontairement, on a voulu tarder ?
00:26:40 - Soit ils ne sont pas prêts, et contrairement à ce qu'ils veulent dire,
00:26:42 c'est-à-dire qu'ils disent que c'est hyper sécurisé
00:26:44 et en fait, en intérieur, on met toutes les forces
00:26:46 à l'extérieur, mais pas du tout à l'intérieur.
00:26:48 Soit, effectivement, on a beau mettre des policiers,
00:26:50 des installations et d'équipements.
00:26:52 On a vu récemment que la garde nationale russe
00:26:54 n'était même pas équipée de blindés.
00:26:56 Et rappelez-vous, il n'y a pas longtemps,
00:26:58 quand il y avait une mini-révolte sur le front ukrainien,
00:27:00 ils étaient incapables d'arrêter les colonnes.
00:27:02 Et puis, surtout, c'est encore une fois,
00:27:04 on nous sert un roman, un scénario,
00:27:07 qui, effectivement, va servir le régime,
00:27:10 où on a quatre mecs interpellés.
00:27:13 Alors, ils sont hébétés, drogués.
00:27:15 On voit, ils ne savent même plus où ils habitent.
00:27:18 Et en fait, c'est effectivement des suspects
00:27:21 qu'on sert comme ça, à la vindique populaire.
00:27:24 Donc, on sait très bien, nous,
00:27:26 que pour faire parler des gens...
00:27:28 Alors oui, effectivement...
00:27:29 - Oui, c'est sûr que, en torturant quelqu'un,
00:27:30 on peut lui faire dire ce qu'on veut.
00:27:31 - Oui, voilà.
00:27:32 Vous pouvez faire signer en bas de la page.
00:27:33 Terminé. D'ailleurs, il ne s'exprime même pas.
00:27:35 Je n'ai pas entendu un mot.
00:27:36 Et effectivement, quand on va chasser
00:27:38 des terroristes, des fous de Dieu,
00:27:40 personnellement, je n'ai jamais vu des fous de Dieu
00:27:42 se laisser capturer comme ça, tranquillement,
00:27:44 dans la forêt, sans armes ni rien.
00:27:46 Donc, on voit qu'il y a tout un montage derrière.
00:27:48 Effectivement, une manipulation.
00:27:49 Après, on n'oublie pas que Poutine vient du FSB.
00:27:52 Donc, en manipulation, il s'y connaît.
00:27:54 - Dernier mot avant de donner le mot de la fin
00:27:56 à Claude Moniquet.
00:27:58 - Monsieur Couvry, parce que...
00:27:59 Souvenez-vous de toutes les polémiques
00:28:01 qu'il y a eu sur le Bataclan,
00:28:02 sur le temps de réaction.
00:28:03 Là encore, différence entre une démocratie
00:28:05 et un régime autoritaire.
00:28:07 Finalement, les gens qui ont voulu s'informer
00:28:09 ont compris qu'il y avait des policiers de la BAC
00:28:11 qui étaient intervenus au bout d'une vingtaine de minutes.
00:28:14 En Russie, ce n'est pas un quart d'heure.
00:28:16 Mais en France, on a eu cette polémique-là
00:28:18 sur le temps d'intervention de nos forces de l'ordre.
00:28:21 En Russie, il n'y aura pas de polémique là-dessus,
00:28:24 alors même que, je suis d'accord avec vous,
00:28:26 plus d'une heure pour intervenir,
00:28:28 c'est quand même assez...
00:28:29 - Si certains le pensent, ils ne le diront pas, en tout cas.
00:28:31 - Ou ils le diront sur Instagram.
00:28:33 - Ou ils le diront sur les tchats,
00:28:35 sur des messageries cryptées.
00:28:37 Claude Moniquet, on était en Guyane avec Florian Tardif
00:28:39 il y a un instant, on a compris.
00:28:41 On va dérouler cette actualité
00:28:42 jusqu'à la fin de l'émission.
00:28:43 Cette menace terroriste à son plus haut niveau en France.
00:28:47 Le chef de l'État qui l'a rappelé depuis la Guyane.
00:28:51 Est-ce qu'on en fait trop ?
00:28:53 Est-ce que le président de la République
00:28:55 ne dramatise-t-il pas la situation ?
00:28:58 Est-ce qu'il y a d'autres éléments
00:29:00 que cette attaque de vendredi en Russie
00:29:02 qui nous font réagir de cette façon ?
00:29:03 Quelle est votre opinion là-dessus ?
00:29:05 - Je vais vous répondre, mais si vous le permettez,
00:29:07 je voudrais commenter un mot sur Poutine.
00:29:10 Je connais bien Poutine.
00:29:12 J'étais en Russie, je travaillais beaucoup en Russie
00:29:14 à l'époque où il est arrivé au pouvoir, en 2000.
00:29:17 J'ai vu son régime monter en puissance.
00:29:20 Il n'y a rien d'étonnant dans ce qui se passe aujourd'hui.
00:29:22 Évidemment, Poutine, ex-KGBiste,
00:29:25 a mis sur pied un régime autoritaire.
00:29:27 Mais c'est un produit de la Russie,
00:29:29 un produit du KGB,
00:29:30 c'est aussi un produit de nos lâchetés.
00:29:32 Nous avons été très contents
00:29:33 quand il a stabilisé la Russie
00:29:35 qui avait été déstabilisée par Boris Yeltsin
00:29:37 et l'aventure démocratique qui était malmenée.
00:29:39 En 2014, Poutine annexe la Crimée,
00:29:44 mais en mai 2017, il est reçu à Versailles
00:29:47 et il est le premier invité officiel du président Macron.
00:29:50 Nous avons aussi participé à fabriquer Vladimir Poutine.
00:29:54 On ne peut pas s'abstraire de cette responsabilité.
00:29:57 Maintenant, sur ce qui a été déclaré sur la menace terroriste,
00:30:04 non, il y a clairement des indications
00:30:07 qui montrent que l'EIK est active en Europe,
00:30:11 est active, d'ailleurs il y a eu des arrestations en Allemagne
00:30:13 la semaine dernière de deux de ses membres.
00:30:16 Pardon, je vous coupe Claude,
00:30:17 pour que vraiment la compréhension soit totale
00:30:19 pour nos téléspectateurs.
00:30:20 L'EIK, c'est la branche afghane de l'État islamiste ?
00:30:23 Absolument, c'est l'État islamique Khorassan,
00:30:26 qui est donc la branche de l'État islamique
00:30:28 qui a commis l'attentat de vendredi soir
00:30:31 et qui est aujourd'hui la branche, sans doute,
00:30:33 une des branches les plus actives de l'État islamique
00:30:36 et en tout cas celle qui arrive à faire une projection extérieure,
00:30:39 ce que les autres n'arrivent pas à faire.
00:30:42 Et l'EIK, l'État islamique Khorassan,
00:30:45 est présent en Europe, a des cellules en Europe,
00:30:48 a des sympathisants en Europe,
00:30:50 sous couvert de faux réfugiés tchétchènes ou in-gouche,
00:30:54 sous couvert, mais il y en a beaucoup moins,
00:30:57 de quelques sympathisants centrasiatiques,
00:31:01 mais étant aussi une partie de l'État islamique,
00:31:04 il peut pêcher, si je peux dire,
00:31:06 recruter bien au-delà de ce cercle culturel, ethnique,
00:31:10 originaire de l'ex-Union soviétique.
00:31:14 L'EIK est tout à fait capable de susciter
00:31:18 le passage à l'acte de terroristes
00:31:20 qui n'ont rien à voir avec les origines russes,
00:31:23 avec l'islam de Russie ou d'Asie centrale,
00:31:26 y compris des convertis en France, en Allemagne ou ailleurs.
00:31:30 Donc effectivement, il y a une vraie menace, réelle,
00:31:33 et je pense qu'il était temps de se rendre compte
00:31:37 et de commencer à prendre des mesures qui s'imposent.
00:31:42 Et c'est le jour 1 de ce nouveau niveau au plus haut,
00:31:47 donc antiterroriste en France,
00:31:50 avec les déclarations du chef de l'État qu'on entendra,
00:31:52 le déplacement du Premier ministre,
00:31:54 Gérald Darmanin qui était au 20h de France 2 également,
00:31:56 on l'entendra dans un instant.
00:31:57 Merci beaucoup Claude Moniquet.
00:31:58 On poursuit donc notre thématique sur cette urgence à attentat
00:32:01 au niveau le plus élevé dans une poignée de secondes.
00:32:03 Il est 23h pile, on accueille de nouveau Maureen Vidal
00:32:06 pour l'essentiel de l'actualité.
00:32:07 A tout de suite.
00:32:08 Ces opérations Place Nette XXL menées dans plusieurs villes de France.
00:32:18 Le ministre de l'Intérieur a annoncé 496 interpellations.
00:32:22 Après Marseille, 4 nouvelles opérations sont en cours
00:32:25 dans le nord, en région parisienne, dans l'agglomération lyonnaise
00:32:28 et à Dijon.
00:32:29 Gérald Darmanin s'est rendu à Roubaix ce matin
00:32:31 aux côtés des forces de l'ordre.
00:32:33 Emmanuel Macron est arrivé ce lundi matin
00:32:36 pour une visite de deux jours en Guyane,
00:32:38 un département français confronté à une forte insécurité
00:32:42 avec une criminalité qui a atteint un niveau record en 2023.
00:32:46 Sur place, le chef de l'État s'est exprimé
00:32:48 sur la menace terroriste en France
00:32:50 et a évoqué une coopération accrue avec la Russie.
00:32:53 Enfin, la justice a ouvert une enquête sur un enfant de 8 ans
00:32:57 qui est devenu à l'école avec deux couteaux.
00:32:59 Il est soupçonné d'avoir proféré des menaces de mort
00:33:02 contre sa maîtresse et des policiers,
00:33:04 a annoncé le parquet de Saint-Etienne.
00:33:06 L'enquête est ouverte pour menaces de mort,
00:33:08 port d'armes et introduction d'armes dans une enceinte scolaire.
00:33:11 - La menace terroriste a son plus haut niveau en France
00:33:16 après l'attentat de Moscou.
00:33:18 Le président Macron a réuni un conseil de défense.
00:33:20 Hier, a rappelé que la branche armée de l'État islamique
00:33:22 qui a sévi en Russie avait tenté aussi
00:33:24 de frapper la France à plusieurs reprises.
00:33:26 C'était sur le tarmac lors de son arrivée en Guyane tout à l'heure.
00:33:29 Emmanuel Macron.
00:33:31 - Ce groupe particulier qui est impliqué, semble-t-il,
00:33:35 dans cet attentat avait conduit ces derniers mois
00:33:39 plusieurs tentatives sur notre propre sol.
00:33:41 Et donc, compte tenu de ses ramifications et de ses intentions,
00:33:44 par mesure de précaution, mais avec des éléments crédibles
00:33:48 et solides, de décider d'hausser la posture de Vigipirate.
00:33:52 Vous vous souvenez que nous l'avions réduite
00:33:54 en début d'année.
00:33:56 Elle avait été elle-même haussée après les attentats d'Arras.
00:33:59 Donc c'est une mesure qui est cohérente,
00:34:01 compte tenu de la revendication de cet attentat
00:34:04 et du fait que ce groupe a plusieurs fois tenté
00:34:06 de toucher le sol français.
00:34:08 - Et Owen Usail, en à peine 24 heures,
00:34:10 tout est allé très vite avec cette nouvelle urgence attentat
00:34:13 autour du chef de l'État hier.
00:34:15 - Oui, puisque avant de s'envoler pour la Guyane,
00:34:17 Emmanuel Macron avait convoqué dimanche soir
00:34:19 un conseil de défense à l'Élysée.
00:34:21 Depuis le début de l'année, deux projets d'attentat
00:34:23 ont été déjoués en France.
00:34:25 C'est ce qu'a annoncé cette fois le Premier ministre Gabriel Attal.
00:34:28 Une personne a été interpellée le 10 janvier
00:34:31 pour un projet contre des cibles juifs
00:34:33 ou une boîte de nuit LGBT.
00:34:35 Puis le 5 mars, un sexagénaire a été arrêté.
00:34:37 Il préparait cette fois une action violente
00:34:39 contre des édifices religieux chrétiens.
00:34:42 Presque tous les mois, les services de renseignement
00:34:45 empêchent des attentats dans notre pays.
00:34:48 Gérald Darmanin, dont la sécurité était déjà
00:34:50 une préoccupation majeure en vue des Jeux olympiques,
00:34:52 a garanti que la police, la gendarmerie
00:34:55 et les renseignements français seraient prêts
00:34:57 à la fin du mois de juillet pour relever ce défi.
00:35:00 Le Premier ministre Gabriel Attal, lui, s'est rendu
00:35:02 en début d'après-midi à la gare Saint-Lazare à Paris
00:35:05 pour saluer les forces de l'ordre,
00:35:07 dont les militaires de la force Sentinelle,
00:35:09 des militaires qui seront plus nombreux
00:35:11 à être déployés sur le terrain.
00:35:13 C'est ce qu'a indiqué le Premier ministre.
00:35:15 La menace est sérieuse.
00:35:19 La sécurité des Français, évidemment,
00:35:21 en passe avant tout.
00:35:23 Aussi, nous avons décidé de rehausser
00:35:25 la posture Vigipirate à son niveau le plus élevé,
00:35:27 c'est-à-dire urgence attentat.
00:35:29 Concrètement, cela veut dire que nous allons
00:35:31 nous démultiplier encore davantage.
00:35:33 Cela veut dire que nous prenons
00:35:35 toutes les précautions.
00:35:37 Depuis ce matin et dans les heures qui viennent,
00:35:39 nous allons déployer des moyens exceptionnels
00:35:41 partout sur le territoire.
00:35:43 La présence policière sera renforcée
00:35:45 sur les lieux sensibles,
00:35:47 devant tous les lieux sensibles,
00:35:49 notamment, évidemment, les écoles.
00:35:51 Il y a aujourd'hui 3 000 militaires
00:35:53 de Sentinelle qui sont déployés
00:35:55 partout sur le territoire.
00:35:57 Je vous annonce que 4 000 militaires
00:35:59 supplémentaires sont désormais en alerte
00:36:01 et mobilisables partout sur le terrain.
00:36:03 Enfin, sachez qu'à la demande de Gabriel Attal,
00:36:07 le secrétaire général de la Défense
00:36:09 et de la Sécurité Nationale, a convoqué
00:36:11 ce matin une réunion qui a associé
00:36:13 l'ensemble des services de sécurité.
00:36:15 Et puis la direction générale de la Sécurité Intérieure,
00:36:17 la DGSI, réunira jeudi matin
00:36:19 l'ensemble des acteurs du renseignement
00:36:21 pour tirer toutes les conséquences
00:36:23 de l'attentat de Moscou.
00:36:25 La France est en urgence, attendent à écouter
00:36:27 ce qu'en pensent les Français, justement, interrogez aujourd'hui.
00:36:29 Je ne connais pas la sécurité à Moscou,
00:36:31 mais je sais au moins que la France
00:36:33 s'est protégée,
00:36:35 donc j'espère qu'il n'y aura pas
00:36:37 ce genre d'attentat chez nous, en tout cas.
00:36:39 Ce n'est pas aujourd'hui,
00:36:41 c'est arrivé à Moscou,
00:36:43 que seulement aujourd'hui qu'on a peur.
00:36:45 Il y a deux ans, il y a cinq ans, il y a dix ans.
00:36:47 Il faut aller
00:36:49 combattre ces
00:36:51 terroristes, tout simplement.
00:36:53 On ne peut pas ne pas y penser, même si on continue
00:36:55 à vivre normalement et on essaye de faire
00:36:57 fi de ce problème,
00:36:59 mais il existe et on le sait.
00:37:01 Ça rappelle le Bataclan, forcément,
00:37:03 ces soirs-là de novembre 2015.
00:37:05 Donc oui, forcément,
00:37:07 ça fait écho dans nos
00:37:09 têtes et on ne peut ne pas y penser,
00:37:11 c'est assez difficile.
00:37:13 Mais ce qui peut arriver, on en a déjà eu.
00:37:15 Et c'est vrai que le climat
00:37:17 de tension actuellement
00:37:19 pourrait contribuer à ça, je pense.
00:37:21 - Christophe Kouvis,
00:37:23 cette menace nous rappelle que le premier danger reste
00:37:25 le terrorisme islamiste alors que nous étions
00:37:27 occupés, j'ai envie de dire, avec la guerre
00:37:29 en Ukraine. - Oui, enfin nous, policiers,
00:37:31 on l'a à l'idée.
00:37:33 Parce que dans le dos,
00:37:35 on a une cible. - Ce qui s'est passé à Moscou
00:37:37 nous met en garde peut-être sur la
00:37:39 reconstitution de cette force de frappe qu'est l'État islamique.
00:37:41 Je rappelle qu'en Europe, la France
00:37:43 est la cible de cette organisation.
00:37:45 - Oui, la France comme d'autres pays, d'ailleurs,
00:37:47 tout ce qui représente la liberté, la liberté
00:37:49 de penser, effectivement, nous sommes des
00:37:51 cibles. C'est un peu ce qu'on
00:37:53 veut inculquer, c'est cette culture de la vigilance.
00:37:55 C'est l'affaire de tous, effectivement.
00:37:57 Les forces de l'ordre,
00:37:59 les policiers, les militaires sont là pour protéger
00:38:01 les citoyens, mais il faut aussi que le citoyen
00:38:03 nous aide à protéger le pays.
00:38:05 Et donc, c'est un peu ça
00:38:07 Vigipirate, en fait. C'est sensibiliser
00:38:09 les gens pour que tout le monde se sente
00:38:11 investi de
00:38:13 cette mission, de
00:38:15 pas devenir parano, mais de faire attention,
00:38:17 de signaler, de ne pas hésiter.
00:38:19 Vigipirate, ça date depuis 1978.
00:38:21 Voilà. Donc, c'est pas
00:38:23 neuf, mais ça a porté
00:38:25 aussi ses fruits. Et en fait, depuis
00:38:27 2016, effectivement, c'est l'urgence attentat,
00:38:29 comme aujourd'hui, le dernier échelon qui a été
00:38:31 créé suite, justement,
00:38:33 aux attentats de 2015. Voilà, on a changé d'air
00:38:35 en 2015, on a changé de
00:38:37 logiciel. Mais là où on avait
00:38:39 perdu, finalement, d'une certaine façon,
00:38:41 avec les opérations militaires françaises,
00:38:43 notamment, et je ne pense
00:38:45 qu'au Sahel, mais il y a eu
00:38:47 d'autres opérations qui ont affaibli,
00:38:49 qui ont affaibli l'État islamique, là où
00:38:51 on pensait jusqu'à récemment que
00:38:53 les attaques dites de "grande enverdure"
00:38:55 ne nous menaçaient plus, au contraire,
00:38:57 une menace endogène avec des attaques
00:38:59 plus ponctuelles, plus individuelles,
00:39:01 nous sommes revenus quelques années en arrière
00:39:03 avec cette reconstitution d'une
00:39:05 antenne comme cet État islamique en Afghanistan.
00:39:07 En fait, le nerf de la guerre, c'est l'argent.
00:39:09 C'est-à-dire qu'il y a des grandes structures,
00:39:11 des structures qui ont
00:39:13 été déstabilisées, effectivement, avec la guerre
00:39:15 en Afghanistan, la guerre au Sahel,
00:39:17 et puis qui se reconstituent aussi
00:39:19 parce qu'il y a des aides de certains
00:39:21 pays étrangers, il y a des aides de certains
00:39:23 financiers, et donc ils se reconstituent,
00:39:25 ils reforment des cellules, et on voit bien
00:39:27 qu'avec le flux d'immigration
00:39:29 aussi qu'il y a, dedans, il peut y avoir
00:39:31 des chevaux de Troie,
00:39:33 mais bon, ça s'appelle le cheval de Troie,
00:39:35 mais qui rentrent comme ça dans un pays
00:39:37 et puis qui se font oublier d'un seul coup,
00:39:39 qui peuvent passer à l'acte
00:39:41 au bout de quelques mois, quelques années,
00:39:43 et on ne les a pas vus venir. On a des communautés
00:39:45 de Tchétchène, on a des communautés un peu
00:39:47 de partout, je ne vise aucune communauté
00:39:49 en particulier, mais c'est vrai que dans l'État,
00:39:51 il peut y avoir effectivement... - Il y a des relais,
00:39:53 ce qu'on appelle des relais de ces branches armées,
00:39:55 des organisations en Europe et sur notre territoire.
00:39:57 - Des personnes infiltrées,
00:39:59 on l'a vu en 2015. - L'exécutif sur le pont
00:40:01 pour alerter, sensibiliser la population,
00:40:03 on a entendu le président Guyane,
00:40:05 le Premier ministre qui était en déplacement
00:40:07 à la gare Saint-Lazare, le ministre de l'Intérieur
00:40:09 aux 20 heures de France 2 ce soir.
00:40:11 - Et on voit que notamment,
00:40:13 c'est pour ça que le président de la République a pris
00:40:15 cette menace hier au Conseil de défense,
00:40:17 que l'État islamique, qui est l'auteur
00:40:19 des huit derniers attentats déjoués
00:40:21 en France, donc on voit bien
00:40:23 que les huit derniers attentats, c'est l'État islamique,
00:40:25 l'État islamique a menacé
00:40:27 beaucoup de pays européens, la France notamment,
00:40:29 l'Allemagne a déjoué encore
00:40:31 des attentats comme l'Autriche en décembre dernier,
00:40:33 l'État islamique est capable désormais
00:40:35 de pouvoir enclencher des attentats
00:40:37 à distance, puisque ce qu'on comprend
00:40:39 de l'attentat en Russie,
00:40:41 d'après nos services de renseignement,
00:40:43 c'est que des gens à l'extérieur,
00:40:45 dans d'autres pays, ont pu donner des ordres
00:40:47 à des gens à l'intérieur d'un pays pour passer
00:40:49 à l'acte de manière coordonnée avec le massacre
00:40:51 qu'on a vu. - Bonsoir,
00:40:53 Guylain Benessa, qu'on invite à participer avec nous
00:40:55 à cette discussion, avocat,
00:40:57 et auteur du livre notamment "L'État de droit
00:40:59 à l'épreuve du terrorisme", merci d'être
00:41:01 avec nous par vidéo pour répondre
00:41:03 à une première question. Comment on décide
00:41:05 d'ailleurs de hausser ou d'abaisser
00:41:07 ce niveau d'alerte ? Est-ce que ce n'est qu'en fonction
00:41:09 de l'actualité ? Parce que ce qui se passe
00:41:11 en Russie finalement est assez éloigné
00:41:13 de nous, on se dit de toute
00:41:15 évidence que le pouvoir a forcément des informations
00:41:17 que nous n'avons pas pour agir si vite,
00:41:19 si fort.
00:41:21 - Bonsoir Julien,
00:41:23 une remarque, je ne veux pas revenir
00:41:25 10 minutes en arrière, mais tout de même
00:41:27 je constate qu'on est parfois atteint d'amnésie.
00:41:29 - Pourquoi ? - En disant que
00:41:31 je parle de Moscou, une seconde à Moscou
00:41:33 et je reviens pareil, si vous permettez.
00:41:35 C'est quand même que lorsqu'on nous dit que
00:41:37 et j'entends Philippe Guybert tout à l'heure,
00:41:39 je ne suis pas forcément désaccord avec lui sur la France,
00:41:41 mais sur la question de Moscou,
00:41:43 on s'étonne et on pointe
00:41:45 le caractère totalitaire,
00:41:47 enfin le commentaire de l'État,
00:41:49 l'état dur russe qui réagit.
00:41:51 Je rappelle qu'il y a 20 ans, il y a 23 ans, les États-Unis
00:41:53 sont partis en guerre sur un mensonge
00:41:55 en Afghanistan, en Irak
00:41:57 et surtout ont pris la peine,
00:41:59 grande démocratie éclairée,
00:42:01 d'embastiller à Guantanamo
00:42:03 dans des conditions effroyables
00:42:05 et on a quand même une doctrine d'un État démocratique,
00:42:07 la démocratie libérale à son paroxysme
00:42:09 les États-Unis, qui a quand même ouvert
00:42:11 Guantanamo pour, je veux dire,
00:42:13 mettre en place des conditions de détention
00:42:15 et ce qu'on appelait à l'époque les interrogatoires coercitifs
00:42:17 qui étaient en fait des méthodes de torture
00:42:19 à peine déguisées, qu'on a pratiquées
00:42:21 pendant des années, etc.
00:42:23 Et d'ailleurs on n'a toujours pas fermé Guantanamo 20 ans plus tard.
00:42:25 Donc le problème...
00:42:27 - Giselin, c'est une des hontes des États-Unis, tout ça.
00:42:29 - Attendez, Philippe, je ne dis pas que c'est bien.
00:42:31 Loin de moi l'idée de dire que c'est bien.
00:42:33 Je dis simplement qu'il y a 20 ans,
00:42:35 la démocratie libérale
00:42:37 n'a pas été, je veux dire,
00:42:39 un fleuron, un exemple dans le monde entier.
00:42:41 Donc je ne justifie pas là.
00:42:43 Je dis simplement qu'il est bon
00:42:45 de regarder que nous n'avons pas toujours été un exemple
00:42:47 qu'en Occidental, on va dire,
00:42:49 mais aujourd'hui la Russie qui réagit de cette façon-là,
00:42:51 c'est d'autant moins étonnant que quelque part
00:42:53 on a été un contre-exemple également
00:42:55 alors que nous n'aurions peut-être jamais dû l'être
00:42:57 20 ans par avant.
00:42:59 Pour revenir sur la question,
00:43:01 je vous dis un précice de la France,
00:43:03 en fait l'Aousse du niveau Vigipirate
00:43:05 est le résultat évidemment
00:43:07 de l'actualité russe
00:43:09 et évidemment de ses retombées potentielles
00:43:11 parce qu'en fait on se situe au carrefour
00:43:13 entre un attentat qui a eu lieu
00:43:15 il y a deux jours, enfin il y a quelques jours à peine,
00:43:17 qui justifie la Aousse, comme c'était l'attentat d'Aras
00:43:19 avait également donné lieu
00:43:21 au curseur 3 du plan Vigipirate
00:43:23 mais également parce que dans trois mois
00:43:25 on a les J.U. Dans quatre mois, je crois, jour pour jour
00:43:27 on a les J.U. Donc évidemment entre
00:43:29 les informations qu'on a, l'État islamique
00:43:31 qui en réalité s'est recomposé
00:43:33 et n'a jamais disparu, mais sous une autre forme
00:43:35 en fait que le califat, je vais dire
00:43:37 organisé tel qu'on le connaissait,
00:43:39 et la perspective de la France qui avance à grands pas
00:43:41 vers les Jeux Olympiques, on a en fait
00:43:43 un creuset et on est au plein milieu de tout ça
00:43:45 où il faut qu'on constitue une espèce
00:43:47 de défense maximale
00:43:49 un peu en catastrophe, en utilisant
00:43:51 tous les moyens, notamment la mobilisation
00:43:53 de tous les Français. - Mais tout ce qui a été fait
00:43:55 ces dernières années pour lutter contre Daech est vain
00:43:57 en fait, puisqu'il y a cette impression de
00:43:59 je vais reprendre cette image qui est souvent utilisée
00:44:01 mais de cet idre dont la tête
00:44:03 repousse sans cesse.
00:44:05 - Ah mais c'était effectivement
00:44:07 vous avez raison de rappeler, c'était Emmanuel Macron
00:44:09 qui parlait d'idre islamiste il y a quelques années
00:44:11 pour qualifier la menace.
00:44:13 - En fait, à mon avis l'erreur qu'on fait
00:44:15 depuis longtemps, enfin qu'on fait, je parle pas du tout
00:44:17 des services spécialisés, je veux dire
00:44:19 au niveau des analyses ou des commentaires etc.
00:44:21 c'est qu'en fait on ne réalise pas
00:44:23 qu'il y a un caractère
00:44:25 j'allais dire conjoint mais c'est trop fort.
00:44:27 - On a un petit souci de l'illusion avec Guylain
00:44:31 qu'on va retrouver dans un instant.
00:44:33 Juste écoutons, on va vous entendre bien sûr
00:44:35 j'aimerais juste qu'on entende Gabriel Attal
00:44:37 qui à la gare Saint-Lazare à Paris tout à l'heure
00:44:39 rappelait que la volonté était d'asphyxier
00:44:41 le terrorisme et les terroristes.
00:44:43 - La menace terroriste
00:44:45 islamiste est réelle
00:44:47 elle est forte, je le dis
00:44:49 elle n'a jamais faibli et autour
00:44:51 du président de la République, avec l'ensemble
00:44:53 de mon gouvernement, notre mobilisation
00:44:55 est évidemment totale pour y faire face.
00:44:57 L'ennemi il a un nom, je le redis ici
00:44:59 c'est le terrorisme islamiste.
00:45:01 Il s'immisce partout l'islamisme
00:45:03 où nous baissons le regard, où nous acceptons
00:45:05 le pas de vague, où nous laissons l'angélisme
00:45:07 triompher. Alors partout nous ne devons pas
00:45:09 laisser le moindre millimètre
00:45:11 au terrorisme islamiste et nous
00:45:13 agissons partout pour l'asphyxier
00:45:15 pour l'asphyxier à l'extérieur de nos
00:45:17 frontières mais aussi à l'intérieur
00:45:19 de nos frontières, nous ne lui laissons
00:45:21 aucune chance. - On vous a retrouvé
00:45:23 Guylain Benessa, pardon mais j'ai avancé
00:45:25 entre temps, on vient d'entendre le
00:45:27 chef du gouvernement, est-ce que ça a un
00:45:29 intérêt de dissuasion
00:45:31 notamment sur les individus qui sont surveillés
00:45:33 ce genre de discours
00:45:35 et cette vigilance, cet attentat poussé
00:45:37 au maximum ?
00:45:39 - Vous savez, l'intérêt
00:45:41 d'avoir des fouilles renforcées
00:45:43 à l'entrée des cinémas, des salles de
00:45:45 spectacles, etc. A mon avis
00:45:47 on ne peut plus légitime
00:45:49 dans une situation comme ça, je veux dire
00:45:51 c'est un début nécessaire,
00:45:53 quelque chose comme ça. Ensuite
00:45:55 je pense quand même qu'on parle
00:45:57 de discours de dramatisation, je pense surtout que
00:45:59 vous savez on dit en même temps qu'on s'habitue
00:46:01 c'est un discours qu'on entend,
00:46:03 on s'habitue à vivre avec la menace mais en même temps
00:46:05 quelque part on s'habitue à ne plus vivre avec
00:46:07 c'est-à-dire en sachant qu'elle est là tout en ayant oublié
00:46:09 la dangerosité d'une
00:46:11 grande menace ou d'une attaque à grande échelle
00:46:13 comme celle de Moscou. Donc quelque part
00:46:15 le fait de mettre l'accent
00:46:17 sur le plan Vigipira-Tranforcé
00:46:19 veut dire qu'on mobilise un discours
00:46:21 on quelque part
00:46:23 on met l'accent sur la tragédie
00:46:25 on aggrave peut-être un peu la situation
00:46:27 quelque part au niveau du
00:46:29 discours, du lexique. Mais en même temps c'est pour
00:46:31 faire prendre conscience à tout le monde
00:46:33 on est tous des acteurs en fait de cette société
00:46:35 la fameuse société de la vigilance, tout en sachant
00:46:37 et c'est là où je suis extrêmement sceptique personnellement
00:46:39 c'est qu'en fait nous ressemblons quand même à des
00:46:41 somnambules dans la mesure où
00:46:43 ça fait des années que ça dure et
00:46:45 on pensait de façon extrêmement naïve
00:46:47 que la chute de
00:46:49 al-Baghdadi et de l'État islamique suffirait
00:46:51 à endiguer la menace alors qu'en fait
00:46:53 comme l'État islamique et Al-Qaïda, tous les deux
00:46:55 vivent encore sous autre forme parce qu'en réalité
00:46:57 il y a des relais en France
00:46:59 parce que cette
00:47:01 idéologie s'est largement imposée
00:47:03 et je rappelle, je vais pas faire trop long, Julien
00:47:05 vous m'expliquez, aujourd'hui encore
00:47:07 Gabriel Attal, on a loué
00:47:09 j'ai entendu tout à l'heure des gens louer sa
00:47:11 parole musclée on va dire, mais en réalité
00:47:13 la naïveté continue, il a été
00:47:15 capable ce soir de dire que l'islamisme
00:47:17 n'a rien de religieux, ça veut dire
00:47:19 qu'on est encore dans un discours
00:47:21 - Mais ce qu'il a tort, l'islamisme
00:47:23 n'est pas une religion - Bah si
00:47:25 bien sûr que c'est une dimension
00:47:27 - Oui, j'entends bien mais
00:47:29 le diable existe parce que Dieu existe
00:47:31 - Non, non
00:47:33 l'islamisme c'est
00:47:35 un fondamentalisme
00:47:37 de l'islam, donc ça a un rapport évident avec la religion
00:47:39 - Guylain - Comme tous les fondamentalismes
00:47:41 dans toutes les autres religions
00:47:43 - Et il a pas dit l'islamisme n'est pas en rapport avec la religion
00:47:47 il a dit l'islamisme n'est pas une religion
00:47:49 - Bah ça ne veut rien dire parce que c'est
00:47:51 - En soi il a raison, pardon, l'islamisme
00:47:53 n'est pas une religion - Non, c'est le dérivé
00:47:55 d'une religion - Oui mais ça n'est pas une religion
00:47:57 il a pas tort, Guylain pardon
00:47:59 - Il a dit que c'était une spirale, alors il faudra défaire
00:48:01 - Oui, alors ça aussi je ne sais pas trop ce que ça veut dire, il a dit
00:48:03 ce n'est pas une religion, ce n'est pas une idéologie, c'est une spirale
00:48:05 Bon, les trois peuvent être
00:48:07 contestés mais... - C'est une idéologie
00:48:09 - Bon, Guylain, finissez
00:48:11 votre phrase, Guylain
00:48:13 - Précisément, le fait
00:48:15 l'islamisme est une version
00:48:17 radicale et quelque part
00:48:19 extrême ou intégriste ou fondamentaliste
00:48:21 effectivement, Philippe a raison, de l'islam
00:48:23 et le problème à mon avis c'est que
00:48:25 si on prend l'exemple de la Russie
00:48:27 encore il y a quelques jours, la Russie
00:48:29 est également mise en cause à mon sens
00:48:31 parce que c'est une... elle a une relation
00:48:33 avec l'orthodoxie je veux dire qui est extrêmement profonde
00:48:35 - Bah bien sûr - Kittings en était également quelque part
00:48:37 le gardien je veux dire dans une version extrêmement
00:48:39 particulière mais c'est clair que la
00:48:41 chose est là et qu'en réalité on n'a toujours
00:48:43 pas compris que que ce soit une menace endogène
00:48:45 ou extérieure, nous sommes visés parce que
00:48:47 nous sommes français et chrétiens
00:48:49 et si nous sommes français et chrétiens c'est parce qu'en face
00:48:51 - De culture chrétienne - Il y a des islamistes
00:48:53 qui considèrent que la France chrétienne
00:48:55 est un problème parce qu'en réalité
00:48:57 l'universalisme d'ailleurs dont nous sommes porteurs
00:48:59 est le fruit d'une relation chrétienne
00:49:01 de racines et d'un ancrage
00:49:03 qu'ils combattent absolument et par
00:49:05 tous les moyens et là-dessus
00:49:07 il y a un vrai lien entre la Russie et nous
00:49:09 parce que l'orthodoxie chrétienne
00:49:11 comme notre catholicisme, protestantisme ou le judaïsme
00:49:13 ont beaucoup plus à voir entre
00:49:15 elles contre un ennemi commun qui est l'islamisme
00:49:17 et qui rebat les cartes de la guerre
00:49:19 entre la Russie et l'Ukraine
00:49:21 etc. Les cartes sont rebattues
00:49:23 parce que cet élément là est fondamental
00:49:25 or à mon avis, là encore
00:49:27 Attal fait du petit Macron
00:49:29 c'est-à-dire on dit sans dire
00:49:31 on avance sans vraiment avancer parce qu'on ne veut pas
00:49:33 dessigner l'éléphant au milieu du corridor
00:49:35 - Guylain Benessa, vous restez avec nous
00:49:37 vous intervenez quand vous le souhaitez
00:49:39 dans cette discussion
00:49:41 Jean-Christophe, les français doivent donc comprendre
00:49:43 qu'à partir d'aujourd'hui il y aura plus de surveillance
00:49:45 plus de fouilles, plus de temps d'attente
00:49:47 quand vous prendrez le train, quand vous prendrez l'avion
00:49:49 il faut reprendre collectivement
00:49:51 conscience de tout cela
00:49:53 - Je ne suis pas sûr que les français aient baissé la garde
00:49:55 on a envie de vivre aussi ce qui est normal
00:49:57 - On avait quand même l'impression que c'était un peu
00:49:59 derrière nous avant
00:50:01 - Oui mais justement
00:50:03 parce qu'en fait
00:50:05 une séquence médiatique en chasse une autre
00:50:07 on a l'impression que ça y est on oublie parce qu'on passe à autre chose
00:50:09 on est passé des agriculteurs
00:50:11 la colère des agriculteurs
00:50:13 à d'autres séquences
00:50:15 et en fait je vous dis les français
00:50:17 en 2015 ils ont compris qu'il y avait un problème dans le pays
00:50:19 et pas qu'en France
00:50:21 et qu'effectivement ils étaient des cibles potentielles
00:50:23 les policiers aussi, Xavier Jugelais en 2007
00:50:25 les époux Salvin
00:50:27 jusqu'à chez eux on est venu les tuer
00:50:29 donc les policiers ont des cibles dans le dos
00:50:31 on le sait, nous on a ça à l'idée
00:50:33 tous les jours quand on travaille
00:50:35 - Et là vraiment la nuance, ce que je disais il y a quelques minutes
00:50:37 avec vous également, c'est qu'on revient
00:50:39 à cette notion d'attentat de haute
00:50:41 intensité avec ce qui s'est passé à Moscou
00:50:43 et ce que dévoile notamment le chef de l'Etat
00:50:45 aujourd'hui sur ces attentats déjoués
00:50:47 d'ailleurs on en verra le détail dans un instant
00:50:49 - On en avait déjà parlé ces derniers temps, on le sait Al Qaïda
00:50:51 et d'autres avaient émis des revendications
00:50:53 ces derniers mois
00:50:55 donc oui
00:50:57 l'attentat de Moscou le remet sous les lumières
00:50:59 mais moi je pense que les français n'ont jamais
00:51:01 oublié en tant que citoyens
00:51:03 la menace qui passe sur nous, après
00:51:05 il y a cette menace de haute intensité pour reprendre l'expression
00:51:07 que vous avez employée, ça ne change pas le fait
00:51:09 qu'il y a ce dont je vous parlais tout à l'heure, cette réalité
00:51:11 en Russie mais aussi en France
00:51:13 cette réalité domestique parce que de toute façon
00:51:15 - Endogène - Même quand il y a
00:51:17 des groupes
00:51:19 avec des projets, des cerveaux
00:51:21 ou des commanditaires extérieurs, ça n'empêche pas
00:51:23 qu'ils s'appuient sur des gens qui sont présents
00:51:25 dans le pays et il y a une manipulation
00:51:27 de l'expérience de l'immigration
00:51:29 ou de l'expérience de la
00:51:31 désociabilisation ou du fait que
00:51:33 ça peut être très difficile d'être un immigré
00:51:35 dans un pays dont les valeurs
00:51:37 les codes, bref, ne sont pas
00:51:39 les vôtres et que cette menace là
00:51:41 elle pèse sur l'ensemble des pays occidentaux
00:51:43 parce qu'il y a des tas de gens qui
00:51:45 malheureusement sont assez mal
00:51:47 intégrés et que les islamistes ont
00:51:49 très bien compris comment les manipuler.
00:51:51 - Carim Ayoun, vous reprenez tous les deux, je voudrais juste qu'on entende là encore
00:51:53 une dernière fois Gérald Darmanin au 20h de France 2
00:51:55 ce soir qui parle justement des divers
00:51:57 attentats déjoués ces dernières années et deux
00:51:59 pour la seule année 2024.
00:52:01 - Ce que je peux vous dire c'est que la France
00:52:03 chaque semaine a des renseignements
00:52:05 en donne à d'autres services, permet à d'autres services
00:52:07 d'arrêter des personnes et
00:52:09 évite des passages à l'acte
00:52:11 ou des organisations par des financements,
00:52:13 par des circulations d'armes, par des cibles
00:52:15 et donc oui nous déjouons beaucoup d'attentats
00:52:17 en France, un tous les deux mois
00:52:19 organisés et je constate que nos amis
00:52:21 autrichiens et allemands ont aussi sur le sol européen
00:52:23 mis fin à des organisations
00:52:25 d'attentats de l'état islamique en Europe.
00:52:27 - Carim Abric.
00:52:29 - Extrêmement troublant, c'est-à-dire...
00:52:31 - 45 attentats depuis 2017, donc de cette année
00:52:33 c'est un travail de titan pour les renseignements, on pourrait en dire un mot
00:52:35 si c'est Jean-Christophe. Pardon.
00:52:37 - 45 attentats déjoués depuis 2017,
00:52:39 on disait déjà qu'il y en avait deux
00:52:41 depuis le début de l'année, donc oui
00:52:43 on se réjouit, tant mieux que les renseignements
00:52:45 fassent leur travail, c'est très bien
00:52:47 mais en même temps c'est inquiétant parce qu'on n'en parle pas
00:52:49 tous les jours mais on voit que c'est ce qui se trame
00:52:51 et qu'est-ce que ça nous dit finalement?
00:52:53 C'est que l'Europe, et la France
00:52:55 particulièrement, c'est un terrain de jeu
00:52:57 particulièrement intéressant
00:52:59 pour les islamistes radicaux.
00:53:01 C'est vraiment, ils se font une joie
00:53:03 d'essayer de faire des choses sur le territoire de l'Europe
00:53:05 et pourquoi particulièrement la France?
00:53:07 Il y a cet aspect aussi
00:53:09 de protection de la liberté
00:53:11 mais aussi de la laïcité, de ce modèle
00:53:13 français qui en fait malheureusement aussi
00:53:15 une cible et je veux revenir aussi sur
00:53:17 on a parlé de ces menaces exogènes
00:53:19 vous avez appelé ça les attentats de haute intensité
00:53:21 un petit peu ce qu'on a vu en 2015
00:53:23 bien sûr le traumatisme de 2015-2016
00:53:25 mais il y a toutes ces antennes
00:53:27 notamment chez les jeunes, de plus en plus jeunes
00:53:29 la radicalisation qui se fait
00:53:31 et la dévastation de la liberté
00:53:33 des jeunes, la radicalisation qui se fait
00:53:35 via les réseaux sociaux
00:53:37 via les boucles justement
00:53:39 et ces fameuses antennes un peu partout
00:53:41 on peut le voir donc des actes
00:53:43 "isolés" qui ne sont pas isolés
00:53:45 et je m'inquiète aussi sur la question
00:53:47 des JO parce qu'on a parlé de
00:53:49 cette sécurité mais on en parlera tout à l'heure
00:53:51 aussi pour les athlètes qui seront
00:53:53 présents dans un contexte de guerre
00:53:55 Ukraine, Russie
00:53:57 ce qui se passe évidemment Israël
00:53:59 Hamas, donc imaginez les athlètes
00:54:01 français, les athlètes israéliens
00:54:03 les athlètes ukrainiens
00:54:05 donc il y a tout ce cocktail en ce moment
00:54:07 qui est particulièrement, pardonnez-moi
00:54:09 l'expression, mais explosif.
00:54:11 Ce qui me frappe le plus
00:54:13 en tout cas ce qui m'interpelle
00:54:15 et ce qui doit nous interroger tous
00:54:17 c'est quand même qu'il me semble que nous avons
00:54:19 créé les propres conditions de notre malheur
00:54:21 parce que Jean-Sébastien l'a dit
00:54:23 si ces attentats d'ampleur
00:54:25 sont organisés
00:54:27 depuis des pays étrangers
00:54:29 ceux qui commettent ces attentats
00:54:31 sont en réalité déjà sur notre sol
00:54:33 et comment sont-ils
00:54:35 venus sur notre sol ? Ils sont venus
00:54:37 parce qu'il y a une immigration
00:54:39 légale qui est sans doute trop
00:54:41 abondante, qui est des frontières non maîtrisées
00:54:43 l'intégration ne fonctionne plus dans ce pays
00:54:45 une immigration illégale qui est
00:54:47 incontrôlée et dans cette immigration
00:54:49 illégale se glissent parfois des terroristes
00:54:51 il y a des conditions d'asile
00:54:53 qui sont sans doute trop peu
00:54:55 restrictives, ce qui fait qu'on accorde parfois
00:54:57 le droit d'asile, et on l'a vu ces dernières années en France
00:54:59 à des personnes qui n'auraient pas dû l'avoir
00:55:01 et qui ont commis des attentats
00:55:03 sur notre sol. Si on remonte encore
00:55:05 beaucoup plus loin, si on remonte
00:55:07 en 2011, quand Nicolas Sarkozy
00:55:09 a décidé de déclencher la guerre en Libye
00:55:11 personne n'a pensé à ce moment-là que ça
00:55:13 allait déstabiliser toute une région
00:55:15 et que ça allait permettre effectivement
00:55:17 une immigration illégale
00:55:19 d'être simplifiée, d'être facilitée
00:55:21 et d'engendrer là aussi
00:55:23 une forme de nouveau terrorisme
00:55:25 donc tout cela fait que nous avons
00:55:27 nous-mêmes créé des conditions
00:55:29 d'insécurité permanente
00:55:31 dans ce pays et des risques accrus de
00:55:33 terrorisme. Justement pour abonder dans
00:55:35 votre sens, écoutez Thibault de Montbréal qui était tout
00:55:37 à l'heure chez Laurence Ferrari et qui parle
00:55:39 notamment oui de cette
00:55:41 question des frontières non maîtrisées
00:55:43 qui laissent passer des terroristes
00:55:45 en puissance. Si vraiment on veut
00:55:47 balayer tout le spectre de la lutte
00:55:49 antiterroriste, on est obligé de commencer
00:55:51 à s'intéresser à la façon dont les
00:55:53 commandos peuvent entrer en Europe et ça amène
00:55:55 à la politique migratoire puisqu'aujourd'hui
00:55:57 on sait aujourd'hui que le commando de 2015
00:55:59 qui a attaqué
00:56:01 le Thalys en août 2015 puis le
00:56:03 Bataclan et Paris le 13 novembre
00:56:05 2015 puis Bruxelles
00:56:07 en mars 2016 est un commando qui
00:56:09 est entré pour sa très grande majorité
00:56:11 avec les migrants
00:56:13 et qu'un certain nombre d'auteurs d'attentats notamment en France
00:56:15 sont également entrés avec les migrants et tous les
00:56:17 services de renseignement sont pendus à la sonnette
00:56:19 d'alarme et réclament
00:56:21 un meilleur contrôle de ses frontières par l'Europe
00:56:23 et là on touche par contre à
00:56:25 un champ qui est un champ
00:56:27 politique sur lequel les acteurs européens ne sont pas d'accord
00:56:29 entre eux et sur lequel la commission
00:56:31 n'est pas complètement en harmonie.
00:56:33 - Guylain Benessa vous êtes toujours avec nous et Philippe
00:56:35 vous répondra également parce que
00:56:37 ça fait un petit moment qu'il
00:56:39 le patiente pour
00:56:41 vous répondre.
00:56:43 Allez-y très vite
00:56:45 et je reformulerai ma question à Guylain. Allez-y Philippe.
00:56:47 - Non mais Guylain a évidemment raison
00:56:49 qu'il y a un facteur culturel et religieux
00:56:51 qui est tout à fait fondamental
00:56:53 qu'Huntington a parfaitement démontré il y a 30 ans
00:56:55 dans un livre qu'on ne veut pas lire en France
00:56:57 mais qui montrait parfaitement
00:56:59 la logique qui était à l'oeuvre. Là où je ne suis pas d'accord
00:57:01 avec Guylain, c'est
00:57:03 qu'il nous rassemble avec la Russie
00:57:05 mais d'abord Poutine a fait
00:57:07 de l'Occident et de l'Europe
00:57:09 - C'est l'ennemi commun qui nous rassemble.
00:57:11 - Son ennemi
00:57:13 et toute son
00:57:15 erreur stratégique et précisément
00:57:17 d'avoir ciblé beaucoup plus l'Occident
00:57:19 à travers l'Ukraine
00:57:21 que justement cette menace terroriste
00:57:23 qu'il a comme laissée tomber.
00:57:25 C'est pas par hasard s'il est dans le déni depuis
00:57:27 ou dans la manipulation
00:57:29 depuis trois jours. C'est justement parce que
00:57:31 ça, il ne voulait pas le voir.
00:57:33 Donc c'est la faillite du pouvoir russe
00:57:35 par rapport à cette menace terroriste qui est réelle.
00:57:37 Et puis deuxième remarque,
00:57:39 Moscou c'est quand même
00:57:41 le premier attentat
00:57:43 de très grande ampleur que commet
00:57:45 l'état islamique depuis
00:57:47 quand même assez longtemps. Il y a eu des actions
00:57:49 individuelles y compris qu'en France
00:57:51 - Mais à haute intensité ça faisait longtemps.
00:57:53 - C'est qu'ils ont retrouvé cette capacité
00:57:55 à mener des actions type
00:57:57 bataclan, y compris dans un pays
00:57:59 comme la Russie. - Moi je partage ça, c'est-à-dire
00:58:01 qu'on s'est senti préservé pendant quelques
00:58:03 années et ça a permis à ces organisations
00:58:05 de se reformer d'une certaine façon aussi.
00:58:07 - N'oubliez pas quand même qu'on a
00:58:09 beaucoup parlé d'attentats à la suite du 7 octobre
00:58:11 qu'on a eu quand même deux attentats
00:58:13 en France. Certains nous ont dit "on va passer les fêtes
00:58:15 en état d'urgence". C'était le cas
00:58:17 Thierry de Montbrial.
00:58:19 Ça n'a pas été le cas et donc
00:58:21 on a passé cette menace un peu
00:58:23 au second plan, c'est vrai.
00:58:25 - Et pour retomber sur nos pattes, si je puis dire
00:58:27 Guylain Bénessa, on a entendu
00:58:29 Thibaud Montbrial sur ses frontières
00:58:31 non maîtrisées qui font effet passoire
00:58:33 pour certains terroristes ou
00:58:35 personnages malveillants.
00:58:37 Il y a des relais dans les pays européens qui permettent
00:58:39 donc à ces organisations, en l'occurrence
00:58:41 basées en Afghanistan,
00:58:43 de préparer ces attaques.
00:58:45 - Une remarque sur les frontières.
00:58:47 Une remarque
00:58:49 en deux temps. Première remarque,
00:58:51 vous savez récemment Fabrice Leggeri,
00:58:53 l'ancien patron de Frontex, a rejoint
00:58:55 le RN pour les européennes.
00:58:57 Fabrice Leggeri, quand il était à la tête de Frontex,
00:58:59 car Frontex c'est le garde
00:59:01 de côte, c'est le garde frontière
00:59:03 européen. En fait, Frontex est une blague
00:59:05 dont on se rend compte chaque jour
00:59:07 un peu plus davantage, puisque
00:59:09 l'objectif de l'Europe c'est d'avoir un garde frontière
00:59:11 qui ne garde surtout pas les frontières
00:59:13 et qui est devenu de l'avis de Fabrice
00:59:15 Leggeri quand il était à l'époque patron de Frontex.
00:59:17 Il disait que Frontex n'était pas
00:59:19 une agence de surveillance des frontières,
00:59:21 c'était une agence de surveillance
00:59:23 des droits fondamentaux des migrants.
00:59:25 Ça veut dire qu'en fait on vérifie
00:59:27 à ce qu'on garde les libertés
00:59:29 et les droits des migrants qui viennent, mais on ne se demande pas
00:59:31 franchement s'il s'agit de protéger les frontières
00:59:33 et d'éviter l'immigration illégale.
00:59:35 Premier élément. Et deuxième, pour vous répondre
00:59:37 clairement, est-ce que la France est exposée ?
00:59:39 Alors là, prenons un exemple
00:59:41 pour que tous les Français comprennent la folie
00:59:43 dans laquelle nous vivons, la folie absolue.
00:59:45 Il y a un an et demi,
00:59:47 la France a été condamnée
00:59:49 par la Cour européenne des droits de l'homme,
00:59:51 condamnée quand même, c'est pas rien, la chose est claire,
00:59:53 condamnée parce qu'elle
00:59:55 refusait par principe de rapatrier
00:59:57 les familles de ces djihadistes
00:59:59 partis faire la guerre en Syrie aux côtés de Daech.
01:00:01 Ce qui veut dire que la France
01:00:03 a été condamnée par les juges,
01:00:05 condamnée à ne pas
01:00:07 mettre en place ce qu'elle ne...
01:00:09 Elle refusait de mettre en jeu
01:00:11 des conditions légitimes,
01:00:13 des conditions légales juridiques
01:00:15 des comités, on va dire quelque chose comme ça,
01:00:17 une supervision pour s'assurer
01:00:19 de rapatrier chez elle
01:00:21 les familles de djihadistes partis
01:00:23 volontairement là-bas mener la guerre sainte
01:00:25 contre les Français qui justement
01:00:27 défendaient la France là-bas.
01:00:29 Donc ça veut dire qu'on est pris
01:00:31 pied et poing lié dans un réseau global
01:00:33 d'interdiction qui fait qu'ensuite on s'étonne
01:00:35 à ce qu'en France, effectivement,
01:00:37 Johan disait, on ait quelque part mis en place
01:00:39 les conditions de notre propre défaite
01:00:41 puisque de toute façon, on a aujourd'hui
01:00:43 une commissaire des affaires étrangères
01:00:45 et intérieures européennes
01:00:47 qui s'appelle Ilva Johansson,
01:00:49 qui est en fait le ministre des affaires
01:00:51 intérieures européennes d'une certaine manière
01:00:53 qui nous explique que de toute façon
01:00:55 l'Europe ne tiendra pas sans une immigration
01:00:57 massive de renouvellement, nous sommes trop vieux,
01:00:59 donc il faut une nouvelle immigration.
01:01:01 Ce qui veut dire qu'en même temps, on favorise
01:01:03 l'immigration qui en même temps est
01:01:05 exactement ce qu'utilisent
01:01:07 les terroristes
01:01:09 et les islamistes pour justement
01:01:11 s'infiltrer en France et mettre en place
01:01:13 les conditions des attaques à venir.
01:01:15 Donc soit on s'attaque au tout,
01:01:17 soit on s'attaque à rien.
01:01:19 Sinon on fera des vigies pirates qui sont bien en soi
01:01:21 mais qui sont des mesurettes par rapport à l'océan
01:01:23 dans lequel tout ça est pris.
01:01:25 Juste une remarque,
01:01:27 d'accord, la Russie
01:01:29 n'a pas l'Union Européenne,
01:01:31 elle n'a pas toutes les contraintes que nous avons
01:01:33 et ça ne l'a pas empêché de subir un attentat.
01:01:35 Et donc le problème est peut-être un petit peu plus profond
01:01:37 que ça, c'est de savoir pourquoi une idéologie religieuse
01:01:39 fonctionne et pourquoi
01:01:41 l'État islamique
01:01:43 arrive à perdurer
01:01:45 malgré sa défaite en Irak et en Syrie
01:01:47 pas loin de 5 ans après.
01:01:49 C'est ça le problème de fond.
01:01:51 Je veux bien qu'on fasse des discussions.
01:01:53 En 20 secondes Guylain, s'il vous plaît, parce qu'il est 23h30,
01:01:55 on va enchaîner avec le JT.
01:01:57 Guylain répond en 20 secondes et on poursuivra ensemble après le JT.
01:01:59 Je mets juste une phrase pour aller au consent de Philippe.
01:02:01 L'État islamique a aussi commis un attentat
01:02:03 terrible en Iran et l'Iran n'est pas réputé
01:02:05 pour être un régime...
01:02:07 Guylain, vous voulez conclure ?
01:02:09 20 secondes vraiment s'il vous plaît.
01:02:11 Je ne me prêterai absolument pas ça.
01:02:13 Je dis simplement que ce n'est pas parce que la Russie
01:02:15 est attaquée pour des motifs qui sont comparables
01:02:17 à ce qu'on peut subir que pour autant
01:02:19 il n'y a pas de façon urgente
01:02:21 à considérer les conditions pour lesquelles
01:02:23 en France on aurait des barrières de protection.
01:02:25 Ça n'empêche en rien que chaque État doit les mettre en place.
01:02:27 Il n'empêche que quelque part,
01:02:29 on a une faiblesse intrinsèque
01:02:31 à laquelle un jour il va falloir s'attaquer.
01:02:33 Sinon, on aura forcément,
01:02:35 comme depuis quelques années, la poursuite d'un terrorisme
01:02:37 sous quelque forme que ce soit, soit massif,
01:02:39 soit endogène. Sinon, on sera toujours
01:02:41 pieds et poings liés.
01:02:43 Merci beaucoup Guylain Benessa, avocat, auteur notamment du livre
01:02:45 "L'État de droit, l'épreuve du terrorisme"
01:02:47 et vous savez que vous êtes toujours le bienvenu
01:02:49 sur ce plateau dès que vous quittez
01:02:51 votre Alsace adorée
01:02:53 pour nous rejoindre, cher Guylain.
01:02:55 Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
01:02:57 23h31, un point sur l'actu.
01:02:59 Faut-il craindre encore plus une menace
01:03:01 sur les Jeux Olympiques ? On en parle quelques instants
01:03:03 avec vous, cher Jean-Christophe.
01:03:05 On reviendra également sur ces opérations
01:03:07 placenet qui se poursuivent.
01:03:09 Grosse opération dans le nord de la France aujourd'hui
01:03:11 pour lutter toujours bien sûr contre le trafic de drogue.
01:03:13 Maureen Vidal, l'essentiel. On se retrouve en une minute.
01:03:15 [Musique]
01:03:20 Les quatre assaillants présumés
01:03:22 de l'attentat de Moscou
01:03:24 et trois autres suspects ont été placés
01:03:26 en détention provisoire.
01:03:28 L'attaque revendiquée par le groupe Etat islamique
01:03:30 a fait 137 morts. Une revendication
01:03:32 que le Kremlin a refusé de commenter.
01:03:34 Les recherches continuent
01:03:36 dans les décombres du Kropussythiol.
01:03:38 Alors qu'une résolution
01:03:40 pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza
01:03:42 a été votée à l'ONU, la France
01:03:44 demande un cessez-le-feu permanent
01:03:46 après le Ramadan entre Israël et le Hamas.
01:03:48 C'est ce qu'a plaidé aujourd'hui
01:03:50 le chef français à l'ONU, Nicolas Derivière.
01:03:52 Enfin, face à la situation
01:03:54 chaotique à Haïti,
01:03:56 les ressortissants français vont être évacués
01:03:58 en Martinique. Des vols spéciaux
01:04:00 ainsi qu'un bâtiment de la Marine nationale
01:04:02 ont été réquisitionnés. Haïti est
01:04:04 en proie à l'ultra-violence liée aux gangs
01:04:06 qui prospèrent sur l'île.
01:04:08 Merci Maureen.
01:04:10 On pense évidemment
01:04:12 ici à cet événement
01:04:14 majeur, Jean-Christophe Kouvi,
01:04:16 que seront les Jeux Olympiques qui arrivent à grands pas
01:04:18 à partir du 26 juillet,
01:04:20 si je ne m'abuse. Événement
01:04:22 de cette nature qui est une cible majeure
01:04:24 évidemment. Est-ce que vous êtes inquiet
01:04:26 ce soir, Jean-Christophe, pour CGO ?
01:04:28 Et la cérémonie d'ouverture particulièrement ?
01:04:30 Si on dit qu'on n'est pas inquiet, c'est qu'on est un peu
01:04:32 suffisant. En fait, le propre du policier
01:04:34 c'est toujours d'être inquiet parce qu'il faut toujours
01:04:36 qu'on lève notre niveau et
01:04:38 oui, bien sûr qu'on est inquiet. On a envie
01:04:40 que ça se passe bien et en même temps, c'est aussi
01:04:42 de notre devoir de montrer aux citoyens
01:04:44 et aux gens qu'on est capable
01:04:46 de manager.
01:04:48 C'est normal, cette inquiétude dont on a en nous
01:04:50 mais après, il faut aussi
01:04:52 qu'il y ait un effet miroir et qu'on montre
01:04:54 qu'on maîtrise la situation. Si on commence à dire
01:04:56 aux citoyens "attention, oh là là,
01:04:58 on ne va rien maîtriser, on a peur de tout"
01:05:00 non. Il faut y aller, on a relevé
01:05:02 le défi, on relève le défi et puis
01:05:04 ma foi, et encore une fois, tout pèse
01:05:06 sur les épaules des policiers. Encore une fois,
01:05:08 je veux dire, tous les jours, à chaque fois, on parle
01:05:10 de la police et de la société, j'ai l'impression qu'elle tourne autour de la police
01:05:12 parce qu'à chaque fois, il y a une réponse
01:05:14 sociétale, c'est la police.
01:05:16 - Ça va suffire ce qui s'affiche sur notre écran ? Le RAID, le GIGN,
01:05:18 la BRI, les services de renseignement
01:05:20 en alerte, 30 000 policiers sur le terrain,
01:05:22 15 000 militaires en renfort, il ne faut pas
01:05:24 moins que ça pour sécuriser cet événement ?
01:05:26 - C'est normal qu'on reçoive
01:05:28 la planète entière, pratiquement, dans notre
01:05:30 pays, c'est normal qu'on leur donne les meilleurs d'entre
01:05:32 nous et les policiers, tous
01:05:34 les policiers seront présents
01:05:36 puisqu'on a 100% des capacités
01:05:38 et après, on a un niveau
01:05:40 d'intervention entre les BRI,
01:05:42 le RAID, le GIGN
01:05:44 pour les gendarmes et même, je vais vous dire, il y a aussi
01:05:46 les BAC, parce qu'on dit toujours les BAC,
01:05:48 les BAC, mais c'est les premiers intervenants
01:05:50 pour les tueries de masse et aussi
01:05:52 les CRS, dans chaque CRS,
01:05:54 il y a une compagnie,
01:05:56 les SPI, on appelle ça,
01:05:58 c'est la section de protection et d'intervention,
01:06:00 il y a 25 CRS qui sont entraînés,
01:06:02 les SPI 4G, 4ème génération,
01:06:04 qui sont entraînés aux tueries de masse. Donc en fait, on a développé
01:06:06 ce système depuis 2015
01:06:08 où aujourd'hui, on a des intervenants,
01:06:10 des primo-intervenants et encore une fois,
01:06:12 on intervient en moins de 30 minutes, c'est le protocole.
01:06:14 On nous dit, Jean-Sébastien, que la menace est au maximum
01:06:16 et pourtant,
01:06:18 on maintient cette ambition
01:06:20 que certains, et je pense notamment
01:06:22 à Alain Bauer, je ne cite pas n'importe qui,
01:06:24 il parle d'un acte quasi criminel
01:06:26 qui est cette cérémonie d'ouverture
01:06:28 avec des centaines de milliers de personnes
01:06:30 au bord de la scène. Soyons logiques,
01:06:32 si la menace est au
01:06:34 maximum,
01:06:36 passons au plan B, peut-être renonçons à cette
01:06:38 cérémonie d'ouverture, quand dites-vous ?
01:06:40 Je ne sais pas si on peut parler d'acte quasi...
01:06:42 Je reprenais, je citais Alain Bauer.
01:06:44 J'ai bien compris que vous citiez... Je crois bien que c'est le mot
01:06:46 qu'il a utilisé, c'est criminel
01:06:48 de faire cette cérémonie d'ouverture. Il y a
01:06:50 de longs mois en arrière. Mais en tout cas,
01:06:52 ça pose effectivement un certain nombre de questions
01:06:54 et on sait qu'il est plus facile de sécuriser
01:06:56 un stade. Il y a des questions
01:06:58 qui se posent sur les drones, il me semble qu'un certain
01:07:00 nombre de parlementaires d'ailleurs ont posé des questions
01:07:02 à ce sujet-là, sur la sécurisation face
01:07:04 à la menace
01:07:06 qui pourrait arriver par drone
01:07:08 dans les commissions de la défense au Sénat notamment
01:07:10 et qui n'ont pas obtenu de réponse très convaincante.
01:07:12 Donc oui, les questions, elles existent.
01:07:14 On peut se demander s'il n'y a pas une forme d'hubris
01:07:16 de la part du président de la République
01:07:18 de vouloir à tout prix avoir
01:07:20 une cérémonie dont, bien sûr, elle sera
01:07:22 certainement magnifique et
01:07:24 chacun ne peut que souhaiter qu'elle se
01:07:26 passe bien. Mais on peut parfois être
01:07:28 rattrapé par l'hubris dans les périodes où,
01:07:30 comme vous l'avez dit, les menaces
01:07:32 sont multiples et en plus,
01:07:34 avec une composante technologique qu'il ne faut pas
01:07:36 sous-estimer. - Est-ce qu'on peut maintenir
01:07:38 cette cérémonie sur la Seine,
01:07:40 Jean-Christophe ? Est-ce qu'on est obligé de
01:07:42 montrer au monde que oui, nous sommes
01:07:44 capables d'être les premiers
01:07:46 au monde à faire une cérémonie d'ouverture hors
01:07:48 d'un stade sur un parcours de 6 km
01:07:50 sur la Seine avec des attêtes car ils m'en rappelaient
01:07:52 israéliens, ukrainiens
01:07:54 et j'oublie peut-être d'autres
01:07:56 pays sensibles, américains, iraniens
01:07:58 qui seront sur la Seine.
01:08:00 Est-ce que c'est raisonnable ?
01:08:02 - C'est pas à moi de juger. Effectivement, c'est une commande politique.
01:08:04 Après, nous, policiers, on est obligés
01:08:06 de... - C'est une commande politique ?
01:08:08 - Oui, c'est une commande politique. Quand le
01:08:10 chef de l'État a dit "ça va se faire là"
01:08:12 et on le fait là, effectivement, personne,
01:08:14 j'ai pas entendu les ministres s'opposer.
01:08:16 On va dire "oui, bien sûr, tout va être possible".
01:08:18 Après, c'est leur vicellement et nous, on nous demande
01:08:20 de faire le job. Donc, par essence,
01:08:22 on va faire le job et on veut que ça réussisse
01:08:24 bien sûr. Et si on réussit, parce qu'on dit toujours
01:08:26 "oui, mais ça va foirer, ça va foirer", et si on réussit,
01:08:28 qu'est-ce qu'il y aura derrière ? On va dire "ah, les Français,
01:08:30 ils ont fait quelque chose que jamais personne n'a osé
01:08:32 faire depuis la création
01:08:34 des Jeux Olympiques". Et donc, ça va aussi
01:08:36 redorer notre blason. Et à chaque fois,
01:08:38 vous savez, c'est comme au rugby, on nous attend jamais
01:08:40 et on sort le match. Et bien là, ça sera
01:08:42 pareil. - Oui, je sais que c'est
01:08:44 très démago, ce que je viens de dire. C'est très
01:08:46 café du commerce, mais ça reste.
01:08:48 Là, on est un petit peu en train de noyer
01:08:50 le poisson sous des actualités, oui, majeures,
01:08:52 terribles, dramatiques. Mais les priorités des
01:08:54 Français, là, je veux dire, on n'en parle plus beaucoup.
01:08:56 - Oui, mais sauf que là, vous parlez des JO.
01:08:58 Si les JO, ça arrive une fois comme ça,
01:09:00 par moment, par la génération... - Oui, mais je suis le premier
01:09:02 à dire que c'est magnifique. Je suis le premier à dire que c'est magnifique.
01:09:04 Je suis un amoureux des Jeux Olympiques,
01:09:06 mais je trouve que cette cérémonie n'a pas lieu d'être.
01:09:08 - Il y a des adaptations quand même. On le voit
01:09:10 déjà sur les jauges, ça a changé. - Oui, oui, super.
01:09:12 - Je pense que jusqu'à la dernière
01:09:14 minute, les services de
01:09:16 renseignement, la sécurité, le gouvernement
01:09:18 est quand même... Je veux dire,
01:09:20 tout le monde se prépare là-dessus aussi. Il faut quand même
01:09:22 s'adapter. Puis moi, j'ose espérer, je me dis, bon,
01:09:24 ils ont quand même tous les scénarios disponibles.
01:09:26 Et en ce moment, on juge
01:09:28 encore que c'est possible de le faire.
01:09:30 Après, c'est dans quatre mois, donc si on a décidé...
01:09:32 - Ça va vite, hein? - Ben voilà.
01:09:34 Oui, mais justement, donc si on persiste
01:09:36 ces signes, il faut que ça aille avec la sécurité aussi.
01:09:38 - Bon. Dernier mot et on parle de l'opération
01:09:40 Place Nette. - D'autres cas éventuellement, un autre risque
01:09:42 que celui de la cérémonie en même temps.
01:09:44 C'est-à-dire que la mobilisation absolue
01:09:46 des forces sur un événement en particulier,
01:09:48 mécaniquement, elle entraînera une moindre mobilisation.
01:09:50 - Évidemment. - Ailleurs et à d'autres
01:09:52 moments, puisque les forces de l'ordre ne peuvent pas
01:09:54 être surmobilisées. - Je crois que vous allez avoir
01:09:56 un pic historique
01:09:58 de cambriolages le soir du 26 juillet.
01:10:00 Parce que vous aurez tous les policiers de France
01:10:02 qui sont sur les quatre scènes. Et puis derrière,
01:10:04 je peux vous dire que les... - C'est marrant, cette
01:10:06 fascination française pour l'échec.
01:10:08 - C'est vrai. - C'est vrai, en fait.
01:10:10 - C'est l'esprit Poulidor. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
01:10:12 - Ah ouais, mais c'est là, au secours de la,
01:10:14 le syndrome Poulidor. - Moi, je suis sûr qu'il n'y aura pas... - Jean-Christophe, juste.
01:10:16 Emmanuel Macron avait répondu
01:10:18 à cette question, parce qu'elle avait été posée. - Il vaut mieux prévenir que guérir,
01:10:20 M. Guyver. - Il y a trois mois, il y a six mois,
01:10:22 où il avait dit "on a un plombé,
01:10:24 et si on estime que la menace
01:10:26 est trop importante..." - C'est quoi, le plombé?
01:10:28 - C'est le stade de France.
01:10:30 - C'est un concert d'Aya Nakamura au stade de France.
01:10:32 - Voilà. - C'est pas mal. - Est-ce que vous vous rendez
01:10:34 compte, quand même, que si on en était là,
01:10:36 si on en était à ce que les autorités politiques,
01:10:38 parce qu'effectivement, ce sont elles
01:10:40 qui décideront, décident
01:10:42 d'aller au stade de France et de renoncer
01:10:44 à cette ouverture,
01:10:46 ça serait une victoire du terrorisme?
01:10:48 - Oui.
01:10:50 - Pour appeler les choses par leur nom. - Oui, oui, mais
01:10:52 encore une fois, c'est pas...
01:10:54 - C'est de renoncer à avoir une cérémonie d'ouverture.
01:10:56 - Oui. - Ah bah si vous renoncez
01:10:58 à la cérémonie d'ouverture telle qu'elle a été
01:11:00 prévue, parce que vous ne sentez pas
01:11:02 en situation d'assurer la sécurité,
01:11:04 c'est une bêtise. - Mais parce que c'est insécurisable
01:11:06 une cérémonie comme ça, tout simplement.
01:11:08 Et c'est pour ça que personne ne l'a jamais fait.
01:11:10 Parce que ça n'a pas de sens, en fait, de mettre
01:11:12 des centaines de milliers de personnes sur six kilomètres.
01:11:14 - C'est pas de la mienne, en fait. - Ça n'a jamais été fait.
01:11:16 - Les Britanniques ont fait, pour le jubilé
01:11:18 de la Reine d'Angleterre, pas le dernier
01:11:20 avant sa mort, mais ses soixante
01:11:22 ans de règne. - Oui, enfin je crois qu'il y avait
01:11:24 une personnalité qui défilait. Il n'y avait pas
01:11:26 cinq mille athlètes. - Il y avait une parade sur
01:11:28 l'ensemble de la Tamise avec...
01:11:30 - On peut imaginer qu'ils ont... - Opération
01:11:32 Place Nette. - C'est qu'il y a quand même une petite chance
01:11:34 que ça réussisse. - Les opérations Place Nette
01:11:36 se poursuivent, on croise les doigts pour que ça réussisse
01:11:38 et que ce soit une belle cérémonie, évidemment.
01:11:40 - Un peu d'optimisme. - Nous ne souhaitons pas être des oiseaux de mauvais augure.
01:11:42 - Un peu d'optimisme, Julien.
01:11:44 - C'est ce qui me caractérise.
01:11:46 - On croise les doigts... - Non, parce que je ne voudrais pas
01:11:48 que ça finisse à la cigale
01:11:50 ou dans... - Non, mais on sait que ça sera un échec
01:11:52 de toute façon, parce qu'on n'aura pas beaucoup de médailles, mais on n'est pas...
01:11:54 - Allez, on y va ! Je me fais
01:11:56 guirlander dans l'oreille, là.
01:11:58 Six minutes, s'il vous plaît ! Les opérations Place Nette
01:12:00 se poursuivent. Cette fois, c'est dans le nord de la France
01:12:02 qu'elles se sont déroulées, dans plusieurs
01:12:04 villes, sous l'aide du ministre de l'Intérieur.
01:12:06 Récapitulatif avec Mikaël Dos Santos.
01:12:08 - Un chien renifleur, de la drogue
01:12:12 et des trafiquants interpellés.
01:12:14 L'opération Place Nette XXL
01:12:16 a débuté ce lundi à Roubaix.
01:12:18 Ici, comme dans d'autres villes françaises,
01:12:20 policiers et gendarmes s'attaquent
01:12:22 au point de deal. Des immeubles,
01:12:24 des gares, des commerces où se trouvent
01:12:26 des stupéfiants, des armes, de l'argent.
01:12:28 Un travail tentaculaire, selon
01:12:30 le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
01:12:32 - Nous luttons contre une pieuvre
01:12:34 dont on doit pas simplement couper les pattes,
01:12:36 mais atteindre la tête, pour éviter qu'ils aient
01:12:38 trop d'argent, qu'ils aient trop de pouvoir,
01:12:40 qu'ils puissent ensuite faire des investissements
01:12:42 au billet, avoir des entreprises, et ensuite
01:12:44 menacer l'ordre établi,
01:12:46 c'est-à-dire l'Etat.
01:12:48 - Sous l'oeil des dealers, la plupart des riverains
01:12:50 sont surpris par cette opération Place Nette.
01:12:52 Ils décrivent même un cadre quasi-idyllique.
01:12:54 - C'est calme.
01:12:56 Il y a des jeunes, franchement,
01:12:58 ils sont agréables, ils sont gentils.
01:13:00 Toujours bonjour, du respect,
01:13:02 jamais de soucis.
01:13:04 - C'est le partage, c'est la générosité,
01:13:06 c'est pas Chicago ou New York,
01:13:08 comparé à Marseille, c'est les tuches ici.
01:13:10 - Seuls quelques habitants
01:13:12 osent prendre la parole.
01:13:14 - On a toujours peur d'être bousculés,
01:13:16 parce que ça court dans tous les sens, ça crie.
01:13:18 Un coup de pied dans la fourmilière, ça fait du bien.
01:13:20 Et à refaire souvent.
01:13:22 - Dans le cadre de ces opérations
01:13:24 Place Nette XXL,
01:13:26 850 personnes sont visées par la justice
01:13:28 au niveau national.
01:13:30 Pour le moment, près d'un quart d'entre elles
01:13:32 ont été interpellées.
01:13:34 - C'était aux 20h de France de ce soir.
01:13:36 Écoutez-le.
01:13:38 - Et on est à 496 interpellations ce soir.
01:13:40 - Ça a beaucoup augmenté ce matin.
01:13:42 - Parce que le RAID, la BRI,
01:13:44 le GIGN, la police judiciaire
01:13:46 ont fait leur travail.
01:13:48 On a interpellé des personnes
01:13:50 qu'on a souvent mis sous écoute,
01:13:52 sous technique de renseignement,
01:13:54 on a fait les dossiers en amont avec la justice,
01:13:56 on va continuer à le faire.
01:13:58 Demain, il y aura d'autres communes qui seront concernées.
01:14:00 Et nous allons continuer notre lutte contre la drogue,
01:14:02 qui d'ailleurs, pour faire le lien avec votre première partie,
01:14:04 finance souvent le terrorisme dans l'argent sale
01:14:06 qui circule. Donc en luttant contre la drogue,
01:14:08 on lutte pour la tranquillité des Français, avec beaucoup de fermeté.
01:14:10 Mais on évite aussi le financement
01:14:12 et la circulation des armes pour le terrorisme.
01:14:14 - Jean-Christophe Kouvis, ces opérations Place Nette
01:14:16 qui se multiplient pour tenter de lutter contre les trafics
01:14:18 travaillent de très longue haleine pour les policiers sur le terrain.
01:14:20 Les résultats sont là, les interpellations.
01:14:22 Mais le trafic perdure, progresse.
01:14:24 Et j'ai le sentiment que c'est très énergivore
01:14:26 pour les forces de l'ordre également.
01:14:28 - Alors, l'estupe, c'est le premier marché criminel au monde.
01:14:30 Donc forcément,
01:14:32 il faut y mettre
01:14:34 beaucoup d'énergie.
01:14:36 Quand on investit un quartier,
01:14:38 on y arrive en nombre, parce qu'il faut,
01:14:40 encore une fois, c'est l'encerclement, la tenaille.
01:14:42 Et puis on interpelle à tout va.
01:14:44 Mais en même temps, on avait aussi des...
01:14:46 - Et ce qui nous intéresse, c'est la suite de l'opération.
01:14:48 La réponse de la justice.
01:14:50 Par exemple, il y a eu, combien, plusieurs dizaines
01:14:52 d'interpellations à Marseille ?
01:14:54 Qu'est-ce qu'ils sont devenus, ces interpellés ?
01:14:56 - Moi, j'ai pas le rétexte, le retour d'expérience.
01:14:58 Mais j'aimerais bien savoir, justement,
01:15:00 ce que vont devenir toutes ces personnes qu'on interpelle.
01:15:02 La justice, encore une fois,
01:15:04 en fait, on travaille par cylindre.
01:15:06 C'est-à-dire par tuyau d'orgue.
01:15:08 Il y a, d'un côté, la police qui se donne, effectivement,
01:15:10 des objectifs chiffrés.
01:15:12 Alors, ça m'a toujours étonné, mais bon, c'est chiffré.
01:15:14 Il faut faire du chiffre. En même temps,
01:15:16 on a quand même des cibles, parce que ça fait depuis quelques mois
01:15:18 qu'on a les cellules de renseignements opérationnels,
01:15:20 notamment des estupéfiants,
01:15:22 qu'on appelle les crosses,
01:15:24 qui sont là pour identifier les vendeurs,
01:15:26 les têtes de réseau et remonter les réseaux.
01:15:28 Donc là, on intervient, on donne le coup d'envoi.
01:15:30 Après, il y a la justice
01:15:32 qui, effectivement, on va devoir instruire.
01:15:34 Parce que nous, en fait,
01:15:36 on remet juste la personne
01:15:38 avec les procès verbaux,
01:15:40 on monte le dossier.
01:15:42 Et maintenant, après, c'est plus à nous
01:15:44 de décider ce qu'ils vont devenir.
01:15:46 - J'ai entendu quelqu'un dire aujourd'hui, les dealers,
01:15:48 qu'ils vont pas faire ces opérations placenet, parce qu'ils savent que le lendemain,
01:15:50 ils seront de retour. - Non, mais ils vont pas dire autre chose.
01:15:52 En même temps, ils peuvent pas dire "ça nous fait super mal".
01:15:54 Effectivement, là, vous les pénalisez
01:15:56 financièrement, c'est une entreprise.
01:15:58 Et donc, forcément, il y a des revenus en moins.
01:16:00 Ils en avaient quand même de côté. Il y a des revenus en moins.
01:16:02 Maintenant, ce qu'il faut, c'est assécher
01:16:04 l'arrivée de la drogue.
01:16:06 Parce que là, il y a encore une fois les punitions.
01:16:08 Qu'est-ce qu'on va faire de ces gens-là ?
01:16:10 Tant mieux, j'espère qu'ils vont aller en prison.
01:16:12 Ils vont se faire des prisons dans le Larzac,
01:16:14 bien abandonnées de tout le monde, en plein milieu.
01:16:16 On met des brouilleurs. Et là, par contre,
01:16:18 quand ils vont faire leur 20 ans, ils vont faire leur 20 ans.
01:16:20 Mais en fait, c'est... Aujourd'hui,
01:16:22 - 53 000 téléphones saisis
01:16:24 dans les prisons en 2023.
01:16:26 J'ai entendu ça aujourd'hui. - Déjà,
01:16:28 il faut voir aussi le nombre de
01:16:30 surveillants pénitentiaires qui sont pas assez.
01:16:32 Ils ne sont pas assez. Donc, en fait, il y a un "achat de paix sociale"
01:16:34 où, oui, je pense que
01:16:36 des fois, on ferme les yeux pour pas que les prisons se révoltent.
01:16:38 On en est là, aujourd'hui, en France.
01:16:40 Donc, malheureusement,
01:16:42 les têtes d'affiches
01:16:44 et les dealers continuent leur petit marché,
01:16:46 leur business. Entre guillemets, quand ils font
01:16:48 la prison, ils payent la TVA.
01:16:50 Voilà, c'est une façon de payer... - Concrètement, Jean-Christophe,
01:16:52 pardon, mais comment, vous, vous les percevez,
01:16:54 ces opérations placenet ? C'est juste de la com
01:16:56 ou on envoie de vrais signaux et une vraie intention ?
01:16:58 - Alors, un peu des deux. C'est-à-dire qu'il y a quand même
01:17:00 de la com parce qu'effectivement, quand on débarque
01:17:02 avec des caméras, c'est pas pour rien. C'est pour montrer
01:17:04 que la France avance,
01:17:06 le gouvernement avance et l'État avance.
01:17:08 Après, nous, on préfère travailler ça
01:17:10 en caméra parce que c'est plus facile,
01:17:12 parce que, je veux dire, quand on
01:17:14 travaille, quand on est policier, on travaille
01:17:16 plutôt en sous-marin,
01:17:18 on interpelle et puis c'est plus facile
01:17:20 que quand il y a toutes les caméras partout, là,
01:17:22 où ça fait un peu de buzz.
01:17:24 J'ai toujours été un peu gêné par rapport à ça.
01:17:26 Mais après, effectivement, c'est...
01:17:28 On n'a pas assez d'effectifs
01:17:30 pour garder le terrain. Parce que là, aujourd'hui,
01:17:32 on va rester là 15 jours, 3 semaines,
01:17:34 on fait le ménage, on redonne de la vie aux gens,
01:17:36 les gens sont contents, ils ressortent, ils voient plus de
01:17:38 branleurs, il faut le dire, les jeunes voyous,
01:17:40 les JV, en bas des immeubles,
01:17:42 en train de squatter. Oui, c'est comme ça qu'on les appelle,
01:17:44 les JV. - Vous avez de la chance, il est tard.
01:17:46 - Mais il est tard, oui, mais... - Les enfants dorment.
01:17:48 - Mais c'est ce qui
01:17:50 agace les gens, en fait, parce
01:17:52 qu'ils ont envie de vivre tranquillement.
01:17:54 Et en fait, il y a toujours des gens,
01:17:56 en bas, des immeubles,
01:17:58 qui, justement, se subtilisent
01:18:00 à la République.
01:18:02 - Et d'ailleurs, vous parliez de communication,
01:18:04 le président de la République, qui lui, est à Guyane,
01:18:06 plaque tournante aussi de la drogue, comme chacun sait,
01:18:08 tweet sur ce sujet, il y a quelques
01:18:10 minutes seulement, 880 interpellations
01:18:12 et plus d'une tonne de cocaïne saisie,
01:18:14 100% contrôle à l'aéroport de Cayenne,
01:18:16 fonctionne, lutter contre les trafics
01:18:18 illicites et renforcer la sécurité régionale,
01:18:20 les résultats sont là, merci à nos forces qui
01:18:22 veillent. Moi, ce qui me gêne, c'est qu'à chaque
01:18:24 fois qu'on parle de ces sujets de trafic,
01:18:26 de placenet, d'efforts policiers
01:18:28 ou judiciaires, on repense
01:18:30 à ces magistrats marseillais qui nous rappelaient
01:18:32 encore il y a quelques jours que, malheureusement,
01:18:34 la bataille était perdue de leur point de vue.
01:18:36 10 secondes parce que je ralentis tout de suite.
01:18:38 - Un magistrat, par exemple, un juge d'instruction,
01:18:40 il a une centaine de dossiers à gérer.
01:18:42 Un policier à nos pégi, il a entre 200
01:18:44 et 300 dossiers dans son portefeuille.
01:18:46 Donc quand les magistrats veulent avoir
01:18:48 les policiers à leur
01:18:50 disposition pour continuer
01:18:52 les affaires et faire des perquisitions,
01:18:54 etc., les policiers sont sur d'autres missions.
01:18:56 Donc en fait, il y a un problème, comme je vous disais,
01:18:58 c'est qu'il n'y a pas de stratégie systémique.
01:19:00 Chacun y va de son côté.
01:19:02 Même s'il est proche de la discute avec les commissaires,
01:19:04 il faut une vraie stratégie.
01:19:06 La guerre n'est pas terminée,
01:19:08 la bataille continue.
01:19:10 - Merci à tous les cinq d'avoir participé à cette émission.
01:19:12 Sophia Rousseau, Jules Vittet,
01:19:14 Martin Mazur l'ont préparée.
01:19:16 C'était un plaisir de vous retrouver pour ce début de semaine.
01:19:18 On se retrouve bien sûr demain pour "Soir Info",
01:19:20 l'édition de la nuit avec Simon Guilain
01:19:22 dans une poignée de secondes. A demain, bonne nuit.
01:19:24 - C'est parti. - C'est parti.
01:19:25 ♪ ♪ ♪