• il y a 7 mois

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00:00 *Générique*
00:04 Et bienvenue dans les informés du matin jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Delis, toujours.
00:09 Bonjour Renaud.
00:10 Bonjour Salia.
00:10 Et autour de la table ce matin, Carole Barjon, éditorialiste politique à l'Obs.
00:15 Bonjour Carole.
00:15 Bonjour Salia.
00:16 Et à vos côtés, Jean-Jérôme Berthollus, éditorialiste politique. Bonjour Jean-Jérôme.
00:20 Renaud Delis, on commence tout de suite par ce proviseur de lycée parisien qui jette l'éponge.
00:25 Oui, menacé de mort pour avoir demandé, c'était à la fin du mois de février, à une élève de retirer son voile.
00:30 On a appris qu'hier, le proviseur du lycée Maurice Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris,
00:36 avait quitté ses fonctions pour raisons de sécurité.
00:38 Il a demandé sa retraite anticipée qui aurait dû normalement intervenir à la fin de cette année scolaire.
00:42 Cette demande a donc été acceptée par le rectorat de Paris.
00:46 Une affaire, une affaire de plus, qui a inspiré ce commentaire de la part de Yanis Roder.
00:53 Yanis Roder, enseignant et directeur de l'Observatoire de l'éducation à la Fondation Jean Jaurès.
00:57 C'est un spécialiste et un praticien de la laïcité à laquelle il a d'ailleurs consacré un ouvrage récemment,
01:02 "Préserver la laïcité aux éditions de l'Observatoire".
01:05 Cet enseignant, Yanis Roder, était l'invité de France Info ce matin.
01:09 Ce qui est sûr, c'est qu'il y a aujourd'hui une pression.
01:12 Une pression sur les chefs d'établissement, une pression sur les professeurs,
01:15 qui vient d'une certaine mouvance, disons-le très clairement, islamiste,
01:19 et que l'école doit aujourd'hui faire face à ces pressions.
01:23 La viralité des réseaux sociaux fragilise aujourd'hui la position des enseignants.
01:29 On peut, à partir d'une rumeur, fabriquer absolument n'importe quoi,
01:32 et donc menacer des enseignants.
01:34 Et je me permets de rappeler que l'assassinat de Samuel Paty est venu d'un emballement sur les réseaux sociaux.
01:40 D'un emballement sur les réseaux sociaux et d'un mensonge à l'époque.
01:42 C'était évidemment à l'automne 2020, tout le monde s'en souvient.
01:45 Yanis Roder qui précisait aussi que 56% des enseignants, selon une récente enquête,
01:50 reconnaissaient s'auto-censurer eux-mêmes, notamment en ce qui concerne un certain nombre de faits
01:55 liés à la religion, justement de peur de subir ces pressions.
01:59 Ce départ anticipé du proviseur du lycée Maurice Ravel,
02:02 est-ce que c'est un aveu d'échec supplémentaire de l'éducation nationale ?
02:06 Rappelons que le ministère, la ministre de l'éducation nationale, Nicole Belloubet,
02:10 s'était déplacée, avait affiché son soutien,
02:12 mais finalement il est donc contraint de jeter l'éponge à cause de ces menaces de mort
02:17 dont il était victime, en particulier sur les réseaux sociaux.
02:20 Carole Barjon ?
02:21 Moi je trouve, d'abord cette affaire est extrêmement choquante,
02:26 je trouve pour avoir entendu Yanis Roder tout à l'heure sur votre antenne,
02:31 que sa réponse je trouve n'est pas à la hauteur de l'événement.
02:35 C'est vrai qu'il y a un problème, il met beaucoup l'accent sur les réseaux sociaux.
02:39 Il a raison, c'est un vrai sujet puisque c'est par là que passent les menaces de mort.
02:44 Mais, qu'on en arrive, alors que la ministre de l'éducation nationale, Nicole Belloubet,
02:52 s'était rendue au lycée Maurice Ravel il y a quelques semaines,
02:55 qu'elle avait parlé de boucliers de protection, et que toutes les mesures étaient prises, etc.
03:00 Et qu'à la fin, cette affaire se termine par un départ à la retraite anticipée de ce proviseur,
03:07 il y a quelque chose qui ne va plus du tout là.
03:11 On se rend compte parce qu'au fond, ça révèle d'abord l'impuissance de l'éducation nationale
03:16 à régler ce type de problème.
03:19 Et bon...
03:21 La première réaction du rectorat a été d'évoquer des convenances personnelles.
03:25 Non, j'entends bien, mais ça pose quand même un petit problème d'autorité.
03:31 Bon, au fond, c'est le proviseur qui est obligé de partir,
03:36 alors que c'est une élève qui a enfreint la loi.
03:39 Donc là, il y a quand même peut-être un petit problème et une légère inversion des conséquences.
03:45 Par ailleurs, est-ce qu'on se rend bien compte du message que l'éducation nationale envoie
03:52 à travers l'issue de cette affaire à tout le corps enseignant ?
03:56 C'est, bon, finalement, il n'y a pas grand-chose à faire, rien à faire d'autre qu'à démissionner,
04:01 et éventuellement, choisir de ne pas exercer ce métier, puisqu'on n'est plus protégé.
04:09 Alors même qu'on est confronté à un problème de recrutement de professeurs et de proviseurs dans l'éducation nationale.
04:16 Enfin, tout ça est assez franchement navrant.
04:19 Un proviseur qui doit démissionner face aux menaces, on continue d'en parler juste après le Fil info.
04:24 À 9h10, Mathilde Romagnon.
04:26 La meilleure manière de régler le problème du déficit public, c'est de réindustrialiser,
04:32 affirme ce matin Roland Lescure, le ministre délégué à l'Industrie.
04:35 Il était l'invité du 8.30 France Info. Des propos en contradiction avec la rigueur affichée par Gabriel Attal hier,
04:43 face aux déficits publics de la France, plus importants que prévus.
04:47 Levé ce matin, Détroit garde à vue dans l'enquête sur la disparition de Lina,
04:51 deux hommes et une femme interpellés hier pour vérifier des incohérences dans leurs emplois du temps.
04:55 Ils sont remis en liberté. L'adolescente de 15 ans est introuvable depuis 6 mois en Alsace.
05:02 Le porte-conteneur qui a provoqué l'effondrement du pont de Baltimore aux Etats-Unis était bien aux normes.
05:07 Il avait passé avec succès deux inspections l'an dernier.
05:11 Hier matin, il est entré en collision avec un pont autoroutier.
05:14 Six personnes portées disparues sont désormais présumées mortes.
05:18 C'est une première pour un pays d'Asie du Sud-Est.
05:21 En Thaïlande, les députés ont voté aujourd'hui en faveur d'une loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe.
05:27 Une avance importante, mais le texte doit encore passer devant le Sénat avant d'être promulgué.
05:32 (Générique)
05:44 De retour sur le plateau des informés avec Renaud Delis, avec Carole Barjon, éditorialiste politique à l'Obs.
05:49 Jean-Jérôme Berthelus, éditorialiste politique, on parlait de cette affaire, de ce proviseur parisien,
05:55 d'un lycée parisien qui a donc quitté ses fonctions suite à des menaces.
06:00 La première réaction du rectorat a été d'évoquer des convenances personnelles.
06:04 Est-ce que c'est de la prudence, Jean-Jérôme ?
06:07 La prudence, je vous laisse ce mot, ce qui est absolument, ça vient d'être dit, effectivement,
06:12 ce qui est absolument choquant, triste, c'est qu'il ait dû démissionner.
06:15 Et lui, il le dit très clairement, il a démissionné pour des raisons de sécurité.
06:19 Lui, il est clair. Mais oui, il est clair par rapport au rectorat.
06:23 Et vous savez, le premier sentiment aujourd'hui des chefs d'établissement et des professeurs, c'est la solitude.
06:32 La solitude et la peur. La peur, ça a été très clairement mis en avant par la commission d'enquête
06:39 qu'il y a eu au Sénat à la demande de la sœur de M....
06:43 - Samuel Paty. - Voilà.
06:45 Et cette commission d'enquête, par exemple, a anonymisé, c'est-à-dire que les témoignages
06:51 devant cette commission d'enquête étaient anonymes.
06:54 Et qu'est-ce qu'ont dit les rapporteurs en particulier ?
06:56 Laurent Laffont, l'un des co-rapporteurs, c'est qu'il a dit,
06:59 "Moi, il y a un an, avant cette commission d'enquête, j'aurais jamais parlé de la peur."
07:04 Eh bien aujourd'hui, les enseignants et les proviseurs, ils ont peur.
07:08 Avec quand même un petit mot, Salia, si vous me le permettez, c'est que ça va au-delà, également, de la laïcité.
07:16 Il y a aujourd'hui une tension dans les établissements scolaires qui ne...
07:22 Il y a bien sûr des problèmes de laïcité, mais pas que.
07:24 Je rappelle qu'au moment de l'affaire Maurice Ramel,
07:27 il y a eu trois incidents très graves dans des établissements en France.
07:32 Un autre à Paris, à la cité éducative François Villon,
07:35 l'approviseur s'est fait menacer de mort par un père dont l'élève avait été exclu.
07:40 Et à Dijon, l'approviseur a été menacé par un couteau.
07:44 En quelques semaines, il y a plus d'une centaine de proviseurs qui ont défilé à Paris.
07:49 Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, eh bien les profs, les proviseurs, ils se sentent seuls.
07:53 Et vous avez tout à fait raison de rappeler que l'Éducation nationale dit "on va faire de l'école un sanctuaire".
07:59 La ministre, elle passe, elle repart et rien ne se passe.
08:03 – Mais, pardon, Bruno ?
08:05 – Vous ne me posez pas la question, Salia, mais je vais vous donner ma réponse quand même,
08:08 sur la réaction du rectorat à convenance personnelle.
08:11 Vous avez dit au départ que cette décision a été prise par le proviseur pour préconance personnelle.
08:16 Est-ce que c'est de la prudence ? Non, je ne pense pas que ce soit de la prudence, c'est de la lâcheté.
08:20 C'est de la lâcheté qui illustre justement à quel point, même lorsque le gouvernement,
08:25 même lorsque la ministre de l'Éducation nationale affiche sa fermeté, son soutien, etc.
08:30 Et Gabriel Attal, lors de son bref passage au ministère de l'Éducation nationale,
08:33 a été extrêmement ferme, justement, et clair sur la défense de la laïcité.
08:37 Eh bien, il y a toute une partie de l'administration,
08:39 et cette expression utilisée par le rectorat en témoigne,
08:42 qui est toujours, qui continue de cultiver ce fameux syndrome du "pas de vagues",
08:45 de mettre la poussière sous le tapis, de ne pas mettre de l'huile sur le feu,
08:50 comme si le problème c'était l'huile et pas le feu.
08:52 Le feu en question, effectivement, Yanis Roder le citait dans l'extrait qu'on a diffusé,
08:55 c'est la pression née de l'islamisme qui tente, effectivement, de briser, de casser la laïcité.
09:01 Alors Yanis Roder distinguait deux éléments, c'est ce qu'il faisait dire à Carole Barjon.
09:04 Je vous cite que sa réponse n'était peut-être pas à la hauteur, selon vous.
09:07 C'est parce qu'il y a le cas personnel du proviseur.
09:10 On ne peut pas juger de la décision de quelqu'un qui subit des menaces et des menaces de mort.
09:15 On ne peut pas maintenir en poste contre son gré.
09:17 Juste un dernier point, Carole, on ne peut pas maintenir en poste contre son gré
09:20 un enseignant ou un proviseur qui décide de jeter l'éponge, c'est ô combien compréhensible.
09:25 Mais en revanche, le danger, la menace est clairement désignée.
09:30 Et face à ça, il ne suffit pas, on le constate avec cette affaire,
09:33 que l'Etat soit clair, que la loi soit claire, et désormais que les politiques soient claires.
09:41 Il faut aussi que culturellement, l'institution scolaire,
09:45 donc en l'occurrence je parle notamment des rectorats et autres,
09:47 mais aussi que les familles, c'est-à-dire que ça ne concerne pas que les enseignants,
09:52 brisent cet isolement dont ils se sentent effectivement victimes.
09:56 D'abord, il faut rappeler, d'accord, c'est lui qui a pris cette décision pour convenant personnel,
10:01 mais s'il y a été…
10:02 – Non, non, non, pas pour convenance personnel, il a pris cette décision pour raison de sécurité.
10:04 – Pour raison de sécurité, absolument.
10:05 – Parce qu'il était menacé par des pressions islamistes qui avertissaient des menaces de mort.
10:09 – Et s'il y a été conduit, c'est bien parce qu'il ne se sentait pas en sécurité.
10:13 – Mais on ne peut pas lui reprocher, à lui personnellement, de jeter l'éponge.
10:17 – Jamais de la vie, jamais de la vie, bien sûr.
10:19 Mais donc il a été conduit à prendre cette décision
10:21 parce qu'il avait peur et qu'il ne se sentait pas en sécurité.
10:23 Donc la question qui est posée en réalité, c'est,
10:26 est-ce que l'éducation nationale a vraiment les moyens de faire respecter la loi
10:33 et est-ce que ça ne devrait pas revenir peut-être à une autre institution ?
10:39 Parce qu'on comprend bien qu'un établissement scolaire peut faire respecter un règlement intérieur
10:46 puisqu'ils ne sont pas forcément tous les mêmes dans tous les établissements.
10:51 Mais là c'est une loi nationale et pour faire respecter une loi nationale,
10:56 est-ce que c'est l'éducation nationale avec ses effectifs,
10:59 les proviseurs eux-mêmes, qui doivent le faire ?
11:01 C'est une vraie question.
11:02 – Alors Carole, vous voulez amener des policiers dans les établissements ?
11:04 – Non mais effectivement, voilà, c'est tout le problème, on va dire,
11:07 bon alors on ne va pas ramener des cartes de police dans tous les établissements.
11:11 Mais la vérité c'est qu'on constate que l'éducation nationale
11:15 n'a pas les moyens de faire respecter la loi, c'est quand même un problème.
11:18 – Jean-Jérôme.
11:19 – Moi, je me suis entretenu avec différents membres du co-enseignant ces derniers temps,
11:24 ce qui ressort c'est que quand même l'éducation nationale a beaucoup évolué
11:28 depuis les attentats en France, notamment en termes de réactivité
11:32 des autres institutions, on va dire, de la République,
11:35 que ce soit l'intérieur, la police ou la justice.
11:38 Mais il y a quelque chose que vous n'évoquez pas,
11:40 par exemple, Pernod Hély, quand vous dites la culture par rapport effectivement à la laïcité,
11:46 quelque chose qui n'est pas évoqué, c'est le fait qu'en France,
11:50 on a quand même une absence de mixité sociale dans les établissements,
11:56 qui, de la part même d'un proviseur, me disait,
11:59 à partir du moment où on crée complètement de l'entre-soi,
12:02 et bien cet entre-soi, ça permet à des élèves de sortir du cadre de la République,
12:07 puisque finalement, les règles, ce sont nos règles.
12:10 Et effectivement, dans certains établissements,
12:13 les proviseurs et les professeurs sont vus comme des représentants d'un autre monde,
12:18 l'autre monde, c'est la République, mais il y a une telle homogénéité par le bas,
12:24 mais quelquefois, on l'a vu dans une affaire récente par le haut,
12:27 il y a des ghettos de pauvres, il y a des ghettos de riches,
12:30 qu'effectivement, il y a des établissements où les règles de la République,
12:34 eh bien, sont mises en cause.
12:35 – Mais est-ce que le manque de mixité justifie cela ?
12:37 – Non mais attendez, il y a des ghettos de riches et des ghettos de pauvres,
12:39 je rejoins totalement, je rejoins bien entendu de ce point de vue-là,
12:41 il y a un problème de mixité sociale à l'école, nous sommes tous d'accord,
12:44 il faut évidemment aller vers davantage de mélange, davantage de mixité sociale,
12:47 il faut briser les ghettos, que ce soit des ghettos de riches,
12:50 comme vous le disiez, ou des ghettos de pauvres.
12:51 Dans les ghettos de riches, il n'y a pas de menaces de mort
12:54 qui sont inspirées justement par cette promiscuité sociale, si j'ose dire.
12:58 – Je ne dis pas ça.
12:58 – Ce que je veux dire, c'est que la nature des conséquences,
13:02 y compris sur la vie des enseignants, rappelons qu'il y a quand même eu
13:05 deux enseignants qui ont été assassinés,
13:07 il y a quelques années, dans ce pays, par des terroristes islamistes,
13:09 Samuel Paty et Dominique Bernard,
13:11 je ne pense pas qu'on puisse mettre exactement sur le même plan
13:14 les deux configurations.
13:15 – Je ne dis pas ça, mais parlons de la mixité en bas,
13:17 parlons dans les établissements.
13:18 – Bien sûr, je pense que résoudre la mixité ne résoudra pas
13:20 le problème de la pression islamiste.
13:22 – C'est déjà l'une des conditions.
13:23 – Dans un centre d'établissement.
13:24 – De la part même des professeurs et des proviseurs.
13:26 – Juste un dernier point, pour ne pas noircir le tableau,
13:28 on mesure, puisque là où vous avez raison,
13:29 là où je vous rejoins sur cette nécessité de briser l'entre-soi,
13:33 comme vous disiez, et la principale mesure, le principal outil
13:36 qui a permis justement l'émancipation, c'est la loi de 2004
13:39 sur l'interdiction des signes ostentatoires religieux à l'école,
13:43 qui a été effectivement une loi qui, à l'époque, avait été très contestée,
13:47 qui finalement a été une loi extrêmement efficace.
13:49 Je renvoie par exemple au travail d'Éric Morin, économiste et sociologue,
13:52 qui a publié il y a trois ans un livre passionnant
13:54 qui est une étude sur les résultats de cette loi,
13:56 ça s'appelle "Trois leçons sur l'école républicaine"
13:58 et il montre en particulier, à travers une étude exhaustive,
14:01 la hausse du taux de diplômés chez les jeunes filles musulmanes
14:05 dès lors que la loi de 2004 a été mise en œuvre,
14:07 et elle a été mise en œuvre dans l'écrasante majorité des cas,
14:10 fort heureusement, de façon apaisée.
14:12 Et il note dans cette étude une amélioration spectaculaire,
14:15 massive, durable des performances scolaires
14:17 qu'on ne retrouve pas chez les jeunes garçons de culture musulmane justement.
14:21 Et ça, c'est l'impact direct de cette loi, qui a été une grande loi républicaine,
14:25 qu'il faut effectivement défendre parce qu'elle est synonyme d'émancipation
14:29 et précisément de briser l'entre-soi, y compris l'entre-soi culturel ou religieux.
14:34 - Mais les amicités sociales...
14:36 - D'ailleurs, dans un récent rapport sénatorial,
14:38 les sénateurs préconisent peut-être, par exemple, enfin, entre autres mesures,
14:42 de faire signer aux parents, à chaque rentrée scolaire,
14:45 une charte dans laquelle ils expliquent que la loi doit être respectée
14:53 et que le contenu des enseignements ne se conteste pas.
14:56 Bon, ça n'empêchera pas forcément les réseaux sociaux de continuer à s'animer,
15:03 mais il faut peut-être sensibiliser les parents de manière plus forte.
15:07 - Jean-Jérôme ?
15:08 - Mais, vraiment, moi, je vous rejoins tout à fait.
15:11 C'est-à-dire que là, ce qui vient de se passer à Ravel est très grave,
15:14 à la fois parce qu'on a eu toutes les conditions,
15:16 exactement comme dans l'assassinat de Michael Paty, c'est-à-dire qu'il y a eu une...
15:20 - Samuel.
15:21 - Samuel Parti, je parle de sa soeur, pardon.
15:23 Il y a eu une fake news, il y a eu une pression sur le provisoire, c'est les mêmes.
15:28 Il y a vraiment un drame.
15:30 Et puis, quelle impuissance de la part de l'éducation nationale.
15:33 Donc, il y a un moment où, effectivement, l'éducation nationale va devoir prendre à bras le corps.
15:40 Et c'est...
15:40 Il y a vraiment une réforme de l'éducation nationale à faire,
15:43 et pas seulement sur cette question très acérée de la laïcité.
15:48 - Gabriel Etal devrait donc s'en charger, puisqu'il a dit qu'il prenait l'éducation nationale avec lui.
15:52 Mathignon, je vous propose de faire une petite pause.
15:54 On revient juste après.
15:54 Le Fil info de Mathilde Dormagnon à 9h22.
15:58 - Les catastrophes climatiques ont coûté 6,5 milliards d'euros aux assureurs l'an dernier.
16:03 France Assureur alerte sur un changement d'échelle de ces phénomènes.
16:07 "Nous franchissons des paliers successifs dans le coût du risque climatique", a dit sa présidente.
16:13 Un séminaire sur le travail à Mathignon aujourd'hui,
16:15 sur fond de rigueur après le dérapage inédit du déficit public de la France.
16:20 "Plus nous aurons de Français qui travaillent,
16:22 plus nous aurons de possibilités d'équilibrer nos finances", a déclaré hier le Premier ministre.
16:28 Les trois gardes à vue dans l'enquête sur la disparition de Lina ont été levés ce matin.
16:32 L'adolescente de 15 ans a disparu en septembre dernier dans le Barin.
16:36 Ces trois personnes ont été interpellées hier.
16:38 Les enquêteurs voulaient en fait vérifier des incohérences dans leurs emplois du temps.
16:43 Les supporters du PSG et de Nantes interditent de déplacement à Marseille et à Nice ce week-end.
16:49 Selon le ministère de l'Intérieur, il y a un risque sérieux d'affrontement entre supporters.
16:54 Paris se rend à Marseille dimanche pour le classique de Ligue 1 de football
16:58 et Nantes se rend à Nice dimanche également.
17:00 Et nous sommes toujours avec Carole Barjon, éditorialiste politique à l'Obs,
17:14 avec Jean-Jérôme Berthelius aussi éditorialiste politique.
17:17 Et Renaud Delis, le mot a été lâché hier, le mot "réquisition" pour passer à une économie de guerre.
17:22 "Réquisition" effectivement, le mot a été lâché par le ministre des Armées Sébastien Lecornu,
17:26 qui a donc haussé le ton à l'endroit des industriels pour accélérer la production,
17:31 les cadences de production d'un certain nombre de matériels militaires et de livraison aussi.
17:35 Il a annoncé qu'il n'était pas impossible que l'État impose à ces industriels des réquisitions.
17:41 Il l'a fait d'ailleurs lors d'une conférence de presse inédite hier,
17:44 en présence de tous les chefs d'État-major.
17:46 Pour la première fois, je n'exclue pas d'utiliser ce que la loi permet aux ministres
17:52 et aux délégués généraux pour l'armement de fer,
17:54 c'est-à-dire si le compte n'y était pas en matière de cadence de production et de délai de production,
17:59 c'est-à-dire de faire des réquisitions, le cas échéant, ou de faire jouer le droit de priorisation.
18:06 – Alors priorisation, ce serait justement les industries qui produisent aussi pour le civil,
18:09 qui devraient produire en priorité pour le militaire, en quelque sorte, pour le secteur militaire.
18:14 Pourquoi une telle menace agitée aujourd'hui par Sébastien Lecornu ?
18:17 Pour aider davantage l'Ukraine, certes, mais au-delà d'ailleurs,
18:20 est-ce que ce n'est pas aussi pour participer de façon un peu plus efficace et rapide au réarmement ?
18:27 On connaît l'effort de défense qu'a engagé la France dans le contexte géopolitique actuel.
18:33 – Réquisition, ça sonne comme une menace ça, Carole Marjan ?
18:37 – Oui, enfin oui, ça sonne l'alerte, et manifestement,
18:44 ce que cherche à faire le ministre de la Défense, c'est inciter les industriels à produire plus vite,
18:53 pour aider l'Ukraine, et il y a urgence.
18:58 La question c'est que, est-ce que les industriels, comment dire, rechignent ?
19:05 – Est-ce que c'est une question de volonté ou alors de moyens ?
19:08 – Oui, c'est ça, c'est ce qu'il a l'air de dire,
19:12 mais effectivement, on sait, ce que les experts le rappellent,
19:18 que pour les industriels, il n'y a pas de souci,
19:22 éventuellement si on veut augmenter les cadences, produire plus de canons César,
19:27 d'ailleurs c'est déjà le cas je crois, mais il leur faut des contrats,
19:33 il leur faut des contrats et donc que l'État leur fasse des contrats.
19:36 – La commande publique a augmenté.
19:37 – La commande publique, oui.
19:38 – À la quadruplée.
19:39 – Mais donc ça veut dire beaucoup d'argent,
19:42 et actuellement il y a un autre sujet sur la table qui est…
19:47 – Les finances publiques qui vont pas très bien.
19:48 – Qui sont les finances publiques, la rigueur, etc.
19:52 Donc là il y a comme une sorte de contradiction,
19:56 parce que les industriels, si on leur demande par exemple
20:01 de modifier une chaîne de fabrication, ça veut dire des gros investissements,
20:05 parce que ça ne se change pas comme ça.
20:08 – Parce qu'il faut dire ce que c'est la réquisition,
20:10 c'est effectivement changer une ligne de production,
20:14 donc elles produisent des obus alors qu'elles produisaient autre chose avant,
20:17 et c'est aussi réquisitionner du personnel.
20:19 – Et dans le domaine civil également.
20:21 – Et dans le domaine civil, donc vraiment changer les fabrications.
20:24 – Il y a des industries qui produisent, à la fois dans le domaine militaire,
20:26 puis dans le domaine civil, et c'est un peu d'avoir différentes priorités.
20:31 C'est la même manière que le message d'Emmanuel Macron,
20:34 on va envoyer des troupes au sol en Ukraine,
20:37 il y a un petit côté "attention, réveillons-nous,
20:40 Français, réveillez-vous, on a changé de monde",
20:42 comme le dirait le chancelier allemand.
20:46 C'est à destination de l'Ukraine, parce qu'il faut l'aider,
20:49 et qu'on a déjà du mal à réunir les 3 milliards promis par Emmanuel Macron,
20:52 et effectivement vous le disiez, dans un contexte budgétaire
20:54 qui n'est pas terrible, terrible, mais c'est aussi simplement
20:57 parce que pendant la guerre, les affaires continuent.
21:00 Je vous rappelle que la France est le troisième exportateur mondial d'armes
21:04 que les pays de l'Est, les pays de Balte, eux-mêmes,
21:07 ils s'arment effectivement par rapport à la menace russe,
21:10 et Sébastien Lecornu l'a très bien dit,
21:12 il y a des appels d'offres auxquels la France n'a pas pu répondre,
21:17 parce qu'effectivement l'industrie militaire est déjà à son maximum.
21:21 Vous le disiez, les canons César, je le rappelle,
21:24 on est passé de 2 canons César par mois,
21:26 canons César maintenant très connus de chaque Français,
21:30 avant la guerre en Ukraine, à 8 canons César.
21:32 Donc on voit bien que les industriels ont fait un effort.
21:35 - Ça va plus vite, mais pas assez vite selon le ministre.
21:36 - Voilà, donc là, Sébastien Lecornu,
21:38 il y a un message politique à l'égard de l'industrie,
21:41 il y a un message aussi politique à l'égard de nos autres partenaires européens
21:45 en disant "mobilisez-vous, et pourquoi pas,
21:48 à travers ce que souhaitait Emmanuel Macron,
21:51 c'est-à-dire un emprunt de 100 milliards destinés à la défense".
21:54 - Oui, on emprunte tous ensemble, la 27, 100 milliards
21:57 pour créer une Europe de la défense.
21:59 Bon, on va continuer à suivre le dossier.
22:00 Merci à tous les trois,
22:01 Carole Barjon, éditorialiste politique à l'Obs,
22:04 l'Obs qui consacre sa une cette semaine à un échange, un débat
22:08 entre la jeune journaliste Salomé Sakey
22:10 et l'ancien président de la République François Hollande,
22:13 le choc des générations.
22:15 - Voilà, le choc des générations.
22:16 - Échange à lire dans l'Obs cette semaine,
22:18 merci beaucoup Jean-Jérôme Berthelus,
22:20 éditorialiste politique d'être passé ce matin sur France Info,
22:23 merci à vous Renoni.
22:23 - Merci à vous, salut.
22:24 - Et les informations de retour ce soir
22:26 avec Bérenger Bonte à 20h.
22:28 [Musique]
22:30 [Musique]

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