L'invité du jour : urgences santé, avez-vous les bons réflexes ?

  • il y a 6 mois
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
Transcript
00:00 "Wake Up" de The Weeknd.
00:01 ...
00:04 -Bonjour, Loïc Etienne. -Bonjour.
00:07 -Vous êtes médecin urgentiste depuis plus de 40 ans.
00:10 Vous avez, par exemple, travaillé pour SOS Médecins.
00:14 Avant d'en dire plus sur ce livre épais et bien renseigné,
00:18 c'est un véritable dictionnaire,
00:20 quelle est la situation aux urgences en France actuellement ?
00:23 -Actuellement, c'est difficile.
00:25 Tout est encombré. Il n'y a pas que les urgences,
00:28 il n'y a pas que les urgences hospitalières.
00:31 Le 15 est encombré, les cabinets sont encombrés.
00:34 Il y a deux raisons.
00:35 D'une part, parce que le nombre de médecins diminue,
00:39 a diminué, et va aller en diminuant.
00:42 -Comment ça se fait que les jeunes,
00:44 aujourd'hui, ne soient pas tentés par les métiers de la santé ?
00:47 -C'est pas que ça.
00:50 Il y a eu des décisions qui ont été prises à une certaine époque
00:53 qui ont fait qu'on n'a pas augmenté le nombre de médecins
00:57 par rapport à... Face à ça,
00:58 vous avez une demande qui a augmenté.
01:00 D'une part, parce que les gens ont de plus en plus
01:04 ce recours à la médecine.
01:06 Il y a un consumérisme médical,
01:08 mais également parce qu'il y a une augmentation
01:10 des maladies chroniques, en particulier,
01:13 qui font qu'il y a de plus en plus de patients.
01:16 -Ca va pas très fort, parce qu'il y a une augmentation
01:19 de personnes dans les urgences, et parfois,
01:21 elles n'ont rien à y faire.
01:23 -C'est difficile à dire, parce que, justement,
01:26 est-ce que les gens ont à y faire quelque chose ou non ?
01:29 C'est en général le médecin qui dit
01:31 "Pourquoi vous venez à cette heure-ci ?"
01:33 D'autres moments, ils disent "Pourquoi vous n'êtes pas venus avant ?"
01:37 -C'est ambiguë, finalement.
01:39 -C'est très ambigüe. La médecine, c'est pas simple.
01:42 -Avec votre livre, vous avez tenté d'apporter une solution.
01:45 Quel est l'objectif du livre, ce livre très épais ?
01:49 -L'idée, c'est de se dire que,
01:51 comme nous avons une réinfection médicale importante,
01:54 il va falloir que les citoyens, c'est-à-dire nous tous,
01:57 prenions un petit peu notre destin en main,
02:00 c'est-à-dire que l'on puisse être en mesure,
02:02 devant un symptôme, de se dire "Qu'est-ce que c'est ?
02:05 "Est-ce que c'est grave ? Qu'est-ce que je dois faire ?
02:09 "Qui je dois appeler ?"
02:10 Le problème, c'est cette errance que nous, les patients,
02:13 enfin, je dis "nous", les patients ont,
02:16 vis-à-vis de leurs symptômes.
02:17 -Vous savez ça mieux que moi, c'est que, dans le doute,
02:21 on se dit "Ca va pas", on s'adresse à notre entourage
02:24 et on dit "Va aux urgences,
02:25 "au moins, il y a des gens compétents là-bas."
02:28 On ne sait pas, on n'est pas un médecin.
02:30 -Ca sert à ça, ce bouquin, justement.
02:33 Ca sert à ne pas se dire "Ah, j'ai une gastro."
02:36 Non, on a mal au ventre.
02:37 C'est pas de se dire "Ah, j'ai un infarctus."
02:40 Non, on a une douleur thoracique.
02:42 L'emploi des mots est très important.
02:44 Quand vous trompez dans les mots,
02:46 quand vous utilisez des mots à mauvaise essence,
02:49 vous allez par là, alors que c'est par là qu'il faut aller.
02:52 Le rôle de ce livre, c'est d'essayer de faire
02:55 un petit peu la part des choses.
02:57 -Et comment vous l'avez organisé
02:59 pour qu'on tombe sur le bon chapitre
03:01 qui correspond à ce que nous avons ?
03:03 -La réligion du corps.
03:04 -Le livre est composé d'une partie centrale,
03:07 qui sont les symptômes.
03:08 Nous avons 200 symptômes, le corps humain,
03:11 pour nous exprimer.
03:12 -C'est pas en alphabétique ?
03:14 -Au milieu, vous avez...
03:15 Non, c'est classé par les douleurs, les boules,
03:18 les écoulements, les choses comme ça.
03:21 C'est le plus gros mot que le grand public peut comprendre.
03:24 Quand vous allez dans une douleur, par exemple,
03:27 vous allez au début, vous allez sur la page correspondante,
03:30 et là, on va vous dire, voilà les questions qu'il faut se poser,
03:34 les réponses auxquelles vous devez répondre.
03:36 Et puis, vous avez des petits pavés
03:38 qui sont classés, ce sont ce qu'on appelle
03:41 la classification commune de médecine d'urgence,
03:44 en cinq niveaux.
03:45 Quand vous avez ça, vous dites, "Il faut que j'appelle le 15."
03:49 Et quand vous avez ça, vous dites, "Ah, ça va, je peux attendre."
03:52 Vous avez une échelle qui vous permet de monter et de descendre,
03:56 et qui vous permet de vous dire, "Là, ça va,
03:58 "mais il faut que je surveille."
04:00 -C'est bien, le coup de l'échelle.
04:02 C'est sur 10, en général ?
04:04 -Non, la classification commune, c'est sur cinq niveaux.
04:07 -Alors quand vous allez très mal, vous dites,
04:10 "Je suis à cinq, là, il faut faire attention."
04:12 -Si vous êtes à cinq, ça veut dire que votre problème
04:16 est une urgence potentielle.
04:17 -D'accord. -Ca veut pas dire
04:19 que ça va être le cas, mais au moins,
04:22 ça vous permet d'évaluer la gravité.
04:24 -On peut prendre quelques exemples.
04:26 Par exemple, la douleur, quelle qu'elle soit.
04:29 Vous expliquez parfois que ce ne sont pas les douleurs
04:32 les plus fortes qui sont toujours les plus graves.
04:35 Nous, c'est l'inverse.
04:36 Quand ça fait très mal, on dit, "Je ne veux pas attendre,
04:39 "j'y vais." Et peut-être que là, on a tort.
04:42 -Vous pouvez avoir des petites douleurs
04:44 qui sont banales, sourdes, etc.,
04:46 qui peuvent être le point de départ de quelque chose
04:49 de vraiment sérieux.
04:50 A l'inverse, vous pouvez avoir une énorme douleur,
04:53 mais ce n'est pas si grave que ça.
04:55 Donc, d'une part, le caractère de la douleur,
04:59 il y a des tas de moyens de la qualifier,
05:02 la localisation, l'importance, etc.
05:04 -Elle est dans le bouquin. -Oui.
05:07 Et en même temps, les signes d'accompagnement.
05:09 Le plus important, c'est tout ce qu'il y a autour.
05:12 Quand vous avez un signe, il compte,
05:15 c'est tout ce qu'il y a autour.
05:16 C'est grâce à l'entourage des autres signes
05:19 que vous pouvez vous dire, "Ca plus ça, plus ça, attention."
05:22 -Ou alors, "Ca plus ça, j'attends demain."
05:25 -"Si jamais, j'attends demain,
05:27 "et je vois, et je vois." -Exactement.
05:29 -La fièvre, c'est un bon signal aussi,
05:32 mais ça inquiète, vous êtes d'accord ?
05:34 Surtout pour les enfants.
05:36 -La fièvre, il ne faut pas oublier
05:39 que c'est quelque chose de nécessaire.
05:41 C'est un symptôme très utile.
05:43 Pour les enfants, on sait qu'un enfant de moins de deux mois,
05:46 disons, qui a de la fièvre,
05:48 il ne faut pas se poser de questions,
05:50 il faut aller à l'hôpital.
05:52 Par contre, ils ont tous de la fièvre
05:54 à partir de l'âge de six mois.
05:56 Ce qui compte, ce sont tous les petits signes d'accompagnement
05:59 qu'il y aura autour de la fièvre,
06:01 qui vont vous permettre de vous dire,
06:03 "Ca plus ça, plus ça."
06:05 Ou alors, "Ca plus ça, plus ça."
06:07 Ce n'est pas forcément une rhino.
06:10 On a tendance trop à utiliser les mots de dire
06:13 et les mots de diagnostic,
06:14 alors qu'il faut utiliser les symptômes,
06:17 les mots qu'on utilise et notre bon sens.
06:19 On n'est pas là pour faire du diagnostic.
06:21 -C'est bien, parce que vous prenez ça et vous dites,
06:25 "Ca plus..."
06:26 "Plus rien, je reste chez moi."
06:28 Rires
06:30 C'est très bien fait.
06:31 Merci beaucoup.
06:32 Ca s'appelle "Urgence" au pluriel, "Santé, que faire ?
06:35 "Est-ce grave, docteur ?"
06:37 C'est publié aux éditions First et Cécilie
06:39 de Dr Loïc Etienne. Merci beaucoup.
06:42 Voici.
06:43 [Musique]

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