Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité avec la présidente de la Fondation des femmes, bonjour Anne-Cécile Maïfert.
00:04 Bonjour à toutes et tous.
00:06 Vous revenez sur la condamnation d'Harvey Weinstein qui a été annulée hier à New York.
00:10 Qu'en pensez-vous ?
00:11 C'est un coup dur, car cette affaire n'est pas n'importe laquelle.
00:14 Harvey Weinstein a été le déclencheur du mouvement #MeToo en octobre 2017
00:18 et sa condamnation en 2020, une victoire historique pour les 90 femmes qui ont témoigné
00:23 et au-delà, un espoir pour tant d'autres.
00:25 Pour autant, la décision de la Cour d'appel de New York hier porte sur la forme, pas sur le fond.
00:29 Le juge n'aurait pas dû admettre certains témoignages d'agression antérieurs au fait jugé
00:34 ou extérieur à New York.
00:36 Mais ce n'est pas sans conséquence.
00:37 Cette décision prise à une courte majorité est déjà contestée par des juges qui redoutent
00:41 qu'en faisant jurisprudence, elle ne rende plus difficile pour les victimes de faire valoir leurs droits
00:47 face aux agresseurs en série.
00:48 Car mettre en lumière un comportement répétitif peut se révéler décisif pour cerner le profil de l'accusé.
00:54 Les avocats de Weinstein parlent bien sûr de victoire.
00:56 Les détracteurs de MeToo de leur côté ne manquent pas de fanfaronner et de venir renforcer
01:00 un discours anti-féministe qui gagne du terrain et nourrit l'électorat Trump.
01:04 Weinstein n'est pas tiré d'affaires pour autant.
01:06 Il est toujours incarcéré pour une autre condamnation en Californie et il sera rejugé à New York.
01:11 Mais ces revirements soulèvent des questions sur l'efficacité des systèmes judiciaires
01:14 à rendre justice aux victimes de violences sexuelles.
01:17 Et en France Anne Cécile, comment vous percevez la situation par rapport à ce mouvement MeToo ?
01:21 La France n'est pas épargnée par l'incapacité de la justice à donner des suites satisfaisantes à MeToo.
01:26 En d'autres mots, par l'impunité.
01:28 Pouvez-vous me citer un des mis en cause de MeToo qui a été condamné par la justice depuis 7 ans ?
01:34 Si MeToo a permis des pyrrhies de conscience salutaires et que les dépôts de plaintes ont explosé,
01:40 tout reste à faire.
01:41 Les condamnations stagnent et les classements s'ensuit augmentent pour atteindre 94% en 2022.
01:48 Souvent, aucune enquête n'est menée par la police par manque de moyens.
01:51 Notre Premier ministre parle d'autorité ces derniers jours.
01:54 Face à des enfants, ce n'est pas si difficile.
01:56 La vraie, celle qui compte, c'est l'autorité sur les puissants.
01:59 Est-il capable d'agir avec fermeté face aux agresseurs ?
02:02 Est-il prêt à mettre en place une loi intégrale contre les violences sexuelles
02:06 qui comble les lacunes de notre système judiciaire,
02:09 qui réforme en profondeur la façon dont les affaires de violences sexuelles sont traitées
02:12 et renforce les moyens dédiés à la prévention et à la sensibilisation ?
02:16 Et d'après vous, qu'est-ce qui nous bloque aujourd'hui ?
02:18 Les préjugés, beaucoup, qui persistent, minimisent la gravité des violences faites aux femmes,
02:22 continuent à briser le silence qui entoure ces violences,
02:25 comme le fait Judith Gaudrech, Karine Lacombe pour #MeTooSanté
02:29 ou récemment #MeTooCuisine, #MeTooArmée ces dernières semaines, est absolument essentiel.
02:33 Mais ce qu'il nous manque avant tout, c'est la volonté politique
02:36 pour que notre état de droit fonctionne pleinement.
02:39 On a promis aux femmes qu'on les écouterait. La justice doit pouvoir passer.
02:43 Merci Anne-Cécile Maéfer, présidente de la Fondation des Femmes.
02:46 On vous retrouve vendredi prochain.