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Ce matin, Anne-Cécile Mailfert aborde la question de la douleur des règles et une maladie sous diagnostiquée, l'endométriose...

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Transcription
00:00 En toute subjectivité avec la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Maïfert.
00:04 Bonjour Anne-Cécile.
00:05 Bonjour Ali.
00:06 Ce matin, vous voulez nous faire comprendre la douleur des règles et ses conséquences.
00:10 Voyez-vous Ali, c'est un peu comme si vous vous étiez réveillé cette nuit à 2h du
00:14 matin.
00:15 Une douleur sourde dans le bas-ventre, un liquide glu en rouge et chaud entre vos cuisses.
00:18 Vos troubles digestifs, vos seins douloureux, votre déprime passagère d'hier, tout s'explique,
00:23 vous avez vos règles.
00:24 Elles ont débarqué et vous voilà réveillé, taché, en sueur.
00:28 Votre ventre crampe comme après une séance de sport intensif, votre tête cogne comme
00:33 après une bonne grosse cuite.
00:34 Jusque là, c'est des règles presque normales, vous prenez un Doliprane.
00:37 Mais on va corser les choses, car Ali, comme 2 millions de femmes en France, vous êtes
00:41 atteinte d'endométriose.
00:42 L'endométriose est une maladie sous-diagnostiquée, caractérisée par la présence, en dehors
00:48 de l'utérus, de fragments de muqueuses utérines.
00:50 Ils peuvent migrer partout.
00:52 Et chaque mois, ils se mettent en marche comme s'ils étaient toujours dans l'utérus.
00:55 Et irradiés de douleurs dans la poitrine, dans le dos.
00:58 Vous ressentez tous les mois, comme cette nuit, des pics de douleurs extrêmement intenses,
01:02 comme si quelqu'un, avec des ongles en ferraille, allait vicieusement racler l'intérieur de
01:06 vos entrailles.
01:07 Mais on va faire simple pour que les hommes captent.
01:09 C'est comme si on vous tapait dans les testicules toutes les 5 minutes.
01:12 Certaines femmes peuvent s'évanouir, vous, vous allez vomir.
01:15 Il est maintenant 3h du matin, il va vous falloir bien plus qu'un Doliprane.
01:19 Votre nuit est fichue, car vous vous lèverez dans quelques heures pour vous occuper des
01:22 enfants, les déposer à l'école et aller au travail.
01:25 Toujours pliés en deux.
01:26 Ce travail pouvant être, par exemple, institutrice, coiffeuse ou infirmière.
01:30 Un métier que vous pratiquez debout, qui demande de l'attention et ne peut être fait
01:33 en télétravail.
01:34 Et concrètement Anne-Cécile, comment font ces femmes ?
01:36 Elles pourraient demander un arrêt maladie, mais entre les délais pour avoir un rendez-vous
01:39 chez un généraliste et les 3 jours de carence, à quoi bon ? À peine ont-elles commencé
01:43 les démarches que les symptômes ont arrêtés.
01:45 Et ça reprend tous les mois.
01:46 Alors souvent, elles cachent la réalité de ce qu'elles vivent, posent un jour ou s'ensoldent
01:50 et y perdent 10% de leur revenu.
01:52 Le principe d'un arrêt menstruel, défendu par la sénatrice Laurence Rossignol au Sénat
01:56 hier, visait justement à résoudre cette situation.
01:59 La proposition de loi aurait permis aux 16% de femmes diagnostiquées d'issemenorer,
02:03 c'est-à-dire souffrant de règles douloureuses et incapacitantes, d'avoir un arrêt de travail
02:07 d'un à deux jours par mois selon le niveau de douleur, valable un an pour ne pas retourner
02:12 tous les mois chez le médecin.
02:14 Pour ces motifs, il n'y aurait pas eu de jour de carence.
02:16 Une avancée pour ces femmes, qui n'aura pas lieu.
02:19 Les élus de droite l'ont rejetée.
02:20 Ils y voient sûrement une difficulté pour les employeurs qu'ils préfèrent protéger.
02:24 Aurait-il réagi comme cela si les hommes étaient concernés ?
02:26 Comme pour l'IVG dans la Constitution, comment ne pas y voir une trace de cette domination
02:31 qui en faisant passer le masculin pour la norme, en vient à considérer que ce que
02:34 vivent les femmes sont des exceptions, qu'ils ne méritent pas la considération de nos
02:37 institutions ? Et pourtant, les femmes existent.
02:40 Il faudra bien qu'ils finissent par s'y habituer.
02:43 - Merci, Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des femmes.
02:46 On vous retrouve vendredi prochain.

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