Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:00 7h20, en toute subjectivité, bonjour Anne-Cécile Maïfert !
00:03 Bonjour à toutes et à tous !
00:05 Ce matin, Anne-Cécile, comment allez-vous ?
00:07 Cette nuit, j'ai mal dormi.
00:08 Il sont 700 les bébés sans-abri qui se réveillent à l'heure où je vous parle,
00:12 qui auront dormi sous une tente, un pont, un Porsche.
00:15 Au total, ce sont 2200 enfants, amis de nos enfants, camarades de classe de nos enfants,
00:21 qui n'ont pas un toit sur la tête lorsque vient la nuit.
00:24 Ces chiffres sont sans précédent, c'est 41 de plus qu'il y a un an.
00:27 Ce matin, c'est notre humanité que je veux réveiller.
00:30 Il y a 70 ans, c'était suite au décès d'un bébé que l'abbé Pierre avait commencé à nous interpeller.
00:35 Il avait alors qualifié l'enterrement du nouveau-né de « funérail de la honte ».
00:39 Et ensuite, cette femme retrouvait joli boulevard Sébastopol et son appel.
00:42 Et en réponse, un grand et magnifique élan de générosité du peuple français
00:47 qui fait encore aujourd'hui notre fierté.
00:49 La fondation Abbé Pierre lance justement de nouveau un cri d'alarme.
00:52 Une tribune parue mercredi dans Le Monde et signée par 200 personnalités
00:56 appelle à l'ouverture en urgence de 10 000 places d'hébergement pour l'hiver.
00:59 On y apprend que si les choses ont changé, elles se sont aggravées.
01:02 Expulsion de squat, déficit de logements sociaux.
01:05 Jusqu'à présent, les mères isolées étaient un peu épargnées, priorisées.
01:08 Mais aujourd'hui, le système déborde.
01:11 Le dernier lieu d'humanité, ce sont les hôpitaux et les maternités.
01:13 Ce sont eux qui laissent à la jeune à coucher quelques jours ou quelques semaines de répit
01:17 pendant lesquels elles pourront, avec leur bébé, se poser sur un lit.
01:21 Mais ensuite, la Fondation des Femmes a établi que 93% des femmes sans-abri
01:26 ont été victimes de violences conjugales ou sexuelles.
01:28 Un élément déclencheur de leur parcours d'errance ou une conséquence de cette situation.
01:32 Une majorité d'entre elles n'ont pas non plus ces précieux papiers français
01:35 qui ouvrent seules les portes d'un logement pérennisé.
01:38 Où peuvent-elles donc aller avec leur nouveau-né ?
01:40 Et pourtant, Anne Cécile, il existe bien 203 000 places d'hébergement d'urgence.
01:45 Oui, le système empile et égraine les dispositifs d'urgence sans trouver de solution durable.
01:50 La politique de rigueur économique ne manque pas seulement de générosité,
01:52 elle manque aussi d'efficacité.
01:54 S'ils survivent, ces bébés, quelles seront leurs chances dans la société ?
01:58 Ces enfants ont des droits.
01:59 Quel homme, quelle femme peut sereinement dormir chez soi en sachant qu'en bas,
02:04 dans la nuit, une mère sert son bébé sous un drap ?
02:07 Avons-nous toutes et tous perdu la raison ?
02:10 Qu'attendons-nous au juste ? Qu'elle meurt de froid ?
02:13 Alors partout où nous le pouvons, nous devons ouvrir les portes et prêter un toit.
02:16 Une trentaine d'écoles hébergent déjà des élèves la nuit.
02:19 Partons à la chasse aux locaux inoccupés et dans chaque ville, nous devons voir fleurir
02:23 qui que tu sois, ici on t'accueille.
02:25 À l'État et aux collectivités d'organiser notre générosité, plus simple encore,
02:29 vous êtes des millions à m'écouter, vous pouvez donner 10 euros ou 100 euros
02:32 et financer une nuitée.
02:34 L'abbé parlait il y a 70 ans d'une insurrection de la bonté,
02:37 il en appelait à l'intelligence et à la générosité.
02:40 Oui, le monde va mal, oui, l'environnement déraille, oui, ça mitraille.
02:43 Mais si on veut remonter la pente, il faut mobiliser ceux qui nous lient,
02:47 ceux qui nous tiennent, c'est notre humanité retrouvée qui nous sauvera tout entier.
02:51 Merci Anne-Cécile Maïffert, présidente de la Fondation des Femmes,
02:54 et à vendredi prochain, Anne-Cécile.