• il y a 7 mois
Anne Rosencher revient sur la décision du député et ex-ministre Olivier Véran qui a annoncé, fin mars, vouloir reprendre une activité médicale en se formant à la médecine esthétique.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 Le 7/10 sur France Inter.
00:05 Il est 7h22 en toute subjectivité ce matin avec la directrice déléguée de la rédaction de L'Express.
00:10 Anne Rosancher, bonjour.
00:12 Bonjour Nicolas, bonjour à tous.
00:13 Vous revenez Anne sur la décision du député et ex-ministre Olivier Véran qui a annoncé fin mars vouloir reprendre une activité médicale en se formant à la médecine esthétique.
00:23 Oui j'y reviens car lundi dernier j'avoue je me suis fait avoir par le poisson d'avril de Whatsup Doc, un magazine à l'attention des jeunes médecins.
00:32 Le titre annoncé "Finalement Olivier Véran va faire des remplacements de généraliste en Seine-Saint-Denis".
00:38 Au bout de quelques secondes j'ai avisé qu'on était le 1er avril mais j'ai quand même lu le faux article qui en disait long en creux sur les reproches d'une partie du corps médical.
00:47 En gros, beaucoup de médecins ne comprennent pas que le ministre du Covid, qui ne manqua pas de mots graves ni d'accent sévère pour sonner la mobilisation contre la crise de notre système de santé,
00:58 ait pu choisir à la fin de faire de la médecine esthétique dans une clinique réputée pour son bling-bling.
01:05 D'autant plus que la neurologie, sa spécialisation d'origine, manque de praticiens.
01:09 Mais je pense que l'émotion est allée au-delà de la controverse médicale et c'est ce à quoi j'ai réfléchi depuis en tentant de ne pas céder à la posture morale.
01:18 Après tout, l'homme privé Olivier Véran a bien le droit de changer de spécialité s'il le veut et pour les raisons qui le regardent.
01:25 D'ailleurs, il est loin d'être le seul à faire ce choix puisque selon l'ordre des médecins cité par l'Express,
01:31 une grande majorité de ceux qui pratiquent désormais les injections esthétiques ne sont ni dermatologues ni chirurgiens.
01:39 C'est que d'autres médecins consacrent au moins une partie de leur temps à cette activité.
01:43 Mais voilà, justement, les ministres ont-ils le droit de revendiquer, si tôt parti du gouvernement, d'être regardés comme des femmes ou des hommes ordinaires ?
01:53 Olivier Véran, arrivé rue de Grenelle en février 2020, a marqué les esprits pendant le Covid,
01:58 puis durant la grave crise de l'hôpital que la pandémie avait mise au jour.
02:03 Peut-il réclamer d'un seul coup l'effacement des attentes symboliques qui incombent à sa charge ?
02:09 A mon avis, non. A ce titre, François Hollande, qui sera dans ce studio dans une heure, n'avait pas été très inspiré peut-être quand il a parlé de « président normal ».
02:19 Car les citoyens attendent encore certaines choses de leurs représentants et notamment qu'ils aient le souci de marquer la particularité de la fonction qu'ils exercent.
02:28 Alors ça ne veut pas dire pour autant qu'il faudrait une année loi de moralisation, non.
02:32 On est davantage là dans le domaine de la philosophie politique.
02:36 De manière générale, ce que l'on nomme « anti-élitisme » en France n'est pas toujours une défiance par principe.
02:41 Elle l'est parfois, mais pas toujours.
02:43 Je crois que beaucoup de citoyens sont preneurs d'une élite, si tant est que cette dernière d'abord se montre soucieuse de représenter tout le monde,
02:52 et qu'ensuite elle est conscience des devoirs, même symboliques, qui vont avec la mission.
02:56 Anne Rosancher, merci et à jeudi prochain.

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