Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 Emmanuel Ducroc, c'est à vous, on va parler ce matin des Nations Unies qui viennent de désigner le pays qui présidera l'an prochain,
00:07 la 69ème Commission de la Condition de la Femme.
00:10 Le choix vous laisse pantois.
00:12 - Oui, pour prendre la tête de cette commission supposée œuvrer pour l'égalité des sexes dans le monde,
00:17 pour l'autonomisation sociale, politique et économique des femmes, l'ONU n'a pas trouvé meilleur candidat que l'Arabie Saoudite,
00:24 sans doute un des pires pays de la planète où être une femme.
00:27 - Mais pourquoi l'Arabie Saoudite pour cette commission-là en particulier ?
00:30 - Les Philippines occupaient la présidence de la commission depuis un an,
00:33 elles ont décidé d'en démissionner manifestement sous pression et de ne pas aller au terme du traditionnel mandat de deux ans.
00:39 Il n'y avait qu'un candidat de remplacement, l'Arabie Saoudite.
00:42 Elle a donc été désignée à l'acclamation des 45 membres de la commission, il n'y a eu aucune, vous entendez bien, aucune opposition.
00:49 Alors que l'Afghanistan, le Pakistan ou l'Égypte qui siège dans cette commission n'ait rien dit, soit,
00:55 mais que les trois états de l'Union Européenne qui y sont présents, c'est-à-dire l'Autriche, le Danemark et l'Allemagne,
01:00 ne se soient pas manifestés, c'est indigne.
01:02 L'Arabie Saoudite peut donc tranquillement redorer son image au sein du concert des nations sous les applaudissements.
01:09 Alors des ONG, des organisations de défense des droits des femmes s'insurgent,
01:12 mais à l'ONU, tout le monde s'en fiche.
01:14 - C'est pas la première fois que cette commission de la condition de la femme fait polémique.
01:19 - Non, il y a trois ans, les membres de la commission avaient choisi l'Iran pour présider l'organe de défense des femmes,
01:24 un an avant la vague de répression terrible des femmes dévoilées.
01:28 C'est dire, si ça avait aidé le pays à progresser.
01:30 Il ne faut pas attendre que le nouveau rôle de l'Arabie Saoudite dans la défense mondiale des droits des femmes
01:35 change grand-chose à l'avis des sujets de Mohamed Ben Salman.
01:38 - Mais lui, MBS, il est persuadé de faire avancer les droits des femmes.
01:42 - Oui, figurez-vous que les Saoudiennes peuvent maintenant conduire une voiture,
01:44 et puis la loi de 2022 sur leur statut personnel leur permet généreusement d'étudier,
01:50 d'avoir un passeport, de voyager et de travailler sans l'autorisation d'un tuteur masculin.
01:53 Alors tout ça reste totalement théorique.
01:56 Le statut des femmes en Arabie Saoudite figure parmi les plus répressives du monde.
02:00 Les structures sociales en font des inférieures, c'est dans la loi.
02:03 Elles sont soumises au bon vouloir économique de leur père, de leur frère, de leur mari.
02:07 La violence est admise comme moyen de les garder dans le droit chemin.
02:10 Elles n'ont strictement aucune autonomie concernant leur vie et celle de leurs enfants.
02:14 On se demande bien quel aspect du droit des femmes ce pays peut servir de modèle ou d'inspiration.
02:22 - Alors vous nous dites que l'ONU s'enfonce chaque jour un peu plus dans le relativisme concernant les droits de l'homme.
02:27 - Oui, Hélas, on l'a vu avec la difficulté qu'a eue le secrétaire général Guterres
02:31 à condamner le pogrom du Hamas en Israël, les viols et les tortures.
02:34 Il a estimé que tout ça n'était pas arrivé dans le vide.
02:38 On le voit avec le silence sur le sort des femmes en Afghanistan que j'évoquais ici lundi.
02:43 Les droits humains sont devenus pour l'ONU des détails avec lesquels on peut transiger.
02:47 Les femmes, les fillettes en sont les premières victimes.
02:49 L'arrivée de l'Arabie Saoudite à la tête de la commission du droit des femmes
02:53 est un doigt d'honneur pour les démocraties occidentales et une insulte pour nous toutes.
02:57 - Signature Europe 1, Emmanuel Ducrox. Merci beaucoup Emmanuel.