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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00Emmanuelle Ducrot, bonjour !
00:01Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:03Emmanuelle Ducrot, l'Opinion, Emmanuelle direction le Royaume-Uni ce matin avec vous,
00:06une mécène très active de l'art contemporain a démissionné de tous ses postes et toutes ses fonctions bénévoles
00:11dans des institutions culturelles britanniques prestigieuses.
00:14Elle dénonce la montée alarmante de l'antisémitisme dans les sphères intellectuelles britanniques.
00:19Cette femme s'appelle Candida Gertler, elle est germano-britannique
00:22et elle était jusqu'à samedi à la tête d'un fonds philanthropique de soutien aux artistes et à l'art contemporain,
00:28Outset, qu'elle a fondé en 2003 et dans lequel elle a investi sa fortune.
00:32C'est une mécène reconnue au Royaume-Uni, elle a reçu des prix pour ça
00:35et donc elle a démissionné avec fracas de toutes ses fonctions.
00:38The Art Newspaper, qui est une publication spécialisée, publie in extenso sa lettre ouverte, cinglante.
00:45Cette décision n'est pas motivée par la peur, la faiblesse ou la défaite
00:48mais par un acte de protestation de principe contre la montée alarmante de l'antisémitisme
00:53et la normalisation tacite de la haine dans les espaces artistiques
00:56censés favoriser la créativité et l'inclusion, c'est ce qu'elle écrit.
01:00Qu'est-ce qui a poussé cette figure de la scène artistique britannique à prendre une telle décision ?
01:04Un climat mais plus précisément deux événements symboliques d'un climat visqueux d'antisémitisme
01:09qui gangrène les milieux culturels britanniques.
01:11Nous avons déjà parlé ici du monde de l'édition qui se sépare d'auteurs juifs,
01:15on est exactement dans la même veine.
01:17Le premier événement a eu lieu au printemps, des étudiants pro-palestiniens de Londres
01:20ont occupé une galerie d'art pendant 27 jours.
01:23Oui, une galerie d'art qui est située dans leur université.
01:26Ils exigeaient du Goldsmith Centre for Contemporary Art
01:30qu'ils retirent le nom de candidat Gerkler et de son mari de la liste des donateurs
01:35au prétexte qu'ils sont amis de Benjamin Netanyahou
01:37et qu'ils soutiendraient donc logiquement le massacre à Gaza, ce qu'ils n'ont évidemment jamais fait.
01:41Disons-le clairement, on le reproche surtout d'être juif ou sioniste
01:45selon le nouveau mot cash sex de l'antisémitisme.
01:48Le pire est que l'institution a cédé avec une rare lâcheté,
01:51elle a effacé les noms des Gerklers du tableau des donateurs
01:54tout en expliquant, et ça c'est quand même incroyable,
01:56n'avoir pas reçu de fond de leur part depuis 2017.
01:59Voilà donc le délit de pensée rétroactif.
02:02Et pire encore, les Gerklers l'ont appris dans la presse.
02:05Cette affaire, elle a pris de l'ampleur.
02:07Oui, et il y a peu, 1100 artistes et professionnels de l'art britannique, des grands noms,
02:11ont signé une lettre ouverte demandant à la Tate Galerie de Londres
02:15de rompre ses liens avec candidat Gerkler.
02:17Elle est au conseil d'administration.
02:19Concerné aussi deux autres mécènes, le couple Zabludowicz,
02:22les signataires les décrivent comme profondément complices du régime israélien,
02:26encore une fois, des personnalités juives à qui on reproche des opinions supposées
02:31qui seraient liées à leur religion.
02:33Une chasse aux sorcières qui a pour but d'obtenir l'effacement,
02:36l'annulation d'individus, et ça fait froid dans le dos.
02:39Encore un mot de la lettre de candidat Gerkler.
02:42Aucune des institutions concernées n'a eu la courtoisie ou le courage de me contacter.
02:46C'est ce qu'elle explique, elle est écœurée.
02:48Ma décision de me retirer de mes fonctions est une tentative de mettre en lumière un problème urgent.
02:52Je ne peux pas en toute bonne conscience prêter mon nom ou mes efforts
02:55à un secteur qui ne prend pas résolument position contre la haine
02:58et la répression de la pluralité des opinions.
03:01Alors il y a un motif récurrent dans cette histoire,
03:03c'est exactement le même que ce qu'on a vu en France cette semaine.
03:06Une jeune femme, une entrepreneuse, une auteure de podcast,
03:09Julie Laiany, a été victime d'une campagne odieuse
03:12qui visait à la faire chasser du jury d'un festival du film LGBT
03:16qui s'appelle Chéri Chéri, pourquoi ?
03:18Bien, elle est juive, on la traite de sioniste, de fasciste,
03:21on l'accuse de ne pas penser droit.
03:23Il faut lire le récit qu'elle fait de cet épisode dans Le Point.
03:26C'est glaçant.
03:27Merci beaucoup Emmanuel Ducrot, signature Europe 1, 8h54.

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