• il y a 6 mois
Les Messagers du Sulawesi _ SLICE PEUPLES _ DOC COMPLET

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Personnes
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02:52 À peine arrivée, notre premier souci est de retrouver notre fille,
03:01 Ali Duyung.
03:03 En notre absence, elle reste ici, quelque part autour de notre maison des pluies.
03:07 Privée de liberté, elle ne pourrait pas survivre à Shingang.
03:11 Alors on est toujours un peu inquiet.
03:14 Personne ne sait si cette année encore, elle sera là.
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04:23 [Musique]
04:27 Ici, lorsque nous voyons un varan s'approcher d'une maison,
04:30 nous savons que ce n'est pas un varan.
04:33 Ces visites inattendues ne se produisent que très rarement,
04:37 car les hommes et les animaux ont chacun leur territoire.
04:40 Pour nous, c'est une énigme.
04:45 Et seul un rêve peut l'expliquer.
04:48 Alors, nous rêvons.
04:50 Et nous apprenons que celui qui vient nous voir est un parent,
04:53 ou un enfant disparu,
04:55 ou tout simplement un nouvel homme parmi les hommes.
04:58 [Musique]
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05:25 [Musique]
05:29 Ces êtres sont en danger,
05:32 car leur aspect ne différent rien de celui des autres varans qui vivent aux abords du lac.
05:36 Même si leur existence est connue de tous,
05:40 certains bouguisent les tues,
05:42 car la vie en terre chère, comme celle du crocodile, est encore très appréciée.
05:46 [Bruit de la pluie]
05:50 [Bruit de la pluie]
05:54 [Bruit de la pluie]
05:58 [Parle en tibétain]
06:02 [Parle en tibétain]
06:06 [Parle en tibétain]
06:11 [Parle en tibétain]
06:14 [Parle en tibétain]
06:18 [Parle en tibétain]
06:22 Il y a quatre ans, Ali Douyoung est venu nous voir.
06:26 Quelques jours après son arrivée, j'ai rêvé qu'elle était la soeur jumelle de Suarbe.
06:31 Alors nous l'avons adoptée.
06:34 Aujourd'hui, elle fait partie de la famille.
06:38 Elle est contente de se rencontrer avec Ali.
06:41 Elle aime beaucoup Ali.
06:44 [Bruit de la pluie]
06:48 [Bruit de la pluie]
06:52 [Bruit de la pluie]
06:56 [Bruit de la pluie]
07:00 [Bruit de la pluie]
07:05 [Bruit de la pluie]
07:08 [Bruit de la pluie]
07:12 [Bruit de la pluie]
07:16 [Bruit de la pluie]
07:20 [Bruit de la pluie]
07:24 [Bruit de la pluie]
07:28 Chaque année, nous accueillons l'esprit d'Ali sous notre toit
07:33 Cet hôtel en bambou est le sien.
07:36 Il est toujours garni de nourriture pour qu'elle ne manque de rien.
07:40 Nous aimons Ali Douyoung, mais ne voulons pas la perdre.
07:44 L'histoire du roi de Goa est là pour nous redire qu'ici, à Sulawesi, les varans sont des hommes.
07:51 [Musique]
08:02 Il y a très longtemps, en pays bouguise, une reine mit au monde des jumeaux.
08:07 [Musique]
08:10 L'un d'eux avait la forme d'un varan.
08:12 La famille, honteuse, voulut cacher la nouvelle, mais en vain.
08:17 Quelques jours plus tard, l'enfant mourut, mais le varan, lui, survécut.
08:23 [Musique]
08:31 Comme il refusait de se nourrir, tous s'attendaient à le voir mourir aussi.
08:36 Le roi, dévoré d'inquiétude, se demandait ce que pouvait bien manger un tel enfant,
08:41 quand un rêve lui annonça qu'il fallait conduire le nouveau-né à la rivière et le laisser partir.
08:48 Alors, le lendemain, le roi déposa son enfant varan au bord de l'eau
08:53 et le regarda tristement partir dans le courant,
08:56 non sans lui avoir dit qu'il attendrait à jamais son retour.
09:00 [Musique]
09:04 Depuis ce jour, nous devons aimer et respecter les varans,
09:08 de peur d'outrager le fils du roi de Goa, qui reviendrait parmi les siens.
09:13 [Musique]
09:23 [Musique]
09:33 [Bruit de la pluie]
09:41 De novembre à février, il pleut tous les jours.
09:44 C'est pour cela que le lac grandit.
09:47 D'habitude, sa profondeur ne dépasse pas la hauteur d'un homme,
09:51 mais pendant les pluies, nous dormons sur quatre mètres d'eau,
09:54 au milieu des nénuphars et des jacintes qui prolifèrent et recouvrent le lac.
09:59 [Musique]
10:18 Il y a des milliers d'années, le sud de Sud-Aouaisie était séparé du reste de l'île.
10:23 À la place du lac, il y avait la mer.
10:26 À présent, en voyant les terres inondées,
10:29 on peut à nouveau pêcher et croire qu'ici, rien n'a changé.
10:33 [Bruit de la pluie]
10:51 [Bruits de la pluie]
11:14 [Musique]
11:43 [Bruit de la pluie]
12:09 Les gens des villes nous appellent les paysans du lac,
12:11 car nous vivons au rythme des récoltes de riz, des pluies et des inondations.
12:16 Et si parfois, de l'autre côté des montagnes, les eaux trop abondantes sont une malédiction,
12:22 pour nous, c'est un miracle.
12:24 [Bruit de la pluie]
12:27 Alors, je veux que Soirdi apprenne à lancer les perviers,
12:30 ou à tendre le filet, comme je l'ai appris de mon père.
12:33 [Bruit de la pluie]
12:54 En ce moment, tout le monde pêche ici.
12:57 De toute façon, nous n'avons pas les moyens de rester sans travailler.
13:02 Les poissons du lac ne sont pas très gros, mais il y en a beaucoup.
13:05 Dans trois mois, je pourrai les vendre à bon prix au marché de Sinkorng.
13:10 Pour les conserver, nous devons les vider et les faire sécher.
13:25 À la fin de la saison, lorsque nous repartirons, la pirogue sera pleine.
13:30 [Bruit de la pluie]
13:59 [Bruit de la pluie]
14:08 La saison des pluies est pour nous une seconde vie.
14:11 On change de maison, d'occupation, de voisins aussi.
14:15 Mais certains n'ont plus la force de cultiver le riz.
14:19 Ils ont abandonné leurs maisons flottantes et vivent dans un abri construit sur pilotis.
14:24 Ils restent là, figés entre ciel et eau dans un espace sans terre.
14:28 Ne sachant plus parfois dans quel sens poussent les palmiers.
14:32 [Musique]
15:01 [Bruit de la pluie]
15:30 [Bruit de la pluie]
15:59 [Bruit de la pluie]
16:04 Après la pêche, nous consacrons beaucoup de temps à notre petite fille.
16:08 Ali Duyong est comme une enfant qu'on n'a pas eue et qu'on aurait dû avoir.
16:12 Allah nous l'a envoyée sous une autre forme, c'est ainsi.
16:17 C'est un honneur d'avoir été jugé digne de l'accueillir.
16:20 Maintenant, nous devons l'élever et la chérir, l'accepter telle qu'elle est.
16:25 [Bruit de la pluie]
16:41 Nous ne parlons pas souvent d'Ali aux autres.
16:44 Certains ne comprennent pas et même ils désapprouvent.
16:47 Ils disent qu'un vrai musulman ne peut pas croire une chose pareille.
16:51 Parfois, nous nous sentons un peu isolés.
16:54 Nous sommes des gens simples à qui il est arrivé quelque chose d'exceptionnel.
16:59 [Bruit de la pluie]
17:28 [Rires]
17:37 [Rires]
17:51 [Bruit de la pluie]
18:03 [Bruit de la pluie]
18:22 Chaque soir, depuis notre arrivée, je rends grâce à Allah qui a réuni mes enfants
18:28 et à Alidou Young qui veille sur le sommeil de soirée.
18:33 [Bruit de la pluie]
18:43 [Bruit de la pluie]
19:01 [Bruit de la pluie]
19:29 [Bruit de la pluie]
19:38 Ce matin, Alidou Young est disparu.
19:41 Personne ne sait pourquoi ni où elle est allée.
19:44 [Bruit de la pluie]
19:47 Bien sûr, elle est libre de partir loin de nous.
19:50 Mais ce n'est jamais arrivé et Soardi ne l'accepte pas.
19:54 Je sais qu'aucun homme ne peut connaître l'endroit où il se trouve.
19:59 Pourtant, notre fille est en danger car la liberté pour un varan peut signifier la mort.
20:05 Je pense que loin d'ici, quelqu'un peut la convaincre de revenir près de nous.
20:10 Il faut que je lui parle.
20:13 Alors je dois m'en aller.
20:15 [Bruits de la pluie]
20:31 De l'autre côté du lac, dans l'ancien royaume de Goa, vit un descendant de roi.
20:36 Il s'appelle Ali Mohamed.
20:38 Je ne l'ai jamais vu mais on raconte par ici que ses pouvoirs sont immenses.
20:42 Grâce à lui, nous reverrons peut-être un jour notre fille Varan.
20:46 C'est important pour notre famille et surtout pour Soardi.
20:51 [Musique]
21:02 Je dois rejoindre le village de Todotoa.
21:05 C'est à une centaine de kilomètres du lac, à côté d'Unjungpandang, la capitale.
21:10 Avant d'atteindre la plaine, je dois franchir la barrière des montagnes.
21:14 [Musique]
21:43 [Bruits de la pluie]
22:08 [Bruits de la pluie]
22:35 [Bruits de la pluie]
23:01 [Bruits de la pluie]
23:11 Il est rare de pouvoir approcher les macaques mahoras.
23:14 D'habitude, ils sont méfiants et disparaissent au moindre bruit suspect.
23:18 [Bruits de la pluie]
23:23 Mais pendant la saison des pluies, il n'y a presque rien à manger dans la forêt.
23:27 La faim les rend plus téméraires.
23:30 C'est incroyable. Toute la troupe est là. Ils sont plus d'une trentaine.
23:34 [Bruits de la pluie]
23:42 Ces singes sont uniques au monde. On les trouve qu'ici, au sud de Sulawesi.
23:47 Il y a très longtemps, une seule espèce de singe peuplait l'île.
23:51 Puis, la mer a envahi la région du lac Tempeh, séparant la péninsule en deux.
23:56 Pendant cette période, des groupes de singes se sont retrouvés isolés et ont évolué.
24:01 Maintenant, les macaques mahoras forment une espèce à part.
24:05 [Bruits de la pluie]
24:30 [Musique]
24:55 L'ancien royaume de Goa est une terre bouguise.
24:58 On y pratique la culture en sawa, une culture des rizières par irrigation.
25:02 C'est le seul endroit de Sulawesi où c'est possible,
25:05 parce que le sol est riche et que les réserves d'eau sont abondantes.
25:09 Goa est l'une des rares régions d'Indonésie à produire plus de riz qu'elle n'en consomme.
25:14 Les gens sont riches ici.
25:16 [Musique]
25:43 [Bruits de la pluie]
25:56 [Bruits de la pluie]
26:25 [Bruits de la pluie]
26:38 [Rires]
26:40 [Bruits de la pluie]
26:48 [Bruits de la pluie]
27:00 [Bruits de la pluie]
27:28 Hadja Jobaida est une chamane.
27:30 Elle est très respectée.
27:32 Mais celui que l'on vient voir, c'est Ali Mohamed, son cinquième enfant.
27:36 Il a la forme d'un varon.
27:38 Quand Ali Mohamed est né, il y a 36 ans, elle s'est évanouie,
27:42 et à son réveil, l'enfant varon avait disparu.
27:45 Il n'est revenu que 13 ans plus tard.
27:48 Les habitants du village, croyant avoir affaire à un simple reptile,
27:52 avaient tenté de le tuer et l'avaient grièvement blessé.
27:55 Mais Ali Mohamed n'avait pas fui, ce qui avait surpris tout le monde.
27:59 C'est même à ce signe qu'Hadja Jobaida l'avait reconnu.
28:02 [Bruits de la pluie]
28:11 Aujourd'hui, les gens viennent en foule lui rendre marre.
28:15 [Parle en arabe]
28:25 [Parle en arabe]
28:50 [Parle en arabe]
28:58 [Parle en arabe]
29:04 [Parle en arabe]
29:12 [Parle en arabe]
29:39 Je ne pensais pas qu'Ali Mohamed était si imposant.
29:42 Bien sûr, un étranger peut se demander si Ali est vraiment un homme.
29:46 Mais c'est peut-être pour nous éprouver qu'Allah lui a donné l'apparence d'un varon.
29:51 Moi, s'il ne m'était pas arrivé la même histoire,
29:54 j'aurais sans doute du mal à le croire.
29:57 [Parle en arabe]
30:17 Ici, les gens estiment qu'Ali Mohamed exauce la moitié de leurs vœux.
30:21 Ils lui font bénir de l'argent ou l'eau de leur rizière pour avoir de bonnes récoltes.
30:25 À mon tour, je veux qu'il accepte mes cadeaux
30:28 et qu'il demande à ma fille Ali Douyoung de revenir chez nous.
30:32 Je sais qu'il en a le pouvoir.
30:34 [Parle en arabe]
30:53 Les bouguis sont de bons musulmans.
30:56 Et pourtant, tous croient en Ali Mohamed.
30:59 Ils disent que c'est Allah qui l'a envoyé sur Terre
31:02 parce qu'il n'a pas le temps de s'occuper de toutes les petites choses de notre vie.
31:05 Ali Mohamed est son représentant dans le royaume de Goa.
31:08 D'ailleurs, il est haji.
31:10 Il a fait le pèlerinage à la Mecque.
31:12 C'est aussi pour ça qu'il est respecté.
31:15 [Parle en arabe]
31:21 [Musique]
31:49 [Parle en arabe]
31:51 [Musique]
32:01 [Parle en arabe]
32:21 [Musique]
32:33 Quand il est revenu au village,
32:35 on raconte qu'Ali Mohamed refusa de se nourrir pendant une semaine.
32:39 Puis, ils l'avont mis trois perles.
32:41 Une perle blanche, une perle bleutée et une perle rose.
32:45 Ces perles ont été reçues comme le symbole des trois principes de l'islam.
32:50 La volonté de prier, les gestes de la prière et obtenir par la prière ce que l'on a demandé.
32:57 Depuis ce jour, Ali Mohamed est élevé au rang de divinité.
33:01 Et certains villageois voient en lui l'enfant disparu du roi de Goa.
33:06 [Musique]
33:35 [Parle en arabe]
33:40 [Musique]
33:54 [Parle en arabe]
34:07 Haji Ahmad est le frère d'Hajja Jobaida.
34:10 Avec sa femme, il veille sur Ali Mohamed, qu'ils élèvent comme un fils.
34:15 Le bain est un rituel quotidien qui rapproche jour après jour l'homme varron de ses parents d'adoption.
34:22 A présent, ils sont unis jusqu'à ce que la mort les sépare.
34:26 [Parle en arabe]
34:55 [Parle en arabe]
35:08 [Parle en arabe]
35:34 Aujourd'hui, tout le village s'apprête à fêter l'anniversaire d'Ali Mohamed,
35:38 ou plutôt, son retour parmi les hommes, il y a 23 ans.
35:42 Les rizières sont désertes, car chacun prépare la nourriture et confectionne les offrandes nécessaires à la cérémonie.
35:52 A cette occasion, Todotoa va devenir la capitale du ancien royaume de Goa
35:57 et fera revivre au grand jour les traditions païennes qui existaient bien avant l'arrivée de l'islam.
36:03 [Musique]
36:33 La cage à offrandes que nous construisons et qu'on appelle ici Walasuji, doit contenir des cadeaux destinés aux esprits de l'ombre.
36:40 Elle sera jetée à la rivière, parce que la rivière a guidé Ali Mohamed jusqu'au village.
36:45 [Bruits de la rivière]
37:14 [Bruits de la rivière]
37:20 Des centaines de croyants, tous fervents musulmans, vont se réunir pour rendre hommage à Ali Mohamed.
37:26 Ça peut paraître contradictoire de prier Allah et de fêter un animal habité par l'esprit d'un homme.
37:32 Ceux qui observent strictement les principes de l'islam, les "santri", disent évidemment que cette pratique religieuse est entachée de superstitions.
37:41 Mais il ne faut pas oublier que personne ici ne parle arabe.
37:45 Alors nous avons sans doute une idée assez vague de ce que notre religion tolère ou nous impose.
37:51 [Bruits de la rivière]
38:20 [Bruits de la rivière]
38:25 [Bruits de la rivière]
38:54 [Bruits de la rivière]
38:59 [Bruits de la rivière]
39:09 [Bruits de la rivière]
39:34 C'est la première fois que j'assiste à une telle cérémonie.
39:38 Je crois que mon histoire les a touchés.
39:41 Mais toutes ces attentions me mettent un peu mal à l'aise.
39:45 À Goa, je ne suis pas chez moi.
39:47 Et puis je pense à ma famille, à la tristesse de Swardi.
39:51 Je crois en Allah, qui est grand.
39:54 Et en Ali Mohamed, qui peut, s'il m'entend, réunir mes enfants.
39:59 [Musique]
40:28 [Musique]
40:34 L'Écrisse et le Coran d'Ali Mohamed sont vénérés par les fidèles,
40:37 car son pèlerinage à la Mecque les a sanctifiés.
40:41 Comme tous les Hadjis, ces objets sacrés ne le quittent jamais.
40:45 Ils témoignent de ces instants qui ont changé sa vie.
40:48 [Musique]
41:17 [Musique]
41:42 Le but de notre vie de musulmans est d'aller à la Mecque.
41:45 Mais ça n'empêche pas certains bouguistes de faire des dizaines de kilomètres
41:48 pour voir Ali Mohamed et le toucher.
41:51 C'est une autre forme de pèlerinage.
41:54 [Cris de la foule]
42:17 [Cris de la foule]
42:32 L'eau est le royaume des êtres spirituels.
42:35 C'est pour cela que la cérémonie a lieu au bord de la rivière.
42:39 On y dépose les offrandes,
42:41 parce que c'est un point d'accès au ciel et au monde des abysses.
42:46 Sur l'autre rive, la prière d'un prêtre bissiou accueille l'esprit d'Ali Mohamed.
42:51 [Cris de la foule]
43:12 Il y a très longtemps à Sulawesi, nul ne savait si les dieux étaient des hommes ou des femmes.
43:16 Les bissious représentent l'autre face de ces divinités au sexe indécis.
43:21 Ce sont des travestis, qui se disent impuissants et se qualifient entre eux de "saladewi",
43:26 ce qui veut dire "fausses femmes" en bouguise.
43:29 Ils sont là aujourd'hui pour nous prouver que l'union avec le monde des esprits est toujours possible.
43:35 Et parce qu'ils ont le pouvoir de communiquer avec Ali Mohamed.
43:39 Avant qu'ils s'en aillent, et pour être sûrs qu'ils reviennent,
43:42 ils vont lui montrer le chemin du retour.
43:45 [Cris de la foule]
44:14 [Musique]
44:33 On laisse les enfants s'emparer des offrandes.
44:36 Mais malgré leur jeu, cette fête est aussi un moment d'angoisse.
44:40 Chaque année, on revit le départ d'Ali Mohamed comme un deuil.
44:44 Et chacun porte en soi la peur que jamais ils ne reviennent.
44:49 Par sa seule présence, Ali Mohamed étend sa bénédiction sur nous et sur toute la région.
44:55 Son bain purifie l'eau.
44:57 Et les gens qui s'y baigneront seront protégés de toutes les calamités pendant un an.
45:02 [Musique]
45:31 [Musique]
46:00 [Cris de la foule]
46:14 [Musique]
46:34 Pour nous préparer à un autre monde où nous pourrons atteindre la félicité et la vie éternelle,
46:39 nous prions Allah.
46:41 Nous confions notre âme et notre salut à l'islam,
46:44 mais nous remettons notre vie de mortel aux hommes varants,
46:48 par respect des croyances de nos ancêtres.
46:51 Nous sommes sûrs qu'Ali Mohamed est en relation avec Allah,
46:55 et qu'il peut intercéder pour nous.
46:58 J'espère qu'il a entendu ma prière, et qu'Ali Douyoung reviendra.
47:03 [Musique]
47:06 [Musique]
47:11 Merci à tous !

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