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Du lundi au vendredi à 18h45 sur C8.
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00:00 Gilles, est-ce que tu peux nous faire un résumé ?
00:02 Oui, Jonathan Daval avait accusé son beau frère Grégory Gay d'avoir étranglé Alexia lors d'une crise d'hystérie
00:10 et après d'avoir en quelque sorte ourdi un complot familial.
00:14 Il s'était rétracté six mois plus tard mais Grégory Gay et sa famille estiment qu'il y a un préjudice
00:20 donc ils ont attaqué en dénonciation calomnieuse et le parquet, comme on l'a vu, a requis la relax
00:25 en disant qu'une personne poursuivie a le droit de pouvoir mentir lors de l'instruction.
00:30 Donc c'est vrai que ça suscite beaucoup de polémiques et on a l'impression que cette affaire ne cesse de rebondir
00:37 et en quelque sorte, malgré la condamnation de Jonathan, ne se terminera jamais.
00:41 Maître, pourquoi Jonathan Daval retourne devant la justice ?
00:45 Il retourne devant la justice à l'initiative de la famille d'Alexia.
00:49 A savoir que le procureur de la République de Vesoules avait refusé de faire ce procès.
00:53 Le juge d'instruction de Vesoules avait dit "moi non plus parce qu'il me semble qu'il y a un problème de droit".
00:58 La famille d'Alexia a voulu malgré tout que ce procès se tienne. On s'en serait passé.
01:03 Donc le procès s'est tenu parce qu'ils ont délivré une citation directe à comparer de porte Jonathan Daval.
01:09 Il a accepté de comparaitre, il était présent d'ailleurs au moment de ce procès.
01:13 Effectivement il y a eu un débat de droit, vous avez raison, Gilles Verdes exclusivement en droit.
01:18 Nous avons communiqué des écritures avec Nesbata Fora bien avant le procès en disant "attention,
01:23 le droit de mentir est un droit consacré notamment par des arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme
01:29 et par des arrêts de la Cour de cassation, il n'y a pas d'infraction, ça va être la relax".
01:34 Le procureur de la République a dit "vous avez raison, je demande la relax".
01:37 Ça a choqué moralement un certain nombre de personnes.
01:41 Il faut savoir qu'en droit, cette relax est parfaitement justifiée.
01:45 Entre le droit et la morale, aujourd'hui ce qui dirige nos rapports,
01:48 et j'ai entendu le débat que vous aviez tout à l'heure,
01:50 heureusement que ce n'est pas la morale, c'est le droit et c'est la loi.
01:53 Même si parfois la loi peut choquer, je l'ai dit, la loi est dure mais c'est la loi, c'est l'ex duralex.
01:58 – Est-ce que cette peine peut s'additionner à ces 25 ans de prison ?
02:01 – Il n'y aura pas de peine Cyril.
02:02 – Ah d'accord.
02:03 – Puisqu'à partir du moment où il est relaxé, ça veut dire qu'il n'est pas déclaré coupable.
02:07 Non déclaré coupable, il ne peut pas y avoir de sanction, il ne peut pas y avoir de peine.
02:10 Par contre, il a reconnu que moralement, ce qu'il avait fait n'était pas acceptable
02:14 et il a présenté de nouveau, même si on sait que ça ne changera rien,
02:19 ses excuses auprès de la famille en disant "c'est la dernière fois que vous me voyez,
02:23 moi je vous le dis aussi parce que j'ai bien aimé votre introduction,
02:27 c'est l'avant-dernière fois que vous m'entendez parler de l'affaire Daval,
02:30 j'en parlerai au moment où la décision sera définitive,
02:32 et après je ne parlerai plus jamais de l'affaire Daval, j'ai tout dit".
02:35 – C'est ce qu'a dit la femme d'Aval, vous n'entendrez plus parler de moi.
02:38 – Exactement, c'est terminé, cette affaire est terminée,
02:41 il faut passer à autre chose, elle a été jugée il y a 4 ans,
02:44 et les faits se sont passés en 2017, donc il est vraiment temps de passer
02:48 à autre chose aujourd'hui, pour la famille d'Alexia, pour la famille de Jonathan.
02:51 – Comme ils peuvent, hein, la famille d'Alexia fait comme elle peut.
02:55 – Mais tout le monde fait comme il peut dans cette affaire-là, je sais bien,
02:58 on ne changera pas le passé.
02:59 – Oui mais vous dites "il est temps de passer à autre chose",
03:03 je dis "on fait juste comme on peut pour passer à autre chose".
03:05 – Je parle exactement en termes de procès et de procédures,
03:10 cette procédure-là, ils se sont infligés une souffrance qui était inutile,
03:13 je le dis comme je le pense, s'ils avaient écouté le procureur,
03:16 le juge d'instruction, ils n'auraient pas fait ce procès,
03:19 il n'y a rien de pire que faire un procès pour le perdre,
03:21 il vaut mieux ne rien faire, parce que tout le monde se déplace,
03:24 toute la presse était là, ça a duré la journée,
03:27 on a reparlé de l'affaire, c'est douloureux, c'est difficile,
03:30 et tout ça pour s'entendre dire "mais en fait vous avez tort en droit,
03:33 vous avez raison moralement, mais en droit vous avez tort,
03:35 nous sommes un tribunal, nous ne sommes pas un tribunal de la morale,
03:38 nous sommes un tribunal du droit et on va devoir relaxer Jonathan Daval,
03:41 c'est ça qui va se passer".
03:42 Donc il n'y aurait pas eu ce débat, on n'en aurait pas parlé,
03:45 donc moi je dis simplement que, bien sûr qu'ils font comme ils peuvent,
03:48 bien sûr que c'est monstrueusement difficile de se reconstruire,
03:51 je ne pense pas qu'on puisse d'ailleurs se reconstruire,
03:53 on continue sa vie comme on peut je pense dans ces cas-là,
03:57 mais il y a un moment aussi, en reparler constamment,
04:00 c'est revenir constamment en arrière, c'est réalimenter constamment le drame,
04:05 et ça je pense que ça suffit, vous voyez la série, on l'avait critiqué,
04:09 parce que pourquoi ? Vous vous rendez compte qu'il y a eu téléfilm,
04:12 je ne sais pas combien il y a eu de livres, des séries, il y en a eu deux.
04:16 - Madame a fait un livre. - Mais oui.
04:19 - Mais bien sûr, évidemment, tout le monde a fait un livre.
04:21 Madame a fait un livre, la famille d'Alexé a fait un livre,
04:24 j'ai fait un livre, Aude Barietti a fait un livre, c'est très bien,
04:26 tout le monde a dit ce qu'il avait à dire,
04:28 parce qu'il y avait beaucoup de choses à dire,
04:30 mais ces livres-là ont été faits en 2021, 2022, 2023,
04:34 et d'ailleurs c'est très bien le support du livre,
04:36 parce que ça permet de réfléchir, c'est posé,
04:38 ça permet d'avoir de la réflexion et du recul,
04:40 mais maintenant ça suffit, le procès c'était extrêmement dur,
04:43 et bien sûr que vous voyez la mère d'Alexia dehors,
04:46 elle est complètement bouleversée, parce qu'on n'a fait que reparler de l'affaire,
04:50 on l'a replongée quatre ans, cinq ans en arrière dans les accusations de Jonathan,
04:54 évidemment que c'est très violent, mais c'est une violence qui se sont imposées,
04:57 je vous assurais qu'on a fait preuve de beaucoup de tact,
04:59 on est resté très juridique, parce qu'il est hors de question non plus de faire mal à des victimes,
05:03 ce n'est pas du tout l'objet de nos interventions.
05:06 – Martine Henry, merci d'être là, vous êtes la mère de Jonathan Daval,
05:09 je rappelle le livre "Moi, maman de Jonathan"
05:11 avec la collaboration de Plana Radenovic,
05:14 cette affaire de dénonciation de Callomius, vous dites que c'est de votre faute, pourquoi ?
05:18 – Parce que je ne voulais pas admettre que c'était lui le meurtrier,
05:23 donc à chaque fois qu'il m'en parlait je disais non,
05:25 ce n'est pas possible, ça ne peut pas être toi,
05:27 dans mes enfances c'est le plus calme,
05:30 donc il a inventé ça, qu'il n'aurait pas dit, c'est un mensonge,
05:36 mais c'était pour me faire plaisir, quelque part à moi,
05:41 parce que quand il m'a dit ça, j'ai dit tu vois, j'avais raison, ce n'est pas toi, c'est de ma faute.
05:46 – Vous pensez quoi des montants que réclame la famille d'Alexia et de Jonathan
05:50 dans cette affaire de dénonciation Callomius ?
05:52 C'est quoi les montants réclamés ?
05:54 Vous réclamez des dizaines de milliers d'euros, c'était…
05:56 – Je crois qu'on est sur 60 000 euros en totalité.
06:00 C'est une question très délicate, ils ont le droit de demander des dommages et intérêts,
06:07 la loi le prévoit, ils n'obtiendront rien en cas de relax,
06:11 je dis simplement qu'on est sur des accusations qui portent atteinte à l'honneur,
06:16 et que lorsqu'on est sur une question d'honneur,
06:19 je suis moi, à titre personnel, choqué qu'on demande de l'argent.
06:23 J'aurais compris qu'on demande un euro de dommages et intérêts,
06:26 puisque ce qu'ils souhaitaient, c'était qu'on reconnaisse que Jonathan Daval avait menti.
06:30 Ça a déjà été fait, ça a été fait pendant l'instruction.
06:33 Je vous rappelle qu'il y a eu une scène incroyable
06:37 où Jonathan Daval s'est retrouvé seul avec sa belle famille,
06:40 en sortant du bureau du juge d'instruction après la confrontation,
06:42 qu'ils sont tombés dans les bras les uns les autres, ça a beaucoup pleuré,
06:45 on ne sait pas ce qu'ils se sont dit, mais je sais qu'il a demandé pardon.
06:49 Le pardon a été demandé au procès, le mensonge a été reconnu,
06:53 il s'est expliqué dessus, et là de nouveau on revient.
06:57 Et là on réclame des sommes d'argent très importantes,
06:59 l'indemnisation a déjà eu lieu suite à la mort d'Alexia,
07:02 la famille réclamait à peu près 900 000 euros, ils ont plus de 160 000 euros.
07:07 J'ai été assez choqué par les montants.
07:09 Vous savez Cyril, je vais vous le dire en France, j'y peux rien,
07:12 pour la mort d'un enfant par exemple qui se fait tuer,
07:15 la justice vous accorde en moyenne entre 15 000 et 25 000 euros de dommages et intérêts.
07:20 Pour la mort d'un enfant, pour une femme violée,
07:22 on est entre 10 000 et 18 000 euros d'indemnisation.
07:26 Et là on avait quand même Grégory Gay qui demandait 30 000 euros
07:29 parce que Jonathan l'avait accusé à tort.
07:31 Je trouvais que c'était inapproprié.
07:34 Parce que Maître pendant les 6 mois où il a été accusé,
07:38 il estime qu'il y a eu un préjudice aussi professionnel,
07:41 qu'il devait monter une société aux Etats-Unis,
07:43 qu'il n'a pas pu travailler.
07:45 Non mais lui estime qu'il a été lésé aussi sur le plan professionnel, donc financier.
07:49 Alors on a attendu des justificatifs.
07:51 Je vous rappelle que les parents ont estimé que le prix de leur commerce
07:55 avait baissé à cause de l'affaire.
07:57 La justice l'a pris en compte,
07:58 ils ont eu une indemnisation complémentaire à la cour d'assise.
08:01 Grégory Gay n'a rien produit comme document
08:03 justifiant qu'il avait eu des pertes de chance au niveau professionnel.
08:06 C'est comme ça que le droit appelle ça pour l'indemniser,
08:08 il faut que la perte de chance soit sérieuse.
08:10 Là nous n'avions pas ça au dossier,
08:12 donc ça ne reposait que sur des affirmations péremptoires
08:16 et la justice ne peut pas indemniser de toute façon des affirmations simplement péremptoires.
08:19 Martine, vous ressentez quoi quand vous voyez les images de la famille d'Alexia,
08:23 désespérées, en laissant détruites ?
08:26 Qu'est-ce que vous ressentez ?
08:27 Je les comprends, ils ont perdu leur fille dans de terribles…
08:31 Oui, bien sûr.
08:32 Oui, donc je les comprends.
08:34 Perdre un enfant, je pense que c'est le pire de tout.
08:37 Vous vous mettez à leur place aussi, parfois, c'est ça ?
08:40 Oui.
08:41 Je crois qu'on ne peut pas.
08:43 Oui, c'est compliqué.
08:44 Je crois que c'est une expérience de vie tellement horrible
08:47 que personne qui n'a pas vécu ça peut se mettre à la place.
08:50 Martine, elle a toujours son fils.
08:52 C'est dur aussi d'être la mère d'un meurtrier,
08:55 mais elle a toujours son fils.
08:57 C'est aussi une souffrance, mais elle a toujours son fils.
09:00 Vous souffrez, vous, Martine ?
09:02 Oui.
09:03 Tous les jours depuis que vous savez que c'est votre fils ?
09:07 Ça ne s'oublie pas, ça.
09:09 C'est là, c'est… Non, oui, on souffre.
09:12 Et vous avez vu votre fils, vous avez vu votre fils dernièrement ?
09:16 Le week-end dernier.
09:18 Le week-end dernier ?
09:19 Oui.
09:20 Qu'est-ce qu'il vous dit, lui ?
09:22 Qu'il voulait assumer qu'il serait présent au procès du 10 avril,
09:27 qu'il allait leur parler, qu'il ne baisserait pas les yeux.
09:31 Et il a tenu parole.
09:33 Et vous, c'est quoi les mots que vous trouvez
09:35 quand vous allez voir votre fils ?
09:37 On parle de tout, de ce qui se passe dehors,
09:40 les personnes qu'on a vues, comment on va dans la famille.
09:45 Vous essayez de parler d'autre chose, quoi.
09:47 Voilà, de tout et de rien.
09:49 Oui, toi…
09:51 Vous avez dit qu'il était devenu amie avec Guy Georges.
09:54 Oui, c'est dans mon livre.
09:56 Je sais, il y a beaucoup de gens qui…
09:58 Qui ont été choqués.
10:00 C'est un être humain.
10:01 Pour moi, c'est un être humain comme un autre.
10:03 Oui, mais en prison.
10:05 Vous voulez qu'il parle à qui ?
10:07 Il parle à d'autres personnes aussi.
10:09 Sinon, il parle aux quatre murs de sa cellule ?
10:12 Qui a été choqué par cette déclaration ?
10:14 Raymond et Géraldine ?
10:16 Moi, je suis choquée partout.
10:18 Je ne suis pas à la hauteur de ce débat.
10:20 Je passe mon tour, en fait.
10:22 Moi, je vous entends, vous êtes extrêmement brillant.
10:24 Pardonnez-moi, vous êtes très brillant.
10:26 Vous nous expliquez le droit et j'entends.
10:28 Et moi, je n'arrive pas à me placer au niveau du droit.
10:30 Je n'y arrive pas intellectuellement.
10:32 Je n'y arrive pas.
10:34 Je n'y arrive pas au niveau de l'émotion, de la morale.
10:36 Je suis limitée intellectuellement pour y arriver.
10:40 Pour faire un pas vers vous par rapport à ce que vous m'expliquez.
10:43 Et j'entends la relaxe.
10:45 Je trouve que la loi est incroyablement injuste.
10:48 Quand on diffame sur quelqu'un, je trouve que c'est incroyable.
10:52 On a le droit de le faire à partir du moment où on est coupable pour se protéger.
10:57 Je trouve que c'est incroyable.
10:58 Le droit de mentir.
11:00 Je suis complètement larguée dans tout ce que vous me dites.
11:04 C'est pour ça que je passe mon tour.
11:05 Parce que je ne suis pas au niveau et je trouve que tout est indécent.
11:07 - Raymond.
11:09 - Comme Gérardine.
11:10 Déjà, si Gérardine, intellectuellement, elle ne peut pas y aller.
11:12 Imaginez-moi.
11:13 C'est encore pire.
11:14 - Pas du tout.
11:15 - Et je me fais aussi endormir par un monsieur l'avocat qui est très bon.
11:17 Et qui m'endort quelque part.
11:19 - Qui est excellent, Randal.
11:20 - Il me dit, ferme-la.
11:21 Parce que qu'est-ce que tu connais à la loi ?
11:23 Ferme-la.
11:24 Et moi, dans l'émotion, je me dis.
11:26 Moi, c'est pareil.
11:27 C'est un être humain.
11:28 C'est difficile ce que je vais dire.
11:29 Mais pour moi, les êtres humains, ils ne font pas ça.
11:31 Ils ne font pas ce qu'a fait votre fils.
11:32 Donc, je le mets à côté.
11:33 - Pas les guiches.
11:34 - Il reste, Guy Georges, encore moins un être humain.
11:36 Qui demande de sortir, lui, maintenant.
11:38 Parce qu'il peut faire des demandes de sortie.
11:40 Donc, pour moi, j'ai du mal.
11:41 Alors, quand vous me dites, il reste entre 4 murs.
11:43 Il faudrait peut-être qu'il reste entre 4 murs.
11:45 - Mais si vous permettez.
11:47 J'entends ce que vous dites avec Gérardine.
11:49 Et je le comprends.
11:50 Franchement, je le comprends.
11:51 Parce que même des proches que je fréquente
11:54 qui ont des problèmes,
11:55 ils ont des problèmes avec le fait que les gens ne sont pas là.
11:57 - Et c'est un problème.
11:58 - C'est un problème.
11:59 - Et je veux dire la même chose que vous.
12:00 Comment peux-tu dire ça, moralement, émotionnellement ?
12:03 Comment c'est possible ?
12:04 C'est parce que la loi, c'est ce que j'ai dit.
12:06 La loi est dure, mais c'est la loi.
12:07 - C'est pas sûr.
12:08 - Sur l'être humain, OK, il y a du merveilleux dans l'être humain.
12:11 Mais il y a aussi le puissant dans l'être humain.
12:13 Et ça reste l'humanité.
12:14 Les guerres ne se font pas toutes seules.
12:16 On a beaucoup, moi, quand j'étais jeune,
12:18 on parlait beaucoup de la Shoah,
12:19 des milliers, des centaines de milliers de personnes, les goulags.
12:22 Le mal fait partie de l'humanité.
12:24 L'horreur fait partie de l'humanité.
12:26 Et il faut être capable de l'affronter.
12:28 Et dans chaque être humain, il y a plusieurs visages,
12:30 et il y a plusieurs composants.
12:33 - Je voudrais ajouter quelque chose, Randall.
12:35 C'est que, moi aussi, je comprends tout ce que vous dites,
12:38 et je suis complètement d'accord avec vous.
12:39 Après, il ne faut pas oublier, c'est sa maman.
12:43 Donc c'est vrai que...
12:44 - Bien sûr.
12:45 - Voilà, donc je vous le dis.
12:46 En vérité, c'est aussi simple que ça.
12:48 - Bien sûr.
12:49 - C'est son fils.
12:50 Et c'est vrai que moi, je me mets à la place de Martine.
12:53 - On fait tout pour un enfant.
12:54 - Et c'est vrai que, voilà, moi, je ferai tout aussi pour...
12:56 - Bien sûr.
12:57 - Et on peut tous avoir un enfant...
12:58 - Exactement, oui.
12:59 - Qui dysfonctionne,
13:00 alors qu'il a été élevé comme les autres,
13:02 très bien éduqué, qui, à un moment, passe à l'acte.
13:04 J'ai des cas, y compris dans une affaire criminelle abominable.
13:07 - Elle n'a pas dit qu'elle cautionnait.
13:08 - Elle n'a jamais dit qu'elle cautionnait.
13:09 - Non, elle ne cautionne pas.
13:10 - Pour elle, c'est...
13:11 - Elle ne cautionne pas l'acte.
13:12 - Elle le dit à chaque fois.
13:13 C'est dramatique, ce qui s'est passé.
13:16 Elle en veut à son fils, forcément.
13:18 Mais c'est son fils, donc elle essaie de...
13:20 Voilà, c'est compliqué.
13:22 Et ça, je vous dis, ce que vivent les parents d'Alexia, c'est le pire.
13:27 C'est horrible et c'est bien pire que ce que vit Martine.
13:30 - Moi, j'aimerais pas, par exemple.
13:31 - Ce que vit Martine, c'est compliqué.
13:34 C'est être la maman d'un guerrier.
13:36 - C'est différent.
13:37 - Oui.
13:38 - Je voulais dire, moi, quand je suis arrivée là-bas dans la prison,
13:41 Georges, je le connaissais même pas.
13:43 Je savais même pas qui c'était, moi.
13:45 Donc, du moment qu'il nous dit bonjour, qu'il cause à mon fils,
13:49 pour moi, c'est un être humain comme un autre.
13:52 - Mais moi, j'aurais pas été content de voir la mère du meurtrier de ma fille
13:58 sur les plateaux de télé.
13:59 J'aurais pas été content de la voir faire un livre.
14:01 J'aurais pas été content de raconter,
14:03 je l'ai vue ce week-end et ça va très bien
14:04 et on a parlé de Patrick et de Josiane.
14:06 J'aurais pas été content.
14:07 - Mais il faut lire le livre.
14:09 Lisez le témoignage.
14:11 - Je respecte votre démarche.
14:13 Vous faites du bien, je respecte.
14:15 Mais ils trouvent ça extrêmement choquant.
14:17 - Si vous permettez...
14:18 - Vous dites, moi, ici, on est à TPP.
14:20 - C'est pas drôle, c'est ce que vous pensez.
14:21 - Je ressens le livre venir dire, si j'ai fait ça, ça va être de mon faute.
14:25 - Si vous permettez, il y a deux coups de fil qui ont été terribles.
14:27 Il y a le premier coup de fil qui est de dire,
14:30 on a retrouvé votre fille, elle est morte.
14:32 Ça, c'est les parents d'Alexia.
14:34 Et le deuxième coup de fil qui est terrible,
14:36 votre fils est en garde à vue, votre fils est un meurtrier.
14:39 Et si vous avez des enfants, et les gens ont des enfants,
14:42 quand ce coup de fil arrive, c'est cataclysmique.
14:46 C'est-à-dire que vous n'avez rien demandé à personne.
14:48 Vous êtes honnête, vous vivez votre vie honnêtement.
14:50 Vous avez des espoirs dans votre enfant.
14:53 Et là, on vous dit, du jour au lendemain, vous êtes le parent d'un meurtrier.
14:56 Vous vous rendez compte de ce qui vous tombe sur la tête.
14:58 Et ce témoignage, c'est simplement dire, voilà moi, comment je vis,
15:01 et comment j'ai vécu, et comment je suis rentré dans un monde que je ne connaissais pas.
15:04 Je pense que Martine se serait bien abstenue, y compris de venir chez vous,
15:07 même si c'est très sympathique de venir vous voir, en tant que mère de meurtrier.
15:11 Voilà, c'est le sens du témoignage.
15:13 – Je veux dire, eux, ce qu'ils se disent avant tout, c'est…
15:15 – Mais je les comprends.
15:16 – Ils se disent, les parents d'Alexia, c'est encore pire pour eux
15:18 de savoir qu'ils ne verraient plus leur fille,
15:20 et que leur fille a été assassinée, c'est ça.
15:22 – Moi, je vous le dis les yeux dans les yeux,
15:25 ce qui m'a choqué, c'est l'allusion à Guy Georges.
15:28 Guy Georges, c'est quand même le tueur de l'Est parisien,
15:30 7 meurtres, et je trouve que, je comprends en tant que maman,
15:33 mais quand vous expliquez, il faut bien qu'ils boivent un café ensemble,
15:36 du moment qu'ils sont bien ensemble, que tout se passe bien,
15:38 c'est tout ce que je demande.
15:40 Moi, Guy Georges, qu'il boit un café tranquillement en prison,
15:42 même s'il ne fait pas de demande de libération, moi, ça m'a choqué.
15:46 – Oui, mais vous savez, moi, je parle comme je le ressens.
15:49 – Oui.
15:50 – Je ne vais pas vous raconter un mensonge pour faire plaisir.
15:54 Je suis naturelle, donc…
15:57 – Oui, ça blesse, ça choque, mais c'est ma…
16:01 – J'en ressentis un moins.
16:03 – J'entends, effectivement, et je comprends l'émoi de mes camarades,
16:05 parce que je ne suis pas loin de le partager,
16:07 et en même temps, si on se place du côté du droit,
16:09 il n'y a même pas de débat, en fait, ce que dit Maître,
16:13 le procureur l'a dit, toutes les instances judiciaires l'ont dit,
16:17 et en fait, ce qui est intéressant, c'est que, tout à coup,
16:20 vient faire l'irruption de quelque chose qu'on veut mettre à distance,
16:22 c'est qu'est-ce qui se passe une fois qu'on a dit à quelqu'un
16:24 qu'il était condamné à 15, 20, 30 ou à perpétuité ?
16:28 Et on ne veut pas voir la réalité de ce qui se passe réellement.
16:30 La réalité, c'est que, oui, des meurtriers qui prennent perpète
16:35 ou qui prennent 30 ans à l'incompressible, ils se retrouvent ensemble,
16:38 et qu'est-ce qu'on fait ?
16:40 Est-ce que, finalement, on accepte d'imaginer qu'ils ont une vie après ?
16:44 Et c'est là toute la question.
16:46 – C'est un vrai sujet.
16:47 – C'est un vrai sujet.
16:48 – Un gros sujet.
16:49 – Et effectivement, il est à… j'imagine à N'Ceasey Sime ?
16:51 – C'est ça, exactement.
16:52 – N'Ceasey Sime, là où sont tous les tueurs.
16:54 – Nord-Allemandais, Thalys et Sime, Francis Solm et Thalys et Sime,
16:57 ils se croisent, ils se parlent.
16:58 – C'est assez terrible, mais c'est à nous aussi de nous poser la question
17:00 collectivement, qu'est-ce qu'on supporte ou pas de l'après ?
17:03 – Voilà, sinon il faut les mettre tout seuls, constamment tout seuls,
17:05 et les continuer à les punir, punir, punir, punir, jusqu'à ce qu'ils meurent.
17:08 Dans ces cas-là, il y a meilleur temps de remettre en place la peine de mort.
17:11 – Martine, c'est quoi votre vie aujourd'hui ?
17:14 Comment vous arrivez à avancer ?
17:16 – Mes enfants, mes petits-enfants, les enfants que je garde,
17:19 ça me pousse…
17:21 – Vous en parlez encore entre vous de cette affaire ou pas du tout ?
17:23 Vous essayez d'en parler de moins en moins ?
17:25 – Oui, si on en parle encore, enfin.
17:27 Surtout quand ça repasse comme ça.
17:29 – Mais vous essayez d'éviter ou ça ne se fait pas ?
17:32 – Non, si on en parle, on en parle, on n'évite rien.
17:35 Chacun est libre de dire ce qu'il a dit.
17:39 Je suis assez ouverte d'esprit, donc…
17:43 – Il y a déjà des gens dans la rue, dans votre ville,
17:47 qui vous ont dit "oui, vous êtes la mère d'un meurtrier, c'est admissible" ?
17:51 – Non, jamais personne, à part monsieur.
17:54 – D'accord, à part…
17:55 – Mais sinon, non, jamais personne.
17:57 Aussi bien dans la ville que dans notre petite campagne, non.
18:01 – Très bien.
18:02 Merci Martine d'avoir été avec nous.
18:04 – De rien, s'il vous plaît.
18:05 – Merci beaucoup.
18:06 Et merci Maître Randall, chouard de force, toujours un bonheur de vous voir.
18:08 – Merci à vous.
18:09 – Merci beaucoup.
18:10 [Musique]