Ariane Gotlieb : "Mon père était très fier de la rubrique à brac"

  • il y a 5 mois
Jacques Pessis reçoit Ariane Gotlieb : la fille de ce génie de la BD se consacre à la mémoire de l’œuvre de son père. Elle vient de créer un prix qui porte son nom.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-04-16##

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Transcript
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité, votre vie est une histoire d'humour.
00:07 Vous êtes la fille d'un maître de la BD aussi génial que modeste.
00:11 Vous êtes aujourd'hui sa conservatrice en chef et la créatrice d'un prix en hommage à une oeuvre qui est justement une somme.
00:19 Bonjour Ariane Gautlib.
00:20 Bonjour Jacques Pessis.
00:22 Alors c'est vrai que Gautlib, effectivement tout le monde connaît.
00:25 Vous êtes sa fille et il nous a quitté hélas en 2016.
00:29 Comme on dit, le con hélas.
00:32 Mais en même temps, c'est quelqu'un que vous défendez aujourd'hui.
00:37 Vous avez créé un prix qu'on va évoquer.
00:38 Et en même temps, le principe des clés d'une vie, c'est d'évoquer son parcours et votre parcours à travers des dates clés.
00:44 Mais on va commencer par entendre sa voix.
00:46 Moi, j'ai fait la rubrique à braques avec des scénarios de Goscinny, uniquement pendant 65, 60...
00:56 Cette voix, elle est reconnaissable entre mille.
00:59 C'est clair.
01:00 Oui, c'est clair.
01:01 C'est clair et c'est vrai que vous avez encore de l'émotion quand vous écoutez cette voix.
01:05 Oui, sa voix et quand je le vois bouger sur des vieux docs, c'est un petit peu compliqué pour moi.
01:12 Bon, alors on va évoquer sa carrière.
01:15 Il y a une date que j'ai trouvé très importante.
01:17 C'est le 10 mars 1972.
01:19 C'est dans le numéro 648 de Pilote qu'est publiée La Boule.
01:23 Une rubrique à braques qui est, je pense, qui vous a marqué et où il évoque pour la première fois vos trois ans.
01:31 Absolument.
01:33 C'est la première fois qu'on voit le nom d'Ariane Gottlieb dans une BD de Gottlieb.
01:36 Oui, tout à fait.
01:38 Et c'était, je crois, la planche préférée de Pierre Arditi.
01:40 Ah, je crois me souvenir qu'il l'a lue une fois, effectivement.
01:47 À l'antenne, oui.
01:48 Alors cette planche, vous l'avez découvert beaucoup plus tard parce qu'à trois ans, vous ne disiez pas votre père.
01:54 Non, à trois ans, non.
01:56 Je m'y suis mise très, très, très vite.
01:58 Mais à trois ans, non.
02:00 Et je l'ai lue.
02:02 Je n'ai évidemment pas immédiatement compris que ça me concernait directement.
02:05 Mais ensuite, quand je l'ai compris, j'ai été drôlement fière.
02:09 Alors c'est une histoire qui est caractéristique de Gottlieb parce qu'elle mêle l'humour et l'émotion.
02:13 Et ce qu'on ne sait pas toujours, au départ c'était un conte.
02:16 Il en avait fait une planche qui a été refusée par Goscinny, je ne sais pas si vous le savez.
02:19 Absolument pas.
02:20 Et il a profité des vacances de Goscinny pour la faire publier dans Pilote.
02:23 D'accord.
02:24 Cet été.
02:25 Je veillerai à vous consulter régulièrement, Jacques, quand j'aurai besoin d'informations.
02:30 Alors c'est vrai que Gottlieb, c'est l'humour mais c'est aussi l'émotion.
02:33 C'est le mélange des deux qui fait ce personnage.
02:35 Oui, absolument.
02:37 C'est-à-dire ?
02:38 C'est-à-dire que c'est un homme qui sait raconter finalement.
02:43 Et qui a réussi à mettre dans son travail des choses intimes et personnelles.
02:51 Et puis qu'il a raconté dans une autobiographie.
02:54 Parce qu'il a été extrêmement marqué par une enfance un peu compliquée.
02:59 On va en parler.
03:00 Mais je crois qu'il vous a initié à l'humour très vite.
03:04 En ce qui me concerne, oui.
03:06 Plus que très vite.
03:07 De quelle manière ?
03:08 Alors déjà, il s'est quand même passé des événements familiaux à hurler de rire.
03:16 Mais là, j'étais petite.
03:18 Donc je n'étais pas initiée.
03:20 Mais il faut croire que j'avais hérité.
03:22 Puisqu'il s'est quand même servi un verre de pastis.
03:25 Et avant de mettre l'eau, je suis passée par là.
03:28 J'avais deux ans et je marchais à peine.
03:30 Et j'ai siroté le verre de pastis pur.
03:34 Et alors ?
03:35 Comme toujours dans ces cas-là.
03:37 Mon père était absolument plié de rire par terre.
03:40 Parce que moi, j'étais quasi ivre.
03:42 J'ai même mis ses chaussures.
03:44 C'était filmé.
03:45 Et ma mère, folle d'inquiétude comme toujours.
03:49 Et votre mère a partagé cet humour depuis les débuts.
03:52 Parce qu'ils se sont rencontrés, je crois, dans les studios de Paul Winclair.
03:55 Qui avait Opéra Mundi.
03:57 Un studio de bande dessinée.
03:59 Complètement.
03:59 Et je crois qu'il débutait à l'époque.
04:02 Ah oui, complètement.
04:03 Il débutait même tant et si bien qu'il n'était absolument pas parti pour dessiner.
04:11 Mais pas pour ce que ça a donné par la suite.
04:14 Je crois que votre mère, Claudie, travaillait,
04:17 assurait les retouches d'un magazine qui s'appelait Confidences.
04:19 Complètement.
04:20 Qui était le premier magazine féminin presse du cœur dans les années 35.
04:25 Ça, encore une fois, c'est tout à fait possible.
04:28 Mais vous me l'apprenez.
04:30 Et je crois qu'ils se sont beaucoup amusés ensemble depuis ce moment-là.
04:34 Ah oui, ils se sont beaucoup amusés ensemble.
04:36 Et puis à cette époque-là, il y a d'autres personnes qui sont toujours là.
04:42 Qui sont toujours nos amies.
04:43 Maryse Grousset.
04:45 Et qui étaient à cette époque-là aussi chez Winclair.
04:50 Et je crois qu'ils se sont tous beaucoup amusés.
04:53 Alors je crois surtout que le Gottlieb a été marqué,
04:57 vous le disiez, par cette jeunesse difficile.
04:59 Je crois qu'il a vu son père partir avec la Gestapo.
05:03 Alors, honnêtement, je ne peux pas vous affirmer à 100% que de ses yeux, il l'a vu.
05:11 Il avait 8 ans, de toute façon.
05:14 Ses souvenirs sont quand même un petit peu altérés.
05:18 Mais par contre, l'histoire qu'il y a autour,
05:22 le fait qu'au départ, son père se soit engagé pour la France,
05:27 puis est rentré, puis est reparti,
05:31 évidemment, de par l'histoire qu'a été la Shoah
05:37 et la rafle de tous les Juifs possibles et imaginables.
05:43 Et lui, il s'est retrouvé comme ça, Marcel Gottlieb,
05:46 à la campagne avec une chèvre, qu'il a évoquée dans une musique à Braque ?
05:51 En fait, il était rue Ramay avec sa maman et sa tante.
05:55 Et puis, très rapidement, elle n'a plus pu continuer à gérer les deux,
06:01 en même temps qu'elle-même se protégeait, etc.
06:05 Donc, elle a placé effectivement mon père et ma tante à Roelhaga de Lière.
06:11 Alors, vos jeunes années ont été bercées par la bande dessinée.
06:15 Quand vous avez compris l'intérêt des planches de Gottlieb,
06:18 vous avez imaginé, je crois, un trafic d'albums Ariane Gottlieb ?
06:21 Complètement, parce qu'en fait, j'avais, comme beaucoup de jeunes enfants,
06:28 notamment primaires, très envie d'être très populaire.
06:31 Et j'avais trouvé comme moyen le fait d'échanger,
06:36 ou bien d'échanger ou bien de donner des bandes dessinées
06:39 qui étaient les exemplaires d'auteurs que mon père avait planqués au Grenier.
06:43 Moi, j'avais trouvé la cachette.
06:45 Et alors, je distribuais ça à qui mieux mieux.
06:48 Et j'essayais par là de me faire aimer, etc.
06:56 Et votre père l'a su ? Gottlieb a su que vous lui violiez ses alums ?
06:59 Je crois qu'il l'a su, mais finalement, beaucoup plus tard.
07:02 Voilà, ça ne l'a pas gêné, ce genre de choses ?
07:04 Non, je pense que ça l'a plus fait marrer.
07:06 Oui, car il faut savoir que Gottlieb faisait partie de cette bande de dessinateurs
07:10 qui ne se prenaient pas au sérieux en France et en Belgique.
07:12 Il y avait Tibay, il y avait Uderzo, Peyo,
07:15 qui vivaient vraiment sans imaginer qu'ils étaient des stars de la BD.
07:19 Alors, complètement.
07:20 Et puis, comme c'était les prémices, quand même, malgré tout,
07:22 du gros succès qu'a pris la bande dessinée,
07:25 qui était plus vers 1972-1973,
07:28 au tout début, ils n'en revenaient pas de ce qui était en train de leur arriver, finalement.
07:33 Et donc, effectivement, même les débuts d'Angoulême,
07:36 ils restaient tous extrêmement humbles et discrets.
07:41 Hergé m'a un jour raconté que lorsque les trois hommes qui sont allés sur la Lune
07:45 lui ont demandé un album de KC,
07:47 il n'imaginait pas, pour lui, il faisait des choses pour les enfants.
07:50 Bien sûr.
07:51 Et alors, vous êtes devenu ensuite, à cette époque-là,
07:55 justement, en fréquentant ce genre-là,
07:57 une spécialiste d'histoire qu'on ne peut pas raconter aujourd'hui.
07:59 Un peu salasse, un peu scato, car il adorait ça.
08:02 Je sais très très bien d'où vous tenez en majeure partie cette information.
08:06 Et je pense encore à lui régulièrement, qui était Tibet,
08:11 et que ça faisait hurler de rire parce que je racontais toujours des histoires salasses, effectivement.
08:15 Et ça m'a poursuivi ensuite dans mon travail, je racontais des histoires salasses aussi.
08:19 Oui, Tibet, qui était le créateur de Cheekbill et Ricochet,
08:22 qui un jour, qui était tellement farceur,
08:24 un jour, il a réussi à trafiquer un contrat d'édition sans que personne ne s'en aperçoive.
08:28 Il demandait à l'éditeur de lui prêter sa femme pendant 24 heures, une fois par an.
08:32 Ça a été signé sans le moindre problème.
08:34 On ne peut plus imaginer ça aujourd'hui.
08:36 Ah non, on ne peut plus.
08:37 Mais il y a tellement de choses qu'on ne peut plus imaginer aujourd'hui,
08:39 surtout chez les dessinateurs de cette époque-là.
08:42 Alors, vous avez grandi, vous êtes devenue script à la télévision,
08:45 dans de bons nombres d'émissions, ça a été votre métier premier.
08:48 Tout à fait, c'était une vraie vocation qui m'est venue grâce à mon père,
08:51 qui m'a montré un jour La Nuit Américaine de François Truffaut.
08:54 J'ai vu Nathalie Baye, j'ai dit je veux faire ça.
08:57 Après, j'ai vu Danny, j'ai dit bon, je passerai par là.
09:03 Et donc j'ai fait beaucoup de stages en long métrage.
09:06 Et puis ensuite, j'ai jugé que l'audiovisuel était plus adapté
09:09 au rythme de vie que je voulais avoir.
09:12 Et j'ai eu la grande chance d'être aidée par Pierre Tchernia,
09:14 qui m'a mis un pied dans la télé.
09:16 Et vous avez travaillé pendant des années dans les coulisses de la télévision.
09:19 Oui, j'ai été script à Canal 30 ans, presque 29 ans.
09:23 Et comme j'étais intermittente du spectacle, je travaillais aussi ailleurs.
09:28 Ce qui m'a permis d'avoir la chance de travailler notamment 5-6 ans
09:33 avec Christophe Dechavanne, que j'ai beaucoup aimé.
09:39 Et puis d'autres personnes qui n'étaient pas à Canal.
09:42 Et effectivement, aujourd'hui, votre mission, c'est défendre l'œuvre de votre père, Gottlieb.
09:47 Et on va continuer à en parler à travers une autre date, le 17 février 1974.
09:52 A tout de suite sur Sud Radio avec Ariane Gottlieb pour parler de Marcel Gottlieb.
09:56 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
09:59 Sud Radio, mon invitée aujourd'hui dans les clés d'une vie, Ariane Gottlieb,
10:03 la fille de Marcel Gottlieb, désignateur de génie, que vous défendez à travers un prix
10:08 et que nous évoquons parce qu'il a été aussi un maître de la BD des années 60 à 2000, pratiquement.
10:15 Et on l'évoque à travers des dates.
10:17 Et le 17 février 1974, c'est sa première télévision.
10:21 C'est la première fois qu'il apparaît à la télévision pendant quelques secondes.
10:23 C'est le début du premier festival d'Angoulême et il interview en anglais, avec trois phrases,
10:29 quelqu'un qui est Harvey Kurtzman, qui est le créateur de MAD.
10:32 Je ne sais pas si vous connaissez cette séquence.
10:34 Alors cette séquence, elle est passée dernièrement beaucoup, beaucoup sur les réseaux sociaux.
10:40 Donc je la connais, effectivement.
10:43 Le festival d'Angoulême, on est assez balbutiement.
10:45 Je crois que personne n'y croit.
10:46 Le musée a prêté les lieux pour quelques dessinateurs.
10:49 À l'époque, on n'imagine pas ce que ça va devenir.
10:51 Et Gottlieb est là la première fois.
10:53 Absolument, tout à fait.
10:55 Il y croyait beaucoup.
10:56 Gottlieb, Claire, Bretéché.
10:58 Oui, ils sont quelques-uns.
11:01 Ils sont quelques-uns à avoir défendu une BD, mais c'était une autre époque.
11:04 C'est-à-dire que quand il parle anglais avec Kurtzman, c'est assez étrange ces trois phrases.
11:08 Mais MAD, qui est le journal de Kuzman, c'est un modèle pour lui comme pour Goscinny.
11:12 Absolument.
11:13 Alors ça, à 8000%, papa était extrêmement fan de MAD Magazine.
11:20 C'était un journal très particulier.
11:22 C'est en tout cas ce qu'il a essayé de copier, puis qui aime bien copier bien, dans le fluide.
11:31 C'est un journal à part, effectivement.
11:34 Tout à fait aspiré par l'absurde, le loufoque, et avec le style que Gottlieb a imposé.
11:40 Mais il faut savoir que quand il interview Gossman, il parle anglais.
11:43 Je ne suis pas sûr qu'il parlait beaucoup anglais, Gottlieb.
11:46 Alors, il finissait par bien se débrouiller.
11:48 Par contre, il avait un accent à couper au couteau.
11:50 Il avait en fait un accent anglais par ego.
11:53 C'était très étonnant comme mélange.
11:56 Et il a fait, je ne sais pas si vous le savez, un congrès à New York dans les années 70,
12:00 où il a essayé d'expliquer le calembour français "How do you do, you de poil, ça n'a pas marché".
12:05 Et il l'a traduit par "How do you do, glass-fair-blanc junior, and you're brunette".
12:09 "Not bad and you're brunette", absolument.
12:11 Est-ce que les américains comprennent ce genre de choses ?
12:14 Je n'en ai aucune idée.
12:15 Il l'a tourné aussi dans un petit court métrage qui a été fait par Patrice Lecomte avant qu'il ne soit réalisateur de cinéma,
12:23 qui s'appelle "And my name is Marcel Gottlieb", où tout à la plume, rien au pinceau.
12:28 Et à un certain moment donné, il y a un interlude dans ce petit court métrage qui est assez tordant,
12:34 dans lequel il s'imagine plus ou moins en tant que star.
12:38 Et il est en costard blanc avec une poursuite sur lui, sur fond noir.
12:42 Et là, il raconte la blague "How do you do, glass-fair-blanc junior, not bad and you're brunette".
12:49 Ah ah ah ah ! Et c'est assez rigolo.
12:52 Et Patrice Lecomte boit beaucoup d'ailleurs à Gottlieb.
12:54 Je crois qu'il a tourné les premières pubs grâce à Gottlieb et à Pilote.
12:58 Les pubs de Pilote, oui, qui sont complètement tordantes.
13:01 Et c'est vrai que Patrice Lecomte était un fan de Gottlieb dès le départ.
13:04 Absolument. Et puis après, ils ont transformé ça en de l'amitié.
13:09 Alors, l'art du dessin par Gottlieb, c'est venu très très jeune.
13:12 Je crois qu'il dessinait déjà sur les murs quand il était bébé.
13:15 Sur les murs bébé, j'en sais rien. Mais à l'école, dans ses cahiers, dans ses rédactions, tout était illustré.
13:21 Et puis ensuite, à l'armée, il avait fait la fresque de la salle principale.
13:29 Sans avoir fait les beaux arts.
13:30 Ah non.
13:31 C'était instinctif chez lui.
13:33 Oui, il a pris des cours du soir.
13:35 J'ai ses cahiers.
13:37 Mais il se cherchait, il n'avait pas trouvé son style.
13:40 Il cherchait son style et il avait aussi des difficultés.
13:43 Je crois qu'il a vécu dans une chambre de bonne en prenant l'électricité chez sa voisine,
13:48 qui était une cantatrice, Régine Crespa.
13:51 OK, là, à nouveau, c'est quelque chose que vous m'apprenez.
13:55 Je me demande si je ne vais pas plutôt vous emboucher pour vous occuper de papa.
14:00 Là, je suis larguée.
14:02 Régine Crespa était une grande cantatrice qui a failli tourner avec Definesse dans "Le crocodile".
14:06 Elle devait être sa femme, mais malheureusement,
14:08 Definesse a eu une attaque cardiaque et n'a pas pu tourner ce film.
14:11 Mais c'était une des plus célèbres cantatrices françaises.
14:14 Et à l'époque, Gottlieb avait une idole.
14:16 Il chantait dans cette chambre de bonne cette chanson.
14:19 "Margoton, la jeune berger, retrouvant dans l'herbe un petit chat,
14:23 qui venait de perdre sa mère, l'adopta."
14:26 C'est vrai qu'il avait une passion pour Georges Brassens, Gottlieb.
14:29 Le mot est faible.
14:30 C'est-à-dire ?
14:31 C'était une idole.
14:33 C'était une idole pour lui.
14:35 Un jour, il aurait eu, grâce à Maxime, le forestier,
14:39 la possibilité de le rencontrer de manière tout à fait intime.
14:43 C'est-à-dire, en gros, d'aller dîner chez lui.
14:46 Et il a refusé.
14:48 Pourquoi ?
14:49 Parce que Maxime lui a dit "Mais non, mais franchement, Marcel, t'es con.
14:52 On va passer un bon moment.
14:54 On sera quatre à table."
14:56 Et papa a dit "Non, Maxime, je ne peux pas.
14:59 Je ne peux pas rencontrer mon idole."
15:00 C'est fou, hein ?
15:01 Alors que Brassens était accessible à tous.
15:03 Un soir, il arrive à Bobineau,
15:05 et il y a un spectateur qui est d'apostrophes dans la rue.
15:07 "Ah, Georges, tu viens boire un coup ?"
15:09 Et pour ne pas le décevoir, il est allé boire un café avec lui au bistrot d'en face.
15:13 Probablement qu'il était accessible,
15:16 mais en tous les cas, je sais que papa, c'était pas possible pour lui, en fait.
15:20 Alors, les premiers dessins, il les dépose dans différents journaux.
15:24 Je crois que c'est au journal "Vaillant", journal de pif, qu'il va débuter.
15:28 Absolument.
15:29 Ça se passe comment ?
15:30 Alors, écoutez...
15:32 Je crois qu'il fait Nanar et Jujube.
15:34 Oui, oui. En fait, c'est même Nanar et Piette.
15:37 Et Jujube, Guelluron, finalement, n'existe pas encore véritablement.
15:43 Assez rapidement, il apparaît, mais il n'est pas du tout le personnage central, finalement.
15:49 Et c'est plus tard qu'il prendra de l'importance, et que finalement, les autres vont s'effacer.
15:54 Guelluron, au départ, il avait, je crois, besoin d'un chien dans une planche.
15:57 Il a donc dessiné Guelluron, qui est un chien triste qui n'a ri qu'une fois.
16:02 Alors, il a probablement ri qu'une fois, et j'imagine que c'est vous qui allez m'apprendre quand.
16:07 C'était la première planche de Guelluron, il rit, et après, il ne rit plus jamais.
16:11 Guelluron, "La joie de vivre", ça a été aussi un départ dans la bande dessinée.
16:15 C'est une série qui est devenue culte.
16:17 Absolument.
16:18 Alors, c'est vrai que, de toute façon, papa a été quand même beaucoup inspiré par les chiens tristes,
16:23 que ce soit surtout Drupy.
16:26 Et puis, les chiens fatigués, comme mon Snoopy.
16:31 Et ça a marqué une génération, Guelluron, avec un jeune lecteur du Var, Jean-Pierre Liégeois,
16:36 qui écrivait sans arrêt à Guelluron.
16:39 Il couriait des lecteurs, oui.
16:40 Voilà. Et Jean-Pierre Liégeois, il existait.
16:42 Jean-Pierre Liégeois a complètement, parfaitement existé.
16:45 C'était son beau-père, c'est mon grand-père, le père de ma maman,
16:49 et qui ne s'appelait absolument pas Jean-Pierre.
16:51 Pierre était son deuxième prénom, il s'appelait Jean.
16:54 Jean Liégeois.
16:55 Et il est devenu une vedette de la BD.
16:58 Ah oui, complètement.
16:59 Ça l'a marqué ?
17:00 Ah oui, ça le faisait énormément, ça le faisait beaucoup rire, mon grand-père.
17:03 Il était très fier.
17:04 Mais, Gauthier faisait partie de cette génération qui aimait bien les private jokes,
17:08 les choses comme ça qu'on ne peut comprendre qu'entre soi.
17:11 Absolument, mais je pense qu'il se débrouillait quand même pour faire de la private joke
17:15 quelque chose qui puisse être compris par tous.
17:18 Alors, je crois qu'au départ, Guelluron, ça n'a pas marché.
17:21 Je crois qu'il était dans les derniers au classement du référendum de Pif, de Vaillant,
17:28 mais c'est devenu culte ensuite.
17:30 Oui, c'est devenu culte.
17:32 Ça a été le départ pour lui, c'était son premier héros.
17:35 Et puis, après, il y a eu une bonne période sans héros qui a été fantastique,
17:42 qui était la rubrique à Braque, même s'il y avait plein de héros au milieu de la rubrique à Braque.
17:46 Mais avant, il y a eu les Dingodossiers.
17:48 Les Dingodossiers avec René, bien sûr.
17:50 Je crois qu'il va voir René Goscinny un jour à Pilote et il lui propose ses planches.
17:54 Oui, tout à fait.
17:56 Et je crois que Goscinny a flashé immédiatement.
17:58 Non, pas tout à fait.
18:00 C'est d'abord son compère Jean-Michel Charlier qui a vu les planches et qui a dit à René,
18:07 "Tiens René, regarde ça."
18:09 Donc René a posé un oeil là-dessus et il a dit, "Oui, bon, ça, ok, ça c'est très bien, super."
18:16 Une ou deux par... dans Pilote régulièrement.
18:22 Une ou deux pages par dans Pilote.
18:24 Voilà. Et là, mon père n'a pas du tout compris ce qui était en train de lui arriver.
18:28 Et c'était fantastique.
18:31 Goscinny a compris que dans Gotlib, il y avait cette forme d'humour qu'il appréciait.
18:35 Je ne sais pas s'il l'a compris, mais en tout cas, je sais qu'il a eu un instinct faramineux
18:40 et qu'il ne l'avait pas eu que pour lui parce qu'il est aussi quand même un grand découvreur de talent.
18:45 Et effectivement, il a su voir que ça allait le faire.
18:52 Oui, c'est l'élé d'un gros dossier qui est devenu le premier classique écrit par Goscinny
18:56 car il écrivait à l'époque, il avait eu le temps d'écrire des scénarios en dehors d'Astérix.
18:59 Absolument.
19:00 Il faut savoir que Goscinny et Charlier ont repris Pilote, je ne sais pas si vous le savez à Rian Gotlib,
19:04 parce que le journal au départ lancé par Radio Luxembourg a été un échec.
19:08 C'était un pari-match des jeunes.
19:10 Goscinny était vaguement conseillé, on les a appelés pour lancer le journal
19:13 et c'est devenu culte grâce à eux, avec ces planches-là.
19:16 Je ne suis pas étonnée.
19:18 Mais il n'en revenait pas effectivement car il était très modeste, Marcel Gotlib.
19:22 Oui, alors c'était terrible. Il était maladivement modeste, maladivement humble et maladivement modeste.
19:30 Vous ne croyez pas en ce qu'il faisait ?
19:32 Si, je pense qu'il faisait selon ses désirs, certes,
19:37 mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'il imaginait que ça pourrait le mener si loin.
19:43 Et les Nagosciens, c'est vraiment le début du style de Gotlib ?
19:47 Oui, on est dans le début de son style.
19:50 Il commence à se trouver, grâce à René et avec l'aide de René,
19:54 que lui considérait vraiment comme un papa, un père spirituel.
19:59 Un père spirituel.
20:00 Absolument.
20:01 Papa m'a toujours dit qu'il voulait être enterré avec deux missives.
20:05 Celle de son père, la dernière lettre qu'ils ont reçue des camps,
20:10 et la dernière lettre qu'il a reçue de René.
20:13 Et je ne les ai pas retrouvées au moment de l'enterrer.
20:19 Mais je les ai retrouvées maintenant.
20:21 Et effectivement, pour lui, René, c'était astronomique.
20:25 Et il y a eu d'autres grands moments dans la vie de Gotlib qu'on va évoquer à travers une autre date, le 12 mai 1972.
20:31 A tout de suite sur Sud Radio avec Ariane Gotlib pour parler de Gotlib.
20:35 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
20:38 Sud Radio, les clés d'une vie.
20:40 Mon invitée Ariane Gotlib, la fille de Marcel Gotlib.
20:43 Nous parlerons tout à l'heure du prix Gotlib que vous avez lancé et qui a été remis, voici quelques jours.
20:49 Et on évoque Gotlib, sa mémoire et son parcours à travers des dates.
20:54 Le 12 mai 1972, c'est la date de l'apparution du premier numéro de l'écho des savannes.
20:59 Et ça a été une révolution.
21:01 Ça a été une révolution, oui.
21:04 Il a dû passer par un moment très, très difficile quand il est parti de pilote.
21:10 Et un moment très difficile personnellement, puisque René s'est senti trahi.
21:18 Et que papa a été bouleversé et a eu très, très peur.
21:22 Mais bon, il s'est lancé, il avait besoin de ça.
21:26 Il s'est fait accompagner par deux amis qui étaient Claire Brétéchet et Nikita Mandryka.
21:34 Et ils ont monté l'écho des savannes.
21:36 Et ils ont cassé leur télé pour monter les éditions du Fromage.
21:39 Absolument.
21:40 Et c'était une révolution parce que pour la première fois, on proposait des BD humoristiques en France réservées aux adultes.
21:49 D'ailleurs, c'était écrit sur la couverture.
21:50 Oui, tout à fait. C'était écrit.
21:52 BD pour adultes.
21:54 Mais c'était une révolution.
21:56 Comment Gotlib s'était-il lancé dans cette aventure ?
21:58 Parce que ça n'avait rien à voir avec ce qu'il se faisait.
21:59 C'était une envie, un désir ?
22:01 Je crois que c'était son évolution artistique.
22:05 Ces années-là étaient propices à beaucoup de choses.
22:10 La libération de la femme, toutes ces choses-là.
22:13 Et le fait de pouvoir déconner à plein tube sur des choses un peu plus légères, sur du cul.
22:24 Et oui, je crois qu'il avait besoin de... C'était une émancipation pour lui.
22:29 Oui, dans le premier numéro, il y a une version de Blanche-Neige et les sept nains réservée aux adultes
22:34 qui n'a rien à voir avec le conte ni avec le film de Walt Disney.
22:37 Complètement.
22:38 Ça a fait scandale d'ailleurs à l'époque.
22:40 Alors si ça a fait scandale à l'époque, j'ai envie de vous dire que se passerait-il aujourd'hui ?
22:45 On est d'accord.
22:46 Mais en même temps, c'était très drôle.
22:48 Il faut savoir que Blanche-Neige et les sept nains, c'est le classique de Walt Disney, auquel personne ne croyait.
22:53 Tout le monde persuadait que ce serait un échec. On l'appelait la folie de Walt Disney.
22:57 Et il a écrit une suite, le retour de Blanche-Neige, qui n'a jamais été tourné et on ne sait pas pourquoi.
23:02 La suite, ça peut être cette version de Gotlib.
23:05 Le trimestriel Écho des savannes qui a marqué une époque, c'est un succès.
23:09 Parce que Gotlib est au sommet de sa gloire à cette époque-là.
23:13 Ah ça c'est un fait.
23:15 À ce moment-là, c'était vraiment l'explosion totale.
23:18 Pour lui, 72, ça a été la montée vers les cieux de "célébrité".
23:27 Oui mais en même temps, il se trouve qu'à l'époque, il avait fait la Rubrica Braque.
23:31 Et la Rubrica Braque, elle est née parce qu'il fallait faire quelque chose d'autre que les dingos dossiers.
23:37 Et il a donné Carte Blanche à Gotlib ?
23:40 Oui, absolument. Il a donné la priorité à Gotlib.
23:46 Et ça a été la première chose qui lui a permis de sortir de l'anonymat, de le faire connaître.
23:56 Oui mais la Rubrica Braque, c'est son oeuvre personnelle.
23:59 Oui, en tous les cas, c'est son oeuvre majeure. Lui-même le pensait.
24:03 Il était vraiment très fier. Pour être modeste, il était très fier de la Rubrica Braque.
24:10 Oui, je crois qu'au bout de 12 semaines, il a arrêté en disant "ça n'a pas d'intérêt".
24:13 Et il a fallu que Goscinny lui donne quelques jours de vacances pour qu'il revienne.
24:17 Ça ne m'étonne pas.
24:18 En fait, je ne sais pas si vous le savez, il en a fait ras-le-bol de la Rubrica Braque. Il n'y croyait pas.
24:22 Il propose des planches avec réserve animalière.
24:25 Goscinny dit "oui, oui, parfaitement, en sachant qu'il y a un passage à vide".
24:29 Et lui, il dit "allez, va te souder la gueule et tu reviens avec des planches".
24:32 Et c'est comme ça que ça s'est passé.
24:34 Et c'est vrai que la Rubrica Braque, ça a marqué une génération, Rian Godlieb.
24:37 Oui, et puis en termes de documentaire animalier, ça se pose là un petit peu.
24:42 On a quand même un héros caché parce qu'il n'a pas eu ses oeuvres à lui.
24:48 Il y a professeur Burp qui nous fait l'apologie de tout un tas d'animaux
24:54 que je trouve moi personnellement, qui sont devenus cultes.
24:58 La hyène, le pélican.
25:01 Et ça venait comme ça ? Il vous racontait comment ça venait ?
25:04 Je pense qu'à cette époque-là, les idées effleurissaient dans tous les sens très vite.
25:08 Et ça partait sur un délire complet.
25:11 Et je crois qu'il s'est aussi dessiné ce qui était une première.
25:16 En tout cas dans le monde de la BD, c'était sûrement une première, c'est sûr.
25:21 Et oui, je pense que l'artiste a toujours une part dégoût centrée
25:26 aussi importante que celle du névropate et du génie, si je puis me permettre.
25:33 Il se dessinait beaucoup.
25:36 Ça faisait partie de l'histoire, il était son propre personnage.
25:39 Oui, tout à fait. Parfois il rentrait d'une case extérieure
25:44 ou en tous les cas il était toujours dans un coin.
25:47 C'était un peu le Hitchcock de la BD, de la bande dessinée.
25:53 Et je crois d'ailleurs qu'on le reconnaissait dans la rue parce qu'il s'était dessiné.
25:57 C'est un fait, effectivement.
26:00 Je crois que ça lui plaisait bien.
26:03 Et il y a aussi des personnages mythiques comme Isaac Newton
26:07 qui est né dans la première planche de la Rubrica Braque.
26:10 Pourquoi ? Il avait envie, ça l'amusait ?
26:14 Je pense que oui, ça l'amusait.
26:16 Et puis cette histoire de paume, et puis cette histoire de...
26:19 Papa était en plus un ateu.
26:22 Il adorait ça.
26:24 Il en a vraiment fait un héros aussi au sein de la Rubrica Braque.
26:27 Il fait partie des héros de la Rubrica Braque comme le professeur Burp.
26:31 Et il y avait aussi des brocolis dans le Minestrone,
26:33 parce que je crois qu'il détestait les brocolis.
26:35 Peut-être qu'il les détestait, mais ensuite finalement il les aimait bien.
26:39 Ça a servi beaucoup. D'ailleurs les brocolis ont été popularisés grâce à Gothi.
26:44 Complètement. C'était un légume qui n'existait pas, il faut le savoir.
26:48 C'est mon père qui l'a créé.
26:51 Il y a la coccinelle aussi.
26:53 La coccinelle était vraiment un des clics pour Gothi.
26:56 Comment elle est née cette coccinelle ?
26:57 Elle est née en fait, il l'a beaucoup raconté,
27:00 et très souvent elle est née parce que papa n'aimait pas faire les décors.
27:04 Il n'aimait pas dessiner derrière les personnages.
27:07 C'était très blanc et selon lui trop vide.
27:10 Donc il l'a intégré un peu à la manière Disney, encore une fois,
27:14 à la manière La Fée Clochette.
27:16 Il a intégré la coccinelle, il a intégré la souris d'Anguilleron,
27:21 il a intégré Momo le Morbacq après.
27:24 Il a mis des petites bestioles comme ça.
27:27 Et la coccinelle est devenue même un personnage de dessin animé ?
27:30 Oui, complètement.
27:32 Elle a œuvré sur quelques œuvres majeures de peinture,
27:38 dans des petits shorts qui étaient diffusés sur Canal.
27:43 Et c'était génial ce moment-là,
27:46 parce que papa était un immense fan de peinture,
27:50 et de pouvoir mettre la coccinelle qui fait des bêtises,
27:54 sur l'origine du monde, ça lui plaisait beaucoup.
27:57 C'est vrai que ces personnages de la rubrique Abrac,
28:00 c'était son univers, il les développait petit à petit au fil des semaines ?
28:04 Oui.
28:06 Vous avez assisté vous-même à des créations de scénarios ?
28:11 Non, je raconte souvent que parfois j'étais à ses côtés,
28:17 et parfois je donnais des idées,
28:20 mais finalement innocemment et sans le faire exprès,
28:24 parce que j'étais jeune et que les enfants disent beaucoup de bêtises,
28:28 et souvent les bêtises que disent les enfants faisaient rire mon père,
28:31 surtout quand c'était sa fille qui les disait.
28:34 Donc c'est vrai que je n'ai pas assisté à la création d'eux.
28:38 Plus tard il me posait beaucoup de questions,
28:41 "Oh, je n'ai pas d'idées, donne-moi une idée."
28:44 Il y a eu un moment où il n'avait plus d'idées pour la rubrique Abrac ou ses séries ?
28:48 A cette époque-là, non, c'est plus tard qu'il n'a plus eu d'idées.
28:51 A cette époque-là, il travaillait très vite en plus, il dessinait très vite.
28:55 Il travaillait vite, il travaillait beaucoup, beaucoup, beaucoup, jour et nuit.
29:01 Il avait besoin de... il fallait que ça sorte.
29:05 Il fallait que ça sorte. Et c'était facile.
29:08 Oui, mais en même temps, on n'imagine pas qu'un dessinateur de BD passe
29:11 quelques fois 10 à 12 heures devant sa planche pour faire une page.
29:14 Alors oui, parfois c'était le cas, parfois ça allait plus vite encore,
29:19 mais c'est vrai qu'on a du mal à s'imaginer qu'il ait pu être aussi...
29:27 Prolifique.
29:28 Prolifique.
29:29 Mais est-ce qu'il se rendait compte que ça avait du succès,
29:32 qu'en plus ça touchait des gens ou ça le surprenait Gotlib ?
29:35 Je crois qu'il y a un mélange des deux, c'est-à-dire que forcément,
29:39 il y a des chiffres, donc il finissait bien par se rendre compte,
29:42 mais il était toujours très étonné et ça, c'était relatif à sa modestie.
29:47 Alors, il y a un autre personnage qui a beaucoup compté dans sa carrière
29:50 et qui a été chanté par le Grand Orchestre du Splendide.
29:53 Superdépendant, superdépendant, ouvrier, président,
29:58 entend-tu venir de l'espace, ce héros grand chœur
30:01 qui nous sauvera de la poisse.
30:03 Superdépendant par le Grand Orchestre du Splendide,
30:06 c'est aussi un personnage qu'il a créé au départ avec Jacques Loeb, un de ses copains.
30:10 Oui, il l'a créé ça, il l'a raconté aussi.
30:12 En fait, ils étaient tous les deux, chacun de leur côté,
30:15 et puis ils ont eu l'idée de ce héros, tous les deux en même temps,
30:18 qui avait aussi le béret, la baguette, le fromage, le pinard.
30:23 Et ils se sont contactés et ils se sont dit,
30:26 "Faisons surtout pas ça chacun de notre côté, faisons ça ensemble."
30:30 Ce personnage avait un passé, c'était soi-disant le fils du soldat inconnu.
30:34 C'est ça ?
30:36 Oui, il y a quelque chose de cet ordre-là.
30:39 D'ailleurs, on s'est toujours demandé, un humoriste s'est un jour demandé
30:41 pourquoi on n'avait jamais donné de pension de guerre, de veuve,
30:44 à la veuve du soldat inconnu.
30:47 Alors c'est vrai que ce personnage a immédiatement touché beaucoup de gens.
30:50 Oui, puis c'était dans l'ère du temps à ce moment-là.
30:55 Aujourd'hui, c'est très compliqué de faire un Super Dupont.
30:58 On a parfois l'impression que la réalité a dépassé la fiction.
31:02 Même si ce héros a un degré d'importance énorme, je trouve,
31:08 et serait bienvenu sur les toiles de cinéma.
31:14 Oui, parce que justement, il y a eu les albums.
31:17 D'ailleurs, il a travaillé sur quelques albums avant de passer la main,
31:20 je crois, Gauthlieb, sur Super Dupont, mais Super Dupont a continué.
31:23 C'est-à-dire que très rapidement, Alexis a rejoint l'équipe de Jacques et de Papa.
31:30 Et puis malheureusement, trop rapidement, Alexis est parti faire un tour là-haut pour y rester.
31:37 Et à partir de ce moment-là, Papa a pris un peu le relais en termes de dessin.
31:42 Puis c'est Jean Solé qui a continué.
31:45 Et puis il y a eu une comédie musicale, Super Dupont, avec Jérôme Savary,
31:49 ce qui a beaucoup touché Marcel Gauthlieb.
31:52 Jérôme et Papa étaient assez proches.
31:56 Papa avait déjà œuvré pour Jérôme avant, mais plus en termes de dessin.
32:02 Et puis c'est Jérôme Savary qui lui a dit un jour,
32:04 "Tu sais quoi, on va faire Super Dupont. Et tu sais quoi, on le jouera au Casino de Paris."
32:08 Et ça s'est fait.
32:10 Ça a été une période pour mon père exceptionnelle.
32:13 Les mois de répétition à Béziers, toute cette période-là, mon père nageait dans le bonheur.
32:20 Oui, en même temps, il fallait suivre Savary.
32:23 Un jour, j'ai fait un spectacle avec Savary, 35 jours de répétition, 35 versions du texte.
32:27 Le texte changeait tous les jours.
32:29 Oui, parce que de toute façon, Jérôme, c'était comme ces grands fous du monde du spectacle.
32:36 Et ça lui a donné l'occasion, à Alice Sapriche, de jouer Gauthlieb.
32:40 Oui.
32:41 C'était énorme.
32:43 Mon père n'y croyait pas. Il disait à Jérôme, "Mais enfin, Jérôme, Alice Sapriche, de quoi parles-tu ?"
32:52 Et puis lui, il défendait ce musée.
32:54 "Mais si, si, si, je suis sûr que ça va la beauté, il n'y a pas de problème."
32:57 Et elle est arrivée, elle a fait ça, et c'était génialissime.
33:01 Oui, parce qu'elle était en pleine gugusserie.
33:03 C'est-à-dire qu'elle adorait ce genre de personnage totalement atypique.
33:06 Ah, complètement.
33:07 Après, elle avait un statut. C'est vrai que mon père ne la voyait pas accepter de faire ce genre de rôle dans une pièce de théâtre.
33:17 Mais c'était fantastique. Super Dupont, Gauthlieb, au Casino de Paris, avec Alice Sapriche et Jérôme Savarri, et le Grand Magique Circus, c'était génial.
33:26 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, ça mériterait d'être repris. C'est dans l'air du temps, on aurait besoin d'un Super Dupont.
33:31 On n'aurait rien de plus.
33:32 Ça serait bien.
33:33 On en a tant besoin que la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde de rugby a eu ce petit bout interprété par Jean Dujardin, qui n'est pas si loin que ça d'un Super Dupont.
33:47 Effectivement, et je sais si le rugby est cher à Sud Radio, et que nous l'évoquons chaque week-end, c'est vrai que ça est parti des souvenirs importants.
33:55 Et ça nous relie à Gauthlieb, et à la date suivante, qui est le 13 avril 2024.
33:59 A tout de suite sur Sud Radio avec Ariane Gauthlieb pour parler de Marcel Gauthlieb.
34:03 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
34:06 Sud Radio, les clés d'une vie.
34:08 On a invité Ariane Gauthlieb pour évoquer Marcel Gauthlieb.
34:11 On a évoqué son parcours, la rubrique à braque, l'écho des savannes, ses débuts, votre présence auprès de lui.
34:18 Et puis, le 13 avril 2024, pour la deuxième édition, on remet le prix Gauthlieb de la BD humoristique.
34:25 Et ça, c'est quelque chose que vous avez créé, et auquel vous tenez beaucoup, Ariane Gauthlieb.
34:29 Alors, l'idée m'a été soufflée. Elle ne m'est pas venue toute seule.
34:36 Mais effectivement, aujourd'hui, j'y tiens énormément pour beaucoup de raisons.
34:40 La première étant que ça récompense un jeune artiste.
34:46 Et la BD humoristique, c'est un prix qui n'existait pas, ni en tant que prix Gauthlieb, ni en tant que récompense de BD exclusivement humoristique.
34:57 Ensuite, ça encourage à en faire, et puis de jeunes auteurs.
35:03 Et puis, pour moi, c'est emblématique de mon père.
35:09 Et du fait qu'il faut absolument continuer à parler de lui, et à lire du Gauthlieb.
35:17 Et à trouver des disciples. Parce qu'effectivement, je crois qu'il a donné beaucoup de conseils à des jeunes.
35:22 Parce qu'il était modeste, mais en même temps, quand un jeune venait lui demander quelque chose, il était toujours présent pour voir les erreurs.
35:27 En tout cas, sur les dix dernières années de sa vie, c'est pas qu'il était moins modeste, mais c'est que, bon, je pense qu'il avait un peu plus de bouteilles.
35:35 Voilà, il donnait des conseils.
35:37 Et qu'il aimait ça.
35:38 Organiser un prix, ça veut dire d'abord trouver un jury de personnalités.
35:41 Et vous avez trouvé des personnalités, dont Eddie Mitchell d'ailleurs, je crois.
35:44 Absolument.
35:45 Qui a accepté sans problème.
35:46 Ah bah, il a accepté, oui, tout de suite. Il a accepté tout de suite par le biais de...
35:51 Ça a été même plus compliqué que ça, c'est qu'Hélène Verlet, qui m'avait soufflé l'idée du prix au départ, m'a dit,
35:58 "En tout cas, si tu le fais, j'ai déjà pour ton jury, Eddie Mitchell, qui veut le faire." Et qui a dit oui.
36:03 Oui, parce que c'est un fou de BD. Je sais pas si vous le savez, mais il y avait à une époque, Sage Édition, qui étaient des petits formats, des petits bouquins.
36:10 Et lorsque Sage Édition a fermé, a déménagé, il a appris que tout allait partir.
36:15 Il est allé la veille, il a récupéré des originaux sans le moindre problème.
36:19 Ça m'étonne pas, hein. Entre ça et puis la dernière séance et les vieux trucs de cinéma, je pense qu'Eddie Mitchell, je suis pas étonnée qu'il fût un grand aficionado, effectivement.
36:32 Et puis après, il avait quelques rapports avec papa et papa aimait beaucoup Eddie Mitchell aussi, dans son oeuvre artistique.
36:40 Donc, vous avez le jury, il faut encore trouver les BD et trouver les concurrents.
36:45 Oui, et bien, ça se fait de manière assez classique. Je contacte les maisons d'édition. Je suis pas toute seule, je suis aidée.
36:53 On contacte beaucoup, beaucoup de maisons d'édition, déjà parce que le prix n'en est qu'à sa deuxième édition.
37:00 Donc, elle a peut-être pas eu un retentissement suffisamment important pour que les éditeurs sachent qu'il faut dorénavant, chaque année, envoyer rapidement les albums de bande dessinée
37:20 qu'ils estiment légitimes pour candidater sur un prix de bande dessinée humoristique.
37:25 Donc là, cette année, on en a reçu entre 60 et 70.
37:30 Et vous avez trouvé le lauréat facilement ?
37:32 Non, on n'a pas trouvé le lauréat facilement.
37:35 On a un premier jury, qui est un comité de présélection, qui est constitué de 6 personnes formidables, qui, eux, lisent assidûment les 60, 65, 70 bandes dessinées.
37:51 Puis ensuite, on délibère ensemble et on en sort 8.
37:57 Et après les 8, il y a eu le gagnant ?
37:59 Et après les 8, il y a évidemment un gagnant.
38:02 C'est qui ?
38:03 Alors le gagnant, et on est très heureux, c'est Moe CDM, qui est édité chez Fruit Glacial.
38:11 Je tiens à insister sur le fait que c'est un pur hasard, de la même manière que l'an passé, c'était édité chez Dargo.
38:19 C'est vraiment l'histoire qui est comme ça.
38:22 Et qu'est-ce que c'est comme album ?
38:23 Alors, c'est un album qui s'appelle "Tirer sur mon doigt, Monsieur le Président", et qui est formidable, qui informe aux fonctionnaires de la manière possible de rire et de lire des gags pendant un temps donné, qui peut être un mois, deux mois, pour faire passer le temps.
38:49 Et c'est un très bel album.
38:52 Et c'est un jeune dessinateur que vous avez repéré, un jeune scénariste ?
38:55 Alors, c'est un dessinateur qui est jeune peut-être parce qu'il n'a pas tout à fait la renommée qu'il mériterait.
39:04 J'espère que ça lui donnera un coup de pouce.
39:07 Maintenant, il n'est pas si jeune que ça. Il n'a pas 30 ans.
39:13 Non mais enfin, c'est un métier aussi très particulier.
39:15 Et c'est vrai qu'il y a un esprit Gottlieb qu'il faut perpétrer. Ce n'est pas évident.
39:19 Oh que oui !
39:20 C'est-à-dire ?
39:21 Il faut perpétrer l'humour parce que ce qu'on observe aujourd'hui autour de nous, ce n'est quand même pas très drôle.
39:30 Que ce soit politiquement ou écologiquement, ce qui est la même chose finalement.
39:35 Et donc, je pense que c'est important de pouvoir garder toutes ces cartouches pour rigoler.
39:42 Et le prix Gottlieb pour vous, c'est le point de départ d'autre chose ?
39:45 Parce que quand je dis que vous êtes la conservatrice en chef de Gottlieb, c'est que vous avez décidé de tout faire pour que son oeuvre perdure.
39:53 Complètement. Je suis conservatrice mais je suis ayant droit.
39:58 Donc en plus, ce n'est quand même pas n'importe qui. C'est mon père.
40:03 En plus d'être un auteur que j'admire personnellement, ce qui est d'ailleurs un relationnel compliqué aujourd'hui en ce qui me concerne par rapport à lui.
40:13 Puisqu'en plus, il n'est plus là.
40:15 Donc régulièrement, je me dis "Qu'en penserais-tu ? Qu'est-ce que tu dirais ? Est-ce que tu serais fière ? Est-ce que tu serais content qu'on fasse ce prix en ton honneur ?
40:24 Est-ce que tu serais content des réseaux sociaux que je fabrique ? J'aimerais..."
40:29 Vous développez Gottlieb sur les réseaux sociaux ?
40:31 Je le développe exactement partout où je peux. Si je peux même le développer dans des endroits improbables, je le ferai.
40:39 Justement pour que les jeunes découvrent cette forme d'humour ?
40:42 Oui, qu'ils découvrent cette forme d'humour. Principalement parce que c'est une forme d'humour qui selon moi n'est pas du tout démodée.
40:50 On continue aujourd'hui même à 20 balais à rigoler du fait que les hommes ont les doigts de pied écartés tout le reste de l'année parce que l'été ils portent des tongs.
41:03 Je veux dire, c'est quelque chose, c'est universel. C'est pas daté.
41:07 C'est un humour universel que Gottlieb a développé. Vous l'avez observé, je crois que vous alliez après l'école le voir en train de travailler et que les restes du goûter étaient sur ses planches.
41:18 J'en foutais partout. Papa avait fait installer un verrou dans son atelier pour ne surtout pas être dérangé quand je rentrais de l'école.
41:25 Et ce verrou n'a jamais été fermé. La porte était fermée parce qu'il fumait comme un pompier.
41:30 Mais moi je rentrais de l'école et je prenais mon goûter et je prenais un malin plaisir à aller foutre le bordel dans son bureau.
41:37 Ça ne le gênait pas.
41:38 Je crois que non seulement ça ne le gênait pas, finalement ça devait même lui plaire.
41:42 Il y a une chose qu'il n'aimait pas en revanche, c'est quand vous deviez l'amener le matin à l'école.
41:46 Voilà, vous me rappelez des souvenirs épouvantables. De toute façon, papa était incapable de s'occuper de moi quand maman n'était pas là.
41:53 Donc effectivement, il m'a amenée une fois à l'école en chaussons.
41:56 C'est-à-dire ?
41:57 C'est-à-dire qu'en plus il m'avait ramené une paire de chaussons de Disney, je crois, à l'époque, en forme de Mickey.
42:05 Le truc où en fait on arrive à l'école et c'est la honte. C'est juste la honte.
42:12 Il avait oublié qu'il était en chaussons ?
42:13 Il a complètement oublié. C'est moi qui étais en chaussons. Il a oublié de me mettre mes chaussures.
42:17 Carrément ?
42:18 Oui, il m'a emmenée à l'école et j'étais en chaussons. En fait des chaussons Mickey.
42:21 Et là je suis devenue aussi rouge qu'une pivoine.
42:25 Et lui ça l'a fait rire ?
42:27 Il était embêté. Il était embêté pour moi. Mais je crois qu'au final ça l'a plutôt fait marrer, oui.
42:32 L'œuvre de Gottlieb est immense et votre but aujourd'hui, ça va être de tout repriser, de tout répertorier
42:37 pour que les générations d'aujourd'hui et de demain découvrent Gottlieb.
42:42 Ah oui, découvrent.
42:44 Il y a beaucoup de choses.
42:45 C'est culturel, c'est d'actualité même. Même si certaines bandes dessinées auraient du mal à être d'actualité aujourd'hui.
42:53 Et je trouve ça dommage, mais là c'est encore un autre débat.
42:56 Mais pour le coup, oui, je pense qu'il a une place prépondérante et indispensable aujourd'hui
43:04 dans l'art, le 9e art, la culture, la culture de la bande dessinée.
43:11 Encore une fois, je ne le dirai jamais assez, Marcel Gottlieb est dans le dictionnaire.
43:14 C'est quand même, Marcel Gottlieb, une bibliothèque municipale à son nom.
43:19 Pro-vésiné.
43:20 Absolument.
43:21 Et une autre aussi, voici quelques jours, dans une région qu'il a connue.
43:27 Oui, il a depuis un peu moins d'un mois un jardin à Verneuil-sur-Seine qui jouxte le château des Gronds.
43:37 Papa est asséjourné juste après la guerre avec ma tante.
43:41 Et la mairie de Verneuil nous a contactés il y a bien longtemps déjà pour organiser tout cela.
43:47 Le fait que le parc de Verneuil-sur-Seine se nomme le jardin Marcel Gottlieb.
43:53 Et l'oeuvre est immense.
43:55 Ah l'oeuvre est faramineuse.
43:57 C'est-à-dire ? Il y a des planches, mais il y a aussi des dessins, des croquis ?
44:01 Il y a énormément de choses, des dessins, des croquis.
44:04 Il y a des dessins publicitaires, il y a des couvertures de journaux, des couvertures de pochettes d'albums.
44:12 On travaille avec Marcel Dadi, Gautener, Maxime Le Forestier.
44:17 Qui étaient ses copains.
44:18 Qui étaient ses copains.
44:19 Et je ne sais pas si dans cette collection il y a cette chanson.
44:22 Mais je ne suis un mauvais Français, sur la terre j'ai pas de beret.
44:32 Cette chanson est culte.
44:33 C'est les prémices de Superbip.
44:35 C'est Albert Montias, chante-gottlieb. Il a fait ce 45 tours qui doit être vendu à 35 exemplaires maximum.
44:42 Je suis plus proche de 32.
44:44 Et il a écrit cette chanson qui n'a eu aucun succès, mais ça l'a beaucoup amusé.
44:50 Oui, oui, ça l'a fait.
44:51 De toute façon il touchait à tout, et tout ce qui était un peu artistique, ça le faisait marrer.
44:56 Et encore une fois, à cette époque-là, il avait les idées qui poussaient comme du chien d'an.
45:02 Mais en même temps, il était un artiste.
45:05 Quand il a créé Fluide la Ciale après l'écho des savanes, il a demandé son avis à Jacques Diamant sur les finances.
45:11 Jacques Diamant lui a répondu "Qu'est-ce que je t'apporte à Fleury-Mérogis, des oranges de quelle marque ?"
45:18 C'est vrai que ce n'était pas du tout un financier.
45:20 Pas du tout.
45:21 Il était très organisé, c'était un mateux, il faisait ses comptes et sa compte à perso.
45:25 Maintenant, si le journal a existé, très clairement, si Fluide a existé, c'est 50/50, en tout cas artistiquement,
45:35 et évidemment un peu plus la responsabilité de mon père.
45:38 Mais sans Jacques, ça n'aurait jamais pu se faire.
45:41 C'est vrai que Fluide la Ciale est resté un classique, et que Gottlieb a écrit jusqu'à ses derniers jours des éditoriaux dans Fluide la Ciale.
45:48 Alors pas jusqu'à ses derniers jours, puisqu'à un moment il a vendu son journal.
45:52 Mais il a écrit jusqu'au numéro 164 ou 169, j'ai un petit trou de mémoire.
46:00 Et dans ses éditoriaux, je crois qu'il a beaucoup inspiré aussi vos enfants, Ariane Gottlieb.
46:05 Oui.
46:06 Marius en particulier.
46:07 Oui, Marius, mon fils aîné, qui a aujourd'hui bientôt 29 ans, qui a été l'amour de la vie de mes parents,
46:12 parce que c'est le premier petit enfant, donc c'est la découverte de ce nouveau rôle de grand-parent.
46:18 Mais il était un enfant dans sa tête jusqu'au bout, Marcel Gottlieb.
46:21 Oui, oui, ça il est resté jusqu'à la fin très adolescent, très enfant.
46:28 Il aimait rire de la scatologie, pipi, caca, ça l'a toujours fait marrer. Il est resté très enfant.
46:34 Et je crois qu'il vous mettait les doigts dans le nez, dans la bouche.
46:36 Oui, à moi, je ne peux même pas vous le raconter à l'antenne.
46:40 C'est-à-dire ?
46:41 Effectivement, je baillais, il mettait un doigt dans ma bouche, des fois il me tripotait les oreilles, il me mettait un doigt dans le nez.
46:51 Quand j'étais sur ses épaules toutes petites, en me redescendant au sol, il ne pouvait pas s'en empêcher, il me mordait les fesses.
47:00 Un vrai papa, quoi.
47:01 Oui, un vrai papa.
47:02 Et vous avez bien raison de le défendre à travers ce prix et puis à travers tout ce que vous préparez, parce que ce n'est que le début du combat que vous menez.
47:09 J'espère bien. Mais je pense que ça va rester le début un long moment, parce qu'il faut lancer une machine.
47:16 Mais je compte bien faire beaucoup, beaucoup de bruit.
47:20 On sera toujours avec vous sur Sud Radio, parce qu'on est fan de Gottlieb.
47:24 Je vous en remercie beaucoup.
47:26 Et qu'il mérite d'être reconnu à la démesure de son talent.
47:29 Complètement.
47:30 Merci Ariane Gottlieb, L'Équipe d'une vie s'est terminée pour aujourd'hui. On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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