Jacques Pessis reçoit Jeanne Mas : Pour ses 40 ans de carrière, elle remonte sur scène au Casino de Paris avec de nouvelles chansons. Sa liberté d’expression lui a valu des soucis qu’elle a toujours assumés (à partir du 15 février au Casino de Paris).
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-01-24##
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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06 Votre franc-parler vous a parfois fait voir d'autres couleurs que le rouge et le noir.
00:11 Vous délaissez aujourd'hui un ciel bleu et un soleil quasi permanent
00:15 pour retrouver une autre chaleur, chère également à votre cœur, celle du public.
00:19 Bonjour Jeanne Masse.
00:20 Bonjour.
00:21 Alors, ravie de vous retrouver.
00:23 Je vous avais déjà accueilli il y a bien longtemps dans les clés d'une vie.
00:25 Et puis, entre deux voyages aux Etats-Unis,
00:27 vous êtes là pour une série de concerts au Grésinod de Paris.
00:30 On va en parler pour vos 40 ans de scène.
00:33 Oui.
00:34 Et 40 ans, ça se fait avec des dates clés.
00:36 C'est le principe des clés d'une vie.
00:38 Vous connaissez l'émission.
00:39 Alors, j'ai trouvé plusieurs dates très différentes de notre premier rendez-vous.
00:43 D'abord le 15 septembre 1978.
00:47 Écoutez.
00:48 Hey, solitaire.
00:50 Hey, si faible que si froid.
00:53 C'est la date de diffusion à la télévision d'une pub Coca-Cola en Italie.
00:57 Oh, bah, dites donc.
00:59 Je me demandais ce que ça pouvait être.
01:01 Bravo, bravo.
01:02 C'était une pub réalisée par Jean-Jacques Annaud, je crois.
01:04 Exact.
01:05 Quelle belle rencontre.
01:06 C'est étonnant.
01:07 Alors, c'est un film assez étonnant.
01:09 Le tournage s'était bien passé ?
01:11 Très, très bien.
01:12 J'étais tellement ravie de voir un Français et surtout Jean-Jacques Annaud,
01:16 qui à l'époque n'était pas très connu.
01:18 Mais il avait une gentillesse et c'était vraiment très agréable.
01:23 On s'est beaucoup amusé.
01:24 Et c'est vrai qu'à l'époque, il ne faisait que des films publicitaires.
01:26 Exact.
01:27 Il n'avait pas encore fait les grands films qu'on connaît, mais il en rêvait.
01:30 Et c'est vrai qu'à l'époque, les pubs étaient beaucoup plus présentes en Italie qu'en France.
01:34 Oui, c'est vrai.
01:35 Et on en tournait beaucoup.
01:36 Moi, j'ai tourné beaucoup, beaucoup de pubs pour beaucoup de marques,
01:39 dont celle-ci pour Coca.
01:41 Et puis, vous avez mangé, presque jusqu'à l'excès, des glaces à la vanille, je crois.
01:46 Oh, quelle horreur.
01:47 J'ai mangé tellement de glaces.
01:48 C'était pour les glaces Al-Duda à l'époque.
01:50 Et en plein hiver, en plus, on était en petit maillot de bain.
01:54 C'était vraiment des expériences.
01:56 Et c'est vrai que les glaces italiennes étaient très connues à l'époque.
01:58 Oui.
01:59 Parce qu'elles étaient particulièrement bonnes.
02:01 Elles sont toujours très bonnes.
02:02 Je pense que c'est les meilleures.
02:03 C'est comme les pizzas.
02:04 Personne ne remplace les Italiens.
02:06 Et c'est vrai qu'en Italie, dans les années 60, quand on venait,
02:09 la tradition, c'était de manger des glaces qu'on ne retrouvait pas en France.
02:12 Et il y a un jour, un grand fabriquant italien s'est installé en France,
02:16 mais ce n'était pas la même qualité, c'était autre chose.
02:18 Parce que c'est les ingrédients.
02:19 Vous voyez, c'est comme le café.
02:21 En Italie, le café, même si vous prenez les mêmes ingrédients,
02:24 l'eau et le Lava Azza, qui est la marque la plus utilisée en Italie,
02:29 ça n'a pas le même goût.
02:31 Et j'ai demandé un jour pourquoi.
02:32 C'est la qualité de l'eau.
02:34 C'est l'eau qui fait la différence.
02:36 C'est comme le lait pour le chocolat en Suisse.
02:38 Exact.
02:39 Peut-être.
02:40 Je ne prends pas de lait, donc je ne sais pas vous dire.
02:41 Mais le café, je sais qu'en Italie, c'est l'eau de Rome qui fait que le café est excellent.
02:46 Alors, votre carrière a commencé, d'abord vous êtes née à Alicante en Espagne.
02:52 C'est une ville qui est considérée comme la moins polluée et la plus ensoleillée d'Espagne,
02:58 avec des parfums de fleurs d'oranger dans les rues.
03:00 C'est vrai ça ?
03:01 C'est ce que raconte la publicité, aujourd'hui.
03:03 La poube d'aujourd'hui qui dit que c'est la ville la moins polluée ?
03:06 Oui.
03:07 Ben écoutez, ça fait tellement longtemps que je n'y vais pas,
03:08 je vais peut-être faire un saut finalement, moi qui suis en quête de non-pollution.
03:12 Alors, vous êtes venue en France à l'âge de 4 ans,
03:15 et je crois que vos jeunes années, Jeanne Masse, vous les avez passées à Garches, près de Paris.
03:19 Vaucresson, j'ai commencé par Vaucresson, on a fini à Garches, je crois qu'on a fini,
03:24 je sais plus, on a tellement, mais en tout cas c'était toujours la région parisienne,
03:28 on a beaucoup vécu à Vaucresson, c'est vrai.
03:30 Et je crois que votre première scène, c'est au centre culturel de Garches, devant 5 personnes.
03:34 Exact ! Même si ma toute première scène était à l'école primaire de Vaucresson,
03:40 devant les copines, là j'avais fait mes premières chansons,
03:42 mais après sur scène, la vraie scène c'était à Garches.
03:45 Qu'est-ce que vous avez fait ce jour-là, à Garches ?
03:47 On avait monté des chorégraphies sur des chansons de Lou Reed,
03:52 moi j'adorais les Carpenters aussi, donc on faisait beaucoup de Carpenters,
03:56 "Hey Mr. Postman, oh oh oh oh" et j'adorais,
04:02 et c'était avec des copines qui aimaient aussi faire du spectacle,
04:05 et on avait quoi, il y avait 4-5 personnes dans le public, mais c'était génial,
04:10 parce que vous savez, c'est pas la quantité qui est importante, mais la qualité de l'audience.
04:15 Bien sûr, et vous espériez déjà, vous pensiez déjà faire un jour de la chanson, du spectacle ?
04:20 Je savais pas, moi évidemment j'en rêvais, mais je savais pas si j'en aurais les moyens,
04:25 parce que j'avais une amie qui voulait également chanter,
04:28 et qui avait les moyens pour prendre des cours de chant et tout ça,
04:31 et je me disais "bah non, moi j'ai pas d'argent, donc je réussirai jamais",
04:35 et en fait c'est en partant en Italie que tout a commencé.
04:39 Alors l'italien, vous l'avez appris je crois, après le bac,
04:42 le bac vous avez eu je crois une très bonne note, une mention très bien ?
04:45 Oui, une mention bien, je crois que c'était mention bien, pas très bien quand même,
04:48 parce que je crois qu'en maths j'étais pas super top,
04:51 mais j'étais très bonne en français, j'étais assez bonne,
04:54 en philo ça allait, enfin disons ça passait, j'avais mes propres théories,
04:59 mais non j'ai eu mon bac, je l'ai eu parce que c'était une fierté pour ma mère
05:05 que je puisse avoir mon bac, mais après j'ai tout arrêté,
05:08 je suis rentrée à l'université de Nanterre, et puis petit à petit
05:11 j'y allais que pour les cours de chant, les cours de danse, les cours comme ça,
05:14 et puis à un moment j'ai dit "je veux vivre ma vie, stop, bah ça les études,
05:17 je veux vivre ma vie".
05:18 Mais vous avez quand même appris l'italien à Nanterre ?
05:20 Je l'ai appris à l'école primaire, à l'école, au lycée j'ai appris l'italien,
05:23 j'avais une professeure d'italien qui était fantastique, une jeune,
05:26 et l'italien je l'ai acquis en trois mois, je pouvais converser avec ma prof.
05:31 Vous aviez des facilités ?
05:32 Exact, liées certainement à une vie précédente.
05:35 C'est possible. Alors il se trouve qu'aussi votre autre passion c'était la télévision,
05:39 et vous avez fait le siège du studio 102 de la Maison de la Radio
05:43 pour pouvoir assister à l'émission de Guilux, et vous aviez à peine 15 ans.
05:47 Oui, mais j'étais fascinée par la Maison de la Radio parce que,
05:50 en fait je savais que tout le spectacle se passait derrière ses portes,
05:54 mais on me fermait toujours les portes. Un jour j'ai réussi à pénétrer
05:57 en faisant passer pour une clodette, je me suis vite fait attraper,
06:00 et je me suis vite fait virer, et j'en voulais beaucoup
06:03 parce que je voulais juste voir ce métier, le voir.
06:07 Et je suis tombée un jour sur l'artiste Antoine,
06:10 qui a eu cette gentillesse et cette générosité, il m'a dit "Viens avec moi".
06:14 Et il m'a pris par la main, il m'a fait rentrer,
06:16 et là j'ai pu assister à l'une des premières émissions de Guilux,
06:20 et par la suite, lorsqu'on m'a ouvert les portes avec "Toute première fois",
06:24 là ça a été le moment le plus beau de ma vie.
06:26 Alors il se trouve que le studio 102, c'était le studio où se tournait
06:30 le palmarès des chansons et toutes les émissions qui ont suivi.
06:32 Guilux, c'était assez particulier, je sais pas si vous avez vu des scènes
06:35 où il se trompe dans ses fiches, où il raconte n'importe quoi,
06:38 et il est rattrapé par sa co-animatrice.
06:40 Tout à fait, mais bon, il était génial.
06:42 Il était carrément génial, et puis on lui pardonnait tout,
06:45 parce qu'il avait ce savoir-faire, et finalement c'est bien parce qu'il était
06:48 dans l'imperfection, et les gens aiment l'imperfection.
06:51 Mais il avait en même temps la perfection du lieu,
06:53 il savait où il fallait placer une caméra et une séquence,
06:55 mais il inventait des jeux, je sais pas si vous le savez,
06:58 mais le règlement était tellement compliqué qu'il était incapable
07:00 de l'expliquer à l'antenne, il le passait à son assistante
07:03 qui était incapable aussi d'expliquer.
07:05 Le chaos, le chaos total, ouais, mais c'était drôle.
07:08 Mais en même temps, c'est vrai que pour rentrer au Studio 102 à l'époque,
07:10 il n'y avait pas les gardes du corps et les vigiles d'aujourd'hui,
07:13 mais c'était pas simple non plus.
07:14 Oh, il y avait des vigiles, en fait, on vous faisait pas passer comme ça,
07:17 c'était très très très fermé, et puis il y avait surtout
07:21 qu'il y avait beaucoup de gens dehors qui attendaient les artistes,
07:24 donc moi j'étais considérée comme quelqu'un qui attendait un artiste,
07:27 alors que moi pas du tout, je voulais être considérée
07:30 comme une artiste qui avait le droit de rentrer.
07:32 Et moi, jeune journaliste, je devais rentrer au Studio 102,
07:35 j'avais pas le droit, et j'avais mis un vieux pull,
07:37 pris un papier et un stylo, et fait "Pardon, pardon, on m'avait pris
07:40 pour un assistant", et ça a marché.
07:44 Trop fort, trop fort !
07:46 On avait bien rigolé.
07:47 Alors, vous partez en Italie, vous allez d'abord faire des pubs,
07:51 mais aussi des castings et de la télé, vous êtes speakreen
07:54 sur une chaîne qui s'appelle Uomo TV.
07:56 Oui, Uomo TV, c'est la télé de l'homme, c'était la première chaîne libre
08:02 de télévision qui, par la suite, a été rachetée par Berlusconi,
08:06 et du coup, ils avaient besoin d'une speakreen,
08:10 et quand on m'a appelée pour faire le casting,
08:12 quand mon agent m'a appelée, j'y suis allée sans trop comprendre,
08:15 mais en même temps j'avais besoin de travailler,
08:17 donc j'ai fait un effort pour apparaître séduisante,
08:21 et mon côté français avait bien plu, du coup, ils m'ont gardée
08:24 avant de vouloir me virer parce que j'étais tellement nulle.
08:27 Mais le public avait bien aimé mon côté un peu à l'ouest,
08:33 elle était vraiment déjantée, la jeune.
08:35 Je crois que vous fumiez pendant les prises de vif ?
08:38 Vers la fin, on avait fumé des pétards, ça c'est pas bien du tout, du tout, du tout.
08:41 Mais qu'est-ce qu'on s'est amusé, franchement,
08:43 mais la vie c'est ça, il faut s'amuser.
08:45 Vous riguez d'ailleurs beaucoup à l'antenne, ça a plu aux spectateurs,
08:48 mais pas à la direction.
08:49 Ça a plu aux spectateurs, et puis vous savez, en Italie,
08:51 le pétard, c'était une monnaie courante.
08:53 Exactement, à l'époque.
08:55 Mais les spickrins en France, c'était très différent,
08:57 elles étaient vraiment très sérieuses.
08:59 C'était, Catherine Langeais venait le dimanche
09:03 faire passer ses 12 heures, et il y avait une machine à sandwich
09:06 pour tenir le coup, et on ne bougeait pas.
09:08 Oh là là, je ne savais pas ça.
09:10 C'est autre chose.
09:11 Alors, à l'époque, vous avez envie de chanter,
09:15 et vous allez rencontrer un groupe qui s'appelle
09:17 la Bottega dell'Arte.
09:19 Ça, c'est venu comment, ça ?
09:20 Alors, on a fait des concerts, quand je faisais des concerts,
09:23 des concerts que j'appelle des concerts galères,
09:25 parce qu'on allait au fin fond de l'Italie,
09:27 on faisait notre concert et on repartait sans être payé.
09:31 C'était des concerts de rock, hein ?
09:32 Oui, c'était des concerts de tout, j'ai tout fait.
09:34 Franchement, j'ai tout fait pour gagner ma vie.
09:36 Et en fait, il y avait aussi ce groupe qui marchait très bien,
09:39 qui était la Bottega dell'Arte, qui m'a été présentée plus directement
09:43 par la suite, par mon ingénieur du son, Marco Lecci,
09:46 et dans l'équipe, il y avait Romano Muzzumara, Piero, Calabrese,
09:51 toute l'équipe qui a travaillé avec moi par la suite.
09:53 Et il démarrait, Muzzumara, personne ne le connaissait,
09:56 je crois qu'il avait fait la phase B d'un disque de musique électronique
09:59 qui s'appelait Automate, qui a été utilisé par la chaîne brésilienne Globo.
10:02 C'était sa seule gloire à l'époque.
10:04 Ah, je sais pas.
10:05 Si, si, c'était ses tout débuts.
10:07 Et d'ailleurs, il n'a pas été très sympa avec vous au début,
10:09 vous avez vu que c'était le chef, c'était le moins sympa de la bande
10:12 lors de votre première audition.
10:13 C'était le chef, donc ce qu'on appelle le maestro.
10:17 Donc le maestro, il faut qu'il ait une attitude, le maestro.
10:20 Donc il avait cette attitude, c'était, je sais pas.
10:23 Et tous les autres étaient ma si, ma romano, ma capenzi, ma cuesta.
10:27 Et en fait, on lui donne après son statut,
10:31 on s'adapte à son statut de maestro et donc de chef.
10:35 Et il vous a poussé dans vos limites dès la première audition.
10:38 Ah oui, c'était horrible.
10:39 Tout tout non sai, tout tout.
10:41 Je me suis dit, je vais tomber dans les pommes tellement il y avait de souffle.
10:44 Et je me disais non, vas-y, vas-y, vas-y, parce que c'est ta chance de, de.
10:47 C'était une chance pour moi.
10:48 Tout ce qu'on m'offrait était pour moi une chance qu'il fallait que je cueille à chaque fois.
10:52 Et peu importe la souffrance physique.
10:54 Il fallait continuer.
10:55 D'ailleurs, il vous a demandé d'écrire une chanson en français.
10:57 Il m'avait demandé d'écrire le texte français de tout tout non sai.
11:01 Et donc, du coup, le soir, je me suis rentrée chez moi et puis j'ai fait ça.
11:05 Et on l'a rechanté cette fois.
11:06 Tout tout prem, tout prem, et un fois tout tout.
11:08 Madonna.
11:09 C'était, c'était quand même, c'était rock and roll.
11:12 Voilà.
11:13 Et bien, justement, il y a eu d'autres dates rock and roll.
11:15 Il y a une date importante dans votre vie.
11:16 C'est le 20 mars 1984.
11:18 On en parle dans quelques instants sur Sud Radio avec Jeanne Masse.
11:21 Sud Radio, les clés d'une vie.
11:26 Mon invité Jeanne Masse.
11:27 Nous parlerons tout à l'heure du Casino de Paris où vous fêterez vos 40 ans de carrière.
11:31 Déjà, ça va trop vite.
11:33 Et le 20 mars 1984, alors c'est une date importante parce que la légende précédente
11:37 la légende prétend que votre première télé, c'était Jour J.
11:40 Alors, c'était le 21 mars et le 20 mars, il y a eu une autre émission où vous avez
11:45 chanté ceci.
11:46 En fait, c'est à Toulouse.
11:55 La vie à plein temps.
11:56 Vous l'avez fait la veille de Jour J.
11:58 Vous êtes levé à 7 heures du matin pour faire une émission à midi.
12:00 Vous en souvenez ?
12:01 Oui, non.
12:02 Et c'est la première fois que vous chantez cette chanson à la télévision.
12:07 La veille de Jour J où vous avez gagné le concours.
12:10 Je me souviens surtout de Jour J.
12:13 Et là, vous êtes toute souriante.
12:15 Vous expliquez aux jeunes animateurs qui vous suivent tout de suite que vous aviez deux
12:19 contrats en Italie et en France et que vous avez choisi la France.
12:22 Exact.
12:23 Oui, j'étais partie.
12:24 Tout arrive en même temps.
12:26 Et que finalement, je travaillais avec un autre compositeur, autre qu'Oromano, Ménardi,
12:32 et qui avait déjà trouvé un contrat à la CBS pour moi, qui m'attendait avec un répertoire
12:41 beaucoup plus branché.
12:42 Et puis, je ne sais pas pourquoi, j'ai été attirée par le fait de revenir en France,
12:48 parce que c'était quand même le pays de mon enfance.
12:52 Voilà, parce que c'était sentimental.
12:55 Alors, dans cette émission, c'est la première fois aussi que vous évoquez, dans la différence
12:59 générale, votre crêperie à Rome, en disant que vous faites des crêpes à Rome.
13:03 Oui, oui.
13:04 Je crois que ça s'appelait Sissi.
13:06 Chez Sissi, c'est ma copine, Sylvana.
13:09 Et en fait, elle avait envie de monter un petit truc à elle.
13:15 Et puis moi, je l'ai aidée.
13:17 J'étais rentrée dans les cuisines et j'ai dit, écoute, pourquoi on ne fait pas une crêperie ?
13:20 Je pense que je sais faire les crêpes.
13:22 Et puis du coup, on a fait des crêpes pendant un an.
13:25 De quoi me dégoûter à jamais des crêpes.
13:27 Et puis voilà, ça a très, très bien marché.
13:31 Et quand ça a marché, mais c'était horrible d'être dans les cuisines.
13:35 Alors elle, elle avait le beau rôle parce qu'elle était en salle.
13:38 Donc voilà, elle brillait et tout ça.
13:41 Moi, j'étais au fourneau.
13:42 Mais on avait créé un concept très sympa, qui était toutes les crêpes avaient un nom
13:46 d'acteur français.
13:48 Donc il y avait la crêpe Brigitte Bardot, la crêpe Alain Delon, la crêpe Jean-Paul Belmondo.
13:52 Voilà, et les gens choisissaient la crêpe qu'ils désiraient.
13:55 La crêpe Delon était aux épinards, la crêpe Belmondo aux champignons.
13:58 Exact.
13:59 Alors il se trouve qu'en fait, ça a marché gentiment.
14:02 Il y avait une dizaine de tables.
14:03 Mais un jour, il y a un article dans la Corrière de la Serra qui a tout lancé.
14:06 Qui a tout lancé.
14:07 Et c'était voilà, et qui a parlé de notre restaurant.
14:10 Et depuis, c'était salle pleine tous les soirs, tous les soirs.
14:13 Des fois, j'avais même plus assez de pâtes pour finir.
14:16 Et alors j'ai appris à faire les crêpes, mais j'ai aussi appris à faire la mousse au chocolat.
14:21 Et puis, elle voulait aussi qu'on fasse des pâtes.
14:23 Mais moi, je n'avais pas envie de faire dix mille trucs.
14:26 Non, chez nous, on venait pour manger des crêpes.
14:28 La mousse au chocolat, elle a été créée par un Suisse qui s'appelait Charles Fazzi,
14:31 qui était le cuisinier de Louis XVI.
14:34 Et on l'appelle mousse au chocolat parce que ça dérive de l'écume sur la boisson de chocolat à l'époque.
14:39 Oh, voyez.
14:41 Ça, c'est l'histoire vraie.
14:42 C'est génial.
14:43 Alors, les comédiens français étaient connus en Italie de Long, Belmondo, Bardot et quelques autres, non ?
14:49 Oui. Alors les autres, c'était quoi ? De Pardieu, je crois.
14:52 Il y avait De Funès.
14:53 Ah oui, mais je n'avais pas pris De Funès. J'avais pris plus ma génération.
14:57 Et Francis Blanche était très connu en Italie parce qu'il avait fait Papa Chou dans Babette 120 en guerre avec Bardot.
15:04 Et depuis, chaque fois qu'il fait un rôle d'officier nazi, on l'appelait Francis Blanche.
15:07 Oh, d'accord.
15:08 Alors, finalement, quand vous faites cette télé, personne n'imagine que toute première fois, ça va être un succès.
15:14 Qui vous a vous-même surpris, Jeanne Mas ?
15:17 Oui, surtout que j'avais vu deux maisons de disques avant Pat et Marconi qui m'avaient carrément dit
15:23 "non, ça ne nous intéresse absolument pas et puis de toute façon, les femmes ne font pas du rock".
15:28 Déjà, toute première fois, elle n'était pas très rock.
15:30 Mais quand je leur avais dit que je venais du rock, ils m'ont dit "mais non, les femmes ne font pas du rock".
15:35 Alors déjà, misogynie à fond, mais c'était la rencontre avec Jean-Jacques Souplet qui était un homme sensible
15:42 et surtout musicalement très sensible, qui arrivait à détecter les talents et qui m'a dit "welcome to Pat et Marconi".
15:50 Jean-Jacques Souplet qui a été le directeur artistique de Pat et Marconi avait également découvert Gérard Lenormand, auquel personne ne croyait.
15:56 Exact.
15:57 Et on voit le résultat aujourd'hui.
15:58 Et on voit le résultat.
15:59 Alors tout a commencé effectivement, je crois qu'en Italie, vous étiez dégoûté, vous vous apprêtez à prendre un train
16:05 et il y a un dîner qui va finalement changer votre carrière.
16:08 C'est-à-dire qu'on vous demande de laisser la cassette de première fois à un copain qui la transmet justement à Jean-Jacques Souplet.
16:14 Voilà, c'est ça qu'il avait... En fait, moi je repartais bredouille en Italie et puis un ami à moi me présente un ami à lui
16:22 qui finalement me dit "moi je veux être producteur" et tout ça, donc je lui dis "ah bon" puis on va dîner chez lui, je lui donne la cassette,
16:29 je repars de toute façon en Italie sans y croire et il me rappelle qu'un jour après en me disant "tu peux remonter en France parce qu'on a un rendez-vous".
16:36 Et c'est comme ça que c'est né.
16:38 Et j'ai fait "what" ?
16:39 Et vous ne pensiez pas que ça aurait autant de succès ?
16:41 Ah bah non, quand même pas.
16:43 Je crois que le disque se vendait à 30 000 exemplaires par jour.
16:46 Oui, à la rentrée on m'avait envoyé faire les clubs et donc j'ai fait plein de clubs et je me suis dit "mon dieu c'est ça maintenant que je dois faire ?"
16:54 J'étais en playback dans des clubs avec des gens bourrés qui sont en train de danser devant moi.
16:58 Mais bon c'est pas grave, je fais toujours sérieusement mon travail donc je l'avais fait très sérieusement et en rentrant je me suis dit "c'est pas grave, je repars en Italie"
17:05 jusqu'à ce que la maison de disque m'appelle en disant "c'est de la folie, c'est de la folie, on est à 30 par jour, 30 000 par jour".
17:10 Et j'ai fait, je sais pas ce que ça veut dire mais ils ont l'air super contents donc c'est bon signe Jeanne, c'est bon signe.
17:17 Et cette émission "Jour J", qu'est-ce que c'était ?
17:20 Alors c'était un concours entre deux jeunes artistes et donc le public devait décider qui devait revenir le samedi.
17:29 Donc on attendait toute la semaine et puis j'avais été sélectionnée pour revenir le samedi donc à la fin j'ai remporté "Jour J".
17:36 Et en même temps il y a eu un clip qui a été réalisé par José-Louis Bocquet qui est ensuite devenu je crois éditeur
17:43 et qui écrit maintenant "Les aventures de Black et Mortimer" dont le dernier album "L'art de la guerre".
17:48 Oh d'accord ! Mais c'est pas lui qui l'a réalisé, lui il était mon coéquipier sur "Junie Junie".
17:54 Comme c'était un journaliste et qu'il était fort beau garçon, je lui avais demandé s'il voulait jouer le rôle masculin et il avait joué, il avait accepté, on s'est bien amusé.
18:03 Il était très introverti, je comprends maintenant qu'il soit plus dans l'écriture.
18:06 Alors il se trouve aussi que vous avez fait "Champs-Elysées", "Soir de réveillon" je crois et que vous avez failli ne pas entrer sur scène Jeanne Mas.
18:12 Exact parce que j'avais tellement peur, attendez quand même rencontrer Michel Drucker c'était quelque chose surtout pour moi qui était une débutante.
18:20 Et donc il parlait tellement, j'étais derrière les coulisses à un moment j'ai eu panique attaque et j'ai dit à mon attachée de presse "Josiane c'est bon j'y renonce, je monte dans ma loge".
18:31 Et elle m'a dit "Non, tu y restes là" et la musique est partie et je suis rentrée automatiquement parce qu'à ce moment là vous rentrez dans une deuxième dimension et vous n'existez plus, vous faites que ce que vous avez à faire.
18:44 Donc en fait voilà j'étais rentrée sur scène et j'étais tellement intimidée par Michel Drucker, franchement c'était l'un des plus beaux moments de ma carrière.
18:53 Oui mais il a été hyper gentil avec vous.
18:55 Oui mais il est toujours hyper gentil, c'est un homme adorable, franchement c'est un homme adorable, je crois que tous les artistes l'adorent et je l'adore aussi.
19:02 Bien sûr et d'ailleurs cette émission je ne sais pas si vous vous en souvenez c'était la soirée du Réveillon et il y avait Guy Bedeau c'est Enrico Macias qui était les vedettes de la soirée.
19:10 Non mais j'adore les deux, oui Enrico Macias derrière les coulisses il m'avait dit "Toi tu viens de balayer les années 60" et je le regarde comme ça et je n'ose rien lui dire parce que c'était un tel compliment, enfin ce n'était pas un compliment, je ne me suis jamais sentie supérieure à qui que ce soit.
19:31 Mais c'est vrai que c'était super gentil de sa part parce que je sais que ça venait du fond du cœur parce que cet homme il vit avec le cœur.
19:40 Et Guy Bedeau s'était devenu un ami par la suite que j'ai adoré aussi.
19:45 J'ai eu beaucoup de chance dans ma carrière, je n'ai rencontré que des gens formidables.
19:49 Mais c'est vrai ce qu'a dit Enrico Macias sur le fait que vous aviez balayé les années 60, d'autres l'ont dit.
19:53 Monique Lomarci qui s'occupait de la programmation RTL a eu le même langage.
19:57 C'est vrai que sans vous en rendre compte vous avez "révolutionné" la chanson Jeanne Masse.
20:02 Et révolutionner c'est peut-être mieux que balayer parce que voilà il ne faut pas exagérer, je veux dire les années 60 elles ont été merveilleuses en France aussi.
20:10 Et du coup oui c'est vrai peut-être que je suis arrivée avec un nouveau son, un nouveau look, un nouveau tempérament et c'était ça qui était très neuf.
20:20 Et en fait j'attirais la jeune génération mais aussi l'ancienne génération qui disait "Oh bah tiens regarde le petit lutin qui saute avec ses cheveux en pétard".
20:28 C'était ça.
20:30 Ce look de pétard, de cheveux en pétard et ce look noir c'est née comment Jeanne Masse ?
20:35 C'était moi, je n'ai jamais calculé quoi que ce soit, on me demandait "mais ton look c'est qui qui l'a travaillé ?"
20:40 Je ne voyais pas pourquoi on me parlait de look.
20:42 Moi j'étais comme ça, si vous me voyez sur les photos privées j'étais toujours avec mes cheveux en pétard, habillée en noir.
20:48 C'était moi.
20:50 Et on dit que vous êtes un personnage alors que finalement votre but à l'époque, et c'est toujours le but, c'est d'offrir du plaisir au public.
20:56 Tout à fait. Ça a toujours été ma mission. Ma mission était de dédier mon talent aux autres.
21:05 C'est presque un sacerdoce ? Parce qu'on n'est pas toujours compris ?
21:10 On n'est pas toujours compris mais qu'importe parce que l'important ce n'est pas qu'on soit compris mais qu'on comprenne les autres.
21:17 Vous voyez parce que je suis en mission, donc la mission elle n'est jamais pour soi-même réellement mais pour les autres.
21:25 Et vous avez eu d'autres missions, on va en évoquer une à travers une autre date, le 18 février 2016.
21:31 A tout de suite sur Sud Radio avec Jeanne Mas.
21:33 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessy.
21:36 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jeanne Mas.
21:40 Nous parlerons tout à l'heure de ses 40 ans de carrière fêtée au Casino de Paris pour le grand bonheur du public et qui ne vous a jamais lâchés.
21:47 J'ai trouvé une date le 18 février 2016, c'est la sortie d'un livre qui est un petit peu comme la chanson, un livre de précurseurs.
21:54 C'est "Ma vie est une pomme" où vous expliquez que depuis 23 ans vous avez fait le choix du végétarisme et à l'époque là encore personne n'en parle.
22:02 Exact. Oui j'ai été assez précurseur sur plein de choses j'ai l'impression.
22:07 Oui personne ne parlait et c'est vrai qu'à cette époque là quand vous parliez du véganisme ou du végétarisme,
22:16 on vous regardait avec un rire en disant "mais elle est malade et toutes les carences que tu vas avoir et tout ça".
22:20 Heureusement les mentalités ont évolué, heureusement que d'autres m'ont rejoint et heureusement qu'aujourd'hui les informations sont beaucoup plus diffusées
22:28 pour comprendre qu'il y a des alternatives à l'alimentation animale et qu'on se porte très très bien.
22:36 Alors Bardot en avait beaucoup parlé avec les animaux.
22:39 D'ailleurs je ne sais pas si vous le savez mais Bardot a décidé d'arrêter sa carrière et de venir en aide aux animaux
22:44 pendant le tournage de ce qui a été son dernier film "Colle une autre chemise".
22:48 Elle a pris la décision d'arrêter parce qu'elle se promène et elle voit une dame avec une chèvre,
22:52 elle trouve la chèvre charmante et la dame lui dit "ben écoutez elle sera mangée dimanche".
22:56 Elle ne l'a pas supporté, elle a acheté la chèvre, elle l'a gardée et depuis ce jour là elle s'occupe des animaux.
23:01 Oui ça je le sais puisque je travaille beaucoup et je soutiens beaucoup la fondation Bardot
23:05 et en fait c'est tout ce que je veux dire, elle est totalement admirable cette femme d'avoir mis de côté son propre égocentrisme
23:14 pour pouvoir s'occuper des plus faibles et de ceux qui n'ont pas de voix.
23:18 Et au départ la fondation Bardot personne n'y croyait et aujourd'hui c'est une institution.
23:22 Elle allait vendre ses propres affaires directement dans les marchés pour récolter des fonds pour son association.
23:28 Donc c'est vraiment humble.
23:30 Alors il se trouve que vous évoquez dans ce livre, que j'ai retrouvé, un végétarien très célèbre et on ne le sait pas, c'est Georges Bernard Shaw.
23:37 C'est assez étonnant parce que le végétarisme remonte quand même très loin.
23:42 Vous voyez, oui, mais il remonte encore plus loin si vous prenez les premiers philosophes
23:47 et Platon même était déjà végétarien et même voire végétalien.
23:52 Donc mais ça s'est perdu par la suite puisque bon, après les guerres, sans les guerres,
23:58 mais vous savez il y a plein d'études qui ont montré que lorsque les gens mangent moins de viande,
24:03 ils se portent mieux et vivent plus longtemps.
24:06 Maintenant c'est vrai qu'après il y a l'éducation alimentaire et la peur de manquer,
24:10 ou je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des gens,
24:12 mais aujourd'hui est-il qu'il existe ces alternatives et que ça doit appartenir au monde d'aujourd'hui
24:20 parce qu'on ne peut qu'évoluer vers le mieux.
24:22 Alors il se trouve que vous y pensiez au végétarisme depuis l'enfance, je crois.
24:26 Oui, moi j'étais forcée de manger de la viande parce que ma mère, enfin mes parents me forçaient en disant,
24:31 vous savez c'était l'éducation des générations précédentes,
24:34 qui disaient, qui pensaient que bon t'avais besoin de tout ça pour bien t'alimenter,
24:38 donc c'est mange, mange, mange, mange, et jusqu'au jour où vous finissez par avoir un tel écœurement.
24:44 Bon, puis bon c'est vrai que moi la première fois que j'ai vu comment on tuait les petits lapins dans les marchés,
24:50 j'ai regardé ma mère et là j'ai pris mon courage et je lui ai dit plus jamais,
24:54 jamais je ne mangerai de lapin après, elle m'a menti probablement pour me faire manger tout ce qu'elle avait envie de me faire manger.
24:59 Mais moi c'était déjà décidé que les animaux ne feraient plus partie de mon alimentation.
25:04 Et ils ne le sont plus depuis.
25:06 Depuis très longtemps. Et il y a eu aussi un autre déclic, c'est la naissance de votre fille Victoria.
25:10 Là aussi ça a contribué.
25:13 Là ça a été un vrai dilemme parce que entre le manque de connaissances,
25:17 vous savez il y a ce que vous ressentez, ce que vous sentez être juste,
25:20 et puis il y a ce que vous dit la société et votre entourage.
25:24 Et à l'époque le véganisme était vu comme quelque chose d'anormal.
25:28 Et donc on m'a poussée à manger de la viande que j'ai vomi directement.
25:32 Et puis voilà, mais pour le bien de ma fille j'étais prête à tout.
25:36 Mais je ne suis pas sûre que ça lui ait rendu service.
25:39 Puis il y a un autre déclic, c'est une rencontre avec un musicien prénommé Tony.
25:42 Oui, Tony Levin.
25:44 Qui n'aimait pas la viande.
25:47 Qui était végétarien, c'était mon premier végétarien.
25:50 On a fait un déjeuner avec lui.
25:52 Et alors la grosse déception, c'est qu'il a mangé des huîtres.
25:55 Et je me souviens que mon managère de l'époque lui a dit
25:57 "Mais tu sais que les huîtres elles sont vivantes".
25:59 Et il a fait "Ah c'est pour une fois j'égoutte".
26:02 Et je me suis dit ça c'est pas top.
26:04 Parce qu'à partir du moment où tu sais que tu as une vie en face de toi,
26:07 que ce soit un veau, une vache, un chien ou une huître, c'est toujours une vie.
26:11 Et donc non, en tant que végétarien et en tant que végétalien encore pire,
26:15 vegan, on ne touche pas aux autres vies.
26:19 Et ce musicien Tony a été l'un des accompagnateurs de cette chanson.
26:24 Touche pas, ça fait trop mal, provocation
26:30 Des bouffes de l'âme
26:34 "Les crises de l'âme", 200 000 exemplaires et quelques soucis
26:37 parce que c'était un album engagé et on ne vous attendait pas là-dessus Jeanne Masse.
26:40 Exact, mais bon vous savez je changeais de réalisateur,
26:44 je changeais de vie aussi puisque je venais d'être maman.
26:48 Il y avait de quoi avoir des crises de l'âme.
26:50 Et donc c'est vrai que ça a été très perturbant et perturbateur
26:54 et en même temps tellement enrichissant.
26:56 Et c'est un album qui selon moi est finalement l'album qui se rapproche le plus de moi
27:01 puisque j'y ai écrit des textes plus engagés, en tout cas plus de femmes
27:06 puisque je parle aussi du viol, je parle aussi de la guerre
27:10 telle que je la voyais comme quelque chose de terrible.
27:13 C'est quelque chose de terrible mais je me mettais à la place
27:16 de tous ces pauvres gens qui n'ont rien demandé et qui subissent.
27:19 Et en fait c'était ça, toutes mes crises de l'âme, elles étaient là.
27:22 Il y avait mon bébé rock qui était là.
27:24 Et c'est un très bel album.
27:26 Et dommage que les médias se soient opposés à ce moment-là
27:30 parce qu'ils trouvaient que c'était peut-être trop direct
27:32 parce que finalement ce qui les dérangeait c'était qu'une femme dise certaines choses
27:36 parce que c'était soit belle et totoie, quelque part.
27:40 Bon voilà, ça c'était les années 80-90, heureusement que ça a évolué.
27:44 Mais en fait j'étais dans ce tourment total où j'étais une femme
27:48 qui finalement avait envie de défendre des causes et qui se faisait ratatiner.
27:53 Mais curieusement vous aviez 30 ans d'avance parce qu'aujourd'hui
27:56 ce que vous racontez à l'époque, c'est l'actualité Jeanne Masse.
27:59 Mais tout à fait, et je vous remercie de le reconnaître.
28:02 A l'époque c'est vrai que je pensais être dans le juste
28:06 mais j'étais trop en avance.
28:08 Je ferais un album comme "Les crises de l'âme" aujourd'hui,
28:10 on dirait "ouais elle est dans le temps, elle est super branchée".
28:13 Non j'étais déjà branchée les gars.
28:15 Et aujourd'hui je suis contente que finalement il y ait des associations
28:18 et des mouvements comme le #MeToo qui prennent la relève.
28:23 Mais 30 ans après...
28:24 - Voilà, vous avez écrit une lettre à François Mitterrand.
28:26 - Pour lui demander de nous rassurer face aux violeurs et aux tueurs d'enfants.
28:30 - Voilà, et ça encore une fois, personne n'en parlait à l'époque.
28:32 - Non, personne n'en parlait mais après ça a été repris par un certain parti
28:37 qui a dit "vous voyez Mme Jeanneot c'est pour la peine de mort".
28:40 De quoi il parle ? J'ai jamais parlé de peine de mort.
28:42 Je ne suis pas pour la peine de mort puisque je suis contre la punition
28:45 mais je suis pour l'éducation.
28:47 Éduquer les jeunes, éduquer les hommes
28:50 et puis quand les hommes sont malades, les prendre en charge et les traiter
28:54 pour qu'ils arrêtent d'être malades.
28:56 Mais non, moi je venais d'être maman et quand j'ai écrit
28:59 c'est vrai qu'il y avait une série de viols et d'enfants, de petites filles
29:04 et d'entre elles, je me souviens, avaient été massacrées.
29:08 J'avais tellement peur que j'ai demandé, je me suis adressée au président de la République
29:13 ou était le tort, je ne sais pas, on peut s'adresser à Dieu mais pas à lui.
29:16 Donc c'était compliqué mais moi je l'ai fait en toute bonne foi.
29:21 Je voulais juste qu'on me rassure et qu'on me dise "vous inquiétez pas".
29:25 Je voulais qu'il rassure toutes les mamans en disant
29:28 "ça ne va pas se reproduire" ou en tout cas "on va être plus vigilants"
29:31 ou en tout cas ceux qu'on considère être malades,
29:34 "on va pas les lâcher dans la rue".
29:36 Je crois qu'il y a encore ce problème.
29:38 30 ans plus tard, c'est plus que jamais l'actualité.
29:41 Là encore vous étiez en avance.
29:43 Voilà, encore une fois j'étais en avance et encore une fois,
29:46 je veux dire, on écrivait à Macron aujourd'hui, au président Macron,
29:50 peut-être qu'il l'écouterait mais peut-être pas, je ne sais pas.
29:54 Je suis perdue mais l'important c'est qu'il faut...
29:57 Le plus dur c'est de ne rien faire, vous voyez.
30:00 C'est d'être juste spectateur de ce qui se passe et de dire
30:03 "je ne peux rien faire non moins, même si je fais qu'un tout petit peu,
30:06 je voudrais faire quelque chose".
30:08 Il y a quelqu'un aussi qui a interpellé François Mitterrand
30:11 lors d'un débat présidentiel en 1980
30:14 et ce quelqu'un, vous allez reconnaître sa voix.
30:17 "Mais Dieu que l'amour est triste, que l'amour est triste,
30:22 depuis que le monde existe".
30:25 Daniel Balavoine, une des premières rencontres dans votre carrière
30:28 et une chanson qui a été un déclic pour vous Jeanne Masse.
30:31 "Dieu que le monde est triste", regardez le monde d'aujourd'hui.
30:34 Il est tellement d'actualité Daniel.
30:37 C'est vrai qu'un jour vous lui avez écrit pour travailler avec lui
30:40 et il a dit oui tout de suite.
30:42 C'était après Georgie, lorsque la maison de disques m'a proposé
30:45 de faire un album et donc Jean-Jacques Souplet m'a dit
30:48 "est-ce que tu aurais des envies particulières ?"
30:51 J'ai dit "écoutez, j'ai entendu la chanson d'un artiste français
30:54 qui chante "Dieu que l'amour est triste" et je trouve ça incroyable
30:57 mais j'aimerais bien travailler avec lui".
31:00 Il me fait "Daniel Balavoine ?" Je dis "oui je pense".
31:03 Il m'a dit "c'est une super star" et tout ça je me suis dit "oh là-bas".
31:06 Déjà je frappe très haut là.
31:09 Ils l'ont contacté et j'ai attendu l'appel de Daniel
31:12 et Daniel m'a appelé ce jour-là.
31:15 Je crois que je n'avais jamais autant bégayé de ma vie
31:18 mais c'était un bon départ.
31:20 Il a dit que votre voix lui donnait la chair de poule.
31:23 Quand on a travaillé ensemble, c'est lui sans doute qui a donné
31:26 la chair de poule à Macaria parce qu'il m'avait dit
31:29 quand on chantait "Oh mamma"
31:32 "écoute, écoute, là c'est vrai que des fois tu ne chantes pas
31:35 totalement juste mais quand tu chantes, moi j'ai la chair de poule".
31:38 Et quand il m'a dit ça, j'ai compris qu'elle était ma mission.
31:41 Et votre mission d'interprète a bien commencé.
31:44 Il y a eu toute première fois, il y a eu cette chanson.
31:47 [Musique]
31:55 Là aussi c'est un énorme succès.
31:58 Tout à fait.
32:00 Et Daniel avait dit "Ah, je n'arrive pas à croire qu'une femme ait écrit ce texte avant moi".
32:04 C'est fou, hein ?
32:06 Et les textes, des spontanément comme ça ?
32:09 Oui, oui.
32:12 Je pense que c'est parce que j'adore m'introduire
32:16 mentalement et spirituellement dans la vie des autres
32:19 et de sentir ce qu'ils ressentent et de pouvoir l'écrire.
32:23 Il se trouve que moi j'ai vu un film qui s'appelle "La vie dissolue"
32:27 de Gérard Flock, de Georges Lautner, et dedans il y a Jacqueline Mayant
32:30 qui danse sur cette chanson.
32:32 Magnifique, oui.
32:35 On a fait une émission ensemble après avec Jacqueline.
32:37 C'est fou, hein ?
32:38 Elle est formidable.
32:39 Elle aime les arts, elle aime les cinémas, elle préférait le théâtre,
32:42 elle vit pour le théâtre et je pense qu'elle aurait mérité de faire beaucoup plus de films.
32:45 Tout à fait.
32:46 Et puis il y a eu surtout à cette époque cette chanson.
32:49 En rouge et noir, j'exilerai ma peur,
32:54 j'irai plus haut que ces montagnes de douleur.
32:59 En rouge et noir, comme les couleurs de Sud Radio, vous le remarquez d'ailleurs.
33:03 Là aussi, encore aujourd'hui, on vous parle de cette chanson Jeanne Mas.
33:07 Je ne fais que ça.
33:09 Rechanter en rouge et noir,
33:12 en même temps j'ai énormément de chance, honnêtement.
33:17 De pouvoir voir ces nouvelles générations qui se lèvent et qui chantent en rouge et noir,
33:22 c'est incroyable aussi.
33:24 C'est très bien.
33:26 En plus, vous voyez, on les transporte avec nous ces couleurs.
33:28 Je crois que vous l'avez enregistrée au Danemark, cette chanson.
33:31 Exact, oui.
33:32 C'était mon dernier album avec Romano Muzumara.
33:35 L'album s'intitule "Femmes d'aujourd'hui".
33:37 "Femmes d'aujourd'hui", c'est le premier journal féminin belge de l'histoire
33:41 qui est né le 1er avril 1933
33:45 et qui a eu du succès tout de suite auprès des femmes.
33:47 C'est quelque chose que j'aimerais continuer d'ailleurs, "Femmes d'aujourd'hui".
33:51 Il y a "Femmes d'aujourd'hui" et puis il y a tous ces prix que vous avez reçus de Victoire de la Musique.
33:55 Vous avez été la première à chanter à Bercy.
33:57 Vous vous rendez compte de votre parcours ?
33:59 Oui.
34:00 C'est fou.
34:01 C'est bien.
34:02 C'est énorme.
34:05 Ce qui me permet d'avoir 40 ans après encore des gens qui me suivent,
34:09 qui m'apprécient et qui me respectent.
34:11 Je crois qu'il y a eu une vingtaine d'albums enregistrés.
34:13 Oui, grosso modo, je ne les compte plus
34:16 parce que je ne suis pas là à compter ce que je fais,
34:19 mais surtout à vibrer et à ressentir ce que je crée.
34:23 C'est vrai que quand on aime, on ne compte pas.
34:25 Oui, c'est ça.
34:26 Et nous, on aime vous retrouver dans quelques instants
34:28 avec une autre date, le 15 février 2024.
34:30 A tout de suite sur Sud Radio avec Jeanne Mas.
34:33 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité Jeanne Mas.
34:40 Alors, on a évoqué votre passé, et puis donc je vais annoncer,
34:44 à partir du 15 février, et je crois que ça dure trois jours,
34:48 vous êtes au Clézodde Paris pour fêter vos 40 ans de carrière.
34:51 Retour à Paris, et ça je crois que vous en aviez très envie.
34:55 Alors, c'est surtout que je voulais absolument fêter cet anniversaire
35:00 avec les fans qui me suivent depuis 40 ans
35:04 et leur dire merci avant toute chose.
35:07 Oui, parce que les fans ont continué à vous suivre sans arrêt,
35:10 quoi qu'il arrive.
35:11 Tout à fait, ils m'ont aidée à dépasser tout.
35:16 En fait, ils ont été mes éléments déclencheurs à chaque fois
35:21 pour dire "Ok, je me remets en question, Jeanne".
35:23 Et voilà, ils sont toujours dans l'attente de quelque chose de neuf
35:26 que je vais leur apporter.
35:27 C'est comme s'ils avaient avec moi besoin de rêver et de voyager.
35:31 Et il y a plusieurs générations de fans, Jeanne Mas.
35:33 Aujourd'hui, je crois, oui.
35:34 Oui, c'est super.
35:35 C'est assez étonnant.
35:36 Oui.
35:37 Parce qu'il y a le rouge et le noir, mais pas seulement.
35:39 Ils connaissent vos chansons.
35:40 Oui, tout à fait.
35:41 Ils vous suivent sur les réseaux.
35:42 Oui, tout à fait.
35:43 Alors, vous avez choisi trois dates d'occasion de Paris.
35:46 C'est un lieu où vous n'étiez pas passée.
35:48 Si, je suis passée deux fois déjà.
35:50 Il y a longtemps.
35:51 En 2013 et en 2004, où j'étais juste avant de partir aux Etats-Unis.
35:55 J'ai fait deux fois le casino de Paris.
35:57 Et là, je le fais une troisième fois.
35:59 Et j'avoue que c'est vrai, la deuxième fois où j'ai fait le casino.
36:01 La première fois où j'ai fait le casino de Paris, je voulais déjà faire mes adieux.
36:04 Et quand le rideau s'est ouvert, j'ai retrouvé la scène recouverte de roses blanches.
36:11 Et je me suis dit "Oh !"
36:13 Et ça m'a...
36:14 Non, pardon, de tulipes blanches.
36:16 De tulipes blanches.
36:17 Et ça m'a fait un tel choc.
36:19 Je me suis dit "Tu ne peux pas arrêter là, parce que ce n'est pas pour moi, c'est pour eux."
36:22 C'est pour eux, parce qu'ils sont là.
36:24 Et du coup, voilà.
36:26 Mais c'est vrai que là, j'arrive au bout de toutes les scènes.
36:28 De 2025, ça va être vraiment le...
36:30 Je dis au revoir au public en province.
36:32 Oui, mais enfin, ça, ce n'est pas ce qu'un au revoir.
36:34 Parce que finalement, vos chansons appartiennent au public.
36:37 Tout à fait, elles appartiennent et elles seront toujours là pour eux.
36:40 Alors, c'est aussi un nouvel album que vous avez enregistré.
36:43 Et l'une des chansons de cet album, c'est "Phosphore".
36:45 * Extrait de "Phosphore" *
37:05 Du Jeanne Masse pur et dur.
37:07 Du Jeanne Masse d'aujourd'hui.
37:08 Oui, exactement.
37:09 Mais en même temps, on vous reconnaît parfaitement.
37:12 Oui, c'est super, merci.
37:14 Vous avez inventé ce style et vous le conservez.
37:16 Oui, tout à fait.
37:17 Vous avez beaucoup...
37:18 J'ai m'innover.
37:19 Vous avez beaucoup phosphoré avant de prendre la décision de revenir avec un album et de refaire de la scène.
37:24 Je ne phosphore pas autant que ça, en fait.
37:27 Ça vient naturellement.
37:29 C'est le corps, c'est la tête, c'est l'âme qui a besoin à ce moment-là de s'exprimer, de voyager, de s'élever.
37:37 Et à chaque fois qu'on crée un album, on s'élève un peu plus.
37:40 Et voilà, il faut se phoréner par un besoin de survie.
37:45 Alors, cette décision a été prise il y a ainsi quelques temps.
37:49 Mais en même temps, il y a eu plusieurs fois des adieux possibles.
37:52 Notamment, il y a eu la première étape, c'est le coup de foot pour la Provence.
37:55 Ça, c'est aussi un tournant de votre vie, Jeanne Masse.
37:58 Tout à fait.
37:59 Là, c'est le jour où j'ai fait le choix entre ma carrière et mes enfants.
38:02 Et mes enfants l'ont remporté parce que je voulais les voir grandir.
38:06 Je ne voulais pas être une maman perturbée par les problèmes qu'on a dans notre métier,
38:12 par revenir d'être épuisée.
38:13 Je voulais vraiment m'occuper de mes deux petits.
38:16 Et j'ai vécu les plus beaux moments de ma vie.
38:19 Vous avez trouvé une maison d'élabris en Provence.
38:21 Oui, j'ai retapé.
38:23 Entièrement ?
38:24 Entièrement.
38:25 Un escalier digne d'Hollywood ?
38:26 Tout à fait, on avait fait ça.
38:28 On avait chaque chambre, les enfants avaient leur propre salle de bain.
38:33 J'avais la salle de jeu pour les enfants.
38:35 Et on a passé des moments inoubliables.
38:38 J'avais une immense table que pour nous trois.
38:41 Et je me souviendrai toujours de cette fois où j'étais assise avec mes deux enfants sur le côté.
38:46 Ils revenaient de l'école parce que je les alimentais moi.
38:48 Ils ne restaient pas à la cantine.
38:50 Et je les ai regardés.
38:51 Et j'ai senti cet étrange bien-être qui vous transporte de la pointe des orteils jusqu'à la pointe de vos cheveux.
38:59 Et je me suis dit, c'est ça le bonheur.
39:01 Et en même temps, il y avait une petite éviserie de village où c'était vraiment le lieu parfait pour vivre comme vous le souhaitiez.
39:07 Exact.
39:08 Et puis voilà, j'étais très sportive aussi.
39:10 Mais c'est surtout que je m'occupais de mes enfants.
39:12 Et puis qu'on avait finalement créé des histoires d'enfants.
39:15 Vous voyez, on achète énormément de joujoux aux enfants.
39:18 Pas besoin quand vous vivez en dehors.
39:20 Ils créent des jeux avec leur imagination.
39:23 Il suffit de deux pierres, des bouts de bâton, d'aller chercher les animaux qui sont cachés quelque part.
39:28 Pas pour leur faire du mal, absolument pas.
39:31 Mais pour la curiosité de les regarder vivre.
39:33 Ça, c'était formidable.
39:35 Je crois que le terrain faisait 4 hectares. C'était énorme.
39:37 Vous étiez tranquille.
39:38 Énorme.
39:39 Non, j'étais pas tranquille parce qu'il y avait toujours des chasseurs.
39:41 Ça, c'est le problème en France.
39:42 Il faut vraiment maintenant protéger les propriétés et demander aux chasseurs d'aller chasser ailleurs.
39:47 Pas dans les propriétés.
39:49 Et vous arriviez à vous débarrasser d'eux à cette époque ?
39:51 Non.
39:52 Je les voyais.
39:53 Quand ils sont rentrés chez moi, ils ont tué des faisans qui avaient pris un refuge dans ma propriété.
39:58 Ça, c'est pas top.
40:00 Il n'y avait rien à faire.
40:01 Déjà, tuer, c'est pas top.
40:02 Mais alors, vraiment.
40:03 Alors, il y avait des parfums aussi.
40:05 Il y avait des parfums provençaux.
40:08 Et puis, il y avait les fleurs.
40:09 Il y a eu Mimosa, la lavande, les oliviers.
40:11 C'était beau.
40:12 Et vous savez, oui, les figuiers.
40:13 Les figuiers.
40:14 Quand j'ai vu les figuiers, je me suis dit, quand j'ai vu cette espèce de maison, enfin, ce qu'il en restait,
40:18 parce que c'était une vieille bergerie, mais avec des murs épais comme ça.
40:23 Et je me suis dit, il faut que je revoie cette maison.
40:26 Donc, quand je la revoie, il y a deux choses que je voulais trouver.
40:30 Les figuiers et le Mimosa.
40:32 Eh bien, il y avait les deux.
40:34 Il y avait les deux arbres.
40:35 Donc, quand je les ai trouvés, vous savez ce qui est drôle, c'est que le Mimosa est mort une fois que je me suis installée là-bas.
40:39 Donc, en fait, c'était juste un signe pour me faire venir.
40:42 Et justement, les fleurs, elles font partie de votre nouvel album à travers une chanson.
40:47 Si tu m'entends, as-tu la force de disparaître ?
40:54 Pour que je m'y sors, un bref instant, j'en peux bien meurtre.
41:02 Si tu m'entends, alors il faut que je te revoie.
41:08 On reconnaît Jeanne Masse par sa voix, par le rythme.
41:11 Finalement, vous n'avez pas changé depuis 40 ans.
41:14 Alors, c'est bien ou c'est pas bien ?
41:18 C'est bien.
41:19 Ah, ok.
41:20 C'est bien. C'est une qualité. C'est pas si fréquent.
41:22 Mais les arrangements sont quand même un peu plus actuels aussi.
41:27 Oui, mais je parle de la voix.
41:29 Ah, la voix, oui, c'est vrai. Ah bon, elle n'a pas trop changé. Je ne m'en rends pas compte, en fait.
41:33 C'est exactement la même. On vous reconnaît entre mille.
41:36 Alors, les fleurs, justement, c'est aussi une de vos préoccupations car vous vous êtes installée aux Etats-Unis.
41:40 Et les plantes et les fleurs, ça fait partie de votre quotidien aujourd'hui.
41:43 Oui, tout à fait. J'ai découvert l'osmose.
41:47 En fait, je me sens un élément parmi les autres éléments de cette planète.
41:52 Et c'est vrai que le fait de jardiner, j'ai acheté une maison où il n'y avait strictement rien.
41:56 Le jardin n'était qu'un bout de terre sec.
41:59 Et je me suis dit, moi qui adore les plantes, je me suis dit je vais tout planter.
42:03 Je veux une plante de chaque espèce, chaque espèce.
42:05 Et donc, j'ai commencé à planter dans tous les sens.
42:08 Mais un bordel, j'ai fait. Mais après, là, maintenant, je mets un peu d'ordre.
42:11 Et c'est vrai que vous voyez, j'ai commencé à observer les plantes, à observer les mauvaises herbes,
42:15 comment elles poussaient, comment elles essayaient de s'infiltrer parmi les belles plantes comme ça pour pouvoir survivre.
42:23 Des fois, elles me font de la peine, mais c'est extra.
42:27 Et vous savez, et donc, du coup, j'ai découvert qu'il y avait la conscience.
42:30 Vous savez que les plantes ont conscience de leur existence.
42:32 C'est extrêmement important qu'elles communiquent entre elles à travers ce réseau qui est sous terre fait de champignons.
42:40 Comme ça, c'est extraordinaire.
42:43 Et d'un seul coup, je compare mes plantes, je compare mes fleurs au monde des hommes.
42:50 Et je me demande pourquoi on n'arrive pas à cohabiter tous avec la même harmonie que toutes ces belles plantes qui adorent être entre elles.
42:58 Parce que plus elles sont mélangées, plus elles sont belles.
43:01 Et d'ailleurs, vous avez un point commun avec Guy Béart qui habite égarge d'ailleurs.
43:05 Il avait une belle maison et tous les matins, il parlait à son arbre qu'il appelait Fernand.
43:10 Lorsqu'il était en colère, il se tournait de l'autre côté pour ne pas blesser Fernand.
43:16 Alors ça, c'est magnifique.
43:18 Moi, j'ai passé des nuits entières devant mes jeunes arbres parce qu'il y avait la tempête.
43:24 Des fois, on a des orages très, très forts et très violents pour pouvoir les retenir face au vent qui voulait les casser.
43:31 Et j'ai passé des nuits blanches juste à veiller sur mes plantes.
43:35 Et bien, elles me le rendent.
43:38 Elles me le rendent parce qu'elles sont de plus en plus belles et que la nature vous rend tout le bien que vous lui faites.
43:45 Il faut arrêter de la détruire.
43:47 La nature, ce sont les États-Unis.
43:49 Quand vous êtes allé aux États-Unis, vous vous êtes installé, vous y êtes toujours.
43:52 Vous avez commencé par l'Arizona, vous avez eu un coup de foudre pour le décor.
43:56 J'ai commencé par la Californie.
43:58 Je me sentais vraiment pas à l'aise. Et puis, on est allé avec mes enfants en vacances dans l'Arizona.
44:02 Et j'ai regardé l'Arizona. En fait, c'était en hiver.
44:04 C'était magnifique. Et je n'avais jamais vu un tel paysage.
44:08 Et des couchers de soleil à tomber par terre, à voir des frissons.
44:12 Et j'ai dit à mes enfants, c'est ici que je veux vieillir.
44:15 Et par la suite, on est parti à New York.
44:17 On a vécu là-bas aussi. Et puis, on est revenu dans l'Arizona avec mon fils.
44:21 Et je ne vis pas dans l'Arizona comme certains pourraient le penser, parce que je vis au soleil et parce que je suis richissime.
44:28 Mais tout simplement parce qu'il y a une simplicité dans cette vie qui me plaît et qui me convient.
44:33 Personne ne sait que vous êtes chanteuse en France.
44:37 Je crois même pas que les gens de Jeannemas, on ne le connaît pas.
44:40 On ne le connaît pas. Il n'y a que mes impôts qui connaissent mon nom.
44:45 Voilà tout ce qui est social.
44:48 Mais jamais mes voisins, j'ai acquis mes maisons.
44:51 Ma maison est acquise sous le nom d'une société, ce qui fait que comme ça, je peux vivre tranquille et vivre incognito.
44:59 - Votre fils est ingénieur du son, je crois. - Oui.
45:02 - Et vous avez créé une petite entreprise rien à voir avec la chanson.
45:05 - Oui. Ah non, non, non. Vous dites, vous parlez du véganisme.
45:09 - Non, non, je parle de tout ce que vous avez fait à côté, c'est-à-dire la société de production.
45:13 - Ah oui, tout à fait. Tout à fait.
45:15 Avec une amie, Gloria, on avait monté aussi cette société où on faisait de la production de courts métrages.
45:23 Elle savait que j'écrivais, donc je pouvais caser mes courts, mes scénarii.
45:28 Et mon fils, lui, faisait le son.
45:31 Mais bon, lui, après, il a monté sa propre société.
45:33 Et en fait, voilà, on s'est entraidé pour arriver au stade d'aujourd'hui où je fais du montage.
45:40 J'ai arrêté la production parce que Gloria nous a quittés.
45:43 Et c'est quelque chose qui m'a passionnée, de pouvoir vivre à travers le projet des autres.
45:50 - Alors, il y a des films célèbres qui ont été tournés à l'Arizona, à Phoenix, où vous habitez.
45:55 Il y a le début du film "Psychose" d'Alfred Hitchcock.
45:58 Et il y a la scène finale du film "L'épreuve de force" avec Clint Eastwood à Phoenix en 77.
46:04 - Oui. - Ça, ce sont des films qui ont marqué l'histoire.
46:07 - Tout à fait. - Alors, votre fils travaille là-bas.
46:09 Votre fille est à Paris, est devenue romancière célèbre, Victoria Mass.
46:12 - Tout à fait. - Vous devez en être fière.
46:14 - Je suis fière de la femme qu'elle est. Je suis ravie pour elle.
46:17 Et je suis heureuse qu'elle arrive aujourd'hui à exprimer son talent.
46:20 - Alors, votre talent, vous l'exprimez aussi. Vous continuez à l'exprimer en chanson.
46:23 Et dans cet album, il y a une chanson qui s'appelle "Je passe".
46:26 * Extrait de "Je passe" de Victoria Mass *
46:42 - Vous passez par la France, une France qui a changé artistiquement.
46:45 Quand vous arrivez, vous êtes quand même très surprise, Victoria Mass.
46:48 - Oui, c'est difficile aujourd'hui de faire le métier que je faisais moi dans les années 80.
46:54 Parce que les émissions ont énormément changé.
46:57 Il y a moins aussi d'ouverture pour les nouvelles créations.
47:01 Il y a moins d'ouverture au niveau des passages radios, des émissions de télévision de variété.
47:08 Aujourd'hui, on n'est plus dans les talk show. Aujourd'hui, il faut faire du buzz.
47:12 - Oui, pareil. - Et moi, ça, je ne sais pas faire.
47:14 - Moi non plus, je vous rassure. - C'est pour ça qu'on s'entend bien.
47:17 Mais le métier a énormément changé.
47:20 C'est vrai que je me sens un petit peu frustrée par moment de ce métier qui en fait, on vibre moins qu'avant.
47:28 Et encore, j'ai eu de la chance. Je suis née dans les années 80.
47:31 Tout était beau, formidable.
47:33 - Et le Casino de Paris, c'est du 15 au 17 février.
47:36 Il y aura une tournée ensuite parce que vous n'allez pas nous lâcher comme ça.
47:40 - Non, je veux dire au revoir au public en province.
47:42 Ceux qui ne peuvent pas se déplacer au Casino de Paris.
47:44 - Et il y a une chanson dans cet album d'ailleurs qui exprime cela, ces dernières songs.
47:49 * Extrait *
48:07 - C'est vrai que les dernières songs, ça me fait penser aux adieux.
48:10 Mais pour l'instant, il y a le Casino de Paris, il y a cette tournée.
48:12 - Oui, mais si je peux me permettre une petite parenthèse.
48:14 Dernières songs ne parlent pas de la fin de ma carrière, mais parlent surtout de...
48:19 Il y a eu un fait divers d'un homme qui s'était ôté la vie pour qu'on puisse prendre...
48:25 Regarder la souffrance des femmes en Iran.
48:29 Et je voudrais juste, si vous me le permettez, juste soulever...
48:33 C'est à ce moment-là où je me suis demandé si sa mort avait vraiment servi à quelque chose.
48:37 Ou si le fait d'être resté en vie et de lutter pour qu'on arrête de torturer les femmes avec cette histoire de voile.
48:46 Le voile doit être une option, doit être un choix chez les femmes.
48:51 Pas une obligation et encore moins de les fouetter ou de les lapider ou de les enfermer et de les tuer.
48:57 Juste parce qu'elles ont porté un petit voile de travers.
49:00 Alors moi, c'est vrai que je suis très sensible à la cause des femmes.
49:03 Et cet homme, lorsqu'il a retiré sa propre vie pour qu'on en parle, personne n'en a parlé.
49:08 Alors j'en ai fait une chanson.
49:09 Et vous avez eu bien raison.
49:10 Et de continuer à défendre les causes que vous soutenez.
49:13 Et puis de continuer à chanter pour le bonheur du public.
49:16 Merci.
49:17 Donc du 15 au 17 février, Occasion de Paris.
49:19 Et ensuite en tournée.
49:21 Et d'autres choses peut-être, on en reparlera dans les Clés d'une Vie.
49:23 Avec joie.
49:24 Avec plaisir.
49:25 Merci Jeanne Mas.
49:26 Merci à vous.
49:27 Les Clés d'une Vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:28 On se retrouve bientôt.
49:29 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.