Avec Manuel Valls, ancien Premier ministre
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NewsTranscription
00:00 - Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:09 Vous voulez savoir ?
00:10 Alors parlons vrai avec Manuel Valls, ancien Premier ministre.
00:14 Manuel Valls, bonjour.
00:15 - Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:16 - Pas trop déçu ce matin ?
00:18 - De ?
00:18 - Bah de la défaite du Barça !
00:20 - Oh pas de provocation, on cite au matin.
00:23 Non, sur deux matchs, aller-retour,
00:27 on voit quand même la différence entre les équipes.
00:30 Et ce joueur extraordinaire qui est bappé.
00:34 - 100 jours Légio, vous réjouissez parce que...
00:38 J'entends ici et là des commentaires attristants,
00:44 des commentaires de pessimisme,
00:47 de morosité autour de ces Jeux Olympiques.
00:49 Vous vous réjouissez ?
00:50 - Oui, parce que cela fait 100 ans,
00:52 enfin moi j'y étais pas, vous non plus,
00:54 nous n'avons pas pu accueillir des Jeux Olympiques,
00:57 nous avons échoué à l'occasion de candidature,
01:01 nous avons eu enfin ces Jeux Olympiques,
01:03 qu'avec le président Hollande, nous avons vraiment voulu,
01:07 à l'époque, nous les avons,
01:09 c'est un rendez-vous sportif et culturel et sociétal,
01:14 je ne sais pas comment l'appeler,
01:15 mais c'est d'abord un rendez-vous sportif unique,
01:17 il y a des pays qui nous envient,
01:19 et nous, nous sommes moroses, nous sommes inquiets,
01:23 nous sommes pessimistes, nous sommes grouillons,
01:26 donc non, moi je me réjouis et j'espère que ce sera
01:29 un grand événement populaire,
01:32 et qui montrera aussi notre savoir-faire,
01:35 la beauté de nos paysages,
01:37 Paris qui est la plus belle ville du monde,
01:39 donc tout de même, arrêtons un peu de nous faire mal,
01:42 nous n'avons pas tellement d'occasion de nous réjouir.
01:45 - Ah ben tiens, je vais y revenir,
01:47 non pas tellement d'occasion de nous réjouir,
01:50 il y a de la morosité dans ce pays,
01:51 et dans le monde aujourd'hui, avec un désordre,
01:54 on va parler de tout cela,
01:55 mais je voudrais commencer sur la liberté d'expression,
01:58 il y a deux faits, aujourd'hui,
02:00 Éric Zemmour, Victor Orban, Premier ministre hongrois,
02:03 qui devait tenir une conférence à Bruxelles,
02:05 le maire l'a interdite pour garantir la sécurité publique,
02:08 et d'un autre côté, nous avons Jean-Luc Mélenchon,
02:10 qui est en meeting à Roubaix ce soir,
02:13 qui sera demain à Lille,
02:15 Jean-Luc Mélenchon qui va tenir un meeting
02:18 pour soutenir la Palestine.
02:20 J'entends d'un côté certains dire
02:23 "il ne faut pas interdire le meeting de Zemmour",
02:27 et de l'autre, certains dire
02:29 "il ne faut pas interdire le meeting de Jean-Luc Mélenchon".
02:31 Vous êtes d'accord ?
02:32 Il ne faut pas interdire, rien n'interdire,
02:34 la liberté d'expression doit vivre !
02:38 - Il faut interdire quand il y a un risque sérieux
02:41 de trouble à l'ordre public,
02:43 ou quand on sait que des propos racistes,
02:46 antisémites vont être prononcés,
02:49 c'est pour cela qu'il y a déjà quelques années,
02:51 j'avais réussi à faire interdire
02:53 les spectacles, les meetings antisémites de Dieudonné,
02:58 mais là nous n'en sommes pas là !
02:59 Je pense que les idées elles se combattent !
03:02 Les idées d'Éric Zemmour, de Victor Orban,
03:05 les prises de position insupportables de Jean-Luc Mélenchon,
03:10 mais elles se combattent !
03:11 Elles se combattent sur le terrain,
03:13 - Donc on autorise !
03:14 On n'a pas à interdire, ni à supprimer des meetings,
03:17 - On ne peut pas les interdire,
03:19 parce qu'on serait en désaccord avec une expression politique.
03:24 Nous sommes en plus dans cette campagne des européennes,
03:28 sur tous les pays de l'Union Européenne,
03:31 il y a un combat politique à mener, me semble-t-il,
03:35 des sujets qui concernent l'avenir de notre continent,
03:38 mais c'est par le combat politique, l'échange,
03:42 la confrontation, que l'on réussit à convaincre les électeurs.
03:46 Sinon d'ailleurs, on risque de victimiser,
03:49 comme on dit aujourd'hui,
03:51 ceux qui se voient interdire cette expression.
03:54 Pour ce qui concerne, je crois, la France Insoumise,
03:57 la question se pose pour ce qui concerne les universités.
04:00 - Oui, les universités !
04:01 - Mais moi je pense qu'il faut occuper cet espace
04:04 qui est en train de verser pour un certain nombre d'universités,
04:07 pas toutes, fort heureusement,
04:08 dans ce qu'on appelle le "wokisme", la "cancel culture",
04:12 une forme aussi de...
04:14 On cherche à interdire des expressions, des étudiants même,
04:17 parce qu'ils seraient juifs ou sionistes,
04:19 d'entrer dans des amphithéâtres.
04:21 L'interdiction, elle est insupportable dans un pays,
04:25 ou sur un continent,
04:26 qui se revendique à juste titre,
04:28 comme l'alliance de la culture et de la liberté.
04:32 - On laisse la liberté d'expression vivre !
04:34 - Oui, nous ne nous rendons pas compte souvent
04:39 de la chance que nous avons en Europe,
04:41 qui est bien sûr avec beaucoup de problèmes pour les Français,
04:44 comme pour les Européens,
04:45 le pouvoir d'achat, d'inflation, d'insécurité,
04:50 de crainte pour l'avenir.
04:51 Mais nous sommes cette alliance unique
04:53 de l'économie de marché avec l'État social,
04:56 avec l'État de providence,
04:57 même s'il faut le réformer,
04:58 de la culture, mais surtout de la liberté,
05:01 de l'État de droit,
05:02 de la séparation des pouvoirs,
05:04 de la possibilité de s'exprimer,
05:05 de l'égalité entre les hommes et les femmes,
05:08 du respect de l'être humain, tout simplement.
05:10 Donc, cette liberté,
05:12 qui est revendiquée par tellement de peuples
05:15 sur d'autres continents,
05:16 c'est un bien précieux et fragile,
05:19 donc il faut faire très attention.
05:20 - Oui, Manuel Valls,
05:21 c'est un bien précieux et fragile.
05:23 Mais notre démocratie est de moins en moins attrayante.
05:28 Pourquoi ? Selon vous.
05:30 Pourquoi est-elle de moins en moins attrayante ?
05:32 - Ah, parce que nous avons perdu,
05:34 enfin il faudrait là beaucoup de temps,
05:36 mais nous avons sans doute...
05:37 - Oui, mais c'est très intéressant de y réfléchir.
05:38 - Nous avons perdu sans doute la part du tragique dans notre histoire.
05:42 C'est la résultance d'une bonne chose.
05:44 C'est-à-dire que l'Europe notamment,
05:46 c'est vrai pour les États-Unis aussi,
05:48 connaissent depuis 70 ans la paix.
05:52 Et la démocratie.
05:55 Alors, l'Espagne, le Portugal et la Grèce
05:58 ont sorti des dictatures au milieu des années 70.
06:01 Les pays qui étaient soumis au totalitarisme communiste
06:06 nous ont rejoints à la fin des années 90
06:09 et au début de ce siècle.
06:11 Mais c'est un bien précieux, mais nous l'avons oublié.
06:14 Et donc il y a cette part aussi de mémoire.
06:17 Et puis, parce que sans doute les politiques,
06:20 j'y prends ma part comme tous les autres,
06:23 nous n'avons pas été à la hauteur des attentes des peuples.
06:26 Donc il y a une mise en cause de la démocratie,
06:28 mais la question que je pose,
06:30 c'est quoi l'alternative à la démocratie ?
06:32 C'est quoi ?
06:33 Ce sont les régimes iraniens,
06:35 russes,
06:37 c'est une mise en cause des libertés fondamentales,
06:40 nous venons d'en parler.
06:42 Regardez, dès qu'en Pologne ou en Hongrie,
06:45 on a commencé à toucher ou on touche
06:48 à des libertés fondamentales, à l'équilibre des pouvoirs,
06:50 il y a forcément des contestations, une mise en cause.
06:53 L'Union Européenne intervient,
06:55 donc il faut faire très attention.
06:57 Donc moi je peux comprendre le désenchantement
06:59 vis-à-vis de la démocratie,
07:01 mais il n'y a pas d'alternative à la démocratie.
07:04 Sinon, les pouvoirs autoritaires,
07:06 et là vous verrez, les Français notamment,
07:09 nous sommes le peuple de 1789,
07:12 de la Déclaration universelle des droites l'homme,
07:14 nous avons parlé au monde au nom de la démocratie,
07:17 on fait passer ce message de démocratie et de liberté,
07:20 plutôt.
07:21 Bon, donc attention, sans liberté, sans démocratie,
07:24 sans prise de parole, sans respect de l'autre,
07:27 nos sociétés seraient terribles.
07:29 Moi mon modèle, c'est ni la Russie, ni la Chine,
07:32 mais ça reste cette démocratie libérale,
07:34 mais qu'il faut évidemment revivifier en permanence.
07:37 - Bien, Manuel Valls, Les Européennes,
07:40 notre sondage quotidien, IFOP, Fils du Ciel,
07:42 pour LCI, Le Figaro et Sud Radio,
07:45 participation 45% des inscrits, c'est assez bas,
07:48 Jordan Bardella est à 32,5%,
07:50 Valérie Aya 18%, Glucksmann 12%,
07:52 Bellamy 8%, Maritoussin 7,5%,
07:54 Manon Aubry 7%, Marion Maréchal 6%,
07:57 Léon Desfontaines 3%.
07:58 Est-ce que vous savez pour qui vous allez voter ?
08:00 - Non.
08:01 - Toujours pas ?
08:02 - Vous hésitez toujours entre Glucksmann et Valérie Aya ?
08:06 - Mais j'ai une forte hésitation,
08:07 mais je ne suis ni candidat, ni chef de parti,
08:09 ni même membre de parti,
08:11 mais il se trouve que parfois je réfléchis aussi,
08:13 heureusement, comme un citoyen,
08:16 entre une liste de la majorité,
08:18 qui est évidemment pro-européenne,
08:20 qui est claire sur la question ukrainienne,
08:22 mais qui, évidemment, subit aussi
08:25 la forme d'exercer le pouvoir
08:27 que l'on peut critiquer de la part du Président de la République,
08:30 dont je ne partage pas les prises de position sur Israël,
08:34 avec qui je suis en désaccord sur des sujets
08:36 comme, je ne sais pas, l'avenir de la Corse,
08:39 ou la mise en cause du droit du sol à Mayotte.
08:44 Et du côté de Raphaël Guzman,
08:47 moi je comprends aujourd'hui que
08:49 beaucoup d'électeurs de gauche, je les rencontre,
08:51 disent "bon, il faut donner une chance à cette gauche réformiste
08:55 par rapport à la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon,
08:59 qui préfère le chaos à l'apaisement,
09:02 et dont les prises de position antisémites sont insupportables".
09:06 Mais de l'autre côté,
09:09 c'est quoi les prises de position sur l'immigration
09:13 de la part de Raphaël Guzman ?
09:15 Le vote contre le pacte immigratoire ?
09:18 On me fait penser que...
09:19 - C'est une faute ? C'est une erreur ?
09:21 - En tout cas, où est la responsabilité ?
09:23 Alors que, par exemple, les gouvernements socialistes,
09:26 espagnols, allemands, danois, évidemment,
09:29 ont porté cette réforme nécessaire,
09:32 si on veut protéger l'Europe de l'immigration illégale,
09:36 et faire en sorte que le droit d'Asie ne soit pas dévoyé.
09:39 Et au moment où le nucléaire, l'énergie nucléaire,
09:42 est en train de revenir, elle est même très attendue,
09:44 par exemple en Allemagne, qui l'avait pourtant mise en cause,
09:47 une partie de la gauche n'est pas claire sur ce sujet.
09:50 Et puis, au fond, quelle est la position du PS
09:53 par rapport à la NUPES, par rapport aux alliances,
09:55 ces gauches irréconciliables que j'avais évoquées il y a longtemps ?
09:58 Donc, face à ces interrogations, à ces ambiguïtés,
10:01 je m'interroge... - Vous hésitez ?
10:03 - Oui, je m'interroge, j'hésite, c'est pas très important,
10:07 mais d'une certaine manière, je suis peut-être comme beaucoup de Français.
10:11 - Oui, qui hésitent entre les deux.
10:13 - Oui, qui hésitent, qui se disent "mais bon, où va-t-on ?"
10:17 D'autant plus que ces élections européennes vont avoir une importance,
10:20 parce que si... - J'allais vous en parler.
10:22 - Si Glucksmann fait un très bon score,
10:25 très bon score, François Hollande est déjà prêt
10:29 à lancer l'idée d'une fédération de la gauche.
10:32 François Hollande qui, déjà, prépare une candidature pour 2027.
10:36 Je sais pas, vous lui demanderez.
10:39 - Non mais, Levals, vous n'avez aucun doute là-dessus, j'imagine.
10:43 - Vous le connaissez bien. - Oui, mais je le dirais autrement.
10:46 - Je pense que... - Vous le diriez comment ?
10:48 - Non mais, tous ceux qui aiment leur pays,
10:51 et qui pensent qu'il y a une gauche républicaine réformiste,
10:55 - Social-démocrate. - Social-démocrate,
10:57 c'est des mots un peu étranges parfois,
10:59 mais en tout cas qui est assumée,
11:01 et qui veut assumer la responsabilité du pouvoir.
11:03 Ça ne veut pas dire qu'on ne porte pas un regard critique,
11:05 y compris sur ce que nous avons fait,
11:07 mais enfin, gouverner c'est difficile.
11:09 Tous ceux qui pensent qu'on a besoin d'une gauche républicaine forte,
11:12 devront agir, moi, parmi d'autres.
11:15 On doit être capable de se dire,
11:18 on ne peut pas laisser le pays avec, au fond,
11:22 sans alternative, la victoire du couple Le Pen.
11:25 - Mais il faut un homme ou une femme qui incarnent.
11:27 - Il faudra des idées.
11:29 - Oui, des idées. - Ah oui, quand même.
11:31 Et il n'y en a pas beaucoup de nouvelles, oui.
11:33 Il faudra beaucoup de convictions,
11:36 parce que, par exemple, moi je pense que sur l'idée qu'on se fait
11:39 de la République, de la laïcité,
11:41 la réponse par rapport au problème de sécurité,
11:44 de mise en cause de l'autorité,
11:46 mais aussi la demande de justice sociale
11:48 qui est puissante dans notre pays,
11:50 ou de protection des services publics,
11:51 sur toutes ces questions-là, il faut aussi des idées neuves.
11:53 Qu'est-ce qu'on fait sur l'État, les impôts,
11:56 le sentiment aujourd'hui qu'il y a de plus en plus de riches,
12:00 et qu'il y a de plus en plus de pauvres ?
12:02 Sur toutes ces questions-là, il faut agir, bien évidemment.
12:06 Et comment on fait en termes de méthode ?
12:08 Comment on arrive à rassembler,
12:11 à recréer les conditions d'une forme d'espérance
12:15 à travers la gauche républicaine ?
12:17 Mais à condition que celle-ci soit claire sur les idées,
12:19 soit claire aussi sur les alliances.
12:22 La question de la méthode,
12:24 peut-être un peu ésotérique, un peu absurde
12:26 par rapport à nos éditeurs,
12:28 mais elle va être très importante,
12:30 parce que face à une droite nationaliste,
12:32 une extrême droite, un RN très puissant,
12:34 très puissant, pas seulement dans les sondages,
12:36 comme ça, mais dans tous les couches de la société
12:40 qui est en train de muter.
12:42 Moi j'ai débattu il y a quelques jours avec Jordan Bardella,
12:46 donc il faut débattre du fond,
12:48 pratiquement être dans une accusation morale,
12:52 il faut débattre du fond de leur position sur l'Europe,
12:55 de leur projet économique qui est une absurdité pour le pays,
12:59 sur la situation internationale,
13:01 sur les vraies solutions pour le pays.
13:03 Mais face à cela, il va falloir une méthode.
13:05 - Est-ce que vous pensez que la gauche peut revenir au pouvoir ?
13:08 - C'est difficile parce que,
13:10 même si Raphaël Guzman fait un bon score,
13:13 je parle des sondages,
13:15 la gauche est à, pour le moment, à moins de 30%.
13:18 - C'est pour ça que je vous pose la question.
13:20 - Et comment on gouverne demain ?
13:22 Est-ce qu'on fait du en même temps ?
13:24 Est-ce qu'on est derrière un seul homme ou une seule femme ?
13:26 Est-ce qu'en revanche on privilégie la coalition ?
13:28 Comment on fait ?
13:30 Est-ce qu'on pense que même si on gagnait,
13:32 on aurait la majorité absolue à l'Assemblée nationale ?
13:34 Non ! Donc comment on fait pour gouverner ?
13:36 - Je vais être direct avec vous Emmanuel Valls,
13:38 est-ce que vous êtes déçu par Emmanuel Macron ?
13:40 Franchement !
13:42 - Oui bien sûr !
13:44 - Est-ce qu'il vous déçoit ?
13:46 La manière dont il exerce le pouvoir,
13:48 les choix pris,
13:50 est-ce que cela vous déçoit ?
13:52 - Ce qui me déçoit,
13:54 c'est qu'il n'a pas donné un sens
13:57 à son deuxième quinquennat.
13:59 Dans des conditions très particulières,
14:01 la guerre en Ukraine, et faute d'adversaires en plus.
14:04 En tout cas il était certain de gagner face à Marine Le Pen,
14:06 en 2022 comme en 2017,
14:08 même si c'était avec une marge moins importante.
14:11 Il avait, d'une certaine manière,
14:13 permettez-moi cette expression populaire,
14:15 de l'or dans les mains.
14:17 Et il n'en a rien fait !
14:19 Beaucoup de Français qui ont voté pour lui,
14:21 au premier et surtout au second tour de l'élection présidentielle,
14:23 lui ont dit "on vote parce qu'il faut battre Marine Le Pen,
14:26 parce qu'il faut l'écarter,
14:28 parce qu'on a besoin de ce président dans ces temps difficiles,
14:30 notamment après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
14:34 Ils lui ont donné un deuxième message,
14:36 pas de majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
14:39 Et face à cela, il fallait bâtir une coalition,
14:41 en l'occurrence avec les Républicains.
14:43 C'était la seule possibilité, il ne l'a pas fait.
14:45 Il fallait gouverner autrement,
14:47 en écoutant davantage le pays.
14:49 La réforme des retraites, il fallait sans doute la faire,
14:51 mais elle a été vécue avec un sentiment de très grande brutalité.
14:54 Il fallait écouter, il l'avait dit lui-même, les syndicats.
14:57 Il a fermé la porte au nez au premier syndicat réformiste,
15:00 la CFDT.
15:02 Du coup, il est...
15:04 Ce n'est pas une question de déception,
15:06 c'est une inquiétude.
15:07 Il est seul face aux Français, face au peuple,
15:09 face à l'opinion.
15:11 Et on sent bien qu'il y a une tension dans le pays
15:13 qui se rajoute aux autres inquiétudes que vous avez évoquées.
15:16 Et donc la manière, la méthode de gouverner,
15:19 la manière dont on s'adresse aux Français,
15:21 dont on respecte aussi les institutions,
15:23 le rôle du Premier ministre, le Parlement, etc.
15:25 C'est important si on veut soigner, réparer la démocratie.
15:29 Moi je pense que la gauche républicaine,
15:31 celle que modestement j'essaie d'incarner,
15:33 en tout cas dans mes prises de position,
15:35 elle doit aussi beaucoup réfléchir à la manière dont on répare le pays,
15:38 dont on répare la démocratie,
15:40 dont on écoute les Français.
15:41 Je sais que ce n'est pas facile,
15:43 mais je crois que c'est indispensable.
15:45 - Bien, je venais vous parler d'Israël et de l'Iran.
15:49 Israël va répliquer, nous ne savons pas encore comment.
15:52 Est-ce que la réplique doit être dure et forte, Manuel Valls ?
15:56 - Vous connaissez bien ce sujet, on parle de guerre.
15:58 On est face à une attaque inédite de l'Iran.
16:04 Jamais l'Iran, depuis l'arrivée du régime des Mollahs,
16:09 de la république islamiste,
16:11 dans ce pays depuis 1979,
16:13 n'avait mené une guerre directe,
16:15 une attaque directe contre Israël.
16:18 Plus de 300 missiles et drones,
16:20 c'est d'un point de vue technologique énorme,
16:22 même si la prouesse technologique israélienne avec les Américains,
16:25 notamment, et les Britanniques, les Jordaniens, les Français,
16:29 d'arrêter cette attaque, est à souligner.
16:33 Oui, bien évidemment, enfin, des missiles balistiques,
16:35 - Ce qui est ailleurs...
16:36 - Des missiles balistiques, non, il y avait...
16:38 On voit bien qu'on est dans une espèce d'équilibre,
16:41 d'escalade à peu près maîtrisée.
16:44 Mais, je pense que l'Iran teste aussi,
16:47 non seulement Israël, mais la communauté internationale.
16:50 Donc, je pense qu'Israël doit et répliquera d'une manière ou d'une autre,
16:57 on verra comment, je ne suis pas dans le secret,
17:01 des gouvernements israéliens.
17:03 - Et pendant ce temps-là, Manuel Vasse,
17:05 l'Ukraine se sent un peu abandonnée.
17:07 Les Occidentaux ont participé, vous le disiez,
17:10 à la défense d'Israël, en interceptant missiles et drones,
17:13 pourquoi n'interceptent-ils pas les missiles et drones
17:17 envoyés par les Russes sur l'Ukraine ?
17:19 - C'est ce que dit, c'est ce que souligne...
17:21 - C'est ce que dit Volodymyr Zelensky.
17:23 - Vous savez, on est dans ce moment de bascule,
17:26 ou de rupture au niveau international.
17:28 Je viens de dire que le régime des Molas testait d'une certaine manière
17:31 les États-Unis, Israël, et au fond aussi les pays arabes sunnis.
17:36 Ce qui se passe en Ukraine est aussi évidemment essentiel pour nous.
17:41 Il y a parfois une forme de lâcheté,
17:44 je ne trouve pas d'autres mots chez les dirigeants occidentaux.
17:49 Le mot qu'on utilise immédiatement c'est "attention à l'escalade".
17:54 Il faut une désescalade.
17:56 Je ne compare pas tout, mais que ce soit le régime iranien,
18:00 ou les Russes, ou Poutine,
18:03 ils nous regardent, ils nous analysent.
18:05 Vous savez, l'une des choses qui m'a le plus marqué,
18:07 c'est la décision de Barack Obama à la fin de l'été 2013,
18:11 de renoncer à la dernière minute,
18:14 alors qu'ensemble nous avions décidé de frapper le régime de Bachar,
18:18 à la dernière minute il renonce.
18:20 Une décision qui pour François Hollande a été assez difficile à supporter,
18:26 mais qui a surtout donné un signe de faiblesse.
18:30 Poutine ne s'est pas trompé, il a mis la main sur la Syrie,
18:34 soutenant Bachar, et quelques mois après, il a envahi la Crimée.
18:39 Et sans aucune véritable réaction.
18:41 - Ça veut dire que nous, occidentaux, nous devrions intercepter, aider l'Ukraine,
18:45 à aller plus loin que l'on voit de quelques missiles ?
18:48 - J'ai une conviction profonde, nous ne pouvons pas laisser tomber l'Ukraine.
18:52 Parce que si demain, Poutine décide de foncer vers Odessa,
18:56 grande ville du sud de l'Ukraine,
18:58 ou vers la Moldavie, là où il y a des russophones,
19:01 ou de tester notre capacité de résistance,
19:04 en provoquant des tensions avec les pays baltes,
19:08 si nous n'intervenons pas, si nous n'aidons pas l'Ukraine,
19:12 il va y aller, il va continuer.
19:15 Il y a quelque chose que nous oublions toujours,
19:17 c'est qu'il faut écouter, il faut lire les discours
19:21 de ceux qui mettent en cause la démocratie ou l'ordre international.
19:25 Depuis 1979, le régime iranien veut la disparition d'Israël.
19:29 Les Israéliens y croient, dans ce discours.
19:31 Ils savent que leur existence peut être mise en cause.
19:34 Et il faut écouter et lire les discours de Vladimir Poutine,
19:38 qui a toujours dit que l'Ukraine, c'était la Russie.
19:42 Donc, je ne suis pas pour une guerre à l'Isée,
19:45 pour faire n'importe quoi, ça n'aurait aucun sens.
19:47 Mais nous devons aider bien davantage,
19:49 et de ce point de vue-là, je soutiens
19:51 toutes les dernières initiatives du président Macron,
19:54 parce que c'est une partie de notre avenir, de notre existence,
19:57 de notre crédibilité, de nos intérêts stratégiques,
20:01 pour parler de savament, sont en cause dans cette affaire.
20:04 - J'ai une dernière question sur la situation en France,
20:07 alliée avec plusieurs faits divers
20:10 qui ont illustré des dérives islamistes ces dernières semaines.
20:16 Islam et islamisme se confondent-ils trop souvent ?
20:20 - L'islamisme vise l'islam.
20:23 - D'abord ? - D'abord.
20:25 - C'est là où il y a une évolution ?
20:27 - Écoutez, nous avons au fond plusieurs lignes de front.
20:30 Il y a évidemment ce qui se passe au Proche-Orient,
20:32 ce qui se passe en Ukraine, mais il y a une ligne de front
20:34 qui est majeure, et en plus c'est le temps long qui s'impose.
20:40 C'est l'islamisme, c'est la volonté de l'islamisme,
20:45 de l'islam politique, des frères musulmans, des salafistes, etc.
20:48 en Europe. Pourquoi ? Parce qu'il y a des millions,
20:51 des millions de musulmans qui vivent en Europe depuis longtemps.
20:56 Mais à travers l'immigration, ce mouvement a cru.
20:59 Et les islamistes visent ces communautés musulmanes,
21:01 ils veulent s'emparer des cœurs, des consciences,
21:05 ils sont en train de transformer depuis longtemps,
21:07 parfois avec l'aide du Qatar, de l'Arabie Saoudite, du Wahhabisme,
21:11 ils veulent s'emparer de cet islam.
21:14 Donc c'est une guerre interne à l'islam.
21:16 Donc il faut en avoir conscience, et ça se joue où ?
21:19 A l'école, dans l'espace public,
21:22 en essayant d'imposer au fond des mœurs, un ordre moral.
21:26 - Chez les jeunes ? - Chez les jeunes notamment,
21:28 en agissant très fortement sur les réseaux sociaux,
21:31 et notamment sur TikTok.
21:33 Donc c'est une bataille idéologique et culturelle,
21:37 donc ne soyons pas naïfs, c'est majeur.
21:39 S'ils arrivent à imposer leur idéologie au sein même de l'islam,
21:43 c'est tout l'islam qui bascule,
21:45 donc c'est un défi considérable pour nos sociétés.
21:48 Or je n'entends pas très peu de voix puissantes
21:51 du côté de l'islam, des représentants de l'islam dans notre pays,
21:57 alors c'est vrai que l'islam sunnite,
21:59 qui est la majorité dans nos pays et en Europe, n'est pas organisée,
22:03 mais c'est un défi considérable.
22:05 Donc prenons ça comme quelque chose de particulièrement sérieux.
22:08 Et toutes ces mises en cause,
22:10 on voit bien qu'ils prennent en plus un tour très violent et insupportable,
22:14 sont là aussi une manière de nous tester.
22:16 Donc il faut une réponse, une réplique, d'une force incroyable,
22:19 il faut une mobilisation partout.
22:21 En plus ils ont des complices !
22:23 Le racisme, la violence insoumise, le wauquisme,
22:27 l'idée au fond que tous les musulmans sont les victimes de la colonisation de l'Occident et de l'homme blanc,
22:33 tout ça crée des fractures profondes dans notre société.
22:37 C'est un des combats de ma vie, et si moi je continue à m'engager sur le plan politique,
22:41 c'est parce que je sais que là aussi, la démocratie,
22:44 l'idée que je me fais de la république, de la laïcité, sont en cause.
22:48 - Oui, Manuel Valls est venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio, 0826 300 300,
22:53 vous réagissez à ce que vous venez d'entendre évidemment,
22:55 entre 9h et 9h30, nous avons besoin de vous, nous avons besoin de connaître,
23:00 de savoir ce que vous vivez.
23:02 A tout de suite !