Avec Louis Boyard, député LFI du Val-de-Marne
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00:00— SUDRADIO, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin. — 8h34. Notre invité ce matin, Louis Bouillard, député LFI du Val-de-Marne. Bonjour.
00:12— Bonjour. — Merci d'être avec nous. C'est une première. Nous voilà face à face le 28 novembre. Niche parlementaire LFI.
00:20Vous déposerez, j'imagine, une proposition... Enfin j'en suis même sûr. Une proposition de loi abrogeant la réforme des retraites.
00:27— Oui. — Est-ce que vous souhaitez que le RN la vote ? — On verra, parce qu'il y a plusieurs amendements qu'on avait déjà déposés
00:33dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Et ils ont voté contre. Nous, on se rassure, parce que si jamais
00:39on a uniquement les voix du Nouveau Front populaire et du groupe Lyott, ça peut passer. Alors maintenant, si jamais
00:43le RN veut changer pour la 40e fois de ligne sur les retraites, ça les regarde. — Oui. Pourquoi n'avez-vous pas voté
00:49le texte du RN sur les retraites hier ? — Parce que c'était pas un texte sur les retraites. C'était un texte qui servait à deux choses,
00:56avoir un rapport d'analyse de la dernière réforme des retraites et une augmentation des taxes sur l'alcool et le tabac,
01:02ce qui, pour un parti qui lutte contre les taxes et contre la bureaucratie, est assez ironique. En vérité, ce qu'on a vu
01:08sur le débat sur les retraites, c'est qu'en réalité, le RN, c'est un parti qui n'a pas de ligne sur les retraites.
01:12En 2007, ils étaient pour la retraite à 65 ans. Ensuite, en 2012, c'était 60 ans. Après 5 ans plus tard, c'était 62 ans.
01:19Dernière législative, Bardella a dit qu'il voulait pas abroger. Et le RN a un gros problème. C'est qu'ils disent qu'ils ne veulent pas
01:24augmenter ni les salaires ni les cotisations et que donc, du coup, ils ne peuvent faire aucune réforme des retraites.
01:29Donc on est plus ou moins les seuls à avoir une certaine constance sur le sujet. Et en tout cas, le 28 novembre, on abrogera
01:35la réforme des retraites. Et j'ajoute autre chose. Nous, on est en capacité d'envoyer notre texte au Sénat et ensuite de faire en sorte
01:40que le texte parti au Sénat revienne à l'Assemblée nationale. On peut faire la navette parlementaire. Et on va s'y appliquer cette année.
01:46— Bien. Le 28, vous voulez aussi proposer la destitution d'Emmanuel Macron. Une nouvelle fois. Ça devient une obsession,
01:51cette destitution d'Emmanuel Macron. C'est quoi ? Pourquoi ? C'est un imposteur ? C'est un dictateur ? C'est qui, à vos yeux ?
02:00— À mes yeux, Emmanuel Macron, ce n'est plus personne. C'est quelqu'un qui a seulement... — Il n'est plus personne.
02:05Il est président de la République, mais ce n'est plus personne. — Un président de la République qui a seulement 17% de la population
02:10qui le considère comme... — Sondage. — ...qui donne la confiance. Sondage, certainement. Mais on va sur les mêmes marchés.
02:17On discute avec les mêmes personnes. C'est quelqu'un qui suscite une forte détestation, parce qu'il a tellement dégradé
02:23ce qui devait être la fonction de président de la République dans son rapport à la démocratie.
02:27— Donc il est aujourd'hui un imposteur, à vos yeux. — En tout cas, particulièrement après les choix qu'il a faits en nommant M. Barnier à Matignon.
02:34Mais je vous dis aussi les choses clairement. On est dans une situation politique qui ne s'arrangera pas si facilement.
02:39M. Barnier ne va pas tenir très très longtemps. Et une fois qu'on aura épuisé... — Vous voulez le faire tomber. C'est clair.
02:45— Je veux faire tomber Emmanuel Macron. Clairement. — Vous voulez faire tomber Emmanuel Macron et vous voulez faire tomber Michel Barnier.
02:49— Tout à fait. Et je veux avoir Lucie Castex à Matignon. Voilà. — Nous, on est extrêmement clairs, parce qu'on a un programme politique.
02:54Vous en vouliez pas dans l'ISER. Vous en voulez à Matignon. — Ah si, on en voulait dans l'ISER. Moi, j'aimerais avoir surtout Lucie Castex à Matignon.
03:01— Oui, enfin dans l'ISER, je suis pas sûr que vous en vouliez. Vous avez dit même si elle se présente dans l'ISER en votre contre.
03:06— Non, pas du tout. Non, pas du tout. Non, c'est faux. Non, M. Bourdin, c'est faux. Je vous jure, c'est faux.
03:12— Ah bon ? C'est pas ce que j'ai lu, pourtant. Bon, on va pas revenir là-dessus. Peu importe. Donc un imposteur, est-ce qu'il est un dictateur pour vous, à vos yeux ?
03:21— Non. Je veux nuancer les choses. Dictateur, non. Mais de dire que c'est quelqu'un qui a un certain exprès dictateur, je crois oui,
03:29parce que la démocratie, c'est pas que le vote. La démocratie, c'est une pratique. La démocratie, c'est aussi une pratique des institutions.
03:36Quand on a un président de la République qui a été largement battu aux dernières élections législatives et qui nous remet ensuite
03:41un Michel Barnier qui est au fond ici pour faire la continuité de sa politique, on observe que c'est quelqu'un qui n'a pas une pratique démocratique du pouvoir.
03:48Quand on a autant de Françaises et de Français qui manifestent contre la réforme des retraites et qu'il fait le 49-3,
03:54on observe que c'est quelqu'un qui n'a pas une pratique démocratique du pouvoir. — Le 49-3, c'est démocratique. Pardon.
03:58— Non. Alors là, je ne suis pas d'accord du tout. — C'est la Constitution de la Ve République.
04:03— Et si vous permettez... — Vous respectez la Constitution. — Moi, je respecte la Constitution et je veux en changer.
04:07Mais c'est pas pour autant... Quand vous avez autant de Françaises et de Français qui sont opposés à une réforme et qu'il fait un 49-3
04:14parce qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée, ça peut être constitutionnel mais pas démocratique. Le seul souverain dans ce pays, c'est le peuple.
04:20Et la seule chose qui compte, c'est de respecter la souveraineté du peuple. Or, Emmanuel Macron ne respecte pas la souveraineté du peuple.
04:25Donc je considère que c'est quelqu'un qui a un esprit dictateur. — Bien. Ferme ta gueule. On va s'occuper de toi.
04:31— Ça, c'est pas moi qui vous le dis. — Non mais non. Vous avez compris. Non, c'est Thomas Porte, un député RN. Ce sont des pratiques de l'Assemblée, ça ?
04:41— Est-ce que vous vous rappelez de quand est-ce que ça a été fait ? — Allez-y. — Ça a été fait... Je veux juste vous poser du contexte.
04:51On est à peu près les seuls à recevoir des réfugiés et des associations palestiniennes. Elles étaient en tribune au-dessus du RN.
04:59Et quand vous avez Nathalie Auziol qui pose une question, vous avez un député RN qui dit « Ce sont des terroristes qui soutiennent ».
05:07Et donc franchement, je vais être très très franc. Ça fait un an qu'on se fait traiter de terroristes, qu'on se fait traiter d'islamistes.
05:14Là, on a des Palestiniens qui ont vécu sous les bombes et qui nous écoutent. Et on a un député du RN qui les insulte, qui les insulte,
05:23alors que c'est des gens qui vivent des massacres tous les jours, qui ont des membres de leur famille qui sont morts autour d'eux.
05:27Et puis au bout d'un moment, on va pas se laisser insulter. Si jamais vous, M. Bourdin, vous sortez d'ici avec une personne qui est victime d'une guerre
05:33et que vous avez une personne qui vient tenir les propos qui ont été tenus par le RN, vous ne serez pas cordial non plus.
05:39— Bien. — Et à un moment, on va pas se laisser insulter. — Bon. Alors je vais revenir sur... Parce que ce qui est très intéressant,
05:45c'est que vous êtes rapporteur de la branche famille du budget de la Sécurité sociale. Je vais y revenir. Ne vous inquiétez pas.
05:50Je tiens mes engagements. Il n'y a aucun souci. Mes engagements vis-à-vis de moi-même et vis-à-vis des auditeurs, pas vis-à-vis de vous,
05:56parce que je me suis engagé à rien. Que les choses soient claires. C'est la pratique, ici. Bien. Louis Boyard, vous voulez boycotter le match de football
06:03de Ligue des Nations France-Israël qui aura lieu le 14 novembre. C'est bien ça. — J'ai pas dit d'avoir ça. — Ah bon ? — Non. Je veux que ce match n'ait pas lieu.
06:10— Vous voulez... Ah oui. Boycott. Oui. Enfin... Ah non. La nuance est très forte. — Oui, mais ce match aura lieu de toute façon.
06:17— Et je veux poser une question. — Alors adressez-vous à la FIFA. — Et c'est par ailleurs... Il y a une pétition qui a été lancée à ce sujet.
06:24Je veux dire plusieurs choses. Premièrement, il y a l'article 4 des statuts de la FIFA qui explique qu'il faut respecter les droits humains universels
06:34et qui, parfois, l'a appliqué à d'autres pays pour condamner leur politique. Vous avez la Russie, vous avez la Biélorussie, vous avez l'Afrique du Sud de 1962 à 1992.
06:44Et nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut... — L'Iran, aujourd'hui ? — Bah écoutez, je ne sais pas si jamais l'Iran est à l'intérieur.
06:51— Mais non, l'Iran... Non, non. L'Iran, il y a le droit... Un match France-Iran pourrait être organisé de la même manière qu'un match France-Israël.
06:58— Alors je vous le dis très franchement. Si jamais vous avez un match France-Iran, je serai le premier à gueuler. Il n'y a aucun souci avec ça.
07:04Mais je demande à ce qu'on en termine avec le 2 poids, 2 mesures. Je ne vois pas pourquoi... — Alors finissez avec Israël.
07:07— Je vois pas pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, on a des sanctions contre la Russie et la Biélorussie à juste titre.
07:13C'est des gens qui violent tout le droit international, qui violent le droit de la guerre. Mais par contre, quand il s'agit de la politique
07:18du gouvernement israélien, on n'en fait absolument rien. Donc moi, je demande à ce qu'on en termine avec le 2 poids, 2 mesures.
07:24Et puis je prends acte aussi d'une chose. C'est que la diplomatie française aujourd'hui, le gouvernement français aujourd'hui
07:30n'est pas efficace pour lutter contre l'horreur, contre le massacre que tout le peuple voit à longueur de journée.
07:36— Non mais le gouvernement, c'est votre jugement. Mais là, il s'agit d'un match de football. C'est ce que disent les joueurs.
07:40— D'accord. Et pourquoi est-ce que... Non mais donc pour la Russie et la Biélorussie, pas de souci. On peut dire la FIFA prend des sanctions.
07:47Mais pour le gouvernement israélien qui tue 42 000 personnes, qui empêche l'accès aux soins, à l'eau et à la nourriture, ce sera le 2 poids, 2 mesures. C'est ça ?
07:55— Dites-moi, est-ce que vous soutenez... Est-ce que vous votez la proposition de loi de Caroline... Vous voterez la proposition de loi
08:01de Caroline Yadan pour lutter contre les formes renouvelées d'antisémitisme ?
08:06— Mais je connais bien Mme Yadan, dans la mesure où c'est une... — Vous voterez ou pas ?
08:11— Non mais je... Alors premièrement, j'ai deux choses à vous dire. J'ai pas encore lu cette proposition de loi, mais je sais ce qu'il y a à l'intérieur.
08:15— L'apologie. C'est une proposition de loi pour lutter, pour condamner l'apologie du terrorisme, la négation de l'État d'Israël et la comparaison avec la Shoah.
08:25— Voilà. Sauf que Mme Yadan est une dame où, à chaque fois que vous critiquez le gouvernement israélien, vous dit que vous êtes antisémite.
08:32Et c'est pas possible pour deux raisons. Un, premièrement, parce qu'il faut avoir un peu d'honnêteté intellectuelle dans le débat politique.
08:37Et deuxièmement, parce que les personnes juives n'ont absolument rien à voir avec ce que fait le gouvernement israélien.
08:44Ça n'a rien à voir. Et à constamment instrumentaliser la question de l'antisémitisme pour parler de la guerre entre Israël et Palestine,
08:53vous en arrivez à avoir des idiots, des débiles et des racistes et des antisémites qui, dernières, viennent dire que c'est les personnes juives qui sont responsables.
09:01Donc je demande à Mme Yadan de faire preuve d'un peu de responsabilité, d'un peu d'honnêteté intellectuelle et de cesser d'instrumentaliser...
09:06— Mais l'apologie du terrorisme, négation de l'État d'Israël, comparaison avec la Shoah, vous ne pouvez pas voter cela.
09:12— Mais attendez. Non mais je vais regarder ce qu'il y a dans la loi. Mais je vous le dis franchement. Écoutez, Mme Yadan, c'est une députée qui passe son temps,
09:19à chaque fois que vous avez une voix pour la paix, une voix qui demande le cessez-le-feu, qui vient de dire que c'est de l'antisémitisme.
09:25Et il y a un moment, je pense que tout le monde en a ras-le-bol d'avoir des députés macronistes et rassemblement national
09:30qui instrumentalisent la question de l'antisémitisme pour attaquer les voies de la paix. C'est ça, le sujet et le combat politique de Mme Yadan.
09:37— Voix de la paix, les Américains sont en train de travailler un cessez-le-feu avec libération immédiate des otages. Vous soutenez cette initiative américaine, j'imagine.
09:47— Moi, je soutiens toutes les initiatives pour la paix. Non mais attendez. Je dis seulement que les États-Unis qui disent travailler pour la paix
09:53mais qui vendent des milliards d'euros d'armes qui servent derrière à tuer, c'est une certaine forme d'hypocrisie.
09:59Moi, je soutiens toutes les initiatives pour la paix. J'ai pas de soucis. Mais si jamais ils veulent véritablement la paix, qu'ils arrêtent d'envoyer des armes
10:05qui servent derrière à tuer des Palestiniens... — Qu'est-ce que vous appelez l'intifada dans Paris ?
10:08— Oh... — Écoutez-moi, franchement. Franchement, voilà. On en revient. Écoutez, franchement... — Je reviens pas. Je vous dis la vérité.
10:15— Non mais écoutez, franchement, c'est insupportable. C'est pas possible, parce que c'est aujourd'hui impossible d'avoir un débat ou une interpellation politique
10:25correcte sur la question du conflit israélo-palestinien. Il y a 42 000 personnes qui sont mortes. Ça fait un an qu'on nous colle, qu'on nous colle,
10:32qu'on nous trouve la petite polémique, le petit truc, sans rire, quoi. Quand est-ce qu'à un moment, on aura le droit de parler honnêtement
10:38de ce qui est en train de se passer aujourd'hui à Gaza ? Et maintenant, vous voulez que je... Et M. Bourdin, M. Bourdin, je vais vous répondre
10:44sur la question de ce collaborateur. Écoutez-moi. Est-ce que vous trouvez normal que la présidente de l'Assemblée nationale toute seule
10:50puisse décider qu'un collaborateur n'a plus le droit de rentrer à l'Assemblée nationale ? Si Mme Yael Brune-Pivet décide que mes 4 collaborateurs
10:57n'ont plus le droit de rentrer, je ne peux plus faire mon mandat de député. Il y a quand même une question de séparation des pouvoirs.
11:02Mais qu'une présidente de l'Assemblée nationale, qui a été élue par 17 ministres, décide encore une fois de violer la séparation des pouvoirs,
11:08ça ne m'étonne pas. — Revenons au fait. C'est ce qui compte, Louis Boyard. Est-ce qu'il a eu tort de dire cela, d'appeler à l'intifada dans Paris ?
11:15Il a eu tort ou pas ? — Alors attendez. Je vais revenir... Déjà, par contre, ça fait 15 minutes qu'on est censés parler de la branche famille
11:20des jeunes. J'en reviens que vous êtes toujours sur les petites polémiques. Ensuite, sur cette question-là, moi, la seule chose qui m'intéresse,
11:26c'est la question de la séparation des pouvoirs. Je crois pas qu'un collaborateur parlementaire puisse être interdit de rentrer dans une Assemblée nationale
11:32parce qu'une présidente de l'Assemblée élue par 17 ministres l'a décidée toute seule. Ensuite, sur la question du fond, intifada, c'est soulèvement.
11:40Soulèvement, vous pouvez l'appeler comme vous voulez. Par exemple, les Gilets jaunes, voilà. Les Gilets jaunes, c'était un soulèvement ?
11:45— Non mais je vous pose la question. Les Gilets jaunes, c'était un soulèvement ? — Moi, je vous demande une réponse.
11:48Moi, j'ai pas à répondre à des questions. C'est moi qui pose les questions. Vous, les réponses, je les répète sans cesse.
11:54— Voilà. — Je vous pose... Les Gilets jaunes, c'est le jeu. — Oui, non, mais je trouve ça assez facile comme posture.
12:00Non, je trouve ça assez facile comme posture. Moi, j'étais venu pour parler des jeunes. J'étais venu pour parler de la branche famille.
12:05J'étais venu pour parler du conflit israélo-palestinien. Mais on est bloqué sur les petites questions et les choix des polémiques
12:12choisies par Mme Brome-Pivet. Mais il n'y a pas de souci. J'ai tout mon temps. — Bon. Il a eu tort ou pas ? Est-ce qu'il a eu tort ou pas ?
12:19— Non. — Il n'a pas eu tort ? — Non. — Bon, voilà. Au moins, vous m'avez répondu. Dites-moi, est-ce que vous allez manifester
12:24pour soutenir une femme qui est en train de mourir qui s'appelle Narges Mohammadi ? Vous allez manifester pour elle ?
12:33— Je vais être très franc. Je connais pas cette histoire. — Vous ne savez pas qui est Narges Mohammadi ? — Expliquez-moi.
12:40— Non mais attendez. Vous êtes député de la République. Et vous ne savez pas qui est Narges Mohammadi. — Expliquez-moi, M. Bourdin.
12:45— Prix Nobel de la paix. — Non mais expliquez-moi. — Prix Nobel de la paix. Vous savez où elle croupit en prison aujourd'hui ?
12:50— Expliquez-moi, M. Bourdin. — Bah moi, je vous explique. Elle est en prison en Iran. Elle est sur le point de mourir.
12:57— Eh bah écoutez, M. Bourdin, je vais vous répondre ce que j'ai toujours répondu au sujet de ce qui se fait en Iran.
13:02Ces gens passent leur... Ce gouvernement... — Mais vous ne savez pas qui elle est. Vous vous rendez compte ?
13:06— Ecoutez, franchement, M. Bourdin, moi, j'en ai ras-le-bol. Vous êtes quelqu'un qui passez votre temps à trouver la petite bête et tous les gens honnêtes qui cherchent à...
13:13— Parce que c'est une petite bête, un prix Nobel de la paix, une femme qui est en train de mourir dans une prison ? C'est une petite bête ?
13:19— Non mais vous êtes d'une mauvaise foi absolument incroyable. Maintenant, je vais vous répondre. Le gouvernement iranien, d'accord, est un gouvernement
13:24qui passe son temps à violer tous les droits humains. Je ne suis pas d'accord avec la politique qui a été menée par le gouvernement iranien.
13:29Maintenant, vous êtes une personne qui passe son temps à chercher à longueur de journée la petite bête pour discréditer des gens qui cherchent
13:34à rendre le monde un petit peu meilleur. Je ne sais pas ce que vous, vous faites pour essayer d'améliorer la vie des gens. Je ne sais pas ce que vous,
13:39vous faites pour essayer de changer le cours des choses. Je crois que vous ne faites absolument rien, que vous êtes assis confortablement sur votre fauteuil.
13:45— Et vous, confortablement assis à l'Assemblée nationale. — Non, pas du tout. Vous savez pourquoi... — Louis Boyard.
13:50— Ah, voilà. C'est facile comme posture. C'est facile comme posture. — Parlons, puisque vous vouliez qu'on parle de l'Assemblée nationale et de vos travaux.
13:55On va en parler. Mais j'ai un mot encore sur la drogue à l'Assemblée nationale. Est-ce que ça circule ? Là, je parle pas de vous particulièrement.
14:03— Je parle de ce qui se passe à l'Assemblée. — Mais vous savez, en réalité, sur les questions de la drogue, c'est une question qui se pose
14:09à l'échelle de toute la société. Et l'Assemblée nationale est comme toute la société absolument pas hermétique à tout ce qui relève des questions
14:17des addictions, à tout ce qui relève des questions de la drogue, à tout ce qui relève même des questions de violences sexistes et sexuelles.
14:22Donc aujourd'hui, la question... En tout cas sur la question de la drogue, c'est une question qui se pose du point de vue de l'addiction.
14:29— Est-ce qu'Andy Kerbrad, ce député LFI – puis nous passerons à autre chose – est complice des dealers et des trafiquants de stupéfiants ?
14:36— Vous prenez la question par le mauvais bout. Parce qu'aujourd'hui, vous avez... — Le consommateur est complice du dealer et du trafiquant.
14:43— Mais aujourd'hui, vous avez... Si jamais on peut parler très franchement de cette question-là... Aujourd'hui, vous avez depuis des décennies
14:48des ministres de l'Intérieur qui arrivent et qui disent qu'on va mettre les gros bras sur la politique, sur la drogue. Or, on voit que ça change
14:53absolument rien. Parce que vous avez aujourd'hui une politique qui passe davantage du temps à faire du chiffre sur cette question-là qu'à véritablement
15:00essayer de prendre le problème à la source, c'est-à-dire que de lutter contre les têtes des réseaux et deuxièmement à essayer de soigner les addictions.
15:07Donc si jamais vous prenez cette chose par le bout-là, vous êtes en capacité d'avoir un changement sur cette question-là.
15:13— Alors un mot. Bruno Retailleau était sur BFM pendant que nous parlions. Et il a précisé à propos du match France-Israël. Le match aura lieu.
15:21— Mais écoutez... Mais ça ne m'étonne pas, parce que M. Retailleau fait partie de tous ces gens qui ont un soutien total et inconditionnel
15:28à ce qui est mené par le gouvernement israélien et d'une certaine manière fait partie des complices du génocide.
15:33— Bien. Vous êtes rapporteur de la branche famille du budget de la Sécurité sociale. Vous voyez que je tiens mes promesses et que je sers à quelque chose.
15:40Les crèches, le contrôle des établissements a été renforcé par la loi. C'est un amendement qui a été voté. Mais vous dites...
15:48— Les crèches privées. Je dis bien les crèches privées. Est-ce qu'il faut interdire les crèches privées ?
15:56— Moi, il faut poser la question sur un autre bout. De 0 à 3 ans, il y a un total désengagement de l'État sur la question de la petite enfance.
16:03Il faut mesurer qu'il y a 160 000 parents qui, chaque année, s'arrêtent de travailler parce qu'il n'y a personne pour pouvoir s'occuper de leur moment.
16:10Et en vrai, 90 % du temps, c'est des femmes, en fait, qui s'arrêtent de travailler. On a sous-investi dans la politique de la petite enfance.
16:16Et aujourd'hui, on est en train de vendre les crèches à des fonds de pension britanniques ou américains qui font des économies à tous les niveaux,
16:22sur les couches, sur la nourriture, sur la masse salariale. Nous, on appelle à un véritable service public de la petite enfance.
16:27Moi, au cours de tout mon travail sur la grande famille... — Donc on interdit les crèches privées pour les faire.
16:33— Non. En fait, je vais plutôt formuler les choses autrement. Il nous faut un véritable service public de la petite enfance.
16:38— Mais avec les crèches privées à côté. — Non, parce que moi, je crois que de 0 à 3 ans, on doit pas faire de rentabilité sur le sujet.
16:45— Bah en fait... — Faut les interdire. — Non. Je vais vous dire plutôt autrement, parce que les femmes qui, aujourd'hui...
16:50— Pourquoi vous dites toujours « je vais vous dire autrement » au lieu de répondre directement à ma question ?
16:54— Parce que je vais dans le fond des choses, M. Bourdin. Les femmes, aujourd'hui, qui travaillent dans les crèches privées, ce sont des femmes
16:57qui ont une expérience professionnelle, qui ont fait des études. Je vais pas dire à ces femmes... — Et qui ont beaucoup de mérite.
17:01— Et qui ont énormément de mérite. Je vais pas dire à ces femmes « On va interdire votre crèche ». Je vais leur dire « Vous allez travailler dans le public ».
17:07Voilà pourquoi est-ce que je vous réponds en passant par un autre bout. Et à titre personnel, en tant que rapporteur de la branche famille,
17:12il y a plusieurs défaillances qui sont arrivées à mes oreilles. Et j'ai fait plusieurs demandes. J'ai fait une première...
17:17— Vous pourriez déposer une proposition de loi interdisant les crèches privées ?
17:20— Plutôt du coup une proposition de loi sur un service public de la petite enfance. Mais si je peux terminer ce que je vous disais,
17:25parce qu'en tant que rapporteur de la branche famille, j'ai le droit de demander la saisie de plusieurs documents.
17:29Et j'ai demandé notamment la saisie de documents au sujet de préfectures qui n'ont pas fermé des crèches, qui auraient dû être fermées
17:36parce qu'il y a eu des signalements des services de la protection de l'enfance. J'ai demandé ensuite d'autres documents
17:41à différentes caisses des allocations familiales au sujet de détournements de fonds publics qui auraient été réalisés
17:46à travers les crèches privées. Je n'ai toujours au moment pas de réponse. Et si jamais d'ici une semaine, je n'ai pas de réponse,
17:51j'irai chercher moi-même les documents sur place. — Bien. Louis Boyard, le repas à 1 € pour tous les étudiants,
17:56c'est aussi un de vos combats. — Clairement. — Je dis bien pour tous les étudiants. — Oui.
18:00— Quels que soient les revenus des parents. Pourquoi ? — Oui. Parce qu'aujourd'hui... Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas le repas à 1 € ?
18:06Parce que vous avez les opposants. — Bien un repas à 1 € aujourd'hui. — Oui. Non, mais le repas à 1 €, pas pour tous les étudiants.
18:10— Non, non. Pour les boursiers. — Oui, mais du coup, pas pour tous les étudiants. Et c'est pas parce que vous n'êtes pas boursier
18:15que vous êtes riches. On voit d'ailleurs beaucoup d'étudiants à la distribution alimentaire qui sont des étudiants qui sont pas boursiers
18:21mais qui sont pauvres. — 3,30 €, le prix du repas. C'est ça. — Aujourd'hui, quand on dit « Il faut le repas à 1 € pour tous les étudiants »,
18:27vous avez les macronistes qui nous répondent « Ah oui, mais ça veut dire que l'enfant de Bernard Arnault, il aura accès au repas à 1 € ».
18:32Sauf que soyons un petit peu honnêtes. Les enfants de Bernard Arnault, ils vont pas au Crous. Ils vont pas au Crous.
18:37Et à dire « OK, on va le limiter seulement aux boursiers ou aux étudiants précaires », et en réalité, on le donne pas à beaucoup
18:42d'étudiants précaires, on prive les étudiants d'accès au droit au repas à 1 €. Mais je vais le dire clairement. Le repas à 1 €,
18:47c'est pas ça qui va éradiquer la précarité étudiante, parce qu'après, vous avez la question du prix de l'énergie, la question du prix du logement,
18:52de tous les autres produits alimentaires, des produits de soins, de ménage. La seule chose qui sortira les étudiants de la précarité,
18:58c'est le revenu étudiant. — Et c'est nu. Il faut le supprimer ou pas ? — Je crois que l'Assemblée nationale et le Sénat sont plus ou moins d'accord
19:05pour dire qu'il faut le supprimer. Ils voulaient investir 10 milliards d'euros dans ce service national universel. Je propose qu'on prenne ces 10 milliards d'euros.
19:12— Pour tous ceux qui l'ont fait, tous ceux qui l'ont fait le plébiscite. Tous ceux qui l'ont suivi ont adoré cette période.
19:21— J'ajoute une petite nuance. C'était des volontaires. Donc en général, quand on est volontaire pour aller dans quelque chose, on est plutôt d'accord.
19:26— Ils auraient pu être déçus. — La politique, c'est une question de savoir où est-ce qu'on va mettre le fric.
19:33— Mais d'écouter aussi celles et ceux qui ont l'expérience. — Voilà. Et la politique, c'est de savoir où est-ce qu'on va prendre du fric
19:39et où est-ce qu'on va le mettre ensuite. Et moi, je préfère mettre 10 milliards d'euros pour lutter contre la précarité et la détresse mentale
19:44de notre jeunesse que de le mettre dans un service national universel qui, aujourd'hui, certes, a fait ses preuves sur les volontaires.
19:50Mais je ne crois pas que ce soit la priorité réclamée par les jeunes. — Bien. Les jeunes, si on se pose Strasbourg qui suspend son partenariat
19:57avec une université israélienne, décision affligeante, dit le ministre des Affaires étrangères. — Bien sûr, parce qu'encore une fois...
20:05— C'est affligeant ou pas ? — C'est affligeant que le ministre des Affaires étrangères trouve cela affligeant. Écoutez, franchement, ça fait 1 an
20:12qu'on voit les massacres, les privations d'eau, les privations de nourriture. — Mais vous n'avez qu'un seul combat, si je comprends bien.
20:20C'est le combat anti-israélien. — Voilà. Et puis à côté, vous rajoutez la question de la précarité des étudiants, la question de la détresse mentale des lycéens.
20:28— Non, non, mais je parle pas au niveau national. — Je parle au niveau international. C'est votre combat majeur.
20:32— Mais attendez. Est-ce que... M. Bourdin, je me rappelle... En cours d'histoire, on nous expliquait qu'on avait construit l'UE, l'ONU,
20:40le droit international, pour éviter que les guerres et les génocides se reproduisent. On a sous nos yeux le gouvernement israélien qui commet des massacres,
20:48des privations d'eau, de nourriture, d'accès aux médicaments. Et on vient ensuite dire que la France n'appelle pas à respecter le droit international,
20:56ne fait pas respecter le droit international. C'est pour ça que la jeunesse se mobilise à ce point. C'est parce qu'elle, elle est en accord avec ce qu'on a appris.
21:05— Est-ce que punir des étudiants, c'est punir l'État israélien ? Je comprends pas. — Mais qu'est-ce que vous proposez d'autre ?
21:11Mais il y a un moment... On nous dit pas sur le football, pas sur les universités. « Oh, les manifestations. Non, il faudrait pas faire des manifestations ».
21:19C'est pas le moment. Mais tous ces gens qui passent leur temps à faire des critiques, qu'est-ce que vous proposez d'autre pour essayer de nous sortir de cette situation ?
21:25Enfin, tout le monde devrait se sentir concerné par cette situation. Les sportifs, les journalistes, les politiques.
21:31— Louis Boyard, dernière question, parce que j'avais envie de vous la poser. Faut-il, comme en Allemagne, voter une loi facilitant le changement de genre ? Vous avez vu ça ?
21:40— Moi, je crois oui, parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas la question du changement de genre. C'est impossible pour ces personnes-là de le comprendre.
21:50Je leur demande juste de poser une question à une personne qui est transgenre. « Est-ce que tu es plus heureux ? ».
21:56Et ce qu'on observe, c'est que les gens qui ont changé de genre, ils sont plus heureux. Et je pense que c'est la seule chose qui va nous intéresser.
22:02— Alors que faut-il faire pour faciliter justement ce changement de genre ?
22:05— Je pense qu'il faut le faciliter par exemple à l'État civil. Je pense qu'il faut permettre de faciliter le changement de genre à l'État civil.
22:11— Comment ?
22:12— Eh bah écoutez, tout simplement, vous allez à l'État civil et vous dites « Écoutez, moi, à titre personnel, je ne me sens pas par exemple homme ou je ne me sens pas femme ».
22:20Et je demande à changer de genre. Et je crois qu'il faut le respecter.
22:23— Merci, Louis Bouillard, d'être venu nous voir ce matin. Il est 8 h 57.
22:26— Je peux juste ajouter quelque chose ? On devait parler des lycéens, de la santé mentale, de la détresse des lycéens.
22:31— On devait ? Qui ? Le « on », c'est qui ?
22:34— Bah écoutez, je pense « nous ».
22:35— C'est vous ? Ou c'est moi ?
22:36— Oui, je pense « nous ». Je pense « nous ». Ça aurait pu être une bonne chose.
22:38— Parce que vous savez, c'est moi qui choisis les questions.
22:39— Bah oui, ça se voit. Et c'est pour ça que la question des jeunes...
22:41— Mais ça, c'est une habitude à prendre quand on vient ici. Merci. Il est 8 h 57.
22:44— Bah du coup, on parlera jamais des jeunes.