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Avec Manuel Valls, ancien Premier Ministre

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-11-18##

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00:00— SUDRADIO, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin. — Il est 8h35. Manuel Valls, bonjour. — Bonjour, Jean-Jacques Bourdin.
00:11— Merci d'être avec nous ce matin. Hier après-midi est arrivée l'information. C'est le New York Times qui a donné le premier cette information.
00:17Joe Biden autorise l'Ukraine à utiliser des missiles américains pour protéger l'armée ukrainienne installée sur le territoire russe autour de Koursk.
00:25En fait, autorise l'armée ukrainienne à utiliser des missiles américains pour frapper en Russie. Qu'est-ce que ça change, Manuel Valls ?
00:35— Enfin. Enfin, une décision qui arrive de mon point de vue bien tard. L'administration Biden, ces derniers mois, même s'ils ont soutenu l'Ukraine financièrement,
00:47militairement, a perdu beaucoup de temps. Et nous perdons beaucoup de temps au nom de la crainte de l'escalade face à la Russie.
00:57— Est-ce qu'on doit craindre une escalade après cette décision ? — Mais elle est en cours depuis très longtemps. On ne gère pas une guerre. On la livre.
01:08Or, l'Iran ou la Corée du Nord fournissent des munitions. Et maintenant, pour ce qui concerne la Corée du Nord, 10 000 soldats à la Russie.
01:18Donc vous avez déjà d'une certaine manière une internationalisation du conflit. Donc il faut aider les Ukrainiens. Non pas à gagner la guerre,
01:29mais en tout cas à rétablir un rapport de force, et notamment dans cette région que les Ukrainiens ont envahi, en Russie, la région de Kours.
01:39— La France a fourni à l'Ukraine des missiles qui pourraient frapper le territoire russe. Ce sont les missiles Scalp.
01:46Est-ce que l'Ukraine, maintenant... Est-ce que l'Ukraine devrait utiliser ses missiles Scalp français pour aller frapper le territoire russe ?
01:54— J'ai l'impression que la décision américaine peut et va débloquer toute une série de préventions, de blocages qui existaient quant à l'utilisation de missiles de longté.
02:06— Vous êtes favorable à ce que l'Ukraine utilise ses missiles français ? — Mais bien évidemment. À partir du moment où on fournit ces missiles,
02:12face non seulement à l'aide des pays, l'Iran et la Corée du Nord, l'aide à la Russie, mais face à l'offensive en cours de la Russie ce week-end dernier,
02:23les Russes ont cherché, et réussi en partie, à détruire tout le réseau d'énergie. Nous sommes au début de l'hiver.
02:33Il est rude en Ukraine, avec un seul but. Affaiblir, voire faire plier l'Ukraine, alors que peut-être, nous verrons bien,
02:41des négociations pour la paix, pour une sortie diplomatique et politique peuvent commencer dans quelques semaines,
02:48si le président nouvellement élu, Donald Trump, président américain, en prend l'initiative.
02:53— Donc oui, la France doit permettre, l'Ukraine doit pouvoir utiliser les missiles français sur le sol russe.
03:00— Évidemment. Vous savez, nous sommes... Je suis frappé par le fait que l'actualité chassant l'actualité, on oublie ce conflit, celui de l'Ukraine.
03:10La guerre a lieu sur le sol européen, à 2 000 km de chez nous. Nous en avons beaucoup parlé au cours de ces dernières années.
03:18Et cela a eu une conséquence majeure. Les pays européens, et notamment la France, sont en train de réarmer.
03:25Notre loi de programmation militaire sur la période 2024-2030 va représenter 400 milliards, c'est-à-dire plus 35%
03:35par rapport à la loi de programmation militaire précédente. Blindés, munitions, missiles, nous nous préparons d'une manière ou d'une autre à la guerre.
03:46Gagner la guerre avant la guerre. Et je ne fais que citer le chef d'état-major de nos armées, le général Thierry Burckhardt,
03:55qui exprimait ainsi une vision stratégique. Nous sommes dans un monde qui a changé. Donc il faut s'y préparer.
04:00Et dans ces préparations, nous ne pouvons pas nous permettre, d'un point de vue stratégique, militaire, démocratique et européen,
04:08que l'Ukraine cède, que l'Ukraine perde, que cette nation qui aspire à entrer dans l'Union européenne soit détruite par la Russie de Poutine.
04:17— Olaf Scholz a appelé Vladimir Poutine vendredi. Il était important de dire à Poutine que le soutien de l'Allemagne et de l'Europe à l'Ukraine ne faiblirait pas.
04:27C'est ce qu'explique aujourd'hui Olaf Scholz. D'autres disent, et notamment Volodymyr Zelensky, qui n'était pas très satisfait de ce coup de fil,
04:38dit que la diplomatie par téléphone est absolument inefficace et ne marche pas.
04:44— Mais comment croire Vladimir Poutine quand il a menti ? Enfin, parfois, il faut le lire et le croire, puisque quelques mois avant l'invasion de l'Ukraine,
04:54dans un texte très argumenté qui s'appelait « Nova Roussa », il avait expliqué pourquoi, au fond, l'Ukraine était fondamentalement liée par sa culture,
05:05son histoire, sa religion à la Russie. Mais il a menti en permanence au président Macron, aux chanceliers Scholz...
05:11— Mais il faut parler à Vladimir Poutine, Emmanuel Valls. — Mais on ne peut parler que si on sait ce que l'on veut.
05:17Or, il faut savoir ce que l'on veut. Aujourd'hui, on parle d'une paix ou de la cessation des conflits. Mais sur quelle base est-ce qu'on cède...
05:26L'Ukraine cède des territoires envahis depuis 2014 par la Russie. Quel sera le statut demain de l'Ukraine ?
05:35La Russie propose évidemment une neutralisation de l'Ukraine. Moi, je suis favorable, comme les Ukrainiens, à leur entrée dans l'UE,
05:43et sans aucun doute dans l'Alliance Atlantique. Quelles sont les positions des pays occidentaux ?
05:49Bon, voilà. Tout ça doit être mis sur la table. On ne peut pas aller à une discussion, à une négociation en lâchant les Ukrainiens.
05:54C'est eux qui doivent donner les éléments stratégiques. — Donald Trump nous assure qu'il va régler les choses en 24 heures.
06:01Ça prendra un peu plus de temps. Mais comment peut-il en lâchant l'Ukraine ?
06:07— Excellente question, Jean-Jacques Bourdin, parce que comment peut-on lâcher l'Ukraine, agressée par la Russie,
06:14elle-même soutenue par la Chine, plus discrètement, par l'Iran ou par la Corée du Nord, alors que nous savons parfaitement
06:23que ce XXIe siècle va être marqué au moins par la confrontation économique et commerciale entre la Chine et les États-Unis,
06:30que Trump va soutenir plus que jamais Israël face à l'Iran. Bref. Donc Trump ne peut pas faire ce cadeau à Poutine,
06:41qui serait aussi la victoire de la Chine, de l'Iran et de la Corée du Nord. — Est-ce que vous pensez que Donald Trump pourrait,
06:49dans sa conversation avec Poutine, avoir promis à Poutine, finalement, la capitulation de l'Ukraine ?
06:56— C'est ce que nous ne pouvons pas nous permettre, nous, Européens, et d'une certaine manière...
07:00— Est-ce que Trump pense du genre « Bon, les Européens vont se débrouiller, moi, je me retire », et en fait, c'est la capitulation de l'Ukraine ?
07:07— Jean-Jacques Bourdin, j'étais à votre micro quelques semaines après un déplacement que j'avais fait en Ukraine en septembre 2023.
07:17— 2023, l'année dernière. — Et à l'époque, dans cette conférence, la conférence Yes, il était dit par les autorités ukrainiennes,
07:23mais aussi par des officiels américains et britanniques qui soutenaient Volodymyr Zelensky qu'il fallait préparer un plan B si Donald Trump l'emportait.
07:33Or, la victoire de Donald Trump – on ne sait pas quelles sont ses intentions pour le moment – nous oblige, nous, Européens,
07:40à avoir une vraie vision stratégique par rapport à l'Ukraine, parce que, bon sang, il s'agit de l'Europe, il ne s'agit pas de l'Amérique latine
07:46ou de l'Asie, qui sont d'autres préoccupations pour l'administration américaine, il s'agit de notre destin.
07:51Et le destin de l'Ukraine, c'est notre destin, c'est un destin commun sur la vision d'une Europe indépendante, qui a une capacité d'autonomie stratégique,
08:00qui est démocratique, qui défend des valeurs, qui sont celles que combattent les Iraniens, les Chinois et les Russes.
08:07Ils ne cessent de le dire ensemble, d'ailleurs.
08:10— Emmanuel Valls, nous allons continuer à nous opposer au Mercosur, dit Emmanuel Macron.
08:16Ça, c'était hier en Argentine, après avoir rencontré le président Melehi, et il dit qu'il l'a dit, d'ailleurs, au président argentin.
08:24Est-ce que la France peut, toute seule ou en créant une sorte de front commun, refuser un accord entre l'Union européenne et le Mercosur ?
08:36— Je crois, elle n'a pas le choix. — C'est possible.
08:38— Oui, moi, je crois que c'est possible d'avoir d'autres alliés. Nous en avons déjà deux ou trois.
08:43Il faut en avoir davantage, bien évidemment, dans le cadre de l'Union européenne,
08:47puisque c'est la Commission qui négocie, en notre nom, les traités internationaux.
08:52Je vois que les agriculteurs français, espagnols, italiens, polonais...
08:56Je dis « italiens », « espagnols », parce que ces deux pays sont plutôt favorables à cet accord, sont en train de bouger.
09:02500 parlementaires français ont signé, tendance confondue, un texte pour s'opposer à ce traité du Mercosur,
09:10qui représenterait par exemple 180 000 tonnes qui viendraient inonder le segment du marché du blanc du poulet.
09:17— Mais est-ce qu'on peut se priver de 280 millions de consommateurs ?
09:20— Non, mais on ne peut pas le faire dans n'importe quelles conditions, et notamment à notre détriment.
09:24Nous venons de parler d'autonomie stratégique il y a un instant.
09:28Mais elle vaut aussi pour l'industrie. Elle vaut aussi pour l'agroalimentaire.
09:32Elle vaut donc aussi pour nos paysans. Donc nous avons besoin de nous protéger davantage.
09:37L'Europe, au cours de ces 30 dernières années, il faut bien le reconnaître, a été parfois trop naïve.
09:41Elle a ouvert ses frontières. Regardez des pays comme la Chine ou les Etats-Unis,
09:44et ça va être renforcé pour ce qui concerne ces derniers,
09:47ont une certaine idée de la défense de leur économie, de leur industrie, de leur agriculture,
09:53en posant des barrières douanières, en faisant tout simplement du protectionnisme.
09:57À nous aussi d'en faire également... — L'Europe doit être plus protectionniste.
10:01— ...pour protéger des secteurs fondamentaux comme l'agroalimentaire, la santé,
10:07bref, tout ce qui concourt à notre stratégie en matière de santé, en matière alimentaire,
10:11en matière d'industrie, en matière de défense.
10:13— Est-ce que le texte de l'accord doit être soumis, devra être soumis...
10:18Il devra être soumis au Conseil européen, évidemment, au Parlement européen, évidemment.
10:24Mais est-ce qu'il devra être soumis au Parlement français ?
10:26— Il doit être adopté par tous les parlements.
10:30C'est pour ça qu'on est très loin de sa conclusion, mais tout se joue maintenant, cependant.
10:36Et il est très important, et Michel Barnier, le Premier ministre, l'a dit à Bruxelles il y a quelques jours,
10:41que la voix de la France soit entendue.
10:43Et moi, je comprends l'inquiétude de nos agriculteurs face aux pesticides, aux antibiotiques,
10:50à une forme d'agriculture notamment qui nous viendrait du Brésil,
10:53qui représente un vrai danger, non seulement pour notre économie, pour notre agriculture,
10:56mais aussi, il faut le dire, pour notre santé, pour la santé des Français.
10:58— Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon fait une prédiction, le gouvernement va tomber entre le 11 et le 21 décembre.
11:05— Je ne sais pas qu'en plus de toutes les qualités qui sont les siennes, c'était la pitié.
11:09C'était celui qui prévoyait la vie politique.
11:12Mais il faut bien reconnaître qu'avec la dissolution folle, absurde,
11:17provoquée par Emmanuel Macron le 9 juin dernier, nous vivons une véritable instabilité.
11:24Cette instabilité, d'ailleurs, elle est dangereuse.
11:26Le gouvernement est fragile, tout le monde le sait.
11:29Il est à la merci d'une motion de censure de bon vouloir ou de la gauche ou du rassemblement national.
11:36Ça m'inquiète parce que cette instabilité, elle peut conduire à une crise de régime,
11:39à une fragilisation de nos institutions et à approfondir la crise démocratique que nous vivons.
11:44Il y a eu beaucoup d'irresponsabilité dans cette dissolution et nous en payons,
11:48pas seulement Emmanuel Macron, mais nous tous, nous en payons cash, les dividendes,
11:53parce que cela joue aussi sur le moral des Français.
11:55Il y a un ralentissement de notre économie, bien sûr qui est lié à beaucoup de facteurs,
11:59mais aussi à la période d'indécision, à quelle sauce vont être mangées les entreprises ou les particuliers.
12:06On ne sait pas très bien ce qui va se passer dans les prochains jours avec le budget.
12:10Un budget, d'ailleurs, qui pèse et qui peut provoquer de la récession,
12:15en tout cas qui va peser sur la faible croissance qui est déjà...
12:18— Mais des économies sont indispensables ?
12:20— Oui, mais c'est toujours difficile de faire des économies.
12:22En plus, il faut bien reconnaître que le pauvre Michel Barnier se trouve avec un budget déjà exécuté
12:26au moins sur neuf ou dix mois.
12:28Ses marges de manœuvre sont extrêmement faibles.
12:31Donc, on va au plus simple, au rabot, comme on dit, et puis à l'augmentation des impôts.
12:37Attention, parce qu'on est en train de créer, je le répète, les conditions d'une véritable récession.
12:42Alors qu'on voit bien que nos priorités, d'ailleurs, elles sont au niveau européen.
12:45Moi, j'étais très intéressé par le rapport de Mario Draghi qui dit que nous avons accusé,
12:51que nous accusons 30% de différence entre l'Europe et les États-Unis en matière de compétitivité,
12:57que ça joue essentiellement sur l'innovation, la recherche, le soutien aux startups.
13:01C'est comme ça que l'économie américaine marche.
13:03Donc, nous, c'est là-dessus qu'on doit donner la priorité.
13:06Mais attention à ne pas cogner sur les entreprises, parce que depuis 2014,
13:11quand j'ai été nommé Premier ministre avec les premières grandes mesures
13:14de ce qu'on a appelé le pacte de croissance...
13:18— Mais vous aussi, vous avez creusé la dette.
13:19— Oui, bien sûr, oui, mais quand on a quitté...
13:21D'accord, mais quand on a quitté le pouvoir...
13:23Vous avez tout à fait raison, et il ne faut jamais se dégager de ses responsabilités,
13:28mais quand on a quitté le pouvoir, le déficit était à moins de 3%.
13:31Aujourd'hui, il est à 6,1%.
13:32Je ne comprends toujours pas comment on a pu en arriver là.
13:35Mais ce que je veux dire par là, c'est que nos entreprises ont bénéficié d'une stabilité financière
13:40avec une baisse des impôts, un soutien à leur compétitivité,
13:43maintenant depuis pratiquement une dizaine d'années.
13:46Ce qui a aussi représenté de nombreux investissements étrangers dans notre pays.
13:49Il ne faut pas casser tout cela, et je trouve que les choix qui sont en train d'être faits
13:53ne dessinent pas une véritable stratégie budgétaire.
13:56— Pas de stratégie budgétaire, à vos yeux.
13:58Vous regardez la classe politique, le fonctionnement,
14:01parce que vous avez pris un peu de distance avec tout cela.
14:03Comment regardez-vous le comportement de la classe politique ?
14:06Je vais en venir à Marine Le Pen et aux réquisitoires la concernant,
14:10mais voyez les ténors qui sont à l'Assemblée ou pas, d'ailleurs, et qui s'expriment.
14:18Tiens, François Hollande, par exemple.
14:19Est-ce que vous pensez que François Hollande prépare sa candidature pour 2027 ?
14:23— Je n'en sais rien. En tout cas, il a préparé et réussi sa candidature à l'Assemblée nationale.
14:27Mais je regarde le spectacle de l'Assemblée nationale avec beaucoup d'inquiétude.
14:31Ce n'est pas nouveau, ça.
14:33Depuis 2022, en tout cas, nous assistons à quelque chose qui représente,
14:37de mon point de vue, un véritable abaissement du débat public,
14:41pas seulement à l'Assemblée nationale.
14:42C'est un phénomène qu'on connaît un peu partout dans nos démocraties occidentales,
14:46une forme de polarisation entre les extrêmes, une forme de violence verbale,
14:51il faut bien reconnaître, qui vient essentiellement aujourd'hui de l'extrême-gauche.
14:54Alors on peut accuser les médias, les réseaux sociaux, c'est sans doute vrai,
14:59mais c'est d'abord de la responsabilité des politiques qu'elles sont.
15:03Aujourd'hui, au fond, on ne devrait être que sur une seule idée.
15:06L'Ukraine, comment on redresse le budget de la France,
15:10quelles sont les grandes priorités de demain,
15:12comment on s'attaque à l'islamisme qui fait de l'Europe sa priorité, etc.
15:17Donc c'est autour de ces questions-là qu'on devrait créer les conditions d'unité nationale.
15:21Emmanuel Macron avait de l'or dans les mains après sa réélection,
15:25il n'a pas voulu d'unité nationale.
15:26Pire, deux ans après, il a dissous et plonge le pays dans une crise politique et démocratique.
15:31Donc il y a une sacrée responsabilité de la part des uns et des autres.
15:35Si je m'exprime, moi j'essaie de le faire sur des sujets de fond,
15:38en essayant de penser qu'il y a des possibilités d'unité nationale sur des sujets fondamentaux.
15:44Je suis convaincu que les Français l'attendent et le souhaitent.
15:47– Les réquisitions contre Marine Le Pen, avant même d'être éventuellement condamnée,
15:52elle affirme être victime de la justice,
15:55ils veulent anéantir mes chances d'être élue présidente de la République.
15:59C'est ce que dit Marine Le Pen, être candidat à la présidentielle donne une impunité ?
16:04– Aucune, les politiques en général, les responsables,
16:07ceux qui aspirent aux plus hautes fonctions de notre pays, ont un devoir d'exemplarité.
16:13D'abord, attendons, après les réquisitoires, il y a la défense,
16:17elle va pouvoir se défendre, ses avocats vont pouvoir la défendre aujourd'hui,
16:20sur plusieurs jours, et puis les juges ne prendront leur décision que dans quelques mois.
16:25Et les uns et les autres doivent faire référence à la loi,
16:28à la loi qui n'a pas été inventée, qui a été votée par le Parlement.
16:33– Pourquoi nous en sommes là Jean-Jacques Bourdin ?
16:35C'est parce que depuis la fin des années 80,
16:38notamment les affaires qui avaient touché le parti socialiste,
16:40la fameuse affaire Urba, depuis une trentaine d'années,
16:43l'opinion publique, l'opinion publique, attend évidemment de l'exemplarité.
16:48On a voté des lois de transparence, de contrôle des politiques,
16:52de financement des partis comme des campagnes électorales.
16:55Il y a eu un parti, notamment le FN puis ensuite le RN,
16:59qui a fait toujours de la critique des autres, du système, son miel.
17:05Rappelez-vous du slogan, tête haute et main propre,
17:09accusant le système de plutocratie.
17:11Il y a des vidéos qui circulent sur la manière dont Mme Le Pen
17:15accusait le pauvre Alain Juppé des pires turpitudes.
17:17Il avait d'ailleurs été condamné, il l'avait fait avec beaucoup de dignité après,
17:21il était parti au Québec, il avait été condamné à l'inigibilité.
17:24Donc, chacun doit comprendre que les Français sont très exigeants
17:29et personne ne peut s'affranchir de la loi.
17:35Si on n'est pas content de la loi, on la change.
17:37Moi, je comprends les critiques qui peuvent exister
17:39vis-à-vis d'une inigibilité qui s'appliquerait tout de suite,
17:42mais on la change, ça a été voté.
17:44Il y a même des députés qui proposaient l'inigibilité à vie.
17:47C'était un concours lépine, à qui serait plus propre que l'autre.
17:51Donc non, la loi, elle s'applique à tous.
17:53Et l'idée d'ailleurs de mobiliser, entre guillemets, le peuple,
17:57en l'occurrence, ce n'est pas le peuple qu'on veut mobiliser, c'est la foule.
18:00C'est la foule qui n'a rien à voir avec la démocratie.
18:03Contre la justice, contre le système, mais il y a qui derrière le système ?
18:07On dit on veut me tuer, mais qui ?
18:09Les juges qui appliquent la loi, votés par le Parlement.
18:12Attention, il est en train de jouer sur quelque chose et je trouve que...
18:15– C'est dangereux ? – Oui, c'est dans la vie.
18:16– Est-ce que Marine Le Pen joue un jeu dangereux ?
18:18– Elle se défend.
18:19– En lançant une pétition, en criant à la victimisation.
18:24– Mais c'est tous les politiques qui ont fait toujours ça.
18:27Il y a eu beaucoup de condamnés qui ne s'étaient pas mis un euro ou un franc
18:31à l'époque dans la poche.
18:33Ni Henri Emmanueli, aujourd'hui décédé, ni Alain Juppé,
18:36aujourd'hui membre du Conseil constitutionnel qui ont été inéligibles,
18:40se sont mis un sou dans la poche.
18:43Mais je me rappelle que la défense des partis, à l'époque,
18:47c'est injuste, on nous accuse, ça n'a rien à voir,
18:51c'est le système, c'est le gouvernement des juges.
18:54Attention, je ne dis pas que les juges ne peuvent pas se tromper,
18:56mais la séparation des pouvoirs, une démocratie, elle repose,
19:00nous sommes le pays de Montesquieu tout de même,
19:01elle repose sur la séparation des pouvoirs.
19:04– Marine Le Pen n'est ni au-dessous des lois, ni au-dessus,
19:09c'est ce que dit Bruno Retailleau.
19:10– Il a parfaitement raison, mais il y a ce devoir d'exemplarité.
19:16Oui ou non le Rassemblement national est sorti hors la loi
19:20avec ses embauches d'assistants parlementaires au service de leur parti ?
19:23Oui, chacun le reconnaît d'ailleurs d'une certaine manière.
19:25Quelle va être la peine ?
19:26Attendons la décision des juges avant de mettre en cause
19:30notre système judiciaire et de créer les conditions,
19:32encore une fois, d'un affrontement entre les pouvoirs.
19:35– Emmanuel Valls en Belgique,
19:37une conférence prévue dans une fac a été annulée,
19:39pourquoi les auteurs du livre
19:41« Alain n'a rien à faire dans ma classe »
19:43devaient tenir cette conférence ?
19:45Le personnel de la FNAC a été menacé,
19:47intimidation sous la pression d'islamistes,
19:50l'islamisme étant sa toile.
19:53– Oui bien sûr, et notamment en Belgique,
19:54il suffit d'aller dans le quartier Molenbeek,
19:58les Belges ne font pas preuve, les autorités belges en l'occurrence,
20:01de beaucoup de courage,
20:02regardez, alors que la France a tenu bon
20:04en maintenant le match France-Israël,
20:07eux avaient annulé le match Belgique
20:09ou reporté le match Belgique-Israël,
20:11d'ailleurs ça n'a pas très bien marché
20:13puisque Belgique vient de perdre contre Israël,
20:15bon c'est une plaisanterie en passant,
20:17mais par là, face à la pression de l'islamisme,
20:22des frères musulmans, des salafistes
20:24qui ont comme objectif les communautés musulmanes en Europe,
20:28pour les séparer du reste de la population,
20:31il faut faire preuve d'une très grande détermination
20:34et lutter, nous faisons en France je crois,
20:36contre l'islamisme,
20:38il faut en finir avec toutes ces lâchetés,
20:40c'est en tout cas la conclusion du procès
20:45des responsables de la mort, de l'assassinat
20:47de Samuel Paty, procès qui est en cours,
20:50c'est la lâcheté, la volonté de ne pas regarder,
20:53de ne pas faire de vagues,
20:55qui permet à l'islamisme de prospérer.
20:59– Et il faut être intransigeant.
21:00– Il faut être intransigeant face à tous ceux
21:02qui remettent en cause, pour ce qui nous concerne
21:04la République, la laïcité, le travail des enseignants,
21:07mais d'une valeur générale,
21:08nos valeurs occidentales et démographiques.
21:10Et démocratiques, dont notamment l'égalité
21:12entre les hommes et les femmes.
21:13– Merci Emmanuel Valls d'être venu nous voir ce matin,
21:16il est 8h57, Patrick Roger,
21:18juste après les informations de 9h.

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