Manuel Valls est l'invité politique de Jean-Jaques Bourdin.
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NewsTranscription
00:00 - Il est 8h34, bonjour à toutes et à tous et merci d'être avec nous pour cet invité politique, Manuel Valls ce matin.
00:07 Manuel Valls bonjour. - Bonjour Jean-Jacques Bourdin. - Merci d'être avec nous, ancien Premier ministre, ancien ministre de l'intérieur.
00:13 Le courage guidé, leurs pas aux éditions taillent en dié, c'est votre dernier livre Manuel Valls.
00:18 Nous allons parler évidemment de tous les sujets d'actualité et si vous voulez réagir ce n'est pas compliqué 0 826 300 300.
00:25 Je voudrais commencer avec ce qui se passe à Marseille, 44 morts à Marseille depuis janvier et la dernière.
00:31 Sokaina, cette jeune femme de 24 ans tuée chez elle par des trafiquants tirant au hasard sur son immeuble.
00:38 L'état, Manuel Valls, est-il devenu impuissant ?
00:42 - D'une certaine manière oui Jean-Jacques Bourdin.
00:44 Vu le nombre de morts, de blessés,
00:47 liés nous le savons tous au trafic de drogue qui est sans doute
00:52 le plus grand défi posé à notre civilisation,
00:55 à nos pays, à nos états et au niveau mondial. Nous savons tous que
01:00 la drogue vient ou d'Amérique latine ou de l'autre côté de la Méditerranée, qu'elle
01:05 alimente les sociétés,
01:07 qu'elle est un élément de promotion sociale si je puis dire les choses ainsi
01:12 dans les quartiers. Donc c'est une réflexion à la fois pour le monde et pour l'Europe,
01:17 des deux côtés de la Méditerranée notamment, mais aussi pour notre pays.
01:20 - Les réponses sont difficiles à trouver, Manuel Valls. Tous les gouvernements se heurtent sur ce mur.
01:29 Gérald Darmanin veut
01:32 responsabiliser les consommateurs.
01:34 Mais comment ?
01:35 - Vous pourriez rappeler le nombre de fois où par exemple moi je suis allé
01:40 comme ministre de l'Intérieur ou comme Premier ministre à Marseille.
01:44 L'État, les gouvernements successifs, parce qu'il faut être juste, n'ont jamais laissé tomber
01:49 Marseille. Moi je pense qu'à Marseille il y a une situation propre.
01:53 Il y a au fond une banalisation de la violence dans notre pays, nous en parlerons peut-être,
01:59 qui m'inquiète et qui est une spécificité me semble-t-il aujourd'hui
02:03 française.
02:06 - Vous pensez ? On y reviendra.
02:08 - Mais il y a une problématique sur Marseille, le président de la République s'est rendu plusieurs fois,
02:12 il y a des plans qui ont été annoncés, il y a des chantiers engagés,
02:16 puissants cette fois-ci, il faut le reconnaître, de rénovation urbaine ou de rénovation des écoles.
02:21 Le maire de Marseille et ses équipes font évidemment tout ce qu'ils peuvent.
02:25 Mais à Marseille il y a en plus une problématique propre, c'est que les quartiers populaires,
02:28 les quartiers pauvres, le trafic de drogue sont en plus au cœur de la ville.
02:32 C'est la spécificité là en l'occurrence de Marseille.
02:36 Donc moi je pense que sans une destruction massive, sans une reconstruction massive
02:40 de ces quartiers, - Donc détruire ces quartiers, reconstruire - Ah oui, il faut reconstruire,
02:45 ailleurs, il faut proposer aux populations de se déplacer.
02:50 Bref, il faut quelque chose de beaucoup plus puissant, parce que je crains - En quelque sorte, raser le trafic.
02:56 - Ah il faudra - D'une certaine manière - Oui absolument, alors évidemment,
02:59 en disant ça, je pense aux populations, à ceux qui habitent, à ceux qui sont attachés à cette ville.
03:05 Mais si on ne change pas profondément
03:08 la figure, la configuration
03:10 de cette ville, de ces quartiers, vous savez la première fois, il y a très longtemps, j'étais jeune,
03:16 je suis allé à Marseille, notamment à la Castellane, c'était la cité de Zidane,
03:22 ça m'a fait penser quelques années après à Gomorrah, qui est
03:25 un livre de Saviano et ensuite un film et même une série, c'est-à-dire quand vous avez des cités
03:32 totalement enkisnées - Naples, la mafia - et dominées par un système mafieux et de plus en plus violent,
03:39 parce que dans les chiffres que vous donnez, ce sont des jeunes tueurs,
03:43 payés pas grand chose,
03:45 par des chefs de gang qui n'habitent pas à Marseille et qui cherchent à contrôler le trafic.
03:50 - Manuel Valls, à Barcelone,
03:52 le cannabis n'est pas légalisé, mais on peut cultiver légalement du cannabis sur son balcon, dans son jardin,
03:59 est-ce qu'il faut aller jusque là en France ? Est-ce qu'on doit aller jusqu'à une forme de légalisation ?
04:03 - La Catalogne est devenue,
04:05 donc dans la capitale et Barcelone, où je suis né, que je connais bien,
04:09 est devenue un centre de trafic du cannabis avec les plantations de cannabis
04:16 dans des hangars, évidemment illégaux, démantelés par la police, est devenu le centre du trafic de cannabis.
04:25 Moi je suis contre la légalisation,
04:28 parce que précisément c'est donner un signe terrible à la société. Je suis pas contre le débat,
04:34 on cherche des solutions, vous le disiez il y a un instant, mais
04:38 l'effet, le vif est interdit, quand on connaît les effets du cannabis, notamment chez les plus jeunes,
04:45 on ne pourrait pas le légaliser, évidemment, pour les moins de 18 ans, donc il y aurait du trafic pour les moins de 18 ans.
04:51 J'ai vu les effets dans ma ville d'Evry quand j'étais maire,
04:54 chez les jeunes collégiens du cannabis, tous les médecins,
04:57 tous les psychanalystes, tous les psychiatres vous le disent, donc je ne pense pas que ce soit la bonne solution.
05:03 De toute façon on voit que ces quartiers sont inondés par d'autres drogues,
05:07 évidemment le crack, la cocaïne, l'héroïne, on ne va pas légaliser.
05:11 - Donc ça n'a rien arrêté à Barcelone ?
05:12 - Je crois que ça n'a rien arrêté du point de vue de la santé et du trafic.
05:16 - Bien, Manuel Valls, le président de la République parlait de décivilisation, vous avez utilisé le mot vous aussi, je vais y revenir,
05:21 mais regardons l'actualité, le syndicat de la magistrature sera présent à la fête de l'UMA pour débattre de la justice, de la sécurité,
05:28 des violences policières.
05:30 Que disent les policiers ? Les policiers disent
05:33 "nous ne pouvons pas agir parce que la justice n'agit pas".
05:37 Le premier responsable c'est la justice, c'est ce que disent les policiers.
05:41 Alors d'abord, d'abord, est-ce la place du syndicat de la magistrature que de débattre sur les violences policières ?
05:47 - Franchement. - Le problème c'est que ça n'est pas nouveau chez le syndicat de la magistrature.
05:52 - Ça représente un tiers des magistrats. - Oui, mais rappelez-vous le fameux mur d'Étécon, où j'avais eu d'ailleurs l'honneur d'y figurer.
05:59 - Oui. - Donc, vous avez, c'est un syndicat de gauche,
06:02 - Oui.
06:04 - D'une certaine manière sa place est à la fête de l'humanité, je le dis évidemment en plaisantant,
06:08 si on peut plaisanter sur ce juge là, mais vous avez une gauche, on va l'appeler politique,
06:13 syndical, le syndicat de la magistrature, médiatique ou intellectuelle,
06:17 qui à travers le concept de violence policière, qui consiste tout simplement à dire que tous les policiers sont violents,
06:24 - Et racistes. - Et racistes, et que la violence d'une certaine manière est
06:28 instrumentalisée, est à l'intérieur même de l'État, que par essence
06:32 l'État bourgeois capitaliste, je mets des guillemets, est violent
06:37 et raciste, donc vous avez toute une partie de la gauche qui a rompu avec la République,
06:44 - Qui n'est plus républicaine. - Elle n'est plus républicaine parce que...
06:47 - Elle est fine et plus à partir républicain.
06:50 - Mais moi je considère que du point de vue de ma conception de la République, c'est-à-dire qui concilie
06:56 l'autorité, la liberté, l'égalité et la fraternité,
06:59 une formation politique qui s'en prend un des piliers de l'État, c'est-à-dire la police, alors qu'il y a en plus une demande
07:06 d'ordre massive dans notre société et notamment, et pas seulement,
07:09 dans les couches populaires, quand on s'en prend évidemment à ce pilier, oui qui est un pilier de la République et de la démocratie,
07:16 on n'est plus républicain, mais chacun le sait parfaitement, et c'est la raison pour laquelle il y a quelques années
07:22 j'avais eu l'occasion de dire pourquoi il y avait des gauches irréconciliables,
07:25 comment voulez-vous que la gauche qui gouverne à l'époque puisse s'allier avec des gens qui considèrent par principe que
07:33 la police est violente et que des violences d'ailleurs, nous l'avons vu au moment des émeutes
07:38 terribles de la fin juin à début juillet, que ces violences sont légitimes. Donc il y a une certaine logique au fond à ce que cette gauche
07:45 continue d'animer ce débat contre les institutions, mais dans le moment de crise démocratique et civique que nous connaissons, c'est particulièrement
07:53 dangereux et irresponsable. - Le syndicat de la magistrature
07:57 qui a pris fait et cause pour les émeutiers, il faut le rappeler, le préciser, sans vouloir
08:02 porter de jugement hâtif,
08:05 il y a des idées qui sont avancées. Est-ce qu'il faut supprimer l'école nationale de la magistrature ? - Non. - Comme on a supprimé l'ENA,
08:12 certains le disent, certains disent parce que c'est un terreau
08:16 pour le syndicat de la magistrature. - Jean-Jacques Bourgman, nous ne comparons pas. Moi j'étais contre et je suis contre cette suppression
08:22 de l'école nationale d'administration de l'ENA.
08:25 - Parce que c'est le fruit d'une réflexion qui a commencé pendant la guerre, au moment de la...
08:32 c'est notamment un homme aussi aussi connu
08:36 que... aussi prestigieux que Jean Zay, qui a été assassiné par la milice, qui avait réfléchi à l'idée au fond de
08:43 former
08:45 la haute administration française. Il faut toujours réformer et ça peut être le cas pour
08:49 aussi l'école nationale de la magistrature.
08:52 Mais nous avons une école qui forme nos magistrats. Donc ne confondons pas la formation de nos magistrats, qui peut être évidemment
08:59 améliorée, et le rôle du syndicat de la magistrature.
09:02 Je comprends qu'il y ait un émoi, et je le partage, y compris du ministre de la justice, du gouvernement des Sceaux, parce que là il s'agit
09:08 des juges, et donc ces prises de position politique
09:12 peuvent avoir en effet, évidemment, en tout cas on peut se poser la question, sur les jugements... - Le syndicat de police alliance est très à droite.
09:20 - Oui. - C'est ce que disent d'ailleurs
09:22 les magistrats de gauche. - Oui, mais... - C'est la réponse.
09:25 - Mais nous sommes dans une société démocratique et ouverte, mais que un syndicat
09:32 s'emprenne à une
09:35 institution, s'emprenne, qui est celle de la police, avec en plus la nécessité du travail, vous le disiez très bien, sur la chaîne pénale
09:43 entre policiers et magistrats, la coopération entre les policiers, les gendarmes et les magistrats est
09:49 indispensable. Donc là on sent bien qu'on crée les conditions
09:53 d'une fracture entre la police et la magistrature. - Le 23 septembre il y aura une marche, une
09:58 mobilisation, marche contre les violences policières, à l'appel de ce syndicat, d'autres syndicats, de partis politiques.
10:04 Est-ce qu'il faut l'interdire, cette manifestation ? - Non. - Nous sommes dans un pays de liberté de manifestation, mais
10:12 je le dis une nouvelle fois, la notion de violence policière est
10:15 insupportable, est insupportable. Les policiers aujourd'hui, qui protègent nos institutions, qui protègent surtout
10:22 les citoyens, qui luttent contre le terrorisme, le trafic de drogue, la criminalité, la violence
10:28 quotidienne, cet ensauvagement de la société,
10:33 ces policiers méritent tous nos respects. Nous avons une police qui en plus est surveillée,
10:39 contrôlée, qui respecte la loi, et quand il y a des bavures, quand il y a des erreurs,
10:44 l'inspection générale de la police ou de la gendarmerie, la justice
10:49 agisse. Donc moi je veux saluer une nouvelle fois, vous le micro, le travail des policiers et des gendarmes qui est particulièrement difficile.
10:56 Je comprends que pour eux, j'ai été ministre de l'Intérieur, j'ai été leur ministre, j'ai été le premier flic de France comme on dit,
11:02 c'est tout à fait insupportable. - Bien, Manuel Valls, les mots ont leur sens.
11:08 Et leur signification, évidemment, et leurs conséquences. Jean-Luc Mélenchon lundi,
11:13 "Macron et Borne ont le même visage bestial que celui de Pinochet, de ceux qui ont fomenté l'assassinat de Salvador Allende".
11:20 Est-ce que cette violence des mots, des discours, encourage
11:24 justement la décivilisation et la violence physique ? - Il a dit ça ? - Oui, il a dit ça.
11:29 - Jean-Luc Mélenchon réussit quand même, je découvre ses mots, à m'étonner et à me surprendre.
11:38 Le 11 septembre, on ne célèbre pas uniquement, ou on ne commémore pas uniquement l'attaque des tours jumelles de New York,
11:46 on se rappelle aussi du coup d'état de Pinochet avec la mort de Salvador Allende, ce qui pour tous les gens de gauche, qui ont un peu de mémoire comme moi,
11:52 signifie beaucoup. Mais c'est des mots insupportables.
11:56 Si j'étais trivial, je dirais "il est devenu dingue".
11:59 Mais je réponds à votre question. - Oui.
12:03 - Dans cette banalisation de la violence, du passage à l'acte, ce que nous avons vu bien sûr fin juin,
12:10 avec les attaques évidemment des forces de l'ordre, des personnes, des biens publics, des mairies, des bibliothèques, des écoles, des commerces,
12:19 dans cette banalisation de la violence, les mots
12:22 ont évidemment une très grande importance, et notamment de la part des responsables politiques, et de la part de Jean-Luc Mélenchon,
12:29 bien sûr, intelligent, cultivé, et qui a porté les espoirs de quelques millions d'électeurs. Moi je le combats, mais je constate aussi
12:37 cela. Donc c'est une folie que d'utiliser ces mots, de comparer...
12:42 Il m'avait comparé
12:45 au Fonds national
12:47 à Le Pen.
12:49 C'était moins grave que les mots qui viennent d'être utilisés, et c'est très dangereux. Et au fond là vous avez une stratégie de la France insoumise,
12:56 de banalisation de la violence. - Conflictuelle ?
12:58 La politique ce n'est que conflit ? - La politique ce n'est que... On parle beaucoup du Trumpisme ou du populisme.
13:05 Il existe droite, ou à l'extrême droite... - C'est du populisme de gauche, d'extrême gauche ? - C'est du Trumpisme, c'est-à-dire au fond,
13:11 le débat politique devient un match de boxe permanent,
13:15 basé sur l'insulte, sur l'attaque personnelle,
13:22 y compris physique, parce qu'au fond quand on dit "vous avez le visage", c'est exactement ça. - Le même visage bestial ? - Le même visage bestial.
13:29 C'est une violence, on parle d'une démocratie. Et au fond, tout ça vise à
13:32 expliquer... - Ce sont des mots de trop ? - Ce sont des mots de trop.
13:37 Et ça peut marcher, parce que dans la crise politique et civique que nous connaissons, les gens au fond, dans ce teint amarre,
13:44 dans ce chaos permanent,
13:46 finalement, n'y comprennent rien. Et lui cherche le chaos. Cherche le chaos,
13:51 comme il le cherchait en soutenant les émeutiers
13:53 de cet été, pour créer les conditions d'une crise démocratique où lui alors, avec ses théories,
13:59 sortira peut-être gagnant et émergerait. - Mais le chaos, c'est la gauche ? - Il ne peut pas y avoir la moindre complaisance,
14:07 la moindre alliance, le moindre lien avec cette gauche-là. C'est impossible.
14:13 C'est impossible. Et je suis toujours étonné qu'il y ait encore des gens de gauche, qui viennent de mon ancienne formation
14:20 politique, je l'ai quittée en
14:22 2017, pratiquement à votre micro, je m'en rappelle, il y a déjà six ans. J'avais vu que ce monde et ce parti
14:29 s'effondraient, mais je vois encore qu'il y a des gens qui cherchent le lien. Pas avec les électeurs, il faut toujours chercher à convaincre les électeurs,
14:36 mais pas avec cette gauche institutionnelle. - Est-ce que cette gauche-là fait le lit du Rassemblement National ?
14:40 - Je veux le dire autrement, ce sont les idiots utiles
14:44 du Front National, enfin, du Rassemblement National et de Marine Le Pen, parce que
14:48 des gens qui soutiennent le désordre, la violence, ou qui s'en prennent aux institutions comme la police, ou qui expliquent que le président
14:56 de la République ou la première ministre sont de nouveau... - Rendre les clashes populaires plus sensibles à l'ordre
15:01 préconisé par le Rassemblement National. - Mais quelle erreur, les couches populaires en fait qui vivent, elles ne sont pas protégées, elles sont plus exposées souvent
15:09 à la violence que ceux qui ont de l'argent, qui peuvent se protéger.
15:14 Donc, il y a une demande d'ordre puissante, mais c'est voulu.
15:18 Je pense que dans la stratégie de Jean-Luc Mélenchon, il y a la volonté d'avoir la confrontation
15:23 entre lui et l'extrême droite. - Mais où est la gauche ?
15:27 La gauche aussi dans le chaos, la gauche en général est dans le chaos, vous êtes toujours un homme de gauche.
15:31 - Je suis un républicain de gauche, toujours, je vous ai... La phrase d'Albert Camus, je l'ai toujours dans mon cœur,
15:38 je mourrai de gauche, malgré elle, malgré moi, mais ma gauche elle est républicaine, elle parle de la nation, de la patrie, de l'ordre.
15:44 - Mais elle n'a plus d'espace, elle n'a plus d'audience.
15:46 - Absolument, vous avez raison, elle vit une crise qui n'est pas une crise seulement
15:49 française, qui est une crise européenne, la social-démocratie, la gauche de gouvernement est partout en crise,
15:56 mais tant que les gens raisonnables, on va le dire, cette gauche qui a gouverné, qui peut se référer aussi bien
16:04 à François Mitterrand, à Michel Rocard, à Lionel Jospin ou à François Hollande, c'est-à-dire ceux qui ont gouverné, si tant qu'elle croit
16:12 que son salut viendrait d'une manière ou d'une autre à travers des alliances avec
16:18 cet extrême gauche populisme de gauche, ce peronisme pour avoir une autre référence sud-américaine, nous ne nous en sortirons pas,
16:26 mais ça veut dire qu'il faut faire un travail
16:28 intellectuel et moi je pense que tant que la gauche n'a pas une réponse claire sur ces questions de violence que nous avons abordées
16:34 elle n'a pas des propositions fortes sur l'immigration,
16:38 qu'elle ne réfléchit pas suffisamment à la question des inégalités sociales, territoriales,
16:44 aux sentiments de déclassement, bref à la justice sociale,
16:47 tant qu'elle n'a pas une réflexion propre sur la démographie dans notre pays, qui est un sujet inquiétant,
16:54 et au fond tant qu'elle ne tient pas un discours profondément républicain, sur la laïcité, elle se dévise aussi sur
17:01 la problématique symbolique mais puissante me semble-t-il
17:03 de la Bahia et de la place de l'islam dans notre société, si elle ne répond pas à ces questions,
17:08 ça fait des années que j'en parle, elle ne reviendra pas, elle ne reviendra pas, elle sera
17:13 marginalisée. Donc c'est un sacré travail
17:16 intellectuel et politique. - Manuel Valls, j'aurais abordé deux sujets, il nous reste six minutes. Premier sujet, l'immigration, vous en parliez, l'immigration,
17:25 je regardais simplement ce dernier chiffre, plus de 6000 migrants en 24 heures sur l'île de Lampedusa.
17:31 C'est une vague migratoire qu'il va falloir contenir, maîtriser,
17:36 alors que faire ? D'abord
17:39 durcir, vous attendez comme moi, vous ne connaissez pas le projet de loi sur l'immigration qui doit venir en débat en novembre au Sénat.
17:46 Il faut quoi ? Il faut restreindre la ME, durcir le recoupement familial,
17:50 je ne sais pas moi,
17:53 demander, traiter les demandes d'asile à l'étranger, ce sont des propositions, vous êtes favorable à ces trois mesures ?
17:57 - Oui, je veux dire de manière très simple, stop à l'immigration.
18:00 - Stop à l'immigration ?
18:02 - Oui, il n'y aura jamais 0% d'immigration, ça n'a aucun sens. La crise de Lampedusa en Italie est liée à la situation
18:09 catastrophique et dramatique de la Libye, donc il y a déjà un défi,
18:13 vos auditeurs l'ont entendu évidemment nombre de fois, au niveau européen, donc il faut des frontières européennes
18:19 étanches, parce que vous avez une crise à Lampedusa, vous avez une crise, on en parle moins, au Canary, donc ça n'est pas lié uniquement
18:25 à la Libye,
18:27 entre la Méditerranée, entre du côté du Maroc, de l'Algérie,
18:31 et de Gibraltar de l'autre côté, ça passe tout le temps, donc vous avez toujours cette... donc il faut que les frontières de l'Europe soient étanches.
18:40 - Soit fermées.
18:41 - C'est un espace démocratique, culturel, politique...
18:43 - On ferme les frontières de l'Europe, Manuel Valls.
18:45 - Il faut fermer, attends, on le fait, on le fait à l'Est, on l'a fait en Grèce, il faut continuer à le faire, c'est difficile, il faut évidemment
18:52 instruire l'asile de l'autre côté de la Méditerranée, c'est pas toujours facile, en tout cas des deux côtés de la Méditerranée, il faut un plan puissant,
18:59 ça doit être la grande priorité,
19:01 l'Union Européenne, évidemment, aujourd'hui, a les yeux rivés vers l'Ukraine, mais aussi vers l'Afrique et le continent de demain,
19:07 pour ce qui nous concerne, parce qu'il faut répondre à la question, nous n'avons pas besoin, contrairement à ce que j'entends de l'immigration économique,
19:13 en tout cas, si nous avons besoin sur certains secteurs,
19:16 il faut des quotas,
19:18 - Des favorables aux quotas. - Qualifiés, donc, depuis très longtemps d'ailleurs, donc il y a une réforme de la Constitution sur ce sujet-là,
19:26 - C'est un référendum ? Faut un référendum qui a pu parler de réforme de la Constitution ?
19:30 - Parlons d'abord des réformes de la Constitution avant de penser à faire voter les Français pour créer les conditions, là, d'un nouveau choc.
19:38 Il faut, de ce point de vue-là, il faut un accord avec le Sénat et entre le Sénat et l'Assemblée Nationale, donc il faut un accord
19:44 entre la majorité actuelle et les Républicains de l'Assemblée et du Sénat.
19:49 Il faut que chacun soit responsable. Le droit d'asile est essentiel, mais il ne peut pas être détourné.
19:55 Je pense qu'en effet, il faut revoir les conditions du regroupement familial,
20:03 et il faut être, et c'est très difficile, je le sais, très efficace concernant les expulsions.
20:08 Donc là, nous avons besoin d'une politique massive, nouvelle, parce que depuis 40 ans, on fait les uns et les autres la même chose.
20:16 - Du laxisme ?
20:17 - Mais c'est pas une question de laxisme, c'est-à-dire qu'on n'est pas passé au stade où il faut arriver pour répondre à l'attente des Français.
20:24 - Donc plus de fermeté et plus de clarté dans la politique migratoire.
20:30 - Et des changements législatifs, constitutionnels, peut-être même au niveau européen, de ce point de vue-là,
20:34 la France qui est exposée, comme l'Italie ou comme l'Espagne ou la Grèce, doit dire très clairement les choses.
20:39 Donc c'est un changement de discours, mais pour cela, il faut de l'unité entre les principales forces politiques.
20:45 Ceux qui veulent se diviser ou qui veulent utiliser ce débat dans la majorité ou dans l'opposition républicaine,
20:51 pour préparer je ne sais quel échéance, se trompent.
20:53 Les Français attendent de la majorité de l'opposition responsable de l'Assemblée et du Sénat, un accord sur ce sujet-là.
21:01 Après, il peut y avoir éventuellement un référendum, mais il faut d'abord cet accord entre les grandes forces politiques.
21:06 Sinon, ce serait faire preuve d'une grande irresponsabilité sur un sujet majeur pour l'avenir de notre pays.
21:12 - Vous revenez d'Ukraine, Emmanuel Valls, nous avons, oui, deux, trois minutes pour parler d'Ukraine,
21:16 mais j'ai une question à vous poser, est-ce qu'il faut reprendre,
21:20 est-ce que l'Union Européenne doit reprendre le dialogue avec Vladimir Poutine ?
21:24 Est-ce que c'est possible, selon vous, et doit-on le faire ?
21:28 - C'est très difficile, il y a des brides de dialogue dans les formes internationaux,
21:33 avec le ministre des Affaires étrangères russe, mais Vladimir Poutine et les dirigeants russes
21:38 tiennent un discours d'une hostilité majeure, on l'a vu encore à travers la rencontre entre lui et le dirigeant nord-coréen,
21:47 qui n'est pas là pour nous rassurer, un discours d'une grande violence à l'égard de l'Occident, de nos valeurs, de la démocratie.
21:55 Nous dialoguerons avec la Russie, nous dialoguerons un moment ou l'autre avec les dirigeants russes,
22:01 mais il a menti en permanence. Vous savez, je pense que de ce point de vue-là,
22:05 j'étais évidemment son Premier ministre et j'ai du respect pour lui, on a pu avoir des désaccords,
22:10 mais sur le décryptage de la personnalité de Vladimir Poutine, que moi j'ai rencontré,
22:14 mais lui l'a rencontré bien plus de fois que moi, François Hollande a bien compris qui il était,
22:20 peut-être plus que l'autre ancien président de la République, Nicolas Sarkozy.
22:23 C'est-à-dire que Vladimir Poutine ment, il a une stratégie...
22:27 - Mais Nicolas Sarkozy a eu tort ?
22:29 - D'écrire et de dire ce qu'il a dit ?
22:32 - Ah oui, il se trompe très, très lourdement, parce qu'il n'intègre pas un élément, qui à mon avis est fondamental,
22:37 c'est que Vladimir Poutine profite de toutes les faiblesses des Occidentaux pour ensuite essayer d'avancer.
22:45 Par exemple, la volonté, le fait que Barack Obama, la dernière minute, en 2013,
22:50 alors que ses avions de chasse et les rafales français allaient frapper des sites stratégiques du régime syrien,
22:56 le fait qu'à la dernière minute, il annonce à François Hollande, j'étais aux côtés du président de la République à l'époque,
23:01 que ces bombardements n'auront pas lieu, a été intégré par Vladimir Poutine comme un signe de faiblesse
23:08 qui lui a permis à la fois de foncer en Syrie, dans le soutien à Bachar,
23:12 mais aussi d'envahir la Crimée, une partie du Donbass quelques mois après, en Ukraine en 2014.
23:17 - Tu pensais que tu viens de là ? Enfin, un parti, pas tout ?
23:20 - Regardez ces 20 dernières années. Donc, il faut soutenir l'Ukraine, il faut empêcher que les Russes ne l'emportent,
23:28 peut-être qu'il y aura demain un dialogue, mais aujourd'hui...
23:30 - Et si personne ne l'emporte ? Et personne ne l'emportera ? La guerre risque de durer, Emmanuel Valls.
23:36 Je ne sais pas si personne ne l'emportera, mais la guerre va durer.
23:38 - Elle va durer.
23:39 - Elle va durer, mais oui, elle va durer.
23:41 - Et donc, je reviens avec cette conviction d'Ukraine et de Kiev, où nous avons rencontré notamment le président Zelensky,
23:46 avec l'idée que ça va être long, et qu'il faut que les gouvernements et les opinions européennes sachent que ça va être long,
23:54 que c'est un défi majeur, là aussi de civilisation, pour notre continent.
23:59 - Merci Emmanuel Valls d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
24:03 Vous réagissez à ce qui vient d'être dit, vous n'hésitez pas, 0826-300-300, ce n'est pas compliqué,
24:08 vous prenez votre téléphone, vous appelez. On vous retrouve juste après les infos de 9h.