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Jeudi 18 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Jean-Jacques Ohana (Consultant indépendant - Membre du Board de la fintech, Ai For Alpha)

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Et une fois par mois, c'est Jean-Jacques Oana qui est à nos côtés,
00:17 consultant indépendant et membre de la fintech AI4Alpha pour cette chronique.
00:21 Que dit l'IA de la situation des marchés ?
00:24 Vous travaillez avec les outils notamment d'analyse d'intelligence artificielle
00:28 développée par cette fintech AI4Alpha.
00:31 Jean-Jacques, la question que vous posez ce mois-ci, c'est de savoir
00:35 si on est en train de changer de régime qui était favorable aux actions
00:41 sur l'ensemble du premier trimestre et même fin d'année dernière
00:44 vers quelque chose de beaucoup plus favorable aux matières premières.
00:47 Absolument, c'est ce que nous voyons nous dans nos matrices
00:51 et dans nos études de données à grande échelle.
00:55 C'est pour l'instant une question parce qu'elle est assez ouverte,
00:59 mais elle mérite d'être posée parce que l'idée, c'est est-ce que le super cycle
01:04 des matières premières qui a été engagé clairement en 2022 peut recommencer en 2024 ?
01:11 Et est-ce que finalement, on n'est pas en train de basculer d'un "risk on",
01:15 un "commodities on" ? C'est une vraie question.
01:19 Pourquoi ? Parce qu'on insiste quand même à un point d'inflexion
01:23 depuis début avril. Alors on peut le synthétiser.
01:27 Premièrement, une correction sur les grands indices boursiers
01:31 de 2 à 4 % selon les indices. On est presque à 5 % je crois au niveau américain.
01:40 Ensuite, on a un écartement des spreads de crédit qui est à noter,
01:46 qui n'est pas très important mais qui est quand même assez significatif.
01:49 On est à 30 points de base sur la dette au rendement.
01:52 Ce n'est pas catastrophique mais cela veut dire qu'il y a une tension
01:56 des conditions financières, une augmentation des taux d'intérêt
02:02 et notamment des taux longs, 40 points de base à peu près aux Etats-Unis.
02:06 Et puis sur les parties courtes, on est à 30 points de base.
02:10 Donc ça veut dire que quasiment, on n'est pas loin d'annuler tout le mouvement
02:15 de baisse du taux 2 ans de 5 points à 4 points.
02:18 On fait des oscillations de 100 points de base et là on est à 4,95.
02:22 Mais l'obligataire en général, Aggregate, a effacé tout le rallye de fin d'année dernière.
02:26 Voilà. Alors ce qui est intéressant, c'est qu'on aurait pu penser
02:31 que cette hausse de taux se traduit par une augmentation du dollar.
02:36 Donc ça c'est la partie logique, surtout contre Yen mais aussi contre Euro.
02:42 Mais par contre, alors là sur les matières premières,
02:44 on a quelque chose de vraiment différent et qui est intéressant à analyser.
02:48 Et c'est pour ça que j'ai voulu en faire le thème principal de l'émission.
02:51 Parce que normalement, on devrait avoir par exemple une baisse de l'or
02:55 puisqu'on a une hausse des taux réels et puis une hausse du dollar.
03:01 Et c'est l'inverse qui se produit et la hausse de l'or est quand même assez spectaculaire.
03:06 On est de 14% depuis le début de l'année contre dollar.
03:10 Et puis comme on sait que le dollar s'apprécie, on va jusqu'à 25% contre Yen.
03:15 On est quasiment à 20% contre Euro depuis le début de l'année.
03:19 Donc c'est intéressant déjà de comprendre et de mettre en perspective cette hausse de l'or.
03:24 Et puis on pensait que c'était réduit à l'or dans un premier temps.
03:27 Et puis après, il y a eu une contagion quand même.
03:30 Le pétrole, je dirais qu'il y a un fondamental géopolitique particulier.
03:35 Évidemment avec les problèmes géopolitiques au Moyen-Orient.
03:41 Mais qui a quand même suivi.
03:44 Et puis ce qui est encore plus étonnant, et là ça mérite d'être souligné,
03:47 c'est l'envolée des métaux de base et plus récemment du cuivre en particulier.
03:54 Et tout cela n'étant pas lié à la croissance industrielle ni à la croissance chinoise
04:01 puisqu'on voit que la croissance chinoise est plutôt moribonde.
04:05 Il y a des surprises positives quand même sur le cycle industriel mondial, manufacturier.
04:10 On ne dit pas que c'est la fusée qui décolle, mais on pense no play quand même d'une certaine manière.
04:16 Il y a des surprises plus positives.
04:18 Mais vous n'en faites pas un facteur dominant ?
04:20 Ce n'est pas un facteur dominant.
04:22 La preuve que ce n'est pas un facteur dominant, c'est que quand on voit les courbes de matière première,
04:26 les courbes ne sont pas inversées.
04:29 Ce qui signifie qu'il n'y a pas de problème particulier d'approvisionnement
04:33 et il n'y a pas une tension spécifique sur la demande.
04:36 C'est intéressant parce qu'on a une sorte de débasement monétaire.
04:43 Une sorte de débasement monétaire qu'on voit très clairement avec l'or.
04:48 L'or, il n'y a pas non plus d'engouement sur les ETF.
04:52 Il n'y a pas de collecte.
04:54 Sur les ETF, il n'y a pas de collecte.
04:56 On penserait plutôt que ce serait drive par la demande physique,
05:02 soit des banques centrales pour les réserves d'or.
05:05 En ce moment-là, il y a aussi un contexte politique qui peut le justifier.
05:09 Et puis, globalement, on peut remettre en perspective la hausse de l'or
05:16 par rapport à la hausse des crypto-monnaies.
05:18 Il ne faut pas l'oublier.
05:19 Maintenant, elle corrige, mais quand même,
05:21 on a connu une hausse spectaculaire du bitcoin.
05:25 Justement, on parlait la dernière fois d'un environnement spéculatif
05:30 qui devenait assez inquiétant.
05:32 Oui, on en revient.
05:33 Et dans ce cadre-là, ce n'est pas étonnant de voir finalement un relais de l'or
05:39 par rapport à la hausse des crypto-monnaies.
05:42 Et finalement, d'analyser cela par une forme de défiance, je dirais,
05:47 généralisée des investisseurs, quels qu'ils soient,
05:50 allant du privé jusqu'aux investisseurs institutionnels
05:55 et surtout les banques centrales, pour les actifs, les réserves en monnaie fiduciaire.
06:03 Oui, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
06:06 Pourquoi cette perception ou ce risque de débasement ?
06:10 Qu'est-ce que ça veut dire, notamment quand on écoute les banques centrales, Jean-Jacques ?
06:17 Le marché a du mal, ne croit plus que les banques centrales
06:21 iront jusqu'au bout de leur combat contre l'inflation ?
06:24 Il y a plusieurs points.
06:26 D'abord, ce qu'on voit, et ça on l'avait plusieurs fois noté,
06:29 c'est que les déficits mondialement sont à peu près tous hors de contrôle.
06:34 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de contrôle des déficits.
06:37 Il y a un contexte géopolitique qui peut-être le justifie,
06:41 mais finalement le résultat, et c'est ce qui intéresse les investisseurs,
06:47 c'est que les déficits sont hors de contrôle.
06:50 Donc ça, c'est le premier constat.
06:52 Et c'est aussi bien vrai aux États-Unis qu'en Europe, en France, etc.
06:56 Le deuxième constat, c'est finalement que les banques centrales
07:01 ne sont pas finalement autonomes dans leur politique monétaire,
07:07 et notamment dans la fixation des taux d'intérêt.
07:10 Donc on voit que finalement dans le budget de l'État,
07:12 aujourd'hui, la charge de la dette commence à s'alourdir.
07:16 Par exemple, un chiffre qui est intéressant à savoir,
07:19 et finalement ça va s'appliquer aussi en France,
07:22 sur les 6% du déficit américain,
07:28 il y a 3% qui est du déficit primaire,
07:30 et 3% qui est dû à la charge de la dette.
07:33 Et donc cela inquiète les banquiers centraux,
07:37 et donc on a le sentiment que finalement,
07:41 les politiques de banques centrales sont autant impactées
07:46 par le contexte d'inflation et de croissance,
07:51 comme c'est leur mandat,
07:53 mais aussi par un contexte budgétaire et politique qui est pesant.
07:58 Et c'est notamment le cas de la Fed,
08:01 mais pas uniquement, du pivot de la Fed,
08:03 qui est assez curieux, de mi-décembre de l'année dernière,
08:08 d'ailleurs le 13 décembre,
08:10 parce que finalement ce pivot de la Fed,
08:12 a posteriori, n'était pas vraiment justifié.
08:15 - Ils sont en train d'y revenir d'ailleurs.
08:17 - Voilà.
08:18 Et il n'était justifié, c'est-à-dire qu'il y avait à l'époque
08:21 un engouement pour un narratif...
08:23 - Et un soupçon de fiscale dominance.
08:25 - Absolument.
08:26 [Rires]
08:27 Absolument.
08:28 Non mais c'est vraiment le cas,
08:30 on avait compris que finalement ce pivot de la Fed
08:33 avait des ressorts politiques,
08:35 mais il y a peut-être plus profond encore que des ressorts politiques,
08:39 peut-être qu'il a des ressorts budgétaires,
08:41 et des impératifs budgétaires.
08:43 Et en réalité ce qu'on voit, c'est que finalement,
08:45 il n'avait pas vraiment lieu d'être,
08:47 en tout cas pas dans cette ampleur,
08:49 il n'y avait pas légitimité pour bouger les dot points,
08:52 on le voit aujourd'hui,
08:54 et donc finalement, il y a une espèce de ras-le-bol du marché,
08:59 et puis finalement de dire,
09:01 quelle est la crédibilité finalement des banques centrales
09:04 par leurs attermoiements,
09:06 les changements de décision,
09:08 l'incohérence de leurs décisions,
09:11 les communications finalement un peu erratiques,
09:13 le manque de perspective,
09:15 et finalement on a l'impression que les investisseurs n'y croient plus.
09:18 Alors d'abord ils ont acheté du Bitcoin,
09:20 mais c'est un certain type d'investisseurs, pas tous,
09:22 et puis maintenant,
09:24 je dirais peut-être une autre catégorie d'investisseurs,
09:26 parce que ce ne sont pas les mêmes,
09:27 ils achètent de l'or.
09:28 - Et des matières premières.
09:29 - Et des matières premières.
09:30 Et je dirais que le cuivre, c'est la suite de ça,
09:33 parce que finalement, quand il y a un débasement sur l'or,
09:36 il y a d'abord un débasement sur l'argent,
09:39 et puis après il y a un débasement sur le cuivre,
09:41 et à la fin il y aura un débasement sur toutes les matières premières.
09:44 Donc il y a un débasement monétaire
09:46 qui s'opère pour des raisons,
09:48 à la fois de crédibilité des banques centrales,
09:51 donc on a l'impression que les banques centrales
09:53 n'ont plus vraiment en ligne de mire l'inflation
09:55 qu'ils avaient finalement voulu ancrer en 2022,
09:58 ce n'est plus leur objectif principal.
10:01 - Les anticipations d'inflation dans le marché restent ancrées.
10:04 - À ce stade.
10:05 - À ce stade.
10:06 - Le 5 ans dans 5 ans américain, depuis 2022.
10:09 - On a vu quand même le break-even remonter récemment.
10:13 On voit aussi que finalement,
10:16 je dirais que les communications des banques centrales,
10:19 et ce n'est pas seulement moi qui le dis,
10:21 c'est énormément d'observateurs sont assez erratiques,
10:23 et entraînent de la confusion dans les marchés,
10:26 on le voit avec ces mouvements de 100 fois de base.
10:28 - Ils pivotent dans l'un sens, dans l'autre, etc.
10:30 - Voilà, et donc cela explique cette déconnexion
10:33 entre les taux et l'or,
10:35 le fait que finalement aujourd'hui,
10:37 il y ait un appétit pour des actifs alternatifs.
10:41 - Tangibles, réels.
10:42 - Réels, et cela ne vaut pas,
10:45 ça ne sert à rien d'avoir la fête en ligne de mire,
10:48 puisque finalement le dollar a plutôt tendance à monter,
10:51 et cela vaut pour toutes les devises mondiales,
10:54 et en particulier les devises du G10.
10:56 - Donc les matières premières, dans ce contexte,
10:59 deviennent un instrument de couverture,
11:01 vous dites aujourd'hui, pour des investisseurs
11:03 qui craignent de voir la valeur de la monnaie continuer de baisser.
11:06 - Et cela se voit en bourse,
11:08 parce que depuis un mois,
11:09 on a une rotation sectorielle qui est très intéressante,
11:12 puisque la domination des secteurs depuis un mois,
11:14 elle s'est complètement inversée.
11:16 On a les ressources de base qui font +10%,
11:18 le pétrole, les pétrolières +6%,
11:21 le marché -1%.
11:23 Donc cela illustre parfaitement cette rotation
11:25 qui est aujourd'hui en oeuvre,
11:27 qui n'est pas forcément catastrophique
11:29 pour les perspectives financières,
11:31 mais qui est une rotation vers d'autres thèmes,
11:34 et peut-être des thèmes de matières premières.
11:36 - Ressources de base et ALNDA,
11:38 ce qui était sur le premier trimestre,
11:39 les deux secteurs les plus en retard.
11:41 Donc ça montre bien la violence du mouvement
11:44 qu'on a eu de ce point de vue-là,
11:45 sectoriel, sur ces premières semaines du mois d'avril.
11:47 Merci beaucoup Jean-Jacques.
11:48 Merci pour votre éclairage sur cette question
11:50 des matières premières,
11:52 et de l'envolée, ou du réveil du complexe
11:54 des matières premières ces dernières semaines.
11:56 Jean-Jacques Cohanna, consultant indépendant,
11:58 avec nous, invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse.
12:00 (indicatif musical)
12:03 ♪ ♪ ♪

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