Le sol, royaume du vivant _ ARTE

  • il y a 5 mois
L’agriculture régénératrice a pour objectif de renforcer naturellement la qualité des sols et de restaurer la fertilité de terres épuisées. Doux rêve ou projet réaliste ? Ce documentaire suit les initiatives de deux agriculteurs hollandais passionnés et dévoile la vie foisonnante du sol.

En Hollande, Marc van Will et Folkert Botma cherchent à prouver que l’agriculture peut être à la fois régénératrice et productive. Pendant deux ans, Marc et son petit collectif de citadins ont travaillé une parcelle de terre appauvrie jusqu’à ce qu’elle soit entièrement revitalisée. Quant à Folkert, il dirige une exploitation agricole où les animaux enrichissent directement les sols de ses cultures en bandes. L’objectif : la mise en place d’un cercle vertueux où les hommes bénéficieront de récoltes abondantes et saines tout en transmettant aux générations futures des terres régénérées grâce à une étroite collaboration avec la nature et ses micro-organismes.

Perspectives

Parallèlement à cette immersion aux côtés des deux cultivateurs, des biologistes de l’évolution et des ingénieurs agronomes de l’université libre d’Amsterdam dévoilent l’avancée de leurs recherches sur le réseau mycorhizien, qui résulte d’une symbiose entre champignons et plantes. La capacité de stockage de carbone de ce réseau interpelle les scientifiques, notamment parce qu’elle pourrait jouer un rôle dans la concentration en nutriments des sols et des plantes. À une autre échelle, elle pourrait également contribuer à ralentir le réchauffement climatique. Au fil des saisons, des récoltes et des expériences scientifiques, ce documentaire, émaillé de prises de vues souterraines, avance autant de questions que d’éléments de réponses dans un contexte de crise agricole en Europe.
Transcript
00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
02:30Le sol sous nos pieds regorge de vie.
02:45Chaque organisme, aussi petit soit-il, a une mission à y accomplir, au sein d'un grand ensemble.
02:54La préservation des sols est essentielle pour maintenir toute forme de vie sur notre planète.
03:08Et c'est à nous, les humains, de soutenir ce processus, voire de le restaurer.
03:38Pour abîmer le sol le moins possible, nous l'avons d'abord recouvert de carton.
04:02Ça a très vite fait mourir l'herbe en dessous.
04:18On étale ensuite une couche de compost par-dessus.
04:24Ensemble, l'herbe morte, le carton et le compost ont créé une source d'alimentation plus que bienvenue pour favoriser la vie du sol.
04:54Musique
05:18Grâce à cette nourriture, les premiers organismes vivants n'ont pas tardé à apparaître.
05:48Musique
06:02Musique
06:25Au cours de cette première phase, les vers de terre jouent un rôle crucial.
06:34En creusant leur galerie, ils permettent aux racines des plantes de se développer.
06:39Et leurs excréments servent de nourriture à d'autres espèces encore plus petites.
07:04Musique
07:31Très vite, les lombriques ont décomposé ce qu'il restait de carton et ils ont mélangé le compost au sol argileux.
07:50Le cycle de la vie est un éternel recommencement. Manger ou être mangé.
08:11Nous travaillons ici en respectant les principes de l'agriculture régénératrice.
08:18Notre objectif est de restaurer et d'assainir les écosystèmes.
08:23Et pour ça, nous pratiquons la culture en bandes.
08:28Nos champs sont divisés en blocs de huit bandes placés côte à côte et qui mesurent chacune trois mètres de large.
08:36Cette alternance permet d'améliorer la qualité des sols et d'y stocker du CO2.
08:49Grâce à cette méthode, nous enrichissons non seulement la biodiversité en surface, mais aussi sous la terre.
08:56Quant aux produits récoltés, ils sont plus nutritifs et ont plus de goût.
09:19Sur notre exploitation, les vaches nous servent de tondeuses à gazon.
09:23En piétinant le sol, elles participent aussi à sa revitalisation.
09:28Du coup, pas besoin de désherber les parcelles manuellement.
09:32Nous n'avons pas non plus à nous débarrasser des matières organiques.
09:36On laisse les vaches faire tout le travail.
09:39Non seulement elles en profitent, mais elles produisent aussi du très bon fumier qui améliore la qualité de la terre.
09:46Nous sommes convaincus qu'on ne peut obtenir des plantes saines qu'en ayant un sol sain.
09:51Avec au final des aliments de qualité et des gens en bonne santé.
09:55Et la boucle est bouclée.
09:59On rêve d'avoir encore plus d'animaux à la ferme.
10:06Et bien sûr, ce serait fantastique de ne plus avoir à faire venir des camions de fumier.
10:12On a déjà entamé le processus en laissant certaines parcelles en jachère.
10:18De toute manière, je suis persuadé qu'on pourra restaurer les sols qu'en travaillant étroitement avec la nature.
10:48Pour composter nos déchets, nous avons fabriqué trois bacs différents.
11:19Comme ça ?
11:20Oui.
11:21On va faire ça d'abord.
11:25On a en fait besoin d'une main, non ?
11:28Oui.
11:29C'est bon.
11:37C'est bon.
12:00On s'intéresse depuis longtemps aux micro-organismes présents dans les engrais.
12:06Parce qu'ils renforcent considérablement les plantes.
12:10Grâce à eux, elles ne poussent pas plus vite, mais elles sont en meilleure santé.
12:16Les analyses ADN permettent d'évaluer le nombre de micro-organismes présents dans les engrais.
12:23Une cinquantaine d'agriculteurs nous ont fourni les échantillons de leurs bonnes et leurs mauvaises terres, parce que chaque exploitation est unique.
12:32Parmi eux, il y a des cultivateurs, des éleveurs, des agriculteurs bio, certains qui utilisent de l'engrais et d'autres non.
12:39Bref, l'éventail est très vaste, parce qu'on cherche à trouver les liens qui existent entre la qualité des sols et les substances qu'on utilise.
12:49La terre forme ici une belle structure, bien ronde.
12:53Les micro-organismes qui s'y trouvent agglomèrent les particules entre elles,
12:57et ça crée des cavités dans le sol par lesquelles l'air peut pénétrer et l'eau remonter à la surface.
13:07C'est un très bon sol.
13:09Maintenant, on va voir ce qu'il y a dedans.
13:13C'est un très bon sol, magnifique.
13:23Les premières plantes de notre potager ont commencé à fleurir, attirant déjà des papillons et de nombreux insectes.
13:29Quant aux lapins, nous les avons laissés gambader sur les plates-bandes,
13:33pour que leurs excréments nourrissent les organismes présents dans le sol.
13:38C'est un très bon sol, magnifique.
13:41Maintenant, nous les avons laissés gambader sur les plates-bandes,
13:45pour que leurs excréments nourrissent les organismes présents dans le sol.
14:07Peu à peu, la vie s'éveille dans la terre.
14:37La vie s'éveille dans la terre.
15:08Les champignons ne sont pas des plantes.
15:11Ils sont plus proches des animaux.
15:17Les champignons constituent un ensemble d'organismes extrêmement diversifiés,
15:22qui couvrent le moindre centimètre carré de notre planète.
15:26Ce qu'on voit à la surface, ce n'est qu'une fraction de ce qui se passe sous terre.
15:57Les systèmes symbiotiques sont fascinants.
16:00Pour vous les représenter, il faut imaginer un gigantesque réseau,
16:04constitué d'innombrables composantes,
16:07dont chacune a un rôle à jouer au sein de ce système.
16:10Grâce à une technologie de pointe,
16:13on arrive à étudier les champignons et leurs échanges en très haute résolution.
16:17Les champignons sont aussi des plantes.
16:20Les champignons sont aussi des plantes.
16:23J'aimerais maintenant vous montrer ce que Loreto a développé ici, dans notre institut.
16:28Il s'agit d'un robot utilisant l'imagerie à haute résolution
16:32pour cartographier un réseau sous différents angles
16:35et dans une qualité exceptionnelle sur une très longue période.
16:39Nous avons fini par obtenir des images très détaillées,
16:43et nous pouvons même isoler telle ou telle caractéristique
16:46si nous désirons l'analyser plus en profondeur.
16:49Ça ralentit.
16:52Ici, en très gros plan, on voit des tâches indistinctes.
16:56Nos recherches actuelles portent sur les échanges de nutriments
16:59entre les racines et les champignons.
17:02Nous savons que les racines sont capables de fournir du carbone aux champignons.
17:06Les champignons ne sont pas capables d'absorber le carbone par eux-mêmes.
17:09Voilà pourquoi ils ont besoin des racines.
17:12Ici, on voit que les champignons sont capables d'absorber du carbone.
17:17Ici, on peut voir dans quelle direction se déplacent les nutriments
17:21en fonction de tel ou tel paramètre.
17:32Il existe de nombreux types de réseaux fongiques souterrains.
17:35On les appelle aussi réseaux micorisiens.
17:38Ils sont en concurrence les uns avec les autres,
17:41tout comme les plantes sont en concurrence à la surface du sol.
17:45Ces réseaux ont ainsi instauré une sorte d'économie de marché
17:49où règne la loi de l'offre et de la demande.
17:52Et pour s'adapter à ce système,
17:54les champignons ont développé des stratégies absolument incroyables.
17:58Par exemple, ils sont capables de se constituer des réserves
18:01et de les stocker dans leurs réseaux jusqu'à ce qu'ils en obtiennent un meilleur prix
18:05et donc un meilleur résultat.
18:07Les champignons peuvent aussi détecter quelles plantes se trouvent au soleil
18:11et lesquelles se trouvent à l'ombre.
18:13Ils peuvent même coloniser la racine d'une plante
18:16et la forcer à partager ses nutriments.
18:20Les stratégies qu'ils ont développées sont très ingénieuses
18:23et leur permettent d'exercer une véritable influence sur ce marché des nutriments.
18:33La quantité de carbone stockée grâce aux réseaux micorisiens
18:37est tout bonnement stupéfiante.
18:40Et même si on additionne tout le CO2 capturé par toutes les plantes
18:43et les animaux de cette planète,
18:45on est très loin de la quantité de carbone accumulée sous terre.
18:4875% de l'ensemble du carbone terrestre est emmagasiné dans ces systèmes souterrains.
18:54Et la clé de ce stockage, ce sont bien sûr les champignons,
18:57car ils produisent une substance collante
19:00qui agglomère les différentes composantes du sol les unes aux autres.
19:05À l'heure actuelle, les scientifiques tentent encore de déterminer
19:08la quantité exacte de carbone libérée par les plantes dans les réseaux fongiques.
19:13Aux dernières nouvelles, les estimations indiquaient
19:15qu'environ 5 milliards de tonnes de CO2 étaient stockées
19:18chaque année sous terre grâce aux champignons,
19:21ce qui est énorme.
19:34Le début du mois d'octobre marque la fin de notre première saison de production.
19:50L'occasion d'organiser une petite fête des récoltes
19:53et d'améliorer la qualité de l'environnement.
19:56C'est l'occasion d'améliorer la qualité de l'environnement.
19:59C'est l'occasion d'améliorer la qualité de l'environnement.
20:02C'est l'occasion d'organiser une petite fête des récoltes
20:05et de profiter pleinement du fruit de notre travail.
20:24On continue la récolte.
20:33J'en sors un pour voir le résultat.
20:38La partie supérieure était totalement enfoncée dans la couche de compost.
20:42On voit que la plante s'est très bien développée en pénétrant dans le sol.
20:46Il vaut mieux laisser les racines faire leur travail
20:48et attendre encore un peu avant de les récolter.
20:51On voit que la plante s'est très bien développée en pénétrant dans le sol.
20:54Il vaut mieux laisser les racines faire leur travail
20:57et attendre encore un peu avant de les récolter.
21:00encore un peu avant de les récolter.
21:06Regarde ça !
21:08Ils sont bizarres, ces panais !
21:12Bon, on savait qu'il faudrait attendre plusieurs années
21:14avant que le sol se ramollisse.
21:18Qu'est-ce qu'on fait, on les ramène quand même ?
21:31Regarde !
21:35Qu'est-ce que tu nous as préparé de bon, Sébastien ?
21:37Alors on va commencer par une soupe que j'ai faite
21:39avec tous les légumes du jardin.
21:41Il y a deux types de potirons différents,
21:43des courgettes, des aubergines, du céleri rave,
21:45des pommes de terre, des oignons et de l'ail.
21:47Aucun ingrédient n'a été acheté au supermarché.
21:51Pareil pour la salade, tout vient du jardin.
21:56Et je vous ai aussi préparé un carpaccio de betterave
21:58avec une sauce au miel et à la moutarde.
22:01On commence par trinquer, non ?
22:02Bien sûr !
22:28Le tas de compost s'est réduit comme peau de chagrin.
22:58Les parcelles fraîchement récoltées seront bientôt à nouveau ensemencées.
23:03Et cette fois, pas pour notre propre production,
23:05mais pour dynamiser la vie du sol.
23:29Certaines de ces plantes possèdent des racines
23:32qui pénètrent profondément dans le sol argileux
23:35et favorisent ainsi son ameublissement.
23:38Ca et là, des nodules bactériens vont se former sur ces racines
23:42et transformer l'azote en une substance
23:44assimilable par les espèces végétales.
23:46pénètrent profondément dans le sol argileux et favorisent ainsi son ameublissement.
23:57Ça et là, des nodules bactériens vont se former sur ces racines et transformer l'azote en une
24:03substance assimilable par les espèces végétales. En contrepartie, les bactéries bénéficieront des
24:10nutriments de la plante et tout le monde sortira gagnant de cet échange.
24:40Au printemps, la terre se réchauffe à nouveau et permet au sol de reprendre vie.
24:53C'est le moment de fertiliser notre jardin.
25:10Ça sent très bon. Il y a même une petite odeur d'agrumes. Je vous assure que c'est
25:26un sentiment vraiment agréable. Laissez la terre se nourrir toute seule.
25:40Sous terre, le processus est le même que dans notre bac à compost. Les animaux les plus gros,
25:50comme les lombriques, les cloportes et les escargots, ne vont pas tarder à décomposer
25:54les restes de plantes. Et tout comme dans notre intestin, ces particules seront transformées
26:00en nutriments par une multitude de micro-organismes qui constituent la base de toute forme de vie.
28:40À l'arrivée des beaux jours, on voit le résultat de ce ballet où l'on se mange et où l'on est
28:53mangé. Les animaux du jardin se sont reproduits. Pour certains, la tâche a été relativement aisée.
29:02C'est le cas des vers de terre, des organismes hermaphrodites capables de féconder leurs
29:07propres oeufs et aussi ceux de leurs partenaires.
31:07Les arbres et les plantes qui poussent dans cette forêt sont tous liés à des micro-champignons qui
31:36eux-mêmes forment un immense réseau. Et nous pensons que ces champignons jouent un rôle
31:42essentiel pour toutes les plantes du sous-bois. Certaines espèces végétales, comme les fougères
31:49ou les petits arbustes, manquent de lumière parce que les plus grands arbres leur font de l'ombre.
31:53D'après nos recherches, ces plantes pourraient compenser le manque de lumière en absorbant le
32:01carbone des champignons mycorhiziens. Et ce CO2 est lui-même présent dans ce vaste réseau
32:08souterrain grâce aux grands arbres. Tous les organismes de cette forêt sont en concurrence
32:15pour trouver de la nourriture. Oui, ça se voit aux ramifications qui sont toutes blanches.
32:21On est en train de prélever les racines de ces plantes. Pour chaque échantillon,
32:29on note avec précision son lieu de provenance. Grâce à des analyses ADN,
32:34on pourra ensuite identifier chaque champignon présent sur ces racines.
32:38Sans les champignons, il n'y aurait pas de forêt ici. Les plantes seraient même incapables de se
32:52développer. Les champignons sont essentiels à la survie des arbres. Ils leur permettent non
32:57seulement d'absorber les nutriments, mais les maintiennent également en bonne santé. Ce
33:02phénomène est comparable aux microbiotes de l'organisme humain. Les champignons jouent
33:05donc un rôle extrêmement important pour la vitalité de cette forêt et son écosystème.
33:27On connaît encore mal le fonctionnement des réseaux mycorhiziens, mais on sait qu'ils sont
33:43très sensibles aux perturbations. Grâce aux champignons, les plantes sont capables d'absorber
33:47l'azote du sol. Mais quand l'azote est présent en trop grande quantité, les champignons ne sont
33:52plus d'aucune utilité aux plantes. C'est quelque chose qu'on a constaté sur les exploitations
33:58agricoles, où on ne retrouve aucun champignon mycorhizien. La quantité d'azote dans le sol
34:03est telle que les plantes peuvent se développer sans les champignons. Mais ils sont très importants
34:07pour la santé des espèces végétales, car ils les rendent moins vulnérables aux maladies.
34:11Ça pourrait expliquer la raréfaction de certaines plantes forestières, comme la parisette à quatre
34:19feuilles ou la némone des bois. L'apport d'azote dans le sol entraîne la disparition des champignons
34:26mycorhiziens, et donc des plantes sauvages. Il fait vraiment chaud. C'est un épisode caniculaire
34:45anormal aux Pays-Bas en cette saison. C'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui. Les villes deviennent
34:52de plus en plus chaudes et la terre se réchauffe. Il faut donc qu'on comprenne comment l'environnement
34:57s'adapte à ces conditions. En ville aussi, on trouve des champignons mycorhiziens. En aidant
35:06les plantes à se développer, les réseaux fongiques rafraîchissent naturellement les zones urbaines.
35:15Nous voulons comprendre quels champignons poussent en ville et comment les protéger.
35:20À Utrecht, environ 300 arrêts de bus sont équipés d'un toit végétalisé. Ces surfaces
35:30vivantes agissent comme des îlots pour les champignons. Pour se reproduire, ces organismes
35:35se propagent en effet par le biais de minuscules spores. Elles sont invisibles à l'œil nu, mais
35:40elles sont présentes partout autour de nous, et elles ont besoin de pouvoir se déposer quelque
35:44part. Malheureusement, il y a beaucoup trop de béton dans nos villes. On parcourt toute la
35:51ville pour analyser la biodiversité obtenue grâce aux champignons des toits végétalisés. D'abord,
35:58on renseigne les coordonnées GPS de chaque arrêt de bus pour déterminer son emplacement exact.
36:03Ensuite, on prélève soigneusement des échantillons du toit pour extraire l'ADN des champignons. Ça
36:11nous fournira par la suite une sorte d'empreinte digitale unique pour chacun d'eux. Et grâce à
36:18ces données, on saura mieux quels sont les champignons les plus utiles pour l'environnement.
36:22Comme tous les organismes vivants sur cette planète, les champignons sont soumis à la
36:32loi de l'évolution. Et il est fort probable qu'ils se développent différemment en ville,
36:38en forêt ou encore dans la jungle ou dans une prairie. Notre objectif est de mieux comprendre
36:44comment les champignons évoluent dans les zones urbaines. Est-ce qu'ils sont plus résistants à la
36:49sécheresse ? Est-ce qu'ils s'accommodent mieux des températures élevées ? Et surtout,
36:53est-ce qu'ils protègent les plantes de la pollution ? Si on se concentre sur les arrêts
37:01de bus, c'est parce que leurs toits ont tous été végétalisés au même moment et avec exactement
37:06la même variété de plantes. Notre étude nous permettra ainsi de comparer le développement des
37:12mêmes espèces végétales, mais dans différents quartiers. Ce qui est vraiment passionnant dans
37:17ce projet, c'est qu'on va aussi réaliser une maquette 3D d'Utrecht, en incluant tous les
37:22bâtiments de la ville et en respectant leurs proportions exactes. Comme ça, on pourra
37:28modéliser avec précision la manière dont les spores se propagent. Et on sera aussi plus à
37:35même d'analyser comment les spores se dispersent sur les 300 arrêts de bus de la ville. Mais ces
37:44échantillons prélevés à Utrecht font partie d'un projet bien plus vaste. Notre but est de
37:51mieux comprendre le rôle des réseaux mycorhiziens pour la biodiversité sur toute la planète. Les
37:59scientifiques ont déjà cartographié les océans et répertorié les espèces végétales du monde
38:04entier. Malheureusement, on ne dispose pas encore d'une cartographie des sols, et au vu des
38:09bouleversements mondiaux dus à la déforestation et à l'expansion de l'agriculture, ça devient
38:14vraiment urgent. On a tendance à considérer notre monde uniquement d'un point de vue visuel, mais le
38:23sol doit être appréhendé avec nos cinq sens. Lors de notre dernière expédition, on a collaboré avec
38:30un spécialiste du son pour documenter les bruits des sols. Et figurez-vous qu'ils produisent des
38:36sons extrêmement variés. En utilisant tous nos sens, c'est comme si on faisait passer le sol au
38:52premier plan. Et en opérant ce décentrage mental, le monde paraît complètement différent.
39:00Plus on passe de temps dans la nature, plus on se rend compte que rien ne se perd. Dans un
39:21processus de transformation permanent, la mort constitue même la base de toute forme de vie.
41:30Les protozoaires et les bactéries sont les plus petits organismes vivants sur notre planète. Les
41:44protozoaires sont des chasseurs unicellulaires qui se nourrissent de bactéries et qui maintiennent
41:49ainsi l'équilibre de l'écosystème des sols. Grâce à leurs déchets, ils mettent à disposition de
41:56l'azote et des nutriments pour les plantes. Plus il y a de protozoaires dans le sol,
42:02plus les espèces végétales pourront se développer en bonne santé.
42:27Il pleut, ça faisait un bail. C'est magnifique.
42:35Je suis curieux de connaître tes résultats. Ne t'inquiète pas, ils sont très bons et dépassent
42:46mes espérances. Ce que tu vois ici, c'est un mauvais sol. On y trouve environ 2000 espèces
42:53de protozoaires dispersées un peu partout. Dans les bons sols, il y en a beaucoup plus. Là,
42:59j'en ai dénombré 4135 pour être précis. Quand on pratique la culture en bande, comme toi,
43:06on peut même dépasser les 9000 espèces différentes de protozoaires. Ton sol est donc
43:11beaucoup plus riche, plus diversifié et tes récoltes sont meilleures. J'imagine que l'an
43:18dernier, tu n'as pas dû avoir beaucoup de problèmes. Non, on a eu de bons rendements et
43:22pratiquement aucune maladie. Regarde, on peut même observer le sol de plus près. En tout cas,
43:28la priorité, c'est de ne pas enlever les feuilles qui tombent par terre parce qu'elles nourrissent
43:32le sol et participent à sa diversité. Ça permet d'éviter les problèmes et même d'avoir recours
43:39aux pesticides. Et en faisant ça, les sols sont aussi de meilleure qualité.
43:48Dans notre petit jardin, nous cultivons nos aliments en étroite collaboration avec le
44:01vivant. Mais est-ce aussi possible à grande échelle ? Ces dernières années, la recherche
44:19de nouvelles méthodes de culture a poussé les agriculteurs à innover. C'est comme si
44:27on nageait dans un océan de betteraves. Je n'aurais pas dû me faire les ongles, je le savais.
44:36Je suis venu voir comment vous vous débrouillez. Vous faites ça très bien. Merci. Il y a pas mal
44:50de morgelines par ici. Oui, il y en a beaucoup. Tu as d'autres mauvaises herbes qui te posent
44:55problème ? Oui, le panique démarrait. Ah, je vois. Pourquoi est-ce que vous avez opté pour la
45:08culture en bande ? C'était une façon d'aller vers l'agriculture régénératrice. En augmentant
45:18la quantité de matières organiques, on capture davantage de dioxyde de carbone dans les sols.
45:26Prenons cette betterave par exemple. Elle contient elle aussi du CO2. Le carbone a été capturé dans
45:35la betterave. C'est ça. Et on va en laisser une partie dans le champ pour nourrir la terre.
45:46Ça, c'est pour la structure des sols. Et pour le travail du sol, comment vous vous y prenez ? Vous
45:52utilisez des techniques de labours particulières ? Je vais vous montrer. Ce qu'on fait, c'est qu'on
45:57travaille le sol sans le détruire. C'est-à-dire qu'on laboure de manière non-invasive, sans
46:02retourner le sol. On utilise une herse particulière qui ne déplace qu'une toute petite couche de
46:07terre, ce qui est suffisant pour les semences. Et tout ce qui est en dessous reste intact. Et le
46:13sol peut conserver sa structure ? Oui. Parce que vous laissez la terre en paix. Et les champignons
46:19aussi. A l'exception d'une fine couche de terre, l'ensemble du réseau souterrain est préservé ?
46:24Oui. C'est comme si on était des gardiens du sol. On ne le fait pas juste pour nous. La terre est
46:35ainsi protégée pour les dix à trente années à venir. Donc les générations futures en profiteront.
46:41Un petit bout de terre où on pourra continuer à vivre sainement.
46:46C'est à nouveau le mois d'octobre. Notre jardin fête aujourd'hui ses deux ans,
47:10et son sol se développe toujours à merveille. En surface aussi, nos efforts portent leur fruit.
47:23Nous sommes frappés de constater que les micro-organismes du sol correspondent à ceux
47:40qui sont présents dans notre intestin. Un sol sain donne des personnes en bonne santé.
47:48Voilà une bonne raison de se nourrir directement des fruits et des légumes qu'ils nous donnent.
47:55Druif, brame, flirbaisse.
48:04Que retenir de ces deux années de collaboration avec le sol ? Et bien que ce n'est pas si difficile
48:32que ça. Il faut apprendre à lâcher prise, puis vient le moment où on peut faire confiance au sol vivant.
48:40C'est plus qu'une tarte à crêpes, on peut l'en manger aussi.
48:47Oui, laissons-le suivre encore de nombreuses fois. Je sais, je pense que pour nous tous, la gratitude,
49:00c'est tellement magnifique. Il faut que tout s'accumule et qu'on puisse être ensemble,
49:11c'est super bien. Je vais servir la boisson.
52:11Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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