Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00 Bonjour Emery Jaquia, ravi de recevoir le patron de l'entreprise la plus aimée des Français ?
00:07 Sur son secteur !
00:09 Sur son secteur, mais quand même, formidable ça ! Expliquez-moi comment et pourquoi la Camif ?
00:16 La Camif, on en a fait une entreprise à mission qui défend un modèle de consommation responsable.
00:23 Je sais que les entreprises à mission, c'est quelque chose qui vous tient terriblement à cœur.
00:27 Mais je pense que c'est lié à l'attachement que les clients ont vers une marque qui existe depuis 1947.
00:32 Donc on a relancé en 2009, moi je l'ai relancé en 2009, sur un modèle assez atypique,
00:38 misé sur la qualité, sur le made in France, il n'y avait pas eu encore le ministre qui portait la barrière à l'époque,
00:44 et le développement durable.
00:46 On est dans l'équipement de la maison, un city commerce, on devient de plus en plus éditeur, on développe nos propres collections.
00:52 Quand vous dites city commerce, vous voulez dire quoi ?
00:54 On a un city commerce qui s'appelle camif.fr et on vend, toutes nos ventes passent par ce site.
01:00 Aujourd'hui on travaille avec 125 fabricants français qui représentent les trois quarts de notre chiffre d'affaires,
01:07 et qui dans l'équipement de la maison, du mobilier, du linge de maison, de la litterie, du mobilier de jardin,
01:15 on va pouvoir s'équiper pas loin de chez soi, fabriquer local, avec des produits de qualité qui vont durer dans le temps.
01:22 C'est parfois un peu plus cher que le made in très loin, mais on a de la qualité, on a des produits qui durent dans le temps.
01:29 C'est ça qui a fait le succès de l'Argentie.
01:31 Et le profil de votre clientèle, c'est les jeunes, c'est les gens installés ?
01:34 Historiquement, la camisse avait été créée par des instituteurs qui s'étaient regroupés après-guerre pour s'y rééquiper,
01:40 et aujourd'hui ça ne représente plus que 15-20% de notre clientèle.
01:45 Aujourd'hui, nos clients, c'est des gens entre 35 et 55 ans, on va dire le cœur de cible,
01:52 engagés à utiliser leur pouvoir d'achat pour donner du sens à leur achat,
01:57 qui veulent tout savoir, d'où ça vient, comment c'est fabriqué, dans quelles conditions, sociales, environnementales.
02:02 On n'est pas sur le premier prix, mais on a des clients qui font beaucoup plus d'arbitrage que la moyenne.
02:06 Ils n'ont pas forcément le dernier smartphone à la mode, parce qu'ils n'achètent pas pendant le Black Friday.
02:12 Ils sont beaucoup plus attention à ce qu'ils achètent, ils achètent plus d'occasion,
02:15 ça leur permet de libérer du pouvoir d'achat pour quand ils ont envie de se payer un bon lit,
02:19 parce que c'est important, on y passe un tiers de sa vie, ou un beau canapé,
02:23 on va mettre le prix, mais on va aussi mettre l'attention.
02:26 Je comprends, et quand vous dites ça avec passion, et on comprend très bien ça,
02:29 le nom ne correspond pas à ce que vous êtes, je me trompe ?
02:32 Oui, parce que les jeunes qui achètent chez nous aujourd'hui, ils ne connaissent pas la camisse d'avant.
02:38 Donc oui, la partie plus senior de la clientèle, ils ont vécu toute l'histoire,
02:43 notamment la faillite aussi en 2008, et la relance aussi sur un projet très atypique, très différent.
02:49 Et c'est vous qui avez tout ça le projet ?
02:50 Oui.
02:51 Bravo, parce que vraiment, il y avait de l'anticipation et c'est ce qui marche.
02:54 Et dans l'anticipation, vous faites quelque chose qui m'a coupé de pas ce cochet,
02:58 vous louez des chambres de bébés.
03:00 Oui, on a un très bon cas d'usage.
03:03 C'est très intelligent.
03:04 En fait, on fait des meubles qui sont conçus pour durer 50 ans,
03:07 mais au bout de 50 ans, le bébé a envie de sortir de son lit à barreaux.
03:11 Et donc là, on a un très bon cas d'usage avec des jeunes familles
03:14 qui ne savent pas si elles vont aujourd'hui avoir un premier enfant,
03:17 elles savent encore moins si elles vont avoir un deuxième,
03:19 qui peuvent tout simplement louer une chambre bébé, louer une chambre enfant, le temps que le bébé grandisse.
03:25 Mais louer, alors vous avez mis, parce qu'il y a tout un marketing,
03:26 parce que quand on a un bébé, il faut qu'il y a le père qui peint les barreaux de je ne sais pas quoi, ou la chambre.
03:33 Et donc vous arrivez à faire s'approprier la chambre du bébé.
03:38 Oui, parce qu'à partir de 29 euros par mois, on peut avoir accès à des produits de qualité,
03:42 fabriqués localement, 100% en France, pour la chambre vêtée.
03:45 Ils sont neufs, pour l'instant, on est vraiment au premier cycle.
03:49 On a lancé ça l'année dernière.
03:50 On verra dans 10 ans.
03:51 Mais on a justement conçu, éco-conçu les produits pour qu'ils soient faciles à démonter,
03:55 à réparer et à remettre pour leur donner un deuxième, un troisième, un quatrième cycle de vie.
04:00 Donc c'est un nouveau modèle, on appelle ça l'économie de la fonctionnalité,
04:03 qui effectivement est moins gourmand en ressources.
04:06 On a pu estimer, on a fait une étude d'impact.
04:10 L'analyse du cycle de vie du matelas et du lit Samuel, qu'on loue pour les bébés et pour les chambres enfants,
04:18 eh bien c'est 75% de CO2 évité en moins que le même lit s'il était acheté de manière conventionnelle
04:25 et fabriqué à l'autre bout de la planète.
04:26 Donc là, on a un modèle économique qui est à la fois intéressant pour le client et en même temps vertueux pour la planète.
04:33 C'est ce qu'on essaie de faire.
04:34 Très content d'entendre ça parce que les chefs d'entreprise sont beaucoup plus imaginatifs
04:38 que tout ce que le gouvernement essaie d'insuffler par des lois.
04:41 Parce que vous avez vu ça et c'est formidable.
04:44 Le lien direct avec l'entreprise à mission, c'est votre passion l'entreprise à mission.
04:48 Définissez-moi ça.
04:50 Une entreprise à mission, tout simplement, c'est une entreprise qui met au cœur de son modèle économique
04:54 une mission avec un impact positif sur des enjeux sociaux, sociétaux, environnementaux.
04:59 Et chacun va être amené à définir sa raison d'être.
05:02 Pourquoi l'entreprise existe ? A quoi elle sert ? En quoi elle est utile ?
05:06 A quoi on cherche à changer dans le monde au fond ?
05:10 Parce que l'entreprise est le plus puissant levier de transformation de la société.
05:14 Bien sûr, merci, répétez-le encore.
05:16 Il faut l'activer parce que oui, les citoyens peuvent, mais ne peuvent pas tout.
05:20 C'est le levier le plus important de transformation de la société.
05:24 Ce sont les entreprises qui sont le plus puissant levier de transformation de la société.
05:29 Donc l'enjeu aujourd'hui, c'est d'arriver à aligner et réconcilier les enjeux économiques
05:34 avec les enjeux sociaux et environnementaux.
05:36 Qu'est-ce qui soutient l'entreprise à mission ? Comment ça se développe ?
05:40 On a eu la chance d'avoir une loi, parce que nous, avec Camille, on a pu expérimenter très tôt
05:45 avec les chercheurs qui avaient imaginé ce modèle et théorisé autour d'un modèle
05:49 qui consiste à définir sa raison d'être, des objectifs singuliers sociaux et environnementaux,
05:54 mais de manière volontaire et qui sont inscrits dans les statuts.
05:57 Ce qui permet aussi d'avoir l'alignement des actionnaires
05:59 avec le fait que l'entreprise fera du profit parce qu'elle sera utile pour la société.
06:03 Merci beaucoup et à bientôt.
06:05 Merci.
06:07 [Musique]
06:10 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]