Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo
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00:00:00 - Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver en ce début de semaine.
00:00:04 Soir Info vous accompagne de 22h30 à minuit, sans interruption, vous en avez l'habitude,
00:00:08 avec Raphaël Stainville ce soir autour de la table.
00:00:10 Bonsoir, cher Raphaël, journaliste au JDD, Jean-Sébastien Ferjoué parmi nous pour la
00:00:15 direction d'Atlantico, bien sûr.
00:00:17 Bonsoir.
00:00:18 Bonsoir, Paul Melun.
00:00:19 - Bonsoir.
00:00:20 - J'ai plaisir de vous voir de temps en temps dans Soir Info.
00:00:21 Vous faites trop rare, cette petite pochette se fait trop rare.
00:00:24 Écrivain.
00:00:25 - J'aime me faire désirer.
00:00:26 - Mais c'est...
00:00:27 Mais vous l'êtes, vous l'êtes.
00:00:28 - Mais vous l'êtes, vous l'êtes, vous l'êtes.
00:00:29 - Carima Brick est de retour, ça fait plaisir également de la rédaction de C News.
00:00:32 Bonsoir Carima, bonsoir Yohann Usa du service politique.
00:00:35 Amaury Bucaud nous rejoindra dans quelques minutes pour nous parler notamment du contexte
00:00:40 de cette terrible affaire, vous le savez, à Grande-Synthe, autour du tragique décès
00:00:44 de Philippe.
00:00:45 On en saura plus sur le contexte de ce fameux site de rencontre qui est au cœur de l'enquête.
00:00:50 Amaury nous dira tout.
00:00:52 Avant d'évoquer ce sujet, des thèmes politiques qui vont nous emmener à Sciences Po où Jean-Luc
00:00:56 Marchand a tenu une conférence de presse ce soir, on la décryptera avec Yohann.
00:01:00 Mais avant, je voulais qu'on évoque ce contexte international qui est de plus en plus oppressant,
00:01:04 notamment dans les universités américaines, avec cette question.
00:01:07 Sont-elles le nouveau berceau de la haine des Juifs ? C'est vrai que ce qui se passe
00:01:11 depuis presque une semaine maintenant est assez vertigineux.
00:01:14 Une nouvelle faculté américaine pointée du doigt en pleine guerre menée par Israël
00:01:19 contre le Hamas.
00:01:20 Depuis mercredi dernier, l'université de Columbia à New York est secouée par des accusations
00:01:24 d'antisémitisme dans le cadre de mobilisations pro-palestiniennes d'étudiants sur son campus.
00:01:29 La controverse a suscité l'inquiétude de la Maison-Blanche.
00:01:31 Ça a même poussé le président Joe Biden à décider du harcèlement et des appels à
00:01:36 la violence contre les Juifs.
00:01:37 Notre correspondante sur place, Elisabeth Guedel, nous en dit plus.
00:01:40 L'ambiance est très tendue sur le campus de la prestigieuse université new-yorkaise.
00:01:45 Il y a quelques jours, la police était intervenue pour déloger des manifestants.
00:01:49 Mais ce week-end, les manifestations pro-palestiniennes ont tourné au harcèlement des étudiants
00:01:54 juifs, ont été la cible de propos antisémites très virulents, au point que l'un des rabbins
00:01:59 de l'université appelle les étudiants juifs de Columbia à rester chez eux, à ne pas
00:02:03 revenir sur le campus tant que leur sécurité n'est pas assurée.
00:02:08 Le maire de New York, Eric Adam, s'est dit horrifié et dégoûté par cet antisémitisme
00:02:14 ambiant à Columbia.
00:02:15 Même la Maison-Blanche a réagi dans un communiqué qualifiant d'inadmissible et de dangereux
00:02:20 les appels à la violence et les intimidations physiques visant les étudiants juifs.
00:02:25 Du côté de la direction de Columbia, on affirme faire tout pour assurer la sécurité
00:02:31 de tous les étudiants, y compris des 5000 étudiants juifs du campus.
00:02:36 La présidente de l'université s'était engagée à le faire lors de son audition
00:02:41 devant le Congrès la semaine dernière.
00:02:42 Eh bien aujourd'hui, certains parlementaires parlent d'échec et appellent à sa démission.
00:02:47 Les mots du président américain avant qu'on fasse un tour de table pour commenter tout
00:02:52 cela.
00:02:53 Joe Biden qui s'alerte donc ces derniers jours.
00:02:56 Nous avons été témoins du harcèlement, d'appels à la violence contre les juifs.
00:02:59 Cet antisémitisme flagrant est répréhensible et dangereux.
00:03:01 Il n'a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part dans notre pays.
00:03:06 Un mot du maire de New York également qui fustige ce qui se passe dans les campus.
00:03:12 « Je suis horrifié et dégoûté par l'antisémitisme qui est déversé à l'Université Columbia
00:03:16 et aux alentours. »
00:03:17 Jean-Sébastien Ferjou, la graine de l'antisémitisme est véritablement plantée dans le sol des
00:03:23 plus prestigieuses universités de la planète.
00:03:25 Oui, c'est vrai que c'est très étonnant.
00:03:27 C'est comme si finalement la volonté de ne pas être raciste, évidemment on ne peut
00:03:32 plus louable, excluer les juifs.
00:03:35 Parce que les universités américaines ont des codes de comportement qui sont très stricts.
00:03:39 Au moindre écart de langage, au moindre écart, y compris dans les enseignements, si vous
00:03:45 dites quelque chose ou si vous faites référence à quelque chose qui pourrait offenser quelqu'un,
00:03:51 eh bien c'est condamnable.
00:03:52 Ce qui est d'ailleurs éminemment discutable parce qu'on pourrait défendre un point de
00:03:55 vue, je ne parle pas évidemment de défendre du racisme ou des propos qui releveraient
00:03:59 de l'incitation à la haine raciale.
00:04:00 Mais sur le simple fait de se sentir offensé, au contraire, il me semble qu'on grandit en
00:04:04 acceptant d'être offensé, en acceptant d'être confronté à des idées différentes.
00:04:09 Ça va très très loin.
00:04:10 On voit des chaînes mêmes d'étudiants qui empêchent des juifs d'entrer dans le campus.
00:04:14 On a vu un professeur, lui aussi de confession juive, empêché d'entrer sur ce campus.
00:04:18 On a vu des professeurs juifs être obligés de démissionner d'un certain nombre de grandes
00:04:23 universités américaines.
00:04:24 C'est terrifiant.
00:04:25 Tant qu'ils n'avaient pas été protégés par les institutions auxquelles ils appartenaient.
00:04:30 Donc oui, c'est terrifiant.
00:04:31 Mais c'est pas juste terrifiant, c'est un côté malheureusement si grotesque.
00:04:35 Vous vous souvenez de ce sondage qui montrait qu'il y avait plus de deux tiers des étudiants
00:04:38 américains qui soutiennent la Palestine.
00:04:39 Qui ne savent pas ce que veut dire de la mer au Jordan.
00:04:41 Qui ne sont pas capables de citer la rivière et la mer, comme dans le slogan de la mer
00:04:47 au Jordan.
00:04:48 Il en est donc.
00:04:49 Le fleuve Jordan à la mer, exactement.
00:04:53 Karimah, vous qui connaissez peut-être un peu mieux que nous ici sur ce plateau, cette
00:04:56 société américaine, des universités où l'état de la société américaine, en fait,
00:05:02 plus largement nous nous sidère.
00:05:04 C'est assez particulier.
00:05:06 Je pense que vous avez fait une bonne entrée en matière, Jean-Sébastien.
00:05:09 En effet, quand on regarde les campus américains, ça fait quand même plusieurs mois.
00:05:12 Rappelez-vous, déjà il y a quelques mois, pendant les auditions, il y avait par exemple
00:05:17 l'ancienne présidente de Harvard qui n'était pas capable de dire clairement que d'en appeler
00:05:22 au génocide des juifs, est-ce que c'était finalement condamnable dans le règlement
00:05:26 des juifs?
00:05:27 Ça dépend du contexte.
00:05:28 C'était la fameuse réponse qui avait été répétée à l'envie.
00:05:29 Quelques temps plus tard, finalement, elle avait démissionné.
00:05:33 Mais ça vous donne une idée aussi de l'imprégnation dans les grandes universités américaines,
00:05:38 de l'élite aussi, je pourrais vous dire, américaine.
00:05:40 Par exemple, la star Judith Butler, qui est la star des recherches sur le genre, sur la
00:05:46 théorie du genre et tout ça, elle était venue notamment en France il y a quelques
00:05:50 semaines de ça.
00:05:51 À Pantin, elle avait parlé du Hamas comme faisant un acte de résistance aussi, ce qui
00:05:57 s'était passé le 7 octobre.
00:05:58 Elle était revenue un petit peu plus tard en essayant un peu d'amoindrir le propos,
00:06:02 en tentant de le nuancer.
00:06:03 Mais tout ça pour dire que oui, c'est ce qu'on constate dans les universités américaines.
00:06:07 Et moi, ce que je trouve effrayant, c'est que ça fait longtemps qu'on a, disons, laissé,
00:06:12 si vous voulez, ce n'est pas simplement de la critique, par exemple, des politiques
00:06:15 de M. Netanyahou.
00:06:16 On pourrait critiquer, ce n'est pas simplement de se préoccuper, bon, de la situation, de
00:06:21 ce qui se passe à Gaza.
00:06:22 On est littéralement dans la haine du juif et dans ces universités qui se disent justement
00:06:30 les champions pour ce qui est de la tolérance.
00:06:33 On parle aussi notamment de ces fameuses microagressions.
00:06:36 Vous avez parlé tout à l'heure, Jean-Sébastien Ferjou, de se sentir offensé.
00:06:39 Là-bas, on parle la moindre microagression, ça peut dégénérer en scandale.
00:06:44 Mais la haine du juif semble tolérée et ça, c'est parce que...
00:06:48 Et on voit que la société est littéralement en train, effectivement, de basculer là-bas.
00:06:51 Et ça va même au-delà du 7 octobre, puisque j'ai noté qu'en septembre déjà, donc avant
00:06:54 l'attaque du Hamas, une étude américaine montrait que trois étudiants juifs sur cinq
00:06:59 étaient confrontés à l'antisémitisme au sein des universités américaines.
00:07:02 Paul Melin, ça illustre globalement, là encore, parce que j'entre avec ce sujet pour
00:07:09 faire un espèce d'effet en tonnoir et arriver ici en France et nous dire peut-être que
00:07:14 ça illustre une fracture occidentale plus globale autour de ces questions-là.
00:07:19 Et peut-être que ça pourrait atteindre ce niveau ici en France.
00:07:22 Bien sûr, ça l'atteindra à n'en pas douter.
00:07:24 Souvent, regarder les États-Unis, c'est regarder la France demain.
00:07:28 Pour ce qui est de l'antisémitisme à l'université, ce qui est très intéressant, c'est d'observer
00:07:32 la généalogie.
00:07:33 D'où vient cet antisémitisme chez ses étudiants et chez ses universitaires et dans cette élite
00:07:38 démocrate aux États-Unis d'Amérique, une partie de cette élite démocrate en tout
00:07:41 cas, puisque Joe Biden désapprouve ce qui se passe, bien sûr.
00:07:43 D'où ça vient ? Ça vient de l'intersectionnalité des luttes.
00:07:46 Ça vient du wokisme, ça vient de l'idée selon laquelle le juif est une sorte de blanc
00:07:51 empire.
00:07:52 Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que les wokistes et les islamistes avancent main dans
00:07:55 la main ?
00:07:56 Le juif, pour ces gens-là, est l'incarnation suprême de la puissance occidentale.
00:07:59 L'esprit juif, c'est l'ennemi à abattre pour ces gens-là.
00:08:02 Et le musulman est l'oppressé par excellence.
00:08:06 Par conséquent, la situation géopolitique et la situation internationale offrent aux
00:08:11 étudiants un peu décérébrés et gauchistes de ces universités le combat entre les forces
00:08:16 du bien et les forces du mal.
00:08:17 Les forces du mal étant incarnées par le peuple juif et par Israël et les forces
00:08:22 du bien par les Palestiniens, voire par le Hamas.
00:08:25 Donc si vous voulez, on va bien au-delà d'un simple combat pro-palestinien.
00:08:28 Moi-même, j'ai une profonde empathie et une profonde compassion pour les victimes
00:08:32 civiles qui meurent à Gaza.
00:08:34 C'est une évidence.
00:08:35 Mais par contre, le soutien au Hamas, au lutte aux Palestiniens, à l'armée, ce sont les
00:08:41 dérives que l'on dénonce.
00:08:42 Et ce qui est très intéressant, c'est d'observer comment, effectivement, vous l'avez dit en
00:08:46 introduction, le mariage sulfureux entre le gauchisme et la passion débridée pour l'islam
00:08:51 politique, c'est un fait extrêmement nouveau et inédit au XXIe siècle et plutôt très
00:08:56 préoccupant.
00:08:57 Allez, encore deux mots avant qu'on s'intéresse à ce qui s'est passé plus près de chez
00:08:59 nous à Sciences Po ce soir.
00:09:00 Yoann Uzaï et Raphaël Stainville.
00:09:02 Je pense qu'une partie de l'antisémitisme s'explique aussi parce que certains décérébrés,
00:09:09 en réalité, ne comprennent pas réellement.
00:09:11 Ce sont des étudiants universitaires.
00:09:12 Oui, justement.
00:09:13 Je veux bien qu'ils soient décérébrés.
00:09:14 Je ne fais pas référence à eux, précisément.
00:09:16 Mais je pense qu'il y a une partie de décérébrés qui considère qu'en ce moment, c'est un
00:09:19 peu à la mode de prendre parti pour les Palestiniens et de détester les Juifs.
00:09:23 Mais comment on explique la détestation des Juifs dans des milieux aussi intellectuels
00:09:26 et élitists ?
00:09:27 Mais là, en l'occurrence, Colombia, ce n'est pas n'importe quelle université.
00:09:30 C'est précisément une université qui va aussi former les élites de demain.
00:09:33 Et c'est précisément ce qui est également inquiétant parce que ce sont des gens qui
00:09:37 demain seront probablement à des postes clés et donc nous aurons peut-être des antisémites
00:09:42 notoires qui, demain, seront à la direction de grandes entreprises, etc., comme effectivement
00:09:48 des étudiants de Sciences Po.
00:09:50 Donc, vous disiez, ça arrivera demain en France.
00:09:53 Alors, effectivement, il n'y a pas d'aide d'étudiants pour empêcher les élèves juifs
00:09:58 de rentrer.
00:09:59 Mais néanmoins, je crois qu'un sondage que nous citions récemment sur ce plateau laissait
00:10:03 entendre que 80 à 90 % des étudiants juifs avaient subi de près ou de loin l'antisémitisme.
00:10:08 C'est que ça va de l'insulte à l'agression physique, mais quand même, entre 8 et 9 étudiants
00:10:12 sur 10 ont eu affaire dans leur parcours scolaire à l'antisémitisme.
00:10:16 Donc, ce que nous voyons aux États-Unis, c'est quand même déjà un peu là en France.
00:10:20 Dernier mot, Raphaël Stainville ?
00:10:21 Oui, pour poursuivre ce qui a été dit.
00:10:23 Moi, je pense que vraiment, parce que justement les États-Unis sont un peu précurseurs en
00:10:29 la matière, on voit que cette radicalité qui commence avec le wauquisme et l'alliance
00:10:35 du wauquisme et de l'islamisme politique fait les images que nous sommes amenés à
00:10:43 commenter avec un antisémitisme débridé et qui a été très justement expliqué par
00:10:48 Paul Mollin parce que le juif incarne pour ses étudiants et je dirais même cette élite
00:10:55 américaine parce que, ça a été rappelé tout à l'heure, mais la présidente d'Harvard,
00:11:00 celle du MIT, celle de Pennsylvania, était toute incapable de condamner le génocide
00:11:08 qui était des pogroms du 7 octobre.
00:11:11 Donc, cette alliance conduit à cette dégénérescence auquel nous assistons.
00:11:16 Et une inversion des valeurs absolues.
00:11:18 On ne vous montre pas ces séquences parce qu'elles sont filmées par des particuliers
00:11:21 et qu'on n'a pas les droits pour les montrer.
00:11:23 Vous avez vraiment ces hordes de militants qui sont là, qui hurlent, qui crient leur
00:11:29 haine d'Israël et puis ces professeurs, notamment ce professeur Agar, qui dit qu'il
00:11:34 est prof, qu'il ne peut pas rentrer et la direction et les forces de sécurité l'empêchent
00:11:38 de rentrer.
00:11:39 Alors peut-être pour le protéger lui-même, mais symboliquement, c'est terrible de voir
00:11:43 que l'homme ne peut pas entrer alors que ses militants sont là et font la loi sur
00:11:45 le campus.
00:11:46 Vraiment, dix secondes parce qu'il faut qu'on avance, Jean-Sébastien.
00:11:48 On a vu d'ailleurs une vidéo très rapidement d'un étudiant trans déguisé ou habillé
00:11:53 en drag queen soutenant le Hamas.
00:11:56 Ce qui est quand même assez ridicule si on imagine le destin qui serait le sien à Gaza.
00:12:00 Mais juste d'un mot par ailleurs sur ce que vous disiez, comment est-ce que c'est
00:12:06 possible dans des milieux éduqués ? Mais regardez ce qui s'est passé dans l'Allemagne
00:12:10 nazie, des universités, des philosophes.
00:12:11 Oui, 80 ans ont passé, je me dis que bon.
00:12:13 Il paraît qu'on apprend des leçons de l'histoire.
00:12:16 Mais bon, répète, comme un cliché que l'éducation est un moyen de se préserver
00:12:19 contre le racisme et l'antisémitisme, malheureusement, c'est faux.
00:12:22 Et dernier point, malgré tout, ce n'est pas qu'il y a évidemment la dimension qui
00:12:27 a été décrite par Paul Melin, mais il y a aussi ce que les sciences politiques décrivent
00:12:31 comme les croyances de luxe.
00:12:32 C'est-à-dire que c'est devenu un signe de distinction sociale.
00:12:34 Et Karima est familière de ça parce qu'en Amérique du Nord, c'est devenu une réalité.
00:12:40 Il y a des gens qui affichent en bandoulière, avant ils auraient acheté un sac de marque,
00:12:44 maintenant ils affichent en bandoulière leur conviction woke ou leur conviction décoloniale,
00:12:49 leur conviction intersectionnelle.
00:12:50 C'est devenu, et c'est pour ça que c'est malheureux, parce qu'il y a un niveau profond
00:12:54 qui est celui que vous décriviez et il y a un niveau finalement beaucoup plus superficiel
00:12:58 et qui relève en réalité juste du narcissisme contemporain.
00:13:01 Et en parallèle, retour à Paris où Jean-Luc Mélenchon tenait ce soir une conférence
00:13:06 à Sciences Po Paris, la très prestigieuse école, institut politique, quelques jours
00:13:10 après l'interdiction, vous le savez, d'une conférence qui devait avoir lieu à l'université
00:13:14 de Lille.
00:13:15 Johan, vous avez écouté l'intégralité de cette conférence et vous allez nous en réserver
00:13:19 les meilleurs extraits, n'est-ce pas ? D'abord, je voudrais qu'on voit cette séquence parce
00:13:22 que ça a été tendu.
00:13:23 Vous aviez évidemment des soutiens pro-palestiniens, des soutiens d'ultra-gauche.
00:13:27 A Jean-Luc Mélenchon qui était devant Sciences Po, accueilli notamment par des étudiants
00:13:31 du collectif Nemesis ou encore du syndicat Uni.
00:13:34 Regardez ce que ça a donné.
00:13:35 Le monde déteste Mélenchon et tout !
00:13:55 Voilà, la stratégie du chaos mise en pratique devant les locaux de Sciences Po.
00:14:00 Qu'est-ce qu'on retient dans les faits cette conférence à l'intérieur de cet amphithéâtre
00:14:07 principal de Sciences Po autour de Jean-Luc Mélenchon ?
00:14:10 Déjà, après la double annulation d'une conférence la semaine dernière à Lille,
00:14:13 c'est vrai que le leader de la France insoumise s'est exprimé ce soir à Sciences Po.
00:14:16 Alors, malgré effectivement quelques contestataires à l'arrivée de Jean-Luc Mélenchon, on peut
00:14:21 quand même dire que le leader de la France insoumise jouait quelque part un peu à domicile.
00:14:25 Regardez ce premier extrait.
00:14:32 Voilà, bravo Rima, Sciences Po est avec toi.
00:14:50 Voilà, parce qu'on comprenait mal.
00:14:51 Rima Hassan, convoquée par la police pour s'expliquer dans le cadre d'une enquête
00:14:55 pour apologie de terrorisme.
00:14:58 La même Rima Hassan qui expliquait que l'action du Hamas était une action légitime.
00:15:02 Jean-Luc Mélenchon, tout de même contesté, on l'a vu à son arrivée.
00:15:05 Preuve que Sciences Po n'est pas encore totalement et entièrement gangrénée par l'idéologie
00:15:09 d'extrême gauche.
00:15:10 Jean-Luc Mélenchon, qui est de plus en plus présent dans la campagne des élections européennes,
00:15:14 il veut tenter de trouver une dynamique alors que les sondages pour la France insoumise
00:15:17 sont particulièrement mauvais.
00:15:19 Laurent Nunez, le préfet de police, avait décidé de ne pas s'opposer à cette conférence
00:15:23 mais avait prévu un dispositif policier d'ampleur.
00:15:26 Jean-Luc Mélenchon a donc pris une nouvelle fois la défense de Rima Hassan et de plusieurs
00:15:30 autres insoumis qui, à en croire le leader de la France insoumise, pourraient également
00:15:35 être convoqués dans les prochaines semaines.
00:15:37 Il paraît qu'il y a toute une liste de gens qui seraient poursuivis pour apologie
00:15:42 du terrorisme.
00:15:43 Et voilà maintenant une incrimination qui n'a pas le début du commencement de la moindre
00:15:50 démonstration qui vaut à Rima Hassan d'être convoquée.
00:15:54 Les insoumis qui découvrent donc à Uri qu'ils sont en fait soumis aux mêmes lois et aux
00:15:58 mêmes règles que l'ensemble des Français.
00:16:00 Quand on est suspecté d'apologie du terrorisme, il est normal de répondre aux questions des
00:16:04 enquêteurs avant d'éventuellement répondre à celles de la justice.
00:16:08 Jean-Luc Mélenchon qui ce soir a répondu à une accusation qui le vise notamment depuis
00:16:12 2019 et sa participation à la marche contre l'islamophobie, une marche aux côtés des
00:16:17 islamistes et participants portant tout honte bu un croissant jaune en référence à l'étoile
00:16:22 jaune que devaient arborer les juifs durant les années 40.
00:16:25 Cette accusation, c'est celle du clientélisme électoral.
00:16:28 Il y répond donc.
00:16:29 Vous avez vu sur la pancarte dehors, Mélenchon clientéliste.
00:16:33 J'ai déjà dit cent fois quand vous parlez comme ça, vous parlez comme des racistes.
00:16:37 Parce que je sais ce que vous voulez dire.
00:16:39 Vous voulez dire que je vais chercher les voix des quartiers populaires.
00:16:42 Deux points, oui.
00:16:43 Oui, nous voulons que les milieux populaires s'auto-organisent et soient en état d'insoumission
00:16:48 à l'égard des règles de la société.
00:16:50 Donc nous on fait le travail pendant que vous vous bavardez sur le peuple ou vous l'insultez.
00:16:54 Et vous me dites les cités populaires pour une raison bien précise.
00:16:57 C'est parce que vous n'osez pas dire ni assumer votre islamophobie fondamentale.
00:17:02 C'est-à-dire que vous pensez qu'un quartier populaire égale musulman, musulman égale antisémite.
00:17:07 Ça prouve que vous ne connaissez rien à l'islam.
00:17:09 Ce qui ne nous étonne pas.
00:17:10 Et ce qui ne m'étonne pas, monsieur Mélenchon, c'est que l'antisémitisme est bien plus présent
00:17:14 dans certains quartiers, dans certaines banlieues françaises que dans la plupart des centres-villes ou des campagnes.
00:17:19 Et c'est bien cet électorat-là que vous tentez d'aller chercher avec des propos tous plus ignobles les uns que les autres.
00:17:25 Merci beaucoup, Yohann Uzzah.
00:17:27 Paul Mellan, est-ce que Sciences Po, dans un premier temps, sur la forme, est un lieu,
00:17:32 est-ce que les universités en général, puisqu'il fait un peu la tournée des universités,
00:17:36 Jean-Luc Mélenchon, sont faites pour accueillir des responsables politiques
00:17:39 et des meetings en pleine campagne pour les européennes ?
00:17:41 À votre question, je réponds oui, sans hésiter.
00:17:44 C'est-à-dire que je pense que les universités…
00:17:45 Vous avez entendu le bout de ma question ?
00:17:46 Oui.
00:17:47 En pleine campagne ?
00:17:47 J'ai tout entendu.
00:17:48 En pleine campagne ?
00:17:49 J'ai tout entendu et je maintiens, je dis oui.
00:17:50 Vous faites campagne dans les universités ?
00:17:51 Mais ça ne me choque pas.
00:17:52 Mais pour tous les candidats.
00:17:54 C'est-à-dire que si demain, la même conférence se tient avec Éric Zemmour ou avec Jordan Bardella
00:18:00 ou avec le chef du Parti communiste français ou Léon Defontaine, leur tête de liste, je serai d'accord.
00:18:05 Ça ne voudra pas dire que je serai d'accord avec les propos qui sont tenus naturellement,
00:18:09 mais je suis d'accord avec le principe de la liberté d'expression
00:18:12 et je faisais partie de ceux qui se désolaient de l'interdiction de la conférence de Jean-Luc Mélenchon
00:18:16 avec Rima Hassan à Lille, même si je considère que les propos de Jean-Luc Mélenchon
00:18:20 et de sa candidate Hassan sont particulièrement audieux depuis un certain nombre de semaines.
00:18:24 Alors justement, pourquoi est-ce qu'à Lille, il n'a pas le droit de s'exprimer et à Sciences Po, il le peut ?
00:18:28 Ça serait bien qu'on harmonise un peu parce qu'on n'y comprend rien.
00:18:30 Là, je suis d'accord.
00:18:31 Pour moi, c'est tout ou rien.
00:18:32 En revanche, pour ce qui est de Sciences Po, ce qui est intéressant dans l'analyse,
00:18:34 c'est de dire que là, Jean-Luc Mélenchon, il joue à domicile.
00:18:37 C'est-à-dire qu'à Sciences Po, et ce n'est pas nouveau,
00:18:39 votre serviteur, moi, quand j'étais à Sciences Po, Bordeaux, mais pas à Paris,
00:18:42 il y a quelques années maintenant, pas très longtemps,
00:18:44 on avait fait des simulations d'élections et à l'époque, Jean-Luc Mélenchon était déjà candidat
00:18:48 et il raflait 60-70% des votes quand on faisait des simulations.
00:18:50 Donc si vous voulez, les instituts d'études politiques comme les universités de sciences humaines
00:18:55 sont acquises et ultra acquises aux thèses WOC et à l'islamo-gauchisme.
00:18:59 Ce n'est pas un scoop, c'est visible absolument partout et il est vrai,
00:19:02 ne soyons pas hypocrite et ne pratiquons pas la langue de bois ce soir,
00:19:06 que si vous êtes un leader de gauche, voire d'extrême gauche,
00:19:08 dans une université française, vous avez table ouverte.
00:19:11 Alors que si vous êtes, on va dire, à la droite de Fabien Roussel, vous êtes un fasciste.
00:19:16 Donc on se souvient de François Hollande qui s'était fait déchirer ses livres à l'université de Lille.
00:19:20 - Et toi, ce sera à la droite de François Ruffin.
00:19:22 - Voilà, moi, je pense que tout ce clivage va encore se gauchiser
00:19:26 et que bientôt, quand on sera à la droite de Mme Hassan,
00:19:30 c'est-à-dire qu'on ne sera pas un antisémite,
00:19:32 on aura table fermée dans les instituts d'études politiques.
00:19:34 Je pense que c'est assez problématique.
00:19:35 - Regardez ce que disait aujourd'hui l'anthropologue Clorence Bergeau-Blackleur
00:19:39 qui est souvent sur ses plateaux.
00:19:41 "Je suis docteur en anthropologie, universitaire HDRC-NRS
00:19:44 et je ne suis pas la bienvenue à Sciences Po Paris.
00:19:46 En revanche, le leader d'un parti politique de surcroît antisémite et pro-islamiste
00:19:49 peut y organiser une conférence.
00:19:52 Est-ce normal ? Demande-t-elle notamment au Premier ministre,
00:19:55 Jean-Gabriel Attal, Jean-Sébastien."
00:19:57 - Oui, moi, je suis absolument d'accord avec ce qu'a dit Paul Melin.
00:20:01 La liberté d'expression vaut pour tout le monde.
00:20:03 Et la liberté d'expression, c'est d'accepter,
00:20:05 et on le disait tout à l'heure, d'être choqué,
00:20:06 d'être heurté par des opinions qui nous déplaisent.
00:20:09 Et c'est comme ça qu'on grandit.
00:20:10 C'est comme ça qu'on peut se forger ses propres opinions.
00:20:14 Donc après, juste sur la différence entre Lille et Sciences Po,
00:20:16 je pense que ce qui joue, c'est la trouble.
00:20:17 - Quelle est la différence ?
00:20:18 - C'est une question juridique, c'est la trouble à l'ordre public.
00:20:21 Ce n'est pas une question de principe.
00:20:22 Il n'y a pas plus de raisons d'accueillir Jean-Luc Mélenchon à Sciences Po à Paris
00:20:26 qu'il n'y en avait à Lille.
00:20:27 - Sauf qu'à Lille, on a tous eu le sentiment
00:20:29 que le trouble à l'ordre public était un petit peu un prétexte.
00:20:31 En l'occurrence, il y a eu des échos fourrés devant Sciences Po.
00:20:34 Il y a eu des échos fourrés devant Sciences Po.
00:20:35 On les a vus, donc...
00:20:37 - Non, mais certainement, mais c'était l'argument avancé par la préfecture de police.
00:20:41 Moi, je pense qu'encore une fois, tous ces meetings-là devraient avoir lieu.
00:20:44 Après, moi, ce qui me choque dans le discours de Jean-Luc Mélenchon,
00:20:46 c'est quand il parle d'islamophobie.
00:20:48 Ce terme-là est un terme empoisonné.
00:20:51 Nous avons été d'une lâcheté effroyable en acceptant qu'il s'installe en France.
00:20:55 Il ne désigne pas la haine des musulmans.
00:20:58 L'islamophobie, ça désigne des gens qui seraient allergiques à l'islam,
00:21:02 l'islam en tant que croyance, en tant que corpus idéologique,
00:21:05 en tant que vision du monde.
00:21:08 On a le droit de critiquer l'islam ou le Coran
00:21:10 comme on a le droit de critiquer le judaïsme ou la Torah
00:21:13 ou la Bible christianiste, le communiste, le libéraliste.
00:21:14 - C'est une défiance théorique.
00:21:16 - Exactement.
00:21:17 En revanche, on doit respecter les musulmans
00:21:20 comme n'importe quelle autre personne dans ce pays,
00:21:22 en raison...
00:21:23 Personne ne doit être discriminé ni violenté en raison de ses origines.
00:21:29 Et cette confusion qu'ils exercent,
00:21:30 c'est exactement ce qu'ont voulu les islamistes.
00:21:33 Les islamistes ont tout fait pour que ce mot d'islamophobie s'impose en France
00:21:37 parce qu'eux, ce qu'ils veulent, c'est qu'on ne puisse pas critiquer l'islam.
00:21:40 Mais moi, je ne vous dis pas que...
00:21:41 - In fine, vous n'avez plus d'échange, plus de débat et ça devient un vilage.
00:21:44 - Un besoin est perdu de critiquer l'islam.
00:21:45 Ce n'est pas la question, c'est simplement la liberté d'expression
00:21:47 dans une démocratie.
00:21:49 Et il y a autre chose qu'ils refusent,
00:21:50 c'est le fait d'accepter que la démocratie, c'est l'air du relatif.
00:21:54 Il n'y a pas de vérité en démocratie.
00:21:55 On a construit la démocratie quand on a sorti la vérité du champ du politique.
00:21:59 Sinon, c'est la guerre civile.
00:22:00 Parce que sinon, c'est votre vérité contre la mienne.
00:22:02 Il n'y a que la force qui peut nous départager.
00:22:06 Donc, on a inventé une autre règle qui s'appelle la loi de la majorité.
00:22:09 Alors oui, sa force, c'est une forme de relativisme,
00:22:12 sauf quand ça s'accompagne de valeurs universalistes.
00:22:15 Je voudrais que vous entendiez avant qu'on poursuit la discussion,
00:22:17 ce syndicaliste étudiant pour le syndicat Uni.
00:22:19 Il arrive. Il a été bloqué devant Sciences Po.
00:22:25 Parce que la France insoumise et d'extrême gauche
00:22:28 est le seul parti à pouvoir faire campagne au sein des universités.
00:22:32 Jamais on ne pourrait voir n'importe quel autre parti,
00:22:35 que ce soit Renaissance, Les Républicains, Reconquête
00:22:37 ou le Rassemblement national, venir faire le tour des facs,
00:22:40 comme la France insoumise le fait actuellement,
00:22:43 pour y faire des meetings pour les élections européennes.
00:22:45 Aujourd'hui, ils utilisent nos universités,
00:22:48 donc des universités qui sont payées par le contribuable,
00:22:51 pour faire campagne pour les élections européennes.
00:22:54 Et ça, c'est quelque chose qui est absolument scandaleux.
00:22:55 Je ne pense pas que l'université soit un lieu de meeting politique.
00:22:58 Les universités, on y est pour s'instruire,
00:23:01 on y est pour apprendre,
00:23:02 on n'y est absolument pas pour voir défiler les partis les uns après les autres,
00:23:06 en l'occurrence, il n'y a qu'un seul parti
00:23:07 pour y faire des meetings pour les élections européennes.
00:23:10 L'université, le temple du savoir, dit-il,
00:23:12 pas forcément du militantisme, Raphaël Stainville et Karim Abrik.
00:23:15 Je ne suis pas totalement opposé à ce qu'il dit,
00:23:18 et c'est peut-être la nuance que j'aurai avec Paul et Jean-Sébastien.
00:23:20 C'est-à-dire que je conçois que les universités puissent accueillir des politiques,
00:23:25 et ça s'est fait pendant des années, pour des débats intellectuels,
00:23:29 des confrontations, des disputations, tout ce que vous voulez.
00:23:31 On a vu aussi ces derniers temps,
00:23:33 de plus en plus d'intellectuels ou de politiques,
00:23:35 en fonction de leur appartenance,
00:23:36 interdit de pouvoir ne serait-ce que donner une conférence.
00:23:40 Là, ce qui distingue justement ce genre de débat de ce que l'on voit,
00:23:46 ce sont des meetings politiques en campagne électorale,
00:23:50 avec finalement...
00:23:51 - C'est les sciences de recrutement.
00:23:52 - Non, mais ce n'est pas seulement ça.
00:23:54 C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon, Louis Boyard,
00:23:57 on l'a vu pendant des mois, aller d'université en université,
00:24:01 à essayer de faire en sorte que ces étudiants votent pour la France insoumise.
00:24:07 Du sein de l'Université, je peux le comprendre.
00:24:09 Mais ce qui est vraiment délicat, c'est qu'en période électorale,
00:24:12 il bénéficie finalement d'une assistance gratuite
00:24:15 grâce à ces amphithéâtres mis à disposition dans les universités.
00:24:19 Alors même...
00:24:20 - Même Emmanuel Macron sera à la Sorbonne.
00:24:22 - Oui, mais ce n'est pas tout à fait le même cadre.
00:24:26 - Je pense que ça s'inscrit dans la campagne électorale.
00:24:30 - Vous avez raison.
00:24:31 - C'est quoi le thème officiel du discours de Emmanuel Macron ?
00:24:34 - Il avait prononcé un premier discours à la Sorbonne sur l'Europe.
00:24:38 - C'est son discours.
00:24:39 - Sorbonne, l'Europe.
00:24:40 - Carima Brick, dernier mot là-dessus.
00:24:41 - Non, moi, ça ne me gêne pas qu'il y ait des politiques
00:24:44 qui se rendent dans les universités.
00:24:45 Je crois aux débats d'idées, mais ce que je dénonce...
00:24:48 - Ce sont des lieux où la tolérance...
00:24:50 - Mais justement...
00:24:51 - Les esprits critiques doivent être enseignés.
00:24:54 - Oui, c'est ça.
00:24:55 Sauf qu'en ce moment, c'est le deux poids, deux mesures.
00:24:58 J'ai l'impression qu'on aurait besoin de faire un petit ménage
00:25:00 aussi dans les universités parce que parfois, on a l'impression que oui,
00:25:02 on déroule le tapis rouge à l'extrême gauche.
00:25:06 On n'est pas capable de se confronter à d'autres idées.
00:25:11 Et on agit finalement un peu comme des cheerleaders,
00:25:14 vous savez, de certains partis politiques,
00:25:16 notamment de la gauche radicale.
00:25:18 Je trouve ça assez déplorable.
00:25:19 Cela étant dit, moi, je suis pour une liberté d'expression maximale,
00:25:23 bien sûr, à l'intérieur de la loi.
00:25:26 Il n'y a pas question vraiment d'aller vers la haine
00:25:29 ou l'incitation de quoi que ce soit.
00:25:30 Donc oui, pour cette liberté d'expression maximum.
00:25:32 Mais je pense aussi pour les étudiants eux-mêmes,
00:25:35 je vous dirais, cette capacité de se confronter,
00:25:38 de s'ouvrir un petit peu à différents points de vue,
00:25:41 c'est vraiment en chute libre.
00:25:42 En fait, aujourd'hui, on a l'impression qu'on n'est pas capable
00:25:44 de s'ouvrir à tout ça.
00:25:45 Et ce que je déplore...
00:25:46 - Ces gens-là vont occuper les postes clés
00:25:49 des différentes administrations dans une dizaine,
00:25:52 une quinzaine d'années, oui, Karima, pardon.
00:25:54 - Si je peux terminer un peu sur ce qu'on a entendu,
00:25:56 notamment de M. Mélenchon, moi, ce que je déplore,
00:25:58 c'est qu'on n'est pas non plus, encore une fois,
00:26:00 dans le débat d'arguments, le débat d'idées.
00:26:03 On est plutôt, encore une fois, dans une sorte de polarisation
00:26:06 et de confrontation envers l'ennemi, l'autre,
00:26:09 le plan adverse.
00:26:10 - Plus de débats.
00:26:11 - Et on excite ces fameuses passions de détestation de l'autre
00:26:14 plutôt que de bien...
00:26:15 - Mais Jean-Michel Mélenchon est totalement identitaire.
00:26:17 Totalement identitaire.
00:26:18 - C'est ça.
00:26:19 - Pas le même signe que les gens à résidence identitaire.
00:26:20 - Dernier mot avant qu'on voit ce qui s'est passé ce week-end aussi
00:26:23 dans ces manifs antiracisme.
00:26:25 - D'un mot très rapide, c'est vrai que là,
00:26:26 on place la focale sur Sciences Po et on a raison,
00:26:27 parce que ça devrait être le temple du libre débat.
00:26:30 Mais notons que toutes les grandes écoles, Dieu merci,
00:26:32 ne sont pas comme ça.
00:26:33 Des grandes écoles d'ingénieurs sont plutôt ouvertes au débat.
00:26:35 Les grandes écoles de commerce,
00:26:37 bon, ça me fait mal à moi qui suis plutôt anti-mondialisation.
00:26:40 - Non, mais dans les instituts politiques,
00:26:42 dans les universités de lettres...
00:26:44 - Non, non, Jean-Michel Mélenchon avait été acclamé
00:26:46 pendant la dernière présidentielle à l'ESSEC.
00:26:49 - Mais oui, je suis ancien élève de l'ESSEC
00:26:50 et je sais qu'il avait été acclamé.
00:26:52 Toujours est-il que l'ESSEC a aussi reçu
00:26:54 un certain nombre de dirigeants importants,
00:26:56 comme Emmanuel Macron.
00:26:57 Je crois que Jordan Bardella a été à HEC il n'y a pas très longtemps,
00:27:00 sans que ça provoque le moindre remous.
00:27:02 Les écoles de commerce sont aujourd'hui
00:27:04 plus ouvertes au débat pluraliste
00:27:06 que les instituts d'études politiques.
00:27:07 C'est un peu dommage,
00:27:07 parce que les instituts d'études politiques, c'est nos impôts,
00:27:09 mais c'est comme ça.
00:27:10 - Oui, mais est-ce qu'il y a une diversité
00:27:12 même dans l'enseignement ?
00:27:13 - Non.
00:27:13 - Les professeurs, c'est ça le problème aussi ?
00:27:15 - C'est aussi la question de la réunion qui est une question
00:27:17 de l'ESSEC biologique.
00:27:19 - Allez, un mot sur cette manifestation
00:27:21 contre le racisme et l'islamophobie à Paris ce week-end,
00:27:23 organisée notamment par LFI et le NPA,
00:27:26 le nouveau parti anticapitaliste,
00:27:27 avec des revendications assez disparates dans les cortèges.
00:27:31 Il était question de Gaza, de Nahel, de violences policières.
00:27:34 Et ce slogan qu'on a pu entendre.
00:27:36 - Urgence, urgence, la police assassine !
00:27:41 Urgence, urgence, la police assassine !
00:27:44 Urgence, urgence, la police assassine !
00:27:48 Urgence, urgence, la police assassine !
00:27:51 Urgence, urgence, la police assassine !
00:27:55 Urgence, urgence, la police assassine !
00:27:58 Urgence, urgence, la police assassine !
00:28:02 Urgence, urgence, la police assassine !
00:28:06 - Voilà ce qu'on a pu entendre.
00:28:07 Alors, c'est quelques dizaines de personnes,
00:28:09 mais il paraît que les minorités font l'histoire,
00:28:11 donc méfions-nous.
00:28:13 Vous imaginez le policier qui rentre chez lui,
00:28:15 qui doit expliquer à ses enfants
00:28:16 "non, papa, ce n'est pas un assassin",
00:28:18 contrairement à ce que tu vois à la télé,
00:28:20 sur les réseaux sociaux, et qui est véhiculé ici et là.
00:28:23 - En fait, cette manifestation qui a rassemblé 3 000 personnes,
00:28:26 me semble-t-il, c'est un pot pourri
00:28:29 de toutes les revendications qui sont absolument insupportables,
00:28:31 si vous voulez.
00:28:32 Ce qui montre, en réalité, me semble-t-il,
00:28:34 que la plupart de ces personnes...
00:28:35 - En soi, c'est noble de manifester contre le racisme.
00:28:37 C'est ce qu'on y retrouve, c'est le slogan qu'on y retrouve.
00:28:39 - Non, mais ils ne manifestent pas contre toutes les formes de racisme.
00:28:42 C'est précisément ça le problème,
00:28:43 c'est qu'il y a un racisme et une indignation très sélectives,
00:28:48 me semble-t-il, et c'est principalement ça le problème, voyez-vous.
00:28:51 Et en réalité, je crois que la plupart de ces gens-là,
00:28:55 finalement, saisissent la moindre opportunité
00:28:58 de pouvoir cracher quand ils le peuvent sur la France.
00:29:00 Voilà, je crois qu'on a surtout assisté à ça avec cette manifestation.
00:29:03 Donc, il y a la police qui tue,
00:29:05 il y a la justice, maintenant, qui est une justice politique,
00:29:08 et qui décide de censurer l'opposition.
00:29:11 La France, il y a un racisme systémique,
00:29:12 mais il n'y a pas d'antisémitisme.
00:29:13 Attention, en France, il n'y a pas d'antisémitisme.
00:29:15 Si vous les écoutez, évidemment, ça n'existe pas.
00:29:19 Donc, nous sommes confrontés, là, à des gens qui,
00:29:21 dans le meilleur des cas, sont d'une mauvaise foi
00:29:24 et qui même cherchent, finalement, quelque part,
00:29:26 à imposer leur idéologique, qui est tout à fait nauséabond,
00:29:29 me semble-t-il.
00:29:30 Mais encore une fois, je crois vraiment que la France insoumise
00:29:34 ne s'est pas honorée en s'affichant aux côtés,
00:29:37 je vous le donne en demine, de Médine,
00:29:38 puisqu'on a vu Mathilde Panot s'afficher, prendre une photo.
00:29:41 Après, il a le droit aussi de venir manifester,
00:29:42 c'est toujours pareil.
00:29:43 Naturellement.
00:29:44 On ne peut pas condamner quelqu'un
00:29:46 parce qu'il s'est rendu à une manifestation.
00:29:47 Non, non, j'entends bien, mais c'est quelqu'un qui a un passif.
00:29:49 Il a un passif, Médine.
00:29:50 Il a notamment attaqué Rachel Khan.
00:29:53 Quand la présidente du groupe La France insoumise
00:29:55 à l'Assemblée nationale s'affiche
00:29:57 tout sourire sur un selfie avec Médine,
00:29:59 ça a, me semble-t-il, une signification politique.
00:30:02 Ces gens-là, Raphaël Stainville, c'est ça qui nous frappe.
00:30:05 Et pour la plupart, on peut tous en être persuadés,
00:30:08 ils sont français, mais ils détestent le pays où ils vivent.
00:30:11 Oui, aucune raison de remettre en doute le fait que...
00:30:16 Les Français qui aiment si peu la France,
00:30:17 ça pose question quand même.
00:30:19 C'est très étonnant.
00:30:20 C'est très étonnant de voir à quel point
00:30:22 ils manifestent finalement contre ce pays
00:30:26 qui pour beaucoup les a accueillis,
00:30:29 comme s'ils voyaient dans le racisme qu'ils dénonçaient.
00:30:34 Personne ne remet en cause le fait qu'ils soient français.
00:30:37 Personne, d'ailleurs, ne fait démonstration d'un racisme
00:30:40 comme ils l'entendent.
00:30:41 Honnêtement, je n'ai pas l'impression que la France,
00:30:44 ces dernières années, se soit montrée particulièrement
00:30:47 mal accueillant vis-à-vis de tous ceux qui se pressaient,
00:30:50 soit des réfugiés, soit d'autres,
00:30:53 pour d'autres raisons, venus en France.
00:30:56 C'est là où il y a quelque chose de totalement paradoxal
00:30:58 dans leur manière d'agir et destructeur
00:31:01 pour le pays qui les accueille.
00:31:03 Paul, ou...
00:31:04 Alors Paul et Jean-Sébastien.
00:31:05 Rapidement, chers amis, dans une minute,
00:31:07 on fait le point actuel.
00:31:08 Non, Raphaël Stavis a parfaitement raison.
00:31:10 J'ajouterais une autre chose, c'est que le plus souvent,
00:31:12 ceux qui se réclament de l'antiracisme ou de l'antifascisme
00:31:15 sont principalement des racistes et des néofascistes.
00:31:19 Et c'est là tout le paradoxe.
00:31:20 C'est-à-dire que ces gens, qui, vous avez raison,
00:31:22 ne représentent pas grand-chose.
00:31:23 Alors, effectivement, les minorités font l'histoire,
00:31:25 comme dit la formule.
00:31:26 Il se trouve que ces 3000 personnes ne représentent
00:31:28 ni l'antiracisme en France.
00:31:29 Je suis antiraciste et je n'étais pas à la manifestation.
00:31:31 Beaucoup de gens sont antiracistes
00:31:33 et n'étaient pas à cette manifestation
00:31:34 et ne représentent pas non plus le peuple de gauche.
00:31:36 Ces 3000 hurlues berlues, ils ont bien le droit de manifester.
00:31:39 Moi, je soutiendrai toujours le droit de manifester.
00:31:41 Minoritaire, mais toxique.
00:31:42 Mais il se trouve que...
00:31:43 Minoritaire, mais toxique.
00:31:44 Minoritaire, mais toxique.
00:31:44 Mais demandez à des électeurs de gauche classiques
00:31:46 dans la rue ce qu'ils pensent de ces gens-là.
00:31:48 C'est vrai.
00:31:49 Les 90 %, voyez bien dans les sondages que vous faites
00:31:51 jour après jour, on voit bien que le peuple de gauche,
00:31:54 il est aussi pour un contrôle de l'immigration
00:31:56 sans être taxable d'extrême droite,
00:31:58 qui se préoccupe plus de la question sociale
00:32:00 que toutes ces lubiwoks, etc.
00:32:01 Et c'est malheureux que la connotation contemporaine
00:32:04 de la gauche, ce soit ce triste spectacle.
00:32:06 Un mot rapide, Jean-Sébastien, parce que je vous le disais,
00:32:07 on va marquer le point actuel.
00:32:09 Ces personnes, quand même, ont le droit le plus absolu
00:32:11 et c'est bien normal de pratiquer leur religion dans ce pays.
00:32:14 Ils sont protégés par la police s'ils rencontrent des problèmes.
00:32:16 Ils sont soignés comme chacun d'entre nous, quasi gratuitement,
00:32:20 mais sont totalement instrumentalisés par un discours politique.
00:32:24 Enfin, il y avait 3000 personnes, non ?
00:32:25 Il y a 45 millions...
00:32:26 Ces gens-là.
00:32:27 Non, mais il y a 45 millions d'électeurs.
00:32:30 Enfin, Jean-Luc Mélenchon a fait 22% quand même
00:32:32 au premier tour de la présidentielle.
00:32:33 Il me semble que dans les sondages, la liste insoumise
00:32:35 est plutôt aux alentours de 700.
00:32:37 Il était à moins de 10% au sondage aussi avant la présidentielle,
00:32:40 je crois, Jean-Luc Mélenchon.
00:32:41 Oui, mais enfin, quoi qu'il en soit...
00:32:42 C'est les sondages ?
00:32:43 Non, mais c'est aussi une vision déformée de la réalité.
00:32:47 Ne tombons pas dans ces pièges-là non plus,
00:32:48 parce qu'eux assignent à résidence identitaire
00:32:51 les gens dont ils parlent.
00:32:52 Parce qu'il y a aussi beaucoup de gens qui sont immigrés
00:32:54 dans ce pays, qui ont X ou X origines ou confessions
00:32:58 et qui ne se retrouvent absolument pas dans le tableau de la France
00:33:02 que font la France insoumise et ses militants antiracistes,
00:33:05 qui en réalité ne sont pas des militants antiracistes.
00:33:08 Ce sont des militants qui veulent déconstruire
00:33:10 notre modèle de civilisation.
00:33:11 Ça n'a rien à voir.
00:33:12 Sachons faire la distinction entre les deux.
00:33:15 Et moi, j'étais très choqué ce matin d'entendre Eric Piolle,
00:33:17 vous savez, le maire de Grenoble,
00:33:20 qui parlait de l'explosion des actes anti-musulmans dans le pays
00:33:25 en disant qu'il fallait, que c'était évidemment un scandale.
00:33:27 Mais bien sûr, les actes anti-musulmans
00:33:28 sont un scandale absolu en étant incapables...
00:33:32 - Tu as rappelé qu'il y a plus de 1000% d'explosions d'actes anti-musulmans
00:33:35 dans ce pays ?
00:33:35 - Une autre religion.
00:33:38 Alors que les statistiques officielles du ministère de l'Intérieur
00:33:40 montrent très clairement que dans ce pays,
00:33:43 les personnes les plus victimes de racisme violent
00:33:46 quand il s'agit d'agressions physiques,
00:33:48 ce sont les Juifs de manière disproportionnée.
00:33:50 - Pardon, Maureen, on est un petit peu en retard, 23h02.
00:33:52 En une minute, l'essentiel de l'actualité.
00:33:55 Puis on retourne du côté de Grande-Synthe,
00:33:57 où la sécurité est à son maximum quelques jours
00:33:59 après ce terrible assassinat de Philippe.
00:34:02 On y revient dans un instant.
00:34:03 Maureen Vidal.
00:34:04 - Une enquête pour tentative d'homicide volontaire ouverte
00:34:12 après que le chanteur Kenji Jirak a été blessé par balle la nuit dernière.
00:34:16 Son opération s'est bien passée.
00:34:17 Il est désormais sorti d'affaires,
00:34:18 c'est ce qu'ont déclaré des proches du chanteur
00:34:20 en quittant l'hôpital de Bordeaux ce soir.
00:34:22 Retrouvé par les gendarmes sur une aire des gens du voyage à Biscarosse
00:34:26 à 5h30 du matin, blessé au niveau du thorax.
00:34:28 Son pronostic vital a un temps été engagé.
00:34:31 L'arme a été retrouvée dans un buisson sur le camp plus tard dans la journée.
00:34:36 Le procès en appel de l'attentat du 14 juillet à Nice s'est ouvert aujourd'hui
00:34:40 devant la cour d'assises spéciale de Paris.
00:34:42 Deux proches de l'auteur de l'attentat,
00:34:44 qui a fait 86 morts, sont sur le banc des accusés.
00:34:46 Ils avaient été condamnés à 18 ans de réclusion pour participation
00:34:50 à une association de malfaiteurs terroristes criminels lors du procès en première instance.
00:34:54 Mohamed Graeb, 48 ans, et Chokri Chafrou, de 44 ans,
00:34:57 sont les deux seuls des huit accusés à avoir fait appel.
00:35:00 Un nouveau procès compliqué pour les victimes et leurs familles.
00:35:03 Enfin, la fermeture de l'autoroute A13 entre Paris et Vaucresson,
00:35:06 prolongée de plusieurs jours, fermée depuis jeudi dernier.
00:35:10 Elle ne rouvrira pas avant le mercredi 1er mai.
00:35:12 Et ce, si toutes les conditions sont réunies.
00:35:15 Cet axe majeur d'accès à la capitale a été fermé
00:35:17 après la détection d'importantes fissures sur la chaussée.
00:35:20 Incroyable, cette affaire d'autoroute A13 qui est fermée pour plusieurs semaines.
00:35:26 Vous prenez l'A13 ?
00:35:27 Ben, Fugue, je devais la prendre ce week-end pour un week-end moto.
00:35:30 Merci Amaury, Amaury Buque, qui nous a rencontrés.
00:35:35 Elle est quand même cruciale, cette route, pour venir à Paris.
00:35:37 Pour aller faire vos petits week-ends d'Adoville, c'est crucial.
00:35:40 C'est vrai que...
00:35:41 Merci Amaury, qui vous l'aurait constaté du service des questions de police-justice,
00:35:45 qui est avec nous, chère Amaury.
00:35:47 On adore, on connaît de plus sur votre vie privée.
00:35:49 Retour à des affaires plus sérieuses.
00:35:52 Depuis l'assassinat de Philippe Coopman à Grande-Synthe
00:35:55 et l'agression du cousin d'un des mis en examen,
00:35:58 le climat est extrêmement tendu dans cette commune d'à peine 20 000 habitants.
00:36:02 Au point que certains habitants n'osent même plus sortir de chez eux
00:36:06 pour tenter de rassurer la préfecture de police du Nord
00:36:09 à annoncer augmenter les effectifs de police sur la commune.
00:36:11 Sarah Fenzare nous en dit un peu plus.
00:36:13 Et là encore, on va en discuter.
00:36:14 Et puis on reviendra avec Amaury, je vous le disais,
00:36:15 sur ce fameux site de rencontre, Coco,
00:36:19 sur lequel vous vous êtes penché sérieusement aujourd'hui.
00:36:23 Et vous nous en direz plus.
00:36:24 Mais d'abord, rappel de ce qui se passe ces derniers jours à Grande-Synthe.
00:36:27 Retournement de situation à Grande-Synthe.
00:36:30 Le mineur agressé ce week-end,
00:36:31 cousin de l'un des interpellés mis en cause dans le meurtre de Philippe,
00:36:35 a lui aussi été interpellé, puis placé en garde à vue.
00:36:38 Il est aujourd'hui dans cette affaire, un autre mis en cause.
00:36:42 Pour éviter des scènes de chaos, le préfet du Nord a demandé
00:36:45 à la police nationale de renforcer le dispositif de sécurité dans la ville.
00:36:49 Peur, oui, mais bon, après, il faut continuer à avancer.
00:36:55 J'ai vu, c'est Grande-Synthe, c'est une très belle ville, c'est très beau.
00:36:59 Mais Grande-Synthe, on a peur ?
00:37:01 Non, j'ai pas peur.
00:37:02 Et puis dans la ville, moi, je n'ai rien remarqué.
00:37:06 Ça paraît relativement calme.
00:37:08 On en parle, mais il n'y a pas une psychose qui s'installe.
00:37:11 Une psychose contre laquelle le maire a mis la ville en garde
00:37:15 le week-end dernier dans un communiqué.
00:37:17 C'est le temps du recueillement et de l'apaisement qui doit prédominer.
00:37:20 Je demande solennellement à la population de ne pas céder à une certaine forme de peur,
00:37:25 voire de psychose qui pourrait prendre le dessus dans ces moments difficiles.
00:37:29 Pour l'heure, aucune communication à propos de cette nouvelle garde à vue
00:37:32 pour préserver la sérénité et la confidentialité de l'enquête,
00:37:36 a déclaré la procureure de Dunkerque.
00:37:40 Et certains, rappelle Stainville, en appellent au couvre-feu,
00:37:43 alors que cette agression, on vient de le voir, reste dans toutes les mémoires.
00:37:46 Il y a une forme de psychose qui s'installe à Grande-Synthe ces derniers jours.
00:37:50 On le comprend, mais un couvre-feu ?
00:37:53 Il faut se souvenir quand même que lors de la marche blanche,
00:37:57 on se souvient de la dignité de tous ceux qui avaient pris part à cette marche blanche.
00:38:01 Les appels au calme, l'espèce de dignité incroyable lors de cette marche.
00:38:07 Et pourtant, alors même qu'ils réclamaient justice,
00:38:11 mais ils ne réclamaient pas à se faire justice,
00:38:15 on voit que différents clans cherchent en tout cas à régler leur compte dans ce contexte-là.
00:38:21 Alors c'est vrai que lorsque la situation paraît hors de contrôle,
00:38:25 un couvre-feu peut être la solution idoine pour justement...
00:38:30 Vous trouvez un gamin à 22h dans la rue, vous faites quoi ?
00:38:32 Vous l'amenez au poste, vous appelez ses parents,
00:38:34 vous allez bloquer un équipage de police,
00:38:36 vous allez lui mettre une amende qu'il ne payera jamais,
00:38:39 vous ensuite le ramenez à ses parents parce qu'ils ne voudront pas venir le chercher ?
00:38:41 Le problème, Julien, c'est que notamment les deux suspects qui ont déjà été mis en examen,
00:38:47 ce sont des familles qui sont déstructurées,
00:38:50 des parents qui ont déjà connu la prison.
00:38:52 Donc ces gamins n'ont rien à faire dans la rue, bien évidemment,
00:38:54 mais les parents, c'est d'abord ça le problème,
00:38:57 c'est qu'il n'y a plus d'autorité parentale pour que s'exerce cette autorité
00:39:03 et que les gamins soient dans les maisons.
00:39:05 Donc la police doit suppléer malheureusement
00:39:09 l'incapacité de certains à faire régner l'ordre dans leur famille.
00:39:12 L'enquête dira si ce que je vais vous dire est vrai,
00:39:16 mais il semblerait donc que lorsque l'un des ados mis en examen
00:39:20 a vu la photo de Philippe défiguré,
00:39:24 qui a tourné sur les réseaux sociaux, ça l'a fait rire.
00:39:27 Ça l'a fait rire.
00:39:28 Il n'y a plus de frontière...
00:39:29 Jean-Sébastien, tiens, je me tourne vers vous parce que vous connaissez bien ces questions.
00:39:34 Il n'y a plus de frontière entre le virtuel et le réel, en fait,
00:39:36 et un détachement qu'on ne pouvait pas comprendre.
00:39:40 Effectivement, puisqu'on est une société qui a tendance à chercher beaucoup d'explications sociologiques.
00:39:44 Donc on va pointer du doigt la pauvreté,
00:39:47 on va pointer du doigt une insécurité économique, par exemple,
00:39:52 là où en réalité, c'est quelque chose de plus fondamental qu'à avoir avec la nature humaine
00:39:56 et qui est cette volonté.
00:39:58 En quelque sorte, il n'y a plus rien qui endigue cette jouissance de détruire
00:40:01 qui est propre à chaque être humain,
00:40:03 parce que la civilisation, c'est de savoir canaliser ces pulsions-là.
00:40:06 N'importe qui voit qu'un jeune enfant, quand vous avez...
00:40:09 Il n'y a plus de surmoi.
00:40:10 Vous vous rendez compte que oui, ils peuvent avoir envie de détruire,
00:40:14 et que précisément, l'éducation vive à endiguer cette jouissance de détruire.
00:40:18 On a publié sur Atlantico justement un entretien très intéressant avec Ruben Rabinovic,
00:40:22 qui est un psychiatre qui travaille dans le fil de Maurice Berger ou d'autres,
00:40:26 et qui montre très bien justement ces mécaniques qui sont à l'œuvre
00:40:30 et qui expliquait aussi d'ailleurs qu'on parle beaucoup des pères absents
00:40:33 et qui dit "non, ça n'est pas toujours vrai".
00:40:35 Dans un certain nombre de cas, les parents ne sont pas absents.
00:40:37 En revanche, les parents sont eux-mêmes dans une forme de maltraitant,
00:40:40 car ils entraînent les enfants sur le chemin d'une forme de criminalité.
00:40:44 - Je rappelle que ce sont 14 et 15 ans,
00:40:45 et que celui qui aurait donné le plus de coups a 14 ans.
00:40:48 - Oui, et semble-t-il, il vient d'une famille précisément
00:40:53 dont le père, au moins un des pères concernés, serait en prison.
00:40:57 Et je vous parlais de Ruben Rabinovic,
00:40:59 qui a vu des gens, parce qu'il a travaillé dans le cadre de procédures judiciaires,
00:41:05 donc a vu un certain nombre de délinquants qui avaient des obligations d'expertise,
00:41:10 et a vu des gens être entraînés sur ce chemin-là
00:41:12 parce qu'il y a des familles qui ne vous laissent pas d'autre choix.
00:41:15 C'est soit finalement vous emboîter le pas à cette violence et à cet délinquant,
00:41:18 soit vous devenez vous-même victime de leur violence.
00:41:22 Et donc oui, on est une société qui doit absolument reprendre en main
00:41:25 cette chose absolument essentielle qui s'appelle l'éducation.
00:41:29 - Et on va voir ce que fait Gabriel Attal avec ce déplacement aujourd'hui à Nice,
00:41:32 dans ces fameux internats.
00:41:33 On y viendra juste après pour voir les effets que ça peut avoir.
00:41:36 Mais en l'occurrence, ce sont des...
00:41:37 Et on le verra dans un instant à Nice, ces gamins dans les internats, ce sont des enfants.
00:41:41 D'ailleurs, il y a un des gamins qui dit lui-même, je crois que je suis à la dérive.
00:41:45 Ils sont en train de dériver, mais ils ne sont pas au stade où sont ceux-ci.
00:41:49 C'est-à-dire qu'eux ont défoncé à coup de batte de baseball
00:41:52 le visage d'un jeune homme qu'ils ont laissé pour mort.
00:41:55 Il semblerait que ça fasse rire de voir l'image de ce visage complètement défiguré.
00:41:59 Ce n'est pas normal, Paul Melunc, que des gamins aient une telle violence en eux.
00:42:02 Est-ce que notre société...
00:42:04 On entend beaucoup de choses, les internats, l'excuse de minorité, la responsabilité des parents.
00:42:08 Est-ce que notre société a vraiment les moyens de juguler cette ultra-violence ?
00:42:11 - Tous les éléments que vous citiez là et les analyses que l'on entend depuis quelques jours
00:42:15 sur les écrans avant de nous parler de loisiveté,
00:42:18 je trouve toutes ces analyses, comment dirais-je, très, très, très, très faibles
00:42:23 par rapport à la profondeur du mal qui ronge l'Occident aujourd'hui.
00:42:27 - Tout ça c'est très bien pour le décrocheur scolaire, par exemple,
00:42:30 mais pas pour ceux qui tuent à coup de hache.
00:42:32 - Si, très franchement, au sommet de l'État,
00:42:35 on pense que les scènes à la Orange Mécanique
00:42:38 auxquelles le malheureux Philippe a été confronté
00:42:41 et que ce visage massacré, c'est l'effet des écrans,
00:42:45 alors là, je crois qu'il faut se poser des questions
00:42:48 sur effectivement le niveau d'analyse et le degré d'analyse de nos élites.
00:42:52 Il y a deux choix, ou cette analyse est faible parce qu'ils n'ont pas le niveau,
00:42:55 ou alors ils veulent nous cacher quelque chose.
00:42:57 Dans les deux cas, c'est préoccupant.
00:42:58 Et je pense qu'ils ne veulent pas voir ou ils ne peuvent pas voir
00:43:02 la profonde crise de la modernité qui touche l'Occident.
00:43:04 Il faut revoir ce qui se produisait quand on voyait
00:43:07 les grands films de science-fiction des années 70.
00:43:09 Il faut revoir Soleil Vert, il faut revoir Orange Mécanique.
00:43:12 Il faut se questionner sur pourquoi, en l'espace de quelques décennies,
00:43:16 nous en sommes arrivés partout en Occident à cette crise
00:43:19 où la violence la plus terrible, la barbarie, la sauvagerie,
00:43:22 on n'est plus dans la guerre et dans les codes guerriers,
00:43:24 on est dans la sauvagerie la plus pure, peut s'exprimer.
00:43:27 En quoi est-ce que cette crise de la modernité,
00:43:29 par la mondialisation, par l'ouverture des frontières à tout crin,
00:43:33 par le déficit d'éducation et de culture,
00:43:35 c'est probablement plurifactoriel ?
00:43:37 - Bah oui, parce que là, ces gamins, et Jean-Sébastien l'a rappelé,
00:43:40 ils ne sont pas issus de l'immigration,
00:43:41 mais ils viennent d'un milieu ultra défavorisé, ultra paupérisé,
00:43:46 avec des problèmes sociaux également, notamment pour les parents.
00:43:51 Vous avez le maire aussi, le maire qui est plein de bons sentiments
00:43:53 et qui est assez louable, il évoque l'extrême droite qui récupère,
00:43:57 il appelle au vivre ensemble.
00:43:59 Il faudrait peut-être un peu plus de lucidité que de bons sentiments.
00:44:02 Johan, je vous vois faire une petite moue.
00:44:04 - Oui, parce que l'appel au vivre ensemble, pardon, mais ça fait des décennies...
00:44:07 - C'est toujours bien de le dire, mais bon...
00:44:09 - Oui, j'entends bien, mais ça fait des décennies qu'on nous appelle à vivre ensemble
00:44:11 et ça fait des décennies que la situation ne s'améliore pas.
00:44:14 Au contraire, me semble-t-il.
00:44:16 Ce sont des décisions politiques fortes qu'il faut à présent.
00:44:19 Et ces problèmes, ils sont effectivement multifactoriels.
00:44:22 Or, on voit bien que Gabriel Attal demande un choc d'autorité.
00:44:26 Manifestement, les annonces ne me semblent pas être à la hauteur
00:44:31 de ce que nous vivons en ce moment.
00:44:32 Le choc d'autorité, il se fait attendre et depuis trop longtemps,
00:44:36 ce qui est précisément la raison pour laquelle nous sommes dans cette situation.
00:44:39 Parce que s'il y avait eu un choc d'autorité en temps voulu,
00:44:42 c'est-à-dire il y a 20 ans au moins,
00:44:44 eh bien sans doute serions-nous aujourd'hui dans une situation différente.
00:44:48 - Bon, on va revenir justement sur ce choc d'autorité voulu par le Premier ministre
00:44:52 avec ce déplacement à Nice, je le disais, mais en conférence de presse.
00:44:54 Donc avant de passer à ce qu'a disait le Premier ministre et ses images à Nice,
00:44:58 la procureure de Dunkerque il y a quelques jours, Amaury Bucaud,
00:45:00 je me tourne vers vous, a évoqué le scénario du guet-apens
00:45:04 qui semble vraiment se confirmer d'heure en heure.
00:45:06 Et sur ce site internet, coco.gg, un site régulièrement pointé,
00:45:12 notamment par l'association SOS Homophobie.
00:45:15 Expliquez-nous en quoi consiste ce site rapidement,
00:45:17 parce qu'on en a beaucoup parlé ces derniers jours,
00:45:18 mais vous êtes d'une certaine manière un petit peu infiltré sur cette application, Amaury.
00:45:22 Rappelez-nous un petit peu déjà pourquoi et du comment de ce site.
00:45:24 - Alors très brièvement, c'est un site qui se définit comme un chat sans inscription.
00:45:28 C'est-à-dire que vous avez juste à mettre un pseudonyme,
00:45:31 une adresse non vérifiée, un âge non vérifié,
00:45:33 et hop, vous pouvez aller discuter avec tout le monde.
00:45:36 Aucune adresse mail, rien, aucune vérification.
00:45:39 - Pourquoi ce site s'invite au cœur de l'actualité ?
00:45:42 Parce que j'entendais pas mal de syndicats policiers
00:45:44 qui rappelaient qu'il n'y a pas que l'affaire de Philippe
00:45:47 qui fait qu'on parle de ce site.
00:45:49 Oui, de ce site, il y a pas mal de petites affaires,
00:45:51 enfin de petites affaires d'affaires tout court,
00:45:53 un peu partout sur le territoire,
00:45:54 qui sont en lien avec des rencontres ou des annonces
00:45:57 qui sont faites sur ce site internet.
00:45:59 - D'ailleurs, on va en parler d'une après,
00:46:01 mais en fait, il y a trois problèmes avec ce site.
00:46:03 Le premier, c'est que comme tout se fait sur la place déclarative
00:46:05 pour rentrer dans le site internet, pour rentrer dans le chat...
00:46:08 - Rien n'est vérifié.
00:46:09 - Rien n'est vérifié.
00:46:10 Donc, vous pouvez dire que vous avez 18 ans,
00:46:11 vous avez 6 ans, c'est pareil.
00:46:12 Et d'ailleurs, c'est ce qui fait que, en fait,
00:46:15 ça devient un repère de pédophiles
00:46:18 ou de personnes qui veulent détourner des mineurs
00:46:21 qui vont sur ces sites pour faire des propositions sexuelles,
00:46:23 mais aussi des personnes qui veulent les piéger.
00:46:25 Moi, par exemple, je me suis très facilement fait passer
00:46:29 pour une jeune fille sous le pseudonyme de Laura787
00:46:32 cet après-midi.
00:46:34 Donc d'abord, j'ai dit que j'avais 18 ans
00:46:36 parce que c'est déclaratif
00:46:37 et c'est le seul moyen de rentrer dans le site.
00:46:38 Alors là, vous avez aussitôt une douzaine de fenêtres
00:46:41 qui se sont ouvertes.
00:46:42 - Vous avez créé un profil au nom d'une jeune fille
00:46:44 qui est censée avoir 18 ans.
00:46:45 Vous avez fait ça aujourd'hui.
00:46:46 - Et qui veut chater.
00:46:47 Alors, on ne sait pas les âges des gens,
00:46:48 mais en tous les cas, j'ai mis ça pour le site.
00:46:51 Et là, vous avez une douzaine de fenêtres qui s'ouvrent.
00:46:52 - Mais il n'y a pas de photo de quoi que ce soit.
00:46:53 Vous n'avez pas pris une photo d'une jeune fille.
00:46:55 - Bah non, ça aurait été compliqué.
00:46:57 Et donc, il y a une douzaine de personnes
00:46:58 qui immédiatement vous apostrophent.
00:47:00 Certaines avec des propositions sexuelles,
00:47:02 genre "tu veux voir mon sexe, etc."
00:47:04 Très, très rapidement.
00:47:05 Je ne vais pas effectivement mettre des captures
00:47:07 parce que ce n'est pas très la proche.
00:47:09 - Je ne vous cache pas qu'Amaury m'en a envoyé
00:47:10 deux, trois cet après-midi.
00:47:11 On ne peut pas montrer ça à la télévision.
00:47:13 - Exactement.
00:47:13 Et alors, ce qui est intéressant, c'est que quand
00:47:15 j'ai parfois indiqué que j'étais une jeune fille de 14 ans,
00:47:18 alors vous avez un seul qui m'a dit "bon, on arrête de discuter".
00:47:21 Et les autres, soit on continue à être très suggestif
00:47:24 sur "tu peux me faire confiance",
00:47:25 mais si tu es un peu plus jeune, tu peux me le dire,
00:47:27 c'est un secret entre toi et moi.
00:47:29 Ou alors, carrément, des propos sexuels qui continuaient.
00:47:32 Donc vous voyez que l'âge des personnes, des mineurs,
00:47:36 n'est pas du tout une barrière pour avoir des relations sexuelles.
00:47:41 Donc ça, c'est le premier problème.
00:47:42 Le deuxième problème, c'est que dès que vous fermez
00:47:44 les fenêtres de ce site,
00:47:45 elles disparaissent, les conversations disparaissent
00:47:48 et il n'y a plus aucune trace, même dans le site Internet.
00:47:50 Si bien que quand les enquêteurs sur des affaires comme ça,
00:47:53 notamment de pédophilie ou de gais tapant,
00:47:55 veulent retrouver les discussions...
00:47:56 - Et la victime peut garder les fenêtres ?
00:47:58 - Elle peut, mais dès que vous fermez Internet
00:48:00 ou dès que vous quittez...
00:48:01 - Oui, il faudrait garder en permanence le truc ouvert.
00:48:03 Il faudrait vous faire des captures en permanence.
00:48:05 - Mais même si vous avez, si vous voulez, le pseudonyme,
00:48:06 comme il n'est rattaché à aucune adresse,
00:48:08 comment vous voulez retrouver la personne ?
00:48:09 Donc tout disparaît.
00:48:10 Donc même quand la justice fait des réquisitions
00:48:12 pour retrouver des conversations et des coordonnées, il n'y a rien.
00:48:15 Et le troisième problème, c'est que ce site qui a été créé
00:48:16 au début des années 2000, est à Guernosais
00:48:19 et donc, si vous voulez, échappe un peu à notre législation
00:48:22 et on n'a aucun moyen d'avoir une prise sur ce site
00:48:25 et l'obliger à soumettre le Code légal.
00:48:28 - On passe aux conséquences concrètes
00:48:30 de ce qui se passe sur ce site Internet ?
00:48:33 - Oui, alors vous avez un problème,
00:48:35 c'est que vous avez deux personnes qui sont ciblées par ces sites.
00:48:38 Vous avez les pédophiles ou les personnes qui veulent détourner des mineurs
00:48:42 et les homosexuels, probablement...
00:48:44 - Qui sont ciblés par des agresseurs, vous voulez dire ?
00:48:45 - Qui sont ciblés par des guets tapants.
00:48:47 - Par des guets tapants.
00:48:47 - Probablement parce que les agresseurs mettent dans le même sac
00:48:51 la pédophilie et l'homosexualité,
00:48:53 ce qui montre quand même déjà un rapport complexe à la réalité.
00:48:56 Alors, ils s'en prennent, si vous voulez,
00:48:58 assez cibles pour plusieurs raisons.
00:49:00 C'est d'abord qu'ils, je pense,
00:49:03 se sentent la légitimité de les tabasser,
00:49:04 comme dans les prisons, par exemple,
00:49:06 mais aussi parce qu'ils savent, notamment pour les pédophiles,
00:49:10 que ces personnes ne vont pas porter plainte
00:49:12 parce qu'elles savent qu'après, elles vont avoir des problèmes juridiques.
00:49:15 C'est exactement ce qui se passait,
00:49:16 ça je vais vous raconter cette affaire, le vendredi 12 avril dernier.
00:49:20 Un père de famille d'une quarantaine d'années, qui a des enfants,
00:49:23 a donné rendez-vous à une mineure de 15 ans.
00:49:24 Ça s'est passé dans les Hauts-de-Seine.
00:49:26 Il devait avoir des rapports sexuels avec cette fille.
00:49:28 Cette fille n'existait pas, c'était trois jeunes qui l'attendaient.
00:49:31 Ils avaient des barres de fer avec des clous de 4 à 5 cm
00:49:34 dans ces barres de fer pour le frapper.
00:49:36 Cet homme, ils lui sont tombés dessus.
00:49:37 Il a réussi à s'échapper, à courir de toutes ses forces à travers la ville.
00:49:41 Et finalement, il a réussi à se réfugier dans un local
00:49:43 où la police est venue le récupérer.
00:49:45 Et là, l'ennui pour lui, j'allais dire,
00:49:47 c'est que finalement, la police lui a dit qu'est-ce qui s'est passé ?
00:49:49 Alors d'abord, il a nié, il a dit "je me promenais, on m'a attaqué".
00:49:51 - Parce qu'il se sent pris au piège.
00:49:53 - Exactement. Le lendemain, il a finalement avoué
00:49:55 qu'il avait rendez-vous avec une mineure de 15 ans.
00:49:57 Et là, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:49:58 Eh bien, la police a ouvert deux enquêtes.
00:50:00 Une enquête à l'encontre des personnes qui l'ont entendu le guet-apens, évidemment,
00:50:04 mais aussi une enquête à son encontre pour détournement de mineure,
00:50:07 parce que vous n'avez pas le droit de donner rendez-vous à une mineure de 15 ans,
00:50:09 même si elle n'existe pas.
00:50:11 Et donc, tout son matériel informatique a été saisi
00:50:14 pour voir s'il y a des fichiers pédophiles dedans.
00:50:16 Et donc, si vous voulez, on comprend très bien pourquoi ces personnes,
00:50:19 la plupart du temps, ne portent pas plainte et se font parfois très violemment massacrer
00:50:24 sans qu'on n'entende parler.
00:50:26 - Merci beaucoup. Amaury, je rappelle juste, et je parle sous votre contrôle,
00:50:28 que factuellement, pour l'instant, l'enquête ne démontre pas
00:50:31 que Philippe était bien en lien avec qui que ce soit, d'ailleurs, sur ce réseau Coco.
00:50:36 Pour l'instant, la thèse éventuelle qu'il ait été confondu avec un autre utilisateur
00:50:40 est encore dans les tuyaux, si je puis dire.
00:50:42 - Je peux préciser deux choses. - Bien sûr, Vincent.
00:50:44 - D'une part, effectivement, son entourage nie qu'il ait eu ce rendez-vous.
00:50:47 Et il est possible que lui soit sorti au mauvais moment,
00:50:50 au mauvais endroit où quelqu'un avait un rendez-vous
00:50:52 et que les agresseurs l'aient pris pour cet homme.
00:50:54 Et deuxièmement, si vous voulez, comme Philippe est mort,
00:50:56 de toute façon, à part des aveux...
00:50:58 - Et puis vous n'avez pas de traces, donc, des conversations éventuelles,
00:51:01 puisque vous venez de nous l'expliquer.
00:51:02 - Voilà, donc ça va être très difficile de savoir.
00:51:04 - Bon. Un commentaire là-dessus, Paul ?
00:51:07 - C'est terrifiant, enfin, c'est... - C'est vrai que ce site...
00:51:09 Et on ne peut pas le fermer, du coup, parce qu'il est à Guerneuse, et c'est ça ?
00:51:12 On ne peut pas fermer le site ?
00:51:13 - Je pense que c'est très compliqué. - C'est compliqué.
00:51:15 - Oui, c'est ça. Ça doit faire plusieurs années qu'on essaye, mais...
00:51:17 - Ce qui est, si ce n'est intéressant, c'est difficile de parler de choses intéressantes,
00:51:20 de des affaires aussi sordides, mais en tout cas, ce qui intrigue,
00:51:23 c'est les motivations des agresseurs, c'est-à-dire...
00:51:26 - Ils se prennent pour des Romains des bois...
00:51:27 - Effectivement, oui, mais ce qui est intéressant, entre guillemets,
00:51:29 c'est de se dire, qu'est-ce qui, dans leur code,
00:51:33 dans ce qu'ils croient être un code d'honneur ou des codes moraux,
00:51:35 il faut être très prudent,
00:51:36 - Police des mœurs.
00:51:37 - à aller s'attaquer à ce qu'ils qualifient, à mon avis,
00:51:41 ou ce qu'ils ressentent comme étant des perversions,
00:51:43 et c'est là qu'ils mettent dans le même sac, effectivement,
00:51:46 l'homosexualité et la pédophilie.
00:51:48 Ça veut dire que, dans leur état d'esprit et dans l'éthique et la morale
00:51:52 qu'ils croient s'attribuer ou s'auto-attribuer,
00:51:55 eh bien, la lie de la société, l'enfer sur terre,
00:51:57 ce sont les homosexuels et les pédophiles qu'ils amalgament allègrement.
00:52:01 Et ça, c'est assez marquant et c'est assez significatif,
00:52:04 et malheureusement, avec ou sans les réseaux sociaux,
00:52:07 ce type de guet-apens et ce type de violences sont légions.
00:52:11 Et j'avais souvenir, sur d'autres applications,
00:52:14 d'un certain nombre de faits et d'attaques, d'agressions,
00:52:17 notamment pour le coup de personnes qui n'avaient absolument rien à se reprocher,
00:52:19 qui étaient seulement homosexuelles et qui tentaient de faire des rencontres via des sites,
00:52:22 et qui étaient piégées dans un certain nombre de quartiers,
00:52:25 partout en Europe, et qui se faisaient tabasser, voire tuer, voire lyncher.
00:52:28 Donc, il y a là-derrière, effectivement, une police des mœurs,
00:52:32 qui se règle dans la loi du talion et qui se caractérise par la sauvagerie et la barbarie,
00:52:36 dont je parlais tout à l'heure.
00:52:37 Donc, je pense qu'il faut le prendre à bras-le-corps,
00:52:39 et que fermer des sites internet ou des réseaux sociaux ne suffira bien sûr pas.
00:52:41 - Encore un mot avant de continuer de s'intéresser à cette violence des jeunes
00:52:45 et les propositions du Premier ministre aujourd'hui.
00:52:47 Donc, Karima.
00:52:48 - Non, mais un site comme ça, c'est une vraie plaie.
00:52:50 Et je pense, effectivement...
00:52:51 - Vous n'avez pas de modérateur, aucune régulation, et ça va dans tous les sens.
00:52:55 - Non, c'est ça. On sait que souvent, il y a des policiers qui se font passer,
00:52:58 justement, soit pour des jeunes filles ou des choses comme ça,
00:53:00 pour aller un petit peu à la chasse à ces...
00:53:02 - Pédophiles.
00:53:03 - Pédophiles et ces prédateurs, j'allais le dire.
00:53:05 Mais dans ce cas-ci, il y a certainement moyen de réguler.
00:53:09 Je ne peux pas croire qu'on n'est pas capable de fermer un site.
00:53:11 Donc, c'est assez incroyable là-dessus.
00:53:12 Et sinon, plus largement, en fait, sur cette jouissance, j'allais le dire,
00:53:16 de certains jeunes, on l'a vu dans certains...
00:53:18 Je ne parle pas de ce cas précis, mais on l'a vu au cours des dernières semaines.
00:53:22 Il ne faut pas aller chercher très, très loin.
00:53:23 Ces fameux guets-à-pans, j'allais le dire, ces guets-à-pans orange mécaniques,
00:53:28 ou même ces guets-à-pans meurtriers, des jeunes qui se font tabasser à mort,
00:53:32 ou cette jeune fille qui s'est faite tabasser,
00:53:34 qui s'est retrouvée finalement être dans le coma.
00:53:37 - Ça m'arrive. Ça m'en peut lire.
00:53:38 - Tout à fait. Est-ce qu'il y a un effet de mimétisme?
00:53:40 Ou est-ce qu'il y a aussi...
00:53:41 Ça, je pense que ça vaudrait la peine peut-être d'investiguer
00:53:44 un côté psychologique aujourd'hui, à savoir cette jouissance, cette volonté.
00:53:49 Vous savez, à une certaine époque, c'était d'avoir des likes.
00:53:51 Ça suffisait d'avoir des petits j'aimes sur les réseaux sociaux.
00:53:55 Vous vous sentiez valorisé.
00:53:56 Et c'est comme si maintenant, un peu comme une drogue douce,
00:53:59 ce n'est pas suffisant, on veut aller encore plus loin,
00:54:00 on a besoin de se glorifier.
00:54:02 Dans certains cas, des jeunes qui sont extrêmement violents,
00:54:05 déstructurés, vont aller jusqu'à se filmer en faisant des actes de violence.
00:54:10 Et d'autres, ça devient comme un hobby d'aller,
00:54:13 de décider finalement d'aller tabasser des gens, d'aller violenter des gens.
00:54:17 Ça, je trouve ça quand même inquiétant.
00:54:18 Vous avez parlé de cette crise, en fait, de la modernité,
00:54:21 un peu partout en Occident.
00:54:23 Est-ce que c'est vraiment partout en Occident?
00:54:24 Est-ce que la France, en ce moment, a un problème particulier?
00:54:27 Parce qu'il y a un problème au niveau des sanctions pénales aussi.
00:54:31 Et on parle de ces fameux stages ou quoi que ce soit.
00:54:34 Vous me tournez une perche, Karima.
00:54:35 Je pense qu'il va falloir plus que des stages,
00:54:38 des camps de jour de citoyenneté pour venir, effectivement,
00:54:42 à bout de ces jeunes qui sont extrêmement violents
00:54:44 et qui n'ont plus peur de la police, qui n'ont plus peur de la justice.
00:54:47 Alors, avant de voir ces fameux internats ouverts aujourd'hui par Gabriel Attal,
00:54:51 un dernier mot rapide.
00:54:52 Non, mais juste un mot.
00:54:53 Il me semble quand même que dans la plupart des cas
00:54:55 dans lesquels il y a eu des enquêtes, en tout cas,
00:54:57 il y avait aussi toujours un motif crapuleux.
00:54:59 Ce n'est pas que des espèces de robins des bois, des cérébrés
00:55:01 qui ne sauraient plus, déjà, qu'ils se prendraient pour des justiciers
00:55:04 qui n'ont pas vocation à être.
00:55:06 Et encore plus contre des gens qui ne...
00:55:07 Mais il y a un coup du sang aussi.
00:55:09 Il y a envie d'aller fracasser quelqu'un.
00:55:10 Mais c'est aussi...
00:55:11 Dans le cas de Philippe, dans le cas de Philippe...
00:55:12 Et c'est aussi pour dépouiller les gens, tout simplement.
00:55:15 Alors, non, mais moi, c'est une question où, effectivement,
00:55:17 en général, ils se disent "je vais voler, et puis je vais frapper,
00:55:20 et j'irai où je veux frapper".
00:55:21 Où il y a eu des attaques.
00:55:22 Mais il y a aussi, parfois, gratuitement, là, typiquement,
00:55:24 dans l'affaire dont je vous parle, dans les Hauts-de-Seine,
00:55:26 le 12 avril, il n'y a pas eu de vol, il n'y a pas eu de tentative de vol.
00:55:29 Ils sont directement arrivés avec des barres de fer.
00:55:30 C'est le coup du sang.
00:55:31 Donc, a priori, ils ne voulaient pas envoyer...
00:55:33 Alors, peut-être que...
00:55:34 Non, mais vous pouvez tabasser quelqu'un et après lui...
00:55:36 Oui, oui, mais ce n'est pas la motivation première.
00:55:38 C'est ça. Dans certains cas, là, sur ces cocos-là,
00:55:42 ils ont envie de se faire la justice à leur mode à eux.
00:55:44 Ce sont beaucoup des cas qu'on a vus ces derniers temps.
00:55:46 C'était quand même fort.
00:55:47 Allez, Gabriel Attal, il faut qu'on avance.
00:55:48 Et plutôt, si vous voulez, je pense, l'assouvissement de la violence
00:55:51 que le vol.
00:55:52 Gabriel Attal, qui s'est donc rendu, aujourd'hui, à Nice,
00:55:56 au lycée du Parc impérial, pour présenter le dispositif
00:55:59 d'internat éducatif pendant les vacances scolaires,
00:56:01 aux côtés des 20 élèves, dit en décrochage scolaire,
00:56:04 qui vont expérimenter cet internat.
00:56:06 Le ministre est revenu sur l'importance de ces lieux
00:56:08 pour lutter contre la délinquance et la violence des mineurs.
00:56:12 Maxime Lavandier vous raconte ce qui s'est passé
00:56:14 sur place cet après-midi.
00:56:15 Ce matin, c'est distribution d'uniformes pour Gabriel Attal.
00:56:20 Ces 20 jeunes de 13 à 16 ans en situation de décrochage scolaire
00:56:24 vont expérimenter l'internat éducatif mis en place
00:56:27 dans ce lycée pendant les vacances scolaires.
00:56:30 - Tu as quitté le droit chemin, pour toi ?
00:56:32 - Non, je ne l'ai pas quitté, mais je dérive, j'ai envie de dire.
00:56:35 - Tu dérives ? - Oui.
00:56:36 - C'est bien déjà que tu le reconnaisses.
00:56:39 C'est quoi par exemple, ça veut dire quoi de dériver ?
00:56:40 - Je ne rentre pas à l'heure, je sors quand je veux,
00:56:47 je ne me réveille pas.
00:56:49 Des dérives ou de mauvaises habitudes prises par ses élèves
00:56:52 que les parents souhaitent gommer.
00:56:54 - Ça m'intéressait autre chose que le téléphone.
00:56:56 - Est-ce que vous sentiez que vous aviez de plus en plus de mal peut-être ?
00:56:59 - Oui, tout à fait.
00:57:01 - Beaucoup sur l'écran ? - Oui, beaucoup sur le téléphone.
00:57:03 Et la réponse du Premier ministre ne va pas lui plaire.
00:57:06 - C'est bien, ici en plus il y aura une petite cure sans téléphone.
00:57:10 Tu vas voir qu'on peut faire plein de choses.
00:57:13 Pour Gabriel Attal, l'internat est un rempart contre la délinquance.
00:57:17 - Il y a un problème de violence chez les jeunes.
00:57:18 On voit une violence de plus en plus tôt, de plus en plus juvénile
00:57:22 et manifestement dans un certain nombre de cas, de plus en plus débridée.
00:57:25 Je pense que l'internat, c'est une très bonne solution.
00:57:28 Ça permet de couper un jeune de ses mauvaises fréquentations.
00:57:32 Ça permet de redonner un cadre quand à la maison,
00:57:34 c'est difficile d'en donner parce qu'il y a d'autres frères et sœurs, etc.
00:57:37 Un séjour totalement gratuit pour les familles qui durera 12 jours
00:57:41 et que le gouvernement souhaite étendre à d'autres établissements
00:57:44 pendant les vacances scolaires.
00:57:46 - Yoann Uzaï, franchement, est-ce que ça peut marcher ?
00:57:48 On fait quoi ? On salue l'initiative ?
00:57:51 - Oui, plutôt.
00:57:52 Oui, je trouve en tout cas que c'est quelque chose qui va dans le bon sens.
00:57:55 Alors là, manifestement...
00:57:56 - Je ne sais pas pourquoi on appelle ça un internat.
00:57:57 Ils y sont pour 10 jours.
00:57:58 - C'est ce que j'allais vous dire.
00:57:59 - L'internat, vous n'y êtes pas 10 jours.
00:58:00 - C'est comme le SNU, ça a mal tourné.
00:58:03 - C'est une colonie.
00:58:04 - Le problème principal, c'est qu'effectivement,
00:58:05 là, ça concerne uniquement les vacances scolaires.
00:58:07 Donc ça, ça parente davantage à une colonie de vacances.
00:58:10 - C'est une punition de vacances, quoi.
00:58:11 - Pour sortir quelqu'un de son quartier
00:58:14 afin qu'il ne s'ancre pas définitivement dans la délinquance,
00:58:17 et en l'occurrence des jeunes, voire des très jeunes enfants,
00:58:20 il faut les sortir de manière non pas permanente,
00:58:23 mais sur une durée qui soit très longue.
00:58:24 Au moins le temps d'une année scolaire, si ce n'est plus.
00:58:27 Là, effectivement, c'est quelque chose de très symbolique.
00:58:30 Mais le fait de faire cette proposition,
00:58:34 en tout cas de placer, je trouve, ces jeunes dans des internats
00:58:37 afin de les sortir longuement de leur univers...
00:58:41 - Est-ce que tous ces formats-là, ce ne sera que pendant les vacances ?
00:58:43 Ou est-ce que l'idée germe qu'ils passent une année scolaire entière dans un internat ?
00:58:46 - Non, non, effectivement, l'idée initiale,
00:58:48 c'est qu'ils passent beaucoup plus de temps en internat,
00:58:51 qu'ils soient éloignés durablement de leur quartier.
00:58:54 Là, on en est à une première phase.
00:58:55 C'est une initiative locale à Nice.
00:58:58 Mais l'idée, c'est effectivement qu'ils soient éloignés sur du long terme
00:59:01 afin qu'ils se coupent définitivement, espère-t-on, de leur fréquentation.
00:59:05 - En tout cas, ça a fait du son, ça a fait des images
00:59:07 pour la communication gouvernementale.
00:59:09 Regardez ces petits échanges autour du Premier ministre.
00:59:14 - Est-ce que vous êtes content d'être là, d'abord ?
00:59:17 Non ? Ben, c'est rassurant. Voilà.
00:59:20 Parce que si vous étiez trop content d'être là,
00:59:22 on se dirait que ce n'est peut-être pas utile pour vous.
00:59:24 - Ma mère m'a forcé, c'est tout.
00:59:26 - T'as forcé, d'accord.
00:59:27 Qu'est-ce qu'elle a donné comme argument pour t'expliquer ?
00:59:31 - Elle m'a dit que j'allais partir en vacances.
00:59:34 - D'accord.
00:59:35 - Elle m'a dit qu'il y avait des activités et tout ça,
00:59:37 mais il n'y a rien.
00:59:39 - Et pourquoi tu ne voulais pas ?
00:59:40 Pourquoi tu ne voulais pas, toi ?
00:59:42 - Parce que je voulais rester avec mes collègues, je ne sais pas, dehors et tout.
00:59:45 - Toi, comment ça s'est fait pour toi, ici ?
00:59:48 - Non, moi, je ne suis pas content du tout.
00:59:49 Ma mère m'a obligé, elle m'a forcé.
00:59:52 Elle m'a dit que c'était bien,
00:59:55 mais je vois que ce n'est pas bien, là.
00:59:57 - C'était soit je vais au bled les deux mois de vacances,
01:00:00 ou sinon je vais les deux semaines ici.
01:00:03 Du coup, j'ai préféré choisir ici, mais ça ne se fait pas.
01:00:07 - Je crois que là, il y a le programme.
01:00:10 Mais tu vas l'apprendre, la marseillaise.
01:00:15 Tu ne la connais pas.
01:00:17 Mais tu vas l'apprendre aujourd'hui.
01:00:18 Il y a un atelier tout à l'heure.
01:00:19 - En fait, il faut tout revoir.
01:00:20 C'est la base de la vie en société qu'on doit inculquer à ses jeunes.
01:00:24 - Une chose que j'ai eu un peu de mal à comprendre
01:00:25 en voyant ces séquences aujourd'hui,
01:00:27 Raphaël Stainville, un petit mot.
01:00:29 Si ces ados ont des comportements répréhensibles
01:00:32 qu'il faut les mettre sur le droit chemin,
01:00:34 qu'il faut montrer la verticalité,
01:00:36 ce n'est pas en en faisant des petites stars du jour,
01:00:38 en les faisant rire autour du Premier ministre
01:00:40 qu'on envoie ce message-là, je trouve.
01:00:41 - C'est la première chose, tu as raison.
01:00:43 - Je fais copain-copain avec eux.
01:00:45 Alors très bien, ils auront un bon souvenir avec le Premier ministre,
01:00:47 mais je n'ai pas l'impression que c'est le but du truc.
01:00:49 - Mais la première réponse,
01:00:51 c'est que certes, pour eux, c'est déjà une sanction,
01:00:54 mais on voit que la sanction à leur comportement
01:00:56 n'est pas à la hauteur.
01:00:58 C'est ça qui est quand même...
01:01:00 - Mais eux, ce ne sont pas des agresseurs.
01:01:03 - Ce ne sont pas des délinquants,
01:01:04 ce sont simplement des élèves en situation de décrochage,
01:01:07 ils n'ont jamais été condamnés, etc.
01:01:09 C'est important de le dire.
01:01:10 - Mais le fait est que si on veut pouvoir sauver ces gamins,
01:01:16 ça s'inscrit forcément dans la durée.
01:01:17 Ce n'est pas une expérience, un colo de vacances,
01:01:20 comme certains peuvent le dire avec une certaine légèreté.
01:01:23 C'est effectivement un cadre qui s'inscrit dans le temps.
01:01:28 Et surtout, je pense que l'éloignement des familles,
01:01:31 du quartier, fait partie de ce processus
01:01:35 qui pourrait leur permettre de sortir de la spirale
01:01:40 dans laquelle ils sont malheureusement entraînés.
01:01:42 - 23h pile, on marque la minute actue,
01:01:45 rappel de l'essentiel avec Maurice Vidal.
01:01:46 On poursuit et vous allez voir une autre séquence
01:01:48 avec Gabriel Attal et des jeunes.
01:01:50 - 23h30.
01:01:51 - 23h30, pardon.
01:01:52 - Fake news.
01:01:53 - Une enquête pour tentative d'homicide volontaire
01:02:01 ouverte après que le chanteur Kenji Girac
01:02:03 a été blessé par balle la nuit dernière.
01:02:05 Son opération s'est bien passée.
01:02:07 Il est désormais sorti d'affaires,
01:02:08 c'est ce qu'ont déclaré des proches du chanteur
01:02:10 en quittant l'hôpital de Bordeaux ce soir.
01:02:12 Retrouvé par les gendarmes sur une aire des gens du voyage
01:02:15 à Biscarros à 5h30 du matin, blessé au niveau du thorax.
01:02:18 Son pronostic vital a un temps été engagé.
01:02:21 L'arme a été retrouvée dans un buisson sur le camp
01:02:23 plus tard dans la journée.
01:02:25 Une mobilisation record des contrôleurs aériens
01:02:27 prévus ce jeudi.
01:02:29 Les négociations pour éviter une grève ont échoué aujourd'hui
01:02:31 selon le principal syndicat qui appelle à protester
01:02:34 contre le projet de refonte du contrôle aérien
01:02:37 présenté par l'administration.
01:02:38 Jusqu'à 70% des vols dans certains aéroports
01:02:41 pourraient être annulés ce jeudi.
01:02:44 Enfin, le BLM, célèbre 3MAS français,
01:02:47 est arrivé à Athènes pour récupérer la flamme olympique.
01:02:49 Elle a ramené à Marseille, dernière étape
01:02:51 avant l'arrivée du flambeau en France.
01:02:54 Il reprendra la mer le 26 avril prochain
01:02:56 et arrivera dans la cité phocéenne le 8 mai
01:02:58 où Emmanuel Macron sera présent pour son arrivée.
01:03:01 - C'est un fameux 3MAS.
01:03:04 - Fin comme un oiseau.
01:03:06 - Il est... - ICO.
01:03:07 - Santillano.
01:03:08 - ICO, ICO.
01:03:10 Merci, Maureen, pour ces belles images.
01:03:14 Séquence.
01:03:15 Gabriel Attal et ses jeunes.
01:03:16 Il est méchant, Macron.
01:03:19 - On va en penser quoi, de Macron ?
01:03:22 - Ah bah, moi, je travaille avec lui, donc...
01:03:25 - Tu es méchant. - Comment ça ?
01:03:27 - Tu es méchant. - Qu'est-ce que c'est que ça ?
01:03:29 Pourquoi tu dis ça ?
01:03:30 - Le garçon, c'est... - Non, non.
01:03:32 - C'est quoi ? - Ouais.
01:03:34 - C'est...
01:03:36 - Bon, en tout cas, ici, tu vas apprendre plein de choses.
01:03:39 Vous allez faire plein d'activités.
01:03:41 - C'est pas dur, toi.
01:03:44 - Et puis, je suis sûr qu'à la fin, vous serez contents d'être là.
01:03:48 En arrivant, c'est sûr, c'est pas...
01:03:51 Vous vous dites, je serai peut-être mieux ailleurs pendant mes vacances.
01:03:54 L'idée, c'est qu'à la fin, vous ayez perçu l'utilité et l'importance d'être venu ici.
01:04:00 On se revoit tout de suite, de toute façon.
01:04:02 - Vous avez vu, Eric Dupond-Mauréty, quand il a dit "il est méchant Macron",
01:04:05 il s'est avancé comme ça. Qu'est-ce que... Pardon.
01:04:08 Bon, la séquence est anecdotique, Paul.
01:04:10 Ce ne sont pas les pires qui sont là, on l'a bien compris.
01:04:12 C'est des gamins qui sont en décrochage scolaire.
01:04:14 Pourquoi pas les remettre dans le droit chemin avec ces stages ?
01:04:17 On verra bien ce que... "laissons sa chance au produit", dirait l'autre.
01:04:20 Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il advient de ceux qui sont vraiment en perdition.
01:04:23 De ces gamins qu'ont abassé Philippe, de ces gamins qui font des guets à pan,
01:04:26 pour qui la violence n'a plus aucun sens.
01:04:28 Les discours de rupture à deux mois de l'élection, c'est bien.
01:04:31 Mais les actes concernant cette ultra-violence ne sont pas là.
01:04:35 Ce ne sont pas des gamins ultra-violents qu'on a sous les yeux, là.
01:04:38 - Non, mais ce sont, effectivement, deux sujets très différents.
01:04:40 Et il s'agit de ne pas, si vous voulez, amalgamer ces jeunes élèves, ces adolescents,
01:04:44 avec des meurtriers, des assassins ou des délinquants.
01:04:47 Ça, c'est une évidence.
01:04:48 Et de la même manière, le traitement des deux sujets est, lui, aussi très différent.
01:04:52 C'est-à-dire que le choc d'autorité, là, il ne transparaît pas,
01:04:55 quand on regarde les mines réjouies du garde des Sceaux et du Premier ministre.
01:04:58 Je pense qu'ils auraient dû, peut-être, être...
01:05:00 Ils auraient été bien avisés d'avoir un peu plus de verticalité avec ces élèves.
01:05:04 Et il ne s'agit pas de leur taper sur les doigts
01:05:06 ou de leur faire de la discipline façon années 50,
01:05:08 mais peut-être de les emmener vers, effectivement, des jours meilleurs,
01:05:12 aussi axés sur le travail, les savoirs fondamentaux
01:05:15 et, effectivement, les sortir d'un certain nombre de sujets.
01:05:18 On parlait des écrans. Le Premier ministre parle des écrans.
01:05:20 Ça, c'est important.
01:05:21 Donc, je pense qu'il y a un vrai sujet d'ascenseur social et d'émancipation
01:05:25 pour des élèves qui ne posent aucun problème,
01:05:27 mais qui, par contre, sont en décrochage.
01:05:28 Ça, c'est un premier sujet, tout à fait différent d'un deuxième sujet,
01:05:31 qui est celui, effectivement, pour répondre à votre question,
01:05:34 de jeunes gens qui sont devenus des délinquants, des voyous
01:05:37 et qui, encore mineurs, commettent des actes d'une barbarie terrible.
01:05:41 Et pour le moment, là, il y a un impensé dans la société.
01:05:44 Il y a un impensé en amont et il y a un impensé en aval.
01:05:46 L'impensé en amont, c'est qu'on n'arrive pas, au plan éducatif, culturel,
01:05:50 au plan de la crise de la modernité que je dénonçais, à agir avant,
01:05:53 parce que je pense toujours qu'on peut agir avant,
01:05:54 et ensuite parce qu'après, la sanction, en général,
01:05:57 avec l'excuse de minorité, elle n'est qu'à moitié là,
01:06:00 et ensuite parce que les maisons de correction fermées ou semi-fermées
01:06:04 dont certains parlent depuis des années,
01:06:06 ne voient pas véritablement le jour en France,
01:06:07 qu'on n'y met pas les moyens,
01:06:08 alors qu'on devrait mettre en place des sanctions très très dures,
01:06:12 parce que quand vous avez 16 ans et que vous ravagez la figure de quelqu'un,
01:06:15 voire que vous le tuez ou que vous commettez les pires exactions,
01:06:18 il n'est pas audible de dire que cet individu-là va peut-être changer
01:06:22 ou sera inséré incessamment sous peu, et qu'il lui faudrait sortir très vite.
01:06:25 Ce sont des sanctions exemplaires.
01:06:27 – Vous avez évoqué l'excuse de minorité,
01:06:28 beaucoup en parlent ces derniers temps,
01:06:30 c'est la politique pénale tout court qui faudrait revoir.
01:06:33 Jusqu'ici, je rappelle que notre société estime
01:06:36 qu'un mineur est un être en construction
01:06:38 et qu'il est d'une certaine manière un peu intouchable.
01:06:41 Mais quand bien même on renverserait la table,
01:06:44 on renverserait l'excuse de minorité,
01:06:47 on taperait plus fort sur ces jeunes
01:06:49 qui ont des comportements délictueux ou criminels,
01:06:51 est-ce qu'un changement juridique suffirait à changer vraiment
01:06:53 les mentalités, les comportements, ou n'est-ce pas un peu trop tard ?
01:06:56 Jean-Sébastien, un dernier mot là-dessus.
01:06:58 – Je crois qu'il n'est jamais trop tard.
01:07:00 Après sur l'excuse de minorité elle-même…
01:07:01 – Sur ceux qui ravagent le visage de Philippe à coute-patte de baseball,
01:07:04 c'est pas trop tard ?
01:07:06 – Si, une fois son arrivée là…
01:07:08 – C'est ces cas extrêmes qui m'intéressent.
01:07:10 – Oui, bien sûr, mais…
01:07:11 – Oui, mais ils n'ont que 14 ans.
01:07:13 – Non, mais je ne pense…
01:07:14 – Je n'ai pas la réponse, vraiment.
01:07:15 – Si on peut aller au-delà d'un mot.
01:07:17 Non, moi il me semble que c'est un faux débat celui de l'excuse de minorité,
01:07:21 parce que de toute façon, ce qui compte,
01:07:23 c'est les décisions que les magistrats appliquent.
01:07:25 Donc, vous pourriez avoir des sanctions qui soient déjà extrêmement sévères,
01:07:28 en étant ne serait-ce qu'à la moitié des peines risquées par un adulte,
01:07:31 parce que le problème c'est que les adultes eux-mêmes,
01:07:33 de toute façon, ne vont pas…
01:07:34 et on va quoi, inventer une excuse de ultra-majorité ?
01:07:37 Notre problème c'est qu'on a justement une société qui est elle-même immature,
01:07:41 parce qu'un mineur, ça reste un mineur.
01:07:43 Oui, et on protège les mineurs en matière sexuelle,
01:07:46 parce qu'on considère qu'ils ne savent pas ce à quoi ils consentent,
01:07:48 donc il n'est pas totalement délirant quand même de considérer
01:07:51 que les mineurs ne sont pas toujours lucides sur ce qu'ils font,
01:07:54 encore plus dans une société qui ne leur permet pas de se former concrètement.
01:07:57 Ça ne veut pas dire qu'il ne faille pas être sévère,
01:07:59 et surtout qu'il ne faille pas être sévère dès les premiers faits.
01:08:02 Mais moi depuis tout à l'heure, je voyais, enfin là le bondeau a changé,
01:08:05 je voyais tout à l'heure le retour de l'autorité de Gabriel Attal,
01:08:07 je me disais que c'était quand même très ironique,
01:08:09 le retour de l'autorité de Gabriel Attal, ça serait qu'il dise
01:08:11 "mais je vire ma ministre de l'Education nationale,
01:08:13 je vire mon ministre de la Justice, celui qui l'a fait à mesure".
01:08:16 Pardon, mais il me semble que la véritable autorité,
01:08:19 ce serait celle-là, parce que justement,
01:08:21 ça n'a aucun sens de tenir des discours martiaux
01:08:24 quand on se fait accompagner de gens qui en réalité sont porteurs
01:08:27 d'une idéologie totalement différente.
01:08:29 Alors je ne sais pas si Gabriel Attal pense qu'Emmanuel Macron est méchant ou non,
01:08:32 puisqu'il n'a pas donné de réponse aux jeunes garçons qui lui posaient la question,
01:08:36 il n'a pas démenti, mais quoi qu'il en soit...
01:08:38 - C'est une fréquence qu'il faut couper, on n'a pas l'intégralité.
01:08:41 - Le vrai retour de l'autorité politique du Premier ministre,
01:08:44 ça serait de dire "quand on a une ligne politique, on a une ligne politique,
01:08:48 pas tout est son contraire".
01:08:50 - On est passé de Papendia il y a...
01:08:52 - Tu nettoies, tu nettoies.
01:08:54 - Le retour de l'autorité, ça serait déjà celui-là.
01:08:57 - Je voudrais vous faire entendre deux témoignages de nos confrères d'Europe 1
01:09:00 sur un point de deal à Montpellier, pour vous montrer à quel point ces jeunes
01:09:04 se rient et se moquent des opérations de police.
01:09:07 Ce sera très intéressant d'entendre. Restez avec nous.
01:09:09 Un dernier commentaire là-dessus d'abord.
01:09:11 - Deux choses. En fait, sur ces fameux stages colonies un peu éducatifs,
01:09:17 je pense quand même que pour certains jeunes qui vivent des situations
01:09:21 un peu difficiles chez eux, ou quoi que ce soit,
01:09:23 qui sont en phase de décrochage, ce n'est pas une mauvaise chose
01:09:26 d'avoir accès à autre chose, de décrocher justement de son univers immédiat.
01:09:31 Et je pense que aussi pour avoir un horizon différent.
01:09:34 Des fois, ce qui est proposé autour de nous, ça ne nous inspire pas nécessairement.
01:09:38 Et d'avoir accès à autre chose, de voir autre chose,
01:09:41 on peut semer, comme on dit, une petite graine d'espoir
01:09:43 ou de quelque chose de motivation.
01:09:45 Moi, je crois quand même à ça.
01:09:47 Mais ça, c'est une chose. Et on le disait.
01:09:49 Donc, c'est pour ça que je trouve que ça se faisait un peu dans une ambiance
01:09:51 un peu sympathique parce qu'on n'est pas dans un mode coercitif.
01:09:54 Je pense qu'on n'est pas dans cet esprit-là. Ce n'est pas le but.
01:09:57 - C'est avec l'accord des parents. - Exactement.
01:09:59 Mais c'est le but quand même. C'est important de voir autre chose.
01:10:01 Est-ce qu'il y aurait d'autres façons de le faire?
01:10:03 Probablement. Essayons cette voie.
01:10:05 Ensuite, la deuxième chose, et je crois que c'est encore plus important,
01:10:08 c'est sur les jeunes qui sont coupables de ces délits ultra-violents,
01:10:14 de ces crimes aussi ultra-violents.
01:10:16 Je pense que l'assurance d'avoir cette sanction, elle n'existe pas en ce moment.
01:10:20 On a dit qu'on n'a pas cette peur de l'autorité, du gendarme,
01:10:23 de la police ou quoi que ce soit, des sanctions judiciaires.
01:10:26 Et ces fameux centres de rééducation, si vous voulez, fermés.
01:10:30 Je pense qu'il en manque parce qu'il faudrait avoir cette assurance.
01:10:34 C'est la seule... Encore une fois, pour les ultra-violents
01:10:37 et le type d'agresseurs comme les agresseurs de Philippe,
01:10:40 il y a un moment, si vous n'avez pas un lieu fermé
01:10:43 où vous les mettez en marche, des enfants de leur âge,
01:10:45 vous n'arriverez pas forcément à grand-chose.
01:10:48 Il nous reste huit minutes. Je voudrais vraiment que vous entendiez ces témoignages
01:10:51 parce qu'ils sont édifiants. Il y aura pas mal de choses à dire, je pense.
01:10:54 L'opération Placenet XXL, vous le savez, se poursuit à Montpellier,
01:10:57 notamment, et dans plusieurs coins du territoire français.
01:11:01 Un mois après, le gouvernement se félicite d'avoir mobilisé
01:11:04 à ce jour 55 000 forces de l'ordre, procédé à 4 000 interpellations
01:11:08 pour plus de 600 délinquants déférés.
01:11:10 Mais sur le terrain, dans certains quartiers, comme celui d'Aigle-Longue à Montpellier,
01:11:14 les dealers sont toujours présents. Écoutez, écoutez bien ce jeune homme.
01:11:17 Vous allez entendre deux extraits. D'ailleurs, on va entendre un guetteur.
01:11:21 Là, il est un peu le chef des guetteurs, lui, dans cette cité,
01:11:24 interrogé par nos confrères d'Europe 1.
01:11:27 - Moi, alors ici, mon rôle, c'est de commander les guetteurs.
01:11:30 T'as vu ? Je suis payé 150 euros par jour.
01:11:33 J'ai juste à poster les guetteurs le matin, et le soir,
01:11:36 les déplacer de leur poste et les payer.
01:11:38 Et ils touchent 130 euros par jour.
01:11:40 - Bien, sur là, je fais le calcul. 150 par jour, après, 4 000 euros, vraiment.
01:11:45 - Et tu vas à l'école ou comment ça se passe ?
01:11:48 - Non, j'ai arrêté tôt l'école. Ici, comme je t'ai dit, t'as vu, ta voiture, tu la laisses,
01:11:51 tu laisses les clés, ça bouge pas, y a pas de vol.
01:11:54 - L'opération Placenet, alors ? - Ouais.
01:11:56 - Franchement, ça a servi à strictement rien du tout, je te dis la vérité.
01:11:59 Eux, ils viennent, ils bloquent dans le charbon, dans le four, quoi, t'as vu ?
01:12:02 Mais en fait, nous, derrière, on a des livraisons, nous, t'as vu ?
01:12:04 On n'a pas que le point de deal, t'as vu ?
01:12:07 On a des livraisons, on envoie par colis, on a des... T'as vu, tu vois ?
01:12:11 Y a pas que du surplace, quoi. Placenet, franchement, je suis déjà avoué que ça nous a pas fait mal.
01:12:15 Ça nous a rien fait. Placenet, ça sert à rien, franchement, strictement à rien.
01:12:18 - Amaury Buco, vous qui connaissez bien ces sujets,
01:12:21 bon, ce sont des déclarations d'un jeune un peu provocateur.
01:12:24 Il faut les prendre pour argent comptant, j'en suis pas sûr.
01:12:27 Comment vous interprétez cette façon de défier l'autorité
01:12:30 et de dire, bah, nous, on est là, on continue,
01:12:33 même pas peur, entre guillemets, de ces opérations Placenet ?
01:12:36 - Bah non, mais ces opérations, de toute façon, leur efficacité,
01:12:38 ça va déjà de le faire dans le temps, mais même pas sur quelques mois,
01:12:41 sur des années, puisqu'il faut quand même, y a des années d'enlisement de ces quartiers,
01:12:45 avec un trafic de drogue qui a créé son maillage, etc.
01:12:48 Donc effectivement, là, on est, en soi, au premier mois de l'opération Placenet,
01:12:52 donc c'est tout à fait normal que dans certains quartiers, ce soit méprisé.
01:12:55 Peut-être qu'un jour, ce jeune se fera arrêter, interpellé,
01:12:59 et là, il fera moins le malin, j'ai envie de dire. Et puis après, non.
01:13:02 - Ou pas, hein. Ou pas. Certains font quelques mois, un an,
01:13:06 continuent à gérer les trafics de la prison, reviennent le temps se bomber.
01:13:10 - S'il va en prison, parce qu'en fait, la question qui nous manque encore,
01:13:13 là, on n'a pas le recul sur les opérations Placenet, c'est sur les suites judiciaires.
01:13:16 On sait le nombre de personnes interpellées, on sait ceux qui sont déférés.
01:13:19 - 600.
01:13:20 - Et les poursuites judiciaires, comme en général, c'est différé
01:13:23 à plusieurs mois, voire parfois des années.
01:13:26 - Ouais, on n'a pas le recul encore.
01:13:27 - On n'a pas le recul, et on n'a aucune certitude,
01:13:31 puisque la justice est indépendante, que ça va suivre,
01:13:33 que la volonté du gouvernement va se transmettre dans les décisions des juges.
01:13:37 On n'a aucun moyen de contrôler ça.
01:13:39 - Je voudrais qu'on entende juste le deuxième témoignage, et je fais tourner la parole.
01:13:42 En tout cas, il affiche clairement une forme de réussite,
01:13:45 ce souci assez peu des interventions de police.
01:13:47 On a entendu le chef des guetteurs de cette cité,
01:13:49 et vraiment merci aux équipes d'Europe 1 qui ont fait ce travail aujourd'hui.
01:13:53 Écoutez ce guetteur. Alors là, la voix, elle n'est pas trafiquée.
01:13:56 Vous allez avoir l'impression d'entendre un enfant,
01:13:58 mais en fait, vous entendez un enfant. Écoutez.
01:14:01 - Ça me rapporte 100 euros par jour.
01:14:04 - Ah oui ? - Ouais.
01:14:05 - Et pourquoi tu fais ça ?
01:14:06 - C'est comme ça. On est des employés. C'est un point de deal.
01:14:11 C'est fait pour les clients, ils achètent, et voilà.
01:14:14 - Tu sais, il y a eu l'opération Placenet, là.
01:14:16 - Ouais, le pari Placenet, on s'en bat les couilles.
01:14:18 Faut que le hazard débite. On s'en bat les couilles.
01:14:21 Faut que le hazard débite. Tous les jours, le point de deal, il est ouvert.
01:14:25 Et nous, les guetteurs, on est faits pour ça, pour crier "Aha !" quand il y a la police.
01:14:29 - Mais t'as quel âge, en fait ?
01:14:31 - Moi, j'ai 14 ans. Il y a des jeunes de 20 ans, des jeunes de 16 ans. Voilà.
01:14:36 - Placenet, t'en penses quoi, l'opération Placenet ?
01:14:38 - Le procès Placenet, je vous dis, il va servir à rien,
01:14:41 parce que le point de deal sera toujours ouvert.
01:14:43 Il y a toujours des toxicomanes qui voudraient leur dose.
01:14:47 Et voilà. Et nous, les guetteurs, tant que ça nous paye, voilà.
01:14:52 Même dans les autres charbons, au...
01:14:54 Que ce soit à Figuerolles, à La Grappe, c'est... Tous les charbons vont ouvrir, genre...
01:14:59 - C'est quoi, les charbons ?
01:15:00 - Les charbons, c'est le terrain, c'est le point de deal.
01:15:03 Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, monsieur ?
01:15:05 Les Placenet, ça sert vraiment à rien.
01:15:07 La police, on s'en bat vraiment les couilles d'eux, monsieur.
01:15:10 Genre, il n'y a que des clients cachettes, monsieur. C'est ça.
01:15:14 - En fait, quand ils viennent, vous partez ?
01:15:16 - Ouais, quand il y a la police, ouais, on part.
01:15:18 Eh oui, c'est ça. C'est le chat et la souris. C'est comme ça, frérot.
01:15:22 - Incroyable.
01:15:23 - La conclusion, elle est assez jolie.
01:15:25 - C'est rationnel, son discours. Il sait de quoi il parle.
01:15:29 - Ce que disaient des magistrats marseillais lorsqu'ils avaient été auditionnés...
01:15:33 - Où sont les parents de ce gosse ?
01:15:35 - C'est l'agilité des trafiquants.
01:15:37 C'est-à-dire que si le point de deal est dans l'incapacité de pouvoir livrer,
01:15:42 de toute façon, ils ont des livraisons à domicile, ils s'organisent.
01:15:46 Et c'est là qu'on voit cette guerre asymétrique.
01:15:48 Alors certes, on peut faire de la communication et, d'une certaine manière,
01:15:51 ça rassure et ça soulage un certain nombre d'habitants de quartiers
01:15:55 qui voient une présence policière, qui voient diminuer un petit peu,
01:15:58 pendant quelques jours, ces trafics.
01:16:00 Mais la réalité, c'est ça, c'est ce trafic qui ne cesse de se démultiplier,
01:16:04 d'une certaine manière.
01:16:05 - Il en bat son immeuble de midi à minuit.
01:16:07 - Les opérations placettes, elles ont un intérêt, même à court terme,
01:16:12 parce qu'elles permettent quand même aux habitants de respirer un peu,
01:16:14 de reprendre un peu d'oxygène.
01:16:15 Mais évidemment, ce n'est pas ça qui va résoudre le problème sur le long terme.
01:16:18 Ça, c'est indiscutable.
01:16:19 Néanmoins, il y a plusieurs questions qui se posent,
01:16:21 parce que ce gamin de 14 ans, il est quand même censé être à l'école.
01:16:23 L'école, c'est obligatoire.
01:16:24 - À mon avis, il y va plus loin.
01:16:25 - Oui, mais ça pose un problème.
01:16:27 Effectivement, que font les parents ?
01:16:29 Et l'Education nationale devrait se préoccuper quand même de l'absence de ce gamin
01:16:33 qui traîne dans les rues et qui est là livré à lui-même.
01:16:39 - Quand vous excluez un enfant, vous avez un devoir de le rescolariser.
01:16:41 - Normalement, l'Education nationale ne peut pas laisser un enfant de 14 ans
01:16:43 sans affectation dans un établissement scolaire.
01:16:46 Ça n'est pas possible.
01:16:47 Mais ensuite, lui, pour le coup, il serait bon de l'envoyer dans un internat
01:16:51 loin de ce quartier et de le laisser manifestement plusieurs années
01:16:55 pour le sortir de cet ancrage de la délinquance.
01:16:59 - Mais lui, il ne suffit pas de lui dire que M. Macron n'est pas méchant.
01:17:02 - Il est manifestement très ancré quand même.
01:17:04 Il a déjà tous les codes à 14 ans.
01:17:07 Il connaît toutes les techniques.
01:17:08 C'est quand même assez effrayant.
01:17:10 - Alors, ce qu'il faut juste peut-être rappeler aussi, Julien,
01:17:12 c'est qu'en principe, l'opération Place Nath, ce n'est pas que pour le trafic de drogue.
01:17:15 C'est aussi pour les commerces illégaux.
01:17:17 - Mais enfin, la com de l'État, jusqu'à présent, depuis un mois,
01:17:21 c'est surtout sur les césis de drogue et les interpellations.
01:17:23 - Oui, mais au départ, c'était quelque chose de plus transversal.
01:17:25 Et je pense que d'ailleurs, le gouvernement devrait aller plus loin.
01:17:27 Et notamment, le contrôle de l'immigration illégale dans ces quartiers.
01:17:30 Vous voyez faire un maillage très fin quand la police vient,
01:17:33 tout contrôler et que ça aille plus loin que le trafic de drogue.
01:17:35 Parce qu'on voit que le trafic de drogue, il y a quand même une efficacité limitée.
01:17:38 Et en profiter pour faire d'autres choses en plus.
01:17:40 - Un dernier mot, Paul.
01:17:42 Le jour où la justice frappera fort, on verra peut-être le bout du tunnel.
01:17:47 - Oui, la justice.
01:17:48 Et puis, on est aussi sur un peu les mêmes problématiques que tout à l'heure.
01:17:51 C'est-à-dire que la réponse, je ne vais pas vous faire une réponse de normand,
01:17:53 mais elle est multifactorielle.
01:17:55 On peut évoquer la justice, on peut évoquer les consommateurs.
01:17:58 Sujet dont on ne parle pas toujours.
01:18:00 Là, il parlait des toxicomanes.
01:18:01 Il est bien informé, effectivement, de la clientèle.
01:18:03 Donc, tant qu'il y aura en France et en Europe des gens
01:18:06 qui consommeront de façon croissante ces substances,
01:18:08 il y aura des trafiquants.
01:18:10 Donc, il faudrait aussi se questionner sur la consommation de la drogue en Occident.
01:18:13 Et pourquoi est-ce qu'elle augmente comme ça ? J'ai quelques pistes.
01:18:15 Ensuite, il y a la question, effectivement, de la drogue comme financement de la délinquance.
01:18:20 Donc, il y a la question de la délinquance.
01:18:22 Pourquoi est-ce que dans notre pays, au XXIe siècle,
01:18:25 il y a autant de crimes et de délits par habitant ?
01:18:28 Pourquoi est-ce que cette montée de l'insécurité est partout ?
01:18:30 Et une fois qu'on aura adressé ces différentes questions,
01:18:33 disons, les questions judiciaires et les questions d'intervention policière
01:18:37 pourront se poser.
01:18:39 Mais je vous avoue que si demain, un nouveau ministre de l'Intérieur,
01:18:43 que ce soit Gérald Darmanin ou un autre,
01:18:45 vient ergoter et nous expliquer qu'en quelques semaines,
01:18:48 ou en quelques mois, ou même en quelques années,
01:18:50 il arrivera à résoudre le trafic de drogue,
01:18:53 je vous avoue que je n'y croirais pas.
01:18:55 Je pense que c'est une politique de fond,
01:18:57 parce que le trafic de drogue est, si vous voulez,
01:18:59 la partie émergée d'un iceberg
01:19:01 que nous aurons beaucoup de mal à combattre en Occident
01:19:04 et que nous n'en sommes qu'au prémice.
01:19:06 - C'est sur ces mots très optimistes que je me trompe.
01:19:08 - Oui, j'aurais pu vous faire une suite plus optimiste.
01:19:10 - C'est dommage, j'aurais aimé avoir le temps pour vous dire
01:19:12 que Paris est l'une des villes où il fait bon vivre en Europe.
01:19:14 - Ah oui, ça c'était pour la même histoire.
01:19:16 - Ça m'avait échappé, mais c'est ce qu'avance un nouveau classement
01:19:18 publié par un cabinet canadien, Résonance Consultancy.
01:19:20 Merci pour la musique, les amis.
01:19:21 Si je vais rendre l'antenne, ne vous inquiétez pas.
01:19:23 - Ça ne va pas faire une bonne musique, en tout cas.
01:19:25 - Merci de nous avoir suivis.
01:19:27 - C'est des touristes très vacants de Paris.
01:19:29 - J'ai l'impression qu'on me met la pression pour rendre l'antenne.
01:19:31 Mais je vais la rendre, ne vous inquiétez pas.
01:19:33 Merci à tous d'avoir été avec nous.
01:19:35 - On avait plein de blagues à faire sur la suite.
01:19:37 - On va garder ça pour demain, parce que c'est quand même pas mal.
01:19:39 Adrien Fontenot, Martin Mazur, Coralie de Leplaçon,
01:19:41 on prépare cette émission.
01:19:43 Je les en remercie, l'édition de l'année avec Simon Guillain.
01:19:45 A demain pour un nouveau numéro de Soir Info.
01:19:47 Bonne nuit.
01:19:49 ...