Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, Pascal Praud reçoit Philippe Val pour la sortie de son livre "Rire" aux éditions de l'Observatoire.
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00:00 - Le rire, vaste sujet, Philippe Vallée est avec nous pour son livre "Rire".
00:15 "Seul le grand souffle du rire redonne à notre vieux monde l'éclate de l'éternel,
00:20 le nouveauté", aux éditions de l'Observatoire.
00:23 Alors, appelez-nous, est-ce que vous êtes nostalgique d'une forme de rire, d'un second
00:27 degré peut-être qui n'existe plus, d'une dérision, d'une légèreté, de rire ?
00:33 Qu'est-ce qui vous fait rire aujourd'hui également ?
00:35 Donc vous pouvez, on va rappeler d'ailleurs le téléphone parce que c'est important.
00:41 Philippe Vallée, on a commencé l'émission tout à l'heure avec Léa Salamé,
00:44 et c'était intéressant parce que Léa Salamé, samedi soir dans son émission "Quelle époque ?",
00:49 répondait à un humoriste, Artus, qui se félicitait d'avoir arrêté de boire et de fumer pour gérer ses angoisses,
00:56 et Léa a dit "Vous êtes devenu chiant".
01:01 Bon, et elle a dit ça, me semble-t-il, c'est du second degré, elle a joué avec son invité,
01:06 elle a joué avec la caricature de ce qu'on pense de celui qui ne boit pas.
01:11 Eh bien c'est une polémique, c'est une polémique sur les réseaux sociaux,
01:14 parce que tout le monde a pris cette phrase qui est du second degré, tout le monde l'a pris au premier degré.
01:19 Et je crois qu'on est au cœur, d'une certaine manière, de votre livre.
01:23 En tous les cas, d'un des thèmes dans le bouquin, oui.
01:27 C'est sûr, ça montre que c'est répandu grâce à la stupidité qui est, comment dire, exponentielle dans les réseaux sociaux,
01:38 l'algorithme vous enferme dans votre propre connerie, il faut bien le dire, de plus en plus.
01:43 Il s'en suit une espèce de puritanisme, ce que je pense est sacré, les mots sont tabous,
01:50 on ne doit pas dire ceci, on ne doit pas prononcer tel mot.
01:53 Ce qui fait que, ce qu'a dit Léa, qui est plutôt rigolo, parce que c'est transgressif,
01:59 elle transgresse le tabou des campagnes de santé contre le tabacisme et l'alcoolisme.
02:08 Bon, mais c'est rigolo de le faire, comme vous disiez tout à l'heure,
02:12 des fois on est énervé par ce que l'État nous dit de faire.
02:15 Alors bon, moi je suis pour et contre des campagnes de santé contre le tabac,
02:20 mais c'est bien de pouvoir en rire aussi, si on ne peut pas en rire comme l'a fait Léa,
02:24 alors on est foutu, il faut tout arrêter.
02:26 - Et elle va être obligée peut-être de s'excuser samedi prochain, vous savez il y a un côté procès de Moscou,
02:31 c'est ça les procès, c'est-à-dire qu'on venait s'excuser de la blague qu'on avait faite.
02:36 - Non, non, non, il ne faut pas s'excuser, je pense qu'il ne faut absolument pas s'excuser.
02:39 On peut dire, écoutez, j'assume ma blague, c'était une blague,
02:43 si vous ne comprenez pas ma blague, la bêtise elle est dans l'œil de celui qui regarde
02:46 ou dans l'oreille de celui qui l'écoute, mais pas de mon côté.
02:49 - Alors nous on a du mal parce qu'on est d'une génération qui a grandi
02:53 avec d'abord un second degré qui était très présent, on pouvait se moquer de tout.
02:59 Moi je me souviens de Jacques Martin, souvent j'ai cité cet exemple-là.
03:04 Jacques Martin avait été élevé par les prêtres dans des écoles catholiques.
03:09 Il n'avait pas de mots assez durs pour se moquer de la religion.
03:14 Et il jouait lui-même très souvent le vieux réac, le vieux ringard
03:20 qui se moque de la société d'aujourd'hui et qui la critique en référence au maréchal pétain que sais-je, etc.
03:27 Mais personne ne prenait ça pour du premier degré, il jouait !
03:30 - Non, il y avait des émissions dimanche matin sur Europe notamment, quand j'étais petit,
03:35 avec des humoristes qui étaient à mourir de rire et qui étaient horriblement transgressifs
03:41 et qui avaient très très mauvais goût.
03:43 Enfin, rappelez-vous, Jacques Martin évidemment, le jeune Jacques Martin était à mourir de rire,
03:49 avec Jean-Yann, avec Francis Blanche, ils ont fait quand même des matinées de radio qui étaient historiques.
03:58 Et on ne rit pas de ce qui est permis, il y a un rire de ricanement, qui est un rire de connivence
04:06 avec les gens avec lesquels on est d'accord, et on leur montre à travers nos petites blagues,
04:13 nos petites vannes, comme ils disent, qu'on est d'accord avec eux et qu'ils sont d'accord avec nous.
04:17 Alors on rigole ensemble d'être d'accord ensemble, mais c'est pas ça le rire.
04:22 Le rire c'est ce qui nous percute, c'est la bêtise, le truc énorme qui nous surprend.
04:28 Imaginez quand même au XVIème siècle, on peut difficilement imaginer la Renaissance
04:35 sans que Rabelais fasse exploser les portes de tout déconformisme à ce moment-là.
04:41 Et par ces énormités érudites, mais ces énormités scandaleuses,
04:48 c'est par là, c'est par les failles du scandale, notamment que Rabelais expose dans ses bouquins,
04:58 dans les premiers livres, deuxième livre, troisième livre, quatrième livre, c'est magnifique.
05:02 Il pisse des tours de Notre-Dame et le géant, et ça fait une inondation dans Paris,
05:08 bon, tout ça est scandaleux, et sans ce scandale, sans les failles dans les conformismes du temps que cela opère,
05:15 on ne voit pas comment seraient passées les arts et les sciences.
05:18 Les arts et les sciences sont passés par ce grand scandale du rire.
05:22 Et depuis l'Antiquité, notre civilisation, on le voit bien même dans les dialogues de Socrates et de Platon,
05:27 enfin dans les dialogues de Platon et de Socrate,
05:29 il y a toujours une forme d'humour chez les pré-socratiques, il y a de l'humour,
05:34 et quand la civilisation grecque, la raison grecque s'hybride avec la loi juive,
05:40 c'est ce qui fait l'Europe, c'est ce qui fabrique l'Europe,
05:42 le rire, la transgression du rire est omniprésente.
05:46 Et le rire, c'est la destruction créatrice de notre civilisation européenne.
05:52 Voilà, alors bon, c'est un peu langue de bois, mais...
05:56 - C'est vrai que de temps en temps, en même temps, et on connaît ça notamment avec Louis XIV,
06:01 les dévots étaient présents et ils imposaient Tartuffe, t'avais pas le droit de jouer Tartuffe comme ça !
06:07 - Oui, mais il l'a fait, il a fait Tartuffe.
06:10 Il a fait Tartuffe, et ça lui a coûté cher, mais il l'a fait, mais en fait il l'a fait dans toutes ses pièces.
06:15 - Mais parce que Molière est un génie ! - Oui, mais parce que Louis XIV...
06:18 - Louis XIV protège ! Pourquoi ? Parce que ça le distrait !
06:21 - Oui. - De la même façon...
06:23 - Oui, et puis ça le sert peut-être politiquement de faire passer quelques messages contre les uns ou les autres !
06:27 - Oui, et puis en même temps, ça met un peu de sable pour cacher la merde aux chats
06:32 de ces frasques sexuels qui sont nombreuses, le roi aussi,
06:36 qui n'est pas très catholique si vous voulez, dans ses façons,
06:39 c'est un roi très catholique, pas très catholique.
06:41 Et donc, il sait bien que la réalité humaine,
06:46 qui est toujours étonnante, toujours stupéfiante, toujours scandaleuse,
06:50 et parfois très drôle, même quand elle est assise sur du tragique,
06:54 cette réalité humaine, il en a besoin,
06:57 il en a besoin parce qu'on a besoin du réel,
07:00 pour se réveiller on a besoin du réel,
07:03 on voit bien aujourd'hui à quel point les gens refusent la tristesse,
07:08 aujourd'hui c'est le refus de la réalité.
07:10 - Il est 12h13, on va marquer une pause,
07:12 et puis je vais vous parler de Dieudonné, peut-être,
07:15 parce que l'autre jour, lorsque vous êtes venu sur ces news, on n'en a pas parlé,
07:18 je me suis dit après, j'aurais dû lui parler de Dieudonné.
07:21 Dieudonné, je considère que c'est un des hommes qui a le plus de talent,
07:24 ou qui en a eu le plus, en tout cas, dans cette...
07:28 - C'était un comédien très talentueux. - Voilà, et dans cet humour et de ça.
07:32 Et évidemment aujourd'hui, pour ses prises de parole, il est exclu.
07:36 Donc ça, on est au cœur d'une vraie question.
07:39 Est-ce que Dieudonné, par ses prises de parole,
07:43 doit être exclu de la sphère médiatique,
07:46 ou est-ce que le talent, finalement, pardonne tout ?
07:49 Voilà une vraie question, une bonne question, en tout cas, pour Philippe Valle.
07:52 Je vais laisser passer une pause, parce que je vois que vous allez réfléchir à cette question,
07:55 qui peut-être vous ennuie d'une certaine manière,
07:59 parce que vous devez être partagé comme moi.
08:01 Quand on aime le talent, comme on aime nous deux le talent, et il en a,
08:05 on est ennuyé, effectivement, pour répondre à cette question.
08:09 Il est 12h14, à tout de suite.
08:10 Restez bien avec nous sur Europe 1, vous écoutez Pascal Fraude, 11h à 13h.
08:14 Europe 1.
08:16 Pascal Fraude, de 11h à 13h sur Europe 1, et avec notre invité, Pascal Philippe Valle.
08:20 Philippe Valle, donc, qui d'après nous, évidemment, verrons les chapitres de votre livre,
08:26 mais la question Dieudonné, parce qu'elle est intéressante, la question Dieudonné.
08:29 Voilà quelqu'un qui est sans doute un des plus doués de sa génération,
08:32 mais qui est en dehors de la sphère médiatique, pour des raisons compréhensibles,
08:36 puisque ses prises de position heurtent, je dirais, la morale.
08:39 Qu'est-ce qu'on fait ?
08:40 - Ça heurte plus que la morale, c'est-à-dire que ça induit en erreur un public.
08:47 Et parce que, dans fiction, dans la création,
08:54 je pense que la liberté d'expression est immense.
08:59 Et je pense que la loi française est assez bien foutue.
09:03 J'y ai été confronté, puisque j'étais directeur de publication pendant très longtemps,
09:08 donc j'ai fréquenté la 17ème chambre, même parfois pour des courriers de lecteurs,
09:12 c'est-à-dire des choses, voilà.
09:14 Et je pense que c'est assez bien fait.
09:17 Dieudonné, il est sorti des clous.
09:20 - Merci.
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09:36 - Merci.
09:38 - Merci.
09:39 On fait parfois les choses de la manière intéressante,
09:41 probability, et on se transferte un peu et si les choses définissent
09:47 mieux, ça a des effets.
09:49 Ce que fascinating quand on fait du montage de vidéo,
09:54 c'est qu'on re także un peu son 0.
10:00 Il est aussi important de retrouver ce qu'il a acheté.
10:04 Il y a beaucoup de gens,
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19:11 - Merci Émilie.
19:12 Les comiques tous de gauche,
19:14 dit Philippe Vall,
19:15 on objectera qu'aujourd'hui en France
19:17 il n'y a pratiquement que des comiques de gauche,
19:19 c'est tout le problème.
19:20 Ils ne sont pas drôles
19:21 parce qu'ils sont de gauche,
19:22 ou alors ils sont de gauche
19:23 parce qu'ils ne sont pas drôles.
19:25 Ça marche dans les deux sens.
19:27 En d'autres temps,
19:28 on aurait pu dire la même chose
19:29 avec la droite.
19:31 Ils ne sont pas drôles
19:32 nos amis de France Inter ?
19:34 - Non, c'est-à-dire que
19:35 je pense que
19:37 aux États-Unis,
19:39 ils ont trouvé un mot,
19:40 c'est les "clappeurs".
19:41 Les clappeurs,
19:42 c'est les comiques qui font rire,
19:43 c'est les artistes qui font rire
19:45 pour des raisons politiques
19:46 et qui s'adressent à un public
19:47 avec lesquels ils sont d'accord.
19:48 et qui rassemblent
19:49 comme un petit parti politique
19:50 où on va faire des vannes
19:51 sur la partie adverse.
19:53 On n'aime pas Macron,
19:54 on va dire des conneries sur Macron
19:56 et on va applaudir,
19:57 on est tous d'accord,
19:58 on est content
19:59 et on rigole
20:00 parce qu'on dit du mal de Macron.
20:01 Donc ça,
20:02 pour moi,
20:03 ce n'est pas du comique,
20:04 c'est autre chose.
20:05 C'est de la satire politique,
20:06 de base, je ne sais pas.
20:07 Pour moi,
20:08 le rire est une surprise.
20:09 On ne s'y attend pas,
20:10 c'est le contraire de ça.
20:12 C'est-à-dire qu'on rit,
20:14 on révèle quelque chose
20:15 qui est pas vrai.
20:16 On rit,
20:17 on révèle quelque chose
20:18 de nous-mêmes,
20:19 c'est pour ça que ça nous libère.
20:20 On ne savait pas
20:21 qu'on allait rire
20:22 à cette énormité,
20:23 à cette chose très vulgaire,
20:25 très lourde peut-être,
20:26 très incroyable
20:27 ou très transgressive.
20:28 C'est plus fort que nous,
20:30 on rit.
20:31 Et c'est ce plus fort que nous
20:33 qui est génial
20:34 et qui nous fait du bien.
20:35 - Et aujourd'hui,
20:37 ils ne sont pas très drôles.
20:39 - Ah ben non,
20:40 moi ça ne me fait pas marrer,
20:41 mais par contre,
20:42 il y a des gens qui me font marrer.
20:43 On parlait de Ricky Gervais
20:44 l'autre jour.
20:45 Ricky Gervais,
20:46 c'est énorme,
20:47 parce que je ne sais pas
20:48 ce qu'il va dire.
20:49 Et par exemple,
20:50 vous prenez l'humoriste,
20:51 comment elle s'appelle ?
20:52 - Blanche Gardin.
20:53 - Blanche Gardin,
20:54 que j'aime beaucoup.
20:55 Si vous utilisez ses interviews,
20:56 vous allez voir,
20:57 vous allez trouver ça insupportable
20:58 parce qu'elle est très
20:59 France Insoumise,
21:00 très...
21:01 Mais quand elle est sur scène,
21:02 elle s'adresse à tout le monde.
21:03 Et c'est très noble.
21:04 C'est comme Jean Ferrat
21:05 qui était communiste
21:06 mais qui faisait de la chanson
21:07 pour les gens de droite
21:08 comme pour les gens de gauche.
21:09 Il essayait de faire une belle musique,
21:10 de faire des chansons
21:11 pour les gens de droite
21:12 comme pour les gens de gauche.
21:13 Il essayait de faire une belle musique,
21:14 de chanter un beau texte.
21:15 - Et puis il y a quelque chose
21:16 qui est important,
21:17 c'est que c'est le récepteur
21:18 qui fait l'émetteur.
21:19 C'est-à-dire que,
21:20 par exemple,
21:21 Géraldine,
21:22 elle rit.
21:23 Et elle rit à mes blagues.
21:24 Donc elle me permet d'en faire.
21:25 Parce qu'il y a des gens,
21:26 regardez,
21:27 elle rit déjà.
21:28 - C'est un spire.
21:29 - Oui, parce qu'il y a des gens,
21:30 tu sais que tu les feras pas rire du tout.
21:31 Donc évidemment,
21:32 t'es terrorisé.
21:33 Parce que,
21:34 comme nous on dit que des bêtises,
21:35 moi,
21:36 parfois,
21:37 quand t'avais 15 ans,
21:38 16 ans,
21:39 17 ans,
21:40 t'avais pas lui parlé de Platon.
21:41 Donc tu disais une ou deux bêtises.
21:42 Et tu voyais tout de suite
21:43 si la fille était réceptive
21:44 à l'humour,
21:45 en tout cas à la fantaisie,
21:46 l'esprit.
21:47 Il y a des gens,
21:48 tu peux pas leur faire rire
21:49 parce que c'est une langue étrangère,
21:50 parfois,
21:51 l'humour.
21:52 - Moi je pense qu'on ne peut pas
21:53 se dire des choses importantes
21:54 sans rire à un moment ou à un autre.
21:56 Sinon ça passe pas.
21:57 Je pense que les grandes vertus,
21:59 courage,
22:00 loyauté,
22:01 les vertus théologales,
22:02 charité,
22:03 tout ça,
22:04 elles sont horribles.
22:05 Elles deviennent morbides et dangereuses
22:07 si au-dessus,
22:08 il n'y a pas la légèreté,
22:09 la fantaisie.
22:10 - Et parfois dans des dîners,
22:11 vous savez que vous allez vous ennuyer
22:12 ou pas d'ailleurs,
22:13 mais un vrai dîner réussi,
22:14 c'est quand on a ri.
22:15 - C'est quand on a ri.
22:16 - Voilà.
22:17 - Évidemment.
22:18 - Et c'est toujours un miracle,
22:19 une magie.
22:20 - C'est une magie.
22:21 - Et parfois on n'a pas ri
22:22 mais quand on a ri,
22:23 on dit "qu'est-ce que..."
22:24 et le lendemain on s'appelle,
22:25 on dit "qu'est-ce qu'on a ri".
22:26 - Et d'une façon plus encore profonde,
22:27 on dit "pourquoi on a ri ?"
22:28 parce qu'à un moment donné,
22:29 la réalité nous a surpris.
22:30 - Oui.
22:31 - Elle nous a surpris dans...
22:32 - Et puis parce qu'il y a des gens
22:33 qui sont plus drôles que d'autres aussi.
22:34 - Voilà.
22:35 Et puis quelque chose de réel
22:36 qu'on a l'habitude de cacher
22:37 a explosé,
22:38 que ce soit poli ou non,
22:39 scandaleux ou non,
22:40 c'est ça qui nous a fait rire.
22:41 - Oui.
22:42 - Et c'est un certain rire,
22:44 avoir l'habitude,
22:45 cultiver peut-être le rire,
22:47 c'est aussi cultiver un certain rapport
22:49 à la réalité
22:50 qui est loin de la tristesse,
22:52 du jugement moral, etc.
22:53 D'abord, on est stupéfait,
22:55 d'abord on est émerveillé
22:56 que, pour dire ça d'une façon un peu bédante,
22:58 il y ait quelque chose plutôt que rien.
23:00 - Bon bah écoutez, merci.
23:01 Merci parce qu'on vous écoute tous les lundis
23:03 et c'est vrai que...
23:04 Et d'ailleurs,
23:05 il y a quelque chose qui est très drôle aussi,
23:07 vous parlez des essayistes,
23:08 des sociologues,
23:09 des donneurs de leçons, etc.
23:10 Et vous dites,
23:11 ils ont un point commun,
23:12 tous ces gens-là,
23:13 vous parlez des Louis Pleynel notamment,
23:14 ils sont pas drôles du tout.
23:15 - Pas du tout.
23:16 - Et vous dites,
23:17 ils nous veulent pas du bien.
23:18 - Non.
23:19 - Ils nous veulent pas du bien,
23:20 parce qu'ils sont pas drôles.
23:21 - Oui mais je suis comme vous, en fait.
23:22 Je me méfie.
23:23 Robespierre, il était pas drôle.
23:24 - Pas marrant, non.
23:25 - Et Robespierre, il était pas drôle
23:26 et Paréthèse, j'ai appris ça récemment,
23:27 je ne le savais pas,
23:28 il était vierge.
23:29 - Sans doute, il était puceau, oui.
23:31 - Ça en dit quand même,
23:32 je trouve que ça en dit beaucoup.
23:34 - Il y a quelque chose de très sinistre
23:37 dans les gens qui veulent le bien de tous,
23:39 de l'humanité.
23:40 Il avait fréquenté Jean-Jacques Rousseau,
23:42 il l'avait vu,
23:43 il avait été le voir 20 ans avant la Révolution française,
23:45 il avait été lui rendre visite,
23:46 et il lui a inoculé le virus de la gravité, je pense.
23:49 - Oui, la componction,
23:50 vous avez l'esprit de gravité.
23:51 - La gravité et la pureté.
23:52 C'est l'ennemi de la vie.
23:53 - Mais je suis d'accord,
23:54 et quand on voit, par exemple,
23:55 moi je regarde beaucoup d'émissions culturelles,
23:57 j'ai grandi avec Pivot, avec Chancelta,
23:59 c'était la malice,
24:00 c'était une sorte de...
24:01 - De José Arthur.
24:02 - José Arthur, Pierre Baudelier.
24:03 Je vois les émissions culturelles aujourd'hui,
24:05 je ne veux pas les citer, bien sûr,
24:07 mais je trouve qu'il y a une sorte de gravité,
24:09 il y a quelque chose de lugubre,
24:11 il y a une sorte de messe funéraire,
24:13 de funèbre,
24:15 bon, alors que Pivot c'était drôle,
24:17 et tu pouvais jouer, jouer avec les gens.
24:20 - Et un vrai grand auteur,
24:22 ou une grande autrice,
24:23 je ne sais pas comment on dit,
24:24 c'est des gens drôles.
24:25 - Oui.
24:26 - Au fond, ils ont un fond d'humour,
24:27 même si ce fond d'humour n'est pas apparent tout de suite.
24:29 - Vous avez parlé de Proust,
24:30 l'autre jour c'est vrai que Proust était drôle,
24:31 mais tout le monde ne voit pas cette drôlerie-là.
24:32 Bon, il est 12h38,
24:34 et je voulais parler,
24:35 d'abord je remercie Philippe,
24:37 il nous reste quelques minutes,
24:39 on voulait parler de ces écrans,
24:41 et vous voyez tout à l'heure,
24:42 je dis que ce n'est pas à l'État de se mêler de ça,
24:44 il y a quelqu'un qui nous a écoutés,
24:46 et qui dit "Pardonnez-moi cher Pascal,
24:48 mais vous êtes à côté de la plaque,
24:50 lorsque vous dites que ce n'est pas à l'État de dire aux parents
24:52 de ne pas mettre les enfants sur les écrans,
24:54 c'est faire fi de l'obligation morale
24:57 pour l'État de mettre en place
24:59 des politiques de santé publiques,
25:01 ou des politiques sanitaires dans les démocraties,
25:03 c'est comme ça que l'État a éradiqué l'alcoolisme ouvrier
25:06 au début du XXème siècle,
25:07 cela s'appelle gouverner.
25:09 Je ne sais pas si elle est très drôle cette dame,
25:11 mais c'est vrai j'entends...
25:13 - Non mais elle n'a pas tort.
25:14 - Mais bien sûr qu'elle n'a pas tort,
25:15 elle n'a pas tort,
25:17 et c'est tout la difficulté parfois de ces choses-là.
25:20 - Mais on peut s'en moquer.
25:21 - Mais on peut s'en moquer,
25:22 et si on peut on doit.