• il y a 8 mois
Nicole Zawadzki et le docteur étaient amants dans un petit village du Loiret où tout finit par se savoir. A l'hiver 1998, ils sont devenus des empoisonneurs. Le mari de Nicole, un jeune et robuste militaire, jusque-là en pleine santé, mais manifestement au cœur fragile venait de décéder. Le crime n'était pas loin d'être parfait mais les masques vont tomber.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 30 avril 2024

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Transcription
00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:07 Tout d'un coup, un mercredi, on reçoit un coup de fil.
00:10 "Eh bien Jean-Paul est décédé."
00:12 Vous parlez d'un choc.
00:14 Ce jour-là, ça a été...
00:16 Je ne peux pas vous expliquer comment ça peut se passer.
00:18 Quand on vous entendait ça, vous avez un gosse qui est costaud,
00:21 qui est plein de vie, et puis tout d'un coup il est mort.
00:25 Bonjour, Nicole et Michel étaient amants dans un petit village du Loiret où tout finit par se savoir.
00:32 Nicole était l'épouse d'un militaire, le Major Jean-Paul Zavadsky.
00:36 Michel était un médecin de campagne connu de tous.
00:39 À l'hiver 1998, les amants sont devenus des empoisonneurs.
00:43 Le mari de Nicole, jusque-là en pleine santé, est retrouvé mort,
00:48 officiellement victime d'un coeur trop fragile,
00:50 selon le certificat de décès rédigé, bien sûr, par le médecin lui-même.
00:55 Un crime presque parfait si le couple n'avait pas fait jaser.
00:59 Face à ses amants, les enquêteurs vont désormais devoir établir qui a fait quoi,
01:03 qui a décidé que le Major devait mourir et pourquoi,
01:08 et qui, de l'amant ou de la maîtresse, dit la vérité.
01:11 Alors, le médecin de famille n'était-il qu'une marionnette dans les bras d'une femme manipulatrice
01:16 ou bien est-ce lui qui a imaginé le scénario fatal ?
01:19 Seule certitude.
01:20 Tous les deux ont assisté pendant des semaines à la descente aux enfers d'un homme et à son agonie.
01:26 L'un des deux était-il vraiment plus diabolique que l'autre ?
01:29 Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:31 L'affaire Zavadsky, les mensonges empoisonnés des amants d'Orger.
01:37 Ils se plaignaient depuis trois mois de douleurs à ses yeux,
01:40 parfois injectées de sang et de maux de tête.
01:43 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver,
01:46 à tout de suite sur RTL.
01:49 Dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Jean-Paul Zavadsky.
02:04 À l'hiver 1998, ce militaire bien noté, familier d'émission à l'étranger, marié et père d'une petite fille,
02:11 tombe gravement malade chez lui dans le Loiret.
02:15 Sa mort brutale, quelques semaines plus tard, va surprendre tous ceux qui le connaissaient.
02:20 Mercredi 11 mars 1998, peu avant 15h, Nicole Zavadsky appelle le docteur Michel T.
02:28 Elle vient de rentrer chez elle, chemin de la Croix Saint-Jacques,
02:32 dans le paisible village de Souji, à une demi-heure d'Orléans.
02:36 Elle vient de découvrir son mari inanimé.
02:38 Le médecin, dont le cabinet est installé à Orger-en-Bosse,
02:42 une commune toute proche, est rapidement sur place.
02:45 Il est trop tard, Jean-Paul Zavadsky, 38 ans, un colosse d'un mètre 90 pour 95 kilos, ne respire plus.
02:53 À 15h15, le docteur délivre le certificat de décès.
02:56 Nicole se retrouve ainsi veuve, à 40 ans, seule avec sa petite fille de 7 ans.
03:02 Les pompes funèbres ne remarquent rien d'anormal,
03:05 le défunt est inhumé quelques jours plus tard dans le petit cimetière de Châteauneuf-sur-Cher.
03:09 Sur la base militaire 123, à Brissy, les collègues de Jean-Paul Zavadsky sont choqués par cette disparition.
03:17 Ce chef des mécaniciens navigants de l'escadron 361 Poitou
03:22 était un homme jeune, plein d'énergie, toujours partant pour les missions les plus difficiles ou les plus lointaines.
03:28 Trois mois auparavant, il était rentré dans long séjour à Libreville, au Gabon.
03:33 Il se plaignait depuis de douleurs aux yeux, parfois injectées de sang et de maux de tête, indique un militaire.
03:39 La dernière fois que le médecin-chef de la base l'avait examiné, Zavadsky était pourtant en excellente santé.
03:46 « Il a trop tiré sur la carcasse », dit l'un de ses amis, allusion aux séances de musculation forcenées auxquelles s'adonnait le soldat.
03:54 Tous ses collègues avaient noté son état de fatigue, le major était exclusivement soigné par son médecin de famille, le Dr. T.
04:02 Un homme qui ne cachait guère sa liaison avec l'épouse Nicole, un secret de polichinelle pour les habitants du coin.
04:09 Seul Jean-Paul Zavadsky semblait ignorer cette relation.
04:13 Depuis quatre ans, Nicole se rendait ainsi régulièrement chez le Dr. à Orger.
04:17 Le médecin, séparé de sa femme, venait chez elle. Il avait même les clés de la maison.
04:23 Mercredi 8 avril, moins d'un mois après les obsèques, Nicole, la veuve, pousse la porte de la concession BMW d'Orléans.
04:31 Elle achète un modèle flambant neuf. Au vendeur, elle s'est présentée comme directrice de la maison de retraite d'Arteney, fonction qu'elle n'a jamais occupée.
04:40 Nicole Zavadsky, qui a touché l'assurance décès de son épouse, change aussi tout son mobilier.
04:45 Attitude qui ne passe pas inaperçue et revient aux oreilles des gendarmes.
04:50 Ces derniers mènent quelques vérifications. Ils apprennent que les Zavadsky étaient endettés. Jusqu'au cou, le militaire avait une solde confortable, mais l'argent était dilapidé.
05:00 À un huissier qui menaçait le couple de saisie, l'épouse avait écrit qu'elle était en très mauvaise santé et que ses jours étaient comptés.
05:08 Nicole aurait-elle voulu empocher l'assurance vie du défunt ?
05:12 Cette femme mentée à tout propos, confie au gendarme, le père du Major Zavadsky.
05:18 Mardi 2 juin, trois mois après la mort de Jean-Paul Zavadsky, une information judiciaire pour meurtre est ouverte.
05:26 Le juge d'Orléans, Alain Joulin et les gendarmes se déplacent presque secrètement jusqu'au cimetière de Châteauneuf-sur-Cher.
05:33 Le corps du militaire est exhumé. Les analyses vont montrer la présence dans le corps d'un cocktail de bétabolocan, d'antidiabétique, de somnifère et d'hypnotique.
05:43 Association des conseillers car elles peuvent entraîner de graves troubles cardiaques.
05:48 Nicole Zavadsky n'était pas prévenue de l'exhumation mais on la voit apparaître au cimetière.
05:53 Il est décidé de ne plus attendre et de l'interroger.
05:57 Et l'épouse va donc se retrouver en garde à vue mais également son amant, le médecin de campagne.
06:04 Que va raconter ce couple sur la mort subite et pour le moins douteuse de Jean-Paul Zavadsky ?
06:09 Que vont dire les témoins qui vont continuer à être interrogés ?
06:12 On va voir ça dans les prochains chapitres de l'Heure du crime car bien des surprises vont émerger.
06:19 Bonjour Maître Christophe Pesme.
06:21 Bonjour.
06:22 Merci infiniment d'être aujourd'hui avec nous dans le studio de l'Heure du crime.
06:25 Vous êtes avocat au barreau d'Orléans et dans cette affaire vous avez longtemps défendu le docteur Michel T.
06:33 Avec votre confrère parisien Maître Jean-Yves Leborgne qu'on salue évidemment.
06:38 Maître Christophe Pesme, la mort du militaire finalement, elle aurait pu passer inaperçue.
06:44 Le certificat de décès est rédigé, c'est le médecin local qui le rédige.
06:49 On ne doute pas de cet homme que la population connaît bien ici.
06:53 Et pourtant tout le monde, c'est étonnant, se met à douter. Pourquoi ?
06:58 En fait dans cette affaire, rien ne colle.
07:01 La victime est une personne dont on sait qu'elle a une condition physique solide.
07:08 C'est un militaire qui s'entretient, qui fait de la musculation.
07:13 On sait par ailleurs que le couple n'allait pas très bien.
07:18 Et en parallèle c'est un petit milieu, un petit village.
07:22 On connaît le médecin, on sait qu'il entretenait des liens de plus en plus étroits avec Madame Zawadzki.
07:31 Et on voit également le médecin qui s'étiole un peu dans l'exercice de son métier.
07:37 C'était un médecin réputé, un médecin de campagne, dont on souligne les qualités d'écoute, d'empathie.
07:44 Et ça n'était plus que l'ombre de lui-même.
07:47 Donc ça ne va pas, évidemment, ceux qui connaissent toutes ces personnes, ils tiquent un petit peu.
07:51 Ça va revenir aux oreilles des gendarmes.
07:54 Alors un mot, Maître Christophe Pesme, sur ce couple Zawadzki.
07:58 Ils ne s'entendent plus.
08:00 Lui il est militaire, mais il est très bien noté, très bien vu.
08:03 C'est un homme en pleine santé.
08:05 Là aussi on se pose beaucoup de questions.
08:07 Alors effectivement, lui c'est un militaire qui est souvent à l'étranger.
08:11 Je crois à peu près un tiers du temps, dans l'Ouïsson, en Afrique et autres.
08:15 Donc c'est un couple qui vit dans un pavillon, dans un petit village, à Soujy, près d'Orléans.
08:21 Qui ne fait pas tellement parler de lui.
08:24 Je crois que l'enquête a simplement mis en évidence que peut-être qu'il y avait un peu de tension
08:28 à l'approche des faits dans le couple, et notamment pour des problèmes d'argent.
08:33 - Oui, parce qu'ils sont très endettés, c'est ça ?
08:35 - Ils sont très endettés.
08:37 Lui a une solde importante quand même, en tant que militaire.
08:41 Mais elle semble-t-il être dispendieuse, de sorte que le couple a du mal à faire face à ses engagements financiers.
08:47 - Alors un mot encore en maître Christophe Pez.
08:49 Mais c'est important, parce qu'il faut qu'on cadre un petit peu ce jeu de personnages.
08:53 Cette espèce de théâtre d'ombre qui apparaît et qui se fait jour.
08:57 Le docteur Michel Thé, qui est, je le répète, votre client dans cette affaire.
09:01 Alors lui, il est séparé de son épouse, je crois, en instance de divorce.
09:06 Mais vous allez peut-être me le confirmer.
09:08 Tout ça à cause de cette liaison, c'est ça ?
09:10 - Oui, à la date des faits, à cette époque-là, oui.
09:14 Il s'éloigne un peu de son épouse.
09:17 Il est en instance de divorce et bien évidemment que cette affaire a joué un rôle.
09:22 L'épouse voit bien qu'il est de plus en plus proche de cette patiente.
09:28 Voit bien également que cette patiente a plein de problèmes.
09:32 Que ça mobilise extrêmement et de plus en plus ce médecin.
09:36 Elle l'appelle plusieurs fois par jour, parfois la nuit.
09:39 - Parfois la nuit.
09:40 - Un jour de Noël, il quitte la fête alors qu'il était en famille,
09:45 parce qu'il est appelé par cette femme.
09:48 Elle prend de plus en plus de place et il est évident que dans un couple, c'est difficile à vivre.
09:53 - Et ce qui est étonnant, c'est que le docteur en parle à sa femme quasiment de cette liaison.
09:57 Ils sont en train d'être séparés.
09:59 Mais l'épouse, elle va d'ailleurs être interrogée par les gendarmes.
10:03 Elle va raconter plein de choses.
10:05 Elle est au courant de beaucoup de choses, de ce mari qui serait sous emprise.
10:09 C'est comme ça qu'on peut le dire.
10:11 - Oui, je crois que cette liaison n'est pas cachée.
10:13 Ça part tout d'abord d'un surinvestissement vis-à-vis d'un patient, en l'occurrence d'une patiente,
10:19 que le docteur pressent tout d'abord comme étant dépressive.
10:24 Ensuite viennent les accusations qu'on connaît et qui vont conduire à l'issue fatale.
10:31 Mais effectivement, l'épouse du docteur est au courant.
10:35 Elle est au courant de l'évolution de cette liaison.
10:38 - Bonjour Roland Coutenceau.
10:40 - Bonjour.
10:41 - Merci infiniment d'être avec nous au Téléphone de l'heure du crime.
10:44 On vous connaît évidemment, vous êtes expert psychiatre auprès des tribunaux.
10:49 Vous connaissez bien cette affaire Zavadsky.
10:53 Alors, Roland Coutenceau, une question un peu à spectre large pour commencer.
10:57 Les amants, la femme, l'amant et le mari, c'est un triptyque qui est très connu, qui est vieux comme le monde.
11:05 Est-ce que ces couples qui d'un seul coup s'unissent pour peut-être faire le mal ou pour tenter d'éliminer quelqu'un,
11:12 est-ce qu'ils sont tous les mêmes ou bien il y a des mécaniques qui sont chaque fois différentes ?
11:17 - Non, effectivement vous ouvrez la question à un large spectre.
11:22 Mais il est évident que quand un homme quitte sa femme pour une autre femme,
11:29 il y a une première période comme dans toute relation humaine, peut-être pas de passion,
11:37 mais enfin d'investissement fort, de contexte dans lequel on est très à l'écoute de ce que demande la maîtresse, la nouvelle femme.
11:49 Donc ce contexte affectif va être le premier élément très banal,
11:56 mais on va voir qu'il va se compliquer du fait en contrepoint de la personnalité de la maîtresse en question.
12:04 - C'est-à-dire que ce que vous nous dites, Roland Coutenceau, c'est qu'il y a une espèce de magnétisme qui s'opère dès lors qu'il y a cette union qui se fait.
12:10 Peut-être l'amant, il est là pour écouter ce que dit l'épouse et puis suivre tout ce qu'elle dit, c'est ça ?
12:18 - Peut-être pas aussi vite à ce point-là, mais on comprend que quand on est dans une nouvelle relation,
12:25 il faut utiliser la sagesse populaire, tout ce qui est nouveau un peu, on est bien disposé, on est à l'écoute,
12:34 on répond aux sollicitations de l'autre, il y a sûrement un souhait avant même que se tisse la complexité de cette affaire,
12:45 mais un investissement très fort du docteur T, de cette maîtresse, je crois qu'on n'apprendait pas encore sa personnalité,
12:54 mais il a une histoire assez banale, c'est finalement un homme bien inséré qui fait son travail, vous l'avez rappelé,
13:01 un médecin qui investit ses clients et donc on voit que cette dimension, est-ce que c'est une passion,
13:08 on va dire un investissement très fort quand même de cette femme, cette patiente qui est devenue sa maîtresse,
13:15 et aussi on va voir un petit peu qu'elle occupe non seulement une présence forte, mais une présence très quotidienne
13:22 au fur et à mesure que vous développez ce qui fait jouer.
13:25 - Tout à fait, c'est ce que disait Maître Christophe Pesme, avec cette espèce d'omniprésence justement,
13:29 Maître Christophe Pesme, dans l'organisme de la victime, on va retrouver un cocktail de médicaments,
13:36 c'est un cocktail fatal ?
13:38 - Oui, c'est un cocktail fatal, alors malheureusement, évidemment ça a contribué à l'horreur de ce crime,
13:45 c'est que finalement ça a pris un certain temps, c'est compliqué, on sait exactement ce qui lui a été administré,
13:52 en revanche la façon dont ça a été fait, pourquoi ça n'a pas été, c'est terrible à dire, mais plus rapide,
13:58 tout ça c'est compliqué et on se demande même si elle n'a pas retenu un peu et n'a pas finalement administré
14:05 exactement ce qu'il lui avait donné, c'est une partie de l'enquête qui n'est pas totalement établie.
14:11 - L'épouse et le médecin vont se retrouver en garde à vue.
14:15 L'affaire Zavadsky, les mensonges empoisonnés des amants d'Orger, j'ai pris la décision de supprimer Jean-Paul
14:21 pour protéger Nicole et sa fille. L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
14:27 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
14:31 Jean-Alphonse Richard.
14:33 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
14:38 - L'heure du crime consacrée aujourd'hui à la mort suspecte en mars 98 dans un village du Loiret de Jean-Paul Zavadsky.
14:45 Les gendarmes ont discrètement enquêté sur la vie intime de la victime et fait exhumer son corps.
14:51 Trois mois plus tard, son épouse et son amant, le médecin de famille, sont interpellés.
14:56 Mardi 2 juin 1998, Nicole Zavadsky et le médecin de famille sont placés en garde à vue à la section de recherche de la gendarmerie d'Orléans.
15:04 Le médecin, 46 ans, collier de barbe, a répondu spontanément à la convocation des enquêteurs sans savoir ce qu'il lui voulait.
15:12 Après avoir nié sa liaison avec Nicole, il admet qu'il est bien son amant depuis 4 ans.
15:18 Il se voyait plusieurs fois par semaine. Il raconte qu'au fil de leur longue relation, Nicole l'a peu à peu abreuvée de confidences, de pleurs, de révélations sordides sur sa vie conjugale.
15:29 Elle se disait très malheureuse. Elle racontait que son mari était violent. Il l'a frappée, abusé d'elle.
15:35 Un jour, elle lui a montré des hématomes aux deux poignées et dans le bas de son dos.
15:39 Elle ne cessait de répéter que Jean-Paul était un danger grave pour elle et pour sa fille.
15:45 Je la trouvais de plus en plus dépressive. Elle avait des pensées suicidaires.
15:49 Elle m'a dit un jour « c'est lui ou moi » dit le médecin dans sa tête.
15:53 A alors germé l'idée qu'il fallait sauver Nicole. Le seul moyen était d'éliminer le mari.
15:59 Le 14 février, après avoir été appelé par Jean-Paul Zavadsky pour une douleur à l'œil, il a remplacé pour la première fois la posologie habituelle par d'autres produits.
16:09 Et notamment de l'isoptine qui accélère le rythme cardiaque.
16:13 Il a continué dans les semaines suivantes, antidiabétiques, bêtas bloquants, jusqu'à ce que le patient sombre dans un semi-coma.
16:21 Un jour, il a concocté une solution de digitaline mélangée à un fortifiant à l'orange. Le mari l'a bu.
16:28 Le jour fatal, 11 mars, il est venu tôt, le matin, à la maison. Il a fait une injection d'insuline au militaire.
16:34 « J'ai pris la décision de supprimer Jean-Paul pour protéger Nicole et sa fille », déclare-t-il.
16:41 En garde à vue, Nicole indique que ses rapports avec son époux n'étaient pas bons.
16:45 Elle confirme avoir raconté à son amant les violences physiques et même sexuelles qu'elle subissait.
16:50 Le 14 février, le médecin lui a ainsi proposé d'éliminer le mari avec des médicaments.
16:55 Il aurait prononcé ces mots « il a abusé de toi », un jour, très bientôt, il abusera de ta fille.
17:03 Le 10 mars, dans la soirée, elle a donné à Jean-Paul des gélules préparées par le docteur et contenant officiellement du magnésium.
17:10 Dans la nuit, elle a appelé son amant. Il est resté au chevet de Jean-Paul pendant deux heures.
17:15 Elle a paniqué. Le docteur lui a répondu que le processus s'était enclenché, qu'il ne fallait rien faire et que le mari allait partir normalement.
17:22 Devant le juge, l'épouse revient sur ses déclarations qui lui auraient été dictées par les enquêteurs.
17:28 Elle assure qu'elle ne voulait pas la mort de son mari. L'idée de l'empoisonnement, elle revient à son seul amant.
17:34 C'était à son insu, contre sa volonté, précise-t-elle. Selon elle, le docteur désirait depuis longtemps tuer Jean-Paul, mari et rival.
17:43 Il avait parlé de le « descendre avec un fusil », affirme-t-elle.
17:47 Les deux amants sont mis en examen pour assassinat, mais l'enquête se poursuit pour savoir qui a fait quoi dans ce couple.
17:54 La fille du couple, Zavadsky, 7 ans, est entendue par les enquêteurs.
17:59 Elle raconte que pendant les 4 semaines où son père a été malade, celui-ci a pris beaucoup de médicaments que sa mère allait chercher.
18:06 Il était très fatigué, il dormait beaucoup, dit l'enfant.
18:09 Elle se souvient qu'un jour, le docteur qu'elle connaissait bien et qui voulait qu'il l'appelle papa, est venu à la maison avec la barbe rasée.
18:16 Il ne voulait pas être reconnu par son père malade. Il ne fallait pas dire qu'il était venu, ajoute la petite fille.
18:23 La femme du docteur T, séparée de son mari, est à son tour entendue, selon elle.
18:29 En faisant ce qu'il a fait, Michel avait cru sauver cette femme manipulatrice, ainsi que sa fille.
18:35 Une mère qui demande à sa fille de mentir, les investigations vont se préciser et découvrir bien d'autres affabulations,
18:42 parmi lesquelles une tante Julie imaginaire qui, au téléphone, persuadait le docteur Dédé Nicole.
18:48 Mais qui était donc au bout du fil ? On le saura dans la suite de l'heure du crime.
18:54 Vous allez voir, c'est tout à fait surprenant.
18:56 Il y a des gardes à vue, une information judiciaire ouverte, car l'enquête a trouvé plus de questions que de réponses avec ce couple d'amants.
19:05 Maître Christophe Pesme, vous êtes aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime avec nous.
19:09 L'un de nos invités, avocat au Barreau d'Orléans et avocat du docteur Michel T.
19:13 Avec Maître Jean-Yves Leborgne, votre client, le docteur T, là, il est en garde à vue.
19:19 Lui, très vite, il n'occulte rien de sa responsabilité. Il parle de sa personnalité, certes, mais rien de sa responsabilité.
19:28 Non, je dirais que d'emblée, dès qu'effectivement le médecin est en garde à vue, il livre tout.
19:35 Son souci, ça va commencer ici, ça va être réellement, je le dis, je suis son avocat, mais réellement de faire toute la vérité sur cette affaire.
19:44 Ça a été un souci constant et lorsque le juge d'instruction m'appelle, il était dans les geôles au Palais de Justice d'Orléans,
19:51 il m'avait désigné comme étant son avocat et j'arrive et là le juge d'instruction me tend quatre pages de déposition et il y avait tout.
20:00 Ensuite, nous sommes rentrés dans les détails, il y a eu l'enquête, les investigations, mais je dirais que tout était là,
20:06 avec déjà en germe, peut-être, un premier doute du médecin sur cette manipulation hors normes dont il avait fait quelque part un peu l'objet.
20:18 Il était un peu le jouet de cette femme, c'est en tout cas ce qui va se dessiner dans cette enquête.
20:23 - Alors quelque chose d'étonnant quand même, c'est qu'il est médecin et ça pèse lourd dans cette histoire parce que là il y a le serment d'Hippocrate,
20:30 il a trahi ce serment, il se doit d'aider les uns et les autres et là il les tue, il donne la mort.
20:36 Le cocktail qu'il administre, il est très désordonné, on se demande même si ce n'est pas quelque chose d'amateur, c'est un professionnel.
20:43 On a l'impression qu'il ne sait pas très bien où il va et cette agonie, elle est terrifiante du Major Zavadsky.
20:47 Et jusqu'au bout, ce que vous dites est tout à fait juste, c'est plus lui. C'est-à-dire qu'on est aux antipodes de ce qu'est cette personne.
20:54 C'est-à-dire qu'au-delà même du médecin, c'est quelqu'un qui est totalement dévoué. Il est médecin des pompiers, il est connu, d'ailleurs l'enquête l'a confirmé,
21:01 il est confié en dévotion. En plus de ça, c'est un excellent médecin et les patients, les infirmières qui travaillent avec lui,
21:09 enfin tout le monde le dit, il avait une écoute exceptionnelle, un très bon diagnostic, etc. Et finalement, c'est ce que cette affaire va démontrer,
21:17 c'est que cette femme, Nicole, l'a conduit à faire exactement l'opposé de ce qu'il était. C'est une perversion totale, en fait.
21:25 Et vous parliez du serment d'Hippocrate, effectivement, on est totalement à l'opposé. Et quand vous disiez que ça a duré un certain temps,
21:32 même jusqu'à ces détails sordides, c'est vrai qu'en tant que médecin, il savait, peut-être une injection de potassium ou je ne sais quoi,
21:41 - Beaucoup plus rapide. - Beaucoup plus rapide, et même jusque-là, ça a été un échec. C'est-à-dire qu'un échec sur toute la ligne.
21:47 Il a été, bien heureusement, il a été lui aussi détruit socialement, mais je dirais que le mobile de Nicole Prévost, qu'on a décrit comme pervers narcissique,
22:02 ça a été, je pense, jusqu'à déliminer totalement le médecin et de lui faire rogner totalement ce qu'il était.
22:09 - Roland Coutenceau, expert psychiatre auprès des tribunaux, et vous êtes en ligne avec nous dans l'heure du crime,
22:14 et là, votre concours nous est très précieux parce que ces protagonistes, vous les avez étudiés à l'époque, vous connaissez bien ce dossier.
22:22 On a le sentiment finalement que le médecin, il est persuadé d'accomplir une "bonne mission", c'est-à-dire qu'il va sauver cette femme et cette petite fille des griffes d'un homme méchant, c'est ça ?
22:34 - Oui, et regardez comment on peut éclairer un peu cette affaire. Finalement, c'est un homme ordinaire, au bon sens du terme.
22:43 Il n'y a rien dans son passé qui est problématique, ni dans les antécédents, ni dans sa personnalité.
22:52 C'est une personnalité d'ailleurs qu'on a décrite comme banale, dans le spectre de la normale, je le préciserai ultérieurement,
22:59 mais finalement cette histoire, c'est comment un homme ordinaire, de plus médecin, a pu dériver dans un contexte particulier que vous décrivez au fur et à mesure,
23:10 avec l'importance de ce contexte, la quotidienneté de ce contexte, l'intensité passionnelle et sexuelle de ce contexte,
23:19 et in fine, comment il a pu avoir la conviction que finalement il fallait diminuer un peu la force d'abord.
23:30 Peut-être qu'il voulait simplement au départ rendre cet homme moins violent, puisqu'il était présentement violent,
23:37 mais regarder en contrepoint aussi comment un homme intelligent a pu, d'une certaine manière, on va le dire quand même, être manipulé par cette femme,
23:47 mais regarder en contrepoint aussi l'image qu'a actuellement l'homme violent dans la société.
23:52 Donc finalement, d'une certaine manière, ça paraît aux yeux de certains quelque chose de monstrueux, un homme qui tape sa femme régulièrement,
24:01 et c'est cet ensemble de facteurs qui va entraîner cet homme ordinaire qui en vient à concevoir l'idée de supprimer quelqu'un pour sauver, à ses yeux, sa maîtresse.
24:14 - Bien sûr, alors là, dans cette histoire-là, il faut quand même dire que les coups, le majeur ne donnait pas de coups, il n'était pas violent,
24:22 ça va être établi ensuite par l'enquête. Et encore un petit mot, Roland Coutenceau, il y a cette obsession qui germe dans la tête,
24:30 il faut tuer le mari, en tout cas il faut lui faire du mal, il faut l'affaiblir, vous l'avez dit, il faut tuer le mari, ça veut dire quoi ça ?
24:37 Ça veut dire qu'il y a un aveuglement total à un moment donné ?
24:40 - Oui, mais en même temps, là, on écrase en une phrase un peu le temps cet homme banal.
24:50 Je crois que, un, il a été un peu déstabilisé, paradoxalement, par sa séparation avec sa compagne antérieure.
24:57 Ensuite, il a été comme happé dans cette relation extra-conjugale, avec évidemment la passion affective et sexuelle,
25:07 mais aussi, il rencontre cette violence allégée par sa maîtresse, avec, et vous l'avez très bien décrit, la fréquence avec laquelle elle lui en parle.
25:18 Vous voyez, ce contexte de violence allégée, il est quotidien, il est répétitif, vous avez parlé la nuit,
25:24 et alors, évidemment, la cerise sur le gâteau, si vous voulez, pour comprendre un peu ce contexte,
25:30 c'est cette tante qui téléphone, et qui va dans le sens un petit peu du déclaratif de sa maîtresse.
25:39 Donc, il en vient à être convaincu.
25:41 - Bien sûr, il est étonnantment convaincu. L'histoire de la tante Julie, on va la raconter dans un petit moment,
25:46 parce qu'elle est effectivement spectaculaire.
25:49 Maître Christophe Mez, vous êtes d'accord, je suppose, avec ce que dit Roland Coutenceau,
25:54 c'est que votre client, il a succombé à cette espèce d'hypnose.
25:58 - Oui, oui, oui, je crois qu'on peut, je ne sais pas si on peut parler d'amour, il était subjugué,
26:02 et en même temps, peu à peu totalement ligoté, je dirais, c'est un peu comme dans une toile d'araignée,
26:07 avec un tissu de mensonge, dans lequel il s'est complètement empêtré jusqu'à perdre la raison.
26:13 - Une épouse qui serait maltraitée, mais qui va être rattrapée par ses affabulations.
26:18 L'affaire Zavadsky, les mensonges empoisonnés des amants d'Orger,
26:22 Michel, il faut que vous aidiez Nicole, elle est malheureuse, son mari est violent, elle est en danger.
26:27 L'enquête de l'heure du crime, l'épouse est-elle à l'origine de la plus perverse des mises en scène ?
26:32 C'est à suivre, dans un court instant sur RTL, restez avec nous.
26:36 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
26:41 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
26:46 - Cette complicité induite de façon extraordinaire est parvenue à rendre criminel, finalement,
26:54 un médecin qui n'était pas du tout prédestiné à ça, qui n'avait pas du tout les caractéristiques de personnalité pouvant la séquencer là.
27:00 Oui, c'est une histoire qui est digne d'un très grand roman policier.
27:03 Au programme, aujourd'hui, de l'heure du crime, l'assassinat de Jean-Paul Zavadsky en mars 1998 dans le Loiret.
27:10 L'épouse et son amant, le médecin de famille, ont avoué l'empoisonnement, Nicole Zavadsky s'est rétractée.
27:15 Selon elle, son amant est seul responsable du drame. Mais dit-elle la vérité ?
27:20 Surnommé dans les journaux les amants d'Orger, le médecin et l'épouse se renvoient à la responsabilité du crime.
27:27 Lors de l'enquête, le médecin dit avoir été comme "envoûté" par Nicole Zavadsky,
27:32 laquelle affirmait vivre un calvaire moral, physique et sexuel avec son mari, le docteur.
27:37 Évoquent les écrits et les dessins de la petite fille du couple Zavadsky autant d'appels au secours ?
27:42 Les gendarmes vont toutefois établir que ces dessins étaient directement inspirés ou dictés par la mère.
27:48 Le médecin raconte encore comment une mystérieuse "tante Julie" l'appelait d'une voix douce pour lui demander de protéger sa pauvre nièce Nicole.
27:57 "Il faut que vous l'aidiez, elle est malheureuse, elle est en danger", disait la voix.
28:02 Nicole lui avait confié que cette fameuse tante habitait le village de Saint-Doulchard.
28:07 Le docteur avait tenté de la rencontrer mais sans succès et pour cause.
28:11 La tante Julie n'existait pas.
28:14 C'est Nicole qui modifiait sa voix pour parler en son nom, même si elle va démentir avoir créé ce personnage.
28:21 Les enquêteurs ne comptent plus les mensonges compulsifs de Nicole.
28:26 Elle s'était inventé un jumeau mort à l'âge de 15 ans, se disait propriétaire d'un vaste domaine imaginaire,
28:32 les chardonneries dont elle aurait hérité.
28:34 L'épouse avait également confié au docteur qu'elle était violée par son mari, en compagnie parfois de certains de ses collègues militaires.
28:43 Devant les enquêteurs, elle précise même avoir déposé une plainte pour violences conjugales,
28:48 avant d'admettre qu'elle n'a jamais alerté le commissariat de Bourges.
28:52 Les psychiatres décrivent l'épouse comme névrotique, présentant une capacité manipulatrice et calculatrice, froide et utilitaire selon les experts.
29:00 Elle affiche une personnalité perverse, le docteur est lui présenté comme un homme débordé par sa passion,
29:06 crédule face aux propos mythomaniaques de sa maîtresse, maître Martine Verdier, avocate de la famille de la victime.
29:13 Les renvoie tous les deux dos à dos, ils ont été tous deux diaboliques et machiavéliques, affirme-t-elle.
29:21 Et dans cette heure du crime, on retrouve l'un de nos invités au téléphone de l'heure du crime,
29:26 c'est Roland Coutenceau, expert psychiatre auprès des tribunaux, et qui a expertisé ce couple et qui connaît bien ce dossier.
29:33 Roland Coutenceau, alors effectivement il y a des mensonges qui sont multiples de cette épouse,
29:39 est-ce que c'est consubstantiel de sa personnalité ?
29:43 C'est-à-dire, est-ce que c'est une menteuse depuis des années et des années ?
29:47 Ou bien c'est pour l'occasion, pour convaincre le docteur qu'elle est devenue menteuse ?
29:52 Alors je crois qu'il y a un peu des deux, il y a toujours une potentialité chez certaines personnalités,
29:58 vous voyez, d'avoir des inexactitudes par rapport aux réelles,
30:03 d'utiliser parfois le mensonge, un mensonge utilitaire, un peu dans la dynamique, un peu de quelque chose d'infantile.
30:09 Mais ici, je dirais sa personnalité, je vais d'abord utiliser une image qui n'est pas clinique,
30:17 mais c'est comme une araignée, elle tisse sa toile un peu pour convaincre son amant qu'elle est victime de violences congégales.
30:26 Elle utilise sa fille, vous l'avez très bien expliqué, elle crée un personnage d'une tante,
30:32 vous voyez, il y a une espèce de créativité, je le mets entre guillemets bien sûr,
30:37 dans la dynamique du mensonge pour convaincre un homme intelligent, un médecin,
30:42 de la réalité de quelque chose qui n'existe pas.
30:45 Donc effectivement, sa potentialité de mentir au service d'une stratégie qu'on va voir petit à petit apparaître,
30:56 mais vous voyez, il y a quelque chose, c'est vrai, au sens populaire, on dirait un peu diabolique,
31:00 moi je dirais simplement, il y a une intensité de tisser des éléments pour avoir la conviction de son amant, ce médecin,
31:09 qu'elle est vraiment victime, c'est le temps 1, je dirais, du basculement du docteur.
31:15 Tout à fait, et ça permet effectivement à cette femme de retenir le docteur avec elle,
31:19 elle l'a sous la main et puis elle va s'en servir, et les deux vont se servir l'un de l'autre d'ailleurs.
31:23 Maître Christophe Pesme, vous êtes avocat à Orléans, avocat du docteur Michel Té dans cette affaire avec Maître Jean-Yves Leborgne.
31:31 Alors un mot là-dessus Maître Christophe Pesme, parce que lorsque vous avez dû découvrir ça dans le dossier,
31:36 c'est hallucinant l'histoire de Tante Julie, c'est un personnage inventé.
31:41 Oui, mais un personnage clé, bien qu'inventé, un personnage clé de ce dossier.
31:46 Et je dois dire qu'avec le médecin, dès la première heure de garde à vue,
31:51 pendant les trois années qui ont précédé le procès d'assise, on a fait un travail de point par point, de vérification,
31:59 et le château de cartes, je dirais, s'est peu à peu écroulé.
32:03 Savoir qui a fait quoi, c'est ça ?
32:04 Savoir qui a fait quoi, et on s'est aperçu qu'effectivement, le médecin était enfermé dans une sorte de bulle,
32:10 un univers non pas virtuel, mais totalement imaginaire, et qui fait qu'il n'avait finalement plus aucune prise avec le réel.
32:17 Il était totalement coupé du réel, et il a fini par perdre pied.
32:21 Et cette Tante Julie, on dit que tout le monde y croit.
32:25 D'ailleurs, vous êtes le premier ?
32:27 Moi-même j'y crois, parce que je connais mon client, qui, comme le disait le docteur Coutenceau, est quelqu'un de tout à fait normal.
32:34 Simple.
32:35 Simple, dans le bon sens du terme.
32:37 Il a en plus, alors c'est vrai que c'est extraordinaire de sophistication, je dirais, ce mensonge,
32:43 puisqu'il m'explique qu'il a la Tante Julie au téléphone, mais qu'en tant que médecin de campagne, il a ses patients tous les jours au téléphone,
32:49 et il me dit "mais j'ai une très bonne reconnaissance, quand quelqu'un m'appelle, il n'a pas besoin de dire son nom, je sais qui c'est".
32:54 Et donc il me certifie que ce n'est pas la même voix, et donc ça ne peut pas être Nicole.
32:59 Ça ne peut pas être Nicole.
33:00 Et plus que ça, les détails vont très loin, puisqu'il m'a dit qu'une fois, il a la Tante Julie au téléphone,
33:05 et il regarde sur son téléphone, et il y a un autre appel, et l'autre appel, il voit que c'est Nicole qui essaye de l'appeler.
33:11 Parce que Nicole devait être au téléphone en lui parlant, et avec un second téléphone, pour que véritablement, il n'y ait plus de doute.
33:19 Et moi j'avoue que les premiers mois, avec le juge d'instruction, peut-être que lui était un peu plus... il doutait un peu plus de la réalité de ce fait.
33:29 Mais j'y croyais, je me disais "c'est pas possible à ce point-là". Eh bien non.
33:32 - Roland Coutenceau, un petit mot.
33:34 Elle va dire, Nicole, que finalement si elle avait prononcé tous ces mensonges, si elle avait inventé toutes ces choses, c'était parce que...
33:41 c'était surtout pour ne pas perdre le docteur, elle en avait besoin.
33:46 - C'est elle qui le dit, c'est pas moi.
33:49 - Oui, oui, voilà, j'entends bien. C'est déclaratif.
33:52 Vous l'avez vu un peu aussi dans ce véritable polar, donc on voit bien quand même que, aussi, le positionnement des gens dans l'instruction est très important.
34:03 Assez rapidement, le docteur a une position claire, relativement stable, toujours la même, avec une certaine cohérence,
34:11 et effectivement, elle, elle alterne, elle se repositionne, finalement, elle réinterprète, elle donne une explication un peu différente des choses.
34:20 Et vous l'observez, c'est que toutes ces déclarations sont un peu défensives.
34:26 Alors qu'elle est celle qui a inspiré, on va dire, voilà, après il assumera, on verra un petit peu comment les jurés...
34:34 Elle a inspiré, finalement, le premier basculement de cet homme tout à fait ordinaire, qui se dit "ma compagne, ma nouvelle compagne, est victime de violences conjugales".
34:46 Petit à petit, d'eux, il faut que je la sauve, et puis ils ont bien, finalement, rassumé de la sauver en tuant l'autre.
34:53 Mais elle, elle alterne des positionnements, ce qui la fera un petit peu, on va dire, un peu antipathique, peut-être, pour les jurés.
35:01 Et on voit bien que chaque fois, c'est un plaidoyer prodomo, mais un plaidomo variable, qui bouge en fonction un peu de ce qu'on lui oppose.
35:10 Oui, c'est ça, elle s'adapte aussi l'épouse. L'épouse et le médecin de famille vont comparaître aux assises.
35:15 L'affaire Zavadsky, les mensonges empoisonnés des amants d'Orger.
35:19 À aucun moment, je n'ai voulu la mort de mon mari, il était le seul homme que j'aimais.
35:23 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
35:27 L'heure du crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
35:31 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL. Jean-Alphonse Richard.
35:37 Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'assassinat de Jean-Paul Zavadsky en mars 98, près d'Orléans.
35:43 Ce militaire de carrière, 38 ans, est mort empoisonné à petit feu.
35:47 Son épouse et l'amant de celle-ci, le médecin de famille, sont jugés 3 ans après les faits.
35:52 Vendredi 19 juin 2001, Nicole Zavadsky, 43 ans, et Michel T, 49 ans, sont devant la cour d'assises du Loiret à Orléans.
36:00 Une salle comble scrute les faits et gestes des amants diaboliques d'Orger.
36:05 La veuve, petite brune, vêtue de noir, et le docteur, lunettes carrées, barbe, poivre, sel, n'ont aucun regard l'un pour l'autre.
36:12 Ils ne s'adressent plus la parole, bien décidés à ne se faire aucun cadeau.
36:16 A propos de son époux empoisonné, Nicole Zavadsky, la gorge nouée, indique "il a été mon premier et mon seul amour".
36:23 Elle raconte qu'en 1990, pendant la guerre du Golfe, et alors que Jean-Paul était en mission, elle s'est sentie abandonnée.
36:30 Elle s'est réfugiée dans les bras de Michel, le médecin de famille.
36:34 Ce dernier évoque cette liaison qui l'a entraîné jusqu'aux assises.
36:37 "J'ai été manipulée, j'ai fait cela pour elle. La passion m'a fait perdre toute lucidité.
36:42 Il y a un gouffre aujourd'hui entre les faits que j'ai commis et ma véritable personnalité", explique le docteur.
36:48 Pendant trois jours, les ex-amants se renvoient à la responsabilité de la tragédie.
36:53 Le président finit par les confronter l'un à l'autre.
36:56 Nicole Zavadsky maintient qu'elle ignorait tout de l'empoisonnement.
36:59 "À aucun moment je n'ai voulu la mort de mon mari. Il était le seul homme que j'aimais", affirme la veuve.
37:04 C'est elle qui, dit-elle, a été complètement droguée par son amant médecin, le docteur dément.
37:10 En bloc, il lève les yeux au ciel.
37:12 L'avocate de la famille de la victime, Martine Verdier, indique "le major Zavadsky est mort d'avoir trop aimé sa femme
37:20 et d'avoir fait confiance à son médecin. Son agonie a duré entre deux et trois heures".
37:25 L'avocate ajoute "après l'avoir froidement assassinée, ils ont continué à salir sa mémoire, à détruire sa famille.
37:31 Comment n'ont-ils pas fléchi pendant presque un mois ?
37:34 Vous êtes une menteuse constitutionnelle, une totale mythomane", lance l'avocat général à l'épouse.
37:41 Trois heures de délibérés, verdict.
37:43 25 ans de prison pour Nicole Zavadsky, 20 ans pour le médecin.
37:47 Nicole Zavadsky qui est la plus lourdement condamnée.
37:52 Maître Christophe Pesme, on vous retrouve dans cette heure du crime, avocat, dans cette affaire du docteur Michel T.
37:57 avec maître Jean-Yves Leborgne.
37:59 Nicole Zavadsky plus lourdement condamnée parce que finalement on considère,
38:03 si je traduis ce qu'ont pu penser les jurés, c'est que c'est elle la meneuse et que finalement on n'a pas cru,
38:10 on ne croit aucun de ses mensonges.
38:13 Oui, je crois qu'il y a deux choses. Il y a tout d'abord le comportement de l'un et de l'autre pendant l'instruction.
38:18 Comme je le disais tout à l'heure, le médecin, lui, n'a de cesse que de vouloir découvrir la vérité.
38:25 C'est-à-dire qu'il a vraiment des déclarations constantes, il ne se contredit pas, c'est son seul but.
38:30 Il assume, il assume et il découvre petit à petit l'horreur de son geste.
38:35 Et le deuxième élément, c'est qu'effectivement au travers de l'enquête,
38:41 mais également des expertises, des enquêtes de personnalité,
38:44 on s'aperçoit effectivement qu'on n'est pas seulement en présence d'une manipulatrice,
38:48 mais d'une manipulatrice hors norme. C'est tout à fait exceptionnel.
38:52 Et donc les deux mêlés, je dirais, les jurés ont compris qu'effectivement l'un était,
38:58 si je puis dire, plus responsable que l'autre, ou plus coupable en tout cas.
39:02 - Roland Coutanso, on vous retrouve dans cette heure du crime.
39:04 Vous êtes expert psychiatre auprès des tribunaux, vous connaissez encore une fois bien ce dossier,
39:08 puisque vous avez examiné les protagonistes dans cette affaire.
39:12 Le fait que Nicole, à son procès, elle dise "je l'aimais mon mari, je voulais pas le tuer, c'était mon seul amour",
39:18 ça vous surprend ce genre d'attitude ?
39:21 - Ça me surprend, oui et non.
39:24 Donc en tant que professionnel, on voit que quand il y a plusieurs co-acteurs,
39:30 souvent il y en a un qui est relativement clair, c'est-à-dire qui a une cohérence.
39:36 D'ailleurs à cet égard, je dirais que l'impression personnelle que j'avais eu d'entretien avec le Dr T,
39:43 c'est qu'en me parlant, en essayant de m'expliquer ce qu'il avait fait,
39:48 il voulait aussi s'expliquer à lui-même comment il a été venu à faire ça.
39:53 Donc intoxiqué, on pourrait dire, par le mensonge concernant la violence conjugale de sa maîtresse,
39:59 il y a un moment où lui est venue l'idée que pour la sauver, il fallait tuer cet homme.
40:07 Et même il se le demandait lui-même, comment j'ai pu en arriver là ?
40:10 Donc avec une certaine authenticité, on pourrait dire, qui a parlé, en tout cas dans l'expertise,
40:16 et peut-être même un petit peu à l'audience,
40:19 tandis qu'elle, on voit qu'elle a des vérités successives et finalement là, elle voudrait suggérer,
40:25 finalement moi je n'ai jamais pensé le tuer, c'était mon amant qui par jalousie voulait supprimer mon mari,
40:32 que j'ai beaucoup aimé.
40:33 Donc vous voyez un peu cette espèce de plasticité de vérités successives
40:38 qui caractérise un peu ce type de personnalité,
40:41 et donc qui a été ce que le jury a ressenti,
40:44 et qui se traduit, comme vous l'avez souligné, par des peines un peu différentes au niveau du quantum de peine.
40:51 - Oui c'est ça, 25 ans je le répète pour Nicole Zavadsky, 20 ans pour le médecin,
40:56 Maître Christophe Pesme, c'est le procès de l'emprise aussi, cette histoire.
41:02 - Oui... - On voit quelqu'un qui est plus lui-même.
41:06 - Oui, c'est sans doute pour ça que ça a eu aussi ce retentissement,
41:09 c'est que ça a quelque chose de très inquiétant pour tout un chacun,
41:13 c'est-à-dire que quand on décrit ce médecin qui est tout à fait ordinaire,
41:17 comme je le disais, dévoué, plein d'empathie,
41:21 on se dit si ça lui arrive à lui... - Ça peut nous arriver à nous.
41:25 - Ça peut nous arriver !
41:26 Et qui plus est, comme c'est un médecin, c'est vrai que c'est inquiétant,
41:30 et c'est pour ça que d'ailleurs le procès a été très salutaire de ce point de vue-là.
41:34 L'œuvre de justice, c'est pas uniquement de juger, c'est d'expliquer, de faire la lumière,
41:38 et je crois qu'il y a un travail qui a été fait, l'intervention de ces experts, etc.
41:41 Ça a permis, en tout cas, de découvrir un peu ce phénomène d'emprise,
41:46 et j'ai moi-même fait citer devant la cour d'assises de tour,
41:51 en appel, le docteur Marie-France Éry-Gouayenne,
41:55 qui a fait un ouvrage sur les pervers narcissiques, le harcèlement moral,
41:59 et j'avoue que c'était extrêmement éloquent, quand on met les deux,
42:03 elle décrit ça de façon très bien,
42:06 et je pense que réellement le docteur a été victime de cette emprise.
42:10 - Juste un petit mot, lorsqu'il est condamné à 20 ans de prison, qu'est-ce qu'il dit, votre client ?
42:14 - Alors depuis le début, le docteur, j'allais dire, veut expier.
42:19 Il est absolument abasourdi.
42:22 Plus il prend connaissance, d'une part, que ce château de cartes s'écroule,
42:26 tout n'était que mensonge, il ne reste rien, un champ de ruines,
42:30 il découvre en plus que, non seulement le major Zawadzki n'était pas le salopard,
42:36 j'allais dire que sa femme décrit même, et plus encore, c'était un type...
42:40 Donc si vous voulez, c'est terrible, et bien évidemment,
42:44 quand il entend le verdict, sa peine, il l'accepte.
42:47 - La veuve fait appel, une ultime confrontation aux assises.
42:51 L'affaire Zawadzki, les mensonges empoisonnés des amants d'Orger.
42:55 J'ai déraillé, j'ai fait n'importe quoi à cette époque, j'ai honte de moi.
42:59 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
43:02 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
43:07 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30 sur RTL.
43:11 - Dans l'heure du crime aujourd'hui, les amants diaboliques d'Orger,
43:15 l'empoisonnement fatal du militaire Jean-Paul Zawadzki en mars 98 près d'Orléans.
43:20 Sa veuve et son amant, le médecin de famille, ont été respectivement condamnés
43:23 à 25 et 20 ans de prison en 2001. Procès en appel l'année suivante.
43:29 Mardi 26 février 2002, devant la cour d'assises d'appel d'Indre-et-Loire,
43:34 le docteur Michel T. indique "Je ne suis pas l'instigateur de ce nouveau procès,
43:39 j'ai conscience de l'atrocité de la faute que j'ai commise".
43:43 Nicole Zawadzki, la veuve, indique de son côté "J'ai fait des mensonges,
43:46 mais là je dis la vérité", affirme-t-elle.
43:49 Confrontée aux mensonges qu'elle racontait à son amant, médecin,
43:53 la veuve va finir enfin par avouer qu'elle a déraillé et qu'elle a honte d'elle.
44:00 28 ans de prison pour la veuve, 20 ans pour l'amant médecin.
44:05 Nicole, qui appelait le médecin en lui demandant de venir à l'aide,
44:09 il avait le sentiment que tout ce qui était fait à côté, rien n'aboutissait.
44:14 Et peu à peu, l'étau se resserrait et il lui apparaissait que la seule solution
44:19 était de supprimer le mari.
44:22 Et on reconnaît bien sûr la voix de Maître Jean-Yves Leborgne,
44:25 avocat au barreau de Paris, qui est avec Maître Christophe Pesme,
44:29 l'avocat du Dr. T. C'était un extrait de "Fête, entrez l'accusé".
44:34 Maître Christophe Pesme, à ce procès en appel, on a l'impression que la vérité
44:41 est un peu plus posée sur la table, en tout cas du côté de Nicole, la veuve.
44:47 Ça va être assez court, mais elle va dire "je me suis trompé, j'ai honte".
44:53 Il y a quand même une expression de premier regret.
44:56 - Oui, a priori, on aurait pu se dire que ce procès était le procès de trop,
45:00 puisque chacun avait eu sa peine, mais en réalité, effectivement,
45:04 pour Nicole qui a pris l'initiative de cet appel, ça a été malheureux,
45:09 puisque la peine a été aggravée, mais effectivement,
45:11 pour ce souci de vérité que l'on recherche, ça a été quelque part un peu salutaire,
45:15 puisqu'on a franchi une étape de plus, c'est qu'elle a reconnu un peu plus
45:21 l'ampleur de ses mensonges.
45:24 - La fille du médecin, je crois que c'est à ce procès,
45:28 sa fille va dire que son père était comme vampirisé.
45:31 Elle va le témoigner, parce qu'elle a vu l'évolution de son père,
45:34 qui n'était plus lui-même, qui était absent, comme une espèce de zombie, on pourrait dire.
45:38 - Oui, oui, le médecin, effectivement, comme je disais tout à l'heure,
45:44 a perdu tout repère, il est effectivement vidé,
45:49 ce n'est plus que l'ombre de lui-même, ce n'est plus le médecin que l'on connaissait,
45:53 ce n'est plus le mari, le père de ses enfants.
45:57 Effectivement, il a perdu tout repère, et tout le travail,
46:01 au travers de l'instruction et de ces deux procès,
46:03 ça va être petit à petit de revenir à la réalité,
46:06 et de prendre la mesure du désastre.
46:10 - Roland Coutenceau, vous êtes expert psychiatre auprès des tribunaux,
46:13 et vous êtes en ligne aujourd'hui avec nous,
46:15 depuis le début de cette émission, dans l'heure du crime.
46:18 Je vais poser la même question ensuite à M. Christophe Pesme.
46:21 Est-ce que vous avez pu, après vos entretiens avec les uns et les autres,
46:25 savoir pourquoi cet homme, Jean-Paul Zawadzki, avait été tué ?
46:30 Est-ce que vous arrivez à nous l'expliquer ?
46:33 - Alors, finalement, je dirais que le personnage sur lequel on peut s'appuyer,
46:39 c'est celui du docteur, puisqu'on voit, je résume, un homme ordinaire,
46:44 malgré tout déstabilisé par le fait de prendre une maîtresse.
46:49 Tout à l'heure, j'ai dit qu'il est dans le spectre de la normale,
46:52 mais il est banalement névrotique,
46:54 au sens où beaucoup de mes collègues disent la névroticonormalité.
46:58 Donc, il est dans un contexte amoureux,
47:01 ça c'est le premier élément de contexte.
47:03 Le deuxième élément de contexte, c'est que cette femme lui ferait croire qu'elle est battue.
47:08 Et vous avez vu un peu la...
47:11 je veux dire, la captivité, ce que j'ai trouvé d'autre part, entre guillemets,
47:14 pour le convaincre avec des dessins d'enfants, avec l'attente qui...
47:18 Et puis, là, il y a le basculement, c'est peut-être ce que j'ai moins souligné,
47:22 que je voulais vous donner mon hypothèse.
47:24 À un moment donné, cet homme qui aime cette femme,
47:28 qui est persuadé finalement qu'elle vit une situation atroce,
47:33 donc finalement la manipulation lui a faussé un peu le jugement,
47:37 il en vient à penser, peut-être, il assume,
47:41 c'est un peu choquant, évidemment, pour ceux qui nous écoutent,
47:45 un médecin qui assume de donner la mort, mais il assume,
47:49 et je n'ai entendu tant de nombre de gens qui s'en sont ensuite, évidemment,
47:53 fortement repentis, que c'était peut-être la seule solution
47:57 finalement de tuer un peu cet homme,
48:01 un peu instillé là aussi, suggéré, distillé,
48:06 comme des petites gouttes du poison, peut-être, par la détresse.
48:12 - Effectivement, il y a toute cette mécanique que vous décrivez parfaitement,
48:16 Roland Coutenceau, Maître Christophe Mesme, juste un petit mot,
48:19 alors là c'est très très terre à terre, on le tue pour quoi, Jean-Paul Zavadsky ?
48:23 Pour l'argent ? Pour l'amour ? Pour le plaisir ? Je ne sais pas.
48:27 - On s'interroge toujours sur le mobile, c'est-à-dire effectivement, non, c'est pas l'argent,
48:31 c'est pas pour écarter un mari écondu, puisqu'il est très souvent absent,
48:37 non, du côté du médecin, clairement, c'est la conviction que
48:42 sa maîtresse subit un véritable calvaire,
48:46 - Pour la sauver. - Voilà, dans les griffes, un mari qui la persécute,
48:50 et du côté de Nicole, je pense qu'il y a deux choses,
48:53 il y a l'argent, puisqu'il y a une assurance vie qui va lui permettre d'acheter une magnifique voiture,
48:58 et puis il y a peut-être ce but de faire tuer son mari par son amant,
49:05 aussi diabolique que ça puisse paraître, je crois qu'il y a une certaine logique.
49:08 - Parce qu'elle ne peut pas le faire elle-même, c'est ça ?
49:10 - Elle le fait faire par quelqu'un d'autre, oui, c'est presque encore plus tordu,
49:14 mais je crois que c'est ça le but.
49:16 - Qu'est-ce qu'il devient, votre client, aujourd'hui ?
49:19 - Alors, je n'ai plus de nouvelles de lui depuis un certain temps,
49:22 il a vécu, je dirais, son incarcération de façon, on va dire, "positive",
49:28 en tout cas, il a repris des études, il s'est investi,
49:32 il a fait plusieurs articles sur la santé dans le milieu carcéral,
49:36 et ensuite il est sorti de prison et a tenté de refaire un peu sa vie.
49:40 - Il a toujours voulu tourner la page, lui, il a payé sa dette.
49:44 - Oui, il a voulu assumer... - Comme d'ailleurs Nicole,
49:46 qui a également disparu, on n'a pas pu en parler de cette femme,
49:51 et c'est bien normal, lorsque vous avez payé votre dette à la société,
49:54 de vouloir en terminer.
49:56 Elle vous a marqué cette affaire, Maître Christophe Pesme ?
49:58 Parce que c'est un dossier important, on le voit, c'est un dossier à tiroir,
50:01 qui est compliqué. - C'est un dossier totalement hors normes,
50:05 et encore une fois, qui nous interpelle tous,
50:07 on a besoin de connaître, de savoir, d'expliquer, c'est ça.
50:10 Donc même des années après, on y repense encore,
50:12 et on essaye d'avancer un peu dans ces explications, cette compréhension.
50:16 - Merci infiniment Maître Christophe Pesme et Roland Coutenceau,
50:20 d'avoir été aujourd'hui les invités de L'Heure du Crime.
50:22 Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignot,
50:24 préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer, réalisation Nicolas Godet.
50:30 Jean-Alphonse Richard sur RTL. - L'Heure du Crime.

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