Un monde d'allergiques _ ARTE

  • il y a 4 mois
La recrudescence des cas d'allergies dans le monde devient un problème de santé publique. Enquête sur ce phénomène.

Arachides, pollens, acariens, poils de chat... : ces substances déclenchent des réactions potentiellement graves chez un nombre grandissant de personnes. Rare au début du XXe siècle, la rhinite allergique touche aujourd'hui 20 à 30 % de la population française. Pourquoi nos systèmes immunitaires s'emballent-ils devant des éléments normalement inoffensifs ? La décennie 1960 marque le début de l'augmentation significative des allergies dans le monde. Avènement de la société de consommation, apparition de la nourriture industrielle, mise sur le marché des détergents chimiques : ce nouveau mode de vie perturbe notre système immunitaire, hérité en grande partie du métissage entre Homo sapiens et Néandertaliens. En laboratoire, une expérience montre les conséquences désastreuses que peuvent avoir sur les cellules pulmonaires d'infimes traces de nettoyant restées sur la vaisselle après un lavage en machine. Car, exposées au produit, les barrières cellulaires s'effondrent, laissant la porte ouverte à des hôtes indésirables (allergènes, toxines, virus...). Quand il est surexposé à des substances irritantes, le système immunitaire peut réagir au quart de tour, provoquant éternuements, éruptions cutanées ou, pire, un choc anaphylactique mortel. Le réchauffement climatique, lui aussi, joue un rôle dans la hausse des allergies. Il favorise la prolifération des plantes invasives et augmente la concentration de pollens dans l'air, une situation aggravée par les phénomènes météorologiques extrêmes et la pollution...

Raz-de-marée

En 2050, quatre milliards de Terriens souffriront d'une forme de maladie allergique. De l'Australie à l'Allemagne en passant par les États-Unis, la France, l'Espagne ou encore les Alpes suisses, Cosima Dannoritzer (Prêt à jeter) décrypte les causes de ce raz-de-marée. Entre immersions en laboratoire, interviews de spécialistes (allergologues, professeurs en génomique humaine, en botanique...) et animations didactiques, son enquête explique avec clarté les mécanismes internes du corps humain, fait le point sur les recherches en cours, notamment de traitements novateurs, et déjoue au passage quelques mythes - éviter certains allergènes ne protège pas notre système immunitaire. À la fois historique, scientifique, médical et environnemental, un éclairage passionnant sur un mal contemporain prenant des proportions épidémiques.
Transcript
00:00 Pour les personnes allergiques, notre monde devient de plus en plus hostile.
00:16 Pires ennemis de la belle saison, les pollens.
00:20 Au printemps et en été, ils déclenchent des éternuements en rafale.
00:25 Pour beaucoup de personnes, faire ses courses au supermarché devient héroïque.
00:32 Les allergiques doivent remplir leur caddie avec précaution.
00:38 Et ce n'est pas parce que l'on rentre chez soi que l'on est à l'abri.
00:42 La poussière et les moisissures cachées dans les recoins regorgent d'acariens qui
00:47 provoquent insommes et allergies.
00:48 Même les chats peuvent s'avérer redoutables.
00:54 Tout comme les crevettes et les cacahuètes, qui peuvent être fatales.
00:59 Des scientifiques du monde entier tentent de comprendre cette augmentation spectaculaire
01:04 des allergies et ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques.
01:08 Les allergies sont devenues monnaie courante.
01:26 Mais elles peuvent encore prendre des pays par surprise.
01:30 Comme l'Australie en 2016.
01:34 Les moutons ont été essentiels à l'Australie.
01:37 Et ces moutons ont besoin de larges étendues d'herbe.
01:41 La moitié ouest du Victoria est donc constituée principalement de pâturage.
01:46 Récemment, ces herbes folles ont été à l'origine d'une crise sanitaire sans précédent.
01:51 Les botanistes de l'université de Melbourne les ont étudiés de près.
01:55 Le 21 novembre 2016, c'était le premier jour chaud du printemps.
02:00 Les températures étaient élevées dans les 30 degrés et les vents du nord soufflaient
02:04 fort.
02:05 C'était une mauvaise journée à cause des pollens de graminée.
02:07 Et puis, en fin d'après-midi, un orage a commencé à se former et les vents l'ont
02:15 poussé vers Melbourne.
02:17 Un front d'air humide transporte avec lui une myriade de grains de pollen.
02:23 Tous les éléments sont réunis pour déclencher ce qu'on appelle un asthme d'orage.
02:29 Au fur et à mesure que le front de l'orage avançait, on entendait les ambulances dans
02:41 Melbourne, comme si des bombes avaient explosé partout dans le secteur ouest.
02:46 Comme Karl, 8500 personnes se précipitent à l'hôpital cette nuit-là.
02:54 Arrivé aux urgences de l'hôpital de Box Hill, ça a été un vrai choc.
02:59 Les gens faisaient la queue à l'entrée, des malades avec leurs proches.
03:03 Il y en avait qui pleuraient, ils avaient peur, ça se voyait.
03:06 Leur respiration était sifflante et ils n'arrivaient pas à trouver leur souffle.
03:10 C'était un vrai cauchemar.
03:11 Dix personnes décèdent en quelques heures.
03:16 Un phénomène qui devient de plus en plus fréquent en Europe, aux Etats-Unis et au
03:21 Moyen-Orient.
03:22 Pourquoi est-ce que tous ces gens ont de l'asthme ? Et qu'est-ce qui nous attaque tout à coup
03:29 ? Du pollen ? La ville est attaquée par du pollen et par des orages ? Mais c'est de
03:34 la science-fiction.
03:35 Dans l'un, un enfant de 9 ans est mort aujourd'hui dans son établissement scolaire.
03:40 Il aurait été victime d'un choc allergique.
03:43 Partout dans le monde, des substances que l'on pense inoffensives deviennent de redoutables
03:47 tueuses.
03:48 Elle n'avait pas l'idée qu'un sandwich pouvait la tuer.
03:55 Pourtant, il n'y a pas si longtemps, se promener sous une allée d'arbres fleuris ne provoquait
04:07 pas tant d'éternuement.
04:08 Un allergologue britannique, Gideon Lack, a voulu retrouver les premières études scientifiques
04:17 faites sur les allergies.
04:18 Il a étudié cet article surprenant, publié à Londres en 1819.
04:27 John Bostock décrit une série de symptômes mystérieux qui surviennent en juin et juillet.
04:38 Des démangeaisons aigües dans l'œil, une sensation de piqûre, les yeux extrêmement
04:44 enflammés, une irritation du nez, des crises d'éternuement très violentes.
04:49 Ce médecin n'avait aucune connaissance de la pathologie, mais a magnifiquement décrit
04:56 tous les symptômes de ce qu'on appelle aujourd'hui le rhume des foins.
04:59 John Bostock étudie son propre cas, car à l'époque, les malettes du rhume des foins
05:04 sont si rares qu'il ne trouve pas d'autres sujets.
05:07 Il lui faudra 9 ans pour identifier et étudier 28 cas différents.
05:11 Les traitements proposés étaient pour le moins saugrenus.
05:14 John Bostock décrit un certain nombre de traitements qui vont de la saignée, qui était
05:22 assez répandue à l'époque, à la purge, aux rentouses, à un régime strict, à l'opium,
05:29 dont l'utilisation serait évidemment controversée aujourd'hui, à des traitements au mercure,
05:34 des bains froids.
05:35 Cela montre à quel point les gens n'avaient aucune idée de ce dont il s'agissait.
05:41 Ils ont juste testé de manière empirique plusieurs types de traitements.
05:44 À la fin du 19e siècle, dans l'Angleterre victorienne, le rhume des foins était présenté
05:51 comme une maladie aristocratique car il touchait principalement les riches citadins.
05:55 Des publicités pour le tabac vantent sa capacité à en soulager les symptômes.
06:06 Mais pendant des décennies, l'arinite allergique reste rare.
06:10 Jusqu'à ce que soudainement, dans les années 1960, le rhume des foins commence à se répandre.
06:16 Il touche alors 5% de la population.
06:19 Aujourd'hui, John Bostock n'aurait aucune difficulté à trouver d'autres malades comme
06:24 lui.
06:25 Le rhume des foins touche aujourd'hui 20 à 30% de la population.
06:30 C'est vraiment intéressant de voir comment quelque chose qui était si rare à l'époque
06:34 est devenu complètement banal aujourd'hui.
06:37 En 2050, selon les calculs de l'Organisation mondiale des allergies, 4 milliards de personnes
06:45 vont être atteintes d'une forme de maladie allergique.
06:49 La course est lancée pour comprendre les origines de cette épidémie d'allergie.
07:01 Point de départ pour les scientifiques, remonter le cours de notre histoire évolutive et génétique.
07:07 Je m'appelle Luis Quintana Murci, je fais l'Indiana Jones pour découvrir notre histoire.
07:16 Nos origines, nos migrations, les relations entre Homo sapiens et d'autres formes humaines
07:21 comme les Néandertaliens.
07:22 Ce moment où les deux espèces se rencontrent est crucial dans notre histoire et celle des
07:28 allergies.
07:29 Luis Quintana Murci est venu rendre visite à nos ancêtres.
07:33 Il y a 60 000 ans, Homo sapiens sort d'Afrique, très vite il s'installe en Asie du Sud.
07:41 Il arrive en Europe il y a environ 50 000 ans, lors de toutes ses migrations avec travers
07:47 le monde, l'homme a dû s'adapter à différents pathogènes.
07:50 A chaque nouvelle région, de nouvelles menaces pour Homo sapiens.
07:57 Bactéries, virus, venins, parasites ou plantes toxiques.
08:02 Il y a un raccourci pour mieux s'adapter à l'environnement, que c'est simplement
08:08 se métisser avec une population qui est adaptée à l'environnement.
08:14 Quand Homo sapiens rencontre Néandertal, ce n'est pas uniquement un échange de matériel,
08:20 de bijoux, de parure.
08:22 Il y a eu aussi un vrai échange de gènes.
08:25 Autrement dit, il y avait eu des enfants.
08:28 Et grâce à ce métissage, aujourd'hui, tous les génomes des Européens et des Asiatiques,
08:34 nous portons environ 2 à 3% de notre génome qui vient de Néandertalien.
08:39 Luis Quintana Murci cherche à savoir quel rôle a joué cet échange de gènes dans
08:47 notre santé actuelle.
08:48 Il a utilisé une base de données unique en son genre.
08:55 Le projet 1000 Genomes, c'est un consortium international où on peut accéder à des
09:03 génomes complets disponibles pour tout le monde, de milliers de personnes de différentes
09:08 origines géographiques et ethniques de différentes parties de la planète.
09:12 Luis Quintana Murci a comparé l'ADN des Européens et des Asiatiques modernes à
09:17 celui des Néandertaliens.
09:18 Les séquences où l'on trouve encore aujourd'hui les gènes issus de notre métissage avec
09:23 Néandertal sont précisément liés au système immunitaire.
09:27 La majeure partie de ces gènes nous a permis d'être plus résistants aux infections.
09:32 Mais trois de ces gènes anciens sont également appliqués dans les déficiences de réponse
09:36 immunitaire.
09:37 Les individus qui ont hérité de cet ensemble de mutations d'origine néandertalienne
09:43 sont aujourd'hui malheureusement plus susceptibles à développer certains allergies.
09:48 Ce qui a été avantageux au passé ne l'est pas nécessairement aujourd'hui.
09:54 Alors pourquoi ces gènes qui servaient à la survie de nos ancêtres se sont-ils aujourd'hui
10:00 retournés contre nous au point de nous rendre malades ?
10:03 Les connaissances scientifiques actuelles nous permettent de mieux comprendre le mécanisme
10:12 de l'allergie.
10:13 Prenons l'exemple d'une allergie à la cacahuète.
10:19 Tout ce qui entre dans notre corps est contrôlé par notre système immunitaire.
10:24 Celui-ci monte la garde contre les envahisseurs.
10:30 Une cacahuète est inoffensive mais chez une personne allergique, le système immunitaire
10:38 la prend pour une menace.
10:39 C'est une fausse alerte mais il est déjà passé en mode défense.
10:45 Les cellules se mettent à produire en masse des anticorps, les immunoglobulines E, les
10:51 IgE.
10:55 Les IgE, spécifiques aux cacahuètes, se fixent à la surface des cellules de notre
11:01 système immunitaire, les mastocytes.
11:04 La guerre contre les cacahuètes est déclarée.
11:08 Et la prochaine fois que la personne allergique mangera des cacahuètes, une armée entière
11:21 sera prête à se jeter sur l'envahisseur.
11:23 Des cellules immunitaires, les mastocytes, peuvent libérer des histamines et provoquer
11:31 alors des réactions allergiques comme des éternuements ou des éruptions cutanées.
11:36 Dans le pire des cas, le système immunitaire répond de manière tellement violente et disproportionnée
11:44 qu'il met les fonctions vitales en danger.
11:45 C'est le choc anaphylactique qui peut être mortel.
11:52 Dans ce cas, seule une injection rapide d'adrénaline peut parfois sauver la vie du patient.
11:58 Mais pourquoi cette guerre totale alors que l'ennemi est inoffensif ?
12:07 À Liège, en Belgique, une jeune génération de scientifiques tente de l'expliquer.
12:15 Leur approche est totalement nouvelle.
12:18 Pendant longtemps, nous avons pensé que les allergies étaient importantes pour la défense
12:25 immunitaire contre les parasites.
12:27 Il faut se souvenir qu'une réaction allergique peut véritablement vous tuer.
12:34 Et que cela ne serait certainement pas dans l'intérêt du parasite, qui veut maintenir
12:41 son hôte en vie pour pouvoir continuer à vivre lui-même.
12:45 Alors, à quoi servent réellement les allergies ?
12:49 Les scientifiques se sont penchés sur l'hypothèse dite « détoxine », selon laquelle les
12:56 allergies ont été conçues à l'origine pour nous protéger des toxines et des venins.
13:00 Cette hypothèse semble la plus logique, car elle explique la nature rapide et violente
13:08 des réactions allergiques telles que les vomissements, les éternuements ou les irritations.
13:12 Tous ces mécanismes d'expulsion ont un but commun, se débarrasser le plus vite possible
13:19 des substances toxiques auxquelles nous sommes exposés.
13:21 Les chercheurs ont mis au point une expérience en laboratoire.
13:26 Ils ont injecté à des souris une dose de venin d'abeille, équivalente à quelques
13:35 piqûres.
13:36 Les souris ont alors eu une réaction allergique.
13:40 Leurs cellules immunitaires se sont armées d'IgE contre le venin d'abeille.
13:48 Puis plus tard, les chercheurs ont injecté aux souris une dose mortelle de venin d'abeille.
13:57 Ce qui est frappant, c'est que les souris qui ont d'abord été exposées au venin
14:06 et qui ont développé cette réaction allergique ont survécu.
14:09 Celles qui n'avaient pas reçu précédemment les piqûres d'abeille sont toutes mortes.
14:15 Ils ont alors observé au microscope électronique l'effet du venin sur les cellules.
14:20 Nous mettons le venin sur les cellules, puis nous lançons l'enregistrement vidéo pour
14:28 voir ce qu'il se passe dans les cellules.
14:29 Ici, elles sont toujours en vie et en bonne forme.
14:32 Oui.
14:33 Et vous voyez le chronomètre ? Oui.
14:34 Et quand le venin agit ? Et maintenant, elles commencent à mourir.
14:40 À l'écran, ces cellules deviennent bleues turquoises en mourant.
14:44 Les scientifiques ont ensuite exposé de nouvelles cellules au venin et à la substance libérée
14:49 pendant la réaction allergique.
14:51 Ils ont alors observé que les cellules restaient en vie.
14:55 Les mastocytes semblent produire quelque chose qui maintient les cellules en vie ou bien
15:00 qui neutralise le venin d'abeille.
15:02 Ce mécanisme protecteur fonctionne avec différents types de venin et de toxines.
15:07 Avec cette expérience, nous avons constaté que les anticorps IGE, qui sont d'habitude
15:15 considérés comme les méchants dans le déclenchement des réactions allergiques sévères, avaient
15:20 en fait permis aux souris de survivre.
15:21 Dans notre lointain passé, ce mécanisme a sans doute été très utile à notre survie.
15:28 De nos jours, il semblerait que ce dispositif se soit mis à s'emballer en présence de
15:35 ces substances a priori inoffensives.
15:38 Mais pour quelle raison ?
15:39 Il est possible que ces substances soient moins inoffensives qu'elles n'y paraissent.
15:48 Nous devons être conscients que nous vivons dans un monde de plus en plus toxique.
15:55 Et la réaction que le corps développe n'est peut-être qu'un moyen d'essayer d'échapper
16:01 à toutes ces substances toxiques qui nous entourent.
16:03 Cet impact du monde moderne sur les allergies est notamment étudié en Suisse.
16:14 Il y a un siècle, Davos était une station thermale réputée où les malades venaient
16:21 du monde entier pour soigner leur tuberculose auprès d'illustres médecins.
16:25 Aujourd'hui, Davos abrite une communauté internationale de scientifiques qui travaillent
16:35 sur les nouveaux fléaux allergiques.
16:37 Après les années 60, nous avons vu qu'il y avait une forte augmentation de la prévalence
16:44 de ces maladies.
16:45 Cela s'est accompagné d'un changement dans notre environnement.
16:49 C'est lors de cette période que les détergents chimiques se sont invités en masse dans
17:03 les foyers.
17:04 Nous avons voulu analyser le lien entre les détergents et l'augmentation des maladies
17:24 allergiques.
17:25 Jasmi Agdis et son équipe ont mis en place une expérience.
17:30 On a pris un lave-vaisselle, on l'a rempli avec notre vaisselle quotidienne habituelle
17:35 et on a mis un détergent.
17:36 Jasmi Agdis a également ajouté quelques morceaux d'éponge pour prélever des échantillons
17:42 d'eau.
17:43 L'idée est d'estimer jusqu'à quel point nous sommes exposés au détergent.
17:51 Nous nous sommes rendus compte que la quantité d'eau utilisée pour rincer la vaisselle
18:02 n'était pas suffisante.
18:04 Après le cycle de rinçage, un cycle de séchage à l'air chaud commence et tous les détergents
18:14 se retrouvent collés sur la vaisselle, sur les cuillères, sur les verres que nous allons
18:19 utiliser pour nous nourrir ou pour nourrir nos bébés à peine une heure plus tard.
18:24 Que se passe-t-il lorsque les produits chimiques contenus dans les détergents ménagers entrent
18:31 en contact direct avec notre corps par le biais de nos vêtements, de nos assiettes,
18:36 de nos carrelages et même de nos tables ?
18:38 Lors de l'analyse des échantillons d'éponge, Jésmy Agdis trouve des traces de détergent
18:50 restées après le lavage.
18:51 Il cherche alors à en connaître la nature.
18:54 Quand on regarde quels différents produits chimiques sont utilisés dans les détergents,
19:03 on voit que beaucoup sont sur la liste des agents biologiques à risque.
19:06 Enzymes, tensioactifs, conservateurs, parfums chimiques et colorants entrent en contact
19:12 direct avec notre corps après l'utilisation de produits nettoyants.
19:15 L'équipe de Davos a ensuite décidé d'exposer des cellules pulmonaires humaines à des quantités
19:21 infimes de lessive pour voir comment elles réagissaient.
19:24 L'une des principales fonctions de nos tissus biologiques est de nous protéger de l'environnement
19:30 extérieur.
19:31 Les cellules saines ont des parois solides, appelées barrières cellulaires.
19:36 Et ces barrières sont très serrées, sans espace entre les cellules individuelles.
19:42 C'est la ligne de front de notre défense contre les envahisseurs.
19:52 Mais les cultures cellulaires exposées au détergent ont réagi différemment.
19:57 L'ampleur des dégâts se révèle au microscope.
20:07 Les barrières cellulaires s'effondrent et des espaces se forment entre les cellules.
20:12 Cette barrière cellulaire ébréchée laisse la porte grande ouverte à toutes sortes d'intrus
20:18 qui peuvent se faufiler dans notre corps.
20:20 Des produits chimiques ou microplastiques, en passant par les microbes, les toxines ou
20:26 les allergènes, tout le monde veut être de la partie.
20:29 Les agents de sécurité de notre système immunitaire sont débordés et peuvent s'emballer.
20:36 Lorsque les barrières tissulaires sont ouvertes, les microbes, les allergènes, les toxines,
20:46 les polluants environnementaux peuvent tous s'introduire plus profondément dans les
20:50 tissus.
20:51 Les chromosomes, la dermatite atopique, la rhinite allergique peuvent alors se déclencher.
20:55 Notre ADN, porteur d'un métissage ancestral, un mécanisme de protection qui perd les pédales,
21:03 des produits chimiques modernes qui nous affaiblissent, tout est réuni pour rendre le monde dans
21:08 lequel nous vivons de plus en plus allergisant.
21:11 D'autant plus que notre environnement naturel devient lui aussi plus allergisant.
21:26 En 2016, un événement surnommé l'Apocalypse de Pollen a frappé une ville entière aux
21:33 Etats-Unis.
21:34 Au Japon, près de la moitié de la population souffre de maladies allergiques liées aux
21:41 pollens.
21:42 Pourquoi nos villes sont-elles ainsi envahies par d'aussi grandes quantités de pollen ?
21:49 A Grenade, Paloma Carignanos a mené une étude européenne portant sur le fort potentiel
21:59 allergique des centres-villes.
22:00 Les espaces verts urbains sont essentiels dans les villes.
22:07 Le problème, c'est qu'ils ne sont pas bien conçus.
22:12 Ils peuvent émettre de grandes quantités de pollen allergisant et nuire à la santé
22:16 des habitants.
22:17 Alors d'où vient exactement tout ce pollen supplémentaire ? L'inventaire de Paloma
22:23 Carignanos révèle certains coupables.
22:25 Il s'agit d'un olivier et en raison du changement climatique, sa floraison s'étend maintenant
22:32 sur plus d'une semaine.
22:33 Plus la floraison est longue, plus l'arbre émet de pollen dans l'atmosphère et plus
22:38 cela pose problème aux personnes allergiques.
22:40 Le changement climatique favorise la dissémination de plantes allergisantes.
22:47 Dans ces nouvelles conditions environnementales, des plantes comme celle-ci de la famille des
22:53 Graminés peuvent conquérir d'autres territoires et si les conditions leur sont favorables,
22:58 devenir envahissantes.
22:59 30% de la population est allergique à cette famille de pollen.
23:04 Le réchauffement du climat, les plantes invasives et même les nouvelles variétés exotiques
23:13 rendent l'air de nos villes de plus en plus chargées en pollen.
23:16 Mais les centres-villes sont également touchés par un autre problème.
23:23 Dans le monde végétal, nous pouvons trouver certaines espèces qui ont leur appareil reproducteur
23:31 mâle et femelle sur le même pied.
23:33 Mais il est possible pour d'autres espèces que mâle et femelle soient sur des pieds
23:38 séparés, comme le Ginkgo biloba par exemple.
23:42 L'arbre mâle produit le pollen, qui se répand sur de longues distances pour atteindre les
23:49 plantes femelles qui produiront alors les fruits.
23:51 En ville, le sexisme botanique, c'est-à-dire la discrimination des spécimens de sexe féminin,
23:57 a été énormément pratiquée.
23:58 C'est le cas de Granvia, la rue la plus fréquentée de Grenade.
24:02 Derrière moi, vous pouvez voir les 200 arbres mâles Ginkgo biloba qui ont été plantés
24:10 lors de la dernière rénovation de la place.
24:12 Il n'y a aucun spécimen femelle.
24:15 Les fruits produits par les plants féminins peuvent faire glisser les piétons.
24:20 Ils donnent également davantage de travail aux équipes de nettoyage, d'où une préférence
24:26 pour les mâles, producteurs du pollen.
24:28 Dernier problème donne au centre-ville le manque de biodiversité, comme sur cette place
24:35 où la seule variété d'arbres est le tilleul.
24:38 Résultat, une concentration d'un seul et même pollen.
24:41 Ce qu'il s'est passé, c'est que nous avons eu une utilisation massive de très
24:47 peu d'espèces.
24:48 Et c'est ce qui est à l'origine des gros problèmes d'émission de pollen qui
24:53 existent aujourd'hui dans de nombreuses villes.
24:56 Les platanes sont le parfait exemple de cette monoculture intensive.
25:00 Ce sont les arbres d'ombrage les plus populaires au monde, mais leur pollen est aussi l'un
25:07 des plus allergisants.
25:08 Sexisme botanique, culture sans diversité, réchauffement climatique, avec tous ces facteurs,
25:18 la concentration de pollen dans nos villes pourrait être multipliée par 4 d'ici 2050.
25:24 Certains phénomènes météorologiques aggravent encore plus la situation.
25:34 L'asthme d'orage de Melbourne, qui a fait 10 morts en 2016, en est un parfait exemple,
25:43 bien connu par les chercheurs.
25:44 L'humidité d'un orage ou d'une pluie fait que le pollen absorbe l'eau.
25:55 Il gonfle et finit par éclater.
25:57 Dans ce processus, le contenu cellulaire du pollen est libéré dans l'air en minuscules
26:07 fragments.
26:08 Respirés, ces particules rentrent plus profondément dans les poumons et peuvent y déclencher
26:14 des symptômes encore plus forts.
26:15 Certains de ces symptômes sont mortels.
26:20 Janine Follisch est à la tête d'une équipe qui effectue des recherches novatrices sur
26:26 les grains de pollen et leurs comportements agressifs.
26:28 Mais cela ne semble pas concerner uniquement la quantité de pollen présent dans l'air.
26:35 Est-il possible que des allergènes eux-mêmes puissent se transformer ?
26:40 C'est un super échantillon.
26:43 Voici notre collecteur d'échantillons d'air.
26:46 Ici, nous collectons les particules de l'air avec des filtres.
26:49 Nous nous intéressons tout particulièrement aux particules biologiques présentes dans
26:53 l'air comme les pollens des plantes, les spores des champignons ou même les bactéries
26:58 ou les virus, mais aussi aux petits morceaux de feuilles ou de fleurs, aux pattes et aux
27:02 ailes d'insectes.
27:03 Il y en a tout autour de nous et nous ne voyons rien de cela.
27:06 Visibles ou non, nous les respirons quand même, mettant nos poumons mais aussi notre
27:12 système immunitaire en alerte.
27:14 Ces particules ont-elles toujours existé ? Ce qui est sûr, c'est que de nouveaux éléments
27:21 sont en train d'arriver.
27:24 Ici, nous avons un congélateur entier rempli d'échantillons de l'air de Mayence.
27:29 Nous faisons la collecte 7 jours sur 7 depuis 5 ans.
27:32 Nous allons regarder maintenant deux échantillons.
27:35 J'ai là un échantillon prélevé en hiver.
27:39 Le filtre ici est noir à cause des particules de suie qui viennent des gaz d'échappement,
27:44 du chauffage ou des usines.
27:46 Ce deuxième échantillon a été prélevé en avril.
27:50 Il est beaucoup plus lumineux.
27:52 On peut voir une couche jaune claire à cause du pollen.
27:55 Les polluants solides s'agrègent au pollen pour former un cocktail beaucoup plus allergisant.
28:00 D'autant plus qu'un troisième facteur rentre en compte, la pollution atmosphérique gazeuse.
28:06 Janine Fröli chez son groupe l'étudie dans le cadre d'une nouvelle expérience.
28:11 Nous avons mélangé les protéines de pollen avec des gaz d'oxyde d'azote et d'ozone.
28:19 Nous avons produit nous-mêmes l'ozone à partir d'air synthétique qui circulait dans un tuyau de gaz,
28:24 puis dans une lampe UV.
28:28 Ensuite, on a ajouté les oxyde d'azote et combiné le tout avec notre échantillon de protéines de pollen.
28:37 Une simulation d'un processus qui se produit à chaque printemps près des routes bordées d'arbres.
28:48 Les protéines dans les grains de pollen réagissent avec l'ozone et le dioxyde d'azote
28:53 et forment alors des protéines chimiquement modifiées.
28:59 Comment les cellules humaines cultivées en laboratoire réagissent-elles aux molécules modifiées ?
29:06 « Regarde, la couleur change déjà. »
29:09 « Ça a l'air bien. »
29:11 « Nous avons ici un jaune clair et un jaune foncé.
29:18 Les cellules exposées aux pollens mélangées au gaz ont produit plus de substances
29:22 qui sont associées à une réaction inflammatoire.
29:24 C'est ce que montre la couleur jaune plus foncée.
29:26 Chez une personne allergique, ce mélange déclenche probablement des symptômes plus graves. »
29:31 En d'autres termes, plus la pollution est importante,
29:34 plus les risques d'éternuement ou de démangeaison des yeux sont élevés.
29:38 Alors, y a-t-il un moyen de sortir de cette spirale qui implique à la fois nature, climat et pollution ?
29:44 Erika Von Motsius a étudié aux Etats-Unis une communauté aux modes de vie très particuliers.
29:50 « Quand on va chez les Amish, c'est un voyage dans le temps.
29:56 Ils vivent comme nous le faisions il y a 100, 150 ans et plus.
30:01 Ils n'ont pas de pizza, pas de fast-food, pas de télévision, pas de téléphone portable. »
30:13 Autre chose que les Amish n'ont pas, excepté quelques rares cas, ce sont les allergies.
30:19 Cette particularité propre aux Amish est un formidable sujet d'étude pour les scientifiques.
30:26 Vivant traditionnellement reclus, les Amish leur ont néanmoins ouvert la porte.
30:31 Voici ce que les chercheurs ont découvert.
30:34 « À Munich, 45% des enfants à qui ils ont fait un test d'allergie sont positifs.
30:42 Chez les Amish, ce taux était de 7%.
30:46 Il n'y a pas eu un seul cas de rhume des foins parmi les enfants.
30:50 Et l'asthme, tel que nous le connaissons ici, n'est pas non plus présent chez les Amish. »
30:56 Les Etats-Unis abritent d'autres communautés rurales traditionnelles, comme les Ménonites ou les Utérites,
31:01 mais seuls les Amish ont un taux d'allergie aussi bas.
31:05 Erika Von Motsius a trouvé une différence cruciale.
31:09 « Je suis allée chez les Amish et chez les Utérites.
31:19 Les fermes Amish sont faites d'une maison qui se trouve juste à côté des écuries
31:25 et des étables pour les chevaux et les vaches.
31:28 Les Utérites, eux, construisent leur village autour d'une église et d'un centre communautaire.
31:36 Les écuries sont très éloignées.
31:41 Cela signifie que les enfants Utérites n'ont aucun contact avec les animaux de la ferme.
31:49 Alors que dans une ferme Amish, tout est proche.
31:53 Donc les enfants courent dans tous les sens, entre les vaches, les chevaux, les poulets et la maison.
32:00 Ils sont tout le temps à leur contact. »
32:02 Dès leur plus jeune âge, les Amish exposent leur système immunitaire
32:06 à un riche cocktail de microbes, de matières végétales et animales.
32:10 Ils consomment aussi des aliments non transformés et du lait non pasteurisé.
32:14 Les produits ménagers avec lesquels ils sont en contact sont tous fabriqués maison.
32:19 Les scientifiques appellent cela « the farm effect », l'effet de la ferme.
32:24 « Plus nous nous sommes éloignés de ce mode de vie traditionnel au fil des années,
32:30 plus les allergies ont augmenté.
32:33 Et il me semble que notre système immunitaire ait besoin d'un stimulus de l'extérieur
32:40 pour apprendre à devenir tolérant.
32:45 Pour ainsi dire, il ne peut pas faire ça tout seul.
32:51 Et c'est ce que l'on perd de plus en plus dans le monde des villes. »
32:57 De retour en Europe, les scientifiques ont voulu approfondir leur recherche sur l'effet de la ferme.
33:03 Ils ont mis au point une étude européenne qui suit pendant 16 ans
33:07 un millier d'enfants qui vivent dans des fermes d'élevage.
33:11 Suzanne Lolliger est l'une de ces chercheuses.
33:14 Elle vient faire des prélèvements.
33:18 « Salut Fabien !
33:24 Nous avons suivi les enfants à 1, 4, 6, 10 ans et maintenant à 16 ans. »
33:33 Depuis sa naissance, Fabien est soumis à des tests réguliers.
33:43 « Il s'agit d'un test cutané, un test d'allergie où des solutions de pollen sont mises sur la peau.
33:53 On la pique et puis on vérifie s'il y a une réaction à un allergène ou pas.
34:01 Ici, on a une réaction positive, mais c'est le test témoin, donc tout va bien.
34:07 À part ça, on ne peut rien voir, donc tu n'as pas l'air d'être allergique à ces substances. »
34:13 Les chercheurs veulent savoir à quelle nourriture, à quelle poussière ou à quelles autres substances il est exposé.
34:21 « Est-ce que ça fait mal ? »
34:23 « Non, ça ne fait pas mal. »
34:25 « Parfait, c'est tout. »
34:27 « Ce n'était pas si horrible. »
34:29 « Très bien. »
34:31 Suzanne Lolliger et son collègue Raymond Frey recherchent quels éléments ont pu protéger Fabien et ses frères des allergies.
34:38 Les enfants des villes et même des villages ont des taux d'allergie beaucoup plus élevés que Fabien.
34:45 Quel est le secret de son immunité ?
34:49 Comme chez les Amish, les scientifiques ont trouvé la réponse dans les étables.
34:54 « Lors du contact avec les animaux, leur acide sialique est transféré aux humains, ce qui est détectable dans le sang de ces enfants. »
35:04 L'acide sialique provoque une réponse immunitaire du corps qui le protège de l'inflammation.
35:17 « Nous avons constaté que les enfants qui avaient le plus d'acide sialique avaient davantage de molécules anti-inflammatoires dans le sang,
35:26 ce qui supprime l'inflammation causée par l'allergie. »
35:31 « Autrement dit, on reste allergique, mais on ne sent plus l'allergie. »
35:39 En grandissant dans une ferme, les enfants fortifient leur système immunitaire au point de pouvoir garder sous contrôle des allergies sur le point de se déclencher.
35:48 Mais tout le monde n'a pas la chance de grandir entouré d'animaux d'élevage.
35:53 Alors comment faire pour les petits citadins qui ont déjà développé une allergie ?
35:58 Lucas est allergique à toute une série d'aliments, comme les noix et les bananes.
36:06 Des réactions allergiques qui peuvent mettre sa vie en danger.
36:10 Le jeune garçon a commencé un traitement destiné à rééduquer son système immunitaire.
36:16 « Bonjour Lucas ! »
36:17 « Bonjour. »
36:18 « Ça va ? »
36:19 « Oui. »
36:20 L'immunothérapie.
36:21 « Allez, vas-y. Hop ! »
36:23 « Le traitement que Lucas est en train de faire, c'est une immunothérapie orale à la cacahuète,
36:28 qui est la même chose qu'une désensibilisation.
36:31 Ça consiste à lui donner des petites quantités de cacahuètes qu'il va tolérer
36:37 pour que petit à petit, son système immunitaire s'habitue
36:40 et qu'en cas de consommation par inadvertance, il ne fasse pas de réaction.
36:44 « Alors, tu as mangé ta cacahuète soufflée ? »
36:46 « Oui, un ton morceau. »
36:47 Il y a six mois, le docteur Billard donnait à Lucas seulement 2 mg d'arachide,
36:52 soit l'équivalent d'un 80ème d'une cacahuète.
36:55 Chaque mois, la quantité a été augmentée très légèrement.
37:00 Aujourd'hui, elle veut savoir si Lucas est prêt à ingurgiter 20 mg.
37:04 « Ça croustille, hein ? »
37:06 « C'est pas bon. »
37:07 « On sait que quand on fait cette immunothérapie,
37:09 on voit surtout augmenter des anticorps de la tolérance qu'on produit
37:13 quand on tolère l'aliment, qui sont des immunoglobulines G4,
37:16 qui vont augmenter petit à petit avec cette immunothérapie. »
37:20 Chaque changement de dose doit se faire impérativement par le traitement de la cacahuète.
37:28 Lucas doit se faire impérativement à l'hôpital sous surveillance médicale,
37:32 car l'enfant peut faire une réaction brutale.
37:35 « On l'a surveillé pendant deux heures et il n'y a pas eu du tout de réaction.
37:39 Donc à partir de demain, il va pouvoir continuer cette dose à la maison,
37:43 selon le protocole qu'on lui a remis,
37:45 et puis il reviendra d'ici quatre à six semaines pour doubler cette dose ici à l'hôpital. »
37:49 Lucas doit répéter le processus chaque jour à la maison
37:53 jusqu'à ce qu'il soit prêt pour son prochain rendez-vous à l'hôpital.
37:57 « Lucas, c'est prêt. »
37:59 Lucas va poursuivre ce traitement jusqu'à ce qu'il soit capable de tolérer quatre cacahuètes à la fois.
38:04 « Ce protocole permet que si un jour, par erreur, il mange une barre chocolatée,
38:10 quand il sera adolescent, où il dira « oh, ben non, ça va rien me faire »,
38:14 on évite le risque vital. »
38:16 L'immunothérapie permet à de nombreuses personnes souffrant d'allergies
38:21 d'être hors de danger, mais le traitement ne peut pas être le seul.
38:25 Les patients sont toujours dans la même situation.
38:28 Les patients sont toujours dans la même situation.
38:31 Les patients sont toujours dans la même situation.
38:34 Pour d'autres maladies allergiques, comme l'asthme et la dermatite,
38:37 il existe maintenant un traitement qui adopte une toute autre approche.
38:41 Tommy est l'une des 30 millions de personnes aux États-Unis qui vivent avec de l'asthme.
38:46 « Je suis danseur à Broadway, et ça fait peur d'y vivre avec de l'asthme.
38:52 Une audition, c'est très compétitif.
38:55 Les meilleurs danseurs du monde entier viennent à New York pour danser à Broadway. »
39:00 L'asthme de Tommy est déclenché par de nombreux facteurs,
39:04 le stress, l'effort, l'environnement, mais aussi les allergies.
39:08 « Je suis allergique à la poussière, aux moisissures, à la saleté.
39:17 Les coulisses de Broadway, vous pensez que c'est glamour.
39:21 Mais en fait, ces théâtres sont vieux.
39:25 Il n'y a pas beaucoup d'aération, il y a beaucoup de moisissures,
39:33 donc vous respirez tout ça quand vous dansez.
39:36 Il y avait un régisseur qui avait toujours un aérosol à portée de main pour moi.
39:41 À chaque fois que j'avais fini le plus grand numéro de danse du spectacle,
39:47 il fallait que je l'utilise, tout de suite. »
39:51 Régénéron est un laboratoire à la pointe du développement de nouveaux médicaments,
39:56 notamment contre la Covid-19.
39:59 Récemment, cette société a développé un nouveau traitement pour les maladies
40:03 comme celle de Tommy, en collaboration avec l'Université de Stanford.
40:07 « À l'origine de ces maladies, il y a des messagers qu'on appelle cytokines
40:14 et qui parlent à différentes cellules dans tout le corps.
40:18 Chez les patients allergiques, cette communication est déréglée
40:23 et les cellules envoient des messages inexactes
40:27 qui provoquent des phénomènes comme l'inflammation. »
40:31 Et c'est cette inflammation qui déclenche les symptômes de l'allergie
40:36 qui peuvent être, comme pour Tommy, une difficulté à respirer.
40:40 Au lieu d'attendre l'apparition des symptômes et de les traiter,
40:44 l'innovation de Jamie Orango permet de cibler l'inflammation sous-jacente.
40:49 « Nous avons développé un médicament qui cible spécifiquement
40:57 deux protéines responsables de ce type d'inflammation.
41:02 Le médicament interfère avec ces protéines,
41:06 les empêche de communiquer avec d'autres cellules
41:09 et donc de déclencher des messages.
41:12 Le traitement consiste en une simple injection
41:15 administrée toutes les deux semaines
41:18 et grâce à elle, le processus inflammatoire est stoppé. »
41:22 « Avant, quand j'avais des symptômes,
41:26 quand je sentais mes poumons siffler ou qu'ils se contractaient,
41:30 je traitais l'asthme avec un spray.
41:33 Mais maintenant, je n'ai plus de symptômes.
41:36 C'est comme si le médicament avait une longueur d'avance. »
41:39 Mais le médicament est très cher
41:42 et il n'est couvert par son assurance que lorsque Tommy a du travail.
41:46 En France, ce traitement est disponible depuis peu
42:02 pour l'asthme et la dermatite allergique.
42:05 Il coûterait déjà 4 millions d'euros par mois à l'assurance maladie.
42:09 L'explosion des épidémies d'allergie
42:12 provoque non seulement une crise médicale,
42:15 mais pose aussi un sérieux problème à la sécurité sociale.
42:19 « Ok, Foxen, Finley, Falcon et Favelle. »
42:24 Mais les nouveaux traitements ne sont pas la seule solution.
42:30 À Portland, les Lundbergs en sont convaincus.
42:33 Ils élèvent et vendent des chats sibériens à faible taux d'allergène
42:37 et garantissent une bonne santé.
42:40 « Je ne suis pas allergique. »
42:42 « Je ne suis pas allergique. »
42:44 Ils vendent des chats sibériens à faible taux d'allergène
42:47 et garantissent son éternuement.
42:50 « Ok. »
42:53 « On considère actuellement qu'il existe 8 grandes allergies aux chats.
42:58 Différentes protéines, enzymes.
43:01 La principale est Feld1, Félis domesticus primus.
43:05 Elle est à l'origine d'environ 70% de toutes les réactions aux chats. »
43:13 On pense souvent que les allergies aux chats sont causées par les poils.
43:16 Mais en fait, l'allergène est sur le poil.
43:20 « L'allergène est sécrétée par les glandes sébacées, la fourrure et la salive.
43:28 Quand le chat fait sa toilette, il en libère beaucoup dans l'air. »
43:33 Ainsi, il est impossible d'échapper à l'allergène.
43:37 Sauf si vous avez un chat sibérien.
43:40 Un sibérien sur 7 est faiblement allergène,
43:43 contre 1 sur 400 pour les autres races.
43:47 Mais sur une portée, quel chaton sera compatible
43:52 avec une personne souffrant d'une grave allergie ?
43:55 Pour trouver lequel, Tom et Meredith ont développé un test exclusif.
44:01 « Il y a du Feld1 dans la salive dès les 11 semaines.
44:09 Mais c'est trop tôt pour les tester.
44:12 Les chatons doivent avoir 12 semaines.
44:16 Malmener les glandes et le palais dilue l'échantillon.
44:24 Si vous faites sursauter le chat,
44:27 la quantité de Feld1 dans la salive va tripler en quelques secondes. »
44:32 Il faut faire de nombreux tests tout au long de la semaine
44:36 pour garantir un résultat fiable.
44:39 « Nous avons les résultats de nos tests.
44:49 Il y a un chaton qui a un taux très faible,
44:52 un normal et 4 moyens.
44:55 On va en placer un dans une famille avec des allergies graves
44:58 et 4 dans des familles moins atteintes. »
45:01 Pour pouvoir être adopté par des personnes allergiques,
45:05 des préparatifs sont nécessaires car l'enzyme du chat
45:08 peut rester présent jusqu'à 90 jours après le départ de l'animal.
45:12 Sarah est très allergique au chat, mais pas seulement.
45:18 Alors les Lundberg ont préféré être prudents.
45:21 « Sarah, je suis contente de te voir rentrer. »
45:28 Elle vient passer des tests complémentaires avec Meredith.
45:31 « C'est le premier chaton.
45:34 Je veux que tu respires profondément. »
45:37 « Je ne ressens rien. »
45:40 « Le prochain chaton, faible à moyen.
45:43 Approche-le et sens-le. »
45:46 « Ouais, plutôt bien. »
45:49 Le troisième chaton est déjà de niveau moyen,
45:52 peut-être trop élevé pour Sarah.
45:55 « Non, je ne ressens rien. »
45:58 Sarah n'a toujours pas ressenti de symptômes.
46:01 « Ok, Sarah, ce qu'on va faire maintenant,
46:04 c'est le tenir contre ton visage
46:07 et mettre ton visage dans sa fourrure et respirer. »
46:10 « Oh, c'est magnifique. »
46:12 Place au deuxième, au taux plus élevé.
46:15 « Les yeux me piquent un peu. »
46:18 « Ça pique un peu, ok. »
46:21 « Ce chaton est sans doute trop allergène pour toi. »
46:28 Meredith arrête le test sur le champ.
46:31 Mais Sarah, elle, a trouvé son nouveau compagnon.
46:34 Mais plutôt que d'éviter l'exposition aux allergies
46:48 et de traiter les symptômes,
46:50 peut-on trouver des solutions plus pérennes ?
46:53 Au Royaume-Uni, des scientifiques cherchent à nous prévenir
46:56 des allergies plutôt que de les guérir.
46:59 La cacahuète, par exemple, 4% des enfants y sont allergiques.
47:03 Un nombre multiplié par 3 en quelques décennies.
47:07 « J'ai été vraiment surpris
47:10 quand j'ai donné une conférence en Israël.
47:13 J'ai demandé à l'assistance des pédiatres et des allergologues
47:16 combien d'entre eux avaient vu un cas d'allergie aux cacahuètes.
47:20 Et seulement quelques-uns ont levé la main.
47:23 Alors qu'au Royaume-Uni, tous les médecins l'auraient levée.
47:27 Le taux était dix fois plus élevé en Grande-Bretagne. »
47:30 Gideon Lack a découvert une différence cruciale.
47:33 Les bébés britanniques ont été conditionnés pour éviter les cacahuètes,
47:37 alors que les bébés israéliens consomment des gâteaux
47:40 à base d'arachide dès le plus jeune âge.
47:43 « Nous avons donc commencé à nous demander
47:46 si nous ne faisions pas fausse route au Royaume-Uni
47:49 et si le fait de ne pas manger de cacahuètes
47:52 n'était pas justement à l'origine du problème. »
47:55 Gideon Lack a mis en place une étude nationale ambitieuse
48:00 impliquant des enfants à haut risque d'allergie alimentaire.
48:04 « Par « haut risque », j'entends des bébés de 4 à 11 mois
48:10 qui ont un risque plus élevé de devenir allergiques à l'arachide.
48:14 Des bébés qui ont la peau sèche et un eczéma sévère ou une allergie aux œufs
48:18 qui se déclarent précocement. »
48:21 Avec son équipe, ils ont divisé 640 bébés en deux groupes.
48:25 Le premier groupe s'en est tenu à la recommandation officielle
48:31 qui disait aux parents d'éviter les cacahuètes
48:34 pendant la première année de la vie.
48:37 Le second groupe a reçu des cacahuètes à partir de 4 mois.
48:41 Après 5 ans, Gideon Lack a comparé les deux groupes.
48:45 « Et nous avons constaté une réduction très significative
48:50 du taux d'allergie aux arachides dans le groupe de bébés qui en avaient mangé.
48:54 Le taux d'allergie aux cacahuètes baissait de 80 % ou plus. »
49:00 L'étude a prouvé que très tôt dans la vie,
49:04 notre système immunitaire est beaucoup plus ouvert aux rencontres avec de nouveaux amis.
49:08 Il peut ainsi développer un mécanisme de tolérance.
49:12 D'autres études suggèrent que cette méthode fonctionne également avec le lait et les œufs.
49:19 « Depuis des dizaines d'années, on dit aux parents
49:22 d'éviter de donner des allergènes alimentaires aux bébés.
49:25 Il semble qu'il faille faire le contraire.
49:28 Il se pourrait que pendant des années, nous ayons provoqué les allergies alimentaires
49:32 en recommandant d'éviter certains aliments. »
49:35 « Bonjour. »
49:41 « Bonjour. »
49:42 « Bonjour, je suis Gideon Lack. Comment allez-vous ? »
49:45 « Très bien, je suis Matt. Comment ça va ? »
49:47 « Je suis Anna. »
49:48 « Et Lula. »
49:49 « Votre premier enfant ? »
49:50 « Oui. »
49:51 « J'ai cru comprendre que vous aviez des allergies dans la famille. »
49:54 « Aujourd'hui, Gideon Lack conseille de donner aux enfants
49:57 des aliments potentiellement allergisants le plus tôt possible. »
50:00 « Beaucoup de gens disent que si vous donnez une petite cuillère à café chaque semaine,
50:04 cela résoudra le problème. Ce n'est pas du tout le cas.
50:07 Si vous voulez donner du beurre de cacahuète,
50:10 vous devriez donner une cuillère et demie à deux cuillères à soupe par semaine,
50:14 soit environ quatre à six cuillères à café de beurre de cacahuète.
50:18 C'est plus facile à donner si vous le mélangez à un aliment comme la banane,
50:21 car les bébés adorent ça.
50:23 La quantité est importante. Est-ce qu'elle est pour ou contre ? »
50:27 « Elle dit, « quels mauvais parents ! »
50:30 « Pourquoi vous n'avez pas fait ça avant ? »
50:32 « Merci beaucoup. »
50:33 Pour arrêter efficacement l'épidémie d'allergies,
50:37 nous devons changer la façon dont nous élevons nos enfants.
50:43 Nous devons nous reconnecter avec la nature
50:45 pour renforcer nos systèmes immunitaires dès notre plus jeune âge.
50:49 « J'ai d'autres rêves.
50:52 Par exemple, une maternelle ou une crèche à la ferme,
50:56 où les enfants iraient dans la grange ou le verger dès leur plus jeune âge.
51:02 Comment faire pour réintégrer cette vie rurale
51:06 qui est en train de disparaître dans la société ? »
51:11 Nous devons prendre au sérieux le changement climatique
51:14 et revoir la façon dont nous concevons nos villes.
51:16 « Une des idées que j'ai est de créer un jardin féminin
51:21 où toutes les plantes seraient femelles
51:23 et où il n'y aurait aucune possibilité que du pollen soit émis.
51:26 Ce serait donc un espace très sain et sans allergies
51:30 pour tous ceux qui voudraient le visiter. »
51:32 Nous devons revoir notre mode de vie
51:35 qui dépend trop de la production industrielle
51:37 et de substances toxiques qui dérèglent notre système immunitaire.
51:41 « Nous travaillons actuellement à des recommandations
51:43 qui permettraient d'encadrer l'utilisation des détergents
51:46 et des substances qui nuisent aux êtres humains.
51:49 Nous devons vraiment arrêter pour que nos enfants
51:51 ne soient plus exposés à tous ces produits toxiques. »
51:54 Les allergies sont des signaux d'alerte que notre corps nous envoie.
51:59 Alors, écoutons-les et agissons.
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