Grandes alliées du développement durable, les algues surprennent par l’étendue de leur potentiel. Aux quatre coins du monde, les chercheurs multiplient les initiatives audacieuses.
Aux îles Féroé, une équipe de biologistes étudie ces plantes maritimes dans le but d’améliorer l’élevage du saumon, et d’éviter le recours aux médicaments ou aux produits chimiques. À Munich, d’autres se consacrent à une algue minuscule, dont la forte teneur en huile pourrait à terme remplacer le pétrole. La fibre de carbone que l’on en tire tient la dragée haute aux énergies fossiles… En France, on cherche à assainir l’air à l’aide d’une tour aux allures de colonne Morris. Cette dernière absorbe une tonne de CO2 par an, soit la performance de plusieurs dizaines d’arbres, et la transforme en oxygène. Enfin, une découverte majeure a révélé que les les algues étaient sensibles à la lumière : leurs molécules pourraient se substituer aux cellules visuelles altérées chez l’humain et permettre ainsi aux malvoyants de recouvrer la vue…
Vertus durables
Les scientifiques estiment qu’il existe entre 400 000 et 500 000 espèces différentes d’algues, d’une variété de formes et de couleurs qui paraissent infinies. Seulement 10 % d’entre elles sont répertoriées pour le moment. Le champ d’application de leurs molécules est riche : dépollution, alimentation, transport, emballage ou encore médecine. Almut Faas passe en revue les initiatives audacieuses qui fleurissent autour des algues, rencontrant chercheurs et entrepreneurs aux quatre coins du monde. Si les avancées autour de ce végétal aquatique sont récentes, leurs multiples débouchés sont prometteurs, notamment en termes de développement durable. Attention toutefois : leur décomposition à terre produit de l’hydrogène sulfuré, dont l’inhalation prolongée a causé la mort d’un employé communal et aurait intoxiqué plusieurs personnes.
Aux îles Féroé, une équipe de biologistes étudie ces plantes maritimes dans le but d’améliorer l’élevage du saumon, et d’éviter le recours aux médicaments ou aux produits chimiques. À Munich, d’autres se consacrent à une algue minuscule, dont la forte teneur en huile pourrait à terme remplacer le pétrole. La fibre de carbone que l’on en tire tient la dragée haute aux énergies fossiles… En France, on cherche à assainir l’air à l’aide d’une tour aux allures de colonne Morris. Cette dernière absorbe une tonne de CO2 par an, soit la performance de plusieurs dizaines d’arbres, et la transforme en oxygène. Enfin, une découverte majeure a révélé que les les algues étaient sensibles à la lumière : leurs molécules pourraient se substituer aux cellules visuelles altérées chez l’humain et permettre ainsi aux malvoyants de recouvrer la vue…
Vertus durables
Les scientifiques estiment qu’il existe entre 400 000 et 500 000 espèces différentes d’algues, d’une variété de formes et de couleurs qui paraissent infinies. Seulement 10 % d’entre elles sont répertoriées pour le moment. Le champ d’application de leurs molécules est riche : dépollution, alimentation, transport, emballage ou encore médecine. Almut Faas passe en revue les initiatives audacieuses qui fleurissent autour des algues, rencontrant chercheurs et entrepreneurs aux quatre coins du monde. Si les avancées autour de ce végétal aquatique sont récentes, leurs multiples débouchés sont prometteurs, notamment en termes de développement durable. Attention toutefois : leur décomposition à terre produit de l’hydrogène sulfuré, dont l’inhalation prolongée a causé la mort d’un employé communal et aurait intoxiqué plusieurs personnes.
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00:00 Voici les images que l'on associe généralement aux algues.
00:03 Des marées vertes qui envahissent nos littoraux.
00:07 Mais ces végétaux recèleraient aussi des pouvoirs insoupçonnés.
00:12 Promesses d'un monde sans plastique.
00:15 C'est 100% géodégradable, c'est-à-dire que si on le met dans l'eau,
00:19 il va se dénaturer complètement, sans incidence négative pour l'environnement.
00:27 Promesses d'un monde où l'air de nos villes serait de nouveau respirable.
00:31 Sur une colonne comme celle-ci, dans un environnement urbain,
00:36 on va voir des équivalences en arbre de quelques dizaines.
00:40 Promesses d'un monde où les non-voyants retrouveraient la vue.
00:45 Jusque ce qu'on obtient une vision vraiment le plus proche du naturel possible,
00:51 qui permet de voir le mieux possible.
00:54 Les algues pourront-elles un jour concrétiser ces rêves ?
00:57 C'est bon ?
01:03 Dans le monde entier, des chercheurs tentent de percer les secrets des algues.
01:10 Mi-juin, sur les îles Ferroé, un archipel de l'Atlantique Nord.
01:14 Température de l'air, des étoiles, des arbres, des arbres qui sont en plein délai.
01:20 Les algues sont en train de se développer.
01:23 Les algues sont en train de se développer.
01:26 Les algues sont en train de se développer.
01:29 Les algues sont en train de se développer.
01:32 Les algues sont en train de se développer.
01:36 La biologie est une expérience de recherche.
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10:56 -A la base de la recherche,
10:58 l'équipe du professeur Carola Grill cherche la super algue.
11:03 -Ce serait bien si tu pouvais y jeter un oeil.
11:11 -Oui, c'est une belle efflorescence algale.
11:15 -Nous essayons d'isoler les différentes souches
11:19 contenues dans l'échantillon du lac.
11:24 -De façon à ce qu'elle soit utilisable en vue d'une production technique.
11:28 -La chercheuse s'intéresse aux composants particuliers des micro-algues.
11:33 Les éléments comme les protéines, les acides gras Omega 3 et les colorants
11:38 sont prisés par l'industrie pharmaceutique et cosmétique.
11:42 Mais l'algotechnologie est une science récente.
11:46 Les composants et les propriétés des algues sont loin d'être inventoriés.
11:52 Les scientifiques estiment qu'il existe entre 400 000 et 500 000 espèces d'algues différentes,
11:56 avec une variété de formes et de couleurs qui paraît infinie.
12:00 Environ 10 % des algues ont été répertoriées jusqu'à présent.
12:10 Parmi les quelques micro-algues utilisées dans l'industrie,
12:14 seuls 4 ou 5 le sont à grande échelle.
12:17 Or, en plus de leur forme et de leur apparence très variées,
12:21 l'algue possède une composition de principes actifs qui lui est propre.
12:24 Les algues présentent un grand avantage.
12:31 Elles poussent jusqu'à 20 fois plus vite que les plantes terrestres
12:35 et produisent jusqu'à 30 fois plus de lipides que le colza, par exemple.
12:39 Les chercheurs s'intéressent surtout à l'huile.
12:42 En condition de laboratoire, les algues se cultivent facilement.
12:48 La seule difficulté réside dans la consommation élevée d'énergie et d'eau
12:51 nécessaires pour extraire leurs composants.
12:54 Les chercheurs de Kutton ont néanmoins franchi une étape majeure.
12:59 Ils ont découvert une algue qui pourrait bien donner un nouvel élan au projet de biocarburant.
13:06 Cette algue rejette elle-même son huile.
13:18 Il ne reste plus aux chercheurs qu'à la récolter.
13:20 Nous évitons ainsi plusieurs étapes du traitement
13:26 et récupérons l'huile en continu au fur et à mesure de la croissance de l'algue.
13:31 C'est ce qui est particulier.
13:33 Une sorte de station-service qui fonctionnera peut-être un jour à grande échelle.
13:46 Nous n'avons pas beaucoup d'alternatives.
13:47 Nous devons poursuivre dans cette voie.
13:49 Pour le moment, ce n'est pas rentable, mais qui sait ce qu'il en sera dans 20 ans.
13:53 Il faut essayer de nouvelles approches.
13:55 Nous avons développé un système technique adapté pour recueillir cette huile,
14:00 le fameux milking extractor.
14:02 Nous avons ainsi économisé 80% des coûts par rapport au système classique,
14:07 mais cela ne suffit pas.
14:09 Nous devons rendre nos algues encore plus productives.
14:14 Je suis très optimiste quant à nos chances de succès.
14:16 Ressources renouvelables, les algues remplaceront peut-être un jour les combustibles fossiles.
14:27 Autre pays, autre innovation.
14:31 En France, une société de biotechnologie exploite l'appétit des algues pour le CO2.
14:37 Objectif, assainir l'air.
14:42 À Poissy, à l'ouest de Paris, une tour aux allures de colonne Maurice a été installée.
14:46 Elle capte une tonne de CO2 par an, soit la performance d'une allée d'arbre.
14:52 La performance en termes de captation de CO2 et de production d'oxygène
14:59 va dépendre de la quantité de CO2 qui sera disponible dans l'air,
15:03 donc la quantité de CO2 en excès.
15:05 Sur une colonne comme celle-ci, dans un environnement urbain,
15:10 on va avoir des équivalences en arbre de quelques dizaines.
15:13 Sur des applications industrielles où on va avoir des fumées très concentrées en CO2,
15:20 là on va pouvoir parler de centaines d'équivalents arbre.
15:23 Tout dépend de la concentration en CO2 disponible pour faire fonctionner le système.
15:29 La colonne aspire l'air ambiant et le fait circuler à l'intérieur.
15:35 Les 1000 litres d'eau contiennent 10 kg de micro-algues.
15:40 Des diodes électroluminescentes assurent pour le moment un éclairage en continu.
15:44 Les prochains développements auront des éclairages
15:52 où on ira chercher beaucoup plus la lumière naturelle le jour
15:55 et où on utilisera les LED la nuit,
15:57 puisque l'objectif c'est de faire fonctionner le dispositif 24h/24, 365 jours par an.
16:07 [Musique]
16:12 Ce dispositif n'en est encore qu'au stade expérimental.
16:15 Mais une amélioration de la qualité de l'air a d'ores et déjà été constatée dans cette banlieue parisienne.
16:21 Sur les îles Ferroé, l'air est beaucoup plus respirable.
16:25 La biologiste Agnès Mols-Mortensen se rend à sa station d'élevage d'algues.
16:32 Ce conteneur sert de pouponnière à ces algues, destinées à l'alimentation.
16:36 Hygiène oblige, Agnès enfile une tenue de protection.
16:40 La jeune femme cultive la laminaire sucrée et le wakame atlantique.
16:45 Pour elle, ce sont les super aliments du futur.
16:49 Agnès a longtemps expérimenté les meilleures conditions de développement des sports
16:53 en ajustant la luminosité et la température.
16:56 À présent, elle contrôle régulièrement leur croissance.
17:00 L'objectif est de les déployer en octobre prochain dans notre ferme, qui se trouve dans le fjord.
17:06 D'ici là, je les maintiens vivantes et en bonne santé.
17:12 Lorsqu'elles reçoivent de la lumière, elles produisent beaucoup d'oxygène par la photosynthèse.
17:21 On voit bien les bulles sur les cordes.
17:26 Les algues poussent sur de petites cordes.
17:28 Celles-ci seront plus tard enroulées autour de grands câbles, puis immergées en mer.
17:33 La ferme d'Agnès se trouve dans une baie étroite située dans le sud de l'île.
17:41 La jeune femme espère augmenter bientôt sa production,
17:45 même si cette année, elle a eu du mal à recruter de la main-d'œuvre pour mettre à la mer les sports en temps voulu.
17:53 À la mi-juin, la saison arrive à son terme.
17:57 Aujourd'hui, Agnès s'apprête à effectuer la dernière récolte de l'année,
18:02 en compagnie de son frère et d'une autre personne venue en renfort.
18:07 Comme pour les terres agricoles, Agnès a besoin de l'aide de ses parents.
18:22 Pour les terres agricoles, les fjords sont divisés en parcelles,
18:25 et la concurrence est rude pour en louer une.
18:28 Les règles sont strictes, un seul exploitant par baie est autorisé.
18:32 Si celle-ci avait été occupée par un éleveur de saumon,
18:36 Agnès n'aurait pas pu s'y établir, même si algues et poissons font bon ménage.
18:41 Avec son frère aîné, Agnès a fondé en 2007 une entreprise qu'elle a baptisée Tari,
18:48 ce qui signifie « algues » en ferroyen.
18:52 Son exploitation n'est qu'à quelques encablures de la côte.
18:55 Vous voyez là ? C'est une des cordes de culture.
19:03 Elles sont toutes en longueur.
19:05 Les grandes bouées rouges forment un quadrilatère, il y en a un autre plus loin.
19:12 Et nos cordes sont immergées au milieu. C'est comme ça que les algues sont cultivées.
19:19 L'objectif n'est pas tant de faire de la quantité que de la qualité,
19:22 en fonction de l'usage que l'on veut faire des algues.
19:25 Dans notre cas, elles sont toutes destinées à l'alimentation humaine.
19:29 La qualité est donc la priorité.
19:32 Nous apprenons à chaque saison.
19:37 Je pense que nous avons fait toutes les erreurs possibles et imaginables,
19:41 mais on progresse.
19:44 Le petit bateau avec lequel l'équipe récolte normalement les algues est en panne.
19:48 Quelqu'un doit se dévouer pour aller à l'eau, par 8 degrés.
19:52 C'est lui qui va y aller.
19:56 Nous avons cinq cordes de culture au milieu.
20:01 Il va les détacher les unes après les autres.
20:04 C'est un endroit très agréable pour les algues.
20:09 C'est très près de la côte et ce n'est pas trop fatigant.
20:12 Nous faisons des analyses bactériologiques.
20:20 Nous voulons être sûrs que les produits que nous vendons
20:26 ne sont pas contaminés par Echerichia coli ou d'autres bactéries du même genre,
20:30 dont la consommation présente un impact sur la qualité de l'algue.
20:35 Les algues doivent être remontées au plus tard à la mi-juin.
20:38 Plus la récolte est tardive, plus les algues sont colonisées par des bactéries et par d'autres organismes.
20:43 Cela ne les rend pas impropres à la consommation,
20:47 mais elles ne satisfont plus les critères de qualité élevés retenus par Agnès.
20:51 Les algues sont donc des produits qui sont très bien consommés.
20:55 Les algues sont des produits qui sont très bien consommés.
21:00 Les algues sont des produits qui sont très bien consommés.
21:05 Je vais en prendre une grande.
21:08 C'est bon.
21:13 C'est un goût salé.
21:15 C'est un peu...
21:19 C'est un peu épicé.
21:28 Et la texture est caoutchouteuse.
21:30 Les algues sont riches en iodes, magnésium, calcium et protéines.
21:40 Mais seront-elles à même de répondre à l'augmentation de la demande alimentaire mondiale ?
21:46 Agnès voudrait tripler sa production d'ici l'an prochain,
21:50 mais il lui manque la main-d'œuvre et l'argent.
21:53 Elle a pourtant refusé l'offre d'un gros investisseur.
21:57 Elle préfère garder son indépendance et voir si son entreprise peut se développer par ses propres moyens.
22:02 Les macro-algues sont dotées d'une grande capacité d'adaptation
22:12 et se développent beaucoup plus vite que les plantes terrestres.
22:15 C'est surtout vrai lorsqu'il fait chaud et qu'elles disposent de nombreux nutriments,
22:20 comme ici sur les côtes bretonnes.
22:24 Ces algues vertes sont inoffensives en soi,
22:27 mais une fois rejetées à terre, elles produisent en se décomposant de l'hydrogène sulfuré très toxique.
22:33 Mais comment expliquer une telle prolifération dans ces zones côtières ?
22:38 On voit ici deux baies.
22:42 La baie de l'Aucrirec où nous sommes et la baie de Saint-Michel.
22:48 On voit la particularité, ce sont des parties de côtes qui entourent la mer.
22:56 La mer, quand elle monte et quand elle descend,
23:00 c'est la même eau qui monte et qui descend, ici et là.
23:06 Les rivières apportent les nitrates dans la mer.
23:15 Vous en avez une ici et vous en avez deux là.
23:18 Les algues vont pouvoir profiter de ces nitrates dans des milieux naturels fermés.
23:28 Il y a peu d'échanges d'eau, l'eau est claire, elle n'est pas profonde.
23:34 Les algues vont pouvoir prendre le nitrate qui sera arrivé là,
23:39 qui ne sera pas dispersé dans cette baie-là comme dans celle-là.
23:44 Et en pourrissant, elles vont provoquer de l'hydrogène sulfuré,
23:48 qui est un toxique violent.
23:51 Les taux élevés de nitrate dans l'eau, dus à l'épandage d'engrais, sont connus depuis longtemps.
23:57 Ce sont surtout les grandes exploitations à l'intérieur des terres,
24:01 plus que les petites fermes le long des côtes, qui sont responsables de ce fléau.
24:06 Ces marées vertes ne sont donc pas une fatalité.
24:11 Ramasser les algues échouées est particulièrement risqué.
24:14 En 2009, Thierry Morfois, employé communal, est décédé après avoir ramassé des algues vertes sur la plage.
24:21 Thierry Morfois est mort d'un accident du travail, intoxiqué par les marées vertes.
24:27 Et je dis qu'en 2019, avec les conditions qu'il y a actuellement,
24:31 on ne peut pas exclure qu'il y a encore un accident.
24:34 On ne peut plus les ramasser. Et même en les ramassant, vous ne les empêcherez pas de pourrir.
24:40 Une marée vestuaire comme ici, c'est impossible de la ramasser.
24:43 Yves-Marie Lelay inspecte régulièrement le littoral concerné.
24:50 Dans l'air flotte une odeur âcre d'œufs pourris.
24:54 Le gaz toxique se tapit sous l'épaisse croûte blanchâtre d'algues desséchées.
24:58 Soudain libérés, il représente un risque mortel pour les hommes et les animaux.
25:06 Le militant écologiste mesure sans relâche les concentrations d'hydrogène sulfuré.
25:10 En bas 80 ppm, si vous restez pendant longtemps,
25:24 vous pouvez avoir des irritations des yeux et des symptômes plus forts,
25:31 comme en particulier une perte de connaissance.
25:35 C'est le produit de la décomposition de ces algues.
25:38 Vous en voyez une d'ailleurs à l'intérieur qui est en train de se décomposer.
25:41 Moi, si vous sentez ça, vous faites la différence.
25:46 Ici, ça sent l'œuf pourri à plein nez.
25:49 10 000 tonnes d'algues ont été rejetées sur les rivages bretons au cours de l'été 2019.
25:56 Un bien triste record.
26:03 Vous avez ici un décor superbe et à la fois sinistre.
26:08 Parce que vous voyez, tout est mort. Vous avez très peu d'oiseaux.
26:11 Et puis vous avez ce noir qui flotte, cette odeur en permanence,
26:15 et l'hydrogène sulfuré qui descend dans la rivière et qui infeste absolument tout.
26:22 Pour moi, c'est terrible parce que j'ai connu ces paysages sans marée verte,
26:27 sans destruction massive de la biodiversité.
26:31 Ce paysage-là devrait être plein d'oiseaux.
26:33 Face à la prolifération massive d'algues sur les côtes bretonnes,
26:51 des entrepreneurs de Saint-Malo ont eu une idée.
26:54 Utiliser cette ressource naturelle apparemment illimitée
26:58 pour développer un substitut biodégradable au plastique traditionnel.
27:01 Du plastique bio à base d'algues.
27:05 Rêve ou réalité ?
27:08 La matière première, issue en partie de résidus de l'industrie cosmétique,
27:12 est transformée en granule.
27:15 Nous, on travaille exclusivement sur des algues brunes.
27:19 C'est en fait une biomasse algale qu'on va pouvoir valoriser
27:23 et réintégrer effectivement dans un process industriel.
27:27 Une fois déshydratées, les algues sont transformées en granules,
27:30 réduites en poudre ultra fine,
27:33 et enfin pressées selon la forme désirée.
27:36 Les fondateurs ont travaillé plusieurs années avant de trouver la bonne composition.
27:41 Leur objectif ?
27:45 Fournir un matériau qui soit une bonne composition,
27:48 mais qui soit aussi bien qu'une bonne composition.
27:51 Leur objectif ?
27:55 Fonder un matériau qui soit une alternative viable au plastique issu du pétrole.
27:58 Les applications sont multiples et ne concernent pas seulement le secteur de l'emballage.
28:03 La poudre ultra fine est thermoformée dans une machine pendant 5 minutes à 95 degrés,
28:09 sans consommation d'eau.
28:12 Après 2 minutes de refroidissement, le produit est prêt à l'emploi.
28:19 Un bioplastique 100% algues qui résiste à tout, sauf à l'eau.
28:23 Ici on a des clés USB, la coque est en 100% algues opaques,
28:36 c'est-à-dire qu'on a de l'algue essentiellement,
28:41 et quelques additifs végétaux.
28:45 C'est 100% biodégradable, c'est-à-dire que si on le met dans l'eau,
28:48 il va se dénaturer complètement, sans incidence négative pour l'environnement.
28:52 Puisque c'est 98% d'algues, plus 2% d'additifs végétaux naturels.
28:56 Gobelets, montures de lunettes et flacons pour cosmétiques
29:00 contiennent quant à eux entre 20 et 50% d'algues.
29:04 Le reste est constitué de plastique traditionnel,
29:07 qui les rend résistants à l'eau.
29:10 Notre objectif c'est effectivement de faire des produits
29:14 qui réduisent au maximum la part des plastiques,
29:17 d'arriver à terme à pouvoir tout faire en algues opaques,
29:21 pour limiter cet impact négatif sur l'environnement.
29:26 On est quand même sur de la moyenne durée,
29:29 il faudra au moins une dizaine d'années
29:32 pour être en capacité de recouvrir l'ensemble des champs d'application.
29:35 Et pour élargir ainsi la palette des produits proposés.
29:39 Ce sont des urnes funéraires qu'on peut jeter à la mer,
29:43 et ensuite ça va forcément se dissoudre au contact de l'eau,
29:46 progressivement, pour disparaître complètement.
29:49 Donc les algues retournent à leur état d'origine,
29:52 dans leur environnement initial.
29:54 L'innovation se heurte à un autre problème.
29:58 Aujourd'hui, au niveau des algues, il y a différentes concessions qui existent,
30:03 et toute la volumétrie par exemple des algues présentes en Bretagne
30:06 ne nous sont pas accessibles.
30:08 Il faut savoir qu'on peut en avoir, mais en quantité limitée.
30:12 C'est lui qui délivre les permis de ramassage là-dessus,
30:16 et qui définit les concessions qui sont accessibles,
30:19 les endroits, etc.
30:21 L'entreprise importe donc une partie de ses algues des Caraïbes.
30:27 La production de bioplastique se justifie malgré tout.
30:31 7,5 millions de tonnes de déchets plastiques finissent chaque année dans les océans.
30:36 Des solutions alternatives au plastique s'imposent.
30:40 Et les algues, en étant de plus en plus présentes dans ces bioplastiques,
30:43 peuvent avoir un réel impact.
30:45 Retour sur les îles Ferroé.
31:01 Agnès ne manque pas d'idées ni d'imagination pour partager son intérêt vis-à-vis des algues.
31:08 Aujourd'hui, elle veut montrer à un groupe d'étudiants américains
31:11 ce que pourrait être l'alimentation du futur.
31:14 Elle leur a préparé une petite balade du côté du fjord.
31:17 Bonjour !
31:19 Bienvenue !
31:21 Vous avez apporté le soleil avec vous ?
31:24 Il se faisait rare !
31:26 Alors, combien êtes-vous ?
31:29 Ça, c'est une petite algue qui pousse sur les galets.
31:32 Sa récolte est facile, on peut travailler assis.
31:38 En revanche, il faudra être prudent quand on marchera sur les gros rochers.
31:41 En descendant vers la mer,
31:45 vous verrez qu'ils changent de couleur et qu'ils deviennent plus foncés.
31:49 C'est là qu'ils sont glissants.
31:52 Prenez votre temps.
32:06 500 espèces d'algues sont déjà consommées dans le monde.
32:09 Mais ce qui est commun en Asie n'est pas encore entré dans les mœurs sur les îles Ferroé.
32:14 Ici, les algues alimentaires n'ont pas bonne réputation.
32:18 Agnès veut changer la donne.
32:20 Vous vous débrouillez bien, le froid est déjà là.
32:32 Vous vous débrouillez bien, le seau est presque plein.
32:34 Les étudiants américains ne semblent pas rebutés.
32:38 C'est très salé et ça a beaucoup de goût.
32:45 On raffole du sel aux États-Unis.
32:49 Du coup, ce serait une bonne alternative.
32:52 J'ai déjà acheté des ancas à base d'algues,
32:56 donc je me vois très bien faire pareil avec celles-ci.
33:00 C'est très caoutchouteux quand ça vient d'être récolté.
33:02 Mais je pense que si on les passe au four pour en faire des chips,
33:05 comme Agnès l'a dit, ça peut être très bon et pas besoin d'ajouter de sel.
33:09 Si c'était des étudiants locaux du même âge,
33:12 ils hésiteraient probablement plus avant de goûter.
33:15 Dans notre culture, nous consommons beaucoup de produits de la mer.
33:24 Mais nous privilégions surtout le poisson.
33:27 Chez nous, les algues sont traditionnellement considérées comme un plat du pauvre.
33:31 Beaucoup n'aiment pas leur goût.
33:36 Pour ne pas dire qu'ils trouvent ça franchement mauvais.
33:41 Pour se développer correctement,
33:55 les algues ont besoin d'un substrat rocheux.
33:57 Voici une autre espèce délicieuse.
34:01 C'est la prochaine que nous cultiverons.
34:04 Il y a aussi celle-ci.
34:10 Bon, je vais essayer de ne pas tomber.
34:13 Je n'arrive pas à la détacher.
34:19 Vous la voyez ?
34:24 C'est la Laminaria digitata.
34:26 La laminaire digitée.
34:29 Elle est très intéressante.
34:32 Peut-être pas tant comme espèce comestible,
34:35 mais pour des applications industrielles,
34:38 parce qu'elle contient de nombreux composés bioactifs.
34:41 Je n'aime pas trop son goût, qui est un peu métallique.
34:45 Evidemment, si quelqu'un veut l'acheter pour la manger,
34:49 pas de problème, elle est comestible.
34:53 Mais j'envisage plutôt une utilisation industrielle.
34:55 Les forêts de Kelp s'étendent principalement près des côtes,
35:09 dans les eaux tempérées des zones littorales.
35:12 Mais leur existence est menacée.
35:15 À l'Institut Alfred Wegener de Bremerhaven,
35:19 les scientifiques observent depuis plusieurs années
35:22 l'état de ces grandes macro-algues brunes.
35:24 La chercheuse Inka Bartsch est spécialiste des forêts de Kelp.
35:28 Elle revient tout juste d'une expédition dans le Spitzberg.
35:32 Les algues sont-elles un indicateur du changement climatique ?
35:39 Comment réagissent les grandes forêts de Kelp
35:42 au réchauffement mondial ?
35:45 Nous voulons comprendre la structure de la forêt de Kelp.
35:50 Nous essayons de prélever des échantillons
35:52 de la limite septentrionale à la limite méridionale
35:55 de l'ère de répartition des espèces.
35:58 Quelles espèces sont présentes ?
36:01 Quel âge ont les individus ?
36:04 Au Spitzberg, par exemple, il est courant d'en trouver
36:07 qui atteignent 6 à 8 ans d'âge.
36:10 Plus au sud, en revanche, comme à Heligoland,
36:13 où nous avons réalisé l'an dernier une analyse similaire,
36:16 la même chose n'est pas encore prévue.
36:19 Dans cette analyse similaire, la même espèce sera âgée
36:21 de seulement 2 à 3 ans.
36:24 Les forêts de Kelp sont à la mer
36:28 ce que les forêts d'arbres sont à la terre.
36:31 Elles produisent tout autant d'oxygène que ces dernières
36:34 et sont surtout des sentinelles de la biodiversité.
36:37 En effet, elles offrent un espace vital à de nombreuses autres espèces,
36:40 comme ici, en mer du Nord.
36:43 Mais cet habitat est en danger.
36:45 Ces dernières années, on a constaté que les forêts de Kelp
36:48 reculaient à cause des vagues de chaleur.
36:51 Il y en a eu d'importantes dans l'ouest de l'Australie, par exemple.
36:54 Des centaines de kilomètres carrés de forêts d'algues brunes
36:57 ont disparu.
37:00 Nous souhaitons étudier cela de plus près
37:03 afin de déterminer quelles sont les causes profondes
37:06 de cette régression.
37:10 -Grâce aux échantillons de la minère digitée du Spitzberg,
37:12 les chercheurs veulent faire le point sur l'état du Kelp.
37:15 Les forêts sous-marines sont-elles menacées,
37:18 y compris sous nos latitudes ?
37:21 Pour y répondre, l'examen à l'œil nu ne suffit pas.
37:24 -Nous allons simuler des vagues de chaleur
37:27 pour observer à partir de quand elles ont un effet négatif sur les algues.
37:30 Et nous allons aussi les analyser.
37:33 -Les forêts sous-marines sont-elles menacées ?
37:36 -Les forêts sous-marines sont menacées
37:39 par les algues.
37:41 En mesurant la photosynthèse, on peut parfois obtenir
37:44 des résultats plus rapides.
37:47 -La mesure de la performance photosynthétique
37:50 montre à partir de quelle température de l'eau
37:53 les algues développent un stress.
37:56 Pour la laminaire digitée de mer du Nord,
37:59 une augmentation même minime peut avoir des effets dramatiques.
38:02 Depuis les années 1960, la température en mer du Nord
38:05 a augmenté de 1,6 degré.
38:08 -Elle est golande, par exemple.
38:10 Tous nos modèles prédictifs affirment qu'à la fin du siècle,
38:13 il n'y aura probablement plus de forêts de kelp là-bas.
38:16 -Sur les îles Ferroé,
38:36 les algues de kelp sont encore en bon état.
38:38 Agnès Molls-Mortensen sait à quel point
38:41 ce milieu sous-marin est fragile.
38:44 C'est aussi pour cela qu'elle privilégie la culture des algues.
38:47 La jeune femme est en route pour déposer sa récolte
38:50 du matin dans l'entrepôt qu'elle loue, dans une pêcherie.
38:53 -C'est très important de transformer
38:58 ce que nous venons de récolter dans la foulée.
39:01 Un jour ensoleillé comme aujourd'hui, on ne pourrait pas
39:05 le faire, parce qu'il commence à pourrir.
39:07 -Agnès doit faire vite.
39:12 Mais avant de pouvoir transformer les algues,
39:15 elle doit d'abord les sécher.
39:18 -Nous les séchons à basse température,
39:30 à moins de 30 degrés.
39:34 La durée nécessaire dépend de la météo.
39:36 S'il fait humide dehors, cela prend un peu plus de temps.
39:39 Aujourd'hui, nous sommes lundi.
39:43 Ce sera sec d'ici mercredi, je pense.
39:46 Il faut vraiment que ce soit sec,
39:49 parce qu'ensuite, nous les réduisons en poudre.
39:52 -Ici, les algues fraîches ne trouveraient pas preneur.
39:55 C'est pourquoi Agnès les commercialise sous forme séchée,
39:58 ce qui permet de les conserver.
40:02 Le travail de transformation est entièrement manuel.
40:04 Agnès aimerait bien changer cela,
40:07 mais elle souhaite aussi rester indépendante.
40:10 Entre idéalisme et rentabilité financière,
40:13 la jeune femme cherche encore le juste milieu.
40:16 Agnès a encore besoin d'une bonne assise économique.
40:19 En tant que biologiste, soucieuse du maintien des écosystèmes
40:24 et de la durabilité, elle redoute le passage
40:27 à une échelle industrielle.
40:31 Les algues sont une composante essentielle
40:33 d'une alimentation saine.
40:36 -20,6 g, le consommateur a toujours droit à un peu de rab.
40:41 Nous faisons face à une augmentation de nos ventes.
40:45 Il nous faudrait un peu plus de main-d'oeuvre.
40:49 Nous allons devoir passer à la vitesse supérieure.
40:54 -Les algues alimentaires et oléagineuses
40:56 sont déjà très demandées dans le monde.
40:59 Et voici qu'elles intéressent désormais la recherche médicale.
41:03 Les chercheurs du CHU de Dresde sont persuadés
41:06 qu'elles recèlent de nombreux pouvoirs insoupçonnés.
41:10 Ils ont mis au point un procédé qui, pour la première fois,
41:14 assurera la vie des algues.
41:17 -C'est un procédé qui est très important pour la santé.
41:22 -Ce procédé est pour la première fois associé
41:24 dans une impression 3D des algues et des cellules humaines.
41:28 Objectif à terme, faire en sorte que des algues
41:31 alimentent en oxygène les cellules du corps humain.
41:34 Avantage du procédé, l'absence de réaction de rejet.
41:38 Mais le green bioprinting est plus compliqué que prévu.
41:43 -Nous devons en quelque sorte réunir ces deux mondes.
41:51 Il y a des paramètres à traiter, mais il y en a beaucoup d'autres.
41:54 En tout cas, les cellules humaines ont des exigences très complexes.
41:57 Pour qu'elles se développent correctement,
41:59 il leur faut certains sérums.
42:01 Or, on ignore totalement comment les algues peuvent réagir à ces composants.
42:04 -Les algues sont résistantes,
42:07 mais ont besoin de repos après l'impression.
42:10 Les cellules humaines n'ont pas ce temps
42:12 et réagissent de manière sensible à une trop longue exposition lumineuse.
42:16 -Cultiver ces deux types de cellules dans les mêmes conditions
42:20 est un des objectifs de la gageure.
42:21 Mais nous avons pu montrer que cela fonctionne.
42:23 Les deux types de cellules survivent.
42:25 -La recherche n'en est qu'à ses débuts.
42:31 Les utilisations médicales, pharmaceutiques, chimiques et cosmétiques
42:35 semblent prometteuses,
42:37 tant les principes actifs des algues
42:39 permettent de nombreuses applications.
42:41 Félix Krujats travaille à isoler ces substances,
42:48 car elles sont très différentes selon le milieu où vivent les algues.
42:50 -Les micro-algues sont présentes partout
42:58 et se sont adaptées à des conditions spécifiques,
43:00 notamment en ce qui concerne leur pigmentation.
43:02 On peut donc tirer de ces cellules des pigments extrêmement différents.
43:06 Nous avons par exemple ici la chlorophylle,
43:09 qui est probablement le composant naturel cellulaire le plus connu.
43:12 Nos processus nous permettent aussi d'obtenir des caroténoïdes,
43:17 des pigments liposolubles.
43:18 Un autre exemple, c'est ce pigment bleu hydrosoluble
43:22 issu de la cyanobactérie Arthrospira platensis,
43:25 plus communément appelée spiruline ou autrefois algue bleue.
43:28 On ne l'a pas appelée comme ça par hasard.
43:31 C'est précisément ce pigment bleu
43:33 qui confère ses caractéristiques à la spiruline.
43:36 Elle peut ainsi coloniser des habitats
43:38 exposés à de très faibles intensités lumineuses.
43:45 Les algues sont très sensibles à la lumière.
43:47 Et cela a permis une découverte majeure.
43:50 Située au cœur de Paris,
43:52 l'Institut de la Vision est l'un des plus importants centres
43:55 de recherche européens sur les maladies de l'œil.
43:58 Dirigé par le professeur José Alain Sahel,
44:01 cet institut tente de redonner la vue à des non-voyants.
44:04 Les patients qui rentrent dans ces essais cliniques
44:07 sont des patients qui sont à des stades très avancés de la maladie
44:10 et souvent depuis longtemps.
44:12 On essaye toujours d'éviter qu'ils aient des attentes trop importantes
44:14 et qu'ils comprennent que nous sommes à des stades précoces
44:16 de la recherche scientifique et que nous ne savons pas
44:18 si les résultats vont être de très grande qualité.
44:20 Mais il semblerait, en dépit de cela,
44:22 que les résultats soient prometteurs
44:24 et en attendant, ça engage à vraiment continuer le projet.
44:26 Un projet qui doit sa réussite notamment
44:29 à la collaboration de scientifiques de différentes disciplines.
44:32 Les chercheurs ont conçu des molécules d'algues
44:36 qu'ils peuvent insérer dans du tissu vivant
44:38 afin qu'elles prennent en charge
44:40 les fonctions des cellules visuelles altérées.
44:43 Denise Dalkara dirige le projet de recherche optogénétique.
44:45 Ce que nous faisons, c'est de prendre la séquence d'ADN
44:59 qui code la fameuse channelrhodopsine,
45:02 donc cette protéine sensible à la lumière
45:04 qui va peut-être nous permettre de restaurer une vision.
45:07 Et ce qu'on sait faire, c'est d'isoler la séquence d'ADN
45:11 et l'insérer au sein d'un virus adéno associé
45:13 qui rassemble à ça un origami.
45:16 Le virus infecte l'être humain,
45:18 mais sans provoquer de maladies.
45:21 Produit en grande quantité,
45:23 il est associé au cours d'un processus complexe
45:26 à l'ADN de la protéine d'algues, la channelrhodopsine.
45:29 Les algues possèdent des molécules photosensibles,
45:32 des sortes d'yeux,
45:34 qui leur permettent une orientation optimale vers la lumière.
45:38 Une molécule similaire se trouve dans la rétine humaine.
45:41 Elle fait partie du pourpre rétinien
45:43 et permet de mieux percevoir la luminosité ainsi que les couleurs.
45:47 L'ADN de la protéine d'algues est introduit dans le virus,
45:51 puis celui-ci est injecté dans l'œil.
45:54 Grâce à ce cheval de Troie,
45:56 la protéine d'algues peut s'exprimer dans les neurones de la rétine.
46:00 L'œil est très facile d'accès d'un point de vue chirurgical.
46:03 Il suffit d'insérer l'aiguille dans le cercle de la rétine
46:07 et d'insérer l'aiguille à travers le square,
46:09 qui va nous permettre un accès vers la rétine,
46:13 qui tapisse le fond de l'œil, comme vous le voyez ainsi.
46:16 Lorsqu'on insère une aiguille là-dedans,
46:19 on va pouvoir injecter le virus dans le corps vitré.
46:22 Ce corps vitré est à la proximité de la rétine.
46:27 Le virus va petit à petit diffuser
46:30 et aller infecter ces cellules qui se trouvent au fond de l'œil.
46:35 Une fois que l'ADN est dans le noyau de chacune de ces cellules,
46:38 elles vont commencer à fabriquer la RN
46:42 et ensuite la protéine chalorhodopsine
46:45 et l'incorporer dans leur membrane.
46:47 Les chercheurs ont d'abord testé l'activation des cellules visuelles par l'algue
46:52 sur des souris aveugles.
46:54 Ils ont ainsi pu prouver que les cellules visuelles de la rétine,
46:57 une fois infectées par l'ADN de la protéine d'algues,
47:00 réagissaient de nouveau à la lumière.
47:02 Les photorécepteurs des algues sont connus depuis longtemps.
47:08 Mais ce n'est que récemment que les chercheurs ont pleinement compris leur fonctionnement.
47:12 Comme la rétine humaine,
47:14 les protéines photosensibles de l'algue
47:16 transforment la lumière reçue en signaux électriques.
47:20 Chacun des points noirs que vous voyez ici,
47:22 ça correspond à une électrode.
47:24 Ces électrodes, c'est un peu comme des antennes
47:26 qui nous permettent de sentir ce qui se passe dans la rétine
47:31 et quel message elle envoie au cerveau.
47:32 La chance qu'on a, c'est qu'on ne voit pas seulement ce qu'envoie une cellule,
47:35 on voit vraiment ce qu'envoient toutes ces cellules en même temps.
47:37 Là, on a plusieurs centaines de cellules qui sont en train de travailler en même temps,
47:40 en train d'envoyer tous ensemble de concert un message au cerveau
47:43 et on arrive à intercepter ce message
47:45 et on arrive à le décoder, à comprendre
47:50 quelle est l'image du monde,
47:53 quelle est la représentation du monde que la rétine envoie au cerveau.
47:58 On comprend un petit peu le code qui passe de la rétine vers le cerveau.
48:01 Les premiers résultats de l'étude clinique
48:05 montrent que l'activation des cellules visuelles
48:08 restaure la vision en noir et blanc.
48:10 Mais la biologiste aimerait aller encore plus loin.
48:14 Ce qu'on souhaiterait faire aussi,
48:19 c'est peut-être de réfléchir à des stratégies
48:21 qui permettront de restaurer une vision en couleur,
48:24 parce que bien évidemment, cette stratégie ne permet pas de la voir, etc.
48:28 Jusqu'à ce qu'on obtienne une vision le plus proche du naturel possible,
48:31 qui permet de voir le mieux possible.
48:34 Les espoirs suscités par les algues
48:37 sont aussi un moteur pour Agnès Molls-Mortensen.
48:40 La jeune femme habite avec son mari et ses deux enfants
48:44 dans un petit village au bord d'une des baies typiques des îles Ferroé.
48:48 Pour le repas du soir,
48:52 elle a préparé une soupe de poisson
48:55 comme il se doit, d'une pointe d'algues.
48:57 Il faut apprendre à cuisiner avec les algues
49:05 et ne pas avoir peur d'en assaisonner les plats.
49:08 Le goût des algues ne prend pas le dessus sur celui des autres aliments.
49:13 Votre plat n'aura pas un goût d'algues.
49:16 Les autres saveurs ne s'effaceront pas.
49:18 Au contraire, les algues font ressortir les saveurs.
49:23 Je suis assez difficile sur la façon dont je consomme mes algues.
49:26 Je n'aime pas les gros morceaux.
49:29 Je les préfère en poudre, comme condiment.
49:32 Des algues au menu, rien de plus naturel pour les enfants.
49:41 C'est d'abord pour eux qu'Agnès s'est engagée et travaille d'arrache-pied.
49:45 Elle a une petite famille,
49:47 et elle a un petit petit-père.
49:50 Ils sont très engagés et travaillent d'arrache-pied.
49:52 J'espère qu'ils se rendront compte un jour de la valeur de notre travail
49:59 et qu'ils comprendront qu'on doit traiter la nature avec ménagement
50:02 et non pas la solliciter à outrance pour ne pas la déséquilibrer.
50:06 J'espère, enfin, je suis sûre qu'ils finiront par comprendre
50:14 pourquoi j'y consacre autant de temps.
50:18 Je te remets un peu d'algues ?
50:20 Partout dans le monde,
50:31 les scientifiques démontrent à quel point les algues sont précieuses.
50:35 Mais la recherche aura encore besoin de temps,
50:38 de persévérance et d'investissement.
50:42 L'intérêt pour les plantes et les algues
50:44 correspond probablement mieux à ma personnalité.
50:47 Elles sont calmes,
50:49 elles accomplissent des tas de choses, mais sans trop bouger.
50:52 Les étudier me va mieux que de traquer des animaux
50:57 qui se déplacent sans cesse et qui sont difficiles à localiser.
51:00 Aussi anciennes que le monde,
51:05 les algues sont une des plus grandes ressources
51:09 aux multiples applications.
51:11 Le principal avantage de la culture des algues,
51:18 c'est qu'il s'agit d'une activité durable.
51:21 C'est donc une très bonne idée.
51:24 Les algues utilisent la lumière pour leur photosynthèse
51:30 et puisent les nutriments dans leur environnement.
51:33 Pas besoin de faire de la recherche,
51:37 pas besoin de les nourrir.
51:39 C'est donc une production propre.
51:42 Les algues captent le CO2 au fur et à mesure de leur croissance.
51:45 Je ne pense pas qu'elles pourront sauver le monde,
51:48 mais c'est une piste que nous devons absolument expérimenter.
51:51 Il faut développer le secteur
51:55 et inciter les habitants de nos pays à en consommer.
51:58 Alimentation, transport, emballage, médecine,
52:06 les pouvoirs des algues, aussi étonnants que variés,
52:08 portent en eux bien des promesses.
52:11 Sous-titrage Société Radio-Canada
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