Martine Cabanes, auteure du livre "Roman d'une braqueuse" paru en mai chez XO EDITIONS, est l'invitée de Stéphane Carpentier.
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00:00 6h, 9h15, RTL Matin avec Stéphane Carpentier.
00:04 8h50, on va s'arrêter ensemble ce matin sur l'incroyable braquage de la semaine dans l'heure.
00:08 Le guet-apens meurtrier contre un fourgon pénitentiaire,
00:11 deux agents tués, les auteurs de l'attaque sanglante en fuite
00:15 et un détenu en cavale, activement recherché depuis par la police.
00:19 Alors pour parler braquage, prison, évasion, cavale,
00:23 l'invité de RTL Matin face à l'actualité est Martine Cabanes
00:27 qui se raconte dans un livre, "Roman d'une braqueuse" publié chez Ixo édition.
00:31 Bonjour à vous.
00:32 - Bonjour.
00:33 - Merci d'être en direct, votre histoire on la découvre dans cet ouvrage.
00:37 Donc on a pu vous entendre d'ailleurs avec Flavie Flamand dans "Jour J" sur RTL.
00:41 En 1975, vous avez libéré votre amoureux qui deviendra le père de votre fils.
00:47 Vous étiez déguisé alors en avocate débarquant au palais de justice
00:50 avec pistolet, avec grenade sous votre robe.
00:53 Évasion spectaculaire et réussie.
00:55 Est-ce que vous vous souvenez de la suite de ces moments de fuite et de cavale ?
01:00 Vous êtes en cavale par amour en plus.
01:02 Est-ce qu'il y a un stress ? Est-ce qu'il y a une adrénaline à ce moment-là ?
01:05 - Alors oui, bien sûr que je me souviens très bien.
01:09 Il y a beaucoup d'adrénaline et la cavale c'est quelque chose de très très dur.
01:17 Mais on était ensemble, on s'était retrouvés et on était heureux.
01:23 - Et à ce moment-là, on pense à quoi ?
01:26 C'est-à-dire à fuir, à se cacher en urgence ?
01:29 - Alors en urgence, c'est se cacher.
01:32 J'avais donc trouvé quelque chose où on est resté caché
01:37 sans jamais sortir pendant trois semaines au moins.
01:41 Trois semaines, un mois.
01:42 Et puis on se grime, on se change les couleurs de cheveux,
01:46 on se prépare pour sortir.
01:50 Et une fois qu'on est sorti, alors là c'est vraiment très dur
01:53 parce que par exemple on va dans un restaurant,
01:57 s'il y a un regard bizarre, on se lève et on repart tout de suite.
02:01 On ne reste jamais deux jours au même endroit.
02:04 On est toujours sur le qui-vive.
02:07 La cavale c'est très très dur à vivre.
02:09 C'est quelque chose où bien sûr il y a beaucoup d'adrénaline
02:15 mais beaucoup de stress aussi.
02:18 - On ne peut évidemment pas faire de comparaison.
02:20 - Il faut beaucoup d'argent pour la cavale.
02:22 Il faut des faux papiers, c'est toujours les hôtels.
02:27 Pour moi la cavale c'était quelque chose de très très dur.
02:33 - On ne peut évidemment pas faire de comparaison entre votre histoire
02:36 et le scénario sanglant de cette semaine.
02:38 Vous arrivez quand même à vous projeter dans la tête de ce détenu
02:41 qui est traqué en ce moment.
02:43 D'après vous, il pense à quoi d'abord ? À survivre ?
02:47 - Il pense à survivre et à garder sa liberté.
02:51 C'est sûr. Mais aujourd'hui, je pense que c'est déjà beaucoup plus dur.
02:57 Parce que comparé aux années 70, il n'y avait aucune sécurité,
03:05 il n'y avait pas de caméra, il n'y avait pas de téléphone non plus.
03:09 Et je pense que c'est beaucoup plus dur d'être en cavale aujourd'hui.
03:13 - Est-ce que ce qui se passe en ce qui concerne ce détenu
03:21 et ce que vous avez vécu vous, votre passé,
03:24 est-ce que vous lui dites aujourd'hui "Rendez-vous" ?
03:27 Est-ce que vous condamnez ce qu'il fait ?
03:31 - Alors, je condamne ce qu'il fait parce que nous à l'époque on ne tuait pas.
03:35 On avait des armes bien sûr, mais c'était pour impressionner,
03:38 on s'en servait rarement.
03:41 Moi, j'ai eu un petit accident une fois dans un bureau de poste, je crois,
03:45 où j'avais une mitraillette et je ne sais pas ce que j'ai fait.
03:47 La mitraillette s'est mise en route.
03:50 J'ai tiré en l'air, mais je me suis fait engueuler par mon mari
03:53 parce que c'était dangereux, j'aurais pu tuer ou blesser quelqu'un.
03:57 À l'époque, nous, on ne cherchait pas à blesser et à tuer,
04:00 on menaçait seulement pour récupérer l'argent.
04:04 Aujourd'hui, les gens tuent pour rien.
04:07 Là, le braquage qu'il y a eu sur le fourgon de l'administration pénitentiaire,
04:12 ils étaient venus pour tuer.
04:15 Il n'y a même pas eu de possibilité de se défendre.
04:19 - Martine Cabanes, une cavale, ça peut durer longtemps ?
04:25 - Oh, rarement.
04:26 Nous, ça a dû durer trois mois.
04:29 Alors, j'imagine qu'à l'époque d'aujourd'hui, ça durera moins longtemps.
04:33 Sauf s'il a beaucoup de moyens et qu'il est déjà parti très loin.
04:37 - Ça veut dire quoi ? Il faut être épaulé, entouré, avoir des complices pour se cacher, avoir de l'argent ?
04:41 - Il faut avoir beaucoup d'amis et beaucoup d'argent.
04:45 Là, il a des chances de s'en sortir.
04:48 - Finalement, vous, dans votre histoire, vous avez été arrêté,
04:51 vous d'abord, alors que vous prépariez l'évasion de Jacques Messerine.
04:55 Vous êtes blessé, vous êtes hospitalisé.
04:57 Vous apprenez d'ailleurs à l'hôpital que vous êtes enceinte.
04:59 Votre mari, que vous aviez libéré et pris, lui, quelques mois plus tard par le célèbre commissaire Broussard,
05:04 vous êtes dit à l'arrivée que c'est bien que ça s'arrête ?
05:07 - Non, je ne me suis pas dit que c'est bien que ça s'arrête, parce qu'on espère toujours se retrouver.
05:15 Mais quand il a été arrêté, bien sûr, voilà, on dit c'est fini, on est en prison.
05:21 Ça pourra être très long.
05:25 - Merci à vous d'avoir partagé votre histoire, Martine Cabanes, ce matin sur RTL.
05:28 Je rappelle votre ouvrage, votre roman d'une braqueuse,
05:31 c'est publié chez Ixo, édition Bonne Journée Entretien,
05:35 qu'on peut retrouver évidemment sur notre site rtl.fr.